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Orzian, engrenages et arcanes
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Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore)
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) - Page 2 EmptyMar 26 Oct - 18:50



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 18H30
Dans les ruines elfiques

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Treizième élément.



« Dans les vallées aériennes de ce plan oublié du commun des mortels, toutes les choses étaient plus vieilles que les kiths et elles ronflaient
de mystère. »

Le cycle d'une journée dans le plan du vent s'écoulait différemment. Si nous n'avions pas nos montres, il nous aurait été difficile d'inférer l'heure, puisque les jeux de luminosité étaient davantage le fait de turbulences météorologiques que d'un quelconque rythme circadien. dans notre plan, le soleil devait sans doute s'amouracher de l'horizon, mais ici, la lumière était encore belle et inaltérée. Ceci était sans doute la chose la plus spectaculaire à mes yeux, dans la mesure où cela me donna l'impression – inventée – de sortir du flot du temps. Il n'y avait que la fatigue de la journée qui me rappelait que la journée approchait de sa fin.

Je discutais avec mes collègues des différentes légendes dont nous avions été les témoins, au moment où la petite troupe de l'empereur nous rejoignit, leurs combats étant terminés : « Vous me flattez ; je ne suis qu'une amatrice, même si les planches ont des charmes qui ne me repoussent pas, loin de là. Vous n'avez pas démérité pour autant, quoi qu'il en soit ; il était très plaisant de vous voir valser contre votre adversaire, bien que les techniques de combat de ce plan sont plus retorses que celles des armées régulières de l'Empire. Mais cela ne semble pas avoir surpris nos amis, continuai-je en m'inclinant doucement devant la garde rapprochée d'Otmar Ehrlich Deffarès. Du reste, il serait effectivement judicieux de préparer notre départ. Les festivités sont très agréables et riches d'informations, mais si nous ne voulons pas inquiéter l'équipe restée sur la base opérationnelle, il convient de ne pas trop prolonger notre expédition – après tout, nous ne devions parler qu'à Allezïr. Mais oui, force est de constater que découvrir des cultures d'ailleurs est une activité très agréable. J'apprécie le confort de la vie à la capitale, mais mes grands souvenirs sont ceux des épopées étrangères, dis-je à l'attention de l'empereur. »

Nous fîmes chemin à travers les différents étals du village, encore hypnotisés par toutes les choses exotiques qui pouvaient tomber sous notre regard. Des bibelots colorés et des friandises inconnues retenaient notre attention : il fallut toute la volonté du monde pour essayer de s'extraire de la magie des lieux. Au détour d'un chêne centenaire, nous retrouvâmes Sirïé pour lui expliquer la suite de nos projets, desquels elle s'enquit avec une curiosité non-feinte : « Notre festival continue demain et après-demain, si vous voulez revenir profiter de l'ambiance. Bon vent, d'ici là ! » nous lança-t-elle en guise d'au-revoir, alors que nous nous envolions pour les ruines brumeuses.

* * *

La vue de ruines millénaires flatte toujours l'œil romantique, aussi bien en évoquant les passions d'une civilisation fastueuse que le silence des morts. Combien de sacs seraient nécessaires pour envelopper toutes les babioles qui remontaient à une époque indicible ? Combien de pages de notes faudrait-il pour embrasser les émotions qui s'étalaient devant nous ? Je me refusais à faire le calcul, puisque mes estimations seraient nécessairement trop faibles et, par là, je sous-estimerai le poids de l'histoire et le passage du temps.

Nous arrivâmes par ce qui semblait être le point culminant des ruines, une sorte de temple ou d'église. Les pierres grinçaient sous le vent. Des oiseaux jouaient sur le bord des bénitiers et des bancs, sur les piliers effondrés et les porte-cierges. Des statues, autrefois polychromes, avaient été défigurées par les intempéries et on ne reconnaissait plus que quelques silhouettes indescriptibles. Une pie, qui nous avait vu approcher, avait déployé ses ailes, mimant une croix avec son envergure. Elle les maintint plusieurs longues secondes dans cette position, avant que son bec, tordu par une étrange inquiétude, s'ouvre dans un jacassement plaintif. L'oiseau s'envola.

Un petit ruisseau coulait à l'extérieur des murs défoncés par les intempéries. Autrefois, on pouvait imaginer que des truites nageaient dans ces canaux naturels. J'imaginais les voir se tenir dans le courant ambré, où les bords blancs de leurs nageoires ondulaient doucement. De la mousse poussait partout où nous posions le regard. Elle formait des motifs vermiculaires, qui étaient comme les cartes d'un monde en devenir. Des cartes et des labyrinthes. D'un monde qui ne pouvait plus être remis en place. Pas être réparé. Dans les vallées aériennes de ce plan oublié du commun des mortels, toutes les choses étaient plus vieilles que les kiths et elles ronflaient de mystère.

Emilia avait grimpé sur une pierre qui avait été délogée de sa position originelle et regardait vers le sud. Les nuages laissaient des crachats blancs au-dessus de nos têtes, qui se coloraient de nuances du paradis. Je suivis son regard et les courbes des bâtiments détruits se dévoilaient à moi. Les ruines étaient grises comme du sable de lave. Le vent sentait la végétation. C'était tout. Il n'y avait pas d'autres odeurs. Je pensais aux arômes des plats que nous avions mangés dans le petit village. Sans doute, à une autre époque, c'étaient des senteurs qui existaient à l'endroit où nous nous tenions. Mais aujourd'hui, il n'y avait pas d'odeur de kiths. Nous marchâmes un peu pour explorer les environs, avec peu de commentaires, car il était difficile d'exprimer quoi que ce soit, face à des ruines aussi vieilles. Du moins, je ne faisais aucune remarque, mon attention toute entière focalisée sur les promontoires dégarnis et les routes à moitié pavées. Des touffes d'herbes humides recouvraient les bas-côtés, sans doute bien entretenus à l'époque.

Le travail de l'historienne est d'ordre scientifique, mais il n'évite pas les penchants personnels. Mes notes représentent le remords inquiet d'une amnésie générale. Les mots et les croquis que je trace dans mon carnet collationnent les souvenirs d'une culture qui, éparpillée par le temps, ne fait plus somme. Ils ordonnent les restes d'un savoir et d'un esprit qui ne fait plus autorité par les mortels, de sorte qu'ils gagnent une nouvelle fonction. Ils deviennent les marqueurs d'un passé révolu et permettent d'actualiser – et de s'actualiser – notre présence dans l'espace-temps, c'est-à-dire qu'ils nous positionnent ici et maintenant.

« Il est des mystères insondables. Qui sait les rites exacts qui avaient lieu dans le temple que nous venons de visiter et qui sait quelles marchandises circulaient dans ces rues ? Vous avez voyagé davantage que nous, Monsieur ; tout du moins davantage que moi. Mais il me semble que l'on ne s'habitue jamais à explorer ce qui ne s'exprime plus ouvertement. »





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Éléonore Alyster
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) - Page 2 EmptyVen 29 Oct - 18:02
Otmar se demandait si la culture de cette tribu était plus ou moins habituée aux conflits avec leur voisinage, suite au duel où il n’en avait pas mené large ? On pourrait le penser par rapport au récit qu’il avait entendu sur l’une de leurs légendes, mais dans les faits cela ne voulait pas forcément dire que cette culture tribale était spécialement martiale. Après sans doute devait-elle savoir se défendre contre d’éventuels monstres importuns ou élémentaires de mauvaise humeur, mais il supposait sinon que ce village ne devait pas forcément avoir beaucoup de conflits avec ses voisins.

Quoiqu’il en soit, au moins avait-il put se défendre un peu, même si la démonstration la plus digne des compétences martiales impériales avait été donnée par ses deux gardes du corps, mais bon ce n’était guère détonnant, après tout la garde impériale était censée être un corps d’élite. Otmar glisserait d’ailleurs avec amusement concernant le fait que ces deux là avaient su se défendre.

« Je suppose que l’habitude de devoir se battre en formation ou unité fait que l’on peut être surprit en cas de duel comme celui-ci, mais en effet ils se sont bien débrouillés. Quant à vous, je suppose que si jamais le professorat vous lasse, vous aurez bien des opportunités de carrière se présentant à vous, même si j’ai un doute quant à cette éventuelle lassitude. » Après tout elle semblait avoir la passion du métier et cela se sentait… Quant au départ et la découverte d’autres cultures.

« Si je n’étais pas empereur actuellement je vous aurais proposé une excursion dans un clan nomade  du désert ou naga pour vous faire découvrir ces cultures fascinantes, mais malheureusement je peux moins faire ce genre de choses aujourd'hui. Peut-être dans dix ans ? Quoiqu’il en soit je vous conseille de vous y intéresser, les nagas sont peu loquaces et paraissent froids d’apparence, mais leur amitié est fidèle et leur sagesse grande. » On pouvait sentir une pointe d’affection amicale dans sa voix quant il parlait de ce peuple. Cela se sentait qu’il les estimait grandement en effet.

Puis, vint les aurevoir polis et aimables, non sans avoir fait une dernière visite du village et, mit la main sur quelques petites choses, qu’Otmar paya pour celles le nécessitant. Il se disait après tout que sa fille apprécierait certains bibelots et diverses friandises. Surtout que, cette dernière étant une mage transformiste, ce n’est pas comme si elle avait besoin de faire attention.

[…]

Nos aventuriers retournèrent donc vers les ruines de l’ancien empire d’or, qui devaient êtres riches en histoire, mais depuis fort longtemps abandonnées, sans doute bien plus vieilles que la race humaine, les elfes eux-mêmes avaient sans doute oubliés depuis fort longtemps ces dîtes ruines situées dans le plan élémentaire du vent.

Celles-ci étaient d’ailleurs dominées par un grand temple, sans doute dédié à l’élément du vent et à sa gloire, le peuple de l’ancien empire ayant été très proche de la magie et assez appréciateur de l’idée d’en faire un objet de foi, englobant la nature tout aussi sacrée pour eux. Des ruines depuis longtemps laissées à la nature, mais paraissant encore dans un temps convenable, ce sans doute autant été par divers enchantements insufflés dans ses pierres, que par les facteurs d’érosion alentours qui n’étaient pas exactement les mêmes que ceux du plan matériel.

Otmar imaginait que les lieux avaient été pleins de vie dans un temps anciens, mais surtout pleins d’activité religieuse. Les elfes avaient-ils établis un temple ici pour être davantage proche d’un élément à vénérer, ou aussi dans un désir potentiel d’explorer ou s’étendre en partie dans un plan élémentaire ? Difficile à dire, quoiqu’il en soit, il vit et entendit rapidement qu’il n’était pas le seul fasciné par cet endroit, bien au contraire. Otmar glisserait alors pensif...

« L’histoire de ceux qui nous ont procédés et nous précéderont est toujours au moins partiellement nimbée de mystères, même pour ces êtres pouvant traverser les millénaires que sont les dragons, les ombres et les vampires. Car des rarissimes d’entre-eux qui dépassent les quelques millénaires, même leur souvenir leurs paraissent bien lointains et fugaces, voir incomplets. » Il avait déjà rencontré des ombres, ces malchanceux, ou chanceux selon les cas qui avait pu renaîtres en mort vivant sentients pour prolonger leur existence. Certains devenaient avec le temps peu conscient du temps qui passe, tandis que d’autres semblaient avoir le sentiment que le passé lointain était une autre vie. De plus, l’expérience d’un seul être, traversant ou non les millénaires était forcément incomplète sur le dit passé.

« Un mystère qui aura du mal à être levé et ne le sera sans doute jamais, mais qui nous as construis. L’ensemble du continent Orzanien a été l’héritier de la culture de l’ancien empire elfique, même les non elfes. Mais aussi héritier de l’empire nain, combien de cités duchéennes par exemple sont d’anciennes cités naines et elfiques qui ont continués à vivre mais ont changées avec le temps ? Cela m'a toujours fasciné et vous ? » Les humains, azuriens et autres peuples plus jeunes après tout s’étaient mêlés aux anciens peuples et ne l’avaient pas forcément chassés de chez eux. Autant dire que les échanges s’étaient faits.

Quoiqu’il en soit Otmar alors qu’ils exploraient remarqua sinon une salle dans laquelle ils finirent par entrer qui semblait être une immense volière, ouverte ? Disons que la salle ressemblait à un imposant cercle, de cinquante mètres de diamètres, au plafond ouvert et occupée par divers arbres imposants et colorés sur lesquels logeaient des colonies d’oiseaux. En dessous des autels où on pouvait sans doute apposer des offrandes. Des autels en ruine, contrairement aux arbres.

« Ces arbres doivent êtres du genre de ceux donnant envie aux oiseaux de se poser dessus pour un temps, un lieu de prière envers la nature et les enfants du vent que sont les oiseaux ? Au moins les arbres ont survécus au temps qui passe. » Il ajouterait ensuite du ton de l’interrogation en avisant un autel, à l’égard de l’historienne du groupe.

« C e n’est pas très professionnel sinon, mais m’autoriseriez vous à faire une offrande aux oiseaux ? Je me demande si cela a un effet particulier. » Disons qu’il était curieux, même s’il préférait demander l’autorisation avant.
Otmar Ehrlich Deffarès
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) - Page 2 EmptyLun 1 Nov - 19:06



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 19H00
Dans les ruines elfiques

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Quatorzième élément.



« Les grands yeux noirs des merles et
des palombes se posèrent sur moi. »

« L'histoire des peuples est fascinante, oui, répondis-je avec perplexité. J'ai appris néanmoins à réfréner mes ardeurs aventurières, dans la mesure où un esprit froid est parfois mieux prévenu face aux méandres de l'histoire. Mais l'attraction du passé ne cesse jamais complètement. » Une marche de quelques minutes nous entraîna dans un bâtiment circulaire d'une circonférence assez impressionnante. Le bâtiment devait s'élever assez haut, à l'époque, et les arcades encore debout laissaient penser que des vitraux filtraient la lumière à l'intérieur. Prudemment, nous entrâmes dans la structure oubliée.

Des dizaines d'arbres, de tailles diverses, nous entouraient. Je reconnaissais des espèces connues, ainsi de vieux hêtres et des tilleuls. D'autres ne m'étaient pas familières, s'agissant certainement d'espèces endémiques au plan du vent. La cour centrale était entourée par ce cercle végétal, qui venait exprimer la victoire de la vie sur les roches volcaniques dont les archipels volants étaient constitués. Si les grands arbres millénaires dominaient sur le pan ouest de la volière, l'arc opposé était ponctué par des arbres fruitiers, riches de leur trésor, comme le permettait l'ensoleillement exceptionnel du plan. L'air était empli des agrumes de printemps. Je me dirigeais vers ce surprenant verger pour arracher un fruit de sa branche : il ressemblait à s'y méprendre pour une orange, si ce n'était pour sa peau complètement rouge, bien davantage que les espèces sanguines de notre plan.

Tandis que je revenais vers notre groupe, j'épluchais l'agrume et fus surprise de voir une chair très pâle, comparable à celle du pamplemousse. « La variété de fruits ici est exceptionnelle. Il faut sûrement penser que tous ces oiseaux rapportent les semences en déféquant dans cette volière », remarquai-je en partageant le fruit entre la compagnie. L'agrume avait une chair à la fois acide et sucrée, avec un arrière-goût très frais. Je frottais le zeste irrégulier avant de l'humer : des facettes florales émanaient de l'huile naturelle du fruit, dont je me délectais avant de revenir au reste de la volière.

Les autels sous les frondaisons étaient délabrés ; si les intempéries avaient sûrement dû causer une érosion régulière, j'avais l'impression que les pierres qui composaient les foyères n'avaient été que modérément dégrossies, comme pour souligner un lien indéfectible avec la nature. Un court examen des alentours ne révéla aucun reste d'offrande ou d'ex-voto. « Je serais bien en peine de l'affirmer sans l'ombre d'un doute, mais je pense que les offrandes qui devaient être faites ici étaient d'ordre naturel. Sans doute de la nourriture pour les oiseaux ou les dieux à qui étaient destinés des prières. À ce titre, je ne pense pas qu'il y ait de mal à imiter, tant qu'on le peut, les rites ancestraux.

Pour tracer des analogies avec notre propre histoire, nous savons que les rites primitifs se faisaient sur des autels assez vétustes ou, tout du moins, qui avaient pour caractère premier leur simplicité. La faible décoration et l'absence de retables ou d'autres éléments s'expliquait par la nécessité pour le personnel religieux et les observateurs de pouvoir se voir les uns les autres. Le côté naturel des autels – entouré par ces arbres – trouve sans doute ses origines dans cette considération. Néanmoins, comme l'exprime le style architectural assez riche des autres bâtiments des ruines que nous avons visités, nous devons être à une époque relativement avancée de l'histoire de l'empire elfique, puisque l'autel est proche de l'extérieur du cercle. Il n'est pas possible de tourner autour, comme on le fait dans certaines sociétés traditionnelles et dans les premiers cultes connus.

Le déplacement des célébrants à l'avant de la scène, et non plus autour de l'autel, et le refoulement du reste de l'assemblée derrière expliquent ainsi sa position un peu particulière. Il est particulièrement intéressant de voir ici un bâtiment dans la fonction se trouve à la croisée de traditions bien différentes dans les rituels elfiques.
»

Car l'endroit était admirable. La verdure et la frondaison riche des lieux donnaient un air de bénédiction limpide, malgré les chants et les cris des nombreux oiseaux que nous dérangions sans doute quelque peu. Ou peut-être pas, car nous faisions partie du cycle de la vie, comme tous ces chasseurs et chanteurs de l'air. Les civilisations peuvent croître et s'effondrer, mais la nature persiste, saison après saison, siècle après siècle, millénaire après millénaire. Plus encore, la nature continue à s'étendre, lorsque ce loisir lui est laissé. Ainsi, le grain se multiplie et revit avec toujours plus de vigueur. Les céréales sont éternelles, endurant les léthargies de l'hiver.

« Ton fruit renaîtra ; assurément il renaîtra », nous promettait les vieux éloges funéraires du désert. Au fil des transmutations, sans doute serait-il possible de mieux comprendre les secrets de l'avenir. Je sortis un peu de pain de mon sac, ce qui fit piailler les oiseaux. Il n'est de progrès dans l'intelligence du monde que lorsqu'il est accompagné du progrès dans l'intelligence des kiths. Le dicton rappelle : « Connais-toi toi-même » ; c'est la finalité de toute science. Sans doute y a-t-il un symbole à offrir la source de notre alimentation – car il faut bien résoudre de s'y préoccuper chaque jour, au risque de mourir – à la nature, qui nous l'a prodigué en premier lieu. Je posais la miche de pain sur l'autel. Les grands yeux noirs des merles et des palombes se posèrent sur moi.





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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) - Page 2 EmptyVen 5 Nov - 14:37
Otmar hocha la tête concernant le désir de la jeune femme de savoir garder la tête froide quand nécessaire, pour mieux évaluer les méandres complexes, et soyons sincères, souvent ambiguës de l’histoire. L’empereur se demanda alors l’espace de quelques instants, comment serait analysée leur époque par les générations futures ? Difficile à dire, mais il est vrai que le présent était destiné à devenir le passé…

Quoiqu’il en soit l’imposant jardin et volière semblait aussi contenir beaucoup d’arbres fruitiers, il se serait d’habitude méfier d’arbres portant des fruits des fois inconnus pour certains, qu’il découvrait, mais… Supposant que les elfes des temps anciens n’étaient pas du genre à s’amuser à planter des arbres aux fruits malsains dans un temple, mais aussi ne voyant aucun signe de danger sur les fruits, il accepta la part d’agrumes que lui tendit l’historienne… Soupesant celle-ci, il goûtera ensuite le dit agrume.

Et trouvera le goût légèrement trop acide à son goût, mais quand même très agréable. Il ne savait absolument pas s’il y avait de tels fruits dans le plan matériel, mais bon il n’était pas un spécialiste. En tout cas les analyses de la jeune femme lui semblaient intéressantes, cherchant dans sa besace quelque chose d’alimentaire à présenter en offrande à un autel d’ailleurs, il glisserait pensif.

« J’espère que ces rites impliquaient de poser une nourriture solide sur les autels et non de faire brûler celle-ci ensuite, mais je suppose que la présence des oiseaux rassure en ce sens. » Ceci dit, il sembla dénicher l’équivalent d’une pomme, à la chair jaune. Visiblement Otmar était du genre à penser à manger quelque chose de sain en voyage, en tout cas il trouva que ce serait une offrande de meilleur goût que quelques gouttes de whisky.

« Une analyse intéressante, vous vous y connaissez mieux concernant l’ancien empire elfique que moi. » Glissera sinon Otmar avec intérêt pour le sujet, signifiant qu’il venait sans doute d’apprendre une chose ou deux, ce avant d’ajouter pensif. « Je pense qu’on peut affirmer que ce complexe qui nous entoure avait d’abord un but religieux, peut-être pas le seul, mais cela expliquerait aussi sa construction dans le plan élémentaire du vent. Je serais curieux de voir les équivalents de ce temples dans d’autres plans, mais ce ne sera pas pour tout de suite. » Ceci dit, il imiterait dame Eleonnore et poserait une pomme qu’il avait prit la peine de découper en tranche avec un couteau, puis recula.

C’est alors, qu’un spectacle intéressant eut lieu.

Tout le monde put sentir une brise souffler davantage et alors que plusieurs oiseaux se posaient sur l’autel pour récupérer des fruits, une lueur fut émise par l’autel. Des restes d’une ancienne magie ? Les membres de l’expédition, purent alors voir les fruits de certains arbres se mettre à naître et mûrir à vue d’œil avant de tomber au sol... Alors, les oiseaux se mirent à chanter d’une manière étrangement coordonné. Comme incités par une sorte d’instinct, un magnifique spectacle de plusieurs minutes assez uniques et singulier ou aussi bien le chant des merles, se mêla à celui de divers autres oiseaux chanteurs… Puis, cela retomba et les oiseaux  s’envolèrent des arbres pour aller chercher les fruits tombés au sol...

Otmar curieux et ressortant de sa fascination, s’approcherait alors de l’autel, pour l’observer sous tous les angles et dire une fois cela fait.

« Hum, ce devait être un rituel annuel, ou mensuel ? Limitée par le fait que l’énergie de l’autel doit se charger… Je ne m’y connais pas beaucoup en magie, mais ça a l’air d’être un mélange entre la magie des ténèbres et de l’air, pour la fertilité des arbres, et l’effet d’hypnose. Curieux au sein d’un temple du vent. » Cela rejoignait néanmoins pensa Otmar, la vision que se faisaient les anciens elfes de la nature, quelque chose de magnifique doit être préservé et chérit, mais aussi cultivé, tel un splendide jardin. Cela matérialisé par une sorte d’échange, de la nourriture contre un splendide chant.

Quoiqu’il en soit alors qu’il réfléchissait à cela, Otmar vit une créature étrange qui ressemblait à une sorte de masse élémentaire à l’allure de singe plumé qui les regardait, puis qui partir pile soudainement. Il avait ressentit une certaine, sentience dans son regard ? En tout cas ce n’était pas un véritable animal. Il dira alors observateur.

« Je crois que nous ne sommes pas seuls ici. Mais je suppose qu’il est évident qu’avec le temps des êtres élémentaires allaient occuper les lieux. Que diriez-vous que nous continuions l’exploration prudemment ? » Il désignerait alors un imposant bâtiment proche aux auteurs circulaires qui avait l’air de servir de quartiers, ou lieux de vie pour le personnel du temple. Sans doute serait-il intéressant d’observer cela ? On pouvait beaucoup apprendre aussi des peuplades du passé par ce genre de détails. Même s’il se doutait que seuls les produits peu périssables auraient survécut au passage du temps…

En tout cas la première chose qu’ils virent en entrant fut une salle où était stockée des outils, dont certains en vrai bronze qui avaient survécus au passage du temps, des outils nombreux dédiés à l’entretien des lieux, mais beaucoup aussi au jardinage… En parlant de jardinage, la nature reprenait ses droits depuis longtemps ici car en mains endroits la pierre laissait dévoiler petits arbres et plantes diverses. Otmar dirait alors pensif.

« Hum, une sorte de monastère des temps anciens ? Ou bien, un grand jardin aussi ? Les lieux semblent religieux certes, mais étaient visiblement aussi dédiés à la culture et entretien des plantes des environs. Les anciens elfes croyaient pour beaucoup que la nature était d’autant plus sublime aidée de la main de l’artiste pour l’embellir, comme l’argile auquel on donne forme de ses mains. » Une conception du monde qui n’opposait guère civilisation et nature donc. Otmar demanderai alors à ses compagnons d’aventure. « Vous qui avez été à Ikhyld, avez vous pu pour certains vous rendre dans des monastères de mages ? Cela me fait penser à ce qu’on peut trouver au sein de monastères de mages liés à l’élément de la terre. » Même si ce n’était sans doute pas le même principe, vu que les dits monastères avaient autant des buts d’enseignement pratique, que de foi.
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) - Page 2 EmptyVen 12 Nov - 16:03



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Quinzième élément.



« L'élémentaire bascula sa tête sur le côté et ses grands yeux
émeraude avaient un je-ne-sais-quoi d'infiniment triste. »

La croissance des végétaux n'était généralement pas un spectacle que l'on pouvait apprécier. Bien sûr, la paysanne dans son champ ou celui qui entretenait sérieusement son petit potager pouvaient voir, jour après jour, les fruits pousser et les céréales prendre une teinte dorée. Mais l'œil ne faisait alors que des comparaisons journalières ou hebdomadaires, de sorte que la croissance était vue comme un processus discret, discontinu. C'était à l'imagination de faire le travail de continuité, c'est-à-dire à imaginer la pomme grandir depuis sa formation jusqu'au moment où elle est parfaitement mûre. Ce que je veux dire, c'est que le développement accéléré qui se passait sous nos yeux était quelque chose de splendide.

« Oui, il s'agit sans aucun doute d'un sort complexe, dont le rite devait être proprement codifié par un clergé, commentai-je tout en regardant les effets de l'offrande autour de moi. Les sorts de fertilité sont assez communs et ne requièrent pas de connaissances magiques particulièrement profondes : ce sont généralement des incantations qui permettent d'enrichir le sol en éléments utiles au développement des plantes, ce qui est finalement comparable à l'usage d'engrais. Mais de tels sorts n'accélèrent pas la période de gestation et de croissance.

« Bien sûr, cela garantit un avantage net de productivité et c'est pour cela que l'empire elfique actuel a largement évité les problèmes majeurs de pénurie de grains. Dans cette optique, c'est la raison pour laquelle les seigneurs elfiques accordaient généralement le service de leurs mages bénévolement, puisque la communauté toute entière en ressortait largement affermie. Néanmoins, cet avantage n'était pas une parfaite panacée : si l'usage de tels sorts n'était pas harmonisé dans l'entièreté de l'empire, les prix pouvaient chuter à cause d'une offre trop importante par rapport aux prévisions nationales ou du nécessaire passage du grain par des intermédiaires avides de profits. De plus, une récolte exceptionnelle implique souvent une prolifération des vermines. Et je ne parle même pas de la logistique pour transporter et traiter les produits de l'agriculture.

« Tout cela pour dire que le rituel que nous venons de voir est exceptionnel à de nombreux titres. Mais s'il est, au premier abord, source de vitalité et de fertilité, je ne peux m'empêcher de penser aux problèmes que cela a pu engendrer », finis-je en haussant les épaules.

Tandis que nous finissons d'inspecter le bâtiment et de discuter de sa nature, une sorte de primate, nimbé dans des courants élémentaires nous fixa d'un regard intéressé, mais quelque peu torve. Il s'enfuit dès que notre attention s'arrêta trop longuement sur lui, passant par une des ouvertures élevées de la volière, trouée par le temps. « Oui, nous avons découvert beaucoup de choses intéressantes depuis que ce matin ; procédons avec retenue, car les mystères des ruines, au-delà de leur calme héroïque, ne sont pas nécessairement exempts de dangers », répondis-je à empereur, alors qu'il pointait du doigt un vaste complexe sur les hauteurs de l'île volante.

L'ascension vers le sommet des ruines était une tâche plutôt simple. Il était certain que l'endroit avait été judicieusement choisi par les elfes d'antan. La position surélevée permettait de saisir l'enclos elfique du regard, mais la pente qui y menait était assez douce pour que les allers-retours ne soient guère fatiguant. Ces considérations étaient semblables à celles de notre plan et il fallait bien voir ici le poids des invariants ethnologiques. Plus étonnant encore, le panorama était magnifique et les chemins semblaient toujours aussi bien apprivoisés qu'à l'époque des elfes. Les grands arbres se levaient toujours élégamment dans le ciel et étaient espacés d'une distance curieusement agréable à l'œil. S'il était évident que les lieux n'étaient plus occupés – les pierres étaient celles de ruines –, la nature avait encore un charme artificiel, ciselé. Les insectes ne grouillaient pas et il n'y avait aucun précipice ni aucune crevasse dangereuse qui crevait les routes.

Les bâtiments étaient effectivement une sorte de monastère ou de cloître. Il s'organisait autour d'une cour intérieure herbagée, qui devait avoir été finement entretenue. Je pouvais entrapercevoir, dans le méandre des mémoires, les dos des religieux, le cliquetis des trousseaux de clefs et le bruit ténu des plains-chants liturgiques, étonnés dans une langue qu'il serait difficile de reconstituer aujourd'hui. Otmar Ehrlich Deffarès examinait du regard les outils qui reposaient contre le mur. Ils étaient usés par le temps, mais aussi par leur usage extensif dans l'entretien du couvent.

« Effectivement, les monastères de mages ont cette qualité particulière qu'ils sont au cœur de réseaux fonciers très importants : les cahiers de compte mettent assez largement en lumière que ces ordres religieux achètent des parcelles arables – l'argent provenant à la fois des bénéfices obtenus sur les cultures que des services magiques rendus à la communauté – pour les mettre en valeur. Les cultures céréalières et fruitières s'y développent de manière remarquable, permettant à une véritable culture, au sens esthétique du terme, monastique de se créer. Ainsi naissent des organisations qui se tiennent au premier rang de l'innovation agricole et tissent le maillage social ikhyldien, lorsque l'influence de la capitale tend à s'étioler.

« J'ai beaucoup parlé avec ces mages pendant mes voyages et mes haltes à Ikhyld. Il y a somme toute un charme indéniable à cette alchimie particulière entre les vérités que l'on cherche à atteindre dans l'esprit – ou dans l'âme – et dans les pratiques plus prosaïques, mais non moins dénuées de sens. » Tandis que nous parlions, la figure simiesque réapparut pour nous épier. Elle était cachée dans l'ombre d'une fenêtre, tout du moins ce qu'il en restait, mais ses grands yeux verts ne laissaient aucun doute qu'en à sa présence.

L'élémentaire semblait moins craintif que lors de notre première rencontre, peut-être parce que nous étions sur son territoire. Ses yeux brillants avaient un éclat triste, comme des cieux constellés d'étoiles trop lointaines pour être atteintes. Notre regard se croisa pendant un moment qui semblait durer si longtemps, car c'était toute l'histoire de nos vies qui passaient alors – sans que l'on ne l'échangeât véritablement. Je pensais à mes lectures philosophiques, à mes études de l'histoire, à mes exégèses littéraires, à mes soirées en bibliothèque, aux discours du haut de la chair, à la mort de mon père, à mon exil sentimental, à la révolte de mon âme, au vide en moi.

Le singe descendit alors avec une agilité exceptionnelle le mur de lierre et se faufila entre les herbes pour arriver à notre niveau. La garde rapprochée de l'empereur avait prudemment mis leur main à leur ceinture, mais elle se retenait bien de se montrer hostile. L'élémentaire bascula sa tête sur le côté et ses grands yeux émeraude avaient un je-ne-sais-quoi d'infiniment triste. Je voulus prendre la parole, mais une émotion étrangère m'en empêcha et mon corps s'affaissa dans une pâleur embrumée.





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Éléonore Alyster
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) - Page 2 EmptyLun 15 Nov - 12:09
« Cela et ce n’est pas le genre de sort que n’importe qui peut lancer. » Glissa Otmar avec réflexion au sujet de processus, après tout ce n’était pas la même chose de fertiliser un sol et de faire pousser à toute vitesse des fruits, ce qui était quasiment proche d’une acte de création. Ce qui supposait-il, était plus coûteux à bien des niveaux en magie. Cela expliquerait en tout cas que la production alimentaire technologiste arrivait au niveau global à égaler celle magique, sans forcément la dépasser, même si jamais des engrais et fertilisants modernes ne pourraient offrir ce genre de spectacles. Otmar dirait alors pensif.

« Mais je ne suis pas économiste, néanmoins je suppose que l’usage que des nations comme Ikhyld font de ce genre de sorts donne aussi une idées des utilités et solutions possibles pour user de la magie au niveau agricole. » Et dans bien d’autres domaines aussi. « Mais Ikhyld est un cas assez extrême, quoique l’ancien empire elfique l’était peut-être aussi ? Une nation investissant d’importants moyens pour former et employer des mages. La comparaison peut donc être maladroite, je suppose. » Cela expliquait aussi pourquoi les mages étaient une sorte d’élite dirigeante à Ikhyld, tout dépendait d’eux ou presque. Mais bon, toutes les nations usant abondamment de magie et il y en avait beaucoup, ne voyaient pas forcément les mages devenir l’élite politique, même si souvent riches voir très riches, pour les meilleurs d’entre-eux.

« De dangers ? En effet, j’ose croire néanmoins que les anciens elfes n’étaient pas du genre à mettre des pièges dans un lieu de culte fréquenté quotidiennement. » Glissera sinon Otmar avec un peu d’amusement au sujet de la prudence dont il fallait faire preuve, avant de reprendre plus sérieusement. « Mais on est jamais à l’abri d’un éboulement, de bêtes dangereuses ayant fait du lieu un nid, ou d’un golem gardien qui nous prendrait pour des intrus… Entres autres je suppose. » Ce qui déjà paraissait plus réaliste que des pièges en effet. Après tout enchanter des golems pour qu’ils défendent un lieu était pratique et ne mettait pas en danger ses habitants. Néanmoins, heureusement ils n’eurent à faire face à rien de tout cela alors qu’ils progressèrent dans la ruine…

Otmar constatait d’ailleurs avec amusement que les elfes des environs ne s’étaient pas amusés à faire des fantaisies particulières avec l’architecture, comme ne guère bâtir d’escalier car techniquement voler était aisé en ce plan. En soit ça restait pratiquait, cela évitait de devoir adopter des habitudes quotidiennes particulières. Et, en cas de retour dans le plan matériel, de devoir s’habituer au fait que voler d’une simple pensée n’était plus possible…

Quoiqu’il en soit le côté monastère des environs tendait donc à donner surtout une valeur religieuse et laborieuse aux environs. Guère donc d’idées ou de projet ancien d’expansion militaire ou pacifiste dans le plan élémentaire du vent. Il faut dire, même si les plans élémentaires semblaient assez vastes et prometteurs, ils n’étaient guère dénués d’habitants et de dangers, autant dire qu’en général pas grand monde ne voulait tenter de projet de colonisation allant au-delà d’une cité état isolée dans ces derniers. Heureusement peut-être pour eux ? Toutes ces réflexions en tout cas, le poussèrent à dire.

« Les mages Ikhyldiens sont souvent assez spirituels tout en étant pragmatique, leur croyance envers la magie comme la composante même de l’existence tend autant à la religion, qu’à la philosophie et permet une réflexion assez riche et ouverte. La magie est après tout une noble enseignante, elle offre ses dons et semble être une énergie bienfaisante de laquelle tirer divers bienfaits pour tous. Est-elle le fruit d’une puissance supérieure ? Ou là depuis toujours. » Il n’avait en tout cas pas une mauvaise image de cela, même s’il n’y adhérait pas vraiment, soyons sincère, mais il pouvait rester ouvert à ce sujet.

Puis, revint le petit élémentaire aux airs de singe, même si parler de singe était ambigu vu qu’il ne semblait pas vraiment fait de chair, mais d’une sorte de vent solidifié ? Ou plutôt condensé pour être sincère, sans doute que quiconque le toucherait aurait l’impression à la fois de quelque chose de solide et pas vraiment, un sentiment difficile à décrire… Cela donnait envie d’essayer d’ailleurs, mais Otmar n’allait sûrement pas s’amuser à cela, au risque d’une réaction hostile de la petite créature, mais aussi pour ne pas importuner celle-ci. Une petite créature dont la tristesse semblait facile à ressentir, un esprit de l’air triste ?

En tout cas, cela sembla toucher dame Eleonnore, puis Otmar devina pourquoi alors qu’il aidait celle-ci à ne pas tomber poliment. Lorsque lui aussi ressentit soudain une tristesse écrasante dans son âme, mais pas comme si c'était son sentiment à lui, ni comment si on le lui imposait, plus comme si on communiquait avec lui par l’intermédiaire d’émotions… L’empereur manqua alors lui aussi de défaillir, mais se retint de peu. Visiblement, cet esprit ne savait pas parler, mais avait la capacité de communiquer autrement, en transmettant des stimulus émotionnels ?

Cela lui fit aussi l’effet d’un miroir concernant son existence, qui le crispa néanmoins. Un regard qui devint un instant nostalgique, en se rappelant un être aimé et de regret ensuite concernant ce qu’il avait été prêt à faire pour le venger… Puis un sentiment de manque depuis lors, et de vide, comme s’il était plus amère qu’il ne le laissait paraître en général. Il soupira alors et demandera.

« Je me demande, pourquoi une telle tristesse... » Dira alors Otmar calme alors qu’il reprenait ses esprits et laissait dame Eleonnore y réfléchir aussi, ce avant d’ajouter en s’approchant doucement du petit élémentaire qui laissa faire. Mais, il ne doutait pas qu’à la moindre étincelle de méfiance la créature saurait bondit loin et ce à une vitesse prodigieuse… Avant de dire. En Akkatonien, en espérant que cet esprit comprenne le langage commun, car s’il ne comprenait l’ancien elfique, ce serait complexe...

« Je crois qu’il se sent seul, très seul… Mais pourquoi ? Ne peux tu pas quitter ces lieux ? » La créature fit signe que si, Otmar demandera alors. « Quelqu’un à qui tu étais attaché est partie ? » La créature hocha alors la tête, comme si elle mimait un geste qu’elle avait apprit, mais fit ensuite un non. « Plusieurs ? » Elle refit un oui. Puis Otmar et d’autres ressentirent à nouveau le sentiment de tristesse, celui de la perte, du vide, mais pas que celui du vide lointain, mais aussi récent, bien plus que les anciens elfes. Otmar dirait alors.

« Tu étais attaché à des atmas comme nous ici présents ? Ils étaient tes amis, mais le temps à fait son œuvres ils sont partis, mais toi tu es toujours là, est-ce cela ? » Le sentiment de tristesse refit surface alors et la créature hocha lentement la tête, Otmar pensa alors que si elle aurait pleuré, elle le refait. Il dira alors avec douceur au petit être.

« Je compatis à ta peine. » Tel était la tragédie des êtres immortels qui se liaient tant à des mortels, qu'ils en faisaient presque le centre de leur existence. Certains arrivaient à passer à autre chose, comme si leur vie était un éternel recommencement, d'autres avaient plus de mal, ou à force, sentaient un grand vide les assaillir.
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MessageSujet: Re: Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) Au cœur de l'Azur (Pv Eléonore) - Page 2 EmptySam 20 Nov - 13:09



Septième d'Avril, année 2000 de l'Âge d'Acier – 20H
Dans les ruines elfiques

En compagnie de Otmar Ehrlich Deffarès



Dernier élément.



« Le deuil, c'est l'amour qui n'a nul part où aller. »

Notre périple dans le plan du vent nous mena, à travers cette chétive rencontre, à une réponse bien opposée à celle d'Allezïr. C'était l'ultime réponse à une question qui avait été murmurée à de nombreuses reprises depuis la matinée : qu'est-ce que l'immortalité ? Les idées évoquées avaient été bien différentes selon les points de vue. La différence fondamentale dans la perception du temps faisait que le seigneur élémentaire ne voyait guère le problème de sa longévité sans fin – tout du moins, il ne nous fit pas ressentir que celle-ci était un fléau –, tandis que les mortels comme nous vivent leur immortalité dans les idées et les rêves, dans les mythes et les souvenirs. C'est bien la leçon que nous avions apprise en observant les festivités du petit village, plus tôt dans l'après-midi.

L'immortalité, c'était aussi voir les gens autour de soi partir pour ne jamais revenir, observer le temps passer en étant soi-même fixé sur la berge et attendre le moment où plus aucun ancien ami ne subsiste encore. Avec force de sagesse et d'abnégation, sans doute serait-il possible d'outrepasser les sentiments douloureux produits par ces manques, mais pour une créature dont la sentience était assez limitée et qui ne semblait pas pouvoir utiliser de langue pour communiquer, il y avait là un piège inévitable. Les éclats dansants dans ses yeux étaient misérables et il était difficile de ne pas compatir aux afflictions du singe. Je croisais le regard de l'empereur, plus celui de mes autres compagnons, mais je ne pus me résoudre à verbaliser les pensées dont mon esprit était imbibé, aussi bien par considération pour la petite créature que parce que j'étais persuadée que nous avions tous les mêmes idées en tête.

La lumière déclinait enfin dans le ciel infini – ou plutôt elle semblait s'éloigner et disparaître derrière les masses nuageuses. Ces titans de l'air prirent des teintes merveilleuses dans le crépuscule, tantôt arborant des pourpres sublimes, tantôt des étincelles dorées. J'aurais volontiers croqué le spectacle qui s'étalait devant nos yeux, mais je n'avais pas véritablement le cœur à cela et, de toute manière, je préférais inscrire cette scène dans ma mémoire seule.

Le monastère s'emplissait d'une atmosphère solennelle. Les fenêtres brisées et les hautes herbes n'étaient pas venues à bout de la piété qu'avaient insufflée les anciens elfes à cet endroit. La grande ouverture cintrée donnait de la cour à des immenses salles, qui recevaient encore la lumière du jour et l'air frais. Malgré les murs défoncés, les poutres effondrées et les toitures rongées par le temps, le cloître tenait bon. Les rayons de lumière jetaient leur dard brillant sur les runes qui chargeaient les moulures du patio. Au milieu de celles-ci, je discernais une sorte de graffiti, sans doute fait par un séminariste amusé, dans le creux de la nuit.

Il représentait un elfe accroupi. Ses longues jambes étaient maladroitement repliées contre sa poitrine et ses bras tremblants se terminaient par des mains peu élégantes et crispées, qui frôlaient le sol. Ses yeux n'avaient été gravés que très sommairement et lui donnaient un air méchant, contrastant avec l'image traditionnelle que l'on se fait des elfes. Je regardais le petit singe avec un air attendri.

« Elfes, soyez reconnaissants, soufflai-je d'une voix si faible que personne n'aurait pu m'entendre. Car ce sont dans les yeux mouillés de créatures qui ne peuvent pas parler que vous vivez encore, gardiens de vos souvenirs oubliés des autres. »

Les vieilles plantes croissaient dans les ruines que nous avions parcourues et la forêt avait enserré les grands bâtiments dans leur épaisse frondaison. Les lourdes pierres érigées par les elfes d'antan semblaient encore défier le temps, protégées par les runes qui abritaient les restes d'une magie indicible. Ces vestiges, d'un peuple millénaire et éteint, livreraient-ils un jour leurs secrets ? Notre science saurait-elle dire comment ont été élevés ces bâtiments et quelles mains travaillaient dans ces jardins ? Dans ces débris, ne vivent désormais plus que des petites colonies de singes et d'oiseaux. Les ruines les attirent, car elles forment des protections contre les éléments. Quand la nuit vient, tous ces animaux se réfugient dans les coins les plus confortables du sanctuaire. À qui pensent-ils ? Aux vénérables occupants de ces lieux, dont la foi était un hymne à la nature ? À ces étrangers, pilleurs de trésors, qui étaient venus leur donner de la nourriture, lorsque la lune était nouvelle dans le ciel ?

Le deuil est l'amour qui n'a nul part où aller. Le trésor le plus désirable est d'être aimé par autrui. Ni les elfes d'antan, ni les voyageurs intrépides ne savent plus qu'un petit singe se souvient et pleure dans le monastère en ruine.



–  FIN  –





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