Petitmont – 10 Augustus de l'an 2000 de l'Âge d'Acier.

Hatsuka était venue cette fois effectuer quelques fouilles en Akkaton, qui regorgeait, il était vrai, de ruines anciennes. Les mieux connues étaient bien entendu situées depuis longtemps et soit gardées fermées d'accès par les Nagas, soit hantée par de nombreuses créatures antiques et pièges malveillants, soit encore les deux à la fois, quant elles ne renfermaient pas, en plus, quelques déitées oubliées sommeillant en leur sein. Néanmoins, les ruines se n'étaient pas que les grands temples et les tombeaux royaux, comme pouvait se l'imaginer le pilleur de tombeau moyen. En l'occurrence, le but de son expédition était plutôt d'étudier l'ancien site d'une localité abandonnée depuis longtemps. Avait-elle été abandonnée après l'époque du Bronze, pour une raison religieuse ? Ou beaucoup plus récemment, pour un tout autre motif ? Après tout, on avait souvent tendance à classer l'antiquité nagate comme un seul bloc rattaché à leurs anciennes divinités, mais il y avait un temps très long entre celles-ci et l'époque actuelle, avec bien d'autres mystères archéologiques.

Enfin... son expédition, c'était vite dit, car pour le moment la jeune femme en était encore aux travaux préparatoires : repérer les lieux, voir ce qu'il en était et pouvoir dresser un premier plan du site. C'était une opération que l'on effectuait généralement depuis les airs, ou alors en grand comité, mais comme pour l'instant elle était seule, difficile d'opérer avec la deuxième option. De plus, elle n'avait pas vraiment avec elle de cavalier céleste ou autres qui aurait pu lui permettre d'effectuer les relever, d'autant plus que ce genre de chose était difficile à faire sur le dos d'une bestiole plus ou moins instable. Une machine volante aurait pu être plus pratique, surtout en Akkaton, mais d'un autre côté la simple aura de magie que dégageait Hatsuka au naturel était suffisante pour risquer de détraquer n'importe quelle machinerie avancée des akkatoniens... c'était bien l'une des raisons pour lesquelles elle comprenait mal cet engouement général pour la technologie !

Toutefois en se renseignant autour d'elle on lui avait appris qu'il y avait dans la ville touristique toute proche,  Petitmont, une pilote de ballon qui serait probablement capable de répondre à ses besoins. Hors les « simples » ballons avaient une technologie assez simple pour ne pas souffrir de la présence de magiciens, ce qui était donc parfait ! L'archéologue s'était donc rendu dans ladite ville, où on avait pu lui indiquer sans mal la demeure de l'intéressée, demeure à laquelle elle se présenta donc, toquant à la porte avant de s'incliner devant celle qui vint lui ouvrir.

« Bonjour à vous, je cherche dame Abigale... est-elle ici ? »

La ville de Petitmont était quelque chose que l’on pouvait qualifier d’atypique. Non pas car elle était d’une architecture originale, ou d’un peuple déroutant, mais surtout car cette ville respirait d’une atmosphère saine et reposante. Les multiples rues pavées et ornées de fleurs serpentaient entre les maisons sans jamais n’être oppressantes, les rues étaient bien souvent animées de salon de thé, de distributeurs de journaux et de la douce odeur du pain du matin qui embaumait la rue principale en grande partie.

Trouver la maison d’Abigale ne fut pas compliqué ; le premier passant habitant dans la ville auquel s’adressa l’archéologue lui indiqua sans plus attendre quelle direction prendre pour trouver ladite Abigale. Tout cela, bien évidement, avec sourire et politesse, tout en souhaitant une agréable journée à l’archéologue qui se détourna pour suivre son itinéraire fraîchement tracé.

La maison qui fut indiquée était plutôt sobre globalement, dénuée de tout ornement pompeux et trop voyant pour ne laisser qu’une simple bâtisse au naturel et tout aussi charmante. Mais c’était une grande maison. Certes pas un manoir, ni quelconque villa possédant un grand jardin, non. La maison possédait une petite cour, et on y entrait par une porte à l’abri du temps sous un auvent et contre un mur. Lorsque l’on frappa à la porte, ce fut une femme d’une beauté unique qui l’ouvrit pour faire face à la visiteuse.

Elle n’était pas de ces jeunes femmes belles par leur peau de pêche et leur minois juvénile, non, mais elle avait un visage au doux sourire bienveillant. Ses yeux bleu-gris vifs et pétillants sous des rides de travail, non pas laborieux mais passionné, se tenaient sur son visage au nez ayant gardé sa finesse d’autrefois, et aux lèvres juste légèrement pincées. C’était un visage qui commençait à marquer la quarantaine d’années et qui, zébré de mèches rousses grisonnantes, avait tout le charme nécessaire pour troubler de sa beauté.
C’était aussi une femme grande, pas excessivement grande à la taille minuscule, mais assez grande pour dépasser de la tête plus d’un, et elle portait une robe sobre dans l’ensemble, et pourtant ponctuée de plein de détails, si bien qu’un tel modèle n’a probablement jamais été vu en un autre exemplaire que celui-ci dans le coin. Et enfin, sous cette robe se dessinait une bosse remarquable, quoique se mariant bien avec la tenue, source de vie.

En détaillant la jeune femme qui lui fit face, la future maman esquissa un sourire plus prononcé, suivit de rides sincères dans le coin de ses yeux. Alors, se détachant de l’entrée pour laisser son invitée entrer, elle prononça.

Bonjour, entrez donc. C’est bien ici qu’Abigale habite, je m’en vais vous l’appeler de suite. Vous la connaissez ?

Peu après cela, elle se dirigea vers une pièce sans trop s’éloigner, en demandant à Abigale de se présenter. Tout en revenant vers la visiteuse, elle lui proposa de s’installer prendre un thé, et de se débarrasser de ses affaires d’extérieur le temps du thé.

Puis vint quelques instants plus tard une jeune femme, plus petite que la quarantenaire, mais qui avait de toute évidence la forme de son visage, et ses cheveux. A la seule différence près que, contrairement à sa mère qui était vêtue d’une jolie robe dans toute sa subtilité, la mécanicienne était vêtue d’une salopette bleue et d’une chemise blanche, tous deux tachés de suie et de cambouis, tout comme sa joue gauche et le bout de son nez noircis par les moteurs, probablement, sans oublier bien sûr une paire de bottines épaisses à la coque cuivrée, digne d’une ado Akkatonienne dans toute sa splendeur. Ses cheveux d’un roux vif étaient mi-long et venaient dans le visage de la jeune femme de manière aléatoire semble-t-il, dans une désorganisation organisée pour conserver quelques mèches ordonnées.

Quoi qu’il en soit, elle pris le temps de se laver les mains avant de pénétrer dans la cuisine et sembla faire attention de ne pas mettre de la poussière partout dans la maison, probablement d’un commun d’accord avec sa mère sur un compromis entre déplacement en tenue de travail et propreté de la maison.

Bienvenue chez nous ! Je suis Abigale, que puis-je pour vous, madame ?

On pouvait certes se dire que la belle archéologue était bien hardie d'aller ainsi toquer à la porte de celle qui était encore, à ce stade, une parfaite inconnue, mais c'était bien dans le genre d'Hatsuka de faire ce genre de choses, justement ! Après tout, la fortune souriait aux audacieux, et on ne pouvait guère espérer obtenir quelque chose si on n'avait pas le courage d'aller le chercher en premier lieu, n'est-ce pas ? Ce genre de raisonnement qui avait parfois guidé la demi-elfe dans des situations périlleuses, mais en l'occurrence, cela l'amena simplement devant une jolie damoiselle visiblement enceinte, qui la fit entrer sans problèmes particuliers. Elle se montra même plus que prévenante, et l'Ikhyldienne accepta bien sur son hospitalité avec le sourire, ne s'attendant pas forcément à un accueil si agréable... mais après tout elle n'allait pas s'en plaindre, que du contraire !

Ce fut donc une fois installée et ayant volontiers accepté un thé avec un sourire reconnaissant que la damoiselle vit finalement arriver celle qu'elle était venu voir. Elle semblait à la fois très jeune et très proche de l'idée qu'on pouvait se faire d'une mécanicienne akkatonienne typique, ce qui n'était sans doute pas un mal pour quelqu'un qu'elle venait recruter comme conductrice de ballon ! Restait, maintenant qu'elle était entré dans leur cuisine, à se présenter et à présenter ce qu'elle était venu faire ici.

« Bonjour à vous, et merci de me recevoir si aimablement. Je m'appelle Hatsuka Ayanokouji, et comme mon nom vous l'aura peut-être laissé deviner je viens d'Ikhyld. »

Il était vrai après tout que son nom faisait très oriental, mais les akkatoniens étaient si habitués à ne pas discriminer leur prochain qu'elle jugeait toujours plus clair de le préciser. Non pas que ce soit une mauvaise habitude, d'ailleurs !

« Pour vous expliquer ce qui m'amène à venir vous voir, je suis archéologue, et j'ai été charger d'opérer des fouilles sur l'ancien site d'un village naga qui se trouvait assez proche de votre village. Nous n'en sommes actuellement qu'au début du processus, et je suis actuellement venue par ici pour effectuer les premiers relevés. »

Hatsuka avait jugé bon de directement aborder les détails de ce dont elle avait besoin avant de formuler sa demande proprement dites, pour que son interlocutrice ait une idée claire de ce qu'elle cherchait ici... après tout, il valait mieux qu'elle puisse lui dire directement non seulement si elle était intéressée, certes, mais aussi si elle pouvait réellement lui fournir l'aide dont elle avait besoin, au passage !

« Le moyen le plus simple d'effectuer ce genre de relevé est de le faire depuis le ciel mais, étant magicienne, il m'est impossible d'utiliser la plupart des moyens qu'on utilise pour cela sur Akkaton... ce qui m'a amené donc jusque chez vous ! On m'a dit en effet que vous disposiez d'une montgolfière pouvant transporter des mages sans risques et d'un certain talent pour la piloter... j'aurais donc voulu savoir si vous accepteriez de louer vos services pour m'assister dans cette tâche ? »

Une fois s’être présentée face à l’inconnue, qui ne tarda pas à se présenter elle aussi, Abigale la détailla comme quelqu’un détaillerai une inconnue pour se remémorer de son apparence. Elle était grande, en premier lieu. Bien plus grande que la petite Abigale du haut de son mètre cinquante-six. Grande, mais aussi très belle. C’était quelque chose qui sauta aux yeux de la jeune rousse en remarquant ses oreilles, ses iris et ses cheveux d’un blond éclatant. Sans compter bien sûr sa morphologie correspondant plus que suffisamment aux canons de beautés actuels.

Cependant la constatation de cet atout ne déstabilisa pas spécifiquement la technologiste qui acquiesça à la demande de l’archéologue avec un large sourire sur les lèvres. Alors, elle frotta ses mains entre elles pour répondre à l’archéologue.

Eh bien, en effet, je peux vous être utile ! Le ballon est dans un hangar en sortie de ville. Allons y alors ! A tout à l’heure maman, je serais là pour le dîner !

Une fois fait, la jeune femme en salopette sortit en s’emparant d’un casque d’aéronaute surmonté d’une visière en verre qu’elle enfila sans attendre avant de passer le pas de la porte. Elle se dirigea dans la ville d’un pas assuré, saluant les passants qui semblent reconnaître la petite femme, tout en reprenant la discussion avec l’Ikhyldienne.

Ce serait avec plaisir que je vous assisterai dans votre repérage ! Hatsuka, donc, c’est ça ? Vous verrez, avec un tel engin on peut survoler les déserts sans problèmes ! Bien sûr en sachant les utiliser...

Puis elle entra dans un hangar à l’issue de cette balade, où est transposé sous une bâche ladite montgolfière, rapidement dévoilée par la technologiste. Elle la sortit ensuite à l’aide d’un technicien présent là, avant de partir pour ramener le réchaud, et avoir au passage enfilé une sorte d’exosquelette lui saillant plutôt bien.

Bon eh bien, on va remplir le ballon d’air chaud. Ca prend un petit temps, mais ça va, c’est plutôt rapide !

Hatsuka était habituée à ce qu'on la détail du regard, de façon plus ou moins insistante, et avec le temps avait appris à ne guère s'en formaliser. Après tout, elle avait déjà été dévisagée, ou pire encore, par des gens beaucoup plus... malsains disons que la jeune mécanicienne ! Elle était par contre moins habitué à ce qu'on accepte si prestement de l'aider, mais n'allait certainement pas s'en plaindre pour autant, après tout. Elle se laissa donc entraîner à la suite d'Abigail, en prenant le temps au passage de saluer la mère de celle-ci et de la remercier rapidement mais poliment pour son hospitalité – après tout, ce n'était pas parce qu'on était pressé qu'on ne devait pas être polie ! Elle accompagna ensuite sa apparemment nouvelle pilote, devinant en elle une passionnée de sa discipline. Après tout, quand on acceptait si facilement d'aider une inconnue sans même demander plus de détails ou discuter du prix, c'était qu'on appréciait vraiment ce qu'on faisait... ou qu'on avait vraiment besoin d'argent, éventuellement, mais la damoiselle ne semblait guère vivre dans ce genre de misère, de ce qu'elle avait pu voir de son domicile.

Enfin, quoiqu'il en soit, la damoiselle l'emmena donc jusqu'à son hangar tout en lui adressant la parole, semblant en effet plutôt motivée pour l'aider dans sa tâche de repérage ! L'archéologue eut un sourire en lui répondant alors qu'elle avançaient.

« C'est Hatsuka en effet, et j'avoue que je suis curieuse de voir ça ! En Ikhyld nous faisons généralement appel à des moyens magiques, ou alors à des animaux volants, mais je suis curieuse de découvrir ce que les Akkatoniens ont mis au point qui permet de transporter aussi bien les mages que les non-mages ! »

Bien sûr, elle connaissait la théorie, du reste plutôt simple : l'air chaud, plus léger que l'air froid, pouvait permettre à un ballon de s'envoler... mais elle ne l'avait jamais vu fonctionner, et encore moins être dirigé ! Après tout ce n'était pas parce qu'on comprenait la théorie derrière quelque chose qu'on ne pouvait pas s'intéresser à comment elle était mise en place. Au final, elle arriva avec Abigail à son hangar et la laissa sortir puis commencer à gonfler son ballon, ne voulant pas risquer d'interférer tant qu'on ne la sollicitait pas, cependant que la jeune femme avait trouvé le temps, tout en sortant son engin, d'enfiler une combinaison qui devait sûrement avoir un but pratique dans ses manœuvres de pilotage, supposait-elle.

« Je vois, hé bien nous allons attendre alors... je suppose qu'on ne peut guère accélérer le rythme avec un sortilège, de toute façon ? »

Hatsuka demandait visiblement par curiosité plus que par autre chose, semblant réellement s'intéresser au moyen de transport que proposait la jeune ingénieuse. Après tout, la curiosité était un trait cardinal pour une archéologue, ou pour une chercheuse de manière générale !

« Alors dites moi, comment se dirige ce genre de ballon ? Il n'y a pas de... de comment vous appelez ça déjà... de moteur ou d'autres trucs du même genre, je suppose ? »

Abigale laissa le ballon se remplir d’air chaud alors qu’elle s’assied sur un tabouret en invitant l’archéologue à faire de même. Elle détailla son visage du regard tranquillement, comme intéressée par cette personne et souhaitant mémoriser les traits de son visage, probablement, tandis qu’elle évoute ses dires avec un sourire tranquille. Abigale croisa ses bras en les posant sur ses jambes un instant avant de se redresser pour croiser les bras contre son buste.

Eh bien, il y a plein de moyens pour cela ! Le plus courant, quand on emprunte un train ou un dirigeable, est de faire porter un dispositif aux mages pour réduire leur potentiel magique et éviter que cela ne suffise à détraquer les engins technologiques. Mais dans notre cas, la montgolfière est si peu technologique que les risques d’incidents liés à la magie sont vraiment faibles ! En fait c’est tout simple, pas d’engrenages ou de mécanismes, l’air chaud dans le ballon va le gonfler et l’entraîner dans le ciel. Car l’air chaud, ça monte ! C’est de la physique basique… En tout cas, c’est comme ça que l’on appelle ça dans l’enseignement Akkatonien. Étudier les phénomènes de la réalité pour en expliquer le fonctionnement ! Enfin.

La rousse se surprit à égarer son regard un peu trop bas pendant la petite pause qu’elle marquait, le relevant aussitôt pour fixer un autre élément du décor, suffisamment rapidement pour respecter la pudeur de son interlocutrice. Elle reprend ensuite, finissant par retrouver son regard après quelques secondes.

J’imagine que cela peut se faire, après je ne m’y connais pas en magie… Le brûleur fait son travail pour le moment, et il ne faudrait pas que la toile prenne feu. Mais si vous voulez tenter quelque chose, j’imagine que je ne peux pas vous en empêcher ! C’est en essayant que l’on s’améliore, pour sûr.

La technologiste acquiesça ensuite pour les dernières réponses.

Eh bien, c’est tout simple. Une montgolfière ne se dirige pas ! Il n’y a aucun dispositif de direction, le seul vecteur que l’on peut influer est son altitude en ajoutant de l’air chaud ou en le laissant se refroidir. Sinon, ça se laisse diriger par les courants aériens ! Il y a beaucoup de courants là haut, les vents dirigeront la montgolfière. Après, on peut utiliser un moteur, mais ça alourdirait le véhicule et vous semblez avoir du potentiel magique de ce que vous en dites, donc… Je préfère éviter. Donc ce sera surtout à l’aveuglette, à moins que vous ayez la capacité d’influer les vents ou la température des courants ?

Elle sourit tendrement en croisant son regard avec celui de l'archéologue, toute contente de discuter avec quelqu'un -indépendamment de sa beauté, même s'il lui arrive de s'y égarer de temps en temps.-

Alors que le ballon se remplissait d'air chaud, la jeune mécanicienne l'invita à s'asseoir pour poursuivre leur discussion, chose que l'archéologue fit bien volontiers, avec un léger sourire. Celle qui avait acceptée de la conduire par les chemins des airs entreprit alors de répondre à ses questions, parfois d'une façon qui laissait voir le peu d'estime qu'elle semblait avoir pour l'éducation étrangère ou les facultés de compréhensions basiques du monde par quelqu'un qui se reposait sur la magie... ce qui fit légèrement grimacer Hatsuka, bien entendu, quoique celle-ci choisi de ne pas rebondir sur ce point... après tout, elle avait besoin de l'aide de la jeune femme, elle ne cherchait pas à gagner un quelconque débat. Son sourire revint néanmoins rapidement alors qu'elle songeait, amusée, que visiblement les akkatoniens n'étaient pas en reste sur la discrimination envers les étrangers, malgré tous les beaux principes dans lesquels ils se drapaient...

Quoiqu'il en soit, elle écouta le reste de la réponse de la mécanicienne, tout en remarquant que celle-ci semblait quelque peu troublée par la beauté qui était celle de la Demi-Elfe, en partie d'ailleurs de par son héritage elfique. C'était quelque chose qui ne troublait plus guère Hatsuka depuis longtemps, ne fut-ce que par la force de l'habitude, et elle n'en tint donc pas compte alors qu'elle finissait par répondre à son tour à son interlocutrice, sans perdre son charmant sourire.

« Oh, loin de moi l'idée de vouloir mettre le feu à votre matériel, ahah ! Ce n'était qu'une simple question... même si j'en comprend aisément la théorie ce n'est pas pour autant que je ne puis être intéressé par une machinerie que je vois fonctionner pour la première fois, ne pensez-vous pas ? »

Hatsuka ne le pensait pas, en tous cas, et elle était bien triste pour son interlocutrice si c'était ainsi qu'elle voyait le monde ! Mais bon, ce n'était pas cela qui allait pour elle-même l'empêcher de découvrir de nouvelles choses, bien entendu.

« Et donc il n'y a aucun moyen de diriger « normalement » une montgolfière ? J'avais pourtant entendu dire qu'on pouvait choisir où l'on se rendait avec celles-ci ! Je suppose que si vous avez accepté de m'emmener survoler une certaine zone c'est que vous le pouvez vous-mêmes, non ? Peut être en jouant sur la hauteur et les différents courants aériens ? »

Il lui semblait en tous cas très étrange qu'une conductrice reconnue de ce genre d'engin lui explique qu'elle ne pouvait pas vraiment le conduire, mais bon, sans doute quelque chose lui échappait-il quelque part, voilà tout.

« En tous cas j'ai hâte de découvrir les subtilités de ce nouveau moyen de transport ! Sans doute n'est-ce rien que de très banal pour vous, mais pour ma part je suis curieuse de découvrir tout cela. »

La technologiste ne manquait pas d’énergie et elle préparait le matériel avec un certain enthousiaste. En entendant la réponse de la mage concernant le fait de mettre le feu, la rousse ria sincèrement sans moqueries en posant son regard amusé sur le visage de son interlocutrice.

Oh, ne vous inquiétez pas ! C’est que, même sans magie, ça peut arriver. Evidemment, ce sont des événements rares et qui dénote d’une certaine incompétence, mais il peut arriver que le brûleur mette le feu à la toile. C’est surtout à cela que je pensais !

Elle dodelina de la tête, posant le dernier sac de sable au sol avant de ramener une caisse contenant du matériel d’escalade.

Eh bien, il est possible de diriger une Montgolfière, il existe des moteurs qui prennent de la place et qui ne déséquilibrent pas le panier pour pouvoir aller contre les courants, mais nous allons devoir faire sans. En soi, comme je l’ai dit, une Montgolfière ne peut que se laisser aller aux courants et aux vents ! Tout comme un voilier, d’ailleurs. Mais il est possible de jouer un peu dessus. Je connais bien les courants d’air chaud dans le coin, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Est-ce que vous savez exactement où vous souhaitez aller, ou simplement quadriller une zone ? Si vous avez une carte, je ne dirais pas non.

La jeune femme sortit de la caisse le matériel qui s’y trouvait. Des harnais s’arrêtant à la taille. Elle s’en empara d’un à sa taille, probablement le sien, glissant ses jambes dans les boucles prévues à cet effet et serrant les sangles autour de sa taille et de sa cuisse, ainsi prête à y accrocher sa ligne de vie. Elle présenta le vêtement à la mage en souriant simplement.

Mettez ça ! C’est pour rester accrochés au dirigeable, si jamais on a besoin d’un point d’appui. En tout cas, moi je ne peux pas m’en passer ! Même si fut un temps je me baladais sur ma montgolfière sans y être attachée. Mais j’avais mon parachute, donc.

Pendant ce temps, l’homme qui se chargeait de gonfler le ballon avait terminé. Il avait bien ancré le panier au sol, chargé en lest et le ballon se dressait fièrement au dessus du brûleur en action. Abigale grimpa dans le panier avec un certain entrain.

Prête à partir ? Je le suis pour ma part ! Enfin, d’habitude je prend mon parachute avec moi, mais vu la complexité technologique de ce machin je préfère ne pas prendre le risque. J’espère que vous avez un sort pour nous empêcher de tomber, haha ! Sinon ce n’est pas grave, on ne risque rien. Le temps est dégagé, et ça devrait aller hein !

Tout en travaillant, la jeune rousse avait entrepris de répondre à ses questions, même si Hatsuka avait par moment eut du mal à tout saisir, probablement du fait de son peu de maîtrise de la technologie et de son vocabulaire, tout simplement ! En tous cas, puisque la damoiselle avait comparer cela au fait de diriger un voilier, elle supposait que tout cela se dirigeait donc bien avec les vents, les courants et la gestions de l'altitude de ceux-ci. Sans doute l'Akkatonienne se sentait-elle obligée de marquer une distinction nette avec leurs fameux dirigeables, qui comme leur nom l'indiquait devaient être bien plus simples à diriger, et manœuvrable y compris par vent contraire – ou quelque soit le vocabulaire qu'on utilisait dans le monde aérien akkatonien.

C'était en soit quelque peu rassurant de se voir confirmer que sa guide pourrait bel et bien la guider sur la zone qui l'intéressait ! Et justement, en parlant de zone, vint la question de savoir précisément où elles devaient se rendre, qui fit hocher la tête à Hatsuka avec un léger sourire.

« Il s'agit de repérage, oui... en gros je sais dans quelle zone nous devons nous rendre, mais une fois là-bas hé bien... c'est justement pour repérer plus précisément ce qui va m'intéresser ensuite que j'ai besoin de vous et de votre engin, ahah ! Mais oui, j'ai une carte de la région où est notée la zone que je voudrai explorer, même si cela dépendra aussi de ce que nous trouverons sur place, bien sûr. »

Et la Demi-Elfe de commencer à fouiller dans la sacoche qu'elle avait à la ceinture, finissant assez rapidement par y trouver ce qu'elle cherchait, à savoir une carte enroulée. Toutefois le temps de la retrouver, l'Akkatonienne était déjà revenue au près d'elle avait un harnais qu'elle lui tendit, semblable à celui qu'elle portait déjà elle-même. Hatsuka l'enfila donc rapidement – après tout, si elle engageait un guide ce n'était pas pour négliger ses consignes de sécurité – alors que la jeune femme ajoutait encore quelques paroles et grimpait dans sa montgolfière, visiblement prête au départ.

« Ahah je crains de ne rien avoir en stock pour nous garder d'une chute hélas, je ne suis pas mage des vents ! Mais j'ai toute confiance en vous pour guider votre engin en toute sécurité. Nous pouvons y aller oui, enfin, dès que vous aurez eut l'occasion d'inspecter un peu la carte, peut être ? Autant le faire avant notre départ, non ? »

Avec un sourire qui avait le don d'illuminer son beau visage, la Demi-Elfe déroula sa carte sur parchemin, représentation précise de la zone avec les principaux points de repères naturels et, hachurées, les zones qui l'intéressaient. Elle se pencha par-dessus le bord de la montgolfière et fit signe à sa future compagne de vol de jeter un œil, lui montrant la zone où elle voulait tout d'abord aller et lui expliquant un peu ce qu'elle voulait voir, toujours penchée sur la carte. Au passage, si Abigale relevait légèrement les yeux de la carte elle pourrait capter une autre vue toute aussi intéressante sinon plus, mais ce n'était pas le genre de détail dont l'archéologue se préoccupait vraiment.

« Hé bien voilà, si tout est clair je pense que nous pouvons y aller, dit finalement l'Ikhyldienne une fois que tout fut expliqué, avant de replier sa carte et de sauter à son tour dans la nacelle.

Tout était fin prêt pour le détail, si ce n’est peut-être quelques détails qui seront réglés rapidement. La mage de feu semblait satisfaite des explications de la technologiste, alors que cette dernière prenait un plaisir certain à préparer ce petit voyage, le pilotage étant sans doute quelque chose de grand pour elle. De toute évidence, concernant le soucis de chute, la mage n’avait pas de tour pour s’en préserver. Mais ce serait inutile, dans les faits, puisque Abigale n’avait pas prévu que leur montgolfière se mette à chuter !

Alors qu’Abigale était déjà dans le panier de la montgolfière, l’archéologue s’approcha d’elle pour prendre appui sur le bord du panier et présenter la carte à Abigale, sur laquelle elle concentra toute son attention le temps des explications. Elle acquiesça deux fois avant de lever le nez pour observer le ciel, puis la manche à air installée non loin indiquant la direction du vent. Apposant son doigt sur la carte, Abigale traça un itinéraire hypothétique.

Bien, au vu de la direction du vent, nous commencerons par ce côté pour remonter toute la zone par là. Si on s’éloigne un peu je m’arrangerai pour redescendre un peu et essayer de capter un autre courant. Globalement cela devrait être assez maniable, d’où le choix de sortir en temps dégagé. Cela fait partie des règles de sécurité, entre autres, et pour avoir essayé de les enfreindre, je leur donne raison totalement désormais, haha ! Enfin, à partir de ça, on devrait pouvoir-...

Elle s’interrompit l’espace d’un instant, l’air dans ses pensée alors qu’elle releva la tête légèrement. Elle entreprit de croiser le regard de la rousse par la suite, secouant un peu la tête pour reprendre le fil de sa discussion.

On devrait pouvoir être prêtes à partir ! Allez, en route, on grimpe !

Alors que la mage grimpa dans la panier aux côtés de la technologiste, l’homme qui s’occupa de la montgolfière la détacha et elle se mit à grimper petit à petit alors qu’Abigale actionna la poignée permettant de cracher le feu dans le ballon. Un nouveau départ ! Elle reprit donc.

Montrez moi la carte, on devrait pouvoir se repérer. Normalement la direction est plutôt bien. Oh, et, vous aurez les oreilles qui vont vous déranger. Déglutissez, plusieurs fois ! N’attendez pas d’avoir mal, il faut pas croire, mais l’altitude a un effet sur notre corps, mhhm !

C’était ses conseils alors qu’elle était elle-même en train de déglutir durant l’ascension, pour combattre la différence de pression. Elle se posa finalement contre le bord du panier une fois l’altitude stabilisée, regardant dans le vide avec une certaine aisance tout en croisant une jambe par dessus l’autre, posant son coude pour y reposer la tête.

Bien, profitez de la vue, ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça ! Au moins, une chose est sûre, le ciel est dégagé. Pas de tempête de sable à l’horizon !

Si Hatsuka remarqua les quelques instants où sa guide perdit le fil de la discussion, elle n'en montra toutefois rien, sinon peut-être par une petite étincelle amusée quand la jolie rousse croisa son regard, et ce fut sans plus de commentaires qu'elle grimpa souplement à l'intérieur du ballon, curieuse qu'elle était de voir à l’œuvre cet étrange appareillage. Et elle ne fut guère déçue, puisque quand l'homme qui avait assisté Abigale dans la préparation de leur petite expédition libéra le ballon, celui-ci s'éleva naturellement dans les airs, porté par le simple effet d’élévation de l'air chaud, accrochant un sourire émerveillé sur le visage de la Demi-Elfe. Bien sûr, en soit cela n'avait rien de prodigieux. C'était « simplement » de l'air chaud, un mécanisme qu'elle connaissait bien puisque étudier comment les éléments naturels réagissaient à la magie qu'on utilisait – la magie du feu, en l'occurrence – était une étape obligée pour tout mage de son niveau, mais voir comment on avait appris à l'utiliser pour voler si simplement, sans aucune magie, c'était quelque chose !

La semi-elfette resta donc silencieuse quelques instants alors qu'elles s'élevaient, admirant simplement le spectacle, jusqu'à ce que la mécanicienne la ramène quelque peu à la réalité en lui donnant quelques consignes. Lui faisant confiance, l'archéologue déglutit donc plusieurs fois pour s'habituer au changement d'altitude, même si ce n'était pas la première fois qu'elle volait, l'ayant déjà fait par des moyens magiques ou sur le dos de quelque bête ailée. Ce qui n'empêchait pas un lumineux sourire d'éclairer son beau visage.

« Hé bien je suis heureuse que les courants aériens soient bons, enfin, si ça comme ça qu'on appel ça, ahah ! Je dois dire que c'est une expérience saisissante de s'élever ainsi, sans la moindre magie ni le moindre effort physique. Je ne regrette pas d'avoir l'occasion de vivre ça en votre compagnie ! »

Souriant toujours, Hatsuka vit la jolie rousse s'accouder au bastingage et hocha la tête à ses paroles, profitant en effet de la vue qui lui était offerte tout en respirant à fond l'air qui courant doucement sur son visage et dans ses cheveux alors que le ballon avançait dans les airs. Finalement, elle s'approcha d'Abigail, se penchant prêt d'elle tout en prenant garde à ne pas déséquilibrer la nacelle en ce faisant.

« Hé bien, on monte vite, on est déjà haut, non ? Je dois dire que je suis heureuse que nous n'ayons pas de tempête à affronter, que ce soit de sable ou d'autre chose ! Je ne pense pas être taillée pour affronter ça, ahah ! »

Pour être parfaitement honnête, Hatsuka aurait peut-être eut un moyen de se sauver elle-même en cas de problème, même si ça aurait pas mal secoué, mais certainement pas de sauver aussi sa pilote, alors elle préférait ne même pas le mentionner. Après tout, on n'abandonnait pas une compagne de voyage, surtout de si agréable compagnie !

« Je suppose qu'à la seule vitesse du vent il va nous falloir un moment pour arriver sur place, non ? J'espère que ça ne vous dérangera pas de discuter un peu en attendant, je suis plutôt du genre curieuse, surtout confrontée à quelque chose de totalement nouveau pour moi, ahah ! »

Abigale sourit tranquillement aux paroles de sa passagère, bien heureuse de partager sa passion à un public autant impliqué. Elle laissa son regard se perdre dans l’étendue du désert en contrebas, saisissant un cordage pour en vérifier la tension avant de finalement reporter son attention sur la mage qui était à ses côtés.

Ah ça, c’est une expérience merveilleuse ! Pas tout le monde l’apprécie, ça je le sais bien, mais c’est toujours bénéfique de le faire découvrir à quelqu’un, comme vous ! La vue est prenante, pour sûr, après il ne faut pas regarder trop en bas, si on a le vertige. Cela dit, je connais des pilotes avec le vertige qui n’abandonne pas la navigation aérienne !

Elle dodelina un peu de la tête pour laisser un temps avant de poursuivre.

Les tempêtes de sable ne sont pas un problème en soi, même s’il vaut mieux les éviter. En fait, une tempête de sable ne dépasse pas les trente mètres de haut, s’il y en a une on passerait au dessus. Mais bon, le problème c’est que ça dure suffisamment longtemps, et génère une dépressurisation dans l'atmosphère, pour qu’on tombe en plein dedans. Théoriquement, le ballon resterait droit, mais ça reste une opération très délicate ! Il faudrait un pilote d’exception, sans compter le fait que la toile pourrait se fragiliser, voir se déchirer. Et sans ça, on ne vole plus ! Après, je pense que la chute ne sera pas mortelle. Cela fait une aventure, survivre en pleine tempête de sable !

Elle ria doucement, l’idée ne lui étant pas tant embêtante que ça de se retrouver perdue dans une tempête de sable. Digne des plus grandes exploratrices ! Elle reprit ses esprits pour se concentrer sur sa partenaire par la suite.

On a le temps de discuter, pour sûr. S’il y a la moindre question, n’hésitez pas ! Je m’y connais surtout en pilotage et en technologie. Je suis apprentie ingénieure ! La mécanique est quelque chose que je maîtrise très bien, après j'apprends surtout les autres aspects de manière plus renforcée. Électricité, hydraulique, thermique… Enfin, j’ai plein de choses à faire sur ce sujet, petit à petit je fabrique des choses, participe à des projets communs… Et vous alors, concernant l’archéologie ? Des choses à dire ?

Les deux jeunes femmes avaient donc pris la voie des airs, et Hatsuka pouvait admirer le désert qui déroulait lentement sous la marche du ballon, qui avançait au gré du vent, tout en écoutant les paroles de sa pilote. Passer par-dessus une tempête de sable... elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que ça devait être fort mouvementé, tout de même ! Sans compter que cela ne devait pas aider à faire des repérages : impossible de voir ce qui se passait sous le ballon pendant la tempête, et tout devait avoir bougé dans le désert après celle-ci. Elle prit note au passage qu'elle ferait bien de trouver des points de repères plus ou moins fixes, si ces tempêtes étaient un tel risque potentiel, et également peu susceptibles d'être à nouveau recouverts par le sable, bien entendu, sinon cela n'aurait pas servit à grand chose !

« Ahah je vous avoue que je me passerais bien du genre d'aventure qu'impliquerait le fait de tomber du ciel en pleine tempête de sable ! Après tout, j'aimerais rester en un morceau au moins le temps de mener mes fouilles ! Enfin, vous semblez bien connaître le terrain, en tous cas, je suis heureuse de me sentir entre les mains d'une pilote aussi expérimentée, si j'ose dire, et surtout quand on évoque ce genre de menaces potentielles ! »

Après tout, Abigale semblait parler d'expérience de tout ce qu'elle évoquait, comme si, à défaut d'avoir déjà sombré dans une tempête de sable, elle avait de l'expérience de la navigation aérienne en conditions difficiles. Elle touchait aussi à beaucoup de choses apparemment, vu la longue liste qu'elle lui présenta ensuite, faisant rire doucement Hatsuka.

« Hé bien ! On peut dire que vous avez beaucoup de passion, ahah ! Je suppose que c'est en partie propre aux humains de chercher à faire le plus de choses possibles dans le temps qui leur est impartit, enfin à certains d'entre eux... mais pardon je ne voulais pas insinuer que votre nature modelait vos actions, bien entendu. »

Elle préférait être claire après tout, surtout s'adressant à une akkatonienne, elle savait qu'ils pouvaient vite être susceptibles quand on parlait de ce genre de choses. Pour sa part elle trouvait ça logique que quand on voulait être inventeur et qu'on avait un temps limité, on multiplie les projets, même si elle savait bien sûr que bien des humains n'étaient pas ainsi – elle était à moitié humaine après tout – et qu'elle ne pouvait s'empêcher de se dire que ce n'était peut être pas l'attitude la plus sage, mais bon, elle n'était pas là pour juger de la jolie rousse.

« Moi je me consacre principalement à l'archéologie, ahah ! C'est une science sans fin, surtout dans un continent aussi chargé d'histoire qu'Orzian, et où les grandes campagnes de fouilles sont si récentes ! Enfin, je prend aussi un peu de temps pour l'enseignement et pour la maîtrise de la magie, bien entendu. Après tout, on ne fait pas ce genre de recherches pour soit-même mais avant tout pour augmenter notre connaissance générale sur le passé et pour transmettre aux générations futures ! Mes recherches n'ont d'intérêts que quand elles sont consignées et comparées à celles de mes pairs, et toute notre discipline ne vaut que parce que d'autres l’apprennent ! Mais pardon ahah je me suis sans doute un peu emportée ! »

Hatsuka ne se consacrait peut être, en dehors de la magie et de quelques hobbies, qu'à une seule discipline, mais il était visible qu'elle était passionnée et que, de ce fait, c'était corps et âme qu'elle s'y consacrait.

Abigale était plutôt joviale, écoutant distraitement les dires de sa passagère sans prendre mal quoi que ce soit, se contentant de regarder le ciel un peu rêveuse. Elle finit par acquiescer plusieurs fois pour appuyer ses dires avant de répondre.

Je m’intéresse à beaucoup de choses, il est vrai ! Mais à côté j’apprends vite, enfin. Apparemment j’ai des facilités et une vitesse d’apprentissage supérieure aux autres ! Enfin, ce n’est pas moi qui le dit, je ne suis pas capable de m’en rendre compte. Mais tout ce que je sais, c’est qu’apprendre en école c’est inefficace ! Alors j’apprends toute seule. Mais bon, à tout avantage son inconvénient, même si je ne saurais le nommer, il y a bien des sujets où ma performance laisse à désirer, haha !

Elle ria doucement, rebondissant un peu sur ses chevilles, comme ne tenant pas en place. Elle finit par se déplacer doucement dans le panier pour vérifier brièvement l’état du brûleur et finalement s’asseoir dans le fond, levant le nez pour croiser le regard d’Hatsuka.

L’archéologie ? Je n’en doute pas ! Il y a plein de choses à découvrir en Orzian, pour sûr ! Une aventure sans pour autant vivre le danger, après tout ce n’est pas obligatoire. Je dois dire que, de l’archéologie, c’est surtout les fictions écrites par certains auteurs Akkatoniens, mettant en scène des aventuriers du désert à la recherche d’artefacts anciens et qui font face à des morts-vivants sous le joug d’une malédiction… Du mystère, des disparitions, souvent il ne reste qu’un ou deux survivants, et qui finissent par pourfendre la source de cette malédiction. Les écrivains d’époque étaient très inspirés !

Elle dodelina la tête de gauche à droite en venant glisser une main dans sa chevelure embrasée avant de finalement poser ses mains sur ses genoux, patientant tranquillement.

Il n’y a pas de problèmes ! Moi aussi je parle beaucoup, alors, ne nous privons pas ! Dans chaque mot réside un intérêt à entendre à mes oreilles, surtout ne vous censurez pas !

La conversation se poursuivait donc, la jolie rousse semblant un peu rêveuse, sans que cela ne l'empêche de prendre ses tâches au sérieux, toutefois. Quand elle repartit vers le centre de l'appareil avant de se poser dans un coin, Hatsuka pivota par courtoisie pour la suivre, histoire de ne pas être impolie en se retrouvant dos à elle... le paysage s'étendait dans toutes les directions, de toute façon, alors ce n'était pas en se tournant un peu qu'elle allait moins en profiter. Elle se retrouva donc légèrement appuyée contre l'un des montants de la nacelles, face à la jeune mécanicienne. La Demi-Elfe se contenta de sourire quand son interlocutrice évoqua ses grandes facultés d'apprentissage, se disant qu'elle devait en avoir, en effet, mais elle n'était pas la mieux placée pour juger si elles étaient supérieures ou inférieures à celle des autres !

Elle-même était assez douée dans ce qu'elle faisait, et sans doute plutôt brillante dans son genre, mais ce n'était pas le genre de choses qu'elle aurait naturellement mis en avant pour autant. Elle préféra toutefois ne pas commenter plus en avant, d'autant qu'elle connaissait peu les détails du système éducatif akkatonien ! Le doux visage de l'archéologue se fit toutefois plus animé lorsque la rouquine rebondit sur sa discipline, avant qu'elle ne rit franchement quand la pilote évoqua ses collègues des fictions populaires.

« Ahah j'ai déjà lu de telles fictions, oui ! J'avoue que c'est parfois amusant à imaginer, d'autant que les auteurs de fiction semblent fascinés par certains thèmes. Outre celui de la malédiction, il y a celui de l'archéologue-aventurier qui parvient à sauver une statuette antique d'un vieux temple maudit en échappant à une pierre géante qui commence à rouler quand il s'en empare ! J'ai remarqué que c'était un motif très populaire, dans les Duchés notamment ! »

Et la belle blonde de rire encore, visiblement amusée par ces pensées et ses souvenirs, avant de secouer doucement la tête en faisant légèrement voler autour de son visage l'or de ses cheveux blonds, baignés par le chaud soleil du désert.

« Je suppose que des gens comme moi, qui parcourent toute leur zone pour chercher des sites antiques n'aident pas à casser cette image ! Mais je dois souligner que général ces archéologues de papier ne passeraient jamais leur diplôme... après tout sauver la statuette en or et en diamant en faisant s'écrouler tous les vestiges autrement plus précieux, ou détruire les restes d'une vielle momie pour échapper à sa malédiction, cela n'aide pas réellement la cause de l'archéologie, ahah ! Généralement ces ouvrages décrivent plus des pilleurs animés de plus ou moins bonne intentions que de vrais archéologues... mais ma foi c'est plaisant de se rêver ainsi, je suppose ! »

Il était vrai qu'avec sa tenue de cuir, son audace à aller explorer toute sortes de sites et son dynamisme, Hatsuka était sans doute plus proche que certains de ces collègues de cet archétype, mais elle était tout de même plus professionnelle ! Tout en parlant, elle remarqua quelques signes dans le désert et se retourna, dos à Abigale, pour regarder les dunes face à elles, et notamment certains points de repères qu'elle guettait.

« Il me semble appercevoir les ruines du fortin mentionnées sur le plan, nous ne devons pas être loin des ruines du premier village ! On peut peut-être descendre un peu et... je ne sais pas s'il y a un moyen de régler l'allure ? »

Hatsuka aurait sans doute apprécier de passer doucement au-dessus du site pour avoir le temps de faire tous les relevés, mais elle ferait avec ce que sa pilote lui donnerait dans tous les cas... en attendant elle était légèrement penchée au dessus de la balustrade, pas assez pour déséquilibrer l'engin ou tomber, remuant doucement en essayant de confirmer les points de repères, regardant de temps à autre l'horizon et le soleil pour vérifier comment s'orienter en fonction de celui-ci.

C’est vrai que c’est plutôt fascinant, et comme vous semblez présenter votre métier, eh bien je suis toute ouïe ! Même si évidemment, en effet, toute la partie fantastique de ces romans est quelque peu adoucie. Enfin, j’imagine que ça reste très différent dans l’idéologie ! Des pillards plus que de vrais archéologues, je le conçois bien. Et puis, vous semblez aussi professionnelle qu’aventureuse, avec votre tenue qui va avec cette idée que l’on peut avoir de vous ! Ca vous donne un aspect libre et rebelle sans pour autant être inconstante ou manquer de professionnalisme. C’est un compromis plutôt sympathique, un personnage cohérent et qui promet bien des choses ! J’aime bien apprendre à connaître des gens, alors je ne peux pas cacher que vous rencontrer est assez exceptionnel ! Tel un personnage sorti d’un livre, mais en mieux, plus réaliste, plus consistant.

Elle étira un large sourire à la direction de la rousse, avant que finalement leur destination approchait. Alors elle bondit sur ses pattes pour regarder dans quelle direction se trouvaient les ruines, avant de finalement réduire à fond le brûleur ete grimper sur le bord du panier d’un bond, s’accrochant aux cordages.

Bien ! On va descendre un peu et virer sur la droite pour s’axer correctement dans la bonne direction. Accrochez vous !

Elle profita alors de sa position sur le bord du panier pour tirer sur le cordage et pousser le panier du pied, pour le faire chavirer de manière contrôlée alors qu’elle se trouvait à moitié suspendue au-dessus du vide. Elle maintient la position durant quelques longues secondes, suffisamment pour faire un virage serré et contrôlé, avant de finalement redresser le panier et sauter dedans à nouveau. La montgolfière étant donc dans le bon axe, et en train de doucement perdre en altitude, la technologiste semblait savoir ce qu’elle faisait et bientôt elles survoleront les ruines sans grand problèmes, au bon vouloir de l’archéologue.

Hatsuka pu donc faire tous les relevés dont elle avait besoin depuis le ballon, une fois arrivée au-dessus des ruines. Le temps se maintint au beau, et aucune trace de tempête de sable ne se profila à l'horizon, ni même de coup de vent violent, permettant au ballon de rester en place sans trop de mal, et à la belle archéologue de pouvoir demander à être positionnée au-dessus des divers points d'intérêts qu'elle devait inspecter, depuis le ciel, pour pouvoir établir correctement les futurs plans du chantier. Elle noircissait d'ailleurs de sa main vive et rapide des pages et des pages entières de son carnet, parfois de notes manuscrites, souvent de plans et de dessins, affichant une belle concentration alors qu'elle examinait le sol du désert en contrebas.

Comme elle le pensait, ils avaient bel et bien affaire à un village naga, et si tout n'était pas visible en ce moment, du fait du mouvement perpétuel du sable, qui ensevelissait ou révélait tour à tour certaines fondations et certains tracés, elle pouvait toutefois identifier les zones les plus importantes, et notamment la localisation probable du puits, vers lequel convergeaient les routes du village, même si présentement le sable recouvrait la zone où il devait se trouver. Il n'y avait pas de trace de ruines de temples, preuve sans doute que le village était à la fois mineur et avait été abandonné à une époque postérieure à celle de la défaite des anciens dieux nagas. Sans doute avait-il été doté d'un simple autel que les hommes-serpents avaient pu détruire après s'être libérés de leur déité...

Tout cela serait à confirmer par les fouilles, de même d'ailleurs que serait à élucider la raison de l'abandon du village. Avancée des sables, plus agressifs qu'au part avant ? Assèchement du puits qui était visiblement la seule source régulière en eau ? Ou autre chose encore, comme une recrudescence de monstres ou quelque chose de moins évident ? Ce serait à voir au niveau du sol et non plus celui des airs ! Quoiqu'il en soit, après toutes ces observations, Hatsuka et sa pilote rentrèrent jusqu'à leur point de départ et la belle Demi-Elfe reparti ensuite de son côté, ayant obtenu ce qu'elle était venue chercher en demandant à emprunter la voie des airs...