Les plans élémentaires... il s'agissait toujours d'un terrain difficile, puisqu'il leur était largement étranger, et que chaque plan avait ses règles et ses conventions particulières, qu'il convenait de respecter si on voulait pouvoir agir efficacement au sein de celui-ci. Pour autant, ils représentaient également autant d'objectifs qu'il était inimaginable de délaisser, au contraire ! Souvent, on y trouvait des éléments rares, des données nouvelles ou des lieux de commerces incontournables, et l'Empire gagnait beaucoup de sa présence dans ceux-ci – les vastes ressources en or vert n'étant que le plus évident de ces exemples. Au-delà de cela, le fait de maintenir des implantations fortes sur les différents plans était aussi une façon claire de montrer la force et la solidité d'Akkaton et de ses entreprises, où que ce soit, ce qui était un message autant aux menaces provenant des plans étrangers qu'aux rivaux présents sur le plan matériel.

Quand on avait fait appel à elle pour régler personnellement le problème avec un Seigneur-Élémentaire menaçant une petite ville akkatonienne, elle n'avait donc pas hésité un instant avant de répondre présente. Certes, une solution diplomatique pouvait encore être envisagée, mais Ophélia savait qu'en faisant appel à elle ce n'était guère cette solution qui allait être privilégiée, et de fait en voyant l'équipe réunie de l'autre côté du portail, une fois que tout le monde fut arrivée, elle eut moins de doutes encore sur le fait que la situation allait se régler de manière... percutante. Elle salua d'ailleurs chaque arrivée d'un hochement de tête et de quelques mots amicaux, connaissant chacune des personnes présentes, et respectant chacune d'entre elles. Ceci dit, aucun n'était respecté pour sa nature de diplomate, et rien que le choix du Seigneur-Juge menant l'expédition en disait assez sur l'idée générale : on avait fait venir celui qui avait des armes massives anti monstres géants, pas sa collègue affiliée au Finz.

Quoiqu'il en soit une fois au complet ils furent rejoints par la dirigeante de la petite bourgade, une civile portant des prothèses à la place des bras, ce qui en soit n'était guère étonnant en Akkaton, et était moins que deux des membres de leur groupe de toute façon. Ophélia, qui était elle-même plus mécanisée que cela, n'y prêta donc guère attention, et se concentra plutôt sur ce que la jeune femme aux cheveux d'or avait à dire, hochant doucement la tête à ses propos, avant de lui offrir un sourire rassurant.

Ne vous en faites pas, vous n'aurez certainement pas à partir de chez vous pour les caprices d'une quelconque entité qui se prend pour un dieu local ou je ne sais trop quoi. Nous saurons faire entendre raison à ses messagers aussi bien qu'à lui-même, si nécessaire.

Dans sa lourde armure de guerre, Ophélia semblait plus que confiante dans ses capacités à vaincre les menaces qui se dresseraient sur le chemin de l'épanouissement pour cette petite communauté, même si bien évidemment elle tirait aussi cette confiance de ceux qui se tenaient à ses côtés, et dont elle connaissait la valeur guerrière.

Nous essayerons une dernière fois de les raisonner, et s'ils refusent, hé bien... nous emploierons des moyens plus directs pour les forcer à changer d'avis. Ceci dit avant de nous mettre en route nous ferions bien je pense de passer jeter un œil à ce laboratoire de recherche. Peut-être auront-ils une idée de ce qui pose problème à ces élémentaires, ou des conseils sur comment aborder un conflit éventuel avec eux.

La Haute-Juge ne cachait en rien le fait qu'elle supposait que les choses risquaient fort de virer à la confrontation directe... mais bon, d'un autre côté, vu les éléments qu'ils avaient réunis ici, difficile de penser que la mission comptait réellement sur une résolution pacifique, même s'ils pourraient toujours essayer pour le principe, évidemment.

Enfin, ce ne sont que des propositions... qu'en pensez-vous, Seigneur-Juge ?

Avec un léger sourire, Ophélia s'était tournée vers le mécanisé total de leur groupe en disant cela, puisque après tout, il était le plus gradé ici, et donc techniquement le chef, même si elle ne savait pas à quel point il comptait faire sentir son autorité sur le groupe ou plutôt adopter une approche décentralisée... dans tous les cas, elle lui faisait confiance pour bien mener les choses, d'où son sourire, certainement.

C'était la deuxième fois en moins de six mois qu'Uahbra franchissait un portail pour un autre plan avec le même objectif : venir en aide à une communauté akkatonienne en but aux assauts d'un Seigneur-Élémentaire. Une part de lui se demandait bien ce que les Akkatoniens pouvaient faire en ce moment pour attirer ainsi l'ire des puissances d'outre-plan, mais d'un autre côté puisque la première opération avait été un succès, il n'était guère étonnant qu'ils fassent de nouveau appel au mercenaire qu'il semblait être pour une autre mission du même genre. Et évidemment, il n'était guère étonnant qu'un mercenaire comme lui, ou encore une fois comme le lui qu'il prétendait être le « lui » véritable, accepte à nouveau le même genre de missions, d'autant que c'était avec un appuis non pas équivalent mais encore largement supérieur !

Et si toutes les raisons qui avaient prévalues avant étaient encore vraies aujourd'hui, si la puissance akkatonienne était toujours mieux employée à combattre les diverses menaces qui se posaient en Orzian, cependant qu'il était toujours aussi claire qu'aucune « puissance », que ce soit une divinité ou un seigneur de plan, n'avait à ses yeux le droit de menacer toute une communauté, Uahbra avait à vrai dire une « vraie » raison de plus de prendre cette mission. En effet, c'était une occasion en or d'en apprendre plus sur ce que les Akkatoniens tramaient dans le plan de la lumière, chose que sa hiérarchie n'avait pas manqué de repérer et de souligner. Sans compter qu'en gagnant toujours plus la confiance de l'empire occidental, il se plaçait toujours plus en position de capter plus tard d'autres informations toutes aussi importantes...

Voilà comment Uahbra s'était retrouvé là, dans ce qui semblait être une petite ville akkatonienne typique transportée dans un autre plan, à l'exception de la lumière et de ce grand mur de protection, en compagnie de trois personnes qu'il connaissait, et qu'il respectait également, chacune à sa manière et pour ses propres raisons... mais ce respect commun, qu'il n'accordait pas si facilement loin de là, était en soit déjà un bon indicateur de la valeur de chacun d'eux, sans doute. De fait, il salua chacun d'eux à son arrivée, avec respect et, dans le cas d'Olivia, une pointe de chaleur qui témoignait de son amitié pour la puissante lancière. N'ayant ici que le rôle d'un simple mercenaire, le guerrier-serpent resta globalement silencieux quand la maire locale se présenta, se contentant de lui rendre son salut d'un hochement de tête et d'un sifflement, avant d'écouter les propos de chacun.

« Ma foi... je ne suis pour ma part pas Akkatonien, mais je n'apprécie pas les puissances immortelles qui pensent pouvoir dicter leur loi aux Atamas, surtout quand elles viennent des plans élémentaires. Et comme Akkaton, et ses protecteurs, ont agit pour abattre les immortels qui menacent mon peuple, je suis heureux de pouvoir vous rendre la pareille. »

Celui que l'on surnommait maintenant le Tueur de Dieu, mais qui n'avait pas tué seul le premier de ces immortels à s'être réveillé, avait incliné respectueusement la tête en direction d'Anton tout en parlant, n'ayant certainement pas oublié que le guerrier mécanisé se tenait à ses côtés quand il avait pour dû affronter la réalité concrète du retour d'une déesse, ni qu'ensemble ils étaient parvenus à abattre celle-ci.

« Pour cette raison, j'aurais aussi accepté votre commandement, mais je ne peux que saluer votre clairvoyance à nous faire opérer librement. Comme chacun le sait sans doute, je suis un guerrier de contact, et je vous laisserai donc volontiers le soutient pour subir le choc ennemi directement. »

De fait son seul « atout » à distance étant une attaque à base d'éclairs, difficile de la placer ici ! Il se contenterait donc de jouer de ses lames, en faisant confiance aux Akkatoniens pour assurer le gros de l'effort à distance, ce qu'ils faisaient généralement très bien.

« Quant à ce laboratoire hé bien... un bon mercenaire prend toujours toutes les informations possibles sur sa cible avant de l'affronter. Mieux on est préparés, mieux on peut faire face. »

Anton opta finalement pour un approche plus détendue des choses, ce qui semblait clairement la meilleure solution aux yeux d'Ophélia, vu les fortes individualités que l'on pouvait trouver dans leur groupe, et la grande expérience du combat des deux non gradés qui les accompagnaient. Ils donneraient sans doute leur meilleur potentiel en pouvant combattre librement, et pas en suivant une stratégie dictée pour eux, surtout que ni elle ni le général mécanisé n'avaient l'habitude de commander ces deux atouts, et donc d'en tirer le meilleur. Elle hocha donc la tête avec un sourire à la proposition du Seigneur-Juge, avant de rebondir sur sa proposition de présenter pour chacun les domaines qu'ils pensaient maîtriser le mieux.

Hé bien... pour ma part même si je suis évidemment capable de me défendre au contact, je pense clairement être la moins bien taillée d'entre nous pour cela. Au contraire, je me débrouille particulièrement bien avec une arme à feu entre les mains, et j'ai avec moi un petit bijoux technologique capable de tirer des rayons de ténèbres pures, entre autres choses. Je pense que cela devrait être particulièrement efficaces sur nos « amis » de ce plan.

La Haute-Juge avant tapoté doucement la crosse de son fusil laser, placé à sa ceinture. Elle portait également un brombas de l'autre côté, et un fusil de guerre dans le dos, sous son bouclier, mais elle considérait clairement cette merveille technologique comme son meilleur atout ici, comme souvent quand il s'agissait d'affronter un adversaire purement magique ! Quoiqu'il en soit, une fois que chacun eut reprécisé son domaine d'excellence – même si en soit ils les connaissaient déjà mutuellement, un rappel ne faisait jamais de mal – la maire accepta de les emmener au laboratoire de recherche, Ophélia se fendant d'un doux sourire devant ses précautions.

Oh, ne vous en faites pas, je ne doute pas qu'ils ne feront aucune difficulté pour nous admettre ! Et j'avoue que je suis curieuse de voir sur quoi ils peuvent travailler dans un tel endroit, en dehors de l'intérêt potentiel pour notre mission.

La Thérianthrope n'imaginait en effet guère une porte d'un complexe militaire lui rester close, sans parler d'Anton, et ne pensait pas de toute façon que même un officier méfiant aurait refusé de recevoir un groupe ayant leurs objectifs et envoyé par la hiérarchie, même en imaginant que ladite hiérarchie ne se soit pas déplacée en personne, comme ici ! Quoiqu'il en soit, ils traversèrent donc cette petite ville qui semblait tout à fait banale – et sans doute donc très exotique pour ce plan – mais pas moins charmante, avant d'arriver devant le complexe scientifique, visiblement lourdement gardé en effet, et ostensiblement à l'écart, en plus d'avoir été intégré, selon toute vraisemblance, directement dans le mur de protection de la cité. Après un regard au mécanisé, la jeune femme s'avança d'un pas pour parler aux gardes en armure lourde.

Salutation, soldats. Je suis la Haute-Juge Ophélia Rosenhain Draenor, commandante de la Garde Impériale, et voici à mes côtés le Seigneur-Juge Anton Ludwig Illuminès, de l'armée d'Orzian. Nous sommes venus, avec nos compagnons, rencontrer le responsable de ce centre. Veuillez nous conduire à lui !

Uahbra était loin de se plaindre de la décision d'Anton de gérer le groupe de manière plutôt libre, ce qui en soit leur permettrait, à son avis, de donner leur pleine mesure. Après tout, ils étaient tous et toutes des combattants expérimentés, qui avaient déjà eut l'occasion d'affronter des êtres et créatures surpuissantes, et qui savaient comment y faire face. Il eut d'ailleurs un léger sourire à la remarque du Seigneur-Juge sur son équipement, tout en hochant légèrement la tête après avoir jeté un œil au dit équipement.

« Je suis loin d'être un expert en armes technologiques, mais vous semblez en effet plus que bien équipé pour faire face à ce genre de menaces monstrueuses. J'ai eu des échos de ce que vos armes pouvaient faire sur un Dragon, alors je ne doute pas que même un maître du plan élémentaire sentira passer ce genre d'assaut... »

Le guerrier-serpent faisait bien entendu référence à la mission qu'ils avaient menés de concert, bien que dans des groupes différents, pour neutraliser les nécromanciens disciples de Césario dans le grand nord orzanien, où Anton avait déjà eut l'occasion de déployer cette terrible arme anti-monstres ! Quoiqu'il en soit, leur petit groupe se mit donc en route en direction du laboratoire, où ils furent admis sans problèmes sur quelques mots d'Ophélia... c'était l'avantage de voyager avec des hauts gradés de l'armée akkatonienne, sans aucun doute. Bien qu'il reste silencieux, Uahbra se montra particulièrement attentif à partir de cet instant, bien conscient que toutes les informations qu'il pourrait ramener seraient potentiellement intéressantes une fois la mission terminée, quand il coucherait tout cela par écrit pour ses collègues plus au fait de lui pour comprendre les menaces potentielles posées par l'armement akkatonien...

Après tout, même si aujourd'hui Akkaton était objectivement l'alliée d'Eïlynster, et qu'en soit le guerrier-serpent était partisan d'une collaboration plus poussée dans certains domaines, il n'en restait pas moins qu'à long terme l'appétit de l'empire occidental pour la conquête amènerait potentiellement un jour à la confrontation entre Eïlynster et ce puissant voisin. Savoir ce qu'ils préparaient dans certains domaines n'était donc jamais perdu, même s'ils n'en faisaient rien tout de suite. Quoiqu'il en soit, il avança donc dans le sas de sécurité puis dans l'atelier proprement dit en silence, faisant bien attention à ce qui se passait tout en restant relativement silencieux.

La dirigeante des lieux était une Automaton, une membre de cette race artificielle créée par les Akkatoniens... ce qu'Uahbra ne voyait pas d'un mauvais œil uniquement parce qu'ils les traitaient comme des égaux, d'ailleurs, mais bon. En tous cas, bien qu'un peu surpris, il se contenta de la saluer d'un mouvement de la tête, et ne dit rien quand elle proposa de l'exclure, avec Olivia et la maire, se doutait que plus il parlerait plus il risquait de donner un mauvais argument en sa défaveur. Il pensait aussi connaître assez bien Anton pour miser sur sa nature confiante, et de fait en fut récompensé, hochant doucement la tête en remerciement.

« Je vous remercie pour votre confiance. J'écouterai donc avec attention pour avoir toute information qui nous serait utile, même si connaissant peu la technologie je ne pense guère avoir de questions pertinentes à poser... »

Ils étaient donc entrés sans mal à l'intérieur du laboratoire, ce qui en soit n'était évidemment guère une surprise, puisque Ophélia s'attendait bien à être écoutée, tout de même ! Ils entrèrent donc, et découvrirent que les lieux étaient supervisés par une Automaton... l'idée de ces créatures entièrement artificielles avait sans doute troublé un peu la Louve d'Acier, au tout début, mais elle avait en soit largement eut le temps de s'y habituer avec le temps, et en soit, passé l'étrangeté initiale, elle aurait été bien mal placée, elle qui était à moitié mécanisée, pour avoir des préjugés contre des êtres entièrement issus de la même technologie ! Elle se contenta donc de rendre son salut à la dénommée Mercuria, tout en écoutant les points qu'elle soulevait et les questions qui lui étaient posées en retour.

Puisqu'il était le plus gradé, en soit, et que la question s'adressait visiblement avant tout à lui, Ophélia laissa Anton trancher la question du potentiel secret du laboratoire... elle-même aurait sans doute demandé à se faire préciser un peu plus la portée exact du champ de recherche de cet établissement avant d'accepter ainsi d'ouvrir l'information – après tout s'il était été installé dans un autre plan, c'était sans doute pour les spécificités de celui-ci, mais peut-être également pour des questions de discrétions – mais elle ne remit pas en cause la décision du Seigneur-Juge, respectant en soit son jugement sur ce genre de questions. Ils commencèrent donc, sur une suggestion d'Olivia qui en soit semblait sensée, la visite du laboratoire autant qu'une session de questions sur ce qu'ils faisaient ici, l'Automaton confirmant assez rapidement qu'ils travaillaient sur des armes à base de lumière, ce qui en soit était assez logique...

Hmmm je vois, vous êtes donc impliqués dans les recherches sur les armes à énergie lumineuse... c'est assez logique, après tout c'est une des grandes directions de développement de l'armement actuellement, et vous êtes idéalement situés pour ça...

Ophélia pensait essentiellement à voix haute, tout en se disant que ce n'était hélas pas l'armement le plus utile ici... quoique, en jetant un coup d’œil à l'arme qu'elle portait au côté, il lui vint une idée. Elle hésita un peu à la développer, mais puisque leur chef de mission avait décidé de ne pas faire de secret, elle se dit qu'elle pouvait tout aussi bien être aussi claire que possible.

Dites-moi, votre laboratoire a-t-il aussi collaboré à des projets avancés utilisant l'énergie lumineuse parmi d'autres atouts, comme le projet éclipse ? Je vous demande cela car je possède moi-même une arme issue de ce projet, enfin, pas seulement, mais elle permet, outre les tirs d'énergie lumineuse, de varier les tirs avec notamment des tirs de ténèbres purs, ce qui serait assez utile, si vous avez ce genre de gadget en stock.

Il fallait bien dire qu'avec son armure, il n'était vraiment pas difficile de comprendre qu'Ophélia avait été impliqué dans le déploiement militaire du projet éclipse ! Évidemment, il était totalement impossible que Mercuria elle-même ait été impliquée dans la genèse du projet éclipse, du moins côté conception, mais elle pouvait avoir pris le train en marche, et le laboratoire pouvait aussi y avoir travaillé avant qu'elle soit en charge. En soit le fait même qu'elle le soit pouvait indiquer une certaine proximité des responsables avec le projet, allez savoir... ça valait en tous cas la peine de demander.

Et sinon, en dehors de cela, des atouts dans votre manche pour faire face à la menace que nous venons gérer ?

Le guerrier-serpent restait en effet plutôt silencieux, sans que cela ne soit forcément très étrange. Après tout, il était étranger à ce monde technologique, étant, si pas un magicien, du moins un guerrier utilisant la magie, et chez qui la magie coulait même librement dans les veines sous la forme de nombreux enchantements entrelacés, dont certains très puissants. Il ne pouvait espérer manier aucune des armes technologiques issues de ce laboratoire et de l'atelier où ils se trouvaient, sauf peut-être quelques prototypes exotiques conçus pour cela, même s'il doutait que la compatibilité magique soit le propre de ce genre d'endroit ! Il n'avait donc guère à voir dans le fait de chercher ici des outils directement contre leurs ennemis, car même s'il avait voulu manier une épée en verre blanc, il doutait que cela ait été très adapté pour lui... et de toute façon, il n'en avait guère besoin.

De plus, sans rien en montrer il ne perdait pas une miette des échanges, et tentait de mémoriser un maximum d'informations. Ce n'était certainement pas lui qui les décoderait non plus, mais Eïlynster avait des gens dont c'était le métier, après tout. Il semblait simplement être ce qu'il avait toujours prétendu être : un mercenaire sur le qui-vive, écoutant toute information qui pourrait lui être utile. Cependant, le guerrier-serpent était sans doute un peu trop silencieux au goût de son amie à la puissante lance, puisque celle-ci rebondit sur sa dernière question pour s'adresser à lui, lui tirant un léger hochement de tête.

« En effet, c'est souvent une bonne façon d'entamer un combat, même si je ne pourrai guère l'utiliser ici. Mais nous ne pouvons guère exclure que notre ennemi ait l'idée de faire de même contre nous, dans ce plan... »

Après tout, qui disait lumière disait aussi foudre, et il ne doutait pas que les Anges autant que les Seigneurs-Élémentaires devaient savoir l'utiliser au combat ! Il ne comptait guère sur une défense locale toutefois, pour les mêmes raisons qu'il avait eut pour ne guère compter sur leurs armes, et au lieu de creuser dans cette direction, rebondit plutôt sur d'autres paroles de l'Automaton, quitte à prendre la parole, et histoire de ne pas non plus paraître trop suspect par son silence.

« Sinon, je suis loin d'être un mage, mais j'en connais assez pour dire qu'ils ont peut-être pu sentir que vous puisiez dans l'énergie émise par la vallée en effet, même si j'avoue que je ne vois pas en quoi ça pourrait les déranger, vu que ça m'étonnerait que vous « l'asséchiez », si on peut dire... enfin, ces Anges ont-ils déjà tenté d'attaquer votre laboratoire par la vallée ? Eux ou d'autres créatures locales, d'ailleurs... »

Visiblement, les munitions semblables à celles de son arme n'était pas fabriquées ici et ils n'en avaient pas en stock... dommage, une pluie de tirs d'énergie ténébreuse aurait sans doute été de nature à pas mal mettre en difficulté des élémentaires lumineux ! Mais quoiqu'il en soit, Ophélia écouta la suite des réponses apportées par l'Automaton, avec des interventions de ses compagnons ainsi que de la maire de la cité au-dehors. Visiblement, ils avaient affaire à un laboratoire de pointe, mais aussi bien équipé pour se défendre, ce qui ceci dit n'était pas très étonnant. Outre les menaces indigènes, l'Empire devait aussi compter sur la sécurité de ce laboratoire vis-à-vis d'éventuels espions venus de leur propre plan, après tout, donc normal que ce genre de centre de recherche de pointe soit bien protégé, surtout qu'il participait aussi, de la sorte, à la défense de la ville qui l'accompagnait, ce qui était également un plus du point de vue de la Thérianthrope.

Ma foi, ce renfort d'équipement sera bienvenue. Pour ma part, comme vous le souligniez j'ai ce qu'il me faut de ce côté, grâce du coup je crois comprendre en partie à votre mère. Elle vous a laissé la responsabilité de ce laboratoire, après s'être assurée de vos compétences bien entendu, pour partir vers d'autres recherches, ou bien a-t-elle pris sa retraite ?

Même si son interlocutrice était une Automaton, Ophélia savait bien que ceux-ci n'étaient pas dénués d'émotions, contrairement à ce que voulait parfois mettre en avait les préjugés populaires, et elle doutait qu'elle aurait parlé si librement et sur un ton aussi dégagé de celle qui l'avait créé s'il lui était arrivé malheur, surtout si elle avait un tel lien avec elle qu'elle la considérait comme sa mère, raison pour laquelle elle se permettait de poser la question, alors qu'ils arrivaient finalement aux portes des laboratoires proprement dits.

Hmmm vous auriez donc un moyen de nous protéger de la foudre sans modifier nos armures ? Dans mon cas ce ne serait évidemment pas possible, donc j'avoue que cette solution m'intéresserait, même partielle tout atout est toujours bon à prendre, à mon avis !

Quoiqu'il en soit, ils passèrent donc la porte, et furent salués par deux gardes et un officier aux galons de Capitaine, Ophélia rendait leurs saluts aux trois atamas – et notant, au passage, que le fait qu'un capitaine assure sa sécurité était encore une preuve de l'importance de cet endroit et du sérieux de ses défenses – tout en regardant le premier laboratoire qui faisait fasse au poste de garde.

Intéressante expérience, je suppose que cela permet de créer des rayons plus puissants dans certaines armes ? Au fait, dites moi, y a-t-il aussi des applications civiles à vos travaux ? Je ne suis pas chercheuse moi même mais je suppose après tout que l'Empire poursuit rarement des visées entièrement militaires dans ses recherches...

Visiblement, le laboratoire avait des ressources utiles à leur donner : de l'armement pour Olivia et possiblement un système pour contrer la foudre. Uahbra restait sceptique quant à la capacité d'un gadget akkatonien à contrer la puissance d'un Seigneur-Élémentaire, mais même si le contre n'était que partiel ou temporaire cela valait la peine de tenter le coup ! Clairement, ils semblaient avoir fait le bon choix en venant d'abord visiter le laboratoire avant de partir à la rencontre du Seigneur-Élémentaire et de ses séides. Cela, et puis il apprenait aussi pas mal de choses sur les projets menés ici, qui, comme le souligna Olivia alors qu'ils avançaient dans leur visite, semblait bel et bien toucher aux domaines de pointe de la technologie akkatonienne ! Il ne comprenait pas chaque nuance mais les informations rapportées intéresseraient ses supérieurs, il en était certain.

Après avoir commenté la première recherche exposée, ils accélérèrent un peu le rythme en passant devant plusieurs autres éléments technologiques, ainsi que plusieurs portes fermées également, même si Uahbra ne pensait pas que c'était par volonté de cacher quelque chose : l'Automaton semblait être une personne honnête et respectueuse de la hiérarchie, qui ne scellerait pas des informations à ses supérieurs, qu'étaient Ophélia et surtout Anton ! Le Naga émit un faible sifflement quand ils passèrent devant le laboratoire électrique, et en entendant la supposition d'Olivia, chose qui chez lui traduisait un léger amusement – et le fait qu'il le laisse paraître en disait sans doute long sur le fait qu'il se sentait à l'aise avec ce groupe, tout étranges qu'ils soient.

« Pour l'utiliser moi-même grâce à la magie de mon épée, voilà en tous cas une arme qui serait efficace, une fois rajoutée à votre arsenal. Même si je ne sais si vos arsenaux à tous les trois auraient réellement besoin d'un tel ajout... »

C'étaient là des paroles pleines de respect, qui en disaient assez, sans doute, sur l'estime que portait le guerrier-serpent à ceux qui l'entouraient, ce qui, le connaissant, tenait plus à la valeur personnelle qu'il avait pu estimer chez eux qu'à tout autre chose. Quoiqu'il en soit, ils arrivèrent ainsi à vers la fin du couloir, et un laboratoire placé tout au bout d'où s'échappait une lumière intense, pour la bonne raison qu'une simple vitre qui semblait ordinaire le séparait de la vallée lumineuse en face du laboratoire, ce qui fit légèrement plissé les yeux de serpents d'Uahbra.

« N'est-ce pas un peu imprudent, de laisser une telle pièce ouverte sur un tel déferlement de lumière potentiel ? Pour l'heure c'est supportable mais je suppose que quand la vallée entre en... je ne sais pas quel est le mot correct, éruption ? Enfin bref quand elle irradie de lumière, l'éclat doit être encore bien pire ! »