1 Septembre de l’An 2001 de l’Âge d’Acier

D’habitude quand le service militaire était terminé, il était d’usage et même apprécié qu’il y ait une cérémonie pour le conclure en beauté et ensuite une fête après, festivité qui débouchait ensuite une fois l’aspect officiel terminé sur des hommes ou femmes ayant finit leur service allant se pochetronner souvent, d’autres fois ayant d’autres projets moins à base de rasades d’alcools généreuses notamment… C'était important car le service faisait souvent office, même si ce n’était pas le cas officiellement, de rite de passage à l’âge adulte pour certains, étant donné que le service se faisait généralement peu après que la majorité soit atteinte ou juste avant… Quoiqu’il en soit aujourd’hui était un jour où pas mal de recrues terminaient leur service, une cérémonie avait donc lieu dans la capitale de province, comme elle pourrait avoir lieu dans d’autres villes. Une cérémonie qui aurait lieu dans le palais d’Airain dans une salle réservée à divers évènements officiels ou militaires.

Mais en attendant que cette cérémonie débute, les jeunes hommes et jeunes femmes, quoique certains étaient bien plus âgés, après tout le service militaire était obligatoire pour obtenir le droit de vote et donc la citoyenneté complète dans l’empire Akkatonien, devaient se préparer dans d’autres salles attenantes où quelques gradés et soldats en charge de leur supervision les aidaient à se mettre en valeur. Souvent en ajustent leur habillement ou équipement, ou pour certaines recrues prometteuses qui n’avaient pas encore fait leur choix de carrière pour la suite, en leur disant qu’une carrière de l’armée serait faîte pour eux. Après tout, il fallait bien que l’armée impériale recrute et le service militaire pouvait être une excellente vitrine pour cela...

Lilyneska pour sa part, qui ne fut pas sollicitée par les recruteurs car on se doutait qu’elle envisageait de poursuivre sa carrière dans l’armée, pouvait donc finir de se préparer dans une salle qui servait en général de lieu d’entraînement aux gardes impériaux. Ce jusqu’à qu’elle finisse par repérer quelqu’un de sa connaissance qui allait sans doute présider à sa cérémonie du jour.

« Comment allez vous jeune Ehrlich ? Pas trop le tract ? Après tout juste après vous serez pleinement citoyenne de l’empire et ensuite, je suppose que vous aurez le choix... » Dira Anton avec sa bonhomie habituelle, la machine anciennement humaine, faîte d’engrenages et de plaques d’acier avait parlé eavec une sympathie qui arrivait à se répercuter dans son ton mécanique. Ce avant d’ajouter amusé.

« Cela fait quelque chose, je me rappelle du miens que j’ai fais il y a un peu plus de 25 ans… On est content d’en avoir finis, après pour ma part j’ai fais l’erreur ensuite de me rengager. » Conclura t-il avec humour, se demandant s’il allait possiblement la dérider un peu, notamment si jamais tout cela la stressait un peu.

Lilyneska était vêtue en apparat cérémonial aujourd’hui. C’était des vêtements d’apparence militaire combinant pantalons, tuniques, chapeau et bottes. Le tout était de couleur sombre, mais agrémenté par des boutons dorés et collet joliement brodé. Pour souligner l’occasion, la transformiste avait décidé de changer sa couleur de cheveux. Ce n’était pas un gros changement, car ils restaient roses, mais ils étaient plus foncés et avaient davantage de reflets violets.

Aujourd’hui était un jour spécial pour elle et plusieurs autres de ses collègues. Le sourire qu’elle avait sur les lèvres indiquait toute la joie et la fierté qu’elle ressentait. « J’ai terminé mon service militaire!!! » S’exclama-t-elle toute heureuse à ses camarades. Elle avait passé un an avec eux et elle ne les reverrait probablement plus… sauf s’ils poursuivaient une carrière militaire. En effet, après avoir pensé longuement à son futur, Lilyneska avait décidé de suivre sur cette voie. Elle se voyait mal ne rien faire… et elle ne s’imaginait pas faire autre chose. Elle n’était pas assez intelligente, et la motivation n’était pas là, pour devenir érudite, faire de la recherche ou devenir professeure comme Éléonore Alyster. Le travail d’artisan ne l’intéressait pas non plus. Elle ne voulait pas aller en diplomatie ou en politique. Bref, militaire ça lui allait. Elle n’était pas obligée d’y rester non plus, si jamais elle trouvait autre chose qui l’intéressait plus.

Elle avait terminé de se préparer et elle avait assez des gens qui essayaient de remettre droit son chapeau ou de vouloir défaire les plis de ses vêtements. Heureusement, les recruteurs n’étaient pas venus l’enquiquiner non plus. Ils avaient compris qu’elle deviendrait soldate. Dans quelle division? Ça, elle ne le savait pas trop encore. Mais elle aurait le temps de se décider.

« Anton! » S’exclama-t-elle lorsque ses azurs se posèrent sur la machine vivante. « Je suis contente de vous voir. » Poursuivit-elle d’une voix joyeuse. Elle l’appréciait beaucoup. Elle le trouvait sympathique et encore plus depuis leur excursion dans le désert où elle avait réussi à briller. « Ça ne peut pas aller mieux! » Répondit-elle de bonne humeur. « Et vous? » S’enquit-elle ensuite.

Pas trop le tract? Le questionnement se lut dans ses yeux et elle pencha la tête sur le côté. « Je ne vois pas pourquoi je pourrais avoir le tract. Est-ce que c’est stressant comme cérémonie? À quoi dois-je m’attendre? » Se renseigna-t-elle. Elle réalisa alors qu’elle n’avait aucune idée de ce à quoi elle devait s’attendre.

« Nostalgique, huh? » Dit-elle avec un sourire mesquin. « Comment ça : l’erreur de te rengager? » Ajouta-t-elle. Il avait piqué sa curiosité.

Il se demandait de quelle humeur devait être l’empereur aujourd’hui, mais ça ne l’étonnerait pas que cette humeur soit au beau fixe. Anton n’était guère un proche du dirigeant actuel de l’empire, mais après tout l’homme ne lui avait pas semblé du genre de sale tempérament ou sinistre. Pour sa part en tout cas, il était plutôt content pour la jeune femme. Après tout, c’était presque comme un rite de passage à l’âge adulte qui venait de s'accomplir…

« Oh je vais bien, c’est toujours agréable de voir de jeunes recrues prometteuses comme toi haha. Cela me fait penser que l’empire est entre de bonnes mains, même si évidemment je suis loin de la retraite. » Voir très loin, mais ça c’était un autre sujet. En tout cas en effet, Lilyneska était une jeune femme prometteuse… Ce avant d’ajouter avec bonhommie.

« Haha ce n’est pas que c’est stressant, juste que pas mal de gens vont y assister et que si u es du genre un peu timide, ça pourrait t’embêter. Cela ou ceux qui ont peur de faire une bêtise sans le vouloir au cours de la cérémonie, ce genre de petites choses. Mais en soit non, ce n’est pas spécialement difficile. » Ce avant de reprendre pensif.

« Oh c’était de l’humour, je ne regrette pas de m’être engagé, je suis dans l’armée depuis très jeune, presque aussi jeune que toi tu sais. On va pas dire que c’est facile tous les jours, mais ça c’est quand on perd des camarades ou qu’on doit défendre sa vie. Mais on s’engage pour ça, défendre l’empire et son peuple. Cela peut des fois impliquer des sacrifices. » Avant d’ajouter un peu sérieux.

« Cela et la société Akkatonienne considère en bien ses soldats, ce n’est pas vraiment le pire métier que tu aurais pu choisir. Il a ses exigences, mais en ces temps difficiles c’est gratifiant de pouvoir protéger ceux en ayant besoin. » Après tout actuellement, le continent n’était pas trop paisible. Et nul donc, que Lilyneska ne tarderait guère à avoir la chance de s’illustrer !

Les paroles d’Anton avaient décoché un sourire à la jeune Lily. Se faire traiter de recrue prometteuse, c’était satisfaisant. Elle avait travaillé fort pour en arriver jusque là et elle était fière qu’on reconnaisse son potentiel. Pour qu’elle devienne officiellement Akkatonnienne, elle en avait fait du chemin après s’être enfuie de son horrible maître exclavagiste. Cette époque la marquerait toute sa vie, psychologiquement surtout… Quoiqu’elle en avait encore des cicatrices. Pourquoi ne les retirait-elle pas avec ses capacités transformistes? Parce que… c’était les marques d’où elle venait et qu’elle devait devenir toujours de plus en plus forte!

La jeune femme s’était perdue momentanément dans ses souvenirs, mais elle retrouver la terre ferme lorsque le robot reparla à nouveau. « Je ne pense pas que j’ai de quoi m’inquiéter… Mais, j’avoue que ça doit être embarrassant de manquer une marche et de s’étaler à plat ventre, par erreur. Bon, j’suis stressée. Bravo! » Dit-elle. En espérant que le haut juge capte le sarcasme dans sa voix. Non, non. Elle n’était pas stressée du tout! Elle douta soudainement qu’il le comprenne. « Je blague, Anton! Si ça arrive, je me transformerai en gigantesque chimère. Ça devrait en boucher quelques-uns et leur faire réfléchir que ce n’est pas une bonne idée de rire… » Ajouta-t-elle.

Elle était surprise aux paroles de l’Illuminès. « Ah oui? Aussi jeune que moi?! T’avais encore toute ta peau, à cette époque? » Demanda-t-elle indiscrète. Elle avait du mal à imaginer Anton fait de chair et d’os. « Je t’avoue que si je n’allais pas dans l’armée, je ne sais pas quelle occupation je ferais. Je ne me verrais pas rien faire… Et je ne suis pas à l’aise avec les gens. Enfin, si mais non. » Poursuivit-elle dans la discussion. Elle avait un blocage vu les choses qu’on lui avait fait subir dans le passé. Elle essayait de ne pas y penser et enfermait ces moments atroces dans une petite boîte dans un coin sombre de son être. Elle était sociale lorsqu’elle connaissait ses interlocuteurs ou qu’elle avait laissé la méfiance de côté. Néanmoins, c’était rarement elle qui allait vers les gens en premier. Soit ils venaient à elle ou soit c’était un groupe de gens préformés comme dans les expéditions. « Je sais que ça ne sera pas facile à tous les jours mais… Akkaton, c’est ma maison. Je suis prête à la défendre! » Dit-elle en levant le poing. « Puis je reste libre de mes choix, n’est-ce pas? Si jamais je veux quitter l’armée, on ne pourra pas m’arrêter. D’ailleurs… T’as besoin d’une soldate dans tes rangs? Je sais pas, c’est une idée comme ça… Je préfère être avec des gens que je connais. Et ça a bien été dans le désert, non? »

Les gens finissaient leurs derniers préparatifs en vue de la cérémonie. Les organisateurs commençaient à regrouper les soldats en vue de l’événement.

Anton s’amusa assez des paroles un peu sarcastique de Lilyneska, mais aussi du fait que celle-ci préféra préciser qu’elle fait de l’humour, il ajouterait alors amusé. « Heureusement qu’on ne remet pas des médailles aujourd’hui, une fois j’avais vu un officier faire une maladresse et piquer quelqu’un avec la médaille, enfin on ne l’a sut qu’après. Le soldat est resté assez stoïque pour ne faire remarquer cela qu’après la cérémonie. » Mais ce n’était qu’une anecdote parmi tant d’autres, ce avant d’ajouter amusé au sujet de ses jeunes armées dans l’armée.

« Oui, j’avais toute ma peau, c’était particulier. » Enfin il le disait avec humour, comme si comiquement pour lui ne pas être un tas de métal était étrange, ce avant de reprendre ensuite avec un léger entrain. « Peut-être qu’en gagnant en âge et maturité tu auras d’autres aspirations ou préférera maintenir ta carrière militaire, qui sait ? Tu es encore jeune après tout. » Avant de reprendre ensuite en hochant la tête et satisfait. « Tu peux quitter l’armée en effet, après il faudra prévenir un peu en avance et le faire si possible en temps de paix, tu devines sinon que ce serait compliqué à gérer pour tout le monde. » Ce avant d’ajouter un peu malin.

« Techniquement tu es déjà sous mes ordres, je suis actuellement seigneur juge de l’armée terrestre Orzanienne et donc toutes les forces terrestres de la province sont sous mes ordres. Quant au désert, oui tu as brillé. » Ce avant de reprendre. « Après le souci c’est que comme j’ai tout le monde sous mes ordres c’est un peu vague, mais je porterai attention à ton parcours et ton enthousiasme... »

Puis la cérémonie allait débuter, Anton dirait alors pensif. « Oh ça va débuter, allons y. Je suis censé prononcer un discours. » Ceci dit, il laisserait donc Lilyneska prendre place avec les recrues qu’on avait mit en rang devant une grande fenêtre qui donnait une belle vue sur l’imposante cité les entourant sans leur demander de se tenir au garde à vous pour autant, juste dit d’avoir l’air assez sérieux et concentré… Ceci dit, le seigneur juge irait donc devant eux et dirait.

« Fils et filles de l’empire, vous avez effectués votre service militaire et à ce titre vous méritez les droits offerts par cela, d’autant plus que vous l’avez fait en une période assez complexe. Même si, le service militaire n’implique pas normalement de mettre sa vie en danger, les temps sont compliqués dans le province Orzanienne, mais vous êtes tous allés jusqu’au bout et j’ai ainsi la fierté. De pouvoir contempler comme à chaque fois la nouvelle génération qui va pleinement s’impliquer dans la vie impériale, qu’elle soit civile ou militaire. » Il mettait une certaine emphase dans ses propos malgré son caractère de machine vivante, ce qui à défaut d’en faire un grand orateur, donnait une sincérité appréciable au tout. Ce avant qu’il ne conclue fermement…

« Car c’est chacun de nos citoyens qui fait la force de l’empire, non pas d’un, mais des efforts communs et chacun d’entre-vous apportera sa pierre à l’édifice, qu’elle lui paraisse modeste ou non. Mais quoiqu’il en soit, soyez fiers, fiers d’êtres pleinement citoyens de l’empire, mais aussi enthousiastes, car votre avenir est devant vous et doit encore être écrit. » Et il incluait dedans aussi ceux plus âgés qui avaient finit le service. Après tout, si la grande majorité de ceux passant le service militaires étaient à peine majeures ou jeunes adultes, de nombreuses personnes plus âgées le faisaient aussi pour diverses raisons… Quoiqu’il en soit, son petit discours était donc terminé comme l’indiqua le fait qu’il recula légèrement suite à ses propos.

Et alors les militaires et quelques responsables présents aux alentours applaudirent pour féliciter tout ce beau monde...

Parfois, lorsqu’elle regardait Anton, elle se demandait s’il s’ennuyait ou était nostalgique de la période de sa vie où il avait été humain. L’imaginer sans sa carcasse métallique en tant que soldat, c’était étrange vu qu’elle ne le connaissait qu’en tant que machine. À quoi ressemblait-il autrefois? Si leur relation était plus intime, Lily n’aurait pas de gêne à le lui demander. Mais puisque leur lien était principalement lié au travail, elle ne s’imaginait pas creuser dans sa vie privée. « On verra où la vie me mène. Je t’avoue que j’y vais un jour à la fois. » Répondit-elle. Depuis qu’elle avait quitté l’esclavage, elle profitait d’abord du moment présent de sa nouvelle vie.

« Ah oui? Oooooh! » S’exclama-t-elle. Pourquoi tant de surprise sur son visage? Elle réalisait à peine le rang important que possédait Anton au sein de l’armée impériale. Elle n’avait pas réalisé qu’il était aussi haut gradé! Elle avouait qu’elle avait un peu de mal avec les différents grades… Qui était au-dessus de qui? Tant qu’ils la respecteraient, elle en ferait de même! « C’est noté. Donc, si un jour j’ai un problème dans l’armée, je sais qui aller voir! » Fit-elle en souriant de façon taquine. Elle était bien heureuse de s’entendre avec Anton. Cette relation pourrait l’aider fort probablement dans le futur.

« Je vais aller rejoindre les autres! À plus tard! » Dit-elle en lui faisant un salut de la main et en s’éclipsant pour rejoindre ses confrères d’armes. Les soldats s’installèrent en ligne puis montèrent un à un sur la scène pour se retrouver face aux spectateurs. Lily sourit en entendant le discours robotique de son ami. Ils applaudirent à l’unisson à la fin du discours. Par la suite, chacun fut nommé par son nom puis reçut un document officiel dont elle reconnut la signature de son père. Le document indiquait la complétion de l’année de service militaire. Ils furent tous félicités et les cris de joie embellirent la salle. Tout se passa sans encombres puis les soldats purent rejoindre leur proches dans la grande salle pour fêter.

Lily jeta un coup d’oeil dans sa salle en se demandant si son père avait su se libérer pour la cérémonie. « Merci! » Répondit-elle à des inconnus au passage qui la félicitaient. En tout cas, elle trouva la table où il y avait les encas et s’en prit quelques-uns. C’était délicieux!

Suite à la discussion avec Anton qui s’était passé et achevé en bon terme, Lilyneska participa à la cérémonie, qui se passa fort bien et, celle-ci put constater qu’en effet Otmar était là, dans le public, même si plus discrètement. Disons qu’il était habilité en civil, certes avec un certain raffinement sobre, mais sans un habillement « impérial » dira t-on, et sans doute qu’il avait dû préciser qu’il était là en simple spectateur, sinon on se serait sans doute attendu à ce qu’il fasse un discours…

Et l'ancien ethnologue après que tout cela soit terminé et après avoir glissé quelques félicitations et compliments, aussi bien à certains militaires, qu’officiels ou jeunes ayant finis leurs services. Irait rejoindre sa fille qui serait visiblement au niveau du buffet qui avait été bien garni. Il faut dire, la fin du service militaire était considérée comme un moment digne de fierté et heureux dans l’empire. Donc, il convenait de le fêter…

« Cela me rappelle quand j’ai terminé le miens, c’était il y a environ une trentaine d’années. » Dira t-il alors amusé en rejoignant sa fille, alors qu’il se permit de prendre un petit four au buffet, ce avant de dire en posant avec fierté une main sur l’épaule droite de celle-ci, comme pour signifier son sentiment.

« Et c’est toi qui vient de terminer ton service aujourd’hui, tu es maintenant pleinement citoyenne de l’empire. J’ai même entendu dire que tu envisageais de poursuivre ta carrière à l’armée ? Heureusement, tu as bien plus de talents que moi pour la chose martiale. » Conclura t-il alors avec amusement… Avant de dire un peu plus sérieux. Sans l’être trop néanmoins.

« C’est aussi un peu une sorte de rite de passage à l’âge adulte dans l’empire, après c’est très symbolique, mais je suppose que tu as appris bien des choses ? » Il semblera alors chercher quelque chose, puis sortira ce qui semblait être un bracelet de facture naga mais très élégant, fait d’un mélange de vrai bronze et quelques pierres précieuses assorties, notamment des jades. « Et voici un cadeau pour fêter cela, je me disais que tu aimais bien ce qui brillait… Et puis, c’est aussi un cadeau que l’on m’avait offert par le passé. » Il la laissa apprécier alors la chose, avant de sembler un peu nostalgique dans son regard, avant de dire gentiment.

« J’aimerai te parler un peu plus en privé plus tard lorsque tu seras libre, il y a quelque chose dont je parle à peu de monde et je me dis, que tu mérites de le savoir. » Il faut dire, Otmar n’était pas tant homme à se confier que cela étrangement malgré son côté fort sociable, donc en effet c’était touchant de sa part.

Tout le monde qui connaissait moindrement bien Lilyneska ne serait pas étonné de constater qu’elle se trouvait près du buffet à consommer son énième encas. Comment toute cette nourriture pouvait entrer dans ce petit corps?! Ce n’était heureusement pas le sujet d’aujourd’hui. Ses azurs brillèrent lorsqu’elle vit une silhouette bien connue à travers la foule et elle lui fit un signe de la main pour qu’il s’approche d’elle. Otmar était simplement habillé. Certes, il s’était fait apostropher par quelques-uns malgré tout mais ces derniers avaient compris que son temps précieux était destiné à autre chose en cette occasion spéciale : féliciter sa fille adoptive.  

« Goûte à ça, c’est vraiment délicieux! » S’exclama-t-elle en désignant une petite pâte feuilletée sucrée. Ce n’était pas de sa faute, elle avait la dent sucrée… « Tu avais trouvé ça difficile? » Le questionna-t-elle. Elle réalisait qu’elle connaissait peu du passé de son père, père qui avait plus du double de son âge! Il devait en avoir fait toutes sortes de choses! « Dis-moi tout! » Le poussa-t-elle.

Elle se sentit toute fière lorsqu’il posa sa main sur son épaule. Dans cette nouvelle vie qu’elle avait, elle se sentait épanouie… et surtout libre de faire ses choix. « Ouuuuiiii! Enfin! Je suis troooooooooooooop heureuse! Enfin Akkatonnienne! J’attendais ça avec impatience! » Poursuivit-elle d’une voix excitée. Il est vrai qu’elle aurait pu attendre quelques années avant de débuter son service militaire après avoir quitté les Duchés du Sud histoire de s’habituer à sa nouvelle contrée. Mais la jeune femme avait été trop impatiente d’obtenir sa citoyenneté. C’était comme le symbole d’une page qui se tourne et que sa nouvelle vie pouvait enfin réellement débuter. « Ça te va… J’espère? Si je ne fais pas carrière militaire… J’ignore ce que je ferais pour contribuer à ma nouvelle contrée. Je ne m’imagine pas rien faire. » Dit-elle doucement. « Et mon tour de voleuse est révolue. » Ajouta-t-elle en clignant de l'œil. Elle savait que son père serait inquiet lorsqu’elle partirait en mission, mais qu’il l’encouragerait peu importe sa décision. De plus, la carrière militaire était très bien vue à Akkaton. « Quoique sinon, je deviendrai pâtissière! Faudra juste qu’on me montre à cuisiner. Ahah! » Blagua-t-elle en ricanant.

« Lilyneska Ehlirch, soldate Akkatonnienne. Ça sonne bien, tu ne trouves pas? » Dit-elle fièrement. « Oui, j’ai appris plein de choses. Surtout le fonctionnement des corps armés et… la discipline! J’ai un peu moins la tête dure, juste un peu. » Poursuivit-elle sur un ton blagueur. Elle était définitivement de bonne humeur. « Ooooooh. C’est pour moi? Pour vrai?! » Fit-elle en sautillant. Ses azurs s’étaient illuminés en voyant le bracelet que lui offrait l’empereur. Elle étendit la main droite pour qu’il la lui mette. « C’est tellllleeeemmmeeeeent beau! » S’exclama-t-elle.

Lilyneska était heureuse et ça se voyait. Le cadeau d’Otmar la touchait énormément. Elle comptait garder ce bijou précieusement et le porterait à tous les jours! « Tu voudras me raconter, un moment donné? » Demanda-t-elle. Quelle était la fameuse histoire derrière ce bracelet? Le questionnement empreint les traits de son visage lorsqu’il voulut parler en privé plus tard lorsqu’elle serait libre. « Je suis libre maintenant… » Dit-elle doucement. « Sortons d’ici, veux-tu? » Ajouta-t-elle. Elle se demandait si elle devait s’inquiéter ou non.

« Si tu le dis au vu de ta grande expérience en matière pâtissière, c’est que c’est le cas. » Glissera Otmar avec une pointe d’amusement quand sa fille lui désigna une pâte sucrée, d’une sorte qu’il n’avait jamais mangée avant, en même temps il y avait tant de variété dans la gastronomie Akkatonienne vu l’immensité de l’empire, qu’il aurait été complexe de tout connaître… Il goûtera alors, avant de dire légèrement appréciateur, Otmar aimait bien manger après tout. « En effet, ils se sont surpassés. » Ce avant de dire pensif au sujet de son service. « Difficile ? Pas vraiment... »

Ce avant d’ajouter devant l’enthousiasme de sa fille. « J’avais fais mon service en Ivrïe, une province de l’empire sur le continent d’Aros, très forestière. C’était assez calme, entre les entraînements martiaux et tâches quotidiennes, les instructeurs s’amusaient des fois à nous faire faire quelques excursions dans les anciens bois elfiques pour nous faire faire un peu de sport. Je m’étais une fois amusé à tenter d’escalader un arbre qui devait faire dans la centaine de mètres de haut… J’ai dû atteindre la moitié de sa hauteur avant de décider qu’il valait mieux redescendre... »

Puis pour le reste, content que sa fille soit heureuse et épanouie, du moins elle semblait plutôt l’être et il n’avait pas l’impression que ce n’était pas le cas, il finirait alors par ajouter avec sérénité. « Oui tu es citoyenne maintenant, l’empire ne peut pas tout, mais ses citoyens ne connaissent pas les chaînes de l’esclavage, maintenant tu es protégée de ce mal. » Une épine en moins dans son pied, ce avant d’ajouter ensuite avec réflexion concernant la carrière de sa fille.

« C’est ton choix d’être dans l’armée et ce n’est pas une mauvaise carrière, même si risquée. De toute manière je suppose que tu détesterais si je te disais quoi faire de ta vie, même si je ne t’ai pas vraiment élevé, je ne t’ai pas adopté et recueillis dans l’idée de te dire quoi faire de ton existence. » Avant d’ajouter malins. « Et puis ça aurait put être pire, tu aurais pu décider de finir espionne… Ou pire, politicienne. » Laissant couler le petit trait d'esprit, il ajouterait ensuite taquin.

« Cela sonne bien en tout cas, je suppose qu’ils t’ont aussi appris à bien faire ton lit ? »

Puis, les choses changèrent de ton, il lui fit un cadeau qu’elle sembla apprécier, ce pour dire lorsqu’elle demanda si c’était bien pour elle. « En effet, sauf si je me suis trompé et que tu n’apprécies pas ce jour de bijou. » Amusé, il l’aiderait alors à porter celui-ci, avant d’ajouter pensif. « Je te raconterai si tu veux, ça a un lien avec ce dont j’aimerai te parler. » Puis avec un calme sourire il glisserait. « Si tu es libre allons-y, ça ne devrait pas prendre très longtemps. Il y a un salle de pause non loin où les gardes impériaux se reposent des fois. Il devrait être libre. » Sur ce, il y mènerait donc sa fille, délaissant alors un temps les festivités, pour se retrouver seulement tous les deux dans une salle de détente de taille moyenne où visiblement il y a avait de quoi se détendre un peu, entre jeux de sociétés simples, surfaces pour s’asseoir et un phonographe silencieux… Otmar ferait inviterait alors sa fille à s’asseoir et dirait simplement, en s'asseyant à son tour.

« Le bijou que je t’ai offert, il appartenait à un ami très proche de moi, un elfe nommé Seïs, nous étions amants. Et j’étais, plus proche de lui que de la plupart de ceux avec qui j’avais partagé mon affection. » Cela n’était en soit pas étonnant, sa fille savait son père assez « libertin » à ses heures et aussi qu’il avait une nette préférence pour les hommes, mais ce n’était pas ça en soit qu’il voulait confier. « Il est mort, je me rappelle encore de comment je l’avais appris. Je m’étais absenté plusieurs mois pour écrire une thèse et quand je fus de retour, j’ai appris qu’il n’était plus… C’était soudain, c’est alors que j’ai ressentis la première fois de ma vie, la haine. Le responsable était un inquisiteur Teïderien. » Puis gravement, il ajouterait.

« Je l’ai traqué, longtemps, je suis même devenu pendant un temps un soldat Teïderien, le temps de l’approcher et de le tuer… La première et dernière fois que j’ai tué un homme de mes propres mains, cela ne m’a pas rendu celui que j’aimai néanmoins. » Il semblera alors pensif et songeur, avant de dire. « Tu as probablement fait preuve de plus de sagesse et retenue que moi avec ton ancien maître… En cela aussi je suis fier de toi. Je me dis que j’aurais préféré sans doute agir comme tu as agis ce jour là, je n’ai jamais vraiment souffert avant la perte de mon ami, tout ce qui comptait alors pour moi était de le venger... » Ceci dit, il la laissa donc digérer ce qu’elle venait d’apprendre.

Lilyneska Ehrlich était toujours attentive lorsque son père adoptif relatait son passé. Elle ne le connaissait que depuis un an, mais elle désirait le connaître davantage. Elle aimait bien ces occasions qui lui permettaient de replonger dans son passé. Par exemple la fin du service militaire de Lily qui lui rappelait le sien à l’époque. À quoi ressemblait le continent d’Aros? Elle se le demandait… C’était de là qu’Otmar venait : de loin. Tout ce qu’elle connaissait, c’était quelques contrées d’ici sans plus. Un jour, elle espérait voyager là-bas. « Je t’avoue que j’ai parfois du mal à t’imaginer ainsi. » Dit-elle. En effet, les années avaient passé et l’empereur était un vieil homme maintenant. Mais dans le temps, il s’entraînait et grimpait les arbres!

« Fière citoyenne! » S’exclama-t-elle en mettant sa paume sur son coeur. Personne n’était plus fière et heureuse qu’elle en cet instant. Pour elle, sa signification était tellement importante! Comme lui disait son père, c’était de mettre derrière elle son passé d’esclave. C’était avec ça qu’elle se permettait de tourner la page. Ce n’était pas n’importe quoi. C’était son désir que d’être Akkatonnienne!

Tout comme c’était son désir d'être soldate. « J’apprécie tes conseils et ta sagesse. » Lui dit-elle néanmoins. Vrai qu’il ne saurait contrôler sa vie et qu’elle pouvait avoir la tête dure. Toutefois, elle l’avait choisi comme père tout comme il l’avait choisi comme fille. À ses yeux, le lien était encore plus puissant que celui de naissance. « Je saurais faire une bonne espionne. » Dit-elle en faisant mine de réfléchir. « Mais politicienne! Houlala… Catastrophe assurée! » Dit-elle en rigolant. Ça ne l’intéressait pas du tout. Elle préférait être en plein dans l’action. Fallait que ça bouge! « Rooh! Tu te moques! » Fit-elle face à sa remarque. Elle ne faisait que rarement son lit à la maison. Mais à quoi ça servait si c’était pour le défaire la nuit venant? À la caserne, elle s’était néanmoins résolue à le faire puisqu’elle en avait eu assez des conséquences.

« Je l’adore! Il est magnifique! Il est à moi maintenant. Je le garde! » S’exclama-t-elle face à la réponse d’Otmar. Lilyneska trouvait sincèrement le bracelet magnifique. Il avait une allure unique qu’elle attribua à son côté naga et il lustrait à la lumière avec son bronze et ses pierres précieux. Elle avait toujours été attirée vers les trucs qui brillaient! Avançant son bras gauche vers son père, il le lui avait attaché au poignet. La jeune femme avait du mal à quitter des yeux son nouveau cadeau.

Lily n’avait rien de prévu et avait tout le temps du monde pour son père adoptif. Elle le suivit dans la salle de pause. Heureusement, cette dernière était complètement libre alors ils auraient toute la tranquillité désirée. Elle s’installa dans un fauteuil puis le regarda faire de même. Le questionnement se lisait dans ses yeux. De quoi voulait-il lui parler? Elle avait l’impression que c’était du sérieux.

Ses yeux s’agrandirent face à ses paroles. Non, ce n’était pas concernant ses préférences amoureuses. Ça, elle s’en fichait! Mais il était mort…?! Elle ressentait de la peine pour son père. Certes, elle n’avait jamais aimé quelqu’un de la même façon, mais elle pouvait s’imaginer la douleur qu’il avait eu et qu’il avait encore. Plusieurs amis d’arène avaient trépassé… Mais ce n’était pas exactement pareille, elle n’avait jamais eu de projets d’avenir avec eux.

Les surprises s’enfilaient les unes aux autres. Ses yeux s'agrandirent davantage : Otmar avait traqué un inquisiteur Teïderien et l'avait tué! « Oh, papa! » S’exclama-t-elle. Elle avait la gorge nouée par l’émotion. Elle s’était relevée pour venir à lui et l’étreindre doucement. Heureusement qu’ils étaient seuls, car les gens pourraient trouver étrange qu’ils se partagent qu’un seul fauteuil. Mais tout ce que Lily avait envie en ce moment, c’était de consoler Otmar.

Le récit avait suscité de nombreuses questions en elle. « Mais papa? Tu es certain de vouloir me donner le bracelet? Il est si important pour toi! » Dit-elle en défaisant l’étreinte. Elle avait du mal à comprendre pourquoi il voulait s’en départir. « Tu devrais le garder. » Dit-elle. Elle tendit sa main vers lui pour qu’il le lui enlève. « Est-ce que ça te rend triste d’en parler? » Demanda-t-elle. Elle ne voulait pas l’attrister inutilement. « Je serais très curieuse de savoir à quoi il ressemblait et comment vous vous êtes rencontrés. » Poursuivit-elle. Elle voulait en savoir plus sur son passé.

« Mais pourquoi l’ont-ils tué? C’est injuste! » S’écria-t-elle. Bien qu’elle soit née de Teïder, Lily ne comprenait rien de cette contrée raciste et terrible. « J’avoue que j’ai du mal à t’imaginer. Comment as-tu fait pour te faire passer pour un soldat Teïderien? » Demanda-t-elle. En ce moment, elle avait tant de questions. Mais elle se demandait s’il était déplacé de les poser.

Otmar était content de voir que sa fille était heureuse d’avoir enfin finit son service militaire et d’être maintenant citoyenne de plein droit. Tout comme il était satisfait qu’elle écoute ses histoires, pas qu’il s’attendait à ce que cela l’ennuie. Mais après tout, elle aurait put l’écouter simplement par respect ou appréciation pour lui, cela pouvait arriver après tout…

Quoiqu’il en soit, au moins elle pourrait aller pleinement de l’avant pensa t-il, après tout le service militaire pouvait être un peu comme une sorte de rite de passage à l’adulte que venait de terminer sa fille. Pas que ça en était un, mais ainsi symboliquement elle mettait derrière son passé et pouvait se tourner vers l’avenir… Et il se doutait que pour elle, cela pouvait avoir son importance. Surtout quand on avait un passé douloureux et qu’on s’en remettait.

« Oh ne t’inquiète pas, je n’avais pas beaucoup l’habitude moi-même de faire mon lit quand j’étais jeune ou en voyage, quand je dormais dans un lit du moins. » Acheva t-il sinon de dire amusé à ce sujet, repensant à son passé d’ethnologue où il avait put connaître toutes sortes de couches en effet… Allant du lit, au tas d’oreillers, une paillasse ou sol ou même rien du tout des fois ! Il était du genre à savoir s’adapter, même s’il n’avait jamais vécu dans la pauvreté ou le dénuement véritable.

Pour le reste, il ne manqua évidemment pas de sourire légèrement quand elle sembla apprécier son cadeau, avant ensuite de raconter son histoire et de voir que sa fille était touchée par cela. Otmar étreignit alors paternellement celle-ci qui visiblement était touchée, avant de finir par dire avec une calme bienveillance.

« Merci Lilyneska. » Puis légèrement pensif. « Non, garde le bracelet, ce sera mieux que de le laisser prendre la poussière quelque part. » Avant de reprendre plus nostalgique en quelque sorte, au bout de quelques instants… « Cela ne me rend pas triste d’en parler, enfin un peu, mais le temps a passé… On finit par tourner la page, enfin ne t’inquiète pas. » Un petit temps passa. Puis il souria doucement et ajoutera songeur en ébouriffant légèrement sa fille.

« C’était un elfe à la chevelure noire comme la nuit, la peau légèrement ambrée et un regard marron légèrement orangé qui me faisait des fois penser à un renard… Je vivais auprès de sa tribu dans les bois d’Eïrn, en tant qu’ethnologue, nous avions finis par fraterniser, et de là au fur et à mesure… C’est souvent comme cela que vont les choses je suppose. Après j’ai peut-être un peu fait mon grand jeu du gentleman attentionné... » Ceci conclut avec une pointe d’humour, il dira ensuite un tantinet amère.

« Les gens ont leurs raisons, les inquisiteurs de Teïder sont des gens fanatiques vénérant un dieu de haine. Ils imaginent que ce qu’ils font et juste, cela suffit à justifier le pire pour beaucoup. » Il sembla alors pensif, semblant réfléchir avant d’ajouter. « Pour le reste, je sais parfaitement parler le Teïderien et imiter l’accent, le plus dur aura été de me procurer l’équipement et de me faire passer pour un simple conscrit… J’aurais fort mal finis s’ils avaient découverts qui j’étais vraiment. » Il sembla alors un tantinet amusé, avant de dire.

« Cela et puis je sais être discret tu sais, ne pas me faire remarquer, j’ai juste dû exploiter ces talents et les améliorer à Teïder... » Il semblera alors légèrement secouer la tête, avant de dire. « Je te déconseilles d’y aller un jour, c’est un cloaque humide infesté de monstres et dont tu ne sais pas s’il y a plus de dangers à êtres confrontés à la faune locale, ou aux autorités. Les marais sont magnifiques à leur manière et ont bien des merveilles, mais j’avais plus peur de finir dévorer par une bête quelconque qu’autre chose, quand j’ai dû m’y aventurer… » Il faut dire, Teïder était réputé à raison, comme l’un des territoires, si ce n’est le territoire le plus dangereux de tout le continent. Tant d’histoires racontaient comment de pauvres imprudents s’étaient aventurés dans ses marais, pour ne jamais en revenir... D'un autre côté, même les fanatiques de ce royaume ne pullulaient pas dans les cloaques les plus infâmes du royaume central, donc il y avait moyen d'y passer sans finir dans une sombre geôle.

Lilyneska Ehrlich avait étreint son père avec toute la tendresse qu’elle possédait. Elle espérait qu’il comprendrait par son geste qu’il pouvait compter sur elle et qu’il était une personne importante pour elle. La tristesse n’était pas quelque chose d’inévitable et tout comme elle, il avait de douloureux souvenirs du passé. « Je comprends… » Murmura-t-elle en souriant doucement. Ses azurs toisèrent son nouveau bracelet. Elle leva son bras comme pour l’observer puis sournoisement ébouriffa la chevelure de son père dans un geste qui se voulait taquin, mais attentionné. « Dans ce cas, j’en prendrai grand soin. C’est promis! » S’exclama-t-elle en se relevant. Elle comptait garder le bijou précieusement à son poignet… et ne jamais l’enlever ou presque. Elle s’en voudrait trop qu’elle l’égare par mégarde. Cependant, elle devait s’assurer d’y faire attention lorsqu’elle se battrait. Elle pensait déjà un enchantement de solidité à y apposer dessus puis la question lui traversa l’esprit : « Est-ce que ça te vexerait si jamais je l’enchante? » S’enquit-elle. Peut-être que son père préférait que le bijou reste dans son état originel à jamais.

Lily rapprocha son fauteuil de son père puis s’assit à nouveau. Il avait toute son attention, car elle était très curieuse d’en savoir plus sur son passé. Elle visualisa l’elfe à la chevelure de jais en compagnie d’un jeune Otmar, tous les deux qui se regardaient avec un regard amoureux. Elle sourit, l’imaginant faire son grand jeu du gentleman attentionné. Mais son sourire disparut rapidement, car l’histoire prenait une toute autre tournure. « Je n’aurais pas cru ça de toi, que tu puisses être super discret. » Dit-elle. Elle en doutait toujours… Comme moi il faudrait qu’elle voir son père en action pour le croire.

« Ah ouais, vraiment? C’est si horrible que ça? Sans parler des Teïderiens et de leurs coutumes. » Ronchonna-t-elle. Elle sembla hésiter un histoire puis se lança, dans un langage qui n’était dit d’Akkaton, ni des Duchés. « Je sais parler le Teïderien moi aussi. » Dit-elle dans un Teïderien très clair. Elle réalisait à quel point ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas parlé cette langue, mais qu’elle s’en souvenait toujours. « Voilà mon premier secret : je suis née à Teïder. » Poursuivit-elle. Une hybride à Teïder, c’était catastrophique. « Mais je ne me rappelle de rien de Teïder. Ma mère s’est enfuie dans les Duchés du Sud avec moi. Parfois je me demande si elle n’aurait pas simplement préféré me tuer pour garder la vie qu’elle avait. Quoique j’imagine que quand t’enfante une hybride, ta réputation est finie à Teïder… parce que tout finit par se savoir. » Dit-elle en reprenant l’Akkatonien comme langage.

Lily s’ouvrait un peu sur son passé également. Elle ne savait pas exactement quoi dire et n’aimait pas tant y repenser. S’il avait des questions, c’était le temps de les poser pendant qu’elle s’ouvrait sur son passé.

Otmar avait compris le message que voulait lui exprimer sa fille et apprécia ce dernier, cela faisait toujours du bien après tout de pouvoir exprimer plus ou moins ce qu’on avait sur le cœur, à quelqu’un qui tenait à vous. Surtout qu’Otmar n’était pas forcément le genre d’homme à particulièrement exprimer cela dans les faits, comme Lilyneska n’était pas forcément du genre à parler abondamment de son passée. Cette pensée l’amusa un peu, car ça leur faisait un autre point commun…

« Non cela ne me vexera pas si tu l’enchantes, il t’appartient après tout. » Glissera sinon l’ancien ethnologue avec un léger amusement, ajoutant même un tantinet complice. « Et je suppose que s’il t’es utile d’une manière ou une autre, ce n’est pas plus mal. » Ce avant de reprendre ensuite pensif, mais toujours avec une dose d’amusement, alors qu’il reprenait un peu ses cheveux qu’elle venait ébouriffer. Après tout c’était de bonne guerre !

« J’ai disons appris assez jeune à ne pas me faire remarque outre-mesure, pour pouvoir observer les choses, ensuite j’ai pu affiner ce talent à Teïder, de manière urgente et impérieuse… Et enfin, j’ai fais attention à le préserver. » Avant de reprendre amusé. « Cela et puis j’ai pu bénéficier récemment de conseils de certaines personnes. J’ai finis par me dire après tout que ne sachant pas me battre aussi bien que toi par exemple, si je devais être un jour en danger, il serait bon que je puisse me faire discret. » Avant de reprendre ensuite un tantinet pensif.

« Teïder est un pays marécageux et forestier, les Teïderiens n’ont que peu pris la peine de l’assécher ou drainer, cela les arrange de conserver une faune monstrueuse abondante, pour leurs dompteurs de bêtes… Ainsi que pour gêner toute armée qui voudrait les envahir. » Il semblera sinon légèrement surpris aux paroles de sa fille en Teïderien, ainsi que la révélation qu’elle lui fit, avant de répondre lui aussi dans cette langue, avec un accent parfait. « Je comprend mieux certaines choses... » C’est lui qui sembla alors préoccupé, devant se dire que son passé difficile devait venir de là… Il dirait alors avec une certaine douceur, mais sans vouloir être trop indiscret.

« Il est bien que tu sois encore en vie, ta mère n’a pas été celle que tu aurais méritée, mais au moins tu es là maintenant et tu peux te bâtir le destin que tu souhaites. » Des paroles rassurantes d’abord, avant de reprendre… « Si jamais un jour, Teïder venait à être moins dangereux pour toi et moi, peut-être après la guerre actuelle, nous pourrions y aller ensemble ? Si nous évitons de rôder dans les plus profonds marais, ça devait aller. Ce pays est beau à sa manière après tout... » Mi sérieux, mi amusé, autant pour faire une proposition pour le futur, que pour détendre un peu l’atmosphère, ce avant de conclure pensif.

« Et ton premier père ? Il n’était pas humain après tout, est-il encore en vie ? Si c’est le cas, peut-être pourrais tu le revoir un jour ? » Une question qui pouvait se poser en effet… Peut-être que la part thérianthrope de l’héritage de Lilyneska était plus fréquentable après tout !

« Merci! J’en prendrai grands soins! Il viendra à mon aide durant les nombreuses missions que j’aurai. » Dit Lilyneska en fixant son nouveau bijou. Elle aimait tout ce qui scintillait au soleil et le bracelet rentrait définitivement dans cette catégorie. Bien que radieux, il ne la nuirait pas pour autant lorsqu’elle prendrait le rôle d’éclaireuse où la furtivité serait requise. Tant qu’à l’avoir toujours sur soi, elle était heureuse de savoir que ça n’embêtait pas son père qu’elle y ajoute quelques enchantements. Autant rendre l’utile à l’agréable, comme on dit!

« C’est bien noté. Si un jour, on fait encore face à des assassins Teïderiens ou une autre situation du genre, je saurai que de s’enfuir subtilement serait une option viable. En tout cas, je serais vraiment curieuse de te voir dans une situation où il faut être discret. » Dit-elle. Lily le croyait, mais elle avait de la difficulté à se l’imaginer. Elle continuait d’écouter son père avec attention. L’idée de se rendre à Teïder n’était pas concrétisée, mais elle se doutait qu’elle irait un jour ou l’autre. Il valait mieux qu’elle soit le mieux préparée possible à ce moment-là. Honnêtement, ce n’était pas la faune monstrueuse qui l’inquiétait, mais plutôt la population elle-même.  

Ce n’était pas évident de s’enfoncer dans son passé, mais la jeune le faisait volontairement. Elle parlait rarement de son enfance. Elle préférait généralement ne pas y penser et éviter de replonger dans ces moments ténébreux. « Aujourd’hui, je peux dire que je suis heureuse d’être encore en vie. » Prononça-t-elle. « Mais ça n’a pas toujours été le cas. Être esclave, c’est vraiment horrible. Je ne souhaite ça à personne. » Se confia-t-elle. Il y avait eu des moments où elle s’était dit préférer mourir et disparaître. Elle ne voulait plus être touchée, ne plus se battre, ne plus être maltraitée, ne plus être affamée… Mais ça allait maintenant.

« J’aimerais ça oui, mais ça ne sera pas trop dangereux? Je n’ai pas l’impression que les Teïderiens aimeront nous voir. En tout cas, si on ne peut pas aller à Teïder, on ira visiter ailleurs. J’aime toujours visiter avec toi. Tu sais plein de trucs sur tout. » Lui répondit-elle en finissant avec un sourire.

Le dernier sujet était celui de son géniteur. Lily répondit d’ailleurs d’un haussement d’épaules. « Je ne sais pas qui il est. Et probablement qu’il ne sait même pas que j’existe, je ne sais pas? » Répondit-elle en premier. « Ma mère n’a jamais voulu m’en parler… Je me rappelle qu’elle voulait le retrouver dans les Duchés, mais elle n’y est jamais parvenue. En tout cas, de ce qu’elle m’a dit. Elle le croyait simplement humain. Mais il s’avèrerait qu’il est Thérianthrope. Tout ce que je sais, c’est que la couleur naturelle de mes cheveux, le blanc, vient de lui. Pas de nom, pas de description autrement. Et honnêtement, je n’ai pas de désir de le retrouver. Mais peut-être que si un jour je revois ma mère, je pourrais lui demander. »

L’épisode du bracelet se concluant pour le mieux, Otmar étant satisfait de voir que son cadeau avait plût à sa fille et que celle-ci comptait le garder, ce dernier put ensuite s’amuser de voir que Lilyneska ne lui soupçonnait guère divers talents de furtivité... Il faut dire, le vieil homme n’en donnait pas l’impression, même s’il avait sans doute la carrure de quelqu’un qui pourrait s’y essayer tout de même. Et une bonne capacité à ne pas trop se faire remarquer, quand personne ne le reconnaissait du moins !

« Oh espérons que si tu dois me voir me faire discret, ce ne sera pas pour quelque chose où la vie de l’un de nous deux est en danger... Après, j’ai peut-être quelque chose en tête qui pourrait… Enfin, rien de bien urgent, mais disons que j’aimerai rendre service à des amis et que cela nécessite un peu de subtilité dira t-on. » Rien qu’il ne pourrait donc régler juste en disant qu’il était dirigeant d’Akkaton et qu’on devait donc faire comme il le demandait de préférence… Après si cela intéressait Lilyneska, il pourra évidemment développer sur ce sujet sans mal !

Pour le reste, il posa un bras rassurant et paternel autour des épaules de sa fille, tout en l’écoutant alors qu’elle parlait de son passé difficile en tant qu’esclave, ce avant de glisser calmement. « C’est terminé maintenant oui, pour toi et pour les amis que tu as pu sauver il y a quelques temps. Sans toi, ils seraient encore en cage ou pire. » Du moins essayait-il de pointer quelque chose dont elle pourrait être fier, ce pour lui changer les idées, ce avant d’ajouter amusé.

« Oh je ne suis pas un expert en tout, mais j’ai pas mal voyagé et je suppose qu’il y a bien des endroits à visiter sur ce continent ou ailleurs que je pourrais te montrer. Il y aussi ma tribu natale de nomades Heïngs dans les contrées sauvages… Une terre fort dangereuse, mais ma cousine qui est fille du chef de tribu nous y ferait un bon accueil. Cela et malgré ses dangers, la vaste steppe est magnifique. » En tout cas c’était une bonne parmi tant d’autres. Quant au géniteur de sa fille…

« Ma foi, seul l’avenir nous dira si tu peux le rencontrer ou non ou si c’est une bonne idée... » Il se leva alors et demanderait. « Tu veux quelque chose à boire ? » Il irait alors voir dans une armoire réfrigérée où se trouvait quelques breuvages froid, puis reviendraient avec ces derniers avant de dire avec réflexion. « Pour ma part il y a pas mal à faire actuellement, notamment avec mes responsabilités politiques qui se sont accrues avec les problèmes récents posés par tous ces mégalomanes se prenant pour des dieux... » Il prendra une gorgée de ce qui semblait être du café froid, mais sucré avant de glisser amusé. « J’ai encore le temps, mon mandat est à ses débuts, mais il faudra que je réfléchisse à ce que je ferais ensuite, surtout après une décennie qui s’annonce déjà chargée. Redevenir ethnologue, briguer un poste de diplomate ? Simplement prendre ma retraite et voyager ? En tout cas je ne compte pas rester sédentaire, j’ai toujours été un voyageur. Quant à toi... » Il achèverait amusé. « Qui sait, tu seras peut-être devenue une redoutable championne d'ici là ? Ou bien tu auras investit dans une usine de chocolat, je ne sais pas haha, mais tu peux te projeter dorénavant et c’est pour le mieux. »

C’était une relation particulière qui liait Lilyneska et Otmar. Bien qu’il l’avait adoptée à un âge avancé pour une enfant et que certains diraient que ça avait été inutile vu qu’elle avait été presque adulte. Pour Lily, c’était la marque qui avait fait basculer le seul monde qu’elle connaissait alors, monde cruel d’esclavage. Certes, elle s’en était libérée… Mais quel avenir aurait-elle eu en temps que voleuse dans les Duchés? Elle aurait certainement fini par voler la mauvaise personne. Mais le destin en avait voulu différemment et elle avait plutôt volé la bonne personne. C’est drôle, non?

Otmar n’était peut-être pas son géniteur, mais il était certainement son père. C’est comme ça qu’elle le considérait. Il était la seule personne qui avait voulu d’elle en bien… Pas pour sa mère qui l’avait vendue ou son ancien maître d’esclave qui avait profité d’elle. Même si Otmar était l’empereur d’Akkaton, pour Lily, ça ne changeait strictement rien. Certes, on peut dire que ça avait faciliter l’obtention de sa citoyenneté akkatonnienne mais ça avait des désavantages aussi, surtout dans la façon que certaines personnes la percevaient sans même la connaître réellement.

Grâce à lui, Lily avait des projets d’avenir et elle voyait le futur d’un meilleur oeil. Elle l’affectionnait réellement et tenait à l’aider lorsque c’était en son pouvoir. « Qu’as-tu en tête…? » Murmura-t-elle. Sa fille avait esquissé un sourire espiègle. Sa curiosité était piquée. « J’aimerais t’aider. » Avança-t-elle. Non, elle ne savait pas de quoi il s’agissait. Serait-ce dangereux? Elle n’avait pas peur. Illégal? Bah… Suffit de ne pas se faire prendre! Quoique vu son rôle important, elle en serait étonnée… Elle l’imaginait difficilement offrir le mauvais exemple. Mais qui sait? En tout cas, elle était toute ouïe.

L’Ehrlich apprécia son empathie. « Quelqu’un m’a aidé à m’en sortir… Donc, c’est normal que je fasse pareil pour d’autres. » Dit-elle. Ce n’est que lorsqu’on perd sa liberté que l’on se rend compte à quel point elle est importante! « J’avoue que j’aimerais garder un oeil sur les Duchés… J’aimerais continuer à aider les gens, à les aider à retrouver leur liberté. Il y a tant d’esclaves un peu partout. Je sais que je ne peux pas les libérer tous… et que ce n’est pas tout le monde qui veut être libéré non plus… Mais, je ne peux pas accepter l’esclavage lorsque j’en vois. Tu comprends…? » Poursuivit-elle. Pouvait-elle se mêler des affaires des autres? Sur ce sujet, c’était plus fort qu’elle. « Comme quand on a libéré le groupe d’esclaves dans l’Outre-Monde. Je m’en serais voulue de n’avoir rien tenté. »

« On voyagera. » Avança-t-elle sur un autre sujet. « J’aimerais ça voir ta tribue natale et tout! Mais le monde est si grand! Juste Akkaton, je suis loin d’avoir tout vu. » Poursuivit-elle.

« Est-ce qu’il y a du lait? » Répondit-elle à sa question. Oui, c’était sa boisson préférée. Elle le remercia lorsqu’il lui rapporta le breuvage qu’elle but doucement avec plaisir. Elle faillit s’étouffer en éclatant de rire. Ça serait étonnant d’avoir une usine de chocolat puisqu’elle n’était pas une femme d’affaire. Mais les choses pouvaient changer, qui sait? « Dans dix ans, je me vois à tes côtés à voyager ici et là. À avoir du plaisir et à manger des gâteries. Mais j’avoue que j’aime bien cette idée de championne. Je pense que ce sera mon prochain but à atteindre! »

Otmar sembla pensif quand Lilyneska lui demande ce qu’il avait en tête, signe sans doute que ce qu’il voulait faire était délicat, puis il finirait par dire avec un calme sérieux… « Il y a des reliques appartenant à un village naga où j’ai beaucoup d’amis qui ont disparues et ont été revues récemment chez un riche marchand duchéen. J’aimerai les récupérer, mais bien entendu je ne peux guère l’exiger directement en tant que dirigeant Akkatonien... » Il ne détailla pas davantage, se demandant ce que Lilyneska allait en déduire, mais en somme… Il voulait rendre service à des amis à lui et visiblement ce n’était pas un problème qu’il pouvait décemment régler en usant de son influence et de son prestige. Pour tout avouer en son for intérieur, il préférait qu’elle soit la seule au courant, du fait qu’il comptait récupérer cela…

« Ce sont des trésors qui appartenaient à leur clan depuis de nombreuses générations de nagas, des voyageurs duchéens malintentionnés les ont dérobés il y a fort longtemps, des siècles même… Je me dis que cela leur ferait plaisir de les récupérer. » Précisera t-il sinon doucement pour préciser le pourquoi de ceci. En somme il désirait faire justice à un clan naga qu’il avait connu et n’aurait rien contre de s’y impliquer personnellement, après Lilyneska désirait-elle vraiment l’y aider ? Au pire l’affaire n’était guère aussi sinistre qu’avoir affaire à des esclavagistes…

Pour le reste, Otmar dirait avec fierté à sa fille.

« Certains auraient juste décidés de vivre leur vie pour eux et de lutter durement pour leur propre liberté, en se souciant peu de celle des autres. » Ce pour répondre au fait que selon elle, rendre le bien qu’on lui avait fait était normal. Puis il ajouterait pensif. « L’empire n’apprécie pas l’esclavagisme, nous avons même menés une guerre dure et sanglante contre Ikhyld par le passé pour libérer les citoyens qui avaient été raflés et asservis par un de leur ancien empereur… Sache que j’approuve tes actions en ce sens Lilyneska, je dois t’enjoindre à une certaine discrétion certes, mais ce que tu fais est juste. » Conclurait-il avec sérieux, en parlant en partie du passé de leur nation, ce avant d’ajouter amusé.

« On m’avait dis que tu avais aidé à sauver des Ziichis oui. J’ai rencontré un de leur diplomate, ils ont l’air sympathiques, quoique très martiaux… Certs nous les Akkatoniens le sommes aussi, mais la tendance pillarde en moins. » Puis pensif, il ajouterait complice.

« Oh nous aurons le temps de voyager et tu pourras contempler bien des contrées, après il faudra rester prudent, le monde n’est pas sûr selon où nous allons, mais j’ai l’impression que tu n’auras que rarement grand-chose à craindre. » Il la taquinerait alors en tapotant du doigt une des mains avant de dire amusé. « Je n’aimerai pas me recevoir un coup de griffe de ta part personnellement haha. »

Puis ceci dit, il irait chercher à boire et ramènerait du lait à sa fille, puis apprécierait qu’elle goûte à son sens de l’humour, ce avant de dire doucement pensif. « Oh dans dix ans bien des choses peuvent se passer, mais ma foi si tu désires voyager de temps en temps à mes côtés, pourquoi pas ? Par contre je te préviens, si je reprend mes habitudes d’ethnologues, nous vivrons un peu comme les locaux selon où nous allons... » Ce avant de préciser légèrement complice.

« Ou on s’adaptera, disons que pour les nagas je ne pouvais pas manger que de la viande comme eux et je ne pouvais pas me balader dans leur village sans vêtements contrairement à eux… Mais autant dire que ce ne sera pas pareil que la vie quotidienne dans l’empire. » Mais ça ajoutait sans doute à l’exotique ?

« D’accord. Je comprends. » Dit Lilyneska en acquiesçant d’un signe de tête. Elle pouvait s’imaginer dans quelle situation était son père. En tant qu’empereur, il ne pouvait pas exiger que le dit marchand redonne les fameuses reliques. En tant que personne, il pouvait peut-être les acheter… Mais encore là, ça ne serait pas très bien vu non plus, non? Ou encore, le marchand pourrait en profiter pour faire du chantage à l’empereur d’Akkaton s’il apprenait que c’était important pour lui. Bref, c’était une situation compliquée… Lily comprenait la nécessité d’être discret. Littéralement. « Compte sur moi. » Murmura-t-elle à son oreille. L’hybride s’était relevée de son fauteuil pour s’approcher du sien. Elle s’était rassise ensuite puis la discussion avait tourné. C’était mieux ainsi, car il valait mieux éviter de parler de plans illégaux en milieu public. On ne savait jamais où se cachaient les oreilles indiscrètes.

« Ah! Pour vrai? Ikhyld avait un vilain empereur? » S’exclama-t-elle, surprise. Elle n’avait pas imaginé cela de la contrée à l’Est qui lui paraissait si féérique. Néanmoins, elle préférait Akkaton avec son interdiction d’esclavage. Finalement, les joues de sa fille rougirent légèrement. Elle ressentit une vague de fierté l’envahir, un sentiment qu’elle avait rarement ressenti. Ce n’était pas comme une victoire d’un combat d’arène. Elle ressentait l’affection que lui portait son père et la fierté de celui-ci envers elle. C’était tellement agréable comme sentiment! « Je serai discrète. Promis, je ferai attention. » Dit-elle. Elle n’allait pas chasser les esclaves pour les libérer, mais c’était seulement si l’occasion se présentait à elle. De plus, elle réprima un frisson à l’idée de faire faux pas et de se retrouver esclave à nouveau malgré elle. Définitivement, elle devait être prudente.

Qu’est-ce que l’avenir leur réservait? Lily l’ignorait. Mais s’ils pouvaient voyager tous les deux, ça serait sympa. En tant que soldate, elle sera sûrement envoyé en mission hors d’Akkaton également, qui sait? Elle éclatera de rire lorsqu’Otmar mentionna qu’il n’aimerait pas recevoir un coup de griffes de sa part. « On verra où la vie nous mènera. Dans dix ans, c’est encore loin. Je ne sais même pas ce que je ferai demain! Mais dans dix ans, on sera encore très proches, promis? » Dit-elle en souriant.

« D’accord, merci à toi. » Dira Otmar à voix basse et en hochant la tête, quand sa fille confirmera qu’elle serait de la partie. En soit, ce serait intéressant, certes logiquement un père ne devrait pas embarquer son enfant dans ce genre d’aventure. Mais Lilyneska était une adulte après tout, elle était très forte et surtout ce ne serait pas sa première fois, autant dire que l’empereur aurait l’impression que refuser de l’y impliquer aurait été plutôt futile. Cela et puis elle qui voulait voir ses méconnus talents dans le domaine de la furtivité… Elle aurait l’occasion de le voir s’y exercer !

« Il y a longtemps oui. Les pays changent, même si plus lentement que les atamas comme nous. » Glissera t-il sinon calmement au sujet d’Ikhyld, sans en rajouter plus. Il savait que la politique n’était pas le sujet favori de sa fille… Pour le reste elle semblait plutôt heureuse qu’Otmar approuve son comportement altruiste envers ceux souffrant de l’esclavage ? En tout cas il se permettrait de préciser avec assurance quand elle lui promettra d’être discrète. « Je te fais confiance de toute façon. » Et au pire il trouverait bien un moyen de la tirer d’un éventuel mauvais pas, bon il préférerait ne pas avoir à le faire, mais il protégerait sa fille d’une manière ou d’une autre si elle était en danger…

« Il n’y a aucune raison que nous ne soyons plus proches dans dix ans ma fille. Et tu es encore jeune, donc tu peux avoir bien des projets, que ce soit personnels ou en commun avec moi. » Ajoutera t-il sinon amusé et avec bienveillance paternelle à sa fille adoptive. Oui ils avaient le temps et il ne s’inquiétait pas forcément de l’avenir de leur relation personnelle, car sauf imprévu ou évènement étrange ça devrait aller !

Quoiqu'il en soit, ils avaient put se dire bien des choses et en prévoir bien d'autres en ce jour décidément, même si sans doute qu'ils continueraient à discuter encore un peu avant de se séparer pour retourner profiter des festivités !