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Orzian, engrenages et arcanes
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Orzian, engrenages et arcanes


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Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore)
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MessageSujet: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyVen 7 Déc - 20:43
7 Avril de l'An 2000 de l'Âge d'Acier

Il avait fallut quelques jours pour bien préparer cette expédition, mais finalement celle-ci avait put voir les préparatifs tournant autour aboutir et voici qu'ils se trouvaient à plusieurs, environ 7 si on comptait les 3 autres universitaires les accompagnant et les 2 soldats là pour les escorter vu que le plan élémentaire du vent n'était pas forcément extrêmement sécurisé, devant le portail technologique qui y menait. Les portails de ce genre étant évidemment bien moins évidents et aisés à concevoir que ceux magiques, car pour aller dans un plan élémentaire la magie était mieux, mais ils avaient au moins l'avantage d'être tous stabilisés et contrôlés. Le danger ne les attendait pas en vérité juste à la sortie du portail, non de l'autre côté il y avait une petite ville Akkatonienne ou plutôt un avant poste minier disons, visant à l'extraction de l'or vert dans ce plan élémentaire, mais il ne serait pas loin dès qu'ils seraient sortit de celui-ci pour se rendre dans les zones encore peu explorées par l'empire de ce plan. Sachant qu'on ne savait même pas quelle taille faisait réellement celui-ci, autant dire que toutes les hypothèses étaient valables à ce sujet…

En attendant ils se retrouvaient devant ce portail situé dans un bâtiment de transition et fortifié au sein de la cité d'Airain et devaient juste trouver le courage d'y entrer ou plutôt attendre que tout soit parfaitement bon de leur côté, ils firent alors évidemment tous leurs dernières vérifications, y compris les soldats, visiblement des gardes impériaux qui s'assuraient surtout pour leur part d'avoir les lanières de leurs armures bien accrochées, Otmar les soupçonnaient disons d'imaginer que tout cela allait être une promenade pour eux, mais bon vu que c'était des professionnels sérieux il n'y avait pas besoin de les rappeler à l'ordre, peut-être avaient-ils en partie raison après tout. Car évidemment un tir de fusil avait aisément tendance à faire fuir les animaux, mêmes magiques souvent, sinon c'est qu'il valait presque toujours mieux fuir en sens inverse…

« Comment vous sentez vous dame Eléonore, je suppose que vous avez hâte vous aussi de commencer véritablement cette petite expédition, n'est-ce pas ? » Finit en tout cas par demander Otmar à cette dernière, après tout c'est la première fois tout les deux qu'ils entreraient dans un plan élémentaire, ô certes ils n'allaient pas non plus s'enfoncer extrêmement loin dans celui-ci, il vaudrait mieux une véritable expédition armée dans un tel cas, mais disons que ça allait quand même être pas mal un mélange d'aventure et de découverte, surtout qu'il n'obéissait pas aux mêmes lois que l'univers matériel dont ils sont issus...
Otmar Ehrlich Deffarès
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyLun 10 Déc - 14:52



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 10H
A l'entrée du plan du vent

Feat. Otmar Ehrlich Deffarès



Premier élément.



« Pourtant, les vaguelettes d'énergie qui circulaient
dans le portail m’épataient. »

« Vois-tu, Maxence, on peut décomposer en harmoniques les sinusoïdes dont les coefficients sont directement indexés sur les variables que je t'ai présentées. Et tada ! cria Paul Ezenbar. On a tout simplmement les ondes et les marées atmosphériques, un jeu d'enfant.
Mais tu n'as pas droit de faire cela ! répondis Maxence Dufour. Tu ne peux intégrer pour obtenir l'équation hyposométrique que si et seulement si l'équilibre hydrostatique est atteint en régime synoptique ! On parle du plan du vent, là, pas des petits courants d'air qu'on a l'habitude de traiter : la magie du plan crée des mouvements de convection bien trop complexes pour le modèle. C'est bien pour en créer un nouveau qu'on est ici !
Je sais ! coupa le professeur, visiblement frustré. Mais il faut bien qu'on parte de quelque chose de connu pour pouvoir corriger l'hypothèse ! »

Avoir été choisie comme déléguée de cette mission était bien plus difficile qu'il n'y paraissait. L'excitation du moment avait largement pris sur le sérieux de mes collègues et les voilà qu'ils se chamaillaient encore, avant même d'avoir pu observer le plan élémentaire du vent. Emilia Vialena, ma consœur qui occupait la chaire de géographie, se tourna vers moi et me lança un regard affectueux. « Ça va aller, Emilia, souriai-je, en haussant gentiment les épaules. Juste que les entendre parler de dérivations à longueur de journées, ça me fatigue un brin.
Laisse-les, me glissa ma collègue, avec un air moqueur. Ils n'ont pas l'habitude de sortir de leur laboratoire. C'est comme ça, lorsqu'on sort les enfants pour les emmener au parc. »

Cela faisait une courte semaine depuis mon rendez-vous préliminaire avec l'empereur. Universitaires, nous eûmes plusieurs jours pour nous préparer et décider des premières observations que nous irions mener. Le choix s'est porté sur une alliance entre l'observation des courants aériens et le questionnement sur les modalités d'approche dans ce territoire, à l'aune de la géographie. Il s'agissait d'une courte exploration, donc nous ne prîmes que le nécessaire : les deux scientifiques avaient pris des appareils de mesure, tandis que géographes, nous avions des cartes, de quoi prendre des notes et faire des croquis.

J'avais aussi apporté ma rapière avec moi : simple mesure de précaution, qui était surtout là pour me rassurer, plutôt que pour en faire véritable usage. Ma lame cliquetait à ma ceinture, tandis que notre délégation universitaire marchait à travers les bâtiments fortifiés de la Cité d'Airain, à quelques longueurs du quartier administratif. L'Empire n'avait visiblement pas fait l'économie sur les moyens défensifs, mais il était largement compréhensible qu'on voulût sécuriser du mieux possible un site aussi sensible. Nous croisâmes des soldats à qui il fallait montrer divers papiers et nous pûmes procéder à l'intérieur du monstre de pierre qui abritait le portail élémentaire.

Il s'agissait d'une couronne en métal, câblée avec différents tuyaux qui permettent un apport en énergie. Une sorte de lumière floue se dégageait de l'intérieur de l'anneau, là où nous devions pénétrer pour passer dans le plan du vent. Sur le côté, Otmar Ehrlich Deffarès avait debout, avec sa geste habituelle, simple mais assuré. Il était accompagné par deux soldats qui finissaient de vérifier leur équipement avant de se lancer là où peu de gens eurent l'occasion d'aller.

Nous fîmes de rapides présentations et je laissais un instant mes collègues qui s'assuraient d'avoir pris tout leur matériel. L'empereur s'approcha de moi et me questionna sur mon état actuel.

« Mes voiles sont toujours grandes ouvertes pour recevoir le souffle de l'aventure, Monsieur, répondis-je sans perdre tout à fait mon sérieux. Je suis seulement inquiète pour mes deux collègues scientifiques, continuai-je en les pointant du doigt. Ils m'ont l'air un peu trop détendus pour tout cela et je crains que je vais devoir passer plus de temps à les surveiller qu'autre chose. Quoi qu'il en soit, il avait été décidé avec mes collègues que nous ferions tout d'abord une étude topographique des environs pour préparer d'autres excursions : il faudrait compter sur mes deux collègues pour ça. Je pense que nous installerons notre petit camp de travail à l'avant-poste, avant de quadriller la zone de manière efficace. »

Alors que je finissais ma phrase, mes yeux s'étaient portés sur l'ouverture vers une autre dimension. La salle crépitait d'une énergie éblouissante, mue par une technologie toujours plus inventive que la veille. Il était vrai, l’ingénierie akkatonienne était une belle merveille ; mais je n'étais pas le genre de personnes à m'exciter devant le prodige continuel de cette science qui était trop souvent mise à contribution pour la guerre – mais pas exclusivement, bien sûr, on lui doit aussi l'assainissement du désert et la viabilité d'une conséquence partie de la province, sans compter toutes les petites inventions pratiques qui facilitaient assurément la vie de beaucoup. Pourtant, les vaguelettes d'énergie qui circulaient dans le portail m’épataient.

« Le génie des kiths est une chose bien étonnante, n'est-ce pas, Monsieur ? demandai-je en refixant mon interlocuteur dans les yeux. Je présume que vous êtes vous aussi excité à l'idée d'explorer ce nouveau monde ? »

J'avais le loisir de discuter avec l'empereur, car je n'avais pas de matériel particulier sur moi. Des crayons et du papier dans ma sacoche, c'étaient les seules choses qu'il me fallait. J'attendais seulement le signal pour lancer officiellement cette expédition et pénétrer dans un monde inédit.



_________________


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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyJeu 13 Déc - 17:27
« Bon courage à vous si votre reconnaissance implique de faire une carte, c'est assez complexe en soit dans le plan élémentaire du vent, surtout que les érudits des diverses nations du monde débattent encore en partie d'une convention pour décider quel sera le haut et le bas utilisé au niveau international de ce plan… Enfin, en somme dès que la meilleure manière de se déplacer quelque part c'est de voler et non de marcher sur une surface plane s'étendant jusqu'à l'horizon, ça devient complexe. » En somme, beaucoup de choses restaient encore à définir, surtout qu'évidemment imposer une convention universelle de mesure était complexe en soit et demandait de la diplomatie, mais ce serait aussi plus pratique pour tout le monde.

« Je pense que ce n'est là que l'une des manières dont les êtres pensants résolvent les problèmes se présentant en eux que de sans cesse innover que ce soit dans la technologie ou la magie. » Glissa t-il sinon amusé aux paroles de la dame avant d'ajouter pensif. « Oui je suis patient, par contre je suppose que les militaires ont dû vous le rabâcher pas mal, mais ça ne fait pas de mal de le redire, dans ce plan ce que vous pensez être le bas le devient et il suffit d'une pensée pour voler, alors tâchez de maîtriser votre esprit pour éviter toute confusion ou des accidents malheureux... » Sur ce, une militaire, visiblement un capitaine elfe vint leur dire que c'était bon et ils décidèrent donc de passer le portail et…

Quand on pensait à un avant poster minier on pensait à beaucoup de choses, mais rarement à ce sur quoi ils tombèrent. On aurait plus dire un centre de technologie, une sorte d'île flottante naturelle où il y avait un quai à la manière des bateaux, mais pour les dirigeables, des habitations tout à fait ordinaires en Akkaton sinon parsemaient les alentours ainsi que les lieux de vies habituels d'un village, même si tous ces bâtiments étaient en pierre, une caserne militaire sinon et l'entrepôt d'or vert de l'avant poste, une sorte de grand bâtiment carré aux allures de forteresses qui devait contenir en vérité beaucoup de cuves pour stocker le gaz aux propriétés uniques qu'on trouvait plus en abondance dans ce plan que celui matériel… L'ambiance semblait plutôt calme et laborieuse dans les environs d'ailleurs, les soldats qui les accueillirent ne semblaient pas stresser outre mesure, probablement surtout en attente d'une réaffectation pour voir autre chose que le paysage étrange alentours, mais rien de perturbant.

Et évidemment, rien n'égalait en étrangeté pour eux nouveaux arrivants ce qu'ils virent en sortent du portail situé au milieu de l'avant poste non loin d'émetteurs de boucliers électromagnétiques. Le plan élémentaire de l'air, le ciel s'étendait à l'infini de tout les côtés et n'étant parsemé que de quelques îles flottantes comme celles sur laquelle ils se trouvaient qui résidaient en ce plan… L'azur qui évidemment pouvait souffler plus ou moins forts de tout côtés, les nuages aussi bien calmes que troubles que l'on pouvait voir au loin et… la désagréable impression que la gravité n'avait aucune raison d'exister par ici pour ceux qui savaient un minimum comment elle fonctionnait…

Pour certains ce plan représentait la liberté à son état pure, d'autres trouvaient qu'il était splendide et d'autres encore avaient du mal à s'y situer, le pire danger étant après tout que sans repère aussi universel que le sol sous ses pas, il devait en effet être aisé de se perdre par ici. Quoiqu'il en soit ils prirent quelques instants pour contempler tout cela et Otmar prit alors la parole pour dire calmement.

« Bon, cela va vous sembler peut-être désagréable à entendre mes amis, mais quand nous débuterons notre expédition, il va falloir somme toute faire preuve d'une discipline quasi militaire, non pas pour vos travaux, mais pour éviter le pire danger qui nous guettera par ici, nous perdre. Voyez comme il n'y a ni haut, ni bas et que les cieux s'étendent à l'infini de tous les côtés… Cela semble si facile de s'y perdre et ce pour toujours, il ne faut donc pas que nous nous dispersions. Nous devons convenir d'un endroit où aller, de repères et s'y tenir résolument. Heureusement quelques petits avants postes se trouvent dans les environs pour aider les aventuriers à s'orienter, mais même dans ce cas tâchons d'être prudents. » Sur ces bonnes paroles il conclut alors pour dire amusé.

« Mais avant cela, je suppose qu'il serait bon de voir comment fonctionne la manière traditionnelle de se déplacer par ici, ou plus précisément le vol… Pour cela, il suffit juste de le vouloir. » Et ceci dit, l'empereur le pensa et sauta alors pour constater qu'il pouvait flotter en l'air… Pour peu qu'il pensait à voler, mais pas dans une direction précise, intéressant...
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptySam 29 Déc - 17:37



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Second élément.



« Il n'existe pas de mot qui permet de peindre le paysage
qui avait ému mon œil d'un coup d'un seul. »

« L'importance de l'orientation était chose qu'on ne cessait de répéter : comment savoir où aller si nous ne savons guère où nous sommes ? Dans l'absolu, c'était également la grande leçon que l'histoire, infinie discipline, nous donnait. « Monsieur, ne vous inquiétez pas pour l'orientation, la base contravariante est parfaite pour dresser la topologie sans décider effectivement du haut et du bas, parce que... » s'égosilla Paul Ezenbar, heureux comme un prince. Le pauvre professeur excité ne put finir sa phrase, car il fut happé par son collège qui le fit taire, un sourire gêné.

« Quoi qu'il en soit, il est bien vrai que la chose est merveilleuse, mais pleine de dangers retors, commentai-je en prêtant une attention distraite à mon collègue qui se chamaillait avec son confrère. L'intelligence des kiths est un outil puissant, mais faut-il l'utiliser à bon escient. » J’acquiesçais à la remarque quant à la logique du vol et on nous pressa enfin à l'intérieur du portail, menée par une gradée qui dirigeait le pan sécuritaire de l'expédition.

Voilà donc le sanctuaire où les profanes ne pouvaient pénétrer. Le plan du vent était, assurément, à la hauteur des attentes de l'imagination. De l'autre côté du portail, l'horizon infini était un enchantement pour l'esprit et les couleurs, dans des teintes blanches et vertes, flattaient les rétines. Les courants aériens étaient comme de vastes treillis dont les voûtes de nuages portaient, pareillement à des milliers de lustres, les espérances d'un monde inconquis. Des habitations avaient été installés dans la zone périphérique de l'avant-poste minier et y entrelaçaient de la mousse de nuage qui grimpaient les murs comme des vignes. A mes oreilles, murmuraient le frou-frou des souffles.

L'empereur nous somma de faire attention à notre environnement pour ne pas se perdre. Déjà, mes collègues avaient retrouvé leur attitude docte et sérieuse qui seyait aux dignes érudits. En quelques repérages, les scientifiques avaient déterminé une batterie de repères qu'ils codaient dans leur carnet, en prenant le portail comme origine du repère. « ... et voilà comment, sans rentrer dans les détails, vous pouvez vous orienter. Bien sûr, il faudra replacer des repères, à chaque fois que nous avançons. Assurons-nous donc de ne pas partir trop loin, comme l'a dit Monsieur », avait expliqué Maxence Dufour en faisant voyager son regard entre nous tous.

L'empereur, satisfait de ses premières mesures – moi-même aussi, de voir que mes confrères n'allaient pas me faire de frayeur par manque d'attention –, se mit alors à flotter dans les airs, par le seul pouvoir de sa volonté. Oh là, le plus grand rêve de l'homme, réalisé sans même bouger le moindre membre ! Qu'il était doux de pouvoir accomplir l'impossible. Nous essayâmes alors de l'imiter et il convenait de remarquer que la chose était sans difficulté. Une certaine attention était nécessaire pour ne pas se faire balader par les courants aériens, mais la chose était plaisante.

« Nous allons nous diriger vers les structures pour peaufiner notre repère, nous souffla Paul Ezenbar, accompagné de son collègue. Retrouvons-nous là-bas quand nous pousserons l'exploration plus loin : ça sera notre camp de travail ! ». Emilia Vialena les suivit également pour préparer les différents relevés. Voilà que je me retrouvais à nouveau seule avec l'empereur.

Les chemins jalonnés de constructions que l'on avait vues dans tous les endroits d'Akkaton se retrouvaient ici, d'un côté du panorama. De l'autre, l'inconnu et ses climats trompeurs. Vue mystique et pensée élévatrice : quoi qu'on pût rêver du plan du vent, c'était bien deux choses qui ne nous avaient pas trompés. « Puisque la destinée, dis-je à Otmar Ehrlich Deffarès, nous a envoyé ici, et qu'une sympathie si étonnante entre nous me permet de partager cette expérience unique avec vous, j'aimerais prolonger le moment pour que nous observions les prodiges de ce plan ensemble, si cela ne vous dérange pas. » Je flottai le plus élégamment que me le permettait mon imagination.

Ma demande se perdait dans l'atmosphère magique des évocations et je me perdais moi-même dans la contemplation de la flottaison. La chose était suprême, hautement jouissive et terriblement intrigante pour un corps habitué à toucher terre, d'une manière ou d'une autre. Je retournais mon regard vers l'empereur. « Vous avez été hissé à l'un des postes les plus hauts du continent et êtes figure d'autorité, que vous le vouliez ou non. On a dû prononcer un million de fois votre nom par tous les échos en Orzian ! Mais dans ce plan, remarquai-je avec un accent de vérité, l'écho de vos réussites et de votre statut ne s'est jamais répercuté. Nous sommes des créatures nouvelles, complètement inconnues et dont le nom n'a jamais été prononcé.

Mon but n'est pas de vous inconforter, loin de là. Mais quel rêve peut bien avoir l'empereur lorsqu'il voit ce paysage ? Et quel rêve peut bien avoir l'homme nouveau lorsqu'il le voit ? J'aimerais savoir, si vous me le permettez.
»

La brise qui s'était soudainement levée m'avait emportée en l'air, car j'avais perdu ma concentration ; mais je pus, après quelques instants, me rétablir aux côtés de l'empereur. Entre temps, j'avais pu voir la vallée aérienne toute entière. Il n'existe pas de mot qui permet de peindre le paysage qui avait ému mon œil d'un coup d'un seul. Je veux garder éternellement le souvenir des vagues de valeurs et les replis blancs des circonvolutions des nuages qui vont se coller et se confondre pour l'œil avec les nuages bien plus lointains, en formant des taches beiges.

Je souris à l'empereur de ma maladresse et plongeai mon regard dans le sien, espérant trouver les réponses à mes questions.



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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyDim 30 Déc - 15:27
« Bien, je vous fais confiance de toute manière pour faire en sorte que nous ne nous perdions pas, même si au pire l'un de mes gardes impériaux possède de quoi nous aider à retourner à la base… Après tout, prudence est mère de sûreté. » Ainsi, il laissait évidemment ses collègues s'amuser à expérimenter avec la science pour éviter de se perdre, mais si jamais il y avait un souci, autant ne pas risquer après tout de perdre plusieurs universitaires, deux soldats d'un corps d'élite et le président d'une des plus puissantes nations qui soit dans une contré magique mystérieuse et plus ou moins hostile…

Quoiqu'il en soit, voyant que tout le monde semblait prendre le pas sur comment on arrivait à voler par ici, merci au fait que ce monde n'avait décidément pas la même logique que le plan matériel, Otmar constata aussi qu'il fut rapidement à nouveau seul avec la dame alors que les collègues de celle-ci allaient organiser quelques détails. Cela et les deux gardes impériaux étaient aller régler des affaires militaires comme l’approvisionnement, Otmar en profita donc pour participer à la discussion que débuta la jeune femme avec lui.

« Oui, profitons de tout cela pour découvrir l'inconnu, bon ce n'est pas l'inconnu social que j'aime tant étudier, mais ça ne manque pas de charme en soit. » Après tout comme la dame le savait, il était avant surtout un aventurier social, de ces hommes et femmes qui étudiaient les autres et se plaisaient à interagir avec eux plus que d'étudier ce qui était inanimé, même si cela pouvait évidemment faire partie de leur corps d'érudition aussi. Quoiqu'il en soit, Otmar était doté d'une curiosité affirmée et bienveillante qui évidemment n'était guère une faiblesse dans les environs.

« En effet, mais je n'ai pas forcément fais de la politique pour qu'on parle de moi, je serais évidemment hypocrite de dire que ce n'est pas pour marquer l'histoire de mon empreinte, si possible en bien, mais je pense que je saurais m'accommoder de ce changement de situation temporaire dans ce plan, après tout ça ne fait jamais de mal de relativiser. »
Même si bon, ça ne faisait même pas un an qu'il était élu en vérité, mais quoiqu'il en soit il aimait bien les environs… Quant à quels rêves il pouvait avoir concernant les lieux, il ne manqua pas de dire avec réflexion.

« L'homme nouveau rêve de découvrir l'inconnu au sens large, l'empereur lui rêve de découvrir plus sur quelque chose qui ne lui sera peut-être pas donné de découvrir davantage... » Il s'accrocha à un arbre dans les environs pour ne pas être emporté comme la dame par accident alors qu'ils s'essayaient à l'exercice étrange de flotter, puis s'assit sur une branche solide et ajouta alors avec passion.

« Vous avez entendue parler des immanents je suppose ? On ne sait absolument rien d'eux, que des théories quasiment, ils auraient soit disant vécus dans les plans élémentaires, mais aucun être du plan matériel ou des plans élémentaires rencontrés aussi vieux soient-il n'en a jamais croisé un seul ou ne peut témoigner qu'ils existaient. Uniquement de très rares ruines dans les plans élémentaires, des ruines à l'architecture étrange… De quoi avaient-ils l'air ? Comment fonctionnait leur société ? Comment leurs ruines qui doivent avoir plusieurs dizaines de millénaires ont survécus à leur mystérieuse disparition ? Et aussi, pourquoi trouve t-on de ces ruines dans les plans élémentaires, mais pas dans notre monde qui est lié à eux pourtant ? Tant de questions sans réponses. Passionnant n'est-ce pas ? » Il sembla alors ajouter avec amusement.

« N'est-ce pas fascinant aussi de se dire que tout cela a l'air des allures d'un puzzle qui n'attend pas forcément qu'on le complète, mais qui peut l'être ne serait-ce que partiellement ? Et sinon dîtes-moi, de quoi rêvez vous en tant qu'historienne, mais aussi femme nouvelle ? » Après tout il n'y avait aucun mal à renvoyer la question pensa t-il en se disant que mine de rien les branches d'un chêne n'étaient pas si inconfortables que cela, surtout sans la gravité pour obliger à tomber au sol...






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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMar 14 Sep - 17:37



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Troisième élément.



« Le langage de l'âme, c'était l'altitude. »

« Pour ce que cela vaut, soyez assuré, Monsieur, que je vous ferai savoir – au moins par la tribune que mes cours m'accordent – si l'empreinte que vous laissez dans l'histoire est ténébreuse », répondis-je non sans une certaine facétie, qui ne cachait pourtant pas entièrement le sérieux de ma remarque. « Il est de mon devoir, autant comme professeure que comme citoyenne, d'être un garde-fou moral, pour peu que je puisse infléchir des décisions d'en haut », complétai-je en insistant plus ou moins subtilement sur la fin de ma phrase.

J'étreignais de mon bras droit le fin tronc d'un arbre plus grand que le cyprès, afin de conserver un semblant d'équilibre. Une brise, plus douce que la bourrasque qui nous avait percutés, souffla diligemment sur mon âme, comme si elle caressait mes joies et mes tristesses, comme si elle cherchait à réveiller au fond de mon âme tous les souvenirs de mon enfance. Qui pourrait prétendre ne jamais avoir rêvé de voler ? Il s'agissait là d'un rêve vieux comme le monde, depuis que les kith portaient leur regard au ciel. La poésie avait été un moyen commode pour élever l'âme par la valse des vers et des rimes. Le langage de l'âme, c'était l'altitude. Mon œil s'égara sur les filaments de nuages qui circulaient au-dessus de nos têtes, comme autant de rubans blancs et roses traversant les espaces infinis.

« Le temps est un coureur qui continue d'avancer, quoiqu'il n'y ait plus personne pour le regarder », soufflais-je, les yeux perdus dans l'horizon, où j'imaginais les ruines des Immanents. « J'ai beaucoup étudié les grottes qu'on trouve dans les contreforts désertiques d'Akkaton. Dedans, j'ai pu observer des fresques ornementales, des signes et des images étranges, incompréhensibles même. Mes prédécesseurs avaient tant bien que mal essayé de donner du sens à ces pictographies, mais – je vous le demande, Monsieur – est-il seulement possible d'entrer dans les esprits des premières peuplades ? Je crois qu'une partie du sens est perdue à jamais. »

« Tant de questions sans réponse, oui », répétai-je alors. « Et je crains que nous n'en obtenions jamais », ajoutai-je en secouant vainement de la tête. Mon regard se posa sur mon compagnon d'aventure. Je regardais ses yeux et je pensais à ceux brumeux de mon maître. Il aurait sans doute apprécié les filaments de fumées, les falaises aériennes et les monuments qui remontaient à la nuit des temps. Le bleu de mes yeux se perdait dans la poudre du plan du vent. Éclats gris et reflets blancs. « Cela étant, les Immanents peuvent au moins aviver notre imagination, ainsi que l'espoir que  nos rêves d'intelligence perdurent, au moins dans la pierre, pendant des millénaires. S'ils sont la preuve que nos pensées flottent comme des flots sans lit et que, parmi les ruines, notre présence ne sera jamais parfaitement oubliée, ce sera déjà bien. »

Je me laissais emporter par les courants d'air, afin de me rapprocher de l'empereur. Il avait pris sa station sur la branche de ce vénérable chêne, qui s'élançait vers le ciel – c'est-à-dire vers ce qui me semblait être le haut, dans cet univers où les directions n'avaient plus de sens. La lumière obliqua entre le feuillage et l'écorce luisit comme les écailles d'un immense poisson. Les extrémités des branches frémissaient et le vent se fit plus chaud, rappelant le souffle chaud du désert. Je touchais le flanc de l'arbre et mes doigts glissaient dans les fissures brûlantes de l'arbre ancestral.

« L'historienne veut sûrement explorer les ruines et imprimer dans son esprit tous les paysages extraordinaires qui se dévoilent devant nos yeux nus », répondis-je en m'installant sur la même branche que l'éminent personnage, laissant une distance de politesse entre nous deux. « Il y a un effroi, je crois, à ouvrir la voie. Une certaine solitude m'embrasse, mais je ne peux m'empêcher de me sentir nombreuse, comme portant les espoirs de toute une classe d'intellectuels, si je puis me permettre ce moment de corporatisme. Une part de la moi historienne souhaite fuir le plus vite cet endroit pour ne plus y être et, en même temps, le désir se fracasse dans mon cœur, me forçant à rassembler mon courage. N'est-ce pas là comique ? Ce plan du vent, inexploré, et ses ruines représentent un passé si lourd qu'il pèse comme un couvercle sur mon âme. Je suis réticente et excitée. »

Je fis traîner un long silence, qui semblait durer plusieurs minutes. Il n'était pas gênant, il paraissait naturel et je ne craignais étrangement pas de m'embarrasser devant l'empereur.

« La femme nouvelle, elle, espère sans doute que ses parents soient fiers. Pour autant que j'aie eu leur indéfectible soutien – celui de tout mon village aussi –, je confesse que j'ai tout craint de les décevoir. Vous et moi, ainsi que de tous ceux impliqués dans cette expédition, travaillons à repousser les ténèbres de notre continent. Nous nous inventons, nous découvrons, nous nous exaltons. J'espère ainsi que ma mère et ma sœur, en ce moment, pensent avec douceur à moi. J'espère que mon père sourit, peu importe où il se trouve aujourd'hui dans la mer des étoiles. »

Je faisais balancer mes jambes dans le vide, comme lorsque j'étais une enfant, assise sur le petit muret de pierre qui bordait le jardin de Céréalis. « J'espère que vous excuserez mes épanchements sentimentaux. Je trouve difficile de vous cacher les recoins de mon âme : c'est peut-être parce que vous êtes à mes yeux ce paradoxe vivant, si proche pour un haut dignitaire. Les choses sont plus faciles à dire qu'à une connaissance de l'université », dis-je avec des yeux presque tristes.

« Ceci dit, ajoutai-je après que nous eûmes continué à discuter, l'exploration ne se fera pas seule. Nous devrions sans doute rejoindre les autres. Ils doivent sûrement s'être installés dans les bâtiments que nous voyons derrière cette masse nuageuse. » Je m'étais élancée de la branche, laissant l'inertie me guider dans la direction de mon impulsion. J'attendais mon compagnon avec une mine plus réjouie, comme si les nuages qui avaient temporairement recouvert mon esprit s'étaient dissipés dans les cieux sans fin du plan du vent.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyJeu 16 Sep - 20:31
« Tel est le charme et l’intérêt d’avoir une tribune, j’enseignai aussi à une époque et il m’arrivait à moi aussi de distiller un peu mon avis sur certaines choses. Il faut dire, les ethnologues sont rarement neutres, pour ma part j’avais une sensibilité plutôt Deffarès... Après pour être sincère, mon meilleur souvenir de mon passé d’ethnologue, ce n’était pas les conférences et séminaires, mais les séjours à l’étranger. Je suppose que c’est un peu votre cas ? Même si je ne nie pas que l’enseignement a son charme et est même essentiel. » Glissera Otmar complice et pensif à ce sujet, presque nostalgique ?

Quoique en vérité, il lui arrivait encore de voyager aujourd’hui, depuis qu’il était dans la politique et après, même si pas forcément dans les mêmes cadres. Pas qu’ils étaient moindres, même si différent. Mais il chérissait ses souvenirs de voyage ethnologique à l’étranger, à Ikhyld, en Akkaton, dans les Duchés, même si surtout auprès de tribus elfiques d’Eïrn ou nagates du grand désert. Il se souvenait des amitiés qu’il avait put y nouer, des mondes culturelles inédits qu’il avait put explorer. Mais aussi, quelques souvenirs à la fois plus amers et doux à la fois.

En vérité, il se demandait bien quel serait l’après, suite à son mandat, encore un peu de politique ? Un métier de sénateur ou se retirerait-il ? Si c’était le cas, il ne serait pas contre d’alterner entre les séjours dans sa demeure de campagne, ou bien auprès des tribus nagas ou elfiques auprès desquelles il avait lié beaucoup d’amitiés.

« Il est vrai, qu’entrer dans les esprits des premières peuplades, même avec un savoir faire nécromantique aiguisé est impossible quasiment, il y a bien des choses du passé qui sont perdues, mais d’un autre côté je pense qu’elles vivent encore. Ne sommes nous pas leurs héritiers après tout ? Si le sens de cela c’est perdu avec le temps, l’étude pour en redécouvrir le plus possible, nous permet autant de mieux connaître nos origines, que le chemin qui nous as guidés jusqu’à aujourd’hui. » Ajouta t-il sinon pensif.

C’était là, bien des questions qu’il avait put se poser, aussi bien à ses débuts, que plus tard ou même encore aujourd’hui quand il avait du temps pour cela. Puis adressant un sourire encourageant et calme à la jeune femme pleine de potentielle, avant d’ajouter. « J’aurais tendance à penser, que rappel visible ou non de notre existence, l’héritage de chaque peuplade ne s’éteint jamais vraiment, mais qu’il continue à vivre directement ou indirectement, aussi bien chez ses successeurs, que parmi le monde qu’elles ont marquées. » C’était sans doute une façon de penser assez optimiste et légèrement romancé à ce niveau, mais il trouvait cela aussi, porteur de certains espoirs agréables qu’il ne refusait guère.

Quoiqu’il en soit, alors qu’il était assit calmement, sur un chêne qui avait poussé sur une des innombrables îles flottantes de ce plan où la notion de gravité, était si subjective que voler et atterrir, était plus un effort de penser, qu’un véritable effort physique… Il écouta attentivement ce que la jeune dame avait à dire, bien des rêves et du potentiel, voilà ce qu’elle avait, il espérait en tout cas qu’aucun deux ne serait déçu et optimiste, se disait qu’il n’y avait pas de raison que ça le soit justement…

« Nous avons pris quelques appareils photographiques je crois ? Il va falloir un peu de temps pour prendre quelque clichés, ou bien préférez vous dessiner à la main les paysages que nous contempleront ? » Dira t-il alors amusé à ce sujet, ce avant de reprendre plus sérieusement.

« Ceux qui ouvrent la voie, ont le mérite de l’ouvrir, ils font des erreurs que ne feront pas ceux qui les suivront, ils prennent des détours imparfaits aussi vers la construction de ce nouveau savoir, mais tel est aussi bien leur fardeau, que leur satisfaction. J’ai ressenti aussi quelques fois ce frisson, mais par la suite cela est remplacé la satisfaction, celle d’avoir ajouté une pierre à l’édifice de la connaissance. » Essayait-il d’être encourageant, sans doute ? Il se permit même d’ajouter calmement.

« La vie est faîte de toute et d’espoirs, moi aussi je doute encore beaucoup, j’espère aussi. J’espère de ne pas me fourvoyer moi-même par exemple, je doute quant à certains de mes choix, je me demande comment on se souviendra de moi, je me demande aussi si je suis à la hauteur. Vous savez, c’est impressionnant de rencontrer en face à face l’impératrice d’Ikhyld et sa cour, dans toute sa splendeur magique et de se mettre à la hauteur, de faire comme si on était égal, mais aussi de ne pas être dépassé. Mais c’est mon devoir, car je représente quelque chose de plus grand que moi. » Disons que soit c’était ça, soit il avait un sacré égo, et aux dernières nouvelles il ne se comportait pas comme un énorme narcissique. Puis, amusé, il ajoutera aux excuses de la dame.

« Oh, je fais cet effet à pas mal de monde… Plus sérieusement, nous sommes des animaux sociaux, avec des rapports complexes, je présume que le fait que je sois amical, mais que vous ne me voyez pas tous les jours et que je n’ai qu’une influence très lointaine sur votre vie, aide à avoir confiance ? Cela ou bien mon âge et le fait que j’écoute sans juger ? » Spécula t-il, avant d’ajouter amicalement.

« En effet, ça ne se fera pas seule. » Dirait-il en sautant de sa branche pour s’envoler et se diriger ensuite en direction de l’île où leurs compagnons d’aventure s’était installés. « Je vous suis ! » Dira t-il alors à la jeune femme, puis au bout de quelques minutes ils arrivèrent à destination, pour tout dire ils ne cherchèrent pas à foncer à toute berzingue vers leur destination, ce pour éviter des évènements fâcheux…

Ce pour tomber sur une structure en ruine, proche de les îles occupées par l’empire non loin qui ressemblait aux restes d’une ancienne auberge ? Otmar glissera alors avec amusement, alors qu’il rejoignait ceux qui les avaient attendus.

« Eh bien, le propriétaire de cette ancienne auberge devait se dire qu’il y avait une belle opportunité commerciale à s’installer ici, mais elle ne devait pas être si bonne… Monopole aisé certes, mais clientèle rarissime je suppose, insuffisant pour rentrer dans les frais malgré l’absence certaine d’impôts des environs... » Les ruines n’avaient pas l’air si anciennes en tout cas, quelques siècles seulement, et assez bien préservées. Otmar pensa d’ailleurs reconnaître l’odeur d’un vin particulièrement aigre… Il fallait croire que les soldats du fort proche n’avaient même pas eut l’idée de venir fouiller les lieux. « Alors, comment vont vos mesures mes amis ? » Finira t-il quoiqu’il en soit, par demander plus sérieusement.
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyVen 17 Sep - 15:53



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 11H
Près de l'avant-poste principal, dans le plan du vent

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Quatrième élément.



« Qui n'a pas peur de se perdre dans les tourbes et de reconnaître
ses fautes reste lui-même et n'a point à craindre de perdre
sa justice et sa pudeur. »

« Je l'avoue, j'aime à part égale les amphithéâtres et les ruines », répondis-je, une main collée contre ma nuque. « J'aime autant les étudiants que les monceaux et fragments que l'on trouve dans les villes et les temples. Un jour, j'ai conversé avec un vieil homme dont les yeux brillaient toujours de l'éclat subtil de l'intelligence. Il m'avait parlé d'un lac d'eau saumâtre, en plein désert, entouré par des hunes de sable qui s'étendaient sur des longueurs infinies : la légende voulait que des animaux – des opossums, des émeus et d'autres créatures qui n'existent plus – voyageassent dans ces immensités pour trouver de l'eau claire. Mais une fois arrivés au lac, ils avaient beau creuser, il n'y avait que de l'eau teintée par le sel, donnant ainsi à ce bassin une funeste réputation. »

« Malheureusement, le nom de ce lac a été perdu entre les époques et, quand bien même il aurait bien existé, rien ne nous garantit qu'il existe encore. En tout et pour tout, nous pouvons considérer ce lac saumâtre comme disparu, survivant seulement dans quelque mythe fécond », soulignais-je avec un air qui paraissait docte. « Je n'aurais donc jamais eu vent de cette légende sans cet aimable nestor. Vous le dites bien, la transmission a autant d'importance que la vue optique première. » Bien sûr, les voyages étaient pour moi des sorties bienvenues de mon quotidien. Je sautais régulièrement d'Akkaton à Ikhyld, lorsque les circonstances me le permettaient, profitant de chaque séminaire, qu'il fût central pour mes recherches ou non – pour prendre la route. Les paysages avaient sur moi un charme indéfinissable, comme le spectacle envoûtant des vagues successives de nuages, venant de tous les côtés, pour se heurter contre les îlots et rouler les unes sur les autres.

« J'ai pris mon matériel de dessin, puisque j'ai, depuis ma tendre enfance, l'habitude de croquer des paysages et architectures, dis-je en tapotant ma sacoche du bout des doigts. Le reste de l'équipe scientifique a néanmoins des appareils qui nous permettent une plus grande fidélité, bien sûr. » Je défis les sangles de mon sac et sortis mon calepin, avant de tourner quelques pages. Si mon carnet était plutôt neuf, les premières pages étaient couvertes de vues transversales de l'Université d'Argent et des flèches qui composaient la capitale d'Ikhyld. J'arrivai enfin à la dernière page avec une esquisse. « Pendant que vous preniez les mesures préliminaires, j'ai eu le loisir de mettre à l'encre les premières impressions que j'ai eues du plan du vent », commentai-je avec une douceur pour mon propre travail. Des stries horizontales parcouraient la feuille blanche, en des nuances de verts, comme si j'avais jeté de la peinture avec un coup sec de pinceau. Des petits traits colorés mimaient les feuilles qui s'arrachaient aux branches, sous les bourrasques incessantes qui circulaient autour de nous. « Certes, ce n'est qu'une vue de l'esprit – et plutôt abstraite, il faut l'avouer –, mais c'est sûrement l'image que je veux conserver dans mes archives de cette première expédition », ajoutai-je en tendant l'esquisse à l'empereur, pendant que nous continuions à parler.

« Il me semble, en effet, que c'est la relative distance de nos influences qui aide à ce contact honnête, acquiesçai-je avec une certaine lenteur, comme si je rassemblais mes pensées et cherchais mes mots. Vous parlez aussi de détours imparfaits et j'y vois la marque d'une certaine honnêteté de l'esprit, d'une indulgence du cœur et d'une candeur sceptique. Qui n'a pas peur de se perdre dans les tourbes et de reconnaître ses fautes reste lui-même et n'a point à craindre de perdre sa justice et sa pudeur, c'est-à-dire son humanité. C'est là où l'on reconnaît son prochain. »

Peu après, nous nous mîmes en route, dépassant les quelques îlots flottants à peu près plats, qui ponctuaient le paysage aérien. Nous arrivâmes, après avoir plané pendant quelques minutes, à une auberge où l'équipe scientifique avait installé ses quartiers. Paul Ezenbar se disputait toujours avec Maxence Dufour, non pas au point de vociférer quelques injures, mais assez pour que ni l'un ni l'autre ne souhaitât laisser le moindre bout de terrain à son homologue.

Ils se trouvaient dans la cour du bâtiment en ruine. Les toits de l'auberge étaient encore chapeautés par des petites tuiles brunes. Des croûtes de lichens et des colonies de mousse, aussi bien vertes que grises, pointaient entre les interstices et avaient soulevé l'ardoise, fragilisée par les siècles. En entrant dans le cloître, j'apercevais les restes du mur de gauche, effondré sous son propre poids. Les pierres avaient été étranglées par la pluie et les brèches avaient eu raison du ciment. À droite, les deux étages – tout du moins, ce qu'il en restait – de la gargote étaient surmontés d'une petite tour au toit vermoulu, signe que le propriétaire avait dû avoir suffisamment de moyens pour se permettre une telle hauteur, ce que confirmaient de toute façon les pierres de taille utilisées. Une odeur de vin était encore perceptible, bien que désagréable, mais elle permettait d'imaginer un temps où des plats mijotés toute la journée accompagnaient des pichets remplis du liquide rubis. Tandis que mes yeux se perdaient entre les herbages du fond de la cour, je percevais quelques mots échangés entre l'empereur et les deux scientifiques.

« J'ai donc divisé la différence par une estimation de la pression atmosphérique, ce qui nous permet de séparer les variables et de résoudre par une équation homogène... » commença Paul, avec son air gaillard habituel, avant d'être coupé par Maxence, peu intéressé par les jérémiades vindicatives de son collègue qui suivirent. « Pour faire simple, Monsieur, oui. Il nous faudra sans doute plusieurs jours de travail pour ajuster le modèle, mais nous pouvons être optimistes. Du reste, la cartographie peut commencer et je suis sûr que le reste de l'équipe est impatient de s'y mettre. »

J'écoutais tendrement le désespoir de Maxence, toujours contraint de calmer les ardeurs intellectuels de notre camarade. Emilia Vialena s'était assise sous l'un des arbres de la cour et vérifiait les échelles de sa carte. « Tu me parais bien fatiguée, Emilia, pour un début de journée. Lorsque nous rentrons, il faudra que tu m'accompagnes chez moi, pour que je puisse te préparer un vrai thé et te dorloter », soufflai-je en me glissant auprès d'elle.

À vrai dire, Emilia ne s'était jamais habituée au climat d'Akkaton et elle voyageait encore plus souvent que moi, ce qui la fatiguait énormément, et je pouvais voir, aux froncements de ses sourcils, qu'elle faisait beaucoup d'efforts pour rester concentrée et maîtresse d'elle-même. Si elle était toujours attentionnée et s'acquittait aussi bien de ses charges d'enseignement que des tâches administratives, la géographe se délitait doucement. Je passais sur son épaule et massait doucement ses muscles tendus.

« Tu as toujours été douce avec moi, Élé, mais je t'assure que ça va, répondit Emilia avec un ton galant. Je ne suis pas vieille au point que tu doives me faire manger à la petite cuillère !
Eh là, pas de ça entre nous, Emilia, s'il te plaît ! fis-je d'une voix faussement interloquée, en enlevant ma main de son dos, comme pour feindre un étonnement. Nous nous connaissons depuis des années et il n'y a rien que je ne ferais pas pour toi. Tu as été là lorsque j'étais noyée dans mes cours et il me semble juste de te rendre la pareille ; je ne le voudrais pas autrement.
Ah, regarde-toi, Éléonore ! Je me souviens de ta nomination à l'université, alors que j'avais été la jury de ton oral. Tu as toujours été comme une petite sœur – et cela le restera, quoi qu'il advienne –, mais tu es si grande et si assurée, aujourd'hui. Rien ne me rend plus fière que de te savoir à la tête de l'équipe scientifique. Elle s'arrêta et continua d'une voix plus douce. Aujourd'hui, tu as l'oreille de l'empereur et des doyens de l'Université d'Argent, mais tu es restée la jeune femme affable et soucieuse des autres. »

Je souris et posai indolemment ma tête sur l'épaule de mon amie. Car nous étions devenues amies avec le temps et il y a un charme indescriptible à partager une aventure unique avec les personnes que l'on apprécie. Tout à coup, un grondement sourd emplit l'air autour de nous. Je sursautai et la carte brune tomba des mains d'Emilia. L'îlot sur lequel nous nous trouvions trembla, comme s'il avait été frappé par la foudre. Quelques pierres furent expulsées du mur et le fronton de l'auberge était secoué comme du linge que l'on aurait oublié de rentrer avec la tempête. Le bourdonnement dura pendant plusieurs secondes encore, tandis que nous nous regardions tous cois.

« Qu'est-ce que c'était ? » demandai-je à l'ensemble de l'équipe scientifique, le souffle couplé, alors qu'une grande ombre passa au-dessus de nous.






HRP Dessin:

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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptySam 18 Sep - 18:28
« En effet, et s’il ne vous l’avait pas transmis oralement, il n’y aurait eut que l’écrit pour conserver trace de ce récit. Ce qui malheureusement, n’est pas possible pour tous les savoirs. » Glissera Otmar avec un aimable sourire au sujet de l’histoire du lac disparu que lui conta la jeune femme, histoire que celle-ci avait apprise de la part d’un vieil homme, le tout étant un exemple pour démontrer que la transmission avait en effet une grande importance. Sans doute pensa Otmar, que c’était aussi pour cela qu’il y avait une fierté rare quant à la pratique de la profession d’enseignant… Ou de tout autre métier ayant pour but principalement justement, de conserver et transmettre la connaissance.

D’une certaine manière c’est ce qu’il avait beaucoup fait par le passé, qu’il faisait encore avec sa fille, mais il aimait aussi beaucoup apprendre. De plus, au fond de lui il aimait se dire que si tous pouvaient boire à satiété à la coupe du savoir, cela pourrait sans doute avoir de bon résultats, une amélioration du sort de chacun et une plus grande sagesse commune. Du moins, tel était l’optimisme dont il désirait faire preuve.

« Pour ma part, j’ai pris mon calepin pour prendre quelques notes, à défaut de savoir dessiner aussi bien que vous. » Glissera sinon Otmar à ce sujet en lançant un regard au dit calepin qu’il n’avait pas encore commencé à remplir de notes, il le sortit juste pour la forme, avant de le reglisser dans une poche de sa veste, pour ajouter amusé. « On ne prend pas que des bonnes habitudes quand on est ethnologue. Pour éviter de perturber ceux que je fréquentais au quotidien pour étudier leur société, j’évitais de prendre des notes en même temps, ce qui faisait que je le faisais le soir et non en même temps que j’apprenais. » Avant de reprendre avec appréciation, alors qu’il regardait si elle l’y autorisait, les dessins de dame Eleonnore. « Si jamais vous écrivez un ouvrage au sujet de vos excursion dans ce plan, ça pourrait faire une bonne illustration. Du moins plus poétique que si vous laissiez la maison d’édition faire. » Son sourire devenant légèrement complice, il ajouterait ensuite.

« Vous êtes peut-être plus méliorative à mon égard que je le mérite, mais j’apprécie savoir avoir votre estime. Que nous sommes nous après tout seuls ? Nous sommes autant le résultat de nos passés, que de nos interactions avec notre prochain. Chef d’état, cuisinier, universitaire, soldat, écrivain, nous sommes tous reliés par les toiles d’araignées de la société. Cela est autant notre gloire, que notre humilité. » Ce avec une légère emphase, puis ils se mirent en route…

Visiblement leurs compagnons d’aventures n’avaient pas chômés, bien au contraire, et très rapidement suite à ces questions, Otmar vu avisé de diverses données scientifiques auxquelles il ne comprenait pas tout, sans être ignare, mais qui semblaient intéressantes. Quoiqu’il en soit, il comprit surtout que ça durerait plusieurs jours, d’ajuster leur modèle, mais n’empêcherait pas de commencer l’exploration dès aujourd’hui. « Prenez votre temps, d’autant plus si cela ne nous met pas à l’arrêt, je gage en tant que cette expédition va être fort satisfaisante, au vu d’un tel enthousiasme à la tâche de votre part. » Glisserait-il donc aimable et avec le désir de motiver. Après tout il ne serait pas d’une grande aide pour les calculs, mais bon c’était bien pour cela qu’ils étaient là.

Puis, alors qu’Otmar écoutait d’une oreille les deux hommes converser et lui expliquer la chose, lui aussi sentit l’île sur laquelle ils étaient trembler. Un tremblement de terre ? Très improbable, ils étaient dans le plan élémentaire du vent… Une tempête ? Il n’espérait pas, mais bien vite le regard observateur d’Otmar, un peu trop habitué à détecter un danger pour être celui de quelqu’un qui n’avait pas connu quelques périls, vit ce qu’il en était exactement…

Un immense oiseau, aux proportions titanesque les survola. La créature devait dépasser en masse et taille les plus grandes dracosires occidentaux qui pouvaient pourtant être haut de 20 mètres, dressés sur leurs quatres pattes, autant dire qu’elle était quasiment plus grande que l’île sur laquelle ils étaient…

Un oiseau qui n’était pas un « simple oiseau », ils purent voir que la créature ne semblait pas faîte de chair, mais ressemblait plutôt à un immense amas de pierres et métaux verts comme le jade, sans en être, gravé de runes gigantesques. Une sorte de gigantesque golem ? En quelque sorte…

Otmar dirait alors en voyant la créature se diriger vers les ruines qu’ils voulaient visiter, ce pensif. Il n’avait l’air étrangement pas inquiet, soit il le cachait bien, soit il avait vu aussi gros et imposant, soit il ne considérait pas cette créature comme « dangereuse ». Quoique si elle l’était, mais était-elle hostile ?

« Je crois que nous sommes fort chanceux, nous venons de contempler un seigneur élémentaire mes amis. Un des plus imposants et puissants être élémentaire que l’on peut trouver dans ce plan et dans les autres… Je ne sais pas combien ils sont, mais on en croise pas tous les jours. » Ayant du mal à décrocher de la vision de l’être élémentaire qui avait finit par atterir sur une des îles qu’ils voulaient visiter, pour faire il ne savait quoi, Otmar arriverait finalement à s’en détourner, pour dire amusé.

« Ils ne sont pas hostiles par nature de ce que je sais… Et capable de comprendre les propos des atmas et même de parler. Aller voir celui-ci pour discuter serait une sacrée aventure, mais pas suicidaire. Il suffit d’êtres respectueux. » Proposait-il cela ? Visiblement l’empereur était assez audacieux, après ce ne devait pas être la première fois qu’il converserait avec quelque chose beaucoup plus grand que lui, l’empire Akkatonien comptait après tout son lots de dragons...
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMar 21 Sep - 0:51



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 11H
À l'intérieur de la base de recherche, dans le plan du vent

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Cinquième élément.



« L'idée qu'un seigneur élémentaire fut notre première rencontre
avait un côté assez chimérique, qui doit bien étonner le lecteur. »

Une immense figure avait traversé les cieux de part en part, couvrant d'obscurité l'îlot sur lequel nous nous trouvions. Sa large envergure défiait quiconque posait les yeux dessus et les pierres avaient tremblé à son approche. Emilia s'était accrochée à moi et je recouvrais encore sa tête de mes bras, tandis que les secousses se calmaient. Je m'adossai à l'arbre, la respiration hachée et les traits tirés. Otmar Ehrlich Deffarès semblait le seul à prendre un certain plaisir dans ces développements. Certes, les vibrations ne causèrent que des dégâts très superficiels – et seulement aux structures annexes des ruines, pas au matériel scientifique, de toute façon conçu pour résister aux aléas divers –, mais une telle apparition avait de quoi frapper le spectateur moyen, de sorte qu'il fallait reconnaître un sang-froid et une certaine hardiesse de l'âme à l'empereur.

« Un seigneur élémentaire... » répétai-je à voix basse, tout en m'assurant que ma camarade n'avait pas été blessée par les éclats de pierre. Les élémentaires, comme je l'avais appris dès mon adolescence, était des coalescences d'énergie élémentaire. S'ils pouvaient être considérés comme des êtres vivants, il était difficile de leur accorder une conscience, tant ils tiraient davantage de la machine que du règne animal. Dans de rares cas, néanmoins, il arrivait que la concentration d'énergie façonnât une créature bien plus importante, douée d'une certaine intelligence et complétée par une sagesse que leur permettait leur longévité exceptionnelle.

Je laissai mon regard traîner sur cette masse de vent et de roches, lézardée par des signes brillants que je n'arrivais pas à déchiffrer. Elle s'éloignait dans l'horizon nuageux et disparut derrière un promontoire, sur une île non loin de la nôtre. « L'occasion est belle et des témoignages de premier ordre se marieraient fort bien aux mesures que nous collecterons », répondis-je à l'empereur, autour duquel nous nous étions tous regroupés. Paul Ezenbar semblait davantage intéressé par le matériel technologique qui avait été secoué quelques moments auparavant et je suspectais qu'il n'avait même pas remarqué la créature volante, trop soucieux de ses propres recherches.

La frénésie du savoir a des charmes subtils et on a tôt fait de s'abandonner dans les obsessions des savoirs, fuyant les choses du siècle et tout le reste. C'était ce que je reprochais toujours à Paul : assailli par la science, il avait fini par en faire une vision continue, jusqu'à devenir oublieux de ce qui l'entourait. Bien sûr, nous acceptions sa quête sans fin pour le savoir – pour la simple raison que son esprit était fort aiguisé –, mais l'ensemble du corps professoral devait souvent repasser derrière ses responsabilités administratives et publiques.

« Quoique nous sommes accompagnés de quelques soldats en armes, nos intentions sont d'ordre scientifique et, pour le moment, strictement pacifiques. Engager la discussion avec ce seigneur élémentaire ne devrait donc pas être si difficile », ajoutai-je en insistant sur le fait que je n'avais d'autres responsabilités que la direction de l'équipe scientifique et que je ne cautionnais donc pas – en mon nom et celui de mes collaborateurs – des éventuels motifs ultérieurs de militarisation. Ma voix n'avait guère de poids, outre le respect que commandait ma position dans l'expédition, mais je me complaisais à jouer les parapets.

Du reste, la chose fut vite décidée : l'empereur devait diriger un petit groupe pour entrer en contact avec l'élémentaire. Pour ne pas le brusquer, l'assemblée serait assez mince. En plus de ma personne, Emilia s'était jointe à nous, ainsi qu'un transcripteur et deux gardes impériaux.

Nous prîmes une collation rapide à base de poisson séché et de fruits avant de partir. Au-delà de ces écumes blanches formant des dunes célestes, s'étendait une île volante plus large que les autres, sans doute de plusieurs centaines de perches. La roche qui la composait semblait particulièrement vieille, mais bien taillée par les éléments. Elle avait une forme ovoïde et nous faisait face par une sorte d'esplanade, qui descendait doucement dans le vide. Sur cette immense plate-forme, de grands arbres avaient poussé, assez proches les uns des autres pour constituer un semblant de forêt. Tandis que nous nous approchions de l'île, des points bleus et roses apparaissaient dans la végétation, fleurs d'un pays inconnu. Mon œil se perdait dans le feuillage garni et Emilia dut me prendre plusieurs fois par la main, afin d'éviter que je ne fusse emportée par des courants d'air plus retors que d'autres.

Arrivés sur l'île, nous nous arrêtâmes quelques minutes pour prendre connaissance des lieux et observer le camp installé par les scientifiques : il semblait si loin derrière nous ; car l'île sur laquelle nous nous trouvions était une étendue assez massive, mais l'auberge était posée sur un petit segment de roche, se perdant ainsi dans l'azur blanchâtre des cieux. Une fois assurés d'être à l'aise, nous nous mîmes en marche. J'ouvrais la voie avec l'empereur, dont l'expression était toujours déchiffrable, quoique pointassent des éclats de curiosité dans ses yeux ocres.

Des sortes de fumerolles s'élevaient de la frondaison, à quelques centaines de mètres de nous : « Il s'agit sans doute des reliquats d'énergie venteuse qui émanent du corps – ou peu importe comment vous voulez appeler cela – du seigneur élémentaire », remarquai-je, tandis que nous grimpions le sol inégal vers la petite forêt, qui balançait selon les caprices du vent.

« Le granit de cette île est très particulier, pensa Emilia à haute voix. Il est bien différent de ce que j'ai pu voir sur les autres îlets que nous avons traversés. Je me demande si c'est l'influence élémentaire de ce seigneur qui a pu changer l'organisation de la pierre.
Tout du moins, il est certain que cette île est plus âgée que les autres, répondis-je en évitant les technicités proprement géologiques. La végétation semble avoir crû depuis des époques bien antérieures à notre auberge. Mais quelle causalité, alors ? Est-ce parce qu'elle est plus ancienne que le seigneur élémentaire y réside ou est-ce parce qu'il s'y trouve que cette roche a perduré dans le temps ?
Ou peut-être ni l'un ni l'autre ! gloussa gentiment la géographe, avec une main devant la bouche, ce à quoi je me contentais de hausser les épaules avec une componction feinte et un léger sourire. »

Suivre la trace du dominateur de lieux n'était pas une affaire difficile. Une pression formidable, bien qu'indicible, se faisait sentir au fur et à mesure que nous avancions, signe que nous allions dans le bon sens. Jusqu'ici, nous n'avions guère vu les résidents du plan, si ce n'étaient quelques élémentaires plus banals – pour autant que la vue des élémentaires pût être banale, même à un œil ikhyldien –, qui étaient toujours restés à bonne distance. L'idée qu'un seigneur élémentaire fut notre première rencontre avait un côté assez chimérique, qui doit bien étonner le lecteur.

Après quelques minutes de marche, la forêt se dissipa en une très large arène verdoyante, où les herbes s'élevaient librement. En son centre, une stature colossale nous accueillit. Ma main se portait instinctivement à ma ceinture et ma paume se posa sur le pommeau de ma rapière. Je savais bien qu'il convenait de ne pas montrer de signes d'hostilité, mais la vue d'un tel titan, primat d'énergie élémentaire, était une nouveauté pour mes yeux d'historienne et mes réflexes de survie souhaitaient prendre le dessus. Je tâchais néanmoins de me calmer et de focaliser mon regard sur la physionomie de l'être mystique.

C'était une créature de chair et de pierre. Les deux étaient inextricablement liés, ne fût-ce que par les sigils qui parcouraient ce corps gigantesque et qui pulsaient d'une énergie féconde et primaire. Le seigneur du vent avait la tête d'un oiseau, dont le bec ployait doucement vers le sol et finissait en une pointe acérée ; s'il n'avait pas de plumage à proprement parler, une immense paire d'ailes était repliée dans son dos, puissants membres qui lui permettaient de fendre l'espace et de brusquer les courants d'air sur son passage, comme nous en avions fait l'expérience. De tièdes tourbillons zéphyriens entouraient sa figure paisible, mais le regard de l'élémentaire perçait à travers la brume. Une lueur bleue galvanisée sortait de ses iris et nous transperçait de part en part, si bien que j'eusse l'impression de chuter continuellement, alors même que mes deux pieds étaient bien ancrés dans le sol. Le reste du groupe ne s'en sortait guère mieux et était aussi tétanisé par cette inhumaine constriction.

Je me tournais vers Otmar Ehrlich Deffarès, qui nous rendit un œil bienveillant, et lui demandait du regard ce qu'il nous restait à dire ou à faire.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMar 21 Sep - 18:06
Les seigneurs élémentaires étaient des créatures bien singulières, cela Otmar en avait conscience et ça le fascinait d’une certaine façon, notre homme était après tout un amoureux de l’altérité d’une certaine manière, donc pour lui la différence de taille avec cette créature pouvait certes intimider, mais pas décourager et… La forme de vie bien différente qu’était un élémentaire par rapport à lui attirait sa curiosité. D’abord et avant tout, le curiosité de voir comment elle se comportait, voir s’il pouvait sympathiser avec, et peut-être apprendre d’elle ?

Il aurait sans doute pensé ainsi de n’importe quel type de seigneur élémentaire d’ailleurs, feu, eau, terre, lumière, ténèbres, ils pouvaient tous êtres intéressants à rencontrer et sans doute réceptifs à une discussion ? Mais le vent comme chaque élément avait son caractère singulier… Peut-être même que le seigneur élémentaire serait du genre assez bavard ? Quoique présumer de cela serait s’avancer un peu.

Quoiqu’il en soit l’homme était peu intimidé par la chose, malgré le fait que si la créature avait eut la volonté de l’écraser au moment où elle était passée non loin de lui, ça aurait été très aisé pour elle. C’était sans doute dû à une certaine expérience du contact et dialogue avec des créatures très imposantes comme les dragons. Cela ne l’empêcherait pas de possiblement prendre peur en cas d’affrontement, mais en attendant sa curiosité prenait le pas...

Une partie enfantine de lui se disait même qu’il aimerait beaucoup l’idée d’avoir un ami titanesque à venir voir de temps en temps et discuter, ce dont il n’avait pas vraiment le temps actuellement avec son mandat, mais… L’idée lui plaisait assez.

« Il faut espérer que notre futur, nouvel ami, si je puis m’avancer sur ce fait, soit du genre assez bavard. Mais heureusement, les élémentaires de vents quand ils sont doués du don de parole, son rarement les plus taiseux. » Glissera Otmar pensif alors suite aux propos de la jeune Eleonnore qui appréciait son idée. En effet, même si chaque esprit ou seigneur élémentaire avait ses singularités, aussi bien au niveau physique que caractère, l’élément duquel ils étaient fait influençait leur caractère justement. Si cela n’avait aucune incidence sur leur prédisposition à la bienveillance ou non, les êtres de vents détestaient par exemple qu’on leur donne des ordres ou directives, les exceptions à ce sujet étaient même rares.

Après, Otmar n’était pas spécialise des élémentaires, c’était un domaine de savoir vaste et très approfondit comme bien d’autres, très apprécié d’ailleurs de certains mages dans d’autres pays. Il savait juste en grande partie ce qui quiconque assez curieux pour avoir voulu se renseigner un peu à ce sujet saurait. Il savait aussi que dans les temps anciens ce genre d’êtres avaient été vénérés comme des dieux, mais ce seigneur élémentaire avait-il déjà vécu assez longtemps pour connaître cette période ?

« Je pense au vu de la différence de taille et notre faible nombre, que la présence d’un ou deux soldats ne le gênera guère, ce n’est pas comme si nous représentions un véritable danger pour lui après tout. » Dira sinon Otmar pensif, à ce sujet, ce avant d’ajouter aimablement. « Si nous faisons preuve de respect, il ne sera sans doute pas fermé à notre présence. Je préfère par contre prévenir, les êtres de vent sont connus pour êtres prompts à très rapidement changer d’humeur… Ils peuvent aussi bien devenir furieux en une seconde, que s’apaiser, c’est autant une bonne, qu’une mauvaise chose pour discuter avec. » Du moins, si on se faisait à un tempérament assez instable…

Quoiqu’il en soit, un petit groupe fut donc formé pour aller voir le seigneur élémentaire, deux gardes impériaux qui semblaient assez stoïques à cette idée. Sans doute que malgré la peur qui risquait d’être leur en cas de combat, il ne perdrait pas de vue leur devoir de protéger la personne impériale et les citoyens l’accompagnant et… Lui, dame Eleonnore, dame Emilia et un transcripteur.

Ils prirent évidemment la peine de manger avant, un repas rapide et efficace qui ne dérangea guère Otmar, puis s’envolèrent ? Avec prudence, après tout même s’ils allaient voir un seigneur élémentaire, il valait mieux faire attention en chemin, au cas où ils ne tombaient par sur de simples élémentaires de vents indifférents. Certains l’étaient même tant, qu’ils passèrent à travers les atmas du plan matériel sans même prendre la peine de modifier leur trajectoire…

Puis ils arrivèrent sur la fameuse île où s’était posé le titan élémentaire, une île contenant une végétation singulière et l’équivalent d’une petite forêt. Sans doute bien des plans dont les grains avaient été heureusement déposées par ici avec le temps, avant d’arriver à fermement s’agripper à l’île. Cela offrirait un certain couvert contre la brise pensa Otmar, chose appréciable.

Ils jetèrent par curiosité un regard, vers l’île dont ils étaient venaient, et Otmar se fit la réflexion amusante qu’au bout de quelques jours dans ce plan, revenir dans celui matériel où ils ne pouvaient pas voler sur commande et où la portions de terres n’étaient pas des îles flottantes dans un vide remplir d’air et de vent serait presque étrange…

« Des reliquats ? En effet, il est dommage que nous n’ayons pas de mage du vent à disposition pour discuter avec de cela, je me demande aussi s’il sa masse n’est pas bien plus légère qu’il n’y paraît. » On pouvait après tout avoir des surprises avec les créatures de vent, comme des créatures pesant quatre, à dix fois moins lourd qu’elles ne le devraient…

« Je suppose qu’il serait aussi disposé si nous avons son appréciation, à répondre à des questions sur cette île… Je suppose que vous aurez l’occasion de lui demander vous même dame Emilia. » Glisserait t-il sinon encourageant, il se fit sinon une réflexion annexe. Il, ou elle ? Les créatures élémentaires n’avaient pas de sexe après tout de base, mais certains après avoir fréquentés les mortels finissaient par se définir ainsi, rarement fallait-il noter. Ferait-il parti de ces « rares » ou non ?

Puis, ils finirent en vue du seigneur élémentaire, en débouchant sur une immense clairière, en quelque sorte du moins où se tenait le seigneur élémentaire qui semblait, méditer ? Ou du moins pensif. Otmar, qui se surprit à avoir porté sa main au niveau de là où se trouvait une arme à feu qu’il portait sur lui, sans doute pour se rassurer légèrement, éloigna ensuite celle-ci comme si de rien n’était et étudia le titan du regard…

Ce dernier était majestueux, impressionnant et singulier, il ressemblait à un oiseau sans en être vraiment un, car il n’avait probablement ni leur instinct prédateur, ni leurs besoins physiologique. La créature leur faisant face était une forme de vie singulière ne connaissait ni la faim, ni le sommeil, ni le besoin de se reproduire, c’était une créature du vent répondait à bien d’autres stimulus.

Une créature de vent qui les observa avec intensité, et Otmar crû le percevoir, une pointe de curiosité et de hâte ? La créature titanesque se demandait sans doute ce que ces êtes du plan matériel faisaient ici et… Otmar en avait le sentiment, s’ils n’ouvraient pas la conversation d’abord, elle le ferait elle-même.

Néanmoins l’empereur décida de s’avancer d’abord, de quelques pas, assez audacieusement pourrait-on dire car le titan pourrait aisément tenter de l’écraser ou autre, mais avait-il une raison de le faire ? Quoiqu’il en soit Otmar s’arrêta à une distance respectueuse, mais assez proche du titan, avant de dire après s’être légèrement incliné.

« Honoré seigneur élémentaire, vous ayant aperçus alors que nous nous affairions sur une île proche, nous désirions venir vous voir pour aussi bien vous porter hommage, qu’entretenir une conversation avec une sage et ancienne créature comme vous. » La politesse y était, ainsi que la déférence. Et la réponse à tout cela fut assez rapide.

Sous la forme d’une voix, qui sonnait comme une tempête contenue et maîtrisé, paisible mais extrêmement puissante, comme prête à les emporter s’il perdait patience, les mots semblaient alors plus s’insinuer dans les oreilles des Atmas, que les percuter, comme une brise certes puissante, mais fluide.

« Cela me convient petites êtres, mais les hommages sont inutiles. Je n’ai rien fait vous concernant les méritant. Sachez sinon que j’ai choisis de me nommer Allezïr et vous, comment vous nommez vous ? » Visiblement la créature tenait à savoir comment ils s’appelaient… Otmar dirait alors respectueusement.

« On me nomme Otmar Ehrlich. » Puis il laissera les autres se présenter, puis la créatures élémentaire dirait. « Vous désirez donc converser avec moi ? Soit, la curiosité est réciproque. Posez vos questions, mais j’en poserai d’autres en retour. » Son regard se porta alors vers Eleonnore, à laquelle il dira. « Commencez donc, n’ayez pas peur, approchez vous » Le seigneur élémentaire avait alors baissé la tête, pour être plus proche de leur niveau, ce qui pouvait intimider assez, mais n’était pas fait dans cette intention visiblement. Comme s’il voulait les mettre en confiance.

Et sans doute que suite aux propos d’Eleonnore, il ferait ce petit ménage avec tout le monde, y compris Emilia, le transcripteur et les deux gardes impériaux. Quoiqu’il en soit, au moins le titan n’était guère fermé au dialogue.
Otmar Ehrlich Deffarès
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMer 22 Sep - 22:01



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 12H30
Sur une île du plan du vent

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Sixième élément.



« Le kith porte en lui le monde d'où il vient, qu'il a aimé
et où il retourne, même dans les espaces les plus étrangers. »

Allezïr était un nom qui avait le mérite de chanter à l'oreille. Je pus m'empêcher de sourire en pensant à la langue secrète de ma mère, puisqu'on pouvait, en faisant quelques efforts, l'apparenter à un amuïssement phénétique d'« adlicere », c'est-à-dire « attirer à soi ». Ainsi, ma génitrice disait souvent « Quum vero in hunc sensum et alliciar beneficiis hominum et compellar iniuriis », c'est-à-dire qu'elle était poussée autant par le ressentiment et la reconnaissance. Il n'y avait, bien sûr, aucun rapport entre une phrase qui n'avait de sens que pour ma mère et l'étonnante créature qui nous toisait de sa hauteur, mais l'idée qu'elle pût être douée d'une sensibilité bienveillante, pur produit de mes fantasmes, me donna du courage et me permit de regagner la maîtrise de mon âme.

« Je m'appelle Éléonore Alyster et j'étudie l'histoire des peuples », continuai-je, après que l'empereur se fut présenté, avec une douce inclinaison de la tête. Ce fut au tour du reste de l'équipée et Emilia donna son nom. Johan Barlow déclara être notre transcripteur, tandis que Maxwel Herlie et Ambre Rantzau n'eurent guère à déclarer leur profession, puisque leurs armes parlaient pour eux. Assez étrangement, c'était sur moi que l'attention du colosse se porta, sans que je pusse déterminer s'il y avait un motif caché ou si c'était seulement le fruit du hasard.

Choisir une question parmi les dizaines qui fusaient alors dans mon esprit s'avérait être périlleux. Puisque j'ouvrais le bal, je n'avais guère envie de causer à notre troupe un embarras peu nécessaire ; ainsi, je choisis celle qui me semblait être la plus vraie, la plus honnête, puisque celle-ci venait du cœur et que celui-ci est, lorsqu'il est modéré par la raison, excellent juge. « Je serais honorée de pouvoir répondre à vos questions, répondis-je en fixant le seigneur élémentaire dans l'une de deux perles brillantes qui étaient ses yeux. Pardonnez-moi si la mienne peut paraître un peu familière, Allezïr, mais n'y a-t-il pas une extrême solitude à arpenter un plan élémentaire pendant des ères indicibles ? »

J'aurais pu choisir de lui demander son âge ou n'importe quelle autre question à propos de sa morphologie unique, mais je m'étais décidée à interroger la créature extraordinaire sur quelque chose qui faisait vibrer mon cœur et dont je n'avais pas encore trouvé la réponse, pour autant qu'il y en eût une. Une part de moi cherchait désespérément une solution au paradoxe de mon âme, à la lutte contre l'entropie et la fin de toute chose. Peut-être un être légendaire, qui semblait avoir connu des temps lointains, pouvait-il répondre à mes doutes. J'ai toujours questionné l'intérêt qu'il y avait à lutter contre le temps, le coureur sans répit qui fait de nous des âmes solitaires. Y a-t-il un intérêt aux rêves d'excellence, quand ceux-là, un jour, seront réduits à la poussière de la mémoire ?

Le seigneur élémentaire resta silencieux pendant quelques instants et je crus discerner dans son expression une sorte de profonde réflexion, mais qu'une réponse ne vint. Il semblait se détourner de moi et alla plutôt interroger ma collègue. Elle fut un peu bouleversée que son tour soit venu avant que je ne pus avoir un écho à mon interrogation, mais nous comprîmes finalement que le seigneur élémentaire recueillait toutes nos questions afin de méditer dessus avant d'y répondre collectivement, sans doute dans une longue tirade. Emilia, rassurée, demanda alors : « Il y a sans doute moins d'ambition dans ma question, mais je voulais savoir depuis combien de temps vous existez, Allezïr. »

Il se détourna de la géographe, de la même manière qu'il avait faite avec moi et se tourna vers Johan. Celui-ci demanda comment un seigneur élémentaire avait appris ou était en capacité de parler en akkatonien. L'exercice recommença : Maxwel semblait être visiblement intrigué par le fait qu'un seigneur du vent soit composé de roches et non d'une tornade, pendant qu'Ambre interrogea le titan sur les différentes formes de vie que l'on pouvait trouver dans le plan du vent – la question semblait être moins l'apanage d'une biologiste ou d'une anthropologue que d'une militaire soucieuse de savoir à quoi s'attendre, bien que sa curiosité puisait dans les trois à la fois. Le cycle de questions se clôtura ainsi par Otmar Ehrlich Deffarès, sur lequel un œil bleu se fut posé.

Un vent plus fort souffla et fit valser les herbes qui nous entouraient. Une certaine solennité emplissait les lieux. Je jetais un regard sur les îles qu'on apercevait derrière le seigneur élémentaire et que le brouillard couvrait d'un rideau blanc. Quelques bourrasques soufflaient avec violence, sans que cela ne parut déranger Allezïr. Les cieux étaient chargés de bandeaux nuageux et la tempête mêlait ses gémissements plaintifs au bruit de nos espérances. Les rafales sifflaient entre les branches et je crus entendre des voix tristes sortirent de la forêt alentour. Il devait être midi, mais j'apercevais encore la rosée sur les limbes des graminées. Je pensais à Petitmont et à ses petites plaines unies, aux touffes d'alfa et aux tamarix rouges. Le kith porte en lui le monde d'où il vient, qu'il a aimé et où il retourne, même dans les espaces les plus étrangers.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyJeu 23 Sep - 19:20
Le seigneur élémentaire écouta les atmas du plan matériel se présenter un par un, ce sans les interrompre, visiblement la créature n’avait soit pas de question à poser concernant ce qu’ils venaient de dire en se présentant, soit gardait cela pour plus tard. Il était difficile d’ailleurs, de déduire en regardant simplement la créature élémentaire, le cheminement de penser de celle-ci au vu de sa nature, mais elle avait l’air plutôt calme et paisible. Mais était-ce si étonnant ? L’être ancien ne devait pas se sentir en danger, et personne n’avait fait quoique ce soit pour l’agacer pour le moment.

Quoiqu’il en soit, tout le monde se présenta donc, puis les questions s’enchaînèrent, le seigneur élémentaire préférant visiblement leur parler tous en même temps, sans doute car il ne se sentait pas l’envie de sauter d’une conversation individuelle à l’autre, donc autant les englober. Ou bien, car il n’avait pas envie de faire attendre les bipèdes avant que ce soit leur tour ? Difficile à dire, si ça se trouve ce n’était aussi qu’un caprice, ou bien un le fruit d’un manque d’habitude à faire la conversation, après tout il ne devait pas socialiser tous les jours… Du moins si le concept de jour, s’appliquait au plan élémentaire du vent. D’ailleurs, finirait par venir la question d’Otmar, qui demanderait alors poliment, avec réflexion.

« J’aimerai connaître votre opinion, sur les êtres du plan matériel comme nous, que pensez vous de notre façon de vivre, de nos actions ? » Une question assez philosophique et large, mais dont la réponse ne manquerait sans doute pas d’intérêt, n’est-ce pas ?

Mais de toute manière, viendrait le moment où Allezir répondrait, de sa voix qui sonnait dorénavant comme une brise, certes très puissante, mais tout de même assez douce à l’oreille. Tout d’abord à la jeune historienne des peuples. « Et moi je serais honoré de poser les miennes. » Ce dit avec amusement, comme s’il trouvait divertissant qu’on lui parle ainsi, sans le trouver fort nécessaire. Puis l’élémentaire, reprendrait avec douceur.

« La solitude n’est pas quelque chose que je connais, je n’ai pas le besoin de vivre avec d’autres êtres semblables à moi, comme vous, habitants du plan matériel. Les élémentaires ne naissent pas de deux parents, ils n’ont pas besoin des autres pour survivre. Certes, un élémentaire peut languir un être apprécié ou aimé selon la puissance du lien créé, mais cela est une conséquence de cette relation et non un besoin inné. Ce qui est mon cas, mais je n’appelle pas cela de la solitude, c’est leur compagnie que je languis, pas le fait d’être seul que je regrette. » Puis un temps de réflexion passa et l’être ancien ajouta. « Quant à arpenter ce plan depuis des éons, je suis une partie de ce plan, je suis issue de l’élément du vent et est l’élément du vent. Là est ma place, à arpenter là où ma volonté me porte, à faire d’autres choses quand tel est me désir. Je vis dans l’instant en quelque sorte, le passé est derrière, l’avenir un éternel plus tard dont je me préoccupe peu. » Ceci dit, il répondrait ensuite aux paroles d’Emila, avec douceur, comme s’il avait le sentiment de parler à des jeunes êtres.

« Je ne saurais vraiment répondre à cette question, pendant une bonne partie de mon existence je n’avais aucune notion du temps qui passe, du passé et de l’avenir, puis quand j’en ai acquis une auprès d’habitants du plan matériel étant venus me demander service, je n’en ai fais que peu cas pendant encore longtemps. Je peux néanmoins dire que je suis plus ancien que les races jeunes comme les azuriens et les humains, mais bien moins que les peuples anciens tels les nagas et elfes. Bien plus de six millénaires donc ? Voir beaucoup plus. » Ceci dit, laissant les atmas méditer un peu dessus, l’être élémentaire ajouterait avec le ton de la réflexion, qui sonnait comme une calme brise, à la question sur le fait qu’il savait parler l’Akkatonien.

« Je rend service à des atmas qui viennent des fois me voir pour diverses raisons, apprendre la magie par exemple, je demande souvent quelque chose en échange, apprendre à parler vos langues est une de ces récompenses. Je trouve cela intéressant, chaque langue a sa propre sonorité, chaque mot est différent, une musicalité qui témoigne d’une âme à sa manière. De plus, le son est lié à l’élément du vent, les langues aussi donc, indirectement. » Achèverait-il d’un ton faussement savant, comme s’il avait extrapolé à ce niveau pour dire une bêtise, ce avant de reprendre plus sérieusement aux questions des deux militaires.

« Je suis fait en partie de roches oui, des roches parcourues de runes et allégées par l’élément du vent, ce ne sont pas des roches ordinaires en vérité, elles sont liées à l’élément du vent comme beaucoup de choses en ce plan et non à celui de la terre… Mais, si cela vous rassure, il y a des seigneurs élémentaires fait purement de vent. Je suis peut-être issue d'une petite île qui s'est brisée lorsque je suis "né", en quelque sorte ? » Puis semblant légèrement pencher la tête, le seigneur ajouterait de sa voix, qui devait décidément être modelée par l’action de la magie et non sa gueule, au vu du fait que cette dernière ne bougeait pas. « Il y a les élémentaires comme moi, ceux plus petits, ceux non dotés de conscience. Il y aussi les essences, des atmas comme vous vivants depuis si longtemps dans le plan du vent qu’ils ont mutés par l’action de la magie et les gardiens, des atmas comme vous aussi, mais que vous appelez animaux, qui ont mutés eux aussi... » Puis, vint la réponse à la question finale, à laquelle l’élémentaire répondrait amusé.

« Les habitants du plan matériel sont fascinants, aussi bien dans le bon que mauvais sens, vous aspirez des fois à vivre comme le désirez, ce qui est bon, mais des fois vous vous enfermez dans des façons de faire vous déplaisant ou par obligation, sans forcément y croire. Vous vous querellez et vous battez, tout en bâtissant ensemble des choses. Vous êtes bien différents des élémentaires, vous dépendez les uns des autres, mais êtes plus fort ensembles. » Ceci dit, viendrait ses questions, son regard tourna alors, tout d’abord vers Eleonnore…

« Que pensez vous du vent ? Le vent en tant qu’élément, en tant qu’essence, en tant que constituant aussi bien de ce monde, que du votre, le vent en tant que concept de pensée, en tant que philosophie. Vous inspire t-il quelque chose, vous fait-il penser à certains concepts particuliers ? Comme la liberté ? Vous sentez proche de lui, ou d’un autre élément ? » Visiblement, l’être élémentaire était partit sur des questions philosophiques, puis ce fut au tour d’Emilia.

« Si vous deveniez comme moi, un seigneur élémentaire donc, chose extrêmement improbable, mais supposons que cela arrive, à titre définitif, que feriez vous de votre nouvelle condition ? Que changeriez vous à votre mode de vie ? Quelles actions voudriez vous accomplir avec cette nouvelle condition ? Regretteriez vous des choses votre vie d’avant, et apprécierez vous votre nouvel condition ? » Un bel exercice de pensée en somme, puis il regardera le géographe pour demander.

« Quel but a votre existence ? Celui de l’apprécier, ou bien lui consacrez vous un objectif comme beaucoup d’atmas ? Et pourquoi cet objectif ci, plutôt qu’un autre ? » Une question encore vaste, posée en moins de mots, mais tout aussi complexe, quant aux militaires. L’un eut le droit à.

« Que pensez vous de cette nouvelle voie, très récente qu’ont inventés les atmas, qui se nomme la technologie, est-ce un danger pour votre monde, ou un trésor ? » Ce à quoi le garde impérial répondrait. « Je ne vais pas dire que la technologie est un bienfait à tous les égards, mais elle ne dépend pas pour sa part d’un potentiel magique distribué aléatoirement à la naissance et a aussi engendrée son lots de merveilles. » Puis, ce fut au tour de la militaire qui eut le droit à.

« Pourquoi selon vous, les atmas croient-ils en des divinités diverses ? Il y a t-il là un désir de croire en quelque chose de supérieur ? Ou bien de se consoler quant à divers craintes inhérentes à votre condition ? » Ce à quoi, elle répondrait. « La religion est une réponse je pense, mais c’est sans doute plus complexe, à des questions qui n’en ont pas, entres autres. C’est aussi une façon de se consoler. Je suis athée pour ma part et bien peu spirituelle, mais je ne nie pas que des fois cela me paraît attirant. L’existence peut être difficile, la foi un refuge. » Puis viendrait le tour d’Otmar, qui entendrait l’élémentaire lui demander…

« Et vous, que pensez vous des élémentaires comme nous ? Notre façon de vivre et nos actes ? »

Ce à quoi il répondrait, avec réflexion et amabilité.

« Vous êtes fascinants, pas moins complexes que nous habitants du plan matériel et si différents. J’ai l’impression de rencontrer l’altérité à l’état pur en croisant un être comme vous, car vous êtes bien plus différent de moi, que ne le serais un elfe ou un dragon. Si je pouvais consacrer plusieurs années de ma vie à explorer les plans élémentaires et découvrir ses habitants, j’y consentirais volontiers. Quant à vous juger, ce n’est pas à moi de le faire… Je suis là pour apprendre, comme mes amis ici présent. » Une réponse digne de lui, en quelque sorte ?
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyJeu 23 Sep - 22:23



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 13H
Sur une île du plan du vent

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Septième élément.



« Une nouvelle race sera née et le vent continuera à souffler
jusqu'aux longues rives blanches où erre la mort.»

J'avais écouté avec calme les réponses du seigneur élémentaire : elles n'étaient au fond guère surprenantes et relevaient d'un certain bon sens, d'une certaine sagesse, que l'on reconnaît à ceux qui ont assez de temps pour l'introspection. Contrairement à nous autres kith, le titan de vent était un être en-soi et il était mu par les forces qui composaient le plan dont il était issu. Quoiqu'il pût être doué d'une certaine autonomie et de raison, il n'était pas jeté dans un monde étranger, car les parties qui le composaient étaient le plan du vent. Cette appartenance singulière expliquait sans doute ce désintérêt – ou peut-être même l'ignorance – qu'Allezïr avait pour l'entropie. Mes doutes n'étaient certainement pas dissipés, mais la réponse me contentait. Nul ne nierait qu'il y avait une sagesse à vivre dans l'instant présent.

Ses autres réponses éclairèrent encore davantage sa nature et sa genèse ; il me semblait que j'avais devant moi un personnage fantastique qui racontait des bribes d'une histoire sans fin. Vint alors mon tour d'être questionnée, à travers un faisceau d'interrogations très large. Je posai ma main droite sur ma poitrine, habitude qui signalait que j'étais en profonde réflexion. Je cherchai au fond de mon cœur et de mon âme ce que signifiait le vent pour moi. Après quelques secondes de silence, pendant lequel l'air était bercé par le souffle de tout un plan, je pris la parole. Les hautes herbes semblaient presque se plier sous le poids de mes pensées.

« À toute question son idéal. Mais lorsque l'objet de la question est lui-même un idéal, qu'y a-t-il vraiment à dire ? Vous le dites bien, il y a mille et une manières pour appréhender le vent. Je n'en aurais guère la même vision qu'un physicien, de même que deux personnes n'en auront jamais la même impression. Le vent, je le crois, est une image. Il ne peut pas exister indépendamment, dis-je avant de marquer une pause, comme pour chercher mes mots. Il s'agit avant tout d'un déplacement, plus encore, c'est le nom que l'on donne à une chose en mouvement – qu'il s'agisse aussi bien de l'air et qu'un courant de pensée.

C'est pour cela que parler de l'immobilité du vent, comme l'a fait la poétesse Corayn Cardenas, a une force évocatrice exceptionnelle. L'esprit a du mal à imaginer que le vent puisse être figé, pour la simple raison qu'il ne serait alors plus, il n'existerait plus. À ce titre, et je pense que cela éclaire votre réponse précédente, le vent est avant tout l'instant présent. Le mouvement immédiat – sorte de moteur premier – est ce qui donne au vent son existence et crée une impulsion vitale. Le vent est le changement et ne se complaît guère dans l'attentisme.

Vous parlez du vent de la liberté et c'est aussi une image bien connue des poètes comme des politiciens – ceux avec une vision, tout du moins. J'arguerais même que poète et politicien se confondent en une seule personne. Quoi qu'il en soit, il y a cette image du vent qui ne connaît ni frontière, ni vaisseau ; il est ce libre-penseur qui glisse dans les interstices et traverse des espaces immenses. Il y a dans le vent une affirmation à la liberté de tout à chacun, au droit de mener une existence heureuse. Dans notre plan et avec nos contraintes de mortels, nous appliquons aussi ce précepte à l'économie. Les chantres du vent plaident pour la libre-circulation des hommes et des biens, des industries et des arts, des génies et des idées.

Ce sont là des belles idées et j'y adhère pleinement. Mais le vent est pour moi quelque chose de plus personnel. Je me suis toujours vue comme un esquif sur les flots et ce sont de grands vents qui lèvent mes voiles. Il y a une idée de quelque chose qui me dépasse infiniment, comme d'un courant dont on ne peut se soustraire. N'est-ce pas l'image des vents contraires, du reste ? Les vents sont ces admirateurs sauvages, qui chantent l'horreur de vivre et l'honneur de vivre. Ils transmettent leur mouvement et le propagent, prodiguant une mémoire et soufflant dans l'hélice de l'être. Et le vent souffle et souffle sans fin, des milliers de nuits après mon trépas. Le crépuscule s'évente à d'autres cimes et les hommes ont changé. Une nouvelle race sera née et le vent continuera à souffler jusqu'aux longues rives blanches où erre la mort.

Le vent renouvelle et balance les feuilles neuves et les fruits d'un nouveau printemps. Et moi, je ne suis plus. Autant en emporte le vent.

Ce qui fait que je me sens proche du vent, mais je pense que mon affiliation va davantage à l'eau – c'est l'aspect magique que je suis parvenue à éveiller, après tout. J'aime l'image des lentes marées sur les plaines marines ; de la mer nocturne, silencieuse et mordante ; des fonds secrets que la lumière peine à percer ; des éclats de lune sur la surface de l'eau ; les étoiles nouvelles qui montent du fond de l'Océan.

Mais après tout, les vents et les mers se marient si bien ensemble
, conclus-je avec un haussement d'épaules qui semblait vouloir tout et rien dire à la fois. »

Le temps sembla s'arrêter lorsque je rendis la tribune, mais cela ne semblait pas déranger le seigneur élémentaire. Sans doute, sa longévité modifiait sa perception du temps, de sorte qu'une heure ne représentait qu'une seconde, à l'échelle de nos esprits. Acquiesçant doucement, il se tourna alors vers Emilia pour la questionner. Elle répondit en ces termes :

« N'est-il pas difficile de discerner ce que je ferais en étant autrui ? répondit la géographe après avoir réfléchi comme je l'avais fait. Autrui est ce que je ne suis pas et j'aurais bien de la peine à imaginer ce que cela peut faire d'être un seigneur élémentaire ou un élémentaire tout court. Mais s'il y a une caractéristique que j'aperçois, ce serait l'immortalité. Mais celle-ci ne m'intéresse guère ; au contraire même. Je ne crois pas vouloir d'une existence où les risques n'existent plus. Éléonore l'a dit, il y a des vents contraires. Elle en a fait une description assez négative, mais je pense que pour nous autres kith, il y a un bonheur en face de la mort et du danger. Je crois que nous sommes des êtres faits pour penser et l'ordre de la pensée commence par nous-mêmes et notre fin.

Il me semble donc que je regretterai de devenir une telle arpenteuse élémentaire. Bien sûr, dans votre scénario, je m'adapterais, mais pas sans une immense tristesse et abattement d'âme, car je suis née comme une créature dont l'horizon était la mort et c'est dans cet horizon que j'y trouvais ma raison d'exister. Je préfère marcher sur les chemins que sur les routes : la route est une dévalorisation de l'espace, en cela qu'elle ne cherche qu'à relier un point à un autre, sans motif ultérieur. La route considère le temps comme une ressource qu'il faudrait optimiser. Le chemin, quant à lui, est un hommage à l'espace et une manière d'habiter le monde. Une manière cachée, car le chemin est à côté, il est disparu. Il y a un charme irrésistible à troquer mon temps – que je sais limité – dans la contemplation. C'est cet échange, presque métaphysique, qui fait du chemin un symbole de la beauté.

Le monde des chemins est changeant et hasardeux : il n'y a nul moyen de prévoir un trajet ou de savoir où il entraîne le marcheur. À mes yeux, vivre n'est pas un voyage dont la mort est l'issue ; c'est un vagabondage permanent sur des sentiers qui gravitent autour d'un centre secret. Notre âme ne peut être qu'un idéal en marche, devant les portes de la mort, ce point-limite insaisissable.

C'est pourquoi, si j'étais un seigneur élémentaire, je ne saurais quoi faire de mon existence.
»

Je retrouvai en Emilia la compagne d'esprit qui avait accompagné mes années à l'université. Tout comme Lia, elle brillait par son esprit saillant et sa manière de saisir le monde qui l'entourait et les concepts qui n'étaient pas visibles pour le commun des kith. Bien sûr, je ne me pus m'empêcher de sourire doucement à sa métaphore spatiale, car elle était une zélote de la géographie, qui était le moyen de connaître, je la cite, « la manière dont l'homme a pu se faire à la fois destructeur et créateur d'une grande partie de la terre, c'est-à-dire à accomplir les deux actes qui résument la notion de vie ».

L'attention d'Allezïr s'était portée sur notre transcripteur, qui répondit ainsi à la question posée :

« La question est difficile et je ne suis pas aussi doué que mes collègues pour les développements philosophiques, mais je pense que j'essaie d'être fier de moi-même, expliqua Johan, un peu hésitant. Par quels chemins pourrais-je accomplir cela, je ne le sais pas encore, souligna-t-il en empruntant le concept d'Emilia. Je suis un chercheur et j'étudie habituellement l'histoire géologique. Je donne des cours à l'Université et j'ai quelques responsabilités dans des solidarités de quartier. Est-ce que ma vie est palpitante et a une raison qui sera plus grande que moi ?

Encore une fois, je ne le sais pas vraiment. Si je peux accomplir les tâches qui me sont conférées, ce sera déjà bien. Si je trouve dans les boucles des sentiers une raison qui anime tout mon être, tant mieux. Sinon, prendre soin de mes proches, de ma famille et enseigner ce que je peux suffira à me donner une existence tranquille, car c'est un refuge qui me sied bien. Les vents de l'aventure sont agréables – c'est bien pour cela que je suis là aujourd'hui –, mais je ne sais pas si je veux en faire ma vie.
»

Et les questions continuèrent avec les deux gardes impériaux et l'empereur, que j'approuvais de la tête. Les vents de l'aventure, voilà un concept surmonté d'une infinie liberté. Ce sont les débuts qui sont marqués du sceau de l'aventure : les continuations ont valeur de sérieux ou d'ennui. L'aventure est un concept circonscrit. Pour que l'apprentissage devienne une aventure perpétuelle, il faut de constants changements d'horizon, de constantes remises en question. Notre escapade dans un plan, encore bien inconnu, était une parfaite manière de briser la routine des bibliothèques et des amphithéâtres.

En d'autres termes, notre excursion avait la valeur d'un chemin.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptySam 25 Sep - 19:11
Otmar estimait les réponses du seigneur du vent, sages et réfléchies à leur manière, mais aussi imparfaites, ce n’étaient pas les réponses d’une espèce de divinité qui savait tout et aurait donc toutes les réponses, mais celle d’un être ancien ayant certes une longue expérience de vie, mais subjective et surtout basée sur une mentalité propre à sa condition. D’une certaine façon, l’empereur trouvait admirable de pouvoir ainsi vivre dans l’instant présent et enviait la chose, mais il se doutait aussi que ce ne serait pas le genre d’existence qui conviendrait à tous.

Quoiqu’il en soit, le vieil homme apprécia aussi bien les réponses, de l’être de vent, que de celles de ses compagnons d’aventures, qui étaient autant fruits de sagesses subjectives et mentalités diverses, que d’expériences de vies singulières. Il se demandait par contre si la conversation allait dériver en long débat philosophique, mais qui pouvait le prédire ? Après tout les êtres de vent, étaient aussi connus pour leur caractère plus ou moins imprévisible…

« Votre réponse me plaît Eleonnore, je n’y adhère pas parfaitement, mais beaucoup de points que vous abordez me parle, et votre conception personnelle et poétique de la chose aussi. Je dois aussi avouer une chose, en tant qu’être de vent je ne réfléchis pas forcément toujours à ce concept car il fait partie de moi, car je le ressens de façon, charnelle ? Même si je n’ai point de vraie chair. Contempler l’éclairage que peut donc apporter un atmas dessus, me plaît donc. Si j’ai bien appris une chose des habitants du plan matériel, c’est que leur point de vue peut être fascinant. » Avant de finit par ajouter, calmement, mais d’une voix résonnant comme un zéphyr.

« Le vent et l’eau ne sont guère opposés, les êtres nés de ces deux concepts sont les élémentaires de brumes je crois, mais la conjugaison se fait aussi au niveau de votre plan, par rapport aux nuages et vagues... » Puis ceci dit, vient au tour d’Emilia, que l’être ancien écoutera attentivement, ce avant de dire, il appréciait visiblement la philosophie.

« Je me suis toujours demandé si l’acceptation qu’ont certains atmas de leur fin potentielle, n’était pas une sorte de renoncement, des fois si ce n’était pas de la sagesse, ou si cette fin n’agissait pas en effet comme un stimulant, soit pour vivre son existence au mieux, ou lutter contre. J’ai toujours su aussi, que je n’aurais jamais une réponse définitive à cette question. » le seigneur pencha alors la tête, avant de dire.

« Mais je comprend parfaitement votre point de vue, et je suppose qu’une existence immortelle nécessite une façon de penser autre, pour être supportée ou appréciée. Peut-être est-ce pour cela que je ne vis que dans le présent ? Qu’importe ma jeunesse ou ancienneté, le présent est un éphémère auquel tous sont astreints. Même les immortels, le changement permanent qu'est ma vie lui donne alors bien assez de diversité pour que je connaisse pas l'ennui. » Puis, le seigneur élémentaire glisserait sinon avec amusement.

« Heureusement d'ailleurs que je sais ce qu’est une route et un chemin, grâce à mes venues temporaires dans votre monde, sinon j’aurais eu du mal à comprendre le sens de vos propos. Quoiqu’il en soit, il y a  sagesse dans vos propos. » Il adresserait sinon d’autres paroles polies et aimables à Otmar et aux militaires, avant de dire au professeur.

« Pour ma part je ne cherche pas à donner de sens particulier à mon existence, que vous désirez le faire ou non est votre choix, tant que vous en êtes satisfaits. Exister me suffit en tant que tel en quelque sorte, si je me consacre à un but, ce n’est jamais que temporaire, avant de passer à autre chose. »
Ce avant de finit par dire, en contemplant les mortels de son regard.

« J’aurais sinon une question, à vous adresser à tous, que venez vous faire ici, atmas du plan matériel ? Et puis-je vous aider ? Ceux qui viennent par ici en général, le font soit pour me rencontrer, soit pour explorer des ruines proches ou entrer en contact avec un petit villages d’essences vivant non loin… Des mortel comme vous, mais nés dans ce plan, ils vous ressemblent néanmoins plus que moi, sous bien des aspects, même s’ils sont aussi partiellement des enfants du vent. Il y a aussi ceux venus conclure des pactes avec moi, mais seuls les archimages invocateurs peuvent faire ainsi... » Son regard se fit alors attentif à Eleonnore, avant qu’il n’ajoute.

« Il m’arrive aussi d’enseigner la magie à certains êtres, mais je ne sais pas si telle est votre quête, jeune âme, mais si telle est votre envie, je peux vous y aider. Je peux aussi répondre à certaines questions sur les environs... » Il regardait alors tout ce beau monde, puis jetant un regard aux alentours, le seigneur glisserait…

« Une tempête approche il semblerait, ça ne devrait pas durer longtemps. Ne vous inquiétez pas, la magie de cette île vous protégera, j’y ais érigé des protections pour les atmas de passages... »
Otmar Ehrlich Deffarès
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyLun 27 Sep - 15:59



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 13H30
Sur une île du plan du vent

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Huitième élément.



« Le murmure du vent dans nos solitudes élémentaires
donnait une sensation de lointains béés. »

Au centre de l'existence, nulle autre réponse que le propre souffle de l'âme. Il existe une ineffable impossibilité à saisir le sens d'une existence, en cela qu'aucun juge n'existe, à l'exception de nous-mêmes. C'est ainsi que nos appréciations de notre présence dans le monde – et dans le siècle – n'étaient les mêmes ni pour Emilia, ni pour Allezïr, ni pour moi ou quiconque d'autre. « D'une certaine façon, répondis-je avec quelque douceur, c'est peut-être parce que nous cherchons à donner un sens à notre existence que nous n'en sommes pas satisfaits. Il y a une nécessaire douleur à entreprendre une quête insoluble. »

« Voyez-vous, les différents laboratoires de notre Université collaborent depuis plusieurs années sur une étude panoramique des plans élémentaires. Plus exactement, nous cherchons à déterminer les derniers siècles de leur histoire, afin d'estimer comment ils peuvent jouer un rôle dans la nôtre, continuai-je en jetant un regard à mes compagnons. Notre équipe scientifique comporte autant de chercheurs en humanités qu'en sciences expérimentales et aujourd'hui marque la première incursion dans la plan du vent.

Nous ne sommes venus que pour faire des mesures préliminaires et commencer à cartographier les environs, mais quelque opportunité pour mieux appréhender ses habitants est la bienvenue. C'est pourquoi nous avions décidé de venir vous rencontrer, lorsque vous avez fendu les cieux au-dessus de la petite auberge non loin et que nous vous serions gré si vous avez des renseignements à propos de ces essences ou des ruines environnantes.
»

Un air lourd nous assomma, comme une réponse des éléments à l'égocentrisme des kith. Un petit ruisseau coulait depuis un monticule et creusait lentement un sillon. Les saillies de pierre étaient sauvages et, autour de nous, le vent soufflait comme un ogre revêche et dur, court et violent. Qui explore le plan du vent passe par une série de tempêtes. À chaque instant – c'est ce que nous rappelait maintenant Allezïr –, la brise vous trompe. Où donc les petits zéphyrs vont-ils se nicher pour devenir de forts typhons ? Dans les plus hauts cieux, comme nous le savons bien. Ici, d'énormes courants d'air pouvaient circuler, évoquant les turbulences que nous connaissions dans notre monde. Pendant que des rafales frappaient le dôme invisible qu'avait érigé le seigneur élémentaire, mon esprit fut empli d'images diverses. Des religieuses qui fuyaient l'intempérie, en plaquant leurs mains contre leur longue robe. Des marins qui agrippaient les cordes de leurs navires pour protéger les voiles. Des rois à la couronne de lierre en face de plaines déchaînées par le vent. Des enfants qui, au mépris des avertissements de leurs parents, dressaient leurs petits bras par la fenêtre pour sentir l'air farouche. Tout cela était l'imaginaire de la tempête.

Le vent a de ces étourdissements : si bien que la magie d'Allezïr nous protégeât, quelques bourrasques secouaient les frondaisons, comme le temps secoue imperceptiblement les plus hautes pierres de forteresses, ainsi que les sanctuaires les plus frustres. Les feuilles battaient dans un chaos végétal et semblaient presque s'arracher de leur tige pour sauter par-dessus la falaise de l'île. Rien ne change plus de forme que le vent. Nous étions à la fois petits et grands dans cette tempête. Petit, car nous n'étions que des points dans l'immensité du ciel ; grands, car nous nous trouvions dans l'œil du cyclone et que cela était une expérience unique. Autour de nous, le ciel était malade et beau dans son hideur. Les nuages étaient gonflés comme des tumeurs et tâchés d'un vert-gris comme des ecchymoses. Des éclairs sortaient parfois de ces verrues du ciel.

Dans le tableau de lignes qui s'entrecroisaient, une sorte d'harmonie calmait mon âme. Qu'il était doux de voir la mer de nuages agitée par la tempête de là où l'on est en sûreté, non parce qu'il serait agréable de voir la peine d'un autre balloté dans les flots violents, mais parce qu'être soi-même hors de danger était un grand réconfort. Je distinguais la silhouette d'îles plus lointaines et imaginais les pierres de ruines ancestrales, qui parachevaient un paysage déjà extraordinaire. Je voyais l'air ébahi d'Emilia, le calme relatif d'Otmar Ehrlich Deffarès et l'impénétrable œil d'Allezïr. Ils étaient beaux dans la difformité de la tempête. Leurs expressions avaient une stabilité qui, lorsqu'elles furent gravées dans les souvenirs, ne pouvait se désagréger. Les nuages grimaçaient, grotesques, parodies d'eux-mêmes. Eux aussi étaient petits et grands, chacun unique de par son aspect. Dans l'ombre de la houle, ils étaient autant de cromlechs dans les cieux.

Fatiguée par ce spectacle, je m'assis lentement, pliant les herbes fauves. Emilia se glissa près de moi et notre regard se perdait dans les caparaçons aériens qui courraient jusqu'aux cieux les plus élevés. Des bruyères effleuraient mes bras et s'arc-boutaient, comme pour me tenir compagnie. La pluie, dont nous étions aussi préservés, roulait et bondissait. Je fermais les yeux. Avril en muraille. Les caps de l'île s'enfonçaient dans l'inconnu du ciel et les tamarins de la forêt frémissaient, alors que la tempête retombait.

« Je vous remercie de nous avoir protégés contre ces intempéries auxquelles nous ne sommes guère physiologiquement adaptés, dis-je quand nos voix parvinrent enfin à s'élever au-dessus du vacarme. Il est certain qu'une telle expédition est plus dangereuse qu'une excursion dans les bibliothèques, quoiqu'il ne faille pas négliger le danger que représente un pensionnaire portant deux douzaines de livres, au point qu'il ne puisse plus voir devant lui.

Il nous faudra être vigilants, Monsieur
, soufflai-je à l'attention de l'empereur. Pour autant qu'explorer le plan du vent est une entreprise charmante, les tempêtes peuvent toujours nous prendre à dépourvu. Il serait regrettable d'être emportés je-ne-sais-où. Mais que dites-vous, selon la suggestion de notre nouvelle connaissance, continuai-je en regardant Allezïr, d'aller nous enquérir auprès des essences ? Cela serait une intéressante manière d'occuper le reste de l'après-midi, ne pensez-vous pas ? »

Des rayons de lumière percèrent à travers les nuages cyclopéens et faisaient de longues zébrures étincelantes dans le gris des nébulosités. Le murmure du vent dans nos solitudes élémentaires donnait une sensation de lointains béés.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMer 29 Sep - 21:44
« D’autres diraient qu’il suffit de vivre sa vie au jour le jour, en ne se préoccupant du lendemain qu’au minimum, mais ce n’est pas pour tous, ni forcément souhaitable pour chacun. » Glissera Otmar pensif au sujet du sens de l’existence, lequel donnait-il à la sienne ? Difficile à dire, sans doute n’était-ce pas étranger par contre au fait qu’il avait été élu empereur, ou plutôt chancelier au titre plus pompeux pour les dix prochaines années…

« Vous cherchez à connaître plus en profondeur le passé du plan ? Cela risque de nécessiter beaucoup de travail, je pense que vous n’êtes pas les premiers heureusement, ce qui vous permettra de compter sur l’aide de vos prédécesseurs. Je suppose qu’il faudra que vous entriez aussi en contact avec bien des habitants du plan, que ce soit les esprits, ou les essences. Ces dernières ont souvent plus consciences du passé que les êtres de vent absolus. Même si, elles restent souvent plus fixées au présent, que les êtres du plan matériel. » Dira sinon patiemment le seigneur élémentaire, ce avant de dire avec le calme d’une brise d’été.

« L’auberge et les ruines ? Je me rappelle de leur passé en effet, cette auberge avait été bâtie par un aubergiste d’un peuple à petite taille, les nains je crois, originaire des Duchés du Sud. Il appréciait son travail, mais aussi le calme alentours, quand les tempêtes ne sont pas présentes du moins, et ainsi accueillait dans son établissement des aventuriers et mages de passage. Malheureusement, il a vieillit et a décidé qu’il ne voulait pas finir son existence ici, mais personne n’as repris l’auberge suite à son départ, ce devait être, il y a trois cent ans ? » Puis alors que la tempête approchait, mais n’était pas encore là, le seigneur achèverait.

« Les ruines quant à elles, datent d’un ancien empire, qu’ils nommaient l’empire d’or, un empire qui appartenait aux elfes, c’était un ancien temple, mais aussi une sorte de centre d’étude. Néanmoins, je n’ai pas connu ce temps, je ne suis pas assez anciens, c’est un ancien esprit, bien moins grand et puissant, mais beaucoup plus anciens que moi qui me l’avait apprit. Il m’a aussi dit qu’ils l’avaient abandonnés du jour au lendemain. Les lieux ont sans doute été pillés depuis longtemps de biens de valeurs, mais ce qui n’intéressait pas les aventuriers de passage, s’y trouve toujours. »

Puis, la tempête soufflerait et tout le monde resta plus ou mieux silencieux, pendant que le seigneur élémentaire était calme et serein. Nul doute, que s’il s’était envolé, il n’aurait ressentit aucune gêne, après tout un être comme lui, si profondément lié à l’élément du vent, pourrait circuler dans un ouragan, comme s’il naviguait dans les plus paisibles cieux.

Otmar pour sa part aussi était assez calme, confiant quant à la magie de l’élémentaire, même si proche d’un arbre, au cas où il y aurait besoin de s’y accrocher, notamment à l’aide de son bras droit qui était fait d’acier. Il en profitait pour contempler la tempête qui recelait une certaine terrible majesté, puis il finit par se lasser lui aussi du spectacle et rêvasse, notamment quant à l’idée d’aller rencontrer des essences, que l’on nommait les éthérés quand elles étaient liées au vent. Quelle serait leur manière, leur comportement et leur apparence ? Tant de possibilités, puis la tempête se calma….

« Je vous porte moi aussi mes remerciements noble Alezzïr, pour ma part je ne saurais dire si ce plan est plus périlleux que les forêts d’Eïrn dans lesquels je me suis aventuré par le passé, mais il recèle en effet ses périls, autant que sa majesté. » Avant de reprendre plus prudemment, à l’égard de la jeune historienne, quoique taquin.

« Seriez vous intéressée par le fait de candidater au sein de la garde impériale, pour vous montrer ainsi soucieuse de ma sécurité mon amie ? Croyez moi, si je venais à être imprudent, un des officiers de la garde se chargerait de me faire un sermon. » Puis, plus sérieusement. « Rencontrer des éthérés ? De ce que je sais ils sont connus comme de tendances aimables et ouvertes, mais imprévisibles et changeant de caractère. Je pense que ce sera très intéressant en effet. »

Ceci dit, le seigneur élémentaire leur dirait donc où trouver le village des essences, sans vouloir les accompagner pour autant, pour la bonne raison qu’il ne voulait pas attirer toute leur attention et risquer de gâcher la découverte des habitants du plan matériel. Ceci dit, nos aventuriers purent donc s’y rendre….

Et découvrir au bout d’un temps de voyage, un village atypique, qu’ils virent depuis les hauteurs. Ce village assez grand mais pas assez pour être qualifié de bourgade, était disposé en faîte sur une série de petites îles proches, guère reliées par des ponts et aux bâtiments qui ne souciait visiblement pas beaucoup du fallait voler pour entrer dedans. Le tout, bâtit de bois, semblait protéger comme l’île du seigneur élémentaire, par des stèles runiques alentours.

Les habitants quant à eux, humanoïdes, ressemblaient vaguement à des peuples du plan matériel comme les elfes, nains, humains ou azuriens, mais très différents. Quasiment tous pourvus plus ou moins de plumes, aux corps visiblement légers et graciles et aux couleurs de peau tirant sur le vert clair ou le bleu azur, ils étaient souvent assez peu vêtus et encore moins armurés, ce malgré le fait que les armées que maniaient quelques « guerriers » qui surveillaient les alentours, étaient faîtes d’alliages enchantés.

Ils n’avaient pas encore remarquées les habitants du plan matériel alors que ces derniers approchaient et semblaient surtout tournés vers leur occupation, un peu de travail et visiblement pas mal de flânerie, entre les musiciens qui jouaient de leurs instruments et des enfants qui s’amusaient. Quant aux adultes, ils ne semblaient pas spécialement vouloir passer leur journée à être « productifs », de toute manière les lieux avaient l’air bien entretenus.

Curiosité dans cette description vague des lieux, il y avait un autre habitant du plan matériel dans le village, à l’accoutrement duchéen et assez aisé, qui semblait en pleine discussion avec quelques essences. Un marchand ? En tout cas, il n’avait pas l’air d’un mercenaire.
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyVen 1 Oct - 17:13



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 14H30
Sur une île du plan du vent

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Neuvième élément.



« Parce que nous sommes des créatures finies dans le temps et dans l'espace, aspirer à l'humanité, c'est faire l'apprentissage du mensonge. »

« Il me semble, Monsieur, que le souci d'autrui ne peut me permettre que d'aspirer à être au nombre de l'humanité », répondis-je avec un sourire las, qui dénotait le sérieux sous-entendu par la facétieuse remarque. Aspirer à – ou convoiter – l'humanité, c'était également faire l'apprentissage de la finitude. Que ce fût l'aubergiste nain ou les temples elfiques, il y avait une beauté dans leur absence et leur déclin. Pour le lecteur, je dois rappeler que la sensation de l'absence est particulière, en cela qu'elle est incommunicable. La seule possibilité pour l'exprimer à quelqu'un d'autre est de le traduire dans son propre langage. Or, ce quelqu'un d'autre n'est pas Emilia ou l'empereur – ou même ma mère –, mais un individu qui représente tout le monde, de sorte que je dois muer mon impression d'absence et celle qu'ont laissé d'autres âmes en un sentiment universel, au risque de trahir l'essence première de ce que j'avais pu éprouver.

Je donnerai ici un exemple : prenons le cas des sanctuaires elfiques qui ponctuent notre plan matériel. Supposons que je suis une voyageuse sur la route. Je peux y voir les signes de l'existence d'une civilisation à son apogée et ressentir ma petitesse face au poids du temps et au vide laissé par ceux qui ne sont plus. Mais plus je tenterais d'enserrer cette impression dans des mots et des tournures de phrases, plus je chercherais à décrire l'indicible de mon cœur, moins ces sentiments pourront être saisis par autrui, au point où il est plus commode d'éprouver sans dire ni décrire. Pourtant, si je veux chercher à communiquer mon expérience, il me faut chercher, à travers le spectre d'émotions humaines, celles qui s'accordent le mieux à mon ressenti. Ainsi, je pourrais constater que face aux gouffres du temps, l'émotion universelle qui produit en toute âme une vague similaire à ce que ressent la mienne, c'est la nostalgie d'une époque révolue. La nostalgie de l'enfance.

Après avoir salué et remercié chaleureusement Allezïr, nous nous étions mis en vol pour le petit village, grâce aux repères topographiques qu'il nous avait fourni. Si le plan du vent était riche à voir dès notre arrivée et nous faisait dire « C'est bien, c'est beau », la vue après la tempête faisait naître un sentiment puissant en nous. En détaillant les courbes et les contours des nuages, un enchantement exceptionnel naissait, tant les couleurs se mariaient d'une façon que l'on n'aurait pu voir seulement dans les tableaux des plus grands peintres.

Le trajet ne fut pas très long et une poignée de minutes suffit pour qu'une série d'îlets nous accueillissent, avec leurs petites prairies et leurs champs. Des sortes de guirlandes passaient entre des échalas, tandis que des arbres fruitiers ensemençaient le bord de routes et les jardins. Je remarquais des noyers et des saules, des peupliers et des mûriers. Les enfants courraient dans les rues, parfois pieds nus, se pourchassant ou essayant d'attraper un chapeau de paille que le vent avait soulevé de la tête d'un vieillard peu précautionneux. D'autres villageois portaient des paniers remplis d'objets farfelus. À droite, on apercevait une grande île qui était très semblable à une montagne ; à gauche, le vide du ciel.

Lorsque nous entamions notre lente descente vers le village, j'avais ma main dans celle d'Emilia, afin d'éviter que nous fussions emportées par les turbulences. Je partageai alors mes pensées que j'avais rassemblées autour de la nostalgie : « Est-ce que le contraste entre les ruines et ce village pétillant de vie ne vous évoque pas les gens et les maisonnées provinciales ? Nous balader dans le plan du vent me rappelle une époque sans droits ni devoirs, une liberté perdue où nous n'avions pas à penser. J'ai comme l'impression d'être revenue en enfance » demandai-je à l'assemblée, pour leur communiquer le sentiment que j'avais, mais qui, chez moi, n'avait pas tant de rapport avec mes premières années. L'Alcyon était-elle ainsi une menteuse ?

Certes oui, en un sens. Mais je pense seulement avoir touché du bout du doigt une vérité, celle que l'existence des autres implique un continuum d'émotions uniques et que le mensonge est la reconnaissance de cette altérité, par la nécessité d'y conformer mon existence. Plus tôt, j'écrivais que le langage de l'âme, c'était l'altitude. Cela est vrai et c'est la raison pour laquelle le langage de l'âme est le mensonge – ou la traduction, si les considérations éthiques peuvent blesser le lecteur. Tirer de l'intimité du moi pour en dériver des mots compréhensibles par tous est une forme d'élévation. Il y a certes une beauté dans la vérité, mais celle-ci est soumise à la gravité – au sens physique – de l'âme et est donc intransmissible.

Nous mentons parce que le langage est social. C'est pour cela que la poésie est plaisante ; parce qu'elle ment dans sa forme même. Mentir, c'est aimer, quel que soit la forme de l'amour, qu'importe s'il est intéressé ou inconditionnel. Parce que nous sommes des créatures finies dans le temps et dans l'espace, aspirer à l'humanité, c'est faire l'apprentissage du mensonge. Il est notre embrassade universelle.

Au moment où nous mîmes pied sur l'archipel aérien, les habitants nous saluèrent gaiement. Des familles semblaient être affairées à des préparations diverses. Non pas la fauche de sarrasin ou d'avoine, comme on aurait pu s'y attendre chez nous, mais plutôt à la confection de décorations. Des rubans, des bracelets et des colliers étaient échangés entre des rires joyeux, tandis que les musiciens amusaient le village, dans leurs costumes colorés qui agrémentaient bien les nuances de leurs plumes. Un troupeau de chèvres répondait aux phrases des lyres et des tambours. Une bienveillance lumineuse semblait émaner de ce spectacle quotidien et je ne pus m'empêcher de m'émerveiller, les yeux grands ouverts. Les enfants me saluaient de leurs pupilles éclatantes et semblaient vouloir m'attirer dans leurs danses espiègles.

« Joli spectacle, n'est-ce pas ? nous lança une figure qui détonnait avec le reste des villageois. Vous venez aussi de l'autre côté (il insista dessus avec un clin d'œil, comme s'il ne voulait pas prononcer le nom de la région d'où il venait) ? C'est le bon moment, mes amis sont en train de préparer un festival et rares sont les choses plus agréables que cela ! » Il fut pris d'un rire bonhomme et se déplaça un peu, comme pour agrandir le cercle de discussion qu'il formait jusqu'alors avec deux essences.

« Je m'appelle Felister Kamban, un humble voyageur, continua-t-il avec un air insouciant qui tranchait avec le luxe de ses habits. Alors, dites-moi, que venez-vous faire ici ? »





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptySam 2 Oct - 20:17
Otmar aimait bien faire preuve d’un peu d’humour aimable de temps en temps, cela permettait de garder les pieds sur terre, mais aussi de sympathiser, et c’était là presque universel, à toutes les sociétés. Presque, car si les nagas n’étaient pas dépourvus de sens de l’humour, ils goûtaient moins aux paroles facétieuses gratuites, non pas qu’ils les détestaient, mais étaient de tendance plus contenu. Peut-être en lien avec leur condition de lointains cousins des serpents, sans pour autant qu’on puisse prendre cela pour de l’austérité de comportement.

Mais bon, qui n’avait pas vécu avec les nagas ne saurait pas dire, c’était comme décrire les particularités du peuple nains, qui avait une diversité de tempérament aussi grande que celle des humains par exemple, mais adjointe à des tendances, dans le cas des nains la tendance à la fierté et au caractère fort. Dans le cas des nagas, le fait de pouvoir supporter plus aisément la solitude que les sangs chauds, tout en trouvant important d’être organisé un clan. Un clan était ce qui importait le plus pour beaucoup de nagas, même si pas tous. Car si certes ils ne ressentaient pas forcément le besoin de passer chaque moment de leur vie à parler de tout et de rien, cette sorte de lien abstrait, de confiance et d’amitié leur était essentiel.

En vérité, de ce qu’Otmar avait put apprendre, c’est que la société naga traditionnelle, celle des clans nomades du grand désert et non celle de ceux vivants dans les cités Akkatoniennes, était une société du « tacite ». Les amitiés se formaient sans longue déclaration, les traditions étaient respectés avec bien peu de rappels clairs, mais présents pourtant et l’amour et la joie, se ressentaient et témoignaient, sans pour autant devoir se prouver de façon très expressive. Les couples aussi se formaient souvent de façon tacite, rarement conséquence d’arrangement entre familles, nécessitant encore moins souvent de déclarations enflammées. Souvent, c’était le format d’une longue amitié et sympathie entre deux nagas qui débouchait sur cela avec une fluidité étonnante, ou bien d’une amitié plus courte mais intense débouchant sur cela. Le plus étonnant était qu’au cours du processus, les proches des deux conjoints étaient rarement surpris d’ailleurs, comme s’ils acceptaient tacitement la chose et la considérait comme le cours normal des choses, et du jour au lendemain, quoique plus lentement souvent, les deux amis devenaient partenaires, sans qu’une déclaration d’amour soit nécessaire au passage. Et si jamais cela ne marchait pas, souvent la désunion aussi était très fluide, même si des exemples de séparations spectaculaires existaient aussi...

Mais bon, ce n’était pas les nagas leur sujet d’intérêt du jour, même s’il était l’un de ceux fréquents d’Otmar.

Et le village d’éthérés était un sujet d’intérêt très grand, la communauté que certaines personnes peu sages auraient qualifiés de primitive, était belle et agréable, sans doute avaient-ils leurs merveilles magiques et façon de faire, mais ils semblaient surtout presque faire partie de leur environnement. Sans doute était-ce en partie dû au fait qu’ils étaient tous plus ou moins liés à l’élément du vent.

« Pour ma part, l’enfance m’est rappelé par le fait même de rencontrer une nouvelle communauté et de m’apprêter à en apprendre sur eux, dès mon plus jeune âge mon père ethnologue me prenait avec moi au cours de mes voyages. C’est en partie pour cela je suppose, que j’apprécie l’altérité. » Glissera sinon Otmar amusé aux paroles intéressantes de la jeune historienne. Une pointe de nostalgie très éphémère put alors se ressentir dans son regard, ce avant qu’il ne se dise qu’en vérité quand il aurait finit son mandat, sans doute reviendrait-il à tout cela…

Quoiqu’il en soit, il apprécié constater que le salut fut aimable de la part des habitants de l’île, Otmar amusé sortirait alors un instrument, une sorte de flûte traversière et prendrait la peine d’accompagner un artiste amusé qui le laissa faire… Pourquoi une telle initiative ? Ces enfants du vent semblaient avoir un grand amour de la musique, cela et Otmar sans être un artiste né, considérait que celle-ci comme la poésie était un langage de l’âme, certes personnelle, mais aussi culturelle.

Et donc une façon d’échanger et attirer de la sympathie… Surtout quand on jouait bien, et l’empereur semblait assez bon à ce petit jeu… Et suite à cela, il rejoindrait ensuite la petite conversation entre dame Eleonnore et le marchand duchéen.

« Nous sommes des érudits, en partie des ethnologues et historiens, là pour des raisons professionnelles en quelque sorte. » Glissera alors Otmar aimablement au duchéen, mais aussi à l’éthéré féminin, belle et aux airs de marchande, certes légèrement vêtu, mais avec des plumes colorées d’un excellent goût et quelques bijoux exquis. Cette dernière glisserait alors, amusée, de sa voix douce comme la brise.

« Ethnologue ? Nous avions connus une ethnologue sympathique autrefois. Si cela vous intéresse de le savoir, nous commerçons des fois nos créations avec ceux du plan matériel, faîtes dans un bois ou un métal insufflé avec l’essence du vent, donc aussi léger qu’une plume. Cela et les instruments musicaux faits dans notre bois, ont tendance à êtres plus aisément employés, même par un amateur, que ceux fait dans une essence plus commune… Notre ami ici présent, nous les achète pour les revendre à des personnes ayant peu de talents musicaux de ce que j’ai compris. » Visiblement, une honnêteté assez directe, mais bon ce n’était pas désagréable pour autant.

« Vous êtes donc vendeur d’instruments de musiques ? Ce n’est pas commun, mais à ce que je vois ça vous réussit bien. Nommez moi Otmar. Quant à vous, à qui ais-je l’honneur. » Dit-il en tendant la main à l’autre, puis à la dame, pour la leur serrer, ce sans préciser sans nom de famille. Après tout, il n’avait pas forcément envie d’avoir à ses basques un riche marchand duchéen, se disant que l’empereur Akkatonien pourrait être un bon client… Puis, la dame reprendrait.

« Sirïé Säali. Quoiqu’il en soit, vous êtes tous nos invités pour ce festival si vous le désirez, nous apprécions recevoir des visiteurs. Sachez qu’il est en hommage à l’élément du vent, il y aura de la danse et de la musique, beaucoup à manger, des histoires seront racontées et quelques autres surprises. Oh et quelques duels aériens amicaux et un concours d’acrobaties aériennes… » Visiblement un sympathique programme.
Otmar Ehrlich Deffarès
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyLun 4 Oct - 19:30



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 15H00
Village d'essences, plan du vent

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Dixième élément.



« La maturité est l'âge où il est intolérable d'ignorer les espaces intérieurs et leurs profondeurs insondables. »

En musique, une variation est une altération du thème principal, qui donne naissance à une nouvelle forme à partir d'une essence similaire. On appelle ainsi Variations Feinberg le cycle de pièces pour clavecin de Serafina Coviello, nommé d'après Eugène Feinberg, son élève et premier interprète du cycle. Le souvenir de ma mère assise à côté d'une partition de la sonate opus 51 de Hälm me revenait comme par enchantement. C'était l'une des pièces qu'elle aimait le plus : une sonate portée par cinq variations, chacune comme un pas supplémentaire dans des régions inexplorées.

Contrairement aux symphonies et aux poèmes symphoniques, qui sont des épopées vers un ailleurs lointain, la variation est une quête intérieure. Il s'agit d'une descente en nous-mêmes, puisque le thème sujet des variations n'est qu'un ensemble réduit de phrases – difficilement plus d'une vingtaine de mesures. Il faut avoir l'image d'un objet que l'on examine de plus en plus près. Imaginons une vue aérienne d'Orzian : si notre regard se concentre alors sur une seule nation, disons la province akkatonienne, notre regard est objectivement porté sur la même chose, mais l'impression n'est en rien semblable à la vision précédente. Et plus nous affinons notre regard, à l'échelle d'une ville, d'une maison, puis d'une personne, plus l'impression de dissemblance se répète.

L'infini des étoiles est certainement insaisissable, mais celui de l'intériorité l'est tout autant et la gravité amère que l'on ressent est autant plus forte que cet infini est contenu tout entier en nous. En d'autres termes, s'il nous paraît évident que nos bras ne peuvent encercler la mer céleste et que cette incapacité n'est que d'ordre naturel, il est plus rugueux de se rendre compte que manquer d'interroger les intériorités est une faute qui ne peut reposer que sur nous-mêmes. La maturité est l'âge où il est intolérable d'ignorer les espaces intérieurs et leurs profondeurs insondables. Entendre des sonorités étrangères étaient ainsi le parfait moyen d'apprendre sur autrui et sur soi-même.

« Je ne vais pas mentir, bien nombreux sont les gens qui cachent leurs inaptitudes derrière des bourses bien remplies, répondit Felister Kamban avec un haussement d'épaules théâtral, me sortant de ma rêverie. Je serais bien sot de ne pas en profiter, puisqu'ils cherchent si ardemment à se délester de lourdes pièces. Et puis, un bon musicien sait faire la différence entre un escroc et un véritable interprète. »

« Comme s'il ne faisait pas partie de la première catégorie », me souffla Emilia à l'oreille, ce qui me fit rire doucement. Un air semblable à celui d'un hautbois se fit entendre non loin de nous. Les sons flottaient dans l'air et volaient comme une gerbe de machaons, tandis que je pouvais humer une odeur de poisson. L'idée que des fruits de la mer étaient au menu du festival me parut miraculeuse dans le plan du vent, mais je repoussais cette question – autre pays, autre faune, autres mœurs. Mon regard se porta sur la petite troupe d'adolescents qui imitait joyeusement une sorte de marche militaire au son du hautbois – qui n'avait rien de militaire.

Ils avaient des sortes de tambourins et des clochettes qu'ils frappaient et secouaient en rythme, donnant le tempo de la marche. Voyant notre allure exotique, la petite compagnie tourna quelque peu autour de nous, avant de nous tendre des friandises faites de je-ne-savais-quoi. Nous nous en servîmes avec gratitude, et même les gardes impériaux furent charmés par l'ambiance festive du village. « Nous vous remercions pour votre hospitalité, dis-je à l'essence, après avoir fait tourner ce qui ressemblait à du sucre d'orge entre mes doigts. C'est un grand plaisir que de pouvoir apprendre à vous connaître à travers vos coutumes locales. Excusez-moi si je dois indiscrète, mais est-ce vous qui fabriquez les instruments de musique dont vous parliez ? J'avoue que l'idée que le vent les infuse pour en rendre l'exécution plus simple m'épate et explique sans doute pourquoi tout le monde semble en jouer ici – ou alors serait-ce une compétence innée ? »

Tout en continuant à entretenir la discussion avec nous, Sirïé Säali nous guida à travers les rues brillantes du village. Des tables s'étalaient le long des allées. On y trouvait des viandes poivrées, des poissons dont la couleur évoquait celle d'un saumon et surtout un curry de légumes, dont l'odeur me parvient encore aujourd'hui. Je picorai avec les autres dans les différents plats qu'on nous servait généreusement, m'excusant parfois de ne pas pouvoir finir, puisque nous avions pris une collation plus tôt. L'après-midi passa de manière plaisante et nous fîmes la connaissance des locaux, autant avec sérieux qu'en riant. Certains nous firent part d'histoires qu'on racontait au sein du village : nous y apprîmes l'origine des premières familles, mais également les derniers ragots autour de l'oncle Ërlie et ses escapades amoureuses dans les îles septentrionales.

L'ambiance me rappelait le festival annuel de Petitmont, mais surtout celui qui célébra mon entrée dans le professorat. Un peu plus tard, la foule convergea vers la place centrale où une petite scène avait été montée. Un éthéré monta sur les planches et, avec une élégante mesure dans ses gestes, salua l'assemblée. Il avait des plumes poivre et sel, tâchées par quelques reflets céladon. De sa main, il demanda que les enfants cessent de jouer avec les flûtes et entreprit de rappeler la raison du festival :

« Il me faut souhaiter la bienvenue avant tout aux âmes qui nous font l'honneur d'être parmi nous aujourd'hui ! Mon nom est Jilias Velin et j'ai la fierté d'être le maire de cette joyeuse bourgade. Le vent est toujours ravi de voir que nous nous célébrons toujours ces festivités et son souffle bienveillant est la preuve que nous serons encore dans ses grâces pour l'année à venir. Même l'oncle Ërlie nous fait le plaisir d'être présent, après ses promenades dans les montagnes, ajouta le maire avec un rire gai, qui fut repris par l'assistance, alors que les regards se tournaient vers le dénommé Ërlie ; il leva la main, bon joueur.

La tradition veut que l'on célèbre cette journée pour la bénédiction que le vent nous apporte. Même dans sa furie, c'est lui qui nous a donné le savoir de nos runes. Ainsi, nous sommes toujours les enfants du vent, protégés sous son aile. Mais les longs discours ne sont guère intéressants, alors, mes amis, je déclare le festival ouvert ! »

La foule réunie applaudit et les voix s'élevèrent à nouveau dans les discussions, de sorte qu'une chaleur agréable emplit la place, pendant que la musique reprenait. Alors que nous discutions sur ce que nous voulions voir, Sirïé nous prit à part et, nous regardant tour à tour, expliqua qu'elle voulait nous parler en privé. Nos regards se croisèrent, interrogatifs. Nous la suivîmes dans son cabanon, attendant qu'elle nous fît part de ce qui la préoccupait.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMer 6 Oct - 13:04
Otmar émettra un sourire polit et amusé à l’égard du marchand duchéen qui visiblement était à l’image de beaucoup de marchands de ce pays, opportuniste et plutôt audacieux, quoique beaucoup de marchands dans le monde l’étaient aussi. Quoiqu’il en soit, le commerce des instruments de musiques pour riches bourgeois aux faible talents musicaux ne lui semblait pas en soit des plus discutables. Cela l’amusait assez par contre, par rapport au fait que lui-même était un violoniste plutôt doué, un amateur éclairé dira t-on, pas un professionnel. Néanmoins, ce n’était pas le genre de sujet qu’il allait avancer, au risque sinon d’être prit dans un quelconque engrenage marchand…

« Je suppose qu’il est bon d’avoir une clientèle qui a les moyens, cela fait une source de revenue assez stable et bien pourvue. Quoiqu’il en soit, je suppose que ce festival est une belle occasion pour vous aussi. » Après tout, en général une festivité mettait toujours de bonne humeur, en faisant souvent le moment idéal pour commercer pour qui était doué, certains poussant l’astuce jusqu’à attendre que tout le monde ait un peu bu, mais pas trop. Juste assez pour que l’alcool ait une influence, pas assez pour que ce soit trop visible… Mais bon, Otmar n’était pas non plus un expert en stratégie commerciale de marchand ambulant.

Quoiqu’il en soit, il jeta lui aussi un regard au fourmillement alentours, que ce soit la nature servit, cuite et plus ou moins en sauce et préparée diversement, ou bien l’agitation des adultes et des plus petits, qui faisaient penser à ce qu’on pourrait voir dans un village du plan matériel, en plus léger ? Ou insouciant, comme s’il avait une facilité étonnante à écarter leurs soucis pour vivre ce jour ci sans penser à demain. Cela ou ils n’avaient pas de raison de s’angoisser de toute façon…

Tout cela était en tout cas amusant à observer et mêmes les gardes du corps d’Otmar se laissèrent un peu aller, sans pour autant clore totalement leur vigilance. Peut-être se disaient-ils aussi que comme ils n’y avaient qu’eux deux avec l’empereur, personne n’irait leur reprocher un léger relâchement ? Surtout qu’on voyait mal le Deffarès s’amuser à faire cela…

Otmar accepta les friandises et les goûta sinon, avant de se dire, que c’était acidulé et sucré, ce qui était agréable… Puis, de se rendre compte que ça collait aux dents, le temps de s’en débarrasser stoïquement en mâchant, l’essence qui discutait avec le marchand, leur répondrait amusée.

« L’hospitalité est un devoir pour nous, tant que vous nous respectez en retour et êtes de bonne compagnie, tout va pour le mieux. Et sinon, oui nous fabriquons ces instruments, puis procédons à l’enchantement, en infusant l’essence du vent dans un objet on peut lui donner bien des propriétés selon sa volonté, dont celle d’altérer le son. » Ce avant d’ajouter, de l’air complice. « Quant à qui sait jouer d’un instrument ici ou triche, je préfère ne pas me prononcer, disons juste que tout le monde ici n’as pas un grand talent dans ce domaine. » Otmar glisserait alors amusé.

« Si j’avais su qu’il y aurait de la musique au programme, j’aurais pris mon violon avec moi, je suis certain que ça aurait été un bon échange de procédé exotique. » Ceci dit, alors qu’ils se baladaient tranquillement dans le village… Otmar écouterait alors volontiers les bavardages, y participant légèrement, tout en piochant aussi un peu de nourriture ça et là, démontrant qu’il avait un certain appétit pour quelqu’un de son âge. Cela ou l’envie de tester tous ces plats plus ou moins nouveaux pour lui, allez savoir… Reste à voir à quel point son estomac protestera plus tard !

Puis, tout le monde fut amené vers le centre du village pour entendre un petit discours somme toute assez agréable et bien construit, mais aussi allant à l’essentiel. Ces gens entretenaient donc une forme de spiritualité envers l’élément du vent ? Intéressant sans forcément être surprenant, c’était une tendance fréquente dira t-on chez les essences. D’autant plus aidé sans doute, du fait qu’elles étaient liés de façon corporel à leur élément, dû à leur longue existence sur un plan élémentaire. Le vent était donc autant leur père ou leur mère, que leurs parents biologiques.

Et ainsi le festival s’ouvrit et les festivités débutèrent, tout d’abord par de la musique et des danses, d’un style aérien et très léger, celles-ci se faisaient autant au niveau du sol, que dans les airs, visiblement les essences ayant autant d’aisance à user des propriétés de leur plan de naissance pour cela, que n’importe qui de respirer…

C’est alors que la commerçante attitrée du village, les amena à un cabanon pour discuter en privé avec eux. Pour quelle raison ? Elle n’avait pas l’air spécialement inquiète en tout cas… Quoiqu’il en soit une fois arrivés au niveau du cabanon, elle dirait avec un certain enthousiasme…

« J’avais une idée vous concernant ! Que diriez-vous de participer au spectacle vous aussi ? Après tout, vous êtes certes venu découvrir notre culture, mais aussi une faire une démonstration de la votre. Auriez-vous des envies particulières ? Nous avons divers instruments de musiques acheté à notre ami marchand et quelques tenues et robes de danse. Savez vous faire de la magie sinon, ou voudriez vous participer à quelques combats artistiques ? C’est surtout du spectacle. » Et alors qu’elle disait cela, ils purent en effet voir qu’il y avait une belle collection d’instruments venant du plan matériel dans le cabanon, ainsi que diverses robes et tenues de danse diverse de tailles diverses et aux tissus légers. Otmar pour sa part glisserait amuser.

« Je sais jouer du violon, je pourrais en faire un peu et… Je me débrouille avec une lame, je suppose que je pourrais faire un combat artistique ? Rassurez-moi vos lames sont sécurisées ? » Dira t-il alors, avant que ses gardes du corps ne commencent à le foudroyer du regard.

« Oui, bien entendu ! Nous les enchantons pour qu’elles fatiguent et endorment, pas qu’elles tuent. Ensuite, ce n’est l’affaire que d’un breuvage de vigueur. » En somme, aucun risque d’effusion de sang, pas plus mal en soit...
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyDim 10 Oct - 17:58



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 16H00
Village d'essences, plan du vent

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Onzième élément.



« Ma mère, dans un souci d'éducation humaniste, m'avait appris
les rudiments du clavecin et du piano. »

Outre les arts déclamatoires, j'avais peu d'atouts pour ravir un public. Ma mère, dans un souci d'éducation humaniste, m'avait appris les rudiments du clavecin et du piano. Je n'étais guère une virtuose, mais je savais interpréter quelques airs connus avec suffisamment d'aisance pour recevoir les compliments de ceux qui ne pratiquaient aucun instrument. C'était véritablement comme oratrice que j'excellais et, à ce titre, le théâtre avait été une manière de canaliser les élans artistiques que je pouvais parfois avoir.

« Comme mon compagnon, je joue un peu de piano et je ne suis pas inapte avec une rapière, commentai-je avec une incertitude. Du reste, j'ai pu déclamer de longs vers dans mes années adolescentes ; cela fait longtemps que je ne suis pas montée sur les planches comme comédienne, néanmoins, et je ne suis pas sûre que je pourrais rendre honneur à la profession.
Ne me regarde pas comme ça, Éléonore, souffla Emilia avec une moue boudeuse, lorsque mon regard se posa sur elle. Tu sais que je n'aime pas la publicité et, autant que j'apprécie l'ambiance festive, je ne me donnerai pas en spectacle ! »

Malgré son statut de professeur, Emilia avait toujours abhorré les larges parterres d'étudiants. Elle avait repoussé une carrière dans l'administration centrale et auprès des grands prospecteurs, puisque c'était la recherche qui était sa raison d'être. Malheureusement, les crédits alloués aux chercheurs étaient chevillés à des responsabilités d'enseignement, dont elle ne s'acquittait qu'avec force d'abnégation. Emilia était loin d'être une mauvaise tutrice, mais il lui manquait la ferveur rhétorique qui convoquait les cimes de l'imagination. Bien sûr, rien de tout cela n'était nécessaire pour prévaloir d'un titre à la chaire, mais force était de constater que c'était l'un des outils les plus puissants pour parler ex cathedra.

Par la fenêtre, je pouvais observer la place centrale, où les essences avaient commencé à danser, au son des violons et des flûtes. Nombre d'entre eux avaient recouvert leur visage par des masques bariolés où le doré contrastait avec le rouge et le vert. Quelques danseurs avaient des masques plus hideux, comme s'ils représentaient des bêtes monstrueuses ou des démons, qui évoquaient une férocité primale. Les représentations des essences semblaient se battre au moyen de tridents et de flèches avec les créatures maléfiques. Les bribes de dialogues qui me parvenir semblaient plutôt improvisées, laissant penser qu'il n'y avait pas de canon littéraire pour fixer la tradition.

Du coin de l'œil, tandis que l'empereur discutait de la nature des armes utilisées, il me semblait comprendre qu'une certaine Sina serait née et aurait prédit la défaite des démons. Pour la protéger, on l'avait glissé dans un nuage avant de la laisser être ballottée par les vents.

« C'est Shanak, un roi devenu ermite, qui a recueilli Sina, m'expliqua Sirïé, quand elle eut aperçu mon intérêt pour le spectacle à l'extérieur. Il pourrait sembler cruel que les parents de Sina aient abandonné leur enfant, mais puisqu'elle avait prévu la destruction des démons, il fallait la protéger de la colère de ceux-ci et envoyer un enfant dans les nuages est une manière traditionnelle de tenir le mal à l'écart. Tout du moins, c'est ce que les légendes racontent. Mais, quoi qu'il en soit, le roi Shanak a pris la petite Sina sous son aile et elle grandit en une belle princesse. Il fallait qu'elle trouve un mari, alors que le roi avait organisé une grande fête pour rassembler les prétendants.

C'est là que Sina tomba amoureuse de Phorom Lasum, mais ses efforts pour le séduire furent vain. Une femme, Samhansa, jalouse de la beauté de Sina avait décidé de l'attaquer, mais Phorom Lasum l'arrêta avant que l'irréparable ne soit commis. Blessée dans son orgueil, Samhansa partit pour chercher ses trois petits frères et leur demander de se venger de Phorom Lasum, mais elle se rendit compte que Phorom Lasum les avait déjà tués, car il était un chasseur de démons et il avait compris la vrai nature des frères.

La colère de Samhansa augmenta encore davantage et elle réussit à convaincre son frère aîné, Tontosam, d'enlever Sina, en lui vantant sa beauté. Tontosam se transforma en un oiseau doré, pour capturer la jeune princesse, sous les regards impuissants de Phorom Lasum et de Shanak.

La suite de l'histoire est composée des nombreuses péripéties de Phorom Lasum à travers le plan du vent, jusqu'à la grande bataille entre son armée et celle de Tontosam. Il y a quelques autres retournements de situation avant que Sina et Phorom Lasum ne soient véritablement réunis – notamment parce que ce dernier avait momentanément pensé que Sina l'avait trahi lorsqu'elle était auprès de Tontosam, alors qu'il ne s'agissait que d'une ruse –, mais cela est à peu près l'histoire qui est jouée dans ces danses. Comme elle est très longue, il faut trois jours pour jouer l'entièreté de l'histoire.
»

J'écoutais attentivement le déroulement de l'histoire et, émerveillée par les traditions qui ressemblaient à certaines autres légendes de notre plan, je demandais, la main sur la joue :

« J'imagine qu'il faut un grand nombre de comédiens pour mettre en scène ce conte ?
Il y a plus d'une centaine de personnages, oui, répondit mon interlocutrice avec une joie non-dissimulée, comme si elle se réjouissait de la grandeur de l'entreprise. Bien sûr, il faut également rajouter les chanteurs, les musiciens et le chœur pour les dialogues. Cela demande une certaine préparation ; les enfants connaissent évidemment cette histoire depuis leur plus jeune âge, quoique de manière superficielle, mais les personnes choisies pour la représentation doivent s'entraîner sérieusement pour les représentations, surtout si elles ont les rôles principaux.

Mais peut-être seriez-vous intéressés à participer à cette festivité ? Sans doute dans l'histoire en tant que telle, mais la troupe reste souvent danser de manière plus informelle, après sa représentation, sur les thèmes de l'histoire que je vous ai résumée. La scène est libre et on peut aussi bien y déclamer des vers que se laisser emporter par la musique et les ballets des armes.
»

J’acquiesçai doucement, puisque l'exercice ne me déplut pas, et cherchai l'assentiment d'Otmar Ehrlich Deffarès.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMar 12 Oct - 18:42
« Les poétesses, actrices et comédiennes amateures sont aussi appréciées ! Nous connaissons l’art de l’écriture certes, mais nous en usons bien peu, nous considérons qu’il y a une plus grande beauté à écouter quelque chose, qu’à le lire. Donc les conteurs et chanteurs ont une grande importance pour nous. » Glissera l’éthérée, ainsi ils connaissaient l’art de l’écriture ? Ce n’était pas forcément si étonnant, s’ils étaient en contact avec des êtres du plan matériel, par contre ils préféraient l’oral ? Cela devait autant être là une préférence culturelle, que dû à leur lien avec l’élément du vent. Otmar s’imaginait aussi que les « altérations » propres au récit oral par rapport à celui écrit, devaient sans doute permettre à leurs yeux, à ce que chaque histoire contée, soit dotée d’une nouvelle âme, propre à la personne la contant.

« Bien entendu mes deux amis ici présents sont sinon des guerriers très compétents, du moins si l’idée de participer au spectacle ne les dérange pas. » Glissera sinon Otmar amusé par la scène, alors qu’il poussa soudainement à ses deux gardes du corps qui restaient en retrait, à se mettre en avant. Ces dernières piégés, confirmèrent donc, mais en précisant qu’ils n’étaient pas de grands acteurs, ce qui ne sembla pas trop gêner…

L’empereur quant à lui, se disait qu’ils seraient légèrement moins derrière lui ainsi, il ne se sentait guère en danger après tout et puis ce genre de petit tour facétieux l’amusait bien. Oh, pas qu’il niait l’importance de gardes du corps, au contraire il considérait qu’un dirigeant devait être protégé d’éventuels dangers, mais… Disons qu’il avait une vision moins rigoureuse de la dose de protection permanente nécessaire, que celle des officiers de la garde impériale, qui auraient volontiers mis une escouade à ses côtés et pas que deux personnes...

Quoiqu’il en soit, alors qu’il disait cela, Otmar aussi observa l’extérieur et apprécia le spectacle, cela lui rappelait certaines festivités elfiques tribales, qu’il avait put connaître en Eïrn, les masques en moins et des peintures corporelles en plus. Il se rappelait même avoir dû danser quelques fois, il était heureusement bien plus jeune à l’époque. Aujourd’hui, il aurait peur de ne pas pouvoir tenir le rythme, déjà qu’il avait l’air pataud en comparaison de la grâce naturelle des elfes… Par contre s’il s’agissait de jouer un instrument, d’un petit duel ou d’une pièce improvisée…

« Je vous suis gré de nous faire part de cette belle histoire. » Dira sinon Otmar captivé par l’histoire et se disant que peut-être que c’était un mythe, mais vu que la magie en ce monde était une chose banale, sauf peut-être en Akkaton, tous les évènements contés auraient pu êtres possibles, quoique ceux-ci étaient sans doute romancés… Mais, évidemment il n’importait pas forcément que les évènements contés aient réellement eut lieu ou non, ce n’était pas le but d’un tel récit, il y avait sans doute une leçon de vie derrière, mais surtout ce qui l’intéressait lui… Une part de l’âme du peuple au sein duquel cette histoire circulait.

Oh et le fait qu’il faille trois jours pour jouer tout cela, lui paraissait raisonnable, ça le changerait des festivités elfiques traditionnelles s’étendant sur des semaines… Même s’il doutait, qu’ils restent trois jours ici, ce qui était dommage… Mais une bonne excuse pour peut-être revenir ici un jour ? Le genre de penser qu’il avait eut bien des fois auparavant, mais qu’il eut volontiers à cet instant.

« Des centaines de personnages ? Je suppose que l’entièreté du village, et peut-être pas que, est mit à contribution ? C’est une belle entreprise collective. » Glissera sinon l’humain avec une certaine admiration, car en effet c’était un projet ambitieux et qui demandait une belle dose d’énergie collective. Il se demandait même si c’était une festivité annuelle ? Quoique, trois jours par an c’était raisonnable… Quoiqu’il en soit, aux dernières paroles de leur guide, Otmar donnerait son assentiment aimablement.

« Je participerai modestement à la danse des lames si vous le permettez et je conterai ensuite un ancien récit naga, un peuple que j’ai beaucoup fréquenté et un ancien mythe de mon propre peuple. » Et au vu de la taille et ancienneté de l’empire Akkatonien, il y avait sans doute de quoi faire pour raconter un mythe, qui plairait à ses interlocuteurs. Il se demandait quoi prendre d’ailleurs, un mythe des anciens Akkats, de l’un des peuples qui avait été intégré à l’empire ensuite ? Il pensa alors à un mythe encore conté dans la lointaine province très elficisée de Fondrïell… Oui cela ferait l’affaire et serait de plus assez poétique ! « Tâchez de me ménager quoiqu’il en soit, je commence à avoir un certain âge et ne suis pas le plus grand des épéistes. » Glissera t-il sinon amusé, concernant la danse des lames, même s’il se doutait que ce serait plus des combats spectacles qu’autre chose, sans aucune effusion de sang de ce qu’il avait compris.

Si tel n’avait pas été le cas de toute façon, il y avait deux gardes du corps dans les environs qui ne l’auraient pas autorisé à participer...
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyLun 18 Oct - 19:31



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 16H30
Village d'essences, plan du vent

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Douzième élément.



« Pour faire l'acte qui me mériterait un tel titre,
La masse des vanités de ce monde ne serait assez ! »

Un vent plus frais soufflait dans les rues du village, soulevant les volants et les guirlandes avec une grâce éternelle. Je m'étais avancée sur la place centrale où les décors de la grande danse étaient encore levés. Présentés par Sirïé, nous focalisions les regards de la foule rassemblée, visiblement curieuse de faire l'expérience de choses venues d'ailleurs. La lumière de la fin d'après-midi jetait des rayons bienveillants sur mon visage, mais m'aveuglait quelque peu. Je plissai les yeux et pris une inspiration. Les souvenirs de ma leçon générale d'histoire, qui avait conclu mon concours de professeur, refluèrent dans ma poitrine, comme une vague qui soulève le tranquille esquif des sentiments :

« Mesdames, Messieurs, commençai-je une voix claire et portante, en baladant lentement mon regard dans l'assemblée curieuse qui s'était réunie, quand elle eut appris que d'exotiques voyageurs se proposaient de participer aux récitations festives. Il y a des siècles de cela, l'Empire d'Ikhyld, joyeuse création elfique, a obligé les comédiens à cesser d'être d'éternels vagabonds, pour s'attacher à un seigneur ou un mécène. Cet état de fait poussa à la constitution de troupes théâtrales, qui s’organisèrent en sociétés commerciales. Bien sûr, les aléas politiques empêchèrent parfois la construction de théâtres et le puritanisme l'emporta quelques fois dans certains bastions urbains.

Mais le spectacle est quelque chose d'ancien, comme nous le savons tous, et avant les troupes, il y avait déjà une grande tradition autour des Moralités. C'étaient des petites pièces de théâtre, qui mettaient en scène les mortels face aux vices et aux péchés, c'est-à-dire tout ce qui les soustrait au Bien – à Dieu ou aux Dieux également, suivant les obédiences de chaque peuple. Les personnages, d'une manière qui est similaire à votre danse ritualisée, sont des allégories. Petit à petit, on avait aussi intégré des éléments comiques, sous la forme de passages profanes appelés Interludes.

Contrairement aux mystères – qui sont plus spécifiquement des représentations religieuses –, ces moralités et interludes se jouaient souvent dans les cours des auberges. Le public s'amassait généralement au premier étage, dans une galerie semi-ouverte. Cet élément est conservé dans les théâtres modernes et le voyageur qui a le plaisir de visiter L'Arche, à la Cité de Jade, saura de quoi je veux parler. Comment ne pas être touché par son architecture qui dénote avec le reste des bâtiments.

Bâti en rond, il est circonscrit d'une enceinte circulaire, avec des galeries en bois couvertes et un parterre à ciel ouvert pour le public. D'un côté, un plateau scénique est adossé au mur du fond, qui fait deux ou trois étages. À l'époque, il n'y avait aucun rideau, ni aucun décor, mais seulement de nombreux accessoires, machines et costumes. Bien sûr, le temps passant et les codes se normalisant, les bâtiments circulaires ont fait place à des salles en amphithéâtre et on a ajouté le fameux rideau rouge, qu'on lève et qu'on ferme au début et à la fin de chaque pièce. L'Arche, quant à elle, bénéficie toujours de son bâtiment circulaire, mais le demi-disque du côté de la scène est réservé aux loges des comédiens et aux autres coulisses.

À l'époque où les troupes débutaient, plusieurs auteurs se sont fait remarquer pour leur brillance. Peut-être le nom de Nieven Torsperys est parvenu jusqu'ici, puisqu'il est l'un des plus célèbres dans notre plan. J'aimerais, si vous me le permettez, réciter quelques vers de son Aywin. Il s'agit de l'histoire d'Aywin, un grand général elfique, qui croit sa femme infidèle et l'assassine tragiquement. Tout ceci est de la faute de Filverel, qui convainc Aywin que Itireae l'a trompé avec un jeune soldat, Elion. Les vers que je vais réciter suivent une scène tumultueuse entre Itireae et Aywin. Celui-ci est persuadé que la première a eu des entrevues secrètes avec Elion, et la convoque pour lui assener une pluie d'insultes, la traitant de « putain ». Une servante interrompt la dispute et Aywin laisse Itireae bouleversée. D'excellente vertu, elle se confie à Filverel, qui vient la réconforter.
»

Le masque de la tragédie passa alors sur mon visage et je m'imaginais alors être dans les traits d'Itireae. Le plan du vent n'avait soudain plus d'emprise sur moi, puisque je ne voyais que les cieux que pouvaient observer, maladive, la pauvre elfe à travers les fenêtres du château, surplombant une mer noire.

« Ô mon cher Filverel,
Que ferai-je donc pour regagner mon mari ?
Mon bon ami, amène-le moi ; car, pour la lumière des cieux,
Je ne sais comment je l'ai perdu. Me voilà, à genoux :
Si jamais mon énergie a pêché contre son amour,
Serait-ce en pensée ou serait-ce par action ;
Si mes yeux, mes oreilles ou aucun autre de mes sens,
Ont été charmés par d'autres images que la sienne ;
Ou si je cesse à présent, ou si je n'ai jamais cessé,
Ou si – peu importe qu'il m'eût alors repoussée
Dans les affres du divorce –, je l'aimerais tendrement,
Que la consolation me quitte ! La dureté peut beaucoup ;
Et sa dureté pourrait bien détruire ma vie, mais jamais
Elle ne pervertira mon amour. Je ne peux dire « putain » :
Je tremble là, rien qu'en prononçant ce mot ;
Pour faire l'acte qui me mériterait un tel titre,
La masse des vanités de ce monde ne serait assez !
»¹

J'avais fini le monologue à genoux, les yeux pleins des larmes sincères qu'une pieuse elfe pourrait pleurer, son amour bafoué. La poussière souillait mon pantalon, comme l'innocence d'Itireae avait été souillé par les macabres manœuvres de Filverel, dont on pouvait imaginer le rictus derrière le visage impassible et invisible. Je laissai quelques instants passer, pour que l'atmosphère née du monologue se dissipât doucement, comme un songe qui s'envolait au réveil et se détachait de l'intellect, pour ne devenir qu'une pensée obscure et sans mobile.

« Bien sûr, cela n'est qu'un aperçu des nombreuses pièces qui ont été écrites par les plumes de notre plan. Bien d'autres vers sont encore déclamés sur les planches des théâtres de notre monde et je ne peux qu'espérer que vous puissiez en entendre davantage, conclus-je plus calmement, une fois que j'étais moi-même sortie du sortilège dramatique.

Si nous avons nos coutumes théâtrales, d'autres formes artistiques font écho à vos propres traditions et j'ai le plaisir d'être accompagnée par mes camarades qui vont poursuivre cette petite présentation. »

Je me retirai alors à reculons pour rejoindre la foule, faisant signe à Otmar Ehrlich Deffarès de me relayer, ainsi que les gardes impériaux qui semblaient un peu mal à l'aise. Si j'avais donné un aperçu de la culture d'Ikhyld, l'empereur avait la tâche – peut-être plus complexe – de confronter un style martial de notre plan avec des habitudes qui nous étaient entièrement étrangères : là est le charme du métissage. Retournée auprès de Johan et d'Emilia, qui me félicita avec une certaine taquinerie, je les encourageai alors avec un sourire satisfait.




¹  Monologue emprunté à William Shakespeare, Othello, acte IV, scène 2.

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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) EmptyMer 20 Oct - 14:11
Otmar se fit la réflexion qu’il ne fallait pas détester de sentir une brise souffler, qu’elle soit fraîche ou non quand on vivait en ce plan, après tout ce dernier étant celui du vent justement, il avait donc tendance à souffler un peu partout, si ce n’est constamment, au moins très fréquemment. Mais cela ne le dérangeait que peu, et sans doute absolument guère les locaux, qui rassemblés sur la place centrale du grand village, assistaient à divers spectacles et regardèrent avec curiosité les étrangers participer à leurs festivités. Ce avec une curiosité presque innocente, voir enfantine ? Comme s’ils apprécient purement l’idée de découvrir quelque chose de nouveau et qu’il n’y avait que peu d’arrières pensées derrière.

Et ce fut d’ailleurs à dame Eleonnore de débuter le spectacle, par un récit qu’elle conta, au sujet de l’empire Ikhyldien. Et des pratiques de certains artistes, doués, voir très doués, mais pas dotés du talent exceptionnel qui permettait de prétendre à la noblesse au sein du grand empire d’Orient. Un récit assez intéressant et qui avait le mérite de parler d’une culture exotique même pour les Akkatoniens présents, ce malgré les échanges fréquents et nombreux entre les deux grands empires. Otmar écouta donc celui-ci attentivement, tout en regardant avec curiosité la réaction du public de temps en temps.

Un public plutôt appréciateur, qui n’avait pas l’air de comprendre exactement tout, peut-être à cause de quelques divergences culturelles, mais d’assez appréhender la chose, notamment grâce aux explications élégantes de la jeune femme. Sans doute que cette dernière avait au passage donnée envie à pas mal d’essences d’en apprendre plus au sujet de l’empire Ikhyldiens, certaines iront sans doute même dans le plan matériel un temps pour cela. Après tout, serait-il étonnant qu’un être lié au vent apprécie l’idée de voyager ?

Quoiqu’il en soit quand cela fut terminé, il y eut l’équivalent d’applaudissements pour saluer la représentation de la dame, autant pour ce qu’elle avait racontée et expliqué, que pour la déclamation poétique sans doute. Une représentation qui se fit avec l’émotion juste et nécessaire, faisant imaginer à l’empereur qu’une certaine chercheuse avait fait du théâtre, noble art trop souvent sous estimé. Otmar et quelques membres de l’expédition applaudirent aussi d’ailleurs, les gardes impériaux eux le firent timidement, sans doute par principe de retenue professionnelle. Cela voulait dire d’ailleurs une chose, ce serait au tour d’Otmar ?

Ce dernier ira alors demander discrètement avec ses gardes, des armes enchantées pour ne pouvoir blesser. Lorsqu’on lui demanda ce qu’il voulait, l’empereur n’avisa ni pour un sabre, ni pour une épée ou une rapière, mais pour une dague ouvragée. Celle-ci à la lame d’un éclat vert et légère comment le vent. Elle était indéniablement magique, heureusement Otmar à l’époque n’était pas assez cybernétisé pour que cela gêne…

Il fera donc tourner un peu l’arme dans ses mains, très légère, quasiment autant qu’une plume et facile à manier. Les motifs de plumes gravés discrètement sur la lame étaient plaisants à voir, quant à la poignée elle était noire. Elle ne lui faisait pas l’effet d’une arme de combat, mais plus de rituel ou duel amical, quoiqu’il en soit il n’eut besoin que de quelques instants pour estimer comment la manier efficacement.

Les gardes impériaux eux avaient avisés pour une lance et une masse, des armes elles aussi enchantées pour ne pouvoir vraiment blesser et elles aussi plutôt élégamment conçus. Ils les fixèrent un temps, se disant sans doute que manier une arme enchantée n’était guère dans leurs habitudes, avant de rejoindre l’empereur et ce qui semblaient êtres les guerrières du village… Ce sans doute en attendant que des adversaires soient désignés.

Otmar ne se faisait aucune illusion sur ses chances de briller. Oh, pas qu’il ne pourrait pas gagner un duel, il était doué, mais il supposait que l’adversaire qu’on allait désigner pour lui faire face le serait aussi. Cela ne manqua pas d’ailleurs, il lui fut assigné une guerrière éthérée qui ressemblait à une hybride entre une elfe et azurienne. Il n’avait même pas besoin de la voir combattre pour deviner qu’elle devait être rapide comme le vent et agile comme un serpent… Mais soit, c’était le jeu, cela et il supposait que ce qui importait c’était le spectacle. Quant aux deux gardes impériaux ils eurent aussi le droits à des adversaires assez forts, mais les concernant ils serait étonné qu’ils fassent une mauvaise performance.

Quoiqu’il en soit, vint assez vite son tour, face à la guerrière à la peau azurée qui portait masque fait de bois représentant un oiseau et une tenue faîte de plume. Elle maniait une sorte d’épée ouvragée et le salua en s’inclinant légèrement, Otmar fit de même… Puis le combat débuta et elle fondit immédiatement sur lui.

Il eut alors le plus grand mal à esquiver le coup, ce qu’il fit quand même avec une souplesse rare pour quelqu’un de son âge, avant de reculer et se mettre en garde et attaquer. Une esquive bien moins maladroite de la guerrière esquiva le coup, en vérité elle le fit en s’envolant légèrement alors qu’elle bondissait. Ainsi, le combat était partiellement aérien pour l’un des deux combattants…

Dans un combat réel, Otmar se disait qu’il aurait sortit un pistolet et tiré sur son adversaire, pas qu’il aurait eut beaucoup de chances en faisant ainsi, mais il en aurait eut bien plus qu’avec une dague, mais ce ne serait pas élégant. La danse se poursuivit donc, l’éthérée semblait comme danser autour de lui et frapper comme une guêpe alors qu’il esquivait plus ou moins certains coups et tentait de riposter. Il avait un bon niveau indéniablement, mais elle était clairement au dessus… Quant à son style de combat, il n’était pas vraiment celui qu’on apprenait au cours du service militaire, mais exotique même d’un point de vue Akkatonien. Faisant penser pour les connaisseurs à certaines tribus elfiques d’Eïrn, probablement celles qu’il fréquenté.

Et le combat finit par s’achever, quand l’humain épuisé par les coups, mais guère endoloris, fit un geste de reddition. Lui et son adversaire se saluèrent alors et on les applaudit. Otmar quand même satisfait d’avoir fait de son mieux, prendrait alors un breuvage qu’on lui tendit une fois sortit de l'arène… Il le but alors et se sentait bien plus en forme... Pratique !

Suite à cela vinrent les autres combats qui se firent avec assez de talent guerrier, et sans étonnament les deux gardes impériaux gagnèrent les leurs même s’ils durent faire bien des efforts pour donner du spectacle et non juste attaquer pour vaincre rapidement. Puis la fête se poursuivit et Otmar qui se remettait légèrement de la fatigue dû au combat, revint vers Eleonnore et dirait aimablement.

« C’était agréable, quoique fatiguant et je dois dire que votre performance théâtrale était superbe. Je ne rechignerai guère à vous voir jouer une pièce, si un jour l’idée vous venait. » Puis, avec réflexion. « Je suppose quoiqu’il en soit qu’il va falloir prévoir d’y aller prochainement, des ruines nous attendent. Nous aurons en tout cas put apprendre bien des choses intéressantes ici. » Même s’il n’avait pas prit des notes, mais il avait tendance à le faire après coup en général. Il ne manqua pas d'ailleurs de dire amusé. « Cela donne envie de voyager plus souvent pour découvrir d'autres cultures, n'est-ce pas ? »
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