Après qu’elle ait utilisé son sort de magie transformiste pour modifier son apparence, Kayra surprit des regards amusés se poser sur elle. Visiblement, les habitants de cette communauté étaient peu coutumiers de ce type de sortilège et ne devaient pas rencontrer souvent des mages transformistes, sans quoi ils n’auraient pas manifesté un tel étonnement. Toutefois, cette curiosité manifeste ne déplaisait guère à la saurienne. D’ordinaire, l’utilisation de cette magie lui servait à des fins de camouflage ou pour mieux interagir avec les bipèdes ; dès lors, pouvoir en user de manière plus ludique l’amusait.

A la question de l’un des humains sur les conditions de vie à Teider, la dragonne neigeuse répondit avec sérieux.

- Oui et non. Même si Teider est une nation totalitaire, je sais rester lucide sur les défauts des autres nations et aucune ne m’apparaît comme un véritable paradis. Du reste, ayant grandie à Teider, je suis habituée à un mode de vie dur et je ne pense pas pouvoir m’acclimater facilement à une autre nation. Mais les faits de répression sont véridiques, on peut facilement se retrouver au fin fond d’une geôle pour peu qu’on critique le régime en place.

Kayra était bien placée pour savoir ce qu’il en coûtait à ceux qui osaient s’opposer aux autorités, étant donné son rôle de cheffe d’un groupe de rebelle. Cependant, la dureté du régime Teiderien n’était un secret pour personne et elle comprenait que les étrangers fassent preuve d’une certaine réticence vis-à-vis de ce royaume.

Après cela l’une des elfes souhaita la bienvenue à l’écailleuse et les invita à entrer dans la cité. Il s’agissait d’une modeste bourgade, à l’architecture pour le moins originale, car mélangeant allègrement des influences issues de différentes nations. On y trouvait également une profusion de végétation, rappelant l’environnement sauvage d’Eirn et le rôle primordial que jouait la nature au sein de cet Etat.

La dracène détailla les bâtiments de la ville et constata qu’hormis une enceinte destinée à repousser des monstres, elle bénéficiait de fortifications pour le moins sommaires. Tandis qu’ils parcouraient la cité, l’elfette poursuivit ses explications sur les mœurs des habitants et leur mode de vie.

- J’imagine qu’avec tous les monstres qui se trouvent dans les alentours, cette ville doit être une aubaine pour les aventuriers ou les mercenaires de passage car c’est un bon moyen de se faire de l’argent, dit l'écailleuse en esquissant un fin sourire.

En effet, il n’était guère compliqué de comprendre qu’à Eirn, mieux valait vivre de la chasse plutôt que de la guerre, contrairement à partout ailleurs. En cela, cette contrée pouvait sembler souvent bien reposant, y compris pour une guerrière aguerrie telle que la saurienne.

- J’ai un peu d’argent sur moi et je suppose que ça sera suffisant pour payer un succulent repas. Pouvez-vous nous conduire à une bonne auberge ? Demanda-t-elle à la femme-elfe. Nous avons besoin de prendre des forces avant la quête qui nous attend.

La magie transformiste était surtout pratiquée par les kitsunes et les dragons, mais surtout les kitsunes. Sachant qu’il n’étaient pas très nombreux à Eïrn et que les transformistes d’autres races étaient assez rares, et que les dragons n’étaient pas aussi grouillant en nombre que les peuples bipèdes. Il n’était pas étonnant de ce fait que pas grand monde dans cette bourgade soit habitué aux transformistes. Si Kayra voulait briller en société à l’aide de celle-ci, c’était donc une bonne occassion.

Quoiqu’il en soit, aux paroles de la dragonne sous forme bipède au sujet de Teïder, les Eïrniens semblèrent pensif. Sans doute que ça ne changeait pas vraiment leur avis au sujet de Teïder elle-même, mais ils supposaient qu’en effet n’importe quel pays pourrait devenir aussi oppressif si on laissait faire. Cela et leur situation à eux n’était pas non plus un paradis, même s’ils n’avaient pas trop à se plaindre.

Et Slenlodwiin ne fut pas mécontent d’entrer dans la bourgade, alors que Slenlodwiin parlait un peu des environs, une elfe les avait suivit, sans doute par curiosité et celle-ci accepta de répondre à quelques questions de Kayra.

« Les aventuriers et chasseurs de monstres ne sont pas rares en effet, après ils viennent souvent de communautés voisines. Disons que nous avons en général plus de soucis à nous faire concernant les créatures sauvages, que les autres êtres civilisés. C’est l’avantage je suppose... » Oui, après tout dans les Duchés du Sud ce serait plutôt l’inverse à ce niveau. Il fallait croire que selon la dangerosité locale de la nature sauvage, les priorités des gens changeaient au niveau de leur sécurité et ambitions…

« Il y a en effet quelques auberges, même si vu la quantité de nourriture dont vous risquez d’avoir besoin, je conseillerai plutôt de demander à l’intendant du château. Celui-ci a l’habitude de pourvoir en nourriture le sage Slenlodwiin quand ce dernier en a besoin. » Oui, après tout nourrir un dragon ce n’était pas aussi simple que nourrir un simple bipède… Puis l’elfe curieuse demanda.

« Quelle quête ? » Après tout, si ça mobilisait deux dragons, c’est que ça ne devait pas être mineur...

Kayra et Slenlodwiin étaient vraiment de grands et massifs dragons à bien y regarder, si les nourrir n’était pas forcément impossible pour une communauté du genre, même sans la présence d’invocateur, ça devait coûter extrêmement cher. Il était même probable que Slenlodwiin se débrouille par lui-même en faîte pour se nourrir, car l’amende serait peut-être un peu trop salée à ses yeux pour une population assez isolée à Eïrn et qui devait faire avec la faune des fois hostiles environnante.

Même si la façon dont il semblait se débrouiller comme l’avait vu Kayra était quand même très excentrique, un dragon jardinier ça devait être assez exceptionnel à voir. Quant à qui était le châtelain. L’elfette répondit pensive à Kayra.

« Le châtelain ? Il y en avait un il y a quelques générations, mais le château appartient maintenant à la communauté, enfin au conseil surtout. Je crois que le seigneur Slenlodwiin pourrait donc être désigné comme un des châtelains, même si clairement il n’entre pas sous sa véritable taille dans le château. » Heureusement qu’il pouvait se rétrécir à volonté pour cela. « Je crois que ce château est un vestige de l’ancien empire elfique, qui ne ressemblait pas du tout à cela à l’époque, mais qui a été reconstruit par ses différents propriétaires. » Il devait être utile par ici, puis tout le monde sembla intéressé par l’évocation de la vallée sans retour, l’elfette reprit alors pensive.

« La vallée sans retours ? Je n’y irai que si j’étais un dragon, accompagné d’un dragon ou d’un peloton bien armé, et que je savais voler aussi. Personne n’a jamais exploré celle-ci jusqu’au bout, on ne sait pas pourquoi, mais des monstres semblent sortir en abondance de celle-ci pour infester le pays, ce depuis bien avant que la capitale de la république n’impose son joug distant sur ces terres. Je dirais que si vous tuez ce grand serpent, un autre finira par apparaître un jour, lointain, mais au moins ça soulagera les terres environnantes. » Slenlodwiin commenterait avec amusement.

« Si cela ne te déranges pas d’ailleurs, mon enfant, j’aimerai que nous essayerons de transporter, au moins en partie, la carcasse du grand serpent ici, quand nous aurons vaincus. La communauté te paiera pour cela et ça lui sera profitable. » Sur ce ils continèrent d’avancer vers le château… Les soldats posté devant le château se mirent au garde à vous en voyant Slenlodwiin, qui leur demanda simplement.

« Pourriez vous aller chercher un de mes amis conseiller ? » Et un des soldats alla s’affairer à cela, pendant que l’autre resta au garde à vous quelques temps, avant de se mettre au repos, visiblement c’était un hybride mi orc, mi humain à sa peau verdâtre clair, et son faciès entre l’humain et l’orc, il était aussi assez imposant, dans les deux mètres. Puis en attendant, Slenlodwiin glissa avec amusement à sa petite fille, pendant que la plupart de ceux l’accompagnant prenaient congés, sans doute pour retourner à leurs responsabilités.

« Si jamais un jour tu désires une retraite calme mais en restant utile, je t’aurais peut-être donner l’idée de te faire protectrice d’une petite communauté comme celle là mon enfant. » Dit-il sinon à moitié sérieux, en vrai ça avait ses avantages, mais ça ne plairait pas à tous les dragons. Même si évidemment ceux désirant déférence et respect y auraient assez à gagner.