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'Dés 100' :

La déclaration d'Otmar sembla susciter une grande perplexité chez son interlocuteur, qui pencha la tête sur le côté, l'évaluant en clignant des yeux... son visage artificiel était visiblement conçu pour une certaine neutralité mais malgré ça la surprise et la perplexité s'y lisaient clairement.

« Une autre... race ? Quelqu'un vous a-t-il créé pour une raison ou une autre ? Je vois en vous la proximité avec les Elfes mais je perçois mal ce que vous avez en commun avec les Nagas, je dois dire... »

L'être avait visiblement prit la notion de proximité au sens strict, puisqu'elle suivait la notion de race, mais il fallait bien dire que le vieil empereur ne ressemblait guère à un hybride entre les deux races citées ! Visiblement, au-delà de ses buts initiaux, l'être semblait capable de faire preuve de curiosité, et annoncer tout de go la naissance de nouvelles races à un être qui n'en avait pas la moindre idée était après tout une façon assez brusque de faire les choses.

« Mais enfin... l'épreuve de l'amitié est évidemment ouverte à tous, puisqu'elle vient couronner l'amitié entre les peuples. Quoique vous soyez, vous êtes donc le bienvenue, cela va de soit. »

Il y avait visiblement réfléchit tout en parlant, retombant sur ses pattes – même s'il n'en avait pas à proprement parler – comme il pouvait, avant de sourire légèrement à la question de son visiteur, inclinant légèrement la tête.

« L'on me nomme Oialëanil, Gardien de l'Amitié. Je fus créé jadis pour être l'hôte de ce temple et gardien de l'épreuve, chargé d'en garder les récompenses et de choisir quand les distribuer autant que d'en superviser le passage et d'encadrer les participants. Ceci dit si je puis me permettre, à l'époque où l'on m'a créé, la politesse voulait qu'on se présente avant de demander le nom d'autrui, même si je suppose que ce genre d'usage évolue. »

Non seulement son nom ne sonnait clairement pas Naga, mais Otmar, grâce à sa vaste connaissance de l'elfique et ses talents en linguistique, pu en décoder le sens. C'était un nom composé issu d'un ancien dialecte datant du Haut-Empire d'Or, parlé dans l'actuel Eïrn et qui pouvait se traduire par quelque chose comme « l'éternel ami », ou « pour toujours l'ami de tous », quelque chose dans ce genre.

« Quant aux Nagas que vous cherchez... je suppose que vous parlez des autres participants ? Comme toujours, ceux qui échouent attendent que l'épreuve soit réussie pour en fêter le succès... même si je vous avoue que vu le temps qui s'était passé entre leur visite et celle qui précédait j'ai un peu crains que leur attente s'éternise. Heureusement, je vois que d'autres sont décidés à participer ! »

Visiblement il savait parfaitement où étaient les disparus... mais ne comptait pas les relâcher avant qu'on réussisse son épreuve ? Sans doute Otmar pouvait-il essayer de le persuader du contraire ou alors... simplement essayer de réussir lui-même ?

« Si vous voulez participer, je vous demanderai de serrer ma main pour acter le début de l'épreuve, comme le veut la coutume. »

Et de tendre une main où des symboles gravés dans sa paume s'étaient allumés, luisant doucement...  souriant et le visage ouvert,  Oialëanil ne semblait pas le moins du monde tenter de lui tendre un piège, mais d'un autre côté il était probable qu'il y ait une magie à l’œuvre ici si les jeunes Nagas étaient retenus ici d'une façon ou d'une autre... mais d'un autre côté, sauf à essayer de le convaincre ou de le combattre, c'était la voie la plus simple pour les retrouver !

La créature semblait très amicale et plus Otmar l’entendait parler, plus il devinait que ce qui lui faisait face était visiblement un être pensant doté d’une âme et pas un simple golem comme il en existait tant d’autres sans véritable intelligence. Cela indiquait bien l’importance du lieu pour ceux qui l’avaient bâtis par le passé, chose qu’il avait déjà pu constater jusque là par les soins offerts à l’architecture et au cadre symbolique du tout, mais disons que d’observer en plus un être artificiel très aboutit qui en était le gardien, soulignait encore plus tout ceci…

Quoiqu’il en soit, l’être pouvait donc faire preuve de curiosité, il serait donc normal d’y répondre étant donné que c’était lui qu’il l’avait suscité, volontairement par ses révélations assez soudaines, ce qu’il fit donc avec amabilité. « Je voulais dire par là que j’ai souvent et longtemps vécu aussi bien auprès des elfes que des nagas, mais non ma race n’a pas été créé, nous sommes un peuple jeune, celui des humains. » Il espérait que cela répondrait à certaines questions de son interlocuteur, ainsi que ça soulignerait le fait qu’il était proche d’eux parce qu’il avait vécu parmi eux notamment. Après il allait éviter de trop en dire à ce sujet, car il faudrait qu’il explique ce qu’était un ethnologue et si ça ne l’aurait pas dérangé en temps normal, le village naga voisin de ces ruines apprécieraient retrouver les jeunes âmes égarées par ici, assez rapidement si possible…

Et concluant qu’il avait affaire de toute façon à être pensant et donc que ces questions et actes de politesses ne tomberaient pas dans le néant, même si Otmar étaient de ceux faisant preuve tout de même d’un certain respect avec les êtres machines et golems, du moins d’usage, il répondrait ensuite aimablement.

« Veuillez me pardonner, je ne croise pas souvent une création d’une si sublime conception que la votre, cela a fait que ma curiosité a légèrement outrepassée ma courtoisie, vous pouvez me nommer Otmar Ehrlich Deffarès, dirigeant élu d’une contrée nommée Akkaton. C’est un honneur de vous rencontrer quoiqu’il en soit Oialëanil, éternel ami et gardien de l’amitié sont deux qualifications qui vous vont à merveille. » Il exécutera alors un salut elfique ancien, du moins ce qu’il savait à peu près de ceux pratiqués à l’époque donc il était probablement légèrement imparfait, mais on y voyait un certain désir de bien faire. Cela et puis Otmar le faisait toujours à sa manière fort digne et élégante.

Quoiqu’il en soit, l’être ancien savait donc où étaient les jeunes nagas ? Et attendait que quelqu’un réussisse l’épreuve avant de les relâcher ? Otmar se demanda alors s’il pourrait convaincre l’autre de les relâcher sans qu’il ait à réussir l’épreuve… Il pourrait évidemment le combattre, mais l’empereur n’était pas du genre à céder à la violence aisément. Il restait donc deux choix à ses yeux, tentait de le convaincre tout de suite de relâcher les jeunes ou passer son épreuve ? Le vieil homme comme tout atama avait ses défauts ou juste sa petite dose de fierté, car il assuma qu’il n’y avait aucune raison qu’il échoue à cette épreuve, donc pourquoi ne pas tenter celle-ci ainsi et ainsi vivre une petite aventure ethnologique fort fascinante ?

« Volontiers. » Répondra donc l’humain âgé, qui de préférence serrerait la main gauche du golem, avec sa main gauche qui n’était pas une prothèse technologiste, s’avancerait donc avec une certaine élégance et serrerait avec amabilité la main de la créature, se demandant alors sans vraiment douter da sa capacité à réussir, quelle était la nature de l’épreuve qui l’attendait ?

En dépit des explications d'Otmar, le golem ne sembla pas vraiment comprendre la notion de nouvelle race apparue de nulle part, ayant visiblement en tête que de nouveaux êtres devaient bien venir de quelque part, à en juger par son attitude quelque peu perplexe... mais néanmoins, il sembla également laisser cette question de côté quand l'empereur-élu se présenta et se montra ouvert à l'idée de participer à l'épreuve qu'il avait pour charge de présider, cette question semblant visiblement avoir plus d'importance à ses yeux que la curiosité sur les étrangetés du monde extérieur à son temple, du moins pour l'instant.

« Soyez le bienvenue officiellement en ce cas, Otmar, chef des... humains, donc ? De l'endroit appelé Akkaton. C'est un plaisir de voir que l'amitié entre les peuples a encore assez de valeur pour qu'un dirigeant étranger vienne jusqu'ici démontrer son amitié envers les Nagas. »

Assez logiquement, pour un être vraisemblablement créé à une époque où l'amitié entre les peuples existait, certes, mais où chacun vivait encore sans doute largement dans des royaumes, états et autres tribus mono-raciaux, avec des endroits comme ce temple justement conçus pour célébrer et solidifier la chose un peu exceptionnelle que constituait l'amitié durable entre certains de ces ensembles, Oialëanil semblait avoir conclu qu'Akkaton était un état humain dirigé par un chef élu ou quelque chose du genre, du peu qu'il en savait actuellement, et pas le nom du vaste empire qui englobait depuis trois siècles le territoire sur lequel était construit le temple où il vivait !

« Je vous remercie du reste pour vos louanges, et je vois avec plaisir que la connaissance des langues de jadis ne s'est pas perdue pour tous. Cela tombe bien, car c'est une chose qui vous sera certainement utile ! »

Et sur ces paroles, le golem serra donc la main de l'empereur-élu, un glyphe s'illuminant sur le dos de la main d'Oialëanil, de même que plusieurs autres sur le socle sur lequel se tenait la créature artificielle, avant qu'Otmar ne voit s'illuminer brièvement en retour un glyphe semblable au dos de sa propre main, avant que celui-ci ne s'estompe. Un léger inconfort dans ses prothèses mécaniques pouvait assez facilement lui confirmer qu'un sort venait d'être lancé, destiné sans doute à l'affecter d'une manière ou d'une autre s'il échouait à l'épreuve proposée... mais quoiqu'il en soit, ce qui était fait était fait et, une fois la main serrée pour conclure les choses, le golem poursuivit.

« Vous voici prêt à passer l'épreuve, alors allons-y ! Je suis heureux de voir un nouveau peuple s'ajouter à ceux qui auront passé l'épreuve de l'amitié ! »

Le golem antique descendit doucement du piédestal, avant de toucher celui-ci, en plusieurs endroits précis, activant certains glyphes gravés à sa surface qui s'illuminèrent doucement... visiblement, l'endroit était porteur de nombreux enchantements pouvant être activés, par Oialëanil lui-même ou peut-être par n'importe qui maîtrisant la technique nécessaire ? En tous cas, l'air au-dessus du piédestal se mit à miroiter, révélant une série de signes très loin de l'alphabet akkatonien moderne, mais que vu ses connaissances en linguistique Otmar n'eut aucun mal à identifier comme les symboles de la même langue nagate ancienne qu'il avait déjà croisé à l'entrée des ruines.

« La première étape d'une amitié solide est la compréhension de l'autre. Retissez donc, vous qui voulez incarner la bonne entente entre les peuples, l'histoire qui a tissé cette amitié. »

En examinant le texte sous ses yeux, Otmar pu sans peine, vu ses talents déjà démontrés en linguistique, identifier une série de faits historiques concernant les elfes, les nagas et les nains... même s'il connaissait moins l'histoire naine, il pouvait sans mal voir que ceux-ci n'étaient pas dans l'ordre chronologique, avec la chute de l'Empire de Bronze placé après l'arrivée des Nains en Orzian, par exemple. Vu ses connaissances sur les Elfes et les Nagas, même sans connaître les détails précis de l'histoire naine, il ne devrait pas être trop difficile pour lui de retisser tout cela...

« Enfin... évidemment, puisque je viens de découvrir votre peuple, je n'ai pu l'inclure, mais vous avez ma parole que cela sera évidemment réparé dans le futur. »

Oialëanil avait ajouté ces mots d'une façon un peu contrite, et laissa ensuite agir Otmar... d'un côté, celui-ci pouvait trouver l'épreuve assez facile, mais d'un autre côté, elle demandait une bonne connaissance de la linguistique et de l'histoire, alors peut-être que cela suffisait à expliquer l'échec des jeunes nagas ? À moins que la réelle difficulté ne vienne plus tard...

Otmar se doutait un peu qu’il était en danger ici, en quelque sorte du moins, même si pas de façon agressive ou malveillante. Disons qu’il devinait que son interlocuteur aussi bienveillant soit-il risquait de devenir son geôlier s’il échouait, mais il doutait échouer justement et savait fort bien qu’au pire, on le délivrerait sans doute plus tard… Même s’il allait tâcher évidemment d’éviter une telle déconvenue, surtout que les troupes qui seraient envoyées le récupérer dans un tel cas ne seraient peut-être pas composées d’aussi fins diplomates que lui. Ce sans parler en plus des articles de journaux qui ne manqueraient probablement pas d’évoquer une telle mésaventure...

Cela et puis s’il en était conscient, il n’y pensait pas trop, il était disons assez enthousiaste devant cette petite aventure ethnologique et sociale plutôt singulière. Après tout il parlait à un être d’un temps lointain qui allait sans doute le tester aussi bien au niveau social qu’intellectuel… Rien que cette rencontre en soit aurait valu le détour, mais en plus il y avait autant le fait de sauver les jeunes nagas qui importait, que de voir quelle serait la suite de ce fameux rituel…

Et il semblait que le golem apprécie qu’Otmar soit fin connaisseur de l’ancien naga, en effet c’était un talent rare qui lui serait certainement fort utile… Que ce soit à l’écrit ou au parlé… Il aurait été bien ennuté après tout s’il avait dû décrypter les propos de la créature à partir de rien, cela et puis même s’il y avait eut un enchantement de traduction à disposition du golem… Il y avait disons un côté honorable et flatteur pour quelqu’un que vous parliez dans sa langue, car cela montrait qu’en plus de connaître sa culture, vous aviez appris à parler la même langue que lui.

Ils se serrèrent donc la main pour initier la fameuse épreuve dont lui avait parlé l’être antique et Otmar devina qu’on venait de lui lancer une sorte de sort… Il se demanda alors si les prothèses qu’il portait inhiberaient en partie son effet si jamais il venait à avoir des conséquences préjudiciables, mais il n’y avait au pire aucune raison qu’il ait à s’inquiéter de cela, car il comptait bien réussir cette fameuse épreuve.

Et à ce titre l’élégant golem descendit du piédestal et sembla activer divers enchantements sur ce dernier, qui firent alors apparaître des signes qu’Otmar put distinguer sans mal… Ce pendant que le golem lui expliquait que la compréhension mutuelle était autant le constituant le plus solide d’une amitié entre les peuples, ce en l’invitant à retisser l’histoire de l’amitié entre les nagas et les nains et elfes, avant de s’excuser du manque des humains à ce sujet. Otmar glissera alors amuser.

« Je vous y aiderai volontiers, après tout cela a l’air d’une noble entreprise, mais en attendant je vais donc retisser… » Ce qu’il fera donc avec patience, lisant attentivement tous les faits historiques et avec un effort de mémoire qui ne fut pas bien difficile… Disons que sans forcément connaître l’histoire naine aussi bien que celle nagate ou eflique, il y avait aisément moyen de lier le tout… Et alors qu’il y réfléchissait, l’empereur ajouta aimablement.

« Le monde a beaucoup changé Oialëanil et je pense que vous pourriez aimer le découvrir, du moins rien ne vous lie trop impérativement à cet endroit, du moins voyez là une proposition de la part de quelqu’un qui a beaucoup voyagé et a dédié son existence à connaître les différents peuples. » Après tout il se disait que ça pourrait peut-être fasciner le golem…

Puis Otmar retissa donc les faits anciens, notamment en se concentrant sur les piliers qu’étaient la naissance et morts des empires, ainsi que la guerre entre-eux et leurs relations, puis en plaçant entre ces grands piliers les faits plus mineurs qui marquaient l’histoire de l’amitié et concorde entre les peuples. Après tout il n’y avait pas que la guerre qui marquait leurs rapports…

« Je pense que le tout est bon mon ami, qu’en pensez-vous ? » Demandera alors Otmar après avoir fait le travail assez rapidement, il faut dire que sans historien, son ancienne profession d’ethnologue lui avait donné de solides bases et connaissances à ce sujet…