Le soleil se levait lentement dans le ciel. Il paraissait bien timide et à peine lumineux en raison de la présence d'un très fin voile gris qui persistait encore de cette nuit. Mais cela n'empêchera pas le démarrage d'une nouvelle matinée.

Les mouettes planaient déjà dans les cieux, guettant avidement l'arrivée des premières barges de pêche. Quand le tri des prises sera faites, elles feront bombance, sans faire l'effort de partir au large pour pêcher leur pitance. Quelques unes raillaient déjà leur impatience. Une vint se poser non loin d'un navire amarré sur un ponton en bois qui s'étendait en longueur dans les eaux du port. Plusieurs navires y étaient amarrés en derrière celui que fixait l'oiseau blanc. Celui-ci était plus grand et plus long que la plupart des embarcations présentes. Le Cétus, un fier voilien ikhyldien, connaissait quelques aller et retours de ses membres d'équipage, qui prenaient le temps de débarquer des caisses et des sacs épais de l'intérieur du ventre fin du navire. Son capitaine, les mains croisés dans le dos, observait passivement le travail de ses marins, débarquant les marchandises amenées dans cette petite ville portuaire de la côte.

La mouette cria sa déception, pensant avoir trouver un des gros trucs flottants prisés des bipèdes. Point de poisson donc. Déçue, elle lâcha un nouveau son strident et s'envola rejoindre ses autres congénères. Odric ne lui accorda même pas une pointe d'attention. La vie marine qui se présentait dans le bord lui était coutumier et donc peu lui important les mouettes ou encore les goélands. de son unique oeil, il regardait ses hommes. Tout se passait bien comme toujours. Il n'avait rien à redire quand au débarquement des marchandises. Son équipage en prenait soin.

Haesan était une petite ville portuaire situés sur la côte ouest de l'Empire, très axée sur les activités de pêche côtière et en haute mer. Elle était loin d'être isolée, mais aujourd'hui, certains éminents membres de la ville attendaient avec impatience l'arrivage de certaines denrées qui étaient nécessaires pour les embarcations, et les marins ; et bien d'autres choses encore. Suite à quelques petits soucis de négociations commerciales sur les forfaits à débourser pour le transport, un retard s'était installé et il avait fallu paré à une solution en attendant. Que de mieux que de passer par le fret maritime pour dépanner.

Odric y avait trouvé une petite opportunité, en plus d'accepter ce genre de dépannage. Dans ses réserves commerciales, il s'était retrouvé avec quelques petits invendus qui ne trouveraient pas acquéreurs immédiatement. Alors quitte à passer par un port de l'Empire, qui avait des accès immédiates aux routes maritimes vers le continent, autant voir si cela pourrait convenir à de plus petits négociants que lui... Voir peut être même des visiteurs à l'Empire, qui sait. Mais avant, tout cela devait passer au comptoir du port...

Regardant son fier voilier, il inspira lentement l'air frais qui venait du large, chant les quelques petites odeurs qu'on retrouvait dans les ports de ce genre. Il s'accorda encore un instant avant de se rendre aux Négoces...

Ce que Pandora appréciait les terres Ikhyldiennes au petit matin. Terres de magie où elle pourrait tant apprendre… à chaque fois qu’elle se rendait dans cette nation, elle appréciait s’y balader, s’émerveillant des beautés qu’elle avait à offrir. Mais ce qu’elle aimait par dessus tout, c’était laisser la brise marine caresser son visage, faisant légèrement flotter sa chevelure de jais. Non qu’elle n’aimait pas le climat montagneux de son Comté d’Emeraude. Mais elle aurait aimé qu’il ait un accès à la mer, ne serait ce que pour profiter de la vue magnifique d’un lever de soleil apaisant. Voilà qui la rendrait presque mélancolique, bien qu’elle venait juste de conclure une tractation intéressante commercialement entre son Comté et cette nation.

Mais malheureusement, toute bonnes choses avaient une fin et d’ici quelques heures à peine, elle reprendrait un moyen de transport pour retourner aux Duchés. Vêtue de sa robe d’archimage noire aux reflets émeraude, de son bâton au bout duquel brillait une grosse pierre précieuse verte et escortée de Diamant et Rubis, ses deux puissants Néméïdes, on ne pouvait pas dire que la bourgeoise passait inaperçue sur le port d’Haesan… elle flânait le long du quai observant d’un œil avertit les différentes camelotes sortant des ventres des bateaux et les marins s’affairer à leurs tâches. Cet espèce de balai parfaitement orchestré de chaîne humaine pour se passer les sacs avait quelque chose d’hypnotisant à regarder, si bien qu’elle s’arrêta un instant avant de reprendre sa route sous quelques regards curieux. Ce ne devait pas tant être de voir une archimage dans cette région mais sans doute plus les Néméïdes. Finalement, ses pas la guidèrent vers un étrange bateau. Celui ci semblait différent des autres, bien que son équipage faisait exactement la même chose pourtant. Mais il avait une forme élégante. Profilée… il était magnifique. L’on aurait pu penser à un oiseau des mers…

Elle qui aimait l’art sous toutes ses formes se permettait sans aucune gêne de juger de la beauté de cette embarcation l’observant sous toutes ses coutures avec un léger sourire émerveillé. Oh elle prenait garde de ne pas gêner l’équipage bien entendu restant un peu en retrait pour cela, non sans parfois jeter un œil aux marchandises qui défilaient tout près d’elle. Après tout, elle avait quelques heures à tuer. Peut être pourrait elle en profiter pour nouer quelques nouveaux contacts commerciaux ou diplomatiques qui sait…

Et avant de se rendre aux Négoces, Odric se rendit compte qu'il n'avait pas pris avec lui son carnet de commerce, laissé sur sur son bureau. Pestant de ce bref moment d'inattention, s'étant perdu dans la contemplation de la mer, il rejoignit rapidement le bord de son navire pour ce support papier où il notait tous les détails de ses activités commerciales. Ce carnet ne servait qu'à résumer ce qu'il faisait, préférant prendre le temps de tout remettre en ordre et au propre sur le véritable livre de comptes, lui aussi se trouvant à bord. Par précaution, Odric en avait un second exemplaire, qu'il veillait à mettre régulièrement à jour. Dans les affaires, mieux valait garder les traces des transactions hors d'un navire. L'eau de mer, si jamais venait à réussir à s'infiltrer dans sa cabine, risquait de faire le ménage en contact des pages emplis de caractères écrits à l'ancre.

Une fois son carnet en main, il le glissa dans une poche intérieur de sa poche et rejoignit le pont. Ses marins étaient toujours en train de vider à un rythme précautionneux la soute. Par contre, ses sourcils s'étaient légèrement froncés en remarquant que ceux se trouvant sur le ponton avaient cessé de travailler, la tête tournée vers l'intérieur du port. Allons bon, qu'ils regardaient comme cela ? Quelque chose devait se passer pour accaparer leur attention. Son équipage n'était pas oisif et savait travailler quand il fallait travailler. Voir quelques uns de ses marins cesser leur boulot n'étaient quelque chose de pas commun.

Il rejoignit la passerelle qui liait le pont au pontin, la tête tournée vers la source de la perturbation. Il la découvrit que mieux en descendant en quittant son bord. Une jeune femme de haute prestance approchait du Cétus, son regard illuminé d'un grand intérêt et qui suivait chaque ligne gracieuse du voilier. Et ce qui avait attiré l'attention des hommes d'Odric, outre qu'elle était visiblement une mage de haute bourgeoisie ; par la présence de son bâton, était qu'elle était accompagnée de deux grands Néméïdes. Avoir ce genre de félins n'étaient pas rien.

''Messieurs, après cette brève pause, il est temps de reprendre le travail.''Porta la voix d'Odric, pour rappeler à ses marins les tache matinales qui leur incombaient. Certains avaient sursauté, tellement ils avaient été accaparés par la nouvelle venue. S'assurant que chacun avait bien repris ses activités, il se dirigea vers la nouvelle venue, la salua dignement, comme on le faisait à Ikhyld envers une dame de noble naissance.

''Je vous salue, Ma Dame. Cherchez-vous quelque chose de précis sur ce quai ? Je puis peut être vous renseigner...''

Toute accaparée par sa contemplation du bateau, Pandora ne vit guère arriver son capitaine. Ce n’est que quand ses Néméïdes se déplacèrent pour se mettre entre elle et l’homme qui approchait en grondant que son regard émeraude dévia vers l’objet du grondement de ses gardes du corps. Assez âgé, le visage buriné par les embruns et un bandeau pour cacher un de ses yeux, sans doute perdu dans un combat en mer pouvait elle supposer.

« Chuuuuttt… Rubis… Diamant… ce n’est rien… je suis sûr que ce brave homme n’avait nullement l’intention de me nuire… venez à côté de moi… »

Dit elle d’une voix douce avant que les deux Néméïdes en question ne se désintéressent du capitaine pour venir à ses pieds venant chercher une délicate caresse sur le dos. A présent à portée, il put sentir une douce senteur florale arriver à ses narines. Sans doute un parfum porté par la bourgeoise et transporté jusqu’à lui par la brise du port.

« Je vous prie Monsieur de bien vouloir excuser mes chers Néméïdes. Ce sont parfois des gardes du corps un peu trop zélés… »

Disant cela dans un petit rire cristallin qu’elle cacha élégamment du dos de sa main, elle fit ensuite une révérence courtoise à l’intention du marin avant de finalement répondre à sa question tout en reposant son regard sur l’embarcation.

« Et bien voyez vous, a chaque fois que je viens sur les terres Ikhyldiennes, je ne cesse de m’émerveiller de certaines choses. Et ce magnifique voilier en fait partie. Semblant à la fois fragile et fort… c’est une merveille d’artisanat. Une œuvre d’art de construction navale si j’osais… »

Commence t’elle par dire aimablement avant de reposer son regard d’émeraude sur le capitaine du navire.

« Pour ce qui est de ce que je pourrais bien chercher sur ce quai, je dirais tout et rien… j’aime sentir la brise marine caresser mon visage. Cela change un peu de mon climat montagneux du Comté d’Emeraude… et lorsque les bateaux s’amarrent juste à quai, il est possible d’y faire quelques affaires ou accords intéressant généralement…et comme il me restait quelques heures avant de repartir à mes obligations de Comtesse et bien j’en profitais voilà tout Monsieur… »

Explique t’elle finalement avec un sourire courtois à l’intention de son interlocuteur, lui ouvrant peut être une porte de négociation possible…

Les deux Néméïdes s'étaient portés en avant, en accélérant à peine leur foulée féline pour faire barrage entre le vieil homme et leur maîtresse, laissant un avertissement gronder dans le fond de leur gorge. Odric n'avait pas frémi, mais demeurant prudent. Bien qu'il avait sa magie pour réagir en cas d'assaut des deux puissants lions, ces derniers étaient vifs de nature, de véritables prédateurs. Ils avaient beau être dressé pour protéger la jeune femme qu'ils accompagnaient, l'instinct de tueur et la vivacité étaient toujours là. Rien qu'à voir leur musculature rouler sous leur fourrure démontrait qu'ils n'étaient pas des animaux de compagnies, mais bien des compagnons de défense. Ils étaient là pour être la force physique de la jeune femme. S'était-elle intensément consacrée à la magie pour requérir à la présence d'animaux pour sa protection ? C'était une idée comme une autre, dans l'esprit du vieux Mage de Guerre. Il calma d'ailleurs un peu ses vieilles habitudes d'analyse. Il était à Haesan, pas aux abords de la frontière avec un pays en guerre.

La nouvelle venue n'avait remarqué la présence d'Odric qu'au grondement de ses deux compagnons à pattes. Après les avoir calmé, elle put entrer dans la conversation. En même temps, pendant qu'elle s'excusait, une agréable odeur de fleurs, porté par le léger vent marin, vint chatouiller les narines d'Odric. Les effluves étaient agréables, il ne pouvait s'en cacher et trouvait même que cela s'accordait avec la tenue portée par la jeune dame. Mais quelque chose lui chatouilla les pensées... Se pourrait-il que...La jeune femme savait ce qu'elle faisait visiblement. Malgré ce qu'il se doutait avoir perçu, il parut même se détendre un peu qu'il ne l'était à l'accoutumé.

''Il n'y a pas de mal. Des gardes du corps sont là pour faire ce qu'on attend d'eux. ''

Même si c'étaient des lions puissants et au potentiel mortel....Elle complimenta la conception du voilier, dénotant qu'elle appréciait visiblement les très belles qui passaient sous son regard Emeraude. D'avoir deux Néméïdes et apprécier les lignes racés du Cétus.... de toute évidence, elle appréciait l'art et la beauté. Puis, après avoir entendu les raisons de sa présence sur les quais, il se demandait s'il n'y avait pas une occasion; car à ce qu'il entendait, elle venait du continent et surtout d'un Duché juché dans les montagnes ; d'où le fait qu'elle recherchait un peu les senteurs côtières

''Le Cétus est un fier voilier en effet. Une partie de sa conception provient des mains de Maîtres-Navals Elfes, d'où cette allure qui vous tend attiré le regard. Et sous son air fragile trompeur, il est solide, capable d'affronter de redoutables tempêtes.... ou de passivement faire du commerce. Je peux m'accorder quelques heures pour discuter avec vous, vu que vous cherchez à faire des affaires...''

Tout occasion était bon à prendre, tant qu'il pouvait prendre la mer et trouver des opportunités intéressants pour le commerce et plus encore...

''Mais je manque à tous mes devoirs de politesse. Je suis le Capitaine Odric Shiromisu, Le Cétusest mon navire. Si je me m'abuse, vous êtes Duchéenne en plus d'être une grande magicienne n'est ce pas ? Que cherchez-vous exactement comme type d'affaires commerciales ? ''

Les excuses acceptées par le marin, Pandora put se concentrer sur ses explications concernant la conception de cet étrange navire. C’était elfique donc. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle s’attarda sur les oreilles légèrement pointues du Capitane. Chaque information se devait d’être analysée répétait toujours son père. Une chose que parfois elle oubliait surtout lorsqu’elle laissait ses pensées se faire happer par une vision enchanteresse artistique.

« Voilà donc pourquoi cette embarcation au nom si charmant a attiré mon regard… voyez vous je suis une amatrice d’art. Et selon moi l’art elfique a une beauté et une finesse à nulle autre pareille. »

Si souvent elle maîtrisait l’art du compliment pour mettre dans de bonnes conditions ses interlocuteurs, ici elle n’avait pas besoin de forcer la chose. Car ses mots étaient sincères quand il s’agissait d’art. Il se présenta finalement à elle et elle fit une légère révérence en retour.

« Pandora Rosamonde… Comtesse d’Emeraude. C’est un plaisir de faire votre connaissance Capitaine Shiromizu… »

Cette marque de respect et de politesse ainsi exécutée, l’heure était venue de parler affaires. Son regard émeraude se posa d’abord sur le Cetus avant de revenir sur le marin avec un sourire courtois. Que pouvait il bien faire pour l’aider, elle qui vivait au centre des Duchés du Sud…

« Je pense que vous pourriez vous occuper du fret de marchandises en partance du Comté d’Emeraude pour Ikhyld et vice versa si votre magnifique navire est si rapide qu’il le laisse penser. Toutefois, le Comté d’Emeraude se trouve au centre des Duchés voyez vous? Et si ce n’est quelques rivières, il ne dispose guère d’un port… sans doute devrez vous passer par Esperanza pour se faire… ce qui me coûtera des taxes de transit comme vous pouvez vous en douter… mais cela est plus mon problème que le votre.

Sourit elle.

« Je viens de réaliser une affaire afin d’exporter des pierres précieuses de notre exploitation minière contre des denrées alimentaires venant de la mer. Pensez vous être en mesure d’accomplir un tel travail? Car il y aura le fret mais aussi le chemin à assurer jusqu’au Comté d’Emeraude. Ce qui sous entendra de protéger la cargaison jusqu’à ce que vous soyez pris en charge à la frontière du comté…

Expliqua t’elle sans détour. Car en affaires, elle n’appréciait guère perdre son temps.

« Ou bien peut être avez des prix défiant toute concurrence dans vos cales?… ce qui m’évitera de passer par le comptoir du port et me fera gagner du temps? Des contacts intéressants ici peut être pourquoi pas? Ce qui serait gagnant/gagnant pour nous… »

Lui ramènerait un client potentiel à son contact le plaçant bien pour d’éventuels autres frets et elle gagnerait un possible nouvel accord commercial.

Il ne s'était pas tellement trompé à son sujet, quand à apprécier l'art. Mais ce n'était que la surface de l'iceberg. Avoir eu raison sur une hypothèse n'offrant pas toute la connaissance sur une personne, surtout quand on vient à la croiser pour la première fois. En mer, un iceberg pouvait être d'une beauté incommensurable, offrant des formes intéressantes, voir audacieuses par le jeu des vents et de l'érosion saline sur ses aspérités glacés. Et c'était en dessous de la surface que la beauté pouvait se faire plus grande, plus acérée, se montrant dangereux pour les coques qui se rapprochaient de trop... Mais ici, il fallait se retrouver dans une situation glacée pour en croiser sur sa route. Ici, ce n'était pas le cas.

''Vous avez l'oeil, Ma Dame. ''Dit-il sur un ton flatté.

''Le savoir faire elfique offre aussi des approches uniques. Le Cetusn'a pas son équivalent en terme de construction. Peut être qu'un autre voilier quittera les chantiers navals où il a vu le jour, mais pour l'instant, il est le seul à sillonner les mers''Puis, il inclina à nouveau la tête en signe de salut respectueux la jeune femme.

''Le plaisir est partagé, Comtesse Rosamonde''

Puis, elle entama la conversation pour parler affaires. Odric ne perdit pas une miette de ce qu'elle énonça.

'' Le Cetus est rapide, mais ne pourra jamais dépasser à la course les gros navires lourdauds d'Akkaton. Mais je peux passer là où eux ne passe pas sur certains coins de côtes. Et mon équipage et moi-même n'avons pas peur d'affronter les tempêtes si je sens que je peux la passer sans danger. Donc là aussi, je sais gagner du temps. Donc, pour votre proposition de fret peut être réalisable, mais il faudra prévoir l'emploi de mercenaire d'Esperanza aux frontières de votre Comté, si vous tenez à la protéger. Je veux bien contribuer à la défense du fret une fois à terre, mais je ne suis qu'un modeste capitaine, pas un guerrier duchéen."

Il se montrait réellement modeste, dans la mesure où combattre à terre n'était pas comme se battre en mer. Sur terre, rien n'empêcherait l'emploi de sa magie. Mais là aussi, il préférait demeurer prudent. Trouver de bons mercenaires ne serait pas un soucis en soi dans les Duchés et surtout à Esperanza, à condition de ne pas se faire aborder avant. Mais cela, il ne redoutait pas de se faire attaquer.

''Je suis venu à Haesan pour profiter d'une légère tension qui a brisé temporairement le ravitaillement de certaines denrées nécessaires pour les pêcheurs locaux. Autant pour la réparation de leurs petits bateaux de pêches que pour certains appâts... spéciaux... quelques denrées d'herboristes... Je présume qu'appréciant plus l'art, vous ne soyez guère dans l'emploi des plantes médicinales déjà conditionnées, car j'ai visé un peu trop haut sur la quantité. Pour ce que j'ai encore à bord, que je pourrai avoir en prix plus qu'attrayant.... Des rouleaux de soie de nuit ; leur couleur donne l'impression de scintiller comme dans un magnifique claire de lune. J'ai également quelques cornes de licornes de mer, ces défenses torsadés qui poussent sur le nez de certains mammifères marins qu'on retrouve dans le Nord, ains quelques produits qui viennent de leurs chasse... C'est un ivoire particuliers, mais qui peut convenir à la sculpture de pièces d'ouvrages uniques. Je prévoyais de les vendre ici à prix cassés. Mais si jamais. Pour les contacts intéressants, les seuls que je possède ici sont un ou deux gérants de cette ville. ''

Il est vrai que ce voilier susciterait sans doute l’envie et un certain prestige si la Comtesse se faisait livrer ces denrées par le Cetus. Parfois le paraître est important. Signe d’une économie prospère. Et le montrer aux autres duchés est toujours un gain notable…

« Il serait fort dommage qu’un autre Cetus voit le jour… cela lui retirerait son côté unique. Après tout les plus belles œuvres sont uniques n’est ce pas? »

Devise t’elle dans un léger sourire tout en caressant doucement ses Néméïdes. Le fret était possible et rapidement théoriquement d’après le Capitaine. Ce qui ne pouvait que la ravir. Plus les voyages seraient rapides et plus l’économie grossirait rapidement. Ce qui pouvait éventuellement bien justifier un léger bonus en frais de mercenaires après tout. Elle y gagnerait toujours d’un point de vue pécunier au final.

« Vous m’avez l’air d’un capitaine tout à fait compétent. Je vous fais entièrement confiance concernant la bonne marche du fret marin. »

Le flatte t’elle. Mais en réalité elle ne faisait jamais confiance aussi facilement. A personne. Quand on vit aux duchés ce serait du suicide. Mais il fallait parfois savoir flatter l’ego des hommes afin d’obtenir certaines choses. Cela elle ne le savait que trop bien. Alors ces petits compliments n’avaient que pour but de l’amener gentiment à la suite de sa négociation.

« Puis je donc en conclure que vous accepteriez le travail moyennant une escorte à partir d’Esperanza? »

Demande t’elle en penchant légèrement sa tête sur le côté laissant tomber une cascade de cheveux de jais le long de son épaule.

« Notez bien Capitaine qu’honorer les commandes aux duchés ne vous sera que profitable… vous aurez déjà mon appui là bas en cas de besoin et je ne doute pas qu’une telle embarcation attisera bien des curiosités d’autres Ducs qui pourraient solliciter vos services… et je puis même vous aider en cela en vous fournissant de quoi faire parler de vous… »

Elle laisse planer ses mots avant de se concentrer sur la suite de la conversation. Des rouleaux de soie de nuit? Intéressant… les défenses de licornes de mer aussi possiblement. Nul doute que celles-ci se voyant incrustées d’émeraudes seraient du plus bel effet… cependant elle ne devait pas trop montrer son intérêt pour la marchandise tout de suite. Elle devait maîtriser son jeu et placer ses pièces sur l’échiquier des négociations.

« hummm… de la soie de nuit vous dites?… des défenses de licorne?… sachez que je suis très exigeante en terme de qualité de marchandises… je ne suis guère une femme à acheter sans d’abord voir et éprouver la qualité de ce que vous me vantez Capitaine Shiromizu… si vous consentiez à me montrer les dites marchandises, je pourrais mieux juger de leur valeur? »

Sur la fin de sa phrase, elle tapote sa lèvre inférieure, pensive…

Odric se retint de sourire.

''Si un autre navire de sa catégorie venait à voir le jour, il sera sous mon commandement. Le Cetus est... un petit caprice personnel''

Bien des capitaines se faisaient connaître de loin par la couleur de leurs voiles ou un étendard qui était leur signature visuelle quand le vent le faisait virevolter. Lui, c'était tout le navire qui était sa marque. Qui connaissait Le Cetus savait à qui il appartenait et surtout qui était à bord. Il était rare que le vieil homme ne soit pas à bord de son voilier, sauf dans le cadre de circonstances particulières. Puis quand elle vint à le flatter de ses compétences, il lui adressa un salut léger de la tête pour la remercier. Elle faisait son approche en flatterie, c'était tout à son honneur. Et si elle concédait à lui fournir la protection nécessaire pour accomplir une partie du travail qu'elle désirait lui confier, au delà du transport maritime, alors il pourrait bien accepter. Faire un tour à l'intérieur des Terres Duchéennes pourrait être une bonne occasion d'apprendre ce qui se faisait en terme de commerce intérieur et voir ce qui pourrait être rajouté par un apport extérieur ; en prime d'apprendre quelques ''ragots'', qui intéresserait potentiellement certains de ses amis -comme Xin, sauf si ce dernier était déjà au courant, comme toujours.

''Si vous fournissez l'escorte, j'accepte votre travail. Je veillerai d'abord à honorer ma part auprès de vous avant de contracter de possibles autres transports avec vos pairs dès l'apparition de mes voiles au port d'Esperanza. ''

Autant y aller point par point. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas été dans les Duchés et ce sera comme un baptême pour son voilier. Nul doute qu'il saura attirer l'attention. Un navire Ikhyldien était déjà quelque chose, pour ces gens là, mais quand Le Cetus se montrera à leurs yeux.. Il ne se perdit pas dans la petite bouffée de fierté qu'il ressentit quelques secondes. Les affaires appelaient toute sa concentration. La Comtesse demanda à voir de ses yeux les dites marchandises.

''Je peux accéder à votre requête. ''Dit-il avant de se tourner pour voir un marin revenir du port, les mains vide. ''Yoshan, prenez un homme avec vous et ramenez moi le coffre en manguier noir.

Le marin acquiesça et monta à bord. Quelques instants plus tard, aidé d'un autre membre de l'équipage, le coffre fut amené et déposé à côté du capitaine. D'un simple mouvement de la tête, il congédia ses deux hommes. Le coffre était assez grand, faisant bien quatre mètres de longes pour un mètre de haut et un mètre de large. Odric se pencha pour défaire les attaches métalliques et pour ouvrir le lourd couvercle. A l'intérieur, trois compartiments étaient séparément en longueur égale. Dans le premier, on pouvait voir le tissu de soie de nuit, qui miroitait déjà la lumière du jour. Chaque rouleau présent était séparé par du papier de soie, pour éviter les frottements et préserver les fibres de chaque pièce. Dans le second compartiment, il y a trois cornes torsadées en ivoire d'une magnifique blancheur. Chacune était parfaitement caléa entre plusieurs cubes en cuir rembourrés Et dans le dernier compartiments, on voyait des pièces de cuir rectangulaires, faisant à peine la moitié de la taille du compartiment, là aussi du papier de soie préservait chaque morceau. A voir sa texture, on devinait que c'était du cuir, mais assez particulier. Le motif qui le composait sur le fond sombre faisait ressortir des incrustations écailleuses nacrées, qui avaient été polies pour réduire le côté granuleux de leur surface.

''Hum... pardonnez moi, j'avais omis de préciser que j'avais aussi de la peau de galuchat prêt à l'emploi pour garnir certains atours ou certains objets pour les enjoliver....''

L'avait-il réellement oublié ?

Un caprice personnel? Et bien… les affaires devaient être prospère pour ce charmant Capitaine… ou alors il avait un puissant mécène… voir les deux… tout cela était intéressant…à creuser aussi…mais de façon subtile. Car cet homme avait l’air assez cultivé et habitué aux négociations pour voir venir quelqu’un à grands pas.

« Un caprice personnel vous dites? Un tel navire doit valoir une belle somme? Je peux aisément penser que vos affaires sont fleurissantes… ce qui me laisse à croire d’autant plus à votre honnêteté et vos compétences de navigateur. »

Sourit elle en regardant à nouveau le Cetus. Et il ne faisait aucun doute qu’il aurait de nombreuses opportunités aux Duchés du Sud. Mais elle pourrait se vanter d’avoir été la première servie… et elle devait frapper un grand coup pour faire montre de son prestige, sous couvert qu’il accepte cette petite… faveur qu’elle allait lui soumettre.

« Je ne doute absolument que les affaires vont pleuvoir aux Duchés du Sud pour vous… surtout si vous avez déjà la confiance d’une Comtesse exigeante… »

Dit elle avec un petit sourire de connivence.

« D’ailleurs si vous consentiez à une petite faveur… oh je vous rassure, elle ne changera en rien le marché que nous sommes en train de discuter je vous rassure… mais… pensez vous cela possible, une fois dans les eaux des Duchés de hisser un étendard aux couleurs du Comté d’Emeraude? Voyez cela comme le gage de la confiance d’une Comtesse. D’autant plus que cela pourrait bien vous éviter quelques déconvenues avec tous ces pirates qui naviguent alentours…et je vous le fournirais bien entendu… »

Et pour elle cela pourrait être prit pour un nouvel investissement qu’elle aurait fait dans un navire aussi magnifique, augmentant ainsi son prestige auprès des autres duchés. Concernant l’escorte, elle allait bien entendu s’en charger aussi. Il n’était pas difficile de trouver des mercenaires compétents et de confiance pour la Comtesse.

« Je m’occuperai de l’escorte ne vous en faites guère pour cela… et vous trouverez sans peine une chambre au Havre d’Emeraude si vous et vos hommes souhaitez prendre du repos avant de reprendre la route. Il n’y a pas pas plus sûr dans tout le Comté. »

Lui assure t’elle dans un sourire, observant ensuite le Capitaine donner ses ordres à ses hommes d’équipage, qu’elle saluera poliment et avec respect. Nulle raison même pour une bourgeoise de froisser un équipage qui allait sans doute s’occuper du fret de ses marchandises. Elle vit ensuite revenir un coffre de belle taille porté par deux marins qu’elle remercia d’un hochement de tête quand ils le déposèrent aux pieds du Capitaine. Les marchandises semblaient de bonne qualité.

« Hummm… cela me parait tout à fait bien ordonné et rangé avec soin afin de conserver la qualité de votre marchandise… »

Le félicite t’elle en regardant essentiellement la soie d’un œil avisé. Une denrée extrêmement fragile et capricieuse qui n’aimait pas trop être malmenée. Et c’est avec un petit sourire et un regard malicieux qu’elle ajouta à l’attention de Shiromizu.

« Ce doit être mon jour de chance Capitaine. Que de la peau de Galuchat se trouve précisément avec les marchandises qui m’intéresseraient potentiellement… Combien pour le tout ?»

Demande t’elle finalement en plongeant son regard émeraude dans celui du marin.

Avec tous les détails qu'il avait offert en parlant de son voilier, il était aisé d'arriver à la petite conclusion portée par la Comtesse. Face à ce qu'on pourrait prendre pour la perspicacité, il se contenta de lui offrir un léger rictus énigmatique. Autant la laisser un peu dans l'inconnu de sa réelle position. A moins qu'elle avait remarqué un détail indéniable, bien connu à Ikhyld qui permettait aux mages de l'Empire de s'évaluer socialement du premier coup d'oeil. Mais cela, il le verra bien en son temps. Et le temps, il n'en maquait pas pour le moment. Ce petit voyage aux Duchés ne pourra que se montrer intéressant et productif.

''Une fois votre fret transporté à bon port tout comme à sa destination finale, je ne doute pas un seul instant que je pourrai avoir d'autres affaires intéressantes et bénéfiques, surtout si j'ai une référence telle que vous pour le transport maritime au sein des Duchés... Mais je présume que vous souhaiteriez garder une certaine priorité ? Si ce n'est pas une part d'exclusivité ? ''

Car si d'autres Ducs venaient à l'approcher, pour profiter de ses services, cela risquait de la mettre en concurrence. Lui, il pourrait tirer partir pour montrer les prix. Mais ce n'était pas son but premier, d'où sa petite interrogation sur un possible droit de priorité sur ses pairs duchéens.

Il ne manqua pas de faire mine d'être attentif quand à la petite faveur qu'elle se préparait à énoncer. Il se retint de sourire quand à la nature de cette dernière, quand la Comtesse souhaitait qu'il porte ses couleurs. Pourquoi après tout... Qu'il affiche les symboles, les couleurs ou les armoiries d'un de ses clients, peu lui importait dans les faits, sa loyauté toute entière allait pour Ikhyld. Néanmoins, il apporta une petite touche complémentaire à sa faveur.

"Que de mieux de voir vos couleurs partager l'étendard de l'Empire Ikhyldien. Le Cetus les affichera. Qui oserait s'en prendre à un navire arborant les couleurs de deux puissances ? ''

Oui, il avait bien employé le terme de puissance pour définir le Comté. N'était pas une région gouverné par une certaine autorité ? Puis, il remercia la jeune femme pour ses conseils en terme d'hébergement. Bien, il en revint au contenu du coffre avec ses précieuses marchandises, qui tapait dans l'oeil de la Comtesse, qui appréciait de voir le bel arrangement intérieur. Autant Odric avait veillé à cela pour une belle présentation que pour préserver au maximum les biens précieux durant les voyages en soute. Et ce qui fut plaisant à voir fut son intérêt certain pour le galuchat, cuir très particulier à travailler à cause des origines marins.

Il croisa son regard bleutée dans le sein émeraude. La mer croisait la forêt... l'eau et la terre. Il se plut déjà à imaginer une discussion un peu poétique avec de ses amis portés sur cet art. Bien. Et s'il annonçait son prix ? Il lui annonça un chiffre qui défiait réellement toute concurrence, et qui ne pourrait que la captiver au point d'accepter.

Puis, en fonction de sa réponse, il reviendra sur le futur fret à mener dans les mers duchéennes.

''Je présume que vous souhaitez le départ le plus tôt possible ? Mes hommes pourront se charger de transporter ce qu'il faut assez rapidement...''

Garder une part d’exclusivité? Bien entendu. Si elle avait été en mesure de se permettre ce genre de folie, elle aurait bien demandé l’exclusivité totale même! Mais il fallait savoir ne pas se montrer trop gourmand. Tout du moins aimerait elle quand même garder la priorité. Au moins grâce au fait que c’était elle qui avait la rencontre de ce charmant Capitaine et qui le lancerait sans nul doute dans un fret rémunérateur au sein des duchés.

« Une exclusivité totale si je pouvais me le permettre!

Répond t’elle sur le ton de plaisanterie en cachant élégamment son léger rire cristallin derrière le dos de sa main.

« Mais il faut être réaliste. Le Cetus, vous même ainsi que vos hommes n’appartiennent pas au Comté d’Emeraude… donc je vais juste vous répondre Capitaine, que j’apprécierais seulement que vos cales prennent en priorité les marchandises en partance du Comté. Pour le reste, je sais déjà que les demandes pour vos services vont bien vite pleuvoir.»

Sourit elle aimablement. C’était une chose comme elle avait dit,  qu’elle apprécierait, mais rien n’obligeait le Capitaine à tenir sa parole sur ce point ou même à accepter après tout. Elle ne savait que trop bien, que beaucoup de Ducs étaient bien plus nantis qu’elle ne l’était et que le Capitaine du Cetus restait avant tout un commerçant. Et un nouveau sourire vint s’élargir sur son visage faisant légèrement briller ses yeux émeraude lorsqu’il accepta sa requête. Ce n’était peut être pas grand chose pour lui. A vrai dire, elle n’en savait rien. Mais pour elle cela pourrait avoir un impact des plus intéressants.

« Je vous remercie d’accéder à ma requête Capitaine Shiromizu. Je puis vous assurer que vous ne regretterez pas ce geste. »

Elle fit ensuite une élégante révérence à son intention avant de se concentrer sur le prix proposés pour le coffre. Un prix qui a sa plus grande surprise bien qu’elle n’en montra rien n’avait même pas besoin d’être négocié. La qualité et le conditionnement étaient là et la somme demandée était bien au dessous de ce qu’elle s’était imaginée, s’apprêtant déjà à devoir négocier ferme pour en obtenir le prix le plus juste. Elle fit quand même pour la forme, mine de prendre le temps de la réflexion, tapotant doucement sa lèvre inférieure de son index, avant de finalement répondre dans un nouveau sourire.

« C’est d’accord. Le prix me convient Capitaine. C’est un véritable plaisir de faire des affaires avec vous. Cela promet une belle entente commerciale pour la suite. »

Quant aux délais, cette livraison serait plus un bonus qu’autre chose. Pour ce qu’elle venait de conclure en revanche c’était périssable et frais. La livraison devait être rapidement en cales et conservée au froid. Elle s’approcha donc du Capitaine un peu lui faisant profiter un peu plus de son parfum floral par la même occasion, plongeant son regard émeraude dans le sien.

« Vous connaissez bien l’empressement des femmes à ce que je vois Capitaine… les marchandises devraient arrivées au port d’ici ce soir. Ce sont des denrées alimentaires fraîches qui devront être bien vite misent en cales et gardées avec de la glace… rien qui ne vous posera de problèmes je suppose?… »

Lui demande t’elle d’un ton doucereux en penchant légèrement sa tête sur le côté avec un charmant sourire.

''Je prends bonne note de garder une bonne place pour vos marchandises, dans mes cales. ''dit-il simplement, sur un ton tout à fait serein. Ainsi, elle ne pouvait pas se permettre une entière exclusivité.... Peut être que cette réponse était toute relative, vu qu'elle n'était que Comtesse, un rang en dessus de Duc dans les Duchés. Mais cela importait peu au vieil homme, tant que cela lui ouvrait des portes. Tout n'était pas une question de rang, même si pour sa part, cela aidait grandement dans bien des situations. Mais ici, il était que le Capitaine du Cetus, cherchant à élargir ses horizons.

''C'est une requête qui vous tient à coeur, Ma Dame''dit-il en lui rendant son salut par un hochement de tête très aristocratique. ''Vous l'accordez est un plaisir''

Dans les affaires, il y avait toujours une histoire financière, mais également une approche diplomatique. Cela allait toujours de pair quand on était dans le commerce. Odric ne s'en lassait jamais, permettant d'apprendre quelques menus détails durant l'échange verbale et qui apportait toujours un jour ou l'autre, son importance en terme d'informations. Il concédait volontiers que l'inverse se faisait et tant que cela ne compromettait pas son équipage et son vaisseau, il n'y voyait aucun soucis. Pour sa part, il veillait à demeurer dans sa ligne de conduite pour servir l'Empire.

Bien, la vente du contenu du coffre en bois de manguier noir. Il l'observa silencieusement, pendant qu'elle faisait mine de réfléchir quand au prix. Petit moment pour mettre un peu de suspense ? Possible. Il se contenta d'attendre son choix ou son marchandages, sachant qu'il faisait déjà une telle belle offre. Et finalement, elle accepta, non sans faire un grand sourire ravi. Vint donc le point de l'embarquement de son fret alimentaire, qui devait demeurer frais. Elle s'était approchée de quelques pas, pour lui faire sentir son doucereux parfum envoûtant. Il ne manqua pas de sourire devant sa tentative. Elle n'avait pas besoin de cela pour avoir le nécessaire et la rapidité de sa livraison. Il demeurait toujours impavide, lui offrant malgré tout un léger sourire pour l'affaire qui avançait en précision.

''La mer a son caractère et ses empressements, elle aussi. Comme vous, elle est exigeante et cela ne me dérange point, tant que tout se déroule comme il est convenu. ''Dit-il. Et il n'avait nul besoin de regarder où en était ses hommes pour savoir l'avancement du débarquement des marchandises hors des soutes du voilier.

''Mon navire a ce qu'il faut pour garder la marchandise dans de parfaites conditions de conservation. C'est un navire Ikhyldien, Ma Dame....''

Bien entendu, la glace viendra de sa magie. Déjà, dans son esprit de navigateur expérimenté, il était en train de mesurer le temps qu'il faudra pour rallier Esperanza. Moins de six jours si le temps était présent pour garder une belle vitesse. Au mieux, il perdait un ou deux jours s'il y avait de la tempête

''Ce soir, la place sera largement disponible pour être embarqué. Et nous ferons voile à l'issue, si le temps le permet ''

Partir de nuit pouvait être dangereux en fonction des conditions météorologiques. Donc à moins qu'une tempête empêche de quitter le port...

''Et Vous, Comtesse Rosamonde, je présume que vous saurez déjà là-bas ? ''

Il ne serait nullement étonnée qu'elle ait un autre moyen de transport plus rapide, pour retourner en ses terres.

Le Capitaine acceptait une nouvelle faveur de la Comtesse en acceptant de lui laisser une certaine priorité dans ses cales. Ce qui lui convenait tout à fait. Du moins elle espérait raisonnablement qu’il tiendrait parole.

« Et je vous en remercie… »

Les bonnes manières du Capitaine autant que sa prestance lui donnait un sentiment mitigé. Pas qu’elle considérait les marins comme des hommes bourrus et incapables de bonnes manières, mais il avait l’air d’être habitué aux discussions plus mondaines. Cela ajoutait à son charme en quelques sortes et d’un autre côté elle avait un sentiment étrange. Mais impossible de savoir exactement quoi. C’était un peu perturbant. Et en réponse à ses propos quelques peu poétiques elle dit avec un léger sourire.

« Et telle une femme, la mer est pleine de surprises, indomptables parfois aussi. »

Sourit Pandora après ce petit interlude poétique.

« Une escouade de mercenaires vous attendra à Esperanza et assurera votre sécurité depuis votre arrivée jusqu’au Havre d’Emeraude. Elle assurera aussi votre retour à Esperanza ensuite. Mais pour ce qui sera du chemin en mer… ce sera à vous Capitaine de dompter votre belle… »

Ajoute ensuite la Comtesse aimablement. Et comme le Marin semblait avoir de quoi conserver la marchandise fraîche, cela la ravit d’autant plus. Il aurait été dommage qu’il ne puisse assurer la livraison finalement pour des problèmes de fraîcheur. Car Pandora ne visait que le meilleur…toujours. Elle ne supportait que rarement l’a peu près. Cela l’importunait.

« Fort bien. Tout cela me semble parfait! En effet je serais déjà sur place. Et il vaut mieux car je vais avoir pas mal de travail pour préparer votre arrivée. Entre le recrutement de mercenaires, la recherche de couturiers dignes de tisser un étendard assez grand pour être vu de loin, sans compter les affaires courantes… quoique la couleur émeraude et le lion rouge se voient généralement plutôt bien… »

Confie t’elle avec un fin sourire.

« Je pense avoir eu une bonne idée de venir flâner sur le port finalement… sans cela, je n’aurais jamais connus le majestueux Cetus et son Capitaine probablement…

''Oui, elle est telle une femme, imprévisible. elle peut se montrer sereine et douce, mais il y a bien une chose qui la définit par-dessus tout et vous avez mine le doigt dessus, Ma Dame... Elle est indomptable. Personne ne peut prétendre la dominer, ou la contrôler. ''

Indirectement, en gardant son unique oeil bleuté sur la Comtesse, il ne serait pas surprise qu'elle ait profité de ce petit élan poétique pour se définir. Elle savait ce qu'elle voulait. Comme la mer. Avec elle, dans les affaires, il faudra naviguer sous le bon vent. Pour l'instant, tout se déroulait convenablement. L'opportunité s'était ouverte pour eux deux, sans duperie. C'était le genre de choses qu'appréciait Odric.

La Comtesse lui précisa par la suite qu'une petite troupe de mercenaires l'attendra pour son arrivée à Esperanza, pour l'escorter avec le fret jusqu'à son domaine. Et ils seront présents pour le retour. C'était un petit détail qui n'avait pas été mentionné avec précision, mais qui avait son importance. Odric pourra être assuré d'être parfaitement pris en charge, à l'aller comme au retour... Sous couvert de pas avoir quelque chose sur ce retour à ramener dans ses cales. N'avait-elle pas dit qu'elle avait conclu une affaire entre ses productions minières et les denrées qu'il allait prochainement lui amener ? Devant cette petite hypothèse, il avisera le moment venu. La Comtesse était une femme exigeante, comme elle s'était décrite, en plus d'amener ses objectifs par la douceur et une approche féminine, à sa manière. Bien des femmes de sa trempe qui se savaient séduisantes, n'avaient aucune frayeur à user de leurs armes naturelles.

Confirmant qu'elle sera bien présente avant lui, donc disposant d'un moyen plus rapide que le voilier d'Odric, elle était déjà ravie de cette opération.

''Les meilleures opportunités sont celles qu'on attend le moins, Comtesse Rosamonde''Fit-il non sans un sourire pour lui rendre le sien.

''Je ne serai pas étonné que vous avez déjà hâte de voir le Cetus entrer dans le port d'Esperanza. '', non sans une lueur amusé dans son seul oeil valide.


La nuit commençait à obscurcir le ciel dénué de tout nuage. Odric remontait des cales, après s'être assuré une dernière fois que les marchandises de la Comtesse aient été bien fixées et convenablement mis au frais, par l'emploi de sa magie. Il avait employé un sort pour prévoir assez de glace dans la cale, veillant que son conditionnement ne s'écoule pas sur les denrées dans comme dans le fond de cale. Il veillera personnellement à contrôler régulièrement la situation.

Cela fait, il vérifia une dernière fois que tous ses hommes étaient à leur poste. PUis, il ordonna le départ. Lentement, le Cetus quitta son ponton pour rejoindre lentement la sortie du port d'Hansea. Une fois hors de celui-ci, les voiles furent déployées et le navire prit la direction de l'Oueste, vers Esperanza

« Et je suis loin d’être experte en navigation, mais je sais au moins que tous les marins respectent ses humeurs aux risques qu’elle ne se montre cruelle. Car la mer lorsqu’on la défie ne connaît guère le pardon. Elle prend sans aucune pitié ceux qui ont osé braver sa colère. »

Répond la Comtesse d’un ton aimable. Car il est vrai qu’elle ne connaissait rien en navigation. Mais les histoires de marins disparus en mer par des temps impraticables étaient légions. Et puis converser à mots masqués en en utilisant d’autres était pour le moins divertissant. Prendre l’image de la mer pour se représenter ne pouvait heurter le Capitaine tout en passant un message détourné fort s’il avait un tant soit peu d’intelligence, ce dont elle ne pouvait douter. Elle acquiesça ensuite avec une mine enjouée. Elle avait hâte que le Cetus majestueux arrive au port d’Esperanza, cela elle n’avait pas à le cacher. Il ferait sans nul doute son petit effet.

« J’ai grand hâte en effet. Je ne serais malheureusement guère présente pour voir son arrivée au port et le voir déverser ses marchandises, mais m’imaginer cela me suffit. Je devrais m’en contenter. »

Sourit elle aimablement. Elle devra ensuite prendre congé du Capitaine, son moyen de locomotion ne tardant pas à arriver. Elle le saluera avec classe d’une révérence avant de partir avec ses Néméïdes, très satisfaite de ses nouvelles acquisitions.


En rentrant au Comté, elle ne traînera pas à mettre en œuvre l’arrivée du Cetus à Esperanza. Comme promis elle enverrait une escouade d’une dizaine de mercenaires pour escorter les marchandises, dont le capitaine serait porteur d’un parchemin portant le sceau du Comté à l’intention d’Odric. D’une écriture à la calligraphie soignée, ce parchemin expliquera que ces mercenaires sont bien envoyés par la Comtesse afin d’assurer la route jusqu’aux frontières du Comté où il serait pris en charge par des mercenaires de confiance pour le reste du voyage, portant les armoiries du Comté d’Emeraude qu’il reconnaîtrait sans mal. Les frais de transit ont été acquittés au comptoir du port et il n’aura qu’à stipuler que les marchandises qu’il décharge, sont en partance pour Le Havre d’Emeraude. Il sera ensuite invité à les déposer dans un entrepôt prévu à cet effet là bas, avant de laisser profiter ses hommes s’il le souhaite d’une détente sans doute méritée après le trajet dans une des tavernes. Lui sera invité à se faire escorter au domaine de la Comtesse pour une collation et une conversation cordiale. La fin de cette missive sera bien entendue signée de la main de la Comtesse qui lui souhaitera bonne route.