La saurienne était ravi. Cette journée s'annonçait sous de bons augures. Après avoir eu l'acceptation d'Anton, d'être son dragonnier ; et qui était désormais dragonnier, elle s'était mis en quête d'un emplacement pour sa possible boutique. Ce qu'elle recherchait était très spécifique. Elle saura trouver, mais elle devra prendre son temps et voir pour négocier avec force de persuasion si l'endroit rêvée était à vendre. Au pire, peut être qu'elle pourrait réussir à s'associer avec le propriétaire de son futur commerce... ou alors elle devra voir pour aménager les lieux. Bah, allez, pas de précipitation, elle avait le temps. Tout viendra se faire en son temps. Elle ne devait pas se perdre dans de folles idées. Par contre, maintenant qu'elle pouvait s'installer dans la puissante Cité d'Airain, sans risquer de se faire emprisonner et qu'elle avait fait amende honorable, elle devait se remettre au goût du jour de ce qui se tramait dans la ville. Elle n'avait plus vraiment de relations -déjà qu'elle en n'avait guère eu auparavant-, elle devait de nouveau s'en faire, où du moins se tisser un réseau d'informations. Tout riche commerçant de ce nom ne pouvait pas se permettre de pas avoir une toile de murmures et d'infos.

Alors, maintenant qu'elle avait plus ou moins une idée de base de ce qu'elle voulait, elle décida d'aller se balader dans Petitmont, un lieu guère loin pour elle et qui un peu moins fréquentable pour une dame d'apparence noble. Bien qu'elle était sous sa forme de bipède,  en cas de danger, elle pourra se défendre en reprenant sa vraie forme. Et me direz-vous, pourquoi décidait-elle de se rendre dans ces coins là ? Parce que pour avoir des personnes utiles à ce qu'elle voulait mener, rien ne valait un début de recherche dans ces zones. Avec de la chance, elle tombera sur un bipède intéressant qui lui servira grandement dans ses ambitions. Car pour développer son affaire et plus et affinités, elle avait besoin de posséder un noyau de renseignement solide... Pour commencer, il lui fallait déjà un premier élément et un bon candidat de préférence.

Petitmont. Cette petite ville en essor commençait petit à petit à se faire un nom dans les contrées alentours, mais surtout dans la caste des gens de haute stature. En effet, le petit village à l’architecture coquette et chaleureuse avait suscité la satisfaction et l’intérêt de quelques personnes plus ou moins influentes d’Orzian venues en tourisme pour se reposer loin de leurs obligations épuisantes. Et ils ne furent pas déçus ; des habitants bienveillants et accueillants, une atmosphère inspirant la plénitude et surtout une absence totale de personnes indiscrètes se mêlant un peu trop -du moins de manière malveillante- à leurs secrets et autres informations pouvant intéresser le moindre petit manipulateur en quête de profit personnel.

Quoi qu’il en soit, en cette journée délicatement ensoleillée, Petitmont était en pleine activité. Une délicieuse odeur émanait des fours du boulanger, et la taverne accueillait déjà ses consommateurs dans la bonne humeur et le respect. L’horloge principale du village indiquait onze heures.

Plus que le boulanger et la taverne, une jeune dame vendait des fruits et légumes depuis sa petite charrette dans la rue, et plusieurs habitants allaient et venaient dans les rues. Il n’y avait pas trop de monde, du moins assez pour ne pas se sentir oppressé, et juste ce qu’il faut pour donner cette image de village actif et intéressant.

Au passage de la nouvelle venue, les habitants sourirent de manière aimable et polie en la laissant faire son bonhomme de chemin sans l’embêter. Elle avait donc le loisir de se balader dans les rues du village en question. Dans une petite rue se tenait un escalier simple et pourtant charmant, constitué de pierre et d’une rambarde en fer forgé, qui menait à une petite boutique en altitude ; “Au fil d’or” et en plus petit, sous le titre : “Retouches - Création sur mesure - Réparations”.

Cette bâtisse, somme toutes agréable à observer conformément à l’architecture générale du village, est mise en exergue car il en sortit une créature rousse à l’allure menue et pourtant agile. En effet, Abigale sortait de la boutique en question avec l’entrain qui lui était habituel, et descendit le long de la rambarde en s’y laissant glisser avec aisance. Elle retomba légèrement sur ses pieds, et se retrouva donc face à une femme qu’elle n’eut jamais croisé jusqu’à lors.

La jeune femme rousse, et de petite taille, était vêtue de ses inséparables bottines épaisse à la mode Akkatonnienne, d’un short à revers lui arrivant à mi-cuisses, d’une chemise masculine auquel elle y a retroussé les manches jusqu’aux coudes et d’une ceinture maintenant le tout -la chemise étant coincée dans le pantalon-. Chose intriguante dans tout cela ; elle portait sur sa tête un bonnet d'aviateur doté d'une visière couvrant ses yeux. Un jouet ou un dispositif militaire ? Difficile à discerner.

Elle étira un sourire en direction de la personne qui lui fit face, se décalant légèrement de côté pour ne pas se montrer en position de “confrontation”, et entonna d’une voix enjouée ;

Bonjour ! Bienvenue à Petitmont, il me semble ne jamais vous avoir croiser en ces lieux. Avez vous quelconque question concernant les lieux ? Si vous souhaitez, je peux vous indiquer les lieux qui pourraient vous intéresser.

Donc, I'sslan entama ses recherches, commençant à se balader avec une allure bien souple et la tête relevée avec dédain. Même si la petite ville paraissait être très rupestre, agréable à vivre pour ses habitants et d'autres cadres qui rendaient les simples heureux de leur existence sans intérêt, la dragonne ne devait pas oublier la bipède qu'elle incarnait. Une noble très bien vêtue, avec la poitrine généreuse avec un bon plongeant pour tout curieux un peu avide de découvrir leur profondeur du regard.... Elle avait tout pour attirer le regard et les appétits en tout genre. Attention, elle n'était pas une fille de joie. Sa tenue était peut être comme une seconde peau sur elle, mais la robe était loin d'indiquer qu'elle était là pour vendre ses charmes. Non, sa tenue affichait clairement sa position aristocratique. Restait à voir qui aurait l'audace de l'approcher... Si on osait bien entendu.

Son regard acéré se portait à chaque coin de rue. Pour l'instant, elle observait les lieux. et la chance allait rapidement lui sourire. Une petite humaine, qui pourrait être une très jeune femme de son espèce, venait de se dresser devant elle, après avoir sauté d'un quelconque lieu tout proche. D'office, elle posa son regard sur cette...chose, qui avait un accoutrement de tête typique akkatonien. Etait-ce une pilote d'engin mécanique ? En tout cas, l'humaine ne perdit pas de temps pour faire la conversation. Aussitôt, I'sslan sourit dans son esprit. La chance semblait lui sourire. Après, ce n'était peut être qu'une bipède qui désirait jouer les guides et gagner quelques pièces. bon, quitte à visiter les lieux, autant le faire avec une perosnne des parages.

''Salutations, jeune... fille. Je suis en visite en effet. Mes gens sont partis chercher un nouvel équipage pour notre carriole... Les chevaux ne valent plus rien de nos jours. Mais passons. La providence vous envoi pour me tenir compagnie et m'apporter quelques connaissances de ces lieux... charmants. Si vous me montrez où je peux éviter de m'ennuyer, je vous rémunérerai en conséquent....''

Elle fit mine de bâiller, comme déjà sur le point de s'ennuyer ferme.

"Une dame de ma situation ne peut viser que les lieux les plus raffinés. Est ce que cela existe dans votre... bourgade ? ''

La jeune femme semblait débordante de joie de vivre, et gardait son sourire bienveillant en écoutant la Dragonne lui répondre. Elle se frotta les mains entre elles en acquiesçant avant de se redresser légèrement sur elle même, malgré sa petitesse.

Elle répondit d'un air enjoué et détendu, sans pour autant être dénué de calme.

Oh oui, je vous comprend. Vous savez, il existe des pilotes de croisière d'exception. Je peux vous renseigner si vous voulez bien, la montgolfière est un moyen de locomotion abordable et pour toutes les bourses ! Les personnes les plus raffinées y trouveront leur bonheur dans un habitacle privatisé propre avec service personnel ! Je le connaît bien, j'en réserve assez souvent et j'en prend un dès demain direction Airin ! Enfin, il se peut aussi que le dirigeable ne soit pas prisé par tous, néanmoins.

La jeune rousse maintenait son regard dans celui de la Dragonne -qui évitait à tout prix de rester en contact avec quelqu'un du bas peuple- puis elle replaça une mèche de sa frange ardente afin de ne pas être gênée. Elle releva la visière sur son front afin de ne pas être gênée davantage et se détourna ensuite pour entamer la visite, et camoufler une grimace suite aux dires de la femme. Elle ajouta, d'une voix légèrement moins enjouée.

Bien... J'imagine que vous trouverez votre bonheur. Certes nous n'avons pas de bains en or massif incrustés de rubis, mais le luxe ne réside pas uniquement dans les pierreries. Enfin, j'ai quelques idées à vous proposer.

Elle serpenta entre les rues, prenant son temps pour laisser la noble la suivre. Rares étaient les rues en Petitmont qui paraissaient mal famées, et s'il y en avait, Abigale les évita soigneusement afin de ne pas offenser la personne qui l'accompagnait.
Elle déboucha sur une petite place isolée et peu fréquentée au calme et au silence accueillants, loin de toute activité principale. Ici s'y trouvait une galerie présentant en vitrine une peinture à l'huile d'un voilier. Une galerie d'art, donc, recensant des œuvres exclusivement des talents du coin. Non loin se trouvait un petit théâtre, au vu de la pancarte en bois brut, pendant fièrement à sa potence en fer forgé, qui présentait les masques représentatifs de la comédie et de la tragédie.

Et enfin, une petite boutique avec des tables et chaises en terrasse se tenait là ; un salon de thé somme toutes chaleureux et reposant qui était -comme la totalité de la ville- propre et bien agencé. Ce n'était certes pas des plus luxueux ni des plus riches, mais ça avait le panache d'être raffiné dans sa simplicité.

Eh bien, voilà ici la petite place, prisée par les visiteurs de haute caste. Beaucoup l'apprécient pour sa simplicité, son calme et le repos qu'elle engendre, même si beaucoup d'entre eux ont finit par admettre que toute la ville était ainsi. Donc voilà la galerie d'art, le petit théâtre qui est fermé à cette heure, et le salon de thé qui est la raison de pourquoi je vous mène ici ! J'espère que c'est le genre de lieu qui vous conviendra.

Spoiler:

L’humaine que la saurienne avait en face d’elle était d’une motivation sans nom. Sans doute que cette bipède attendrait une généreuse rétribution si elle faisait preuve de joie et de bonheur à croiser une personne de haut rang. Et quand à la possibilité de voyager dans un appareil volant humain, elle se retentait de franchement rire. En tant que dragonne, ce serait qu’une forme d’humiliation que de devoir monter sur ces créations techniques. Elle était une dragonne qui appréciait de vivre régulièrement au sein des bipèdes, mais il y avait des limites à vivre comme eux. Elle avait ses ailes si elle avait besoin de voler. Donc, elle avait réussi à éviter de rire et de se montrer narquoise envers sa possible guide, qui devait déjà la considérer comme une personne hautaine, vu la différence de rang entre elles deux. Pour compenser le rire, elle avait fait un large sourire, préparant une évidence logique quand à prendre ces modes de locomotion.

« Je ne doute pas de l’efficacité de ces…. Engins. Mais il y a un inconvénient indéniable, malgré le confort certain qu’on puisse y trouver… En cas de panne, on se retrouve la proie des vents… et en cas de plus gros soucis, on n’a guère de solution de sauvetage en cas de chute. Ah moins d’investir dans ce…. C’est comment déjà le nom…parachute ? est ce que cela existe du moins ? »

Elle fit mine de réfléchir, portant le bout de son index sur sa joue à la peau satinée. Puis, elle haussa des épaules, comme si le sujet avait perdu de son intérêt quand à la conversation en cours.

« Je pensais à trouver autre chose que des équidés, mais passons, voyons ce que nous pouvons trouver dans ces lieux, grâce à votre savoir locale. Et puis, ne vous inquiétez pas. Une baignoire en cuivre ou en fer sera amplement suffisant. L’or est glacial et avec des rubis inclus dedans, je pourrai me couper. Ce serait navrant pour la suite de mon périple. Couvert d’écorchures, on pourrait penser bien des choses néfastes à ma réputation….Je vous suis donc »

Et hop, après avoir rajouté une petite touche très ‘’noble’’, pour rappeler qu’elle avait une grande importance à préserver son image ; pour maintenir la crédibilité du rôle qu’elle endossait, elle suivit sa guide. Elle ne parut guère surprise de serpenter ici et là, devinant parfaitement que la jeune femme ne voulait pas conforter ses possibles craintes de tomber dans des lieux sales, puants et emplis de ‘’sales’’ gens. Puis, enfin, elles débouchèrent sur une petite place eds plus sympathiques. I’sslan observait les lieux, faisant mine d’écouter passablement les mots sortant de la bouche de la petite humaine.

«Oui, oui…. Ce n’est pas trop mal. Et ce qui est avantageux, est qu’il n’y a guère de personnes. Venez avec moi et prenons place à une table de ce… petit salon. »

Et sans attendre une seconde de plus, I’sslan rejoignit une des tables, une des plus à l’extérieur des lieux. Elle fit comprendre d’un geste autoritaire à la tenancière qu’elle l’appellerait quand viendra le moment venu.

« Bien, parlons sans avoir quelques oreilles indiscrètes dans les parages…. Vous paraissez parfaitement connaître les coins, jeune fille…. Que savez-vous de la petite pègre du coin ? Est-ce qu’il y a différents groupe en concurrence ici ? est ce qu’il y a moyen d’entrer dans le milieu sans trop devoir se battre ? »

Elle avait un sourire sérieux. Elle était sûre d’elle et il n’y avait pas eu un seul brin de crainte dans sa voix. Elle paraissait savoir ce qu’elle demandait.

La personne qu’accompagnait Abigale prenait cette dernière de haut, avec une expression dédaigneuse et hautaine. C’est à cela que la rousse fit un effort pour ne pas spécifiquement riposter de manière directe et se contenter de défendre sa fierté d’habitant de Petitmont avec sagesse. Il ne servait à rien de faire l’affront de défier ce genre de personne, et il valait mieux pour la rousse de ne pas le faire, car cela dissuaderait la concernée de revenir en ces lieux en plus de créer de potentiels problèmes.

S’en suivit une conversation sur les dirigeable. Ce à quoi Abigale se retint de répondre, laissant simplement la dame sortir son discours comme quoi la technologie c’est pas super ouf. Elle se permit simplement de répondre à la question de la femme avec la plus grande simplicité qui soit. Du moins, avant qu’elle ne marmonne le reste de la phrase.

Oui, c’est un parachute en effet. Cela fait partie des consignes de sécurité à bord d’un dirigeable, tout comme les coefficients de sécurité et les procédures de contrôle visant à éviter ce genre d’inconvénients...

C’est alors que les deux personnes s’installèrent à une table du petit salon de thé. Alors que l’étrangère indiqua à la patronne qu’elle viendrait quand elle voudra, Abigale adressa un regard compréhensible de la tenancière qui indiqua la condition de la personne à ses côtés, ce qui calma probablement les ardeurs de la brune qui gérait les lieux.

La rousse tourna ensuite le nez vers la femme, se tenant droit dans son siège, habillée à l’Akkatonienne. Elle haussa un léger sourcil à sa question, avant de continuer sur un ton naturellement discret.

Eh bien, oui, je connais plutôt bien les lieux, c’est ici que j’ai vécu. Concernant la pègre, je crains que je ne vous déçoive, mais il ne se trouve aucun groupe criminel en Petitmont. Tout le monde se connaît ici, et tout le monde fait en sorte que la ville soit en bonne cohésion et rayonnante de joie. A moins que votre requête n’ait quelconque particularités dont vous voudriez me partager le sujet ?

I’sslan était toujours dans son petit rôle, faisant un geste de la main presque dédaigneux en entendant des termes compliqués. Oh, elle les connaissait, bien entendu, mais dans le rôle de la noble qu’elle incarnait, elle devait jouer jusqu’au bout.

’’Que de mots compliqués. A croire qu’on vient absolument mettre science à l’équivalence de la technologie. Si on existait pour voler, on aurait des ailes pour partir à la conquête des airs. De magnifiques ailes comme les colibris ou des membres couverts de cuir comme ces puissants dragons…effrayantes mais splendides créatures… brrr, je n’oserais pas en voir un de près’’

Après avoir fait mine de frissonner à l’idée de croiser un membre de sa propre espèce, puisqu’elle était sous sa forme humaine, elle fit semblant de retenir un regard certain à la tenancière et attendit que cette dernière soit assez loin pour répondre à la question de sa potentielle collaboratrice du moment.

’’quel dommage… je pensais qu’un lieu permettrait un minimum de petites guildes illégales et tout ce qui est lié avec….’’

Elle afficha un sourire plus sûre d’elle, son regard se montrant luisant de sérieux. Elle baissa d’un ton, histoire d’être dans une conversation un peu plus discrète.

’’Je vais cesser mon petit manège pour être plus franche dans ce que je cherche… et j’ai eu à loisir d’étudier votre sang-froid quand à mes manières de dame hautaine. Rassurez-vous, je ne suis pas pour servir les autorités. Je ne cherche que mes intérêts… qui pourraient vous être profitables…’’

Elle laissa son interlocutrice digérer ce revirement de situation.

’’si je m’intéresse un peu aux activités de l’économie souterraine, c’est que j’ai besoin d’apprendre ce qui se trame en ville… tout le blabla habituel. De me tisser éventuellement un réseau…pour mes affaires. Le tout en toute discrétion et sans chercher à nuire physique à autrui ; car dans ce domaine, je saurai parfaitement me défendre. Donc, en résumé, j’ai besoin des services d’une personne compétence, qui connait un peu les sous-basements de la société et qui serait rémunérer….Si vous avez des questions, je suis toute ouie’’

La petite rousse se mettait à l’aise dans sa chaise tout en gardant une posture tout de même respectueuse. Après tout, elle était loin d’être dénuée de manières et savait bien se tenir, ne serait-ce que pour sa propre satisfaction. Elle écouta les dires de la Dame, au départ désintéressée d’une personne aussi hautaine, mais petit à petit sa curiosité se fit piquer par le revirement de comportement de la femme. Pour sûr, elle semblait avoir bien caché son jeu derrière une façade à prendre les gens de haut, et s’était abaissée au niveau de la rousse pour lui faire part de ses véritables intentions.

Premièrement, Abigale fut légèrement surprise de ses dires, avant de se pencher elle aussi en avant pour tendre l’oreille et acquiescer légèrement à ce que lui confia son interlocutrice. Puis, hochant doucement en gardant un ton similaire à celui de la dragonne, elle répondit.

Je vois. Vous vous intéressez donc aux réseaux des bas fonds des villes, ce qu’il s’y trame et tout cela. Bien, je comprend, et vous me demandez d’être vos yeux et vos oreilles. Eh bien, il se pourrait que ce soit dans mon éventail de compétences, oui, mais croyez moi ce n’est pas à Petitmont que vous trouverez le moindre réseau criminel, c’est une ville vraiment sûre et isolée de tout cela. Cependant, je saurais où vous en trouver, oui. L’information n’est pas difficile à obtenir. Qu’est-ce que j’y gagne exactement et en échange de quel type d’information ? Que comptez vous faire avec ces réseaux, les détruire de l’intérieur ou vous les approprier pour profiter des bénéfices qu’elle engendrent malgré leur illégalité ?

La rousse se recula un peu dans sa chaise en croisant les bras, l’air sûre d’elle et confiante, tout en restant attentive aux dires de la femme. Par ailleurs, elle se concentra sur ses lèvres pour mieux capter ce qu’elle avait à dire, afin de ne pas louper le moindre détail pouvant lui permettre de mieux comprendre et mieux gérer la négociation en cours.

I’sslan n’était guère surprise de voir la stupéfaction figer le regard de la jeune femme. En même temps, une noble de son apparence, qui laissait sous entendre une dame de haute naissance, qui cherchait à fricoter avec la basse caste…. Et bien, il y avait de quoi surprendre. Mais heureusement Abigale sut rapidement se resaisir. Une telle aubaine ne pouvait se louper, sans doute. Et les questions qui sortirent de ses lèvres étaient totalement légitimes.

’’Ce que vous y gagnez ? De l’argent, des objets ou des artefacts rares. Et pourquoi pas quelques écailles de dragon d’excellente facture. Mon éventail de paiement est très large. Et pour vous rassurer, l’intérêt que je porte à certaines informations n’auront que pour but de servir mes intérêts financiers. Il est intéressant de savoir quelle personne gère certains commerces guère permis par les guildes marchandes. Je sais qu’il y a des riches boutiquiers qui font dans la contrebande ou dans le marché noir pour gagner plus d’argent… Moins de taxes, et tout ce tralala…. Donc purement pacifique. Je ne cherche pas à tuer des personnes, sauf si on cherche à me tuer… Là je saura me défendre. En somme, j’apporterai ma modeste contribution dans les bénéfices des quelques voies commerciales souterraines. Et si vous y contribuez, vous aurez votre part. Et qui sait, vous pourrez même voyager, dans des lieux que vous ne pourriez imaginer. Mais si jamais vous avez besoin de plus de détails dans ce que je fais, posez moi vos questions, je suis toute ouïe.’’

La jeune bipède avait pris ses aises, marquant la confiance qu’elle avait en étant en face d’une parfaite inconnue. D’ailleurs, I’sslan se permit de rajouter

’’ Et je ne tue pas mes employés, si cela vous chatouillait l’esprit. ‘’

Elle anticipait les pensées. Avec certains bipèdes, mieux valait d'évoquer la sauvegarde de leur vie éphémère, histoire de les mettre un peu en confiance.

''Je vous invite même à poser des questions indiscrètes. Après tout, si nous devons sceller une collaboration prochainement fructueuse, autant vous assurez de ce que je suis et de ce que je veux ; mes désirs sont ceux que j'ai énumérés juste à l'instant. ''

Si elle ne lui ouvrait pas la porte de la conversation.... Au mieux, elle trouverait une autre stratégie pour avoir ce qu'elle voulait.

La technologiste était abasourdie par le discours de la dragonne. De toute évidence, elle souhaitait fricoter avec quelque chose qui dépassait la rousse et auquel elle avait des réticences à se mêler. Quoi qu’il en soit, elle écouta la dragonne parler au détail. C’est sûr, elle avait fait tombé une partie du masque et se dévoilait comme quelqu’un de très renseignée sur le marché des ombres. Marché noir, magouilles entre personnes riches et opportunité de certaines entreprises douteuses et sur le point de faillir. Tout ce qui avait de quoi attirer des ennuis, et qui ennuyait la jeune femme.

Alors, lorsque la dragonne l’invita à lui poser toutes les questions qui lui venaient à l’esprit, Abigale ne se fit pas prier et lui demanda avec un fort intérêt des réponses que pouvaient lui apporter son interlocutrice.

Eh bien, je comprend là votre proposition. Mais comme vous l’avez si bien souligné, j’ai quelques questions à vous poser. Cela me paraît être une entreprise dangereuse, et même si j’ai su me débrouiller plusieurs fois par le passé face au danger, je ne souhaiterai exposer ma famille et moi au danger de trafiquants ou personnages belliqueux que peuvent renfermer un tel milieu.

De plus, je suis assez ouverte d’esprit pour fermer les yeux sur certaines choses ne me concernant pas, mais je tiens à vous dire que j’avais pour projet de m’investir dans l’intérêt de mon pays et développer les compétences nécessaires pour cela. Si un tel travail me rapporte la garantie d’être dispensée de mon rang de citoyenne et de voir toutes les opportunités liées à ce dernier, je ne saurais que faire, alors je préfèrerai éviter.

Dites moi sincèrement, en quoi puis-je vous faire confiance sur ce sujet ? Il y a certains risques que je serais prête à prendre, mais certainement pas ceux mettant en jeu mon dévouement pour Akkaton.

A voir l'éclat de grand intérêt et d'avidité s'illuminer dans les yeux de la jeune bipède, la saurienne cendrée était ravie. Elle adorait atteindre ses objectifs. Elle avait réussi à capter son attention, maintenant sa curiosité. Demeurait encore à répondre aux questions qu'elle devait être en train de se poser dans sa tête de rouquine avant de la sortir d'entre ses lèvres. I'sslan comprendrait que la jeune fille tienne plus à sa vie qu'à chercher l'enrichissement pécunier à tout prix. Perdre la vie n'était pas une affaire très rentable pour l'avenir, si vous voyez ce qu'on veut en dire.

''Si je peux éviter les individus belliqueux, qui usent de sales et terribles manoeuvres pour arriver à leur fin, alors je m'en passerai. Je sais que dans ce monde un peu particulier, il y en a qui sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Si vous estimez qu'il ne faut que des contacts qui ne tuent pas pour atteindre leur but, je suis preneuse et en priorité. Quand à manquer de mettre votre famille et proches en danger, il faudrait pour cela que je sache autant votre nom pour avoir déjà une piste à suivre. Je ne crois pas que vous vous êtes présentée et je ne chercherai pas à le savoir. Savoir le nom de quelqu'un peut donner du pouvoir sur lui, sans avoir recours à la magie. ''

Et l'humaine saura parfaitement de quoi parle sa possible commanditaire, si elle était réellement versé dans les différentes facettes de ce monde de parias et de brigands. De plus, la dragonne transformée allait parfaitement rebondir sur le patriotisme dévoilée par la petite humaine ; petite dans le sens de taille, même si I'sslan est sous une forme de bipède.

''Vous vous vouez à servir Akkaton. C'est un judicieux choix. On ne peut guère agir dans son coin de nos jours sans devoir servir quelqu'un, quelque chose ou une nation. Servir un empire est le mieux qu'on puisse trouver et je loue votre choix. Car voyez vous, à ma manière, j'envisage aussi de servir Akkaton. Et je comprends que vous veuillez ne pas perdre vos souhaits dans un gouffre de danger. Donc, il vous faut une garantie. Une certaine forme de garantie. Alors je vais vous révéler mon nom. Je me nomme I'sslan Suladran et ce n'est pas d'une femme... et la voie administrative pour devenir partenaire avec un dragonnier akkatonnienne est en train de se concrétiser. Oui, vous avez bien entendu, je suis une dragonne transformiste....Cela vous sied-il mieux maintenant ? ''

La répartie de la femme était fluide et sans fautes, si bien que la rousse en fut presque déstabilisée. Elle pensait s’être retrouvée face à une manipulatrice qui souhaitait seulement de la chair à canon pour servir des causes sombres et obscures, notamment par le fait de traîner dans des histoires sales et dangereuses. Mais non, bien au contraire, l’intimidante interlocutrice assura à l’ex rebelle qu’elle ne risquerait rien, et que bien au contraire, elle servirait Akkaton ainsi. Était-ce sincère, ou une tentative de prendre le serpent à revers en allant dans son sens ?

Ca, la jeune rousse n’en savait rien, et ces pensées l’encombraient tellement qu’elle finit par les laisser partir sans y prêter davantage attention. Non, pour sûr, la femme était assurée et souhaitait recruter la jeune femme pour certains services dont elle connaîtrait la nature lorsqu’elle acceptera, très probablement. De plus, ses dernières paroles laissèrent la jeune femme ébahie. C’était une dragonne, qui avait dévoilé son nom, et a assuré devenir une citoyenne Akkatonienne en devant le dragon d’un dragonnier. Que des questions qui se posent désormais, mais elle maintint son calme sans quitter la femme des yeux.

Oh… Je vois, intéressant. Vous êtes de toute évidence très déterminée dans cette entreprise. De plus, j’imagine que je ne vois pas en quoi je me méfierai à ce point d’une citoyenne Akkatonienne, désormais. Dans ce cas, j’accepte de collaborer à vos côté, du moins j’aimerais en savoir un peu plus sur ce que vous recherchez exactement. Quant au fait d’avoir un dragonnier, je sais aisément que c’est une bonne nouvelle, à la fois pour vous que pour celui qui vous assiste. Enfin, je suis toute ouïe. Que pouvez vous me dire d’autre, que faire ensuite ?

C'est donc ainsi assise qu'Abigale resta attentive à la réponse de la Dragonne, en fixant son regard dans le sien.

Le visage de la jeune rouquine devenait un véritable livre ouvert pour la saurienne. Non pas que cette dernière y prenait plaisir, ou qu'elle savourait, mais elle pouvait ainsi voir les réactions de sa possible ''partenaire économique'' face à la vérité qu'elle venait de dévoiler concernant son identité. Au moins, elle n'était pas partie en courant, chose qui arrivait de temps en temps quand une personne apprenait qu'elle était un dragon. En citant son nom, elle aurait pu provoquer la méfiance, voir l'inquiétude. En même temps, cela aurait été justifiée. Elle avait dévoré son premier Dragonnier, un crime qu'elle était venue payée à Akkaton, devant l'Empereur en personne, en vue d'effacer ce passé un peu lourd à supporter ; surtout quand des chasseurs de primes vous chassent juste pour cela. Oui, juste pour cela... un peu dur de dire cela de la sorte.

''On n'est jamais trop prudent, même à l'égard d'une citoyenne de l'Empire. Mais je ne vais pas vous faire la leçon sur ce détail. C'est plus dans vos cordes que dans les miennes, n'est ce pas ? ''

Et Abigale avait d'autres questions. Elle n'en démordait pas de savoir tous les détails. C'était louable et I'sslan était toujours disposée à répondre à la moindre de ses attentes.

''Ce que je cherche en réalité est de monter une entreprise de vente d'objets rares et recherchés, avec une petite partie pour vendre des denrées plus accessibles aux gens du commun, et surtout moins rares que les matières premières que je souhaiterai vendre. Il y a déjà de la concurrence dans ce genre de milieu, légal illégal. Pour ma part, je désire prendre ma place et l'agrandir, devenir une petite référence à Akkaton et plus tard, dans les contrées voisines. J'ai les ressources pour les bases, mais pas pour les accès à la vente...le fait que vous ayez un peu dans les ''environnements'' que nous avions abordez tout à l'heure me permettrait de savoir ce que de possibles clients recherchent. Trouver et leur vendre ce qu'ils recherchent, dans les règles de l'art et dans le cadre de la loi a de quoi pouvoir attirer quelques ombres des rues qui ont la besace bien rempli...C'est là que vos compétences ont une précieuse valeur à mes yeux. Après, au vue de notre future et longue collaboration, outre de vous fournir un bon salaire en pièces ou en matériels, il se pourrait que je puisse accéder à d'autres choses. A vous de me proposer et de voir si c'est accessible pour mes griffes... Tout est faisable et tout en restant donnant donnant. Nous pouvons faire un essai si vous le souhaitez....''

Elle évoquait une manière possible de collaboration, à savoir que chacun apportait à l'autre ce qu'elle désirait. Cela ne mangeait pas de pain de proposer une voie comme cela.

''Et servir l'Empire nécessitera peut être d'avoir un pied à terre. Une collaboratrice comme vous aura d'office une place au sein de mon entreprise future....''

La rousse resta silencieuse alors que la dragonne avança ses arguments et explications. Elle nota toutes ces nouvelles informations de hochements réguliers, comme pour s’assurer que ce qu’elle avait entendu était compris et mémorisé pour les prochaines fois qu’elle rencontrerait cette étrange recruteuse. Quoi qu’il en soit, elle montrait d’une certaine légitimité envers l’Empire Akkatonien, et Abigale estima que ceci suffisait pour passer outre l’attitude intrigante de la femme, bien que la rousse ne resta pas dénuée de vigilance, bien sûr.

Elle maintint alors le contact visuel avec la dragonne pour rebondir sur ses paroles, toujours plus intriguée et pleine de questions.

Donc vous souhaitez monter une entreprise de vente à la demande tout en vous frayant un chemin parmi la concurrence que vous citez et avoir une vision large de votre clientèle pour mieux la cibler et ainsi pouvoir perpétuer votre projet positivement. Mon rôle là dedans serait de vous fournir ce genre d’informations et vous donner un avantage non négligeable.

La jeune femme prit un temps avant de reprendre en acquiesçant.

Je ne peux pas vous garantir faire partir de ces milieux qui vous intéresse, comme je vous l’ai dit Petitmont est une petite ville qui a encore la chance d’être dénuée de ce genre de choses. Mais votre proposition me paraît intéressante et je veux bien essayer de faire ça pour vous. Quant à voir ce que vous pouvez m’offrir en retour, j’imagine que l’on verra ça plus en détail quand la phase d’essai sera passée, j’imagine. Je préfère m’assurer que ça me convienne avant de demander quoi que ce soit de spécifique. Étant donné que ce genre de collaboration est assez particulière, j’imagine que nous aurons le temps d’apprendre à se connaître pour mieux répondre à nos attentes mutuellement. Après tout, comme vous le dites si bien, je pourrais devenir votre pied à terre alors, nous verrons bien. Par quoi comptez vous commencer ?

La dragonne afficha un sourire.

''Vous avez compris les grandes lignes . Nous savons très bien que certaines personnes d'influence évoluent qui plus est dans ces milieux. Donc qui à se faire connaître par une voie ou par une autre, le but est l'aspect lucratif sans faire de vague. ''

Qu'elle appréciait les bipèdes dotés d'intelligence, qui comprenaient rapidement les choses. Elle sentait que cette jeune femme là allait faire des étincelles. Et surtout, l'aider à faire fructifier ses futures affaires. Et la suite de la conversation démontra l'importance qu'Abigale apportait sur quelques points, comme d'apprendre à se connaître. Ce genre de chose permettait de mieux appréhender la voie décidée ou réfléchie de l'autre.

''Vous avez une nouvelle fois tout saisi. La phase de test est surtout pour vous. Je ne voudrai pas mettre à mal votre désir d'avenir au sein d'Akkaton. Pour le retour, oui, nous aurons tout le loisir de peaufiner les détails. ''

Elle avait mis une griffe dans un engrenage qui pouvait céder si jamais elle venait à manquer à sa parole. Chercher à bien se faire voir dans les milieux connus d'Abigale pouvait devenir tout le contraire et là, à partir de là, adieu ses futures et possibles affaires. mais ces deux ''femmes'' étaient tout autant prudente que sûres d'elles, dans ce qu'elles voulaient et entreprenaient. Cela ne pourra que leur être profitable. .

''Pour cette phase de test, autant commencer par quelque chose. Même si votre bourgade est loin de ce genre de considération, il n'en demeure pas moins qu'il y a des commerçants, des marchands qui les ravitaillent, eux mêmes passant pour le marché local ou une possible foire ; si cela existe ici. Vous connaissez bien ces lieux, je suis certaine que vous avez déjà sur la langue déjà quelque chose. Sachez que la moindre information, même la moins singulière, la plus inutile qu'elle soit peut cacher une pépite d'importance...''

Voilà qu’elle avait convenu d’un accord avec cette dragonne. Abigale n’avait pas spécifiquement d’apioris, simplement de voir si cela lui conviendrait ou pas, d’où la période d’essai. Elle espérait tout de même ne pas s’embarquer dans quelconque embrouille qui pouvait la tenir à mal, mais ça, elle le verra bien.

Sa future collaboratrice semblait malgré tout honnête et sincère dans ses idées. Dévoiler ainsi autant d’informations pouvait être l’équivalent d’un coup de poker pour elle, et c’était là un signe de dévouement dans la situation, qu’elle était prête à rester honnête pour parvenir à ses fins. A moins que ce n’était là qu’une tentative de supercherie en faisant croire que dévoiler ainsi des informations était symbole d’honnêteté ? Mais là restaient des imaginations de l’esprit bouillonnant d’Abigale qui ne prêtait pas plus attention à ses idées négatives. C’est donc à cet instant qu’elle était à l’aube d’une collaboration intéressante pour les deux femmes, un accord de femme à femme comme on peut le lire dans certains livres présentant deux fortes personnalités.

Pour commencer, la dragonne souhaitait en savoir davantage sur les commerces du coin. Ce n’était pas là la chose la plus difficile à effectuer, et même si la rousse a tendance à être des plus protectrices concernant sa ville, elle estima que donner ces informations ne la changera pas du jour au lendemain en enfer sur terre.

Eh bien, voilà ce que je pourrais vous dire. Les routes commerciales passant par Petitmont ne sont guère importantes, mais existantes. Plusieurs fermiers des bourgades voisines viennent au grand marché mensuel vendre leurs produits, alors qu’hebdomadairement c’est les produits locaux. La ville ne possède guère beaucoup de cultures, d’où l’intérêt d’en importer de temps en temps aux voisins. Autrement, la bière du tavernier vient d’un fort militaire.

Enfin, un fort, c’est surtout une caserne de campagne, mais qui a la réputation d’avoir sa propre distillerie. De la bonne qualité, ça je peux le dire ! Enfin, voilà ce que je peux vous en dire. Autrement, nous avons un hangar à engins aéronautiques, permettant aux dirigeables de s’y poser et aux ballons de décoller. Généralement, je prend le dirigeable vers la grosse ville la plus proche pour prendre une correspondance vers Airin.

Elle espérait que ses informations étaient suffisantes, car il y avait une certaine satisfaction à réussir sa mission, mais surtout que cela ne nuirait pas au petit monde qu'elle connaît. Mais ça, elle le verra bien.

Il était vrai qu'à être aussi directe dans ce qu'elle désirait pourrait très bien la mettre en porte à faux. Elle ne savait rien de cette humaine, hormis son désir de trouver chaussure à son pied pour ses propres affaires. Si jamais la saurienne se fourvoyait à son sujet, alors elle aurait perdu du temps et donner à la concurrence beaucoup d'éléments de son envie de s'intégrer dans le marché noir local. Bon, dans un sens, si cela venait à arriver, elle ne devrait pas paraître comme une menace à éliminer. Elle passerait juste pour al donzelle fortunée qui cherche à trouver une quelconque valeur dans certaines voies commerciales et se faire un joli nom. Au pire du pire, elle recevrait des lettres de menaces, de chantage.... Si cela venait à arriver, elle emploierait les méthodes nécessaires pour avoir la paix... comme une honnête citoyenne. Mais rassurez vous, elle n'y mêlera pas Abigale.... d'une certaine façon. Mais comme elle pressentait que cette jeune bipède ne la trahirait pas... Il n'y avait donc pas de risque à redouter. Une dragonne pourrait avoir de bons arguments dans les cas contraires.

Puis, à l'annonce de nouvelles informations données par sa future partenaire commerciale, I'sslan se frottait le menton, d'un air intéressé.

''Un fort militaire dites vous. Voilà qui est intéressant. Bien des soldats en manque de permission pourraient trouver tout intérêt à acheter autre chose que de la nourriture ou de l'alcool de leur propre fabrication, même si cela est produit de manière qualitative. Ces gens là aiment se distraire de manière variée. Mais gardons cela sous le coude pour le moment. Quand à la voie aérienne, dispensé grâce à la présence d'un hangar aéronautique, cela pourrait être le début d'une voix d'export. Je ne parle pas de faire charger de grosses choses, mais quelques menues bricoles pour commencer. Il faudra juste trouver quoi... pour lancer l'affaire. ''

Puis, elle sourit.

''Je pense qu'il y a moyen de faire quelque chose de ces lieux, n'est ce pas ? Alors partenaire, prête à vous mettre à mon service ? il faut juste trouver le bon débouché pour profiter du fort et du dirigeable...Je présume que ces dirigeables assurent le courrier aussi non ? Les militaires doivent y mettre leurs lettres à bord non ? ''

Eh bien, j’imagine qu’il y a à faire oui. Pour un fort comme celui ci, concernant le personnel des soldats, quand ce n’est ni bière ni nourriture, il y a divers produits qui apportent du réconfort. Le tabac, pour certains, ce n’est guère une grosse consommation mais elle reste un produit consommé, oui. Ou bien certains spiritueux, même si l’on reste dans une place militaire, c’est assez prisé. Sinon du papier, des crayons, beaucoup écrivent ou dessinent. Enfin, c’est à étudier.

Elles avaient une piste concernant ce fort et Iss’lan semblait assez motivée pour mettre en place un échange commercial avec le fort, de toute évidence. C’était une idée pas spécifiquement mauvaise, et la dragonne semblait savoir déjà ce qu’elle voulait. Abigale se contenta de l’écouter pour mieux appréhender ce qui pourrait habiter son esprit dans de telles entreprises et à quoi cela pourrait les mener. Enfin, elle aurait le temps de s’inquiéter si c’est nécessaire, et préféra se concentrer sur les paroles de la dragonne.

Eh bien, j’imagine que oui, ils envoient leur lettres par dirigeable. De manière générale, c’est en fonction des transports et lignes commerciales, lorsqu’il en existe une régulière, on entasse les lettre dans un endroit spécifique du dirigeable. Vous souhaitez fonder un commerce postal ? J’imagine que ça peut-être une bonne initiative, à commencer par faire un sondage sur qui serait prêt à payer ces services indépendant, et comment l’on se rémunère. Par prix de course, par abonnement ? En tout cas, c’est à étudier, et en terme de matériel il nous faudra des dirigeables qui nous appartiennes, spécifiquement pour le transport de courier, j’imagine.

Elle avisa son interlocutrice avec un certain intérêt, attentive aux réactions qu’elle peut émettre, dans l’idée de jauger son appréhension ou pas. Quoi qu'il en soit, elle se débrouillera avec ce lui transmettra.

La dragonne ne pouvait s'empêcher de sourire intérieurement. Tous ces éléments pourraient paraître bénins, mais une fois qu'un fil commerciale s'installait, les petits profits s'installaient régulièrement. Et puis, il fallait bien commencer quelque part.

''Cela semble des biens des plus communs, mais il serait intéressant de faire un tour dans cette caserne, en tant que représentant commerciale... Si vous vous adjoignez à moi et que nous arrivons à avoir une autorisation simple, il faudra vous déguisez un peu, si cela ne vous dérange point. Il serait regrettable que des soldats viennent à connaître votre visage et vous retrouve à faire affaire dans des données plus exotiques, si vous voyez ce que je veux dire. ''

Bon, après, ce n'était pas une obligation. I'sslan pourrait très bien se débrouiller toute seule, et au vue de ses pouvoir de métamorphe....

''C'est une idée, mais il faut avoir des fonds et des reins solides pour entrer dans un domaine où il y a une forte exclusivité. Cela se jouerait sur la concurrence des prix, des abonnements et de ce que vous avez judicieusement énumérée. La magie serait un recours idéal pour faire une concurrence assez conséquente pour la communication longue distance, mais ces artefacts ont un coût certain et donc pas à la portée de toutes les bourses... et puis, la magie ne fait pas bon ménage avec la technologie, c'est connu. Mais ne vous inquiétez pas, je garde cela sous le "coude". Et puis, les gens aiment voler dans ces machines...Après, si je suis de passage, je peux proposer des transports uniques, rapide, à des prix défiants toute concurrence rapide. Ce serait amusant non ? "

Bien entendu, il faudrait que les bipèdes non volants repoussent la crainte de se retrouver sur le dos d'un dragon inconnu. Elle viserait de manière ponctuelle des téméraires, des personnes avides de sensations que que sais-je encore.

Puis elle observa son interlocutrice. L'avenir promettait en sa compagnie.

'' Et vous, ma chère, peut être que vous souhaitez peut être voir se concrétiser un rêve commerciale, que vous n'aviez jamais eu que dans votre esprit, à l'état de projet ? ''

[HRP : ma dragonne est un vrai moulin à parole. Après, si tu veux qu'on se rende dans le fort où dans un lieu spécifique, pas de soucis ]

La Dragonne avait des projets de conquérir le monde commercial bien définis, et semblait déterminée à sauter sur la première occasion. Ce n’était pas plus mal, après tout, il fallait bien commencer quelque part et y mettre de sa volonté pour faire avancer les projets. La dragonne mentionna bien des choses concernant cette piste de livraison postale. Et concernant le fait de se déguiser, la technologiste ne comprenait pas trop. Elle se gratta l’arrière du crâne, l’air embêtée, avant d’expliquer.

Heu, eh bien, à vrai dire je ne comprend pas trop. Mais j’imagine que vous avez raison d’être prudente. Concernant tout ça, vous savez, je ne suis pas de ces domaines… Concurrence, prix, abonnements, je pense que ce serait plutôt votre domaine de gérer toute cette partie, je suis plutôt douée avec la faisabilité technologique. Enfin ! Après concernant un vol à dos de dragon, pourquoi pas, je ne sais pas ce que ça donnera. Ca pourrait être amusant, oui ! A voir comment on s’y prendrait. Enfin, ça nous fait déjà une bonne base, oui, je vous laisse la main sur les décisions, tant que ça ne me mette pas dans l’embarras, mais ça… On en a déjà convenu.

Elle laissa un temps, avouant honnêtement ne pas vraiment être capable de gérer toutes ces parties administratives et commerciales. Peut-être pour les infos, sûrement le plus intéressant, mais son domaine restait la mécanique, et de plus en plus l’ingénierie complète et étendue sur d’autres domaines tel que l’électricité. Elle poursuit ensuite sur le sujet de ses projets personnels.

Un rêve commercial… Vous pensez beaucoup commerce, vous savez. A vrai dire, je n’ai pas d’objectifs tels quels, je ne compte pas devenir chef d’une grande filiale commerciale ou je ne sais quoi. Enfin, si, je sais que fut un temps je voulais très fortement rejoindre les Illuminès, mais c’est dû au fait que mon oncle en soit un, et je l’admire beaucoup. Mais à y réfléchir, même si cela signifierait que je sois reconnue pour des recherches scientifiques ou technologiques révolutionnaires, la politique m’attire un peu moins. Alors, si ça vient un jour, ce serait avec plaisir, mais je préfère me concentrer sur l’avancée de ma vie. J’apprend activement à parfaire mes compétences en ingénierie, je travaille sur quelques projets personnels, des prototypes d’objets utilitaires au quotidien, rien de bien incroyable. Et puis, je me renseigne pour travailler sur des projets collaboratifs, notamment pour développer en groupe un sujet particulier, ce sont des initiatives plutôt intéressantes !

Enfin, ça se fera sans difficultés, pour sûr. S’il y a bien un objectif immédiat, mais avec mon père je pourrais le faire sûrement sans soucis, j’aimerais avoir un dirigeable. Pas pour faire quoi que ce soit de commercial, juste pouvoir voyager dans le monde et avoir mon véhicule. J’ai une certaine affinité avec la conduite, alors, j’aimerais pouvoir m’y mettre plus sérieusement !

La dragonne pouvait avoir des rêves de grandeur, mais c'était plus à voir dans sa manière de s'exprimer que dans un souhait de véritable objectif. Oh sur le long terme, elle aurait atteints ses petits projets, mais parler comme elle le faisait était un peu pour se vendre aussi, montrer la détermination qu'elle avait pour mener à bien ce qu'elle devait avoir pour réussir sur sa voie future.

''Ce n'est pas grave, et je peux comprendre pourquoi vous ne pouvez pas tout saisir. J'ai énoncé tout d'un seul bloc, ne vous laissant pas le temps de réfléchir à ce que j'ai dit. Et quand vous dites que vous n'êtes pas des domaines évoqués, sachez que je ne maîtrise pas encore tout. Tout s'apprend et pour votre part, vous avez vos spécificités dans des domaines que je ne maîtrise point du tout. Se compléter aide pour partager les compétences, comme vous le soulignez. Mais ne vous dévaloriser pas. Bien, il faudra voir quand nous rendre à cette caserne. Vous verrez, ce sera facile. Pour vous faciliter la future tâche, vous pourriez être simplement ma dame de compagnie, ou une suivante, qui sait. Si les rôles vous conviennent. Mais si vous en avez un à me souffler, je suis toute ouïe. Ainsi, la prudence sera telle que personne ne se doutera qui vient se présenter devant les bipèdes en uniforme. ''

Elle se permit un petit rire. Elle imaginait déjà la tête des plus hauts gradés tombés en pamoison devant elle, vu qu'elle affichait l'apparence d'une belle gente dame. Ca aidait grandement pour conclure des affaires.

"C'est vrai, je pense beaucoup commerce. Je m'en excuse si cela finit par provoquer de l'agacement. Je prends note de tout ce que vous énoncez et je ne peux que louer votre objectif. Peut être que certaines de vos créations pourraient avoir un petit débouché commercial. Juste de quoi rentabiliser les frais que vous engagez pour vos études et projets. Je pense qu'il y a moins de creuser, mais nous pourrons en reparler après notre petite visite à la caserne. Quand à votre souhait le plus cher, à savoir d'avoir un dirigeable, il faut voir la taille de l'engin que vous souhaitez posséder un jour prochain. Je ne peux que vous conforter que de se déplacer quand on veut et où on veut est un plaisir sans nom. Une liberté de mouvement qu'un simple bipède ne peut prétendre avoir. Si nous arrivons à faire quelques affaires, peut être que vous arriverez à mettre des fonds de côté en vue de l'acquisition de votre moyen de transport.....''

Elle savait désormais les désirs profonds de sa nouvelle collaboratrice. Elle était ambitieuse, I'sslan apprécia cela. Mais il faudra peut être un peu de temps et d'investissement pour y parvenir. Et il y avait moyen. Il fallait juste trouver la bonne base de départ et la bonne voie à suivre pour atteindre leurs buts respectifs.

Abigale écouta la dragonne sans l’interrompre, simplement, la laissant s’exprimer concernant ses plans de commerce. Elle essayait d’être clair et concise, chose qu’Abigale saluait en un sens, écoutant attentivement le moindre de ses mots. Elle souhaitait mettre en place des stratagèmes pour maximiser leurs chances, chose que beaucoup faisaient. Abigale répondit simplement sans se précipiter, tranquillement.

Bien, bien, je vois. Il semblerait que vous ayez déjà vos idées. Je ne sais pas si je pourrais vous accompagner ni même vous apporter quoi que ce soit, mais tant que cela reste en accord avec les valeurs de l’Empire et qu’une aide de ma part peut vous aider dans vos objectifs, j’imagine que cela peut se faire. Je ne cherche pas à mentir à qui que ce soit ou m’embarquer dans des entreprises que je ne saurais maîtriser, et je dois bien avouer que pour m’y être approchée de plus ou moins près, je ne suis ni à l’aise avec tout ça, ni douée.

Elle restait plutôt tranquille, calme, répondant assez honnêtement à sa proposition et ses ambitions.

En tout cas dans l’immédiat, je ne sais pas comment vous aider. J’ai des obligations, mais ce n’est pas une raison, je peux le concevoir, enfin. Je vous ai donné quelques informations, et vous semblez savoir quoi faire alors, je vous propose de poursuivre pour le moment et dès que vous avez besoin d’un petit coup de pouce, vous pourrez me contacter. Je suis volontaire pour aider quiconque, mais je ne peux pas m’impliquer autant, vous comprendrez. Nous pouvons reprendre la visite de la ville, si vous le souhaitez.

Elle acquiesça doucement, espérant que la dragonne le prendrait bien. Elle s'apprêtait à partir, laissant la dragonne lui répondre avant de finalement partir. Elle n’avait plus beaucoup à dire, et la dragonne n’avait probablement pas grand chose à dire non plus si elle acceptait le choix de la petite rousse. Quoi qu’il en soit, elle avait décidé poliment de s’en arrêter là, prête à reprendre la visite ou partir simplement, au bon vouloir de la femme.

La saurienne n'était pas étonnée de l'indécision de la jeune femme. Après tout, elle avait énoncé bien des détails qu'il fallait maintenant digérer. Peut être que la bipède ne se sentait pas encore prête à accomplir quelque chose en sa compagnie, elle, une inconnue, qui n'avait pas encore sa citoyenneté akkatonnienne. Mais cela, c'était un détail qu'elle n'avait pas en connaissance ; pour le moment. Les ragots pouvaient aller bon train quand on sait où se rendre pour les écouter. Mais dans notre situation, ce n'était pas ce que cherchait Abigale.

''Je vous comprends. L'appréhension d'explorer de nouveaux domaines est compréhensible. Je ne vous force à rien. Pour vous rassurer, je ne cherche pas dans mes activités à entasser Akkaton ou ses citoyens. Ce serait plus que mauvais pour les affaires. Ce serait courir le risque de devoir commercer avec les terres sauvages du Nord et par mes propres moyens. Et ne doutez pas de vos capacités très chère. Certaines sont juste encore à développer, d'autres à adapter à des domaines tout nouveau. Tout viendra en son temps''

Lentement mais sûrement en somme, comme dirait l'expression. C'était aisé pour un dragon de la comprendre, vu qu'il pouvait passer des siècles à s'améliorer. Mais pour des bipèdes à la vie plus courte ? Elle s'appliquait aussi, mais à un autre rythme temporelle.

''Nous avons déjà placé le premier pavé pour construire une route que nous ferons communément, c'est indéniable. Je saurai en effet vous contacter quand le temps sera venu. Je veillerai à avoir quelque chose qui soit à la portée de vos fortes compétences et valeurs, ainsi, je ne vous mettrai pas en porte à faux. Si fait, terminons donc la visite de ce charmant bourg''

Cette jeune femme femme avait du potentiel, la dragonne le sentait, mais elle devait prendre le temps de la laisser croître et s'épanouir avant de l'avoir dans son giron pour ses affaires. Chaque chose en son temps.... tout viendra à point nommé

Dans son hésitation, Abigale était certaine d'une chose ; il fallait qu'elle prenne le temps d'analyser la situation. Il ne sert à rien de se précipiter, elle en avait déjà payé les frais plusieurs fois et elle essayait de faire en sorte que cela ne se reproduise plus, en prenant du recul sur la situation et se laissant le temps d'analyser un peu. La femme face à elle était intelligente et entreprenante, et voulait très probablement apporter du bien à Abigale malgré certaines apparences, chose que la jeune femme considérait sans grand mal.

La saurienne semblait comprendre tout autant les pérégrinations mentales de la rousse, qui se mit à sa hauteur et se montra compatissante sur le sujet. Elle la rassura sur ses intentions, le fait de ne pas se vouloir néfaste pour Akkaton, chose qui importait à Abigale tout de même, en précisant que ce ne serait pas bon pour les affaires. Un intérêt spécifique et pécunier, donc, mais tant qu'il est valable elle a l'assurance qu'elle ne trahirait pas sa nation... Elle parlait bien et savait manier les mots, de toute évidence, et semblait un minimum sincère dans sa pensée, alors qu'elle s'adressait à Abigale.

Cette dernière finit par acquiescer simplement, calmement, à l'idée que quelque chose de bénéfique pourrait se faire, et était déjà entamé. Elle esquissa alors un sourire cordial, sincère, avant de s'exprimer en réponse à son interlocutrice, d'un air charmant.

Eh bien, je prend en compte votre proposition et ce que nous nous sommes dis, malgré une certaine résistance, mais je me doute que c'est normal. Merci à vous pour votre sincérité, néanmoins, je suis d'avis pour dire qu'il faut prendre ça petit à petit, chaque chose en son temps. Quoi qu'il en soit, c'était un plaisir de vous avoir rencontré, et terminons la visite de mon fier bourg !

Elle poursuivit donc la visite dans une certaine joie qui la définissait, faisant office d'un guide fiable et riche en connaissances de cette merveilleuse cité fleurie qu'est Petitmont.

[Fin]