2 Octobrius 2000

La troupe du Lieutenant Sleeslith était en déplacement extraordinaire dans les épaisses forêts d'Eïrn. Aujourd'hui le jeune neveu de la sergent éclaireur débute son Rite de Passage. D'ici quelques semaines il sera un soldat, un homme d'Eïlynster. C'est avec émotions que la sergent donne ses derniers conseils à son neveu. Elle a du mal à le laisser partir. Elle le revoit encore lorsqu'il n'était qu'un enfant, avant qu'il devienne cet adolescent qu'elle doit lâcher dans la nature et espérer pour le meilleur.

De leur côté, la troupe a accompagné le jeune Eïlynstérien car des rumeurs inquiétantes de mort-vivants circulent. Ils ont donc patrouillé et vérifié que la zone ne comportait aucun danger malvenu. Ils installeront le campement dans la région afin d'être prêts à intervenir au cas où.
"-Tu as juste assez pour tenir une semaine.
-Je sais.
-Ensuite tu auras à chasser toi-même mais tu as appris comment.
-Oui, je sais.
-Lâches-le, tu l'embêtes.
-Quoi? Mais il faut que...
-Ca va aller, il sait quoi faire.
-Mais qu'est-ce qui va...
-Chut! Fais-lui confiance maintenant.
-Tu prendras soin de toi et il faudra aussi que tu chasses...
-Il sait !"

Finalement le jeune fut lâché dans les forêts et la troupe installe leur campement aux pieds d'une montagne. Des tentes groupées autour d'un feu de camp ainsi que quelques pièges de sécurité autour. Le lendemain, Sleeslith ne compte pas restée inactive.

Elle se souvient que lorsque son ami, le Général, apprit qu'elle se rendait en Eïrn, il lui a conseillé d'aller voir un 'vieil ami'. D'habitude affable et descriptif, le Général a été plus évasif cette fois-ci. Elle ne sait donc que peu si ce n'est que le Général en a gardé un bon souvenir. Elle aura donc à se faire son propre opinion et elle soupçonne même que ce soit la raison pour laquelle son ami n'a rien dit de plus précis.

Pour l'occasion, elle gravit le flanc de la montagne accompagnée du sergent éclaireur. D'une celle-ci a besoin de se changer les idées et de deux, il vaut mieux ne jamais se déplacer seule en cas de dangers inattendus. Le chemin n'est pas aisé et elles doivent alterner entre marche et escalade. Finalement elles arrivent au lieu mentionné par le Général : une grande plaine sur le flanc de la montagne. Elles observent avec précaution les environs. Personne à droite, personne à gauche. Elles se posent donc sur la plaine. Elles scrutent un peu plus les alentours. Non seulement il y a personne mais en plus le terrain est extrêmement plat et dégagé. Le point  rassurant est qu'il est impossible d'être pris en embuscade dans cet espace aussi découvert.

Sleeslith fait un signe de tête au sergent éclaireur que tout va bien et qu'elle peut retourner au campement. Celle-ci s'éloigne donc et abandonne la Lieutenant seule qui ne semble pas tant que ça rassurée. L'endroit a quelque chose d'étrange, de non-naturel. Elle se penche et pose une main sur le sol. Le terrain semble trop plat, comme travaillé.

Lorsque Slenlodwiin ne voyageait pas à travers tout le continent ou quand il ne s’occupait pas de la petite communauté dont il était le protecteur, il avait diverses occupations et habitudes en Eïrn, qu’il tâchait d’honorer, l’une étant de rendre visite à diverses peuplades avec lesquelles il avait des affinités ou amitiés, une autre d’errer dans le pays et d’aider un peu sa sécurité, au moins en chassant quelques grandes créatures ou en détruisant des morts vivants.

D’autres fois d’anciens amis à lui, voulaient le revoir ou lui présenter quelqu’un, plus rarement, en général ces personnes qui faisaient part d’une telle envie par divers moyens magiques permettant de communiquer à longue distance, planifiaient ainsi un rendez-vous avec lui à divers endroits assez sûrs.

Ce escarpement plat et large montagnard en étant un, pas celui que préférait les gens en général, car il fallait l'escalader, mais c’était l’un des plus sûrs il fallait bien dire. Car les seules créatures dangereuses pouvant rôder là étaient celles qui volaient et donc n’étaient pas si discrètes. Après, en général le problème ne se posait que quand l’imposant dragon n’était pas là, après tout il y avait peu de bêtes sauvages ayant le courage de s’en prendre à un ancien dragon imposant.

C’était aussi un endroit où il tentait des fois certaines « expériences » dirons-nous. Étant un cas extrêmement rare de dragon végétarien, il s’intéressait, aidé de la magie de terre, à l’agriculture, et disons qu’il lui fallait de l’espace pour planter le genre de légumes et fruits gorgés de magie qu’il mangeait. Le genre géants, absolument pas pratique à manger pour des créatures plus petites, mais lui convenant parfaitement.

Quoiqu’il en soit, Slenlodwiin arriva un temps après Seeslith au lieu de rendez-vous, sans doute celle-ci le remarqua. Après tout, même si ça volait, un dragon aussi imposant ce n’était pas vraiment discret. Un dragon qui vit bien la semi nagate qui attendait là et devait être la personne devant la rencontrer…

Il s’approcha donc du flanc de la montagne et entreprit ensuite de se poser avec une certaine grâce et pas trop abruptement. Faisant battre ses ailes à l’atterrissage pour compenser un peu le fait de poser sa masse qui était sacrément impressionnante…

Une fois posé ainsi, il pouvait ainsi être contemplé alors qu’il s’asseyait au sol, à la manière dragonique. Une masse d’écaille bleutée dotée de plumes. Un imposant et grand dragon, sans doute que certains seraient effrayés en le voyant, mais il semblait aussi d’engager une certaine douceur rassurante. Il n’avait disons pas l’air du genre de dragon capable de montrer les crocs face à un mortel ayant des paroles maladroites, contrairement à certains dragons sauvages mal lunés.

Un dragon qui finit quoiqu’il en soit, par s’exprimer.

« Bonjour jeune âme, je suppose que c’est vous qui deviez me rencontrer ici. Puis-je savoir quel est votre nom ? » Une demande polie et aimable formulée avec une voix dragonique très douce. Cela compensait le fait qu’il était une créature écailleuse avec des crocs et griffes, tout comme son apparence plutôt rassurante. Enfin, peut-être l’était-elle moins s’il se sentait en danger ou hostile.

La queue enroulée sous elle-même, Sleeslith est en train d'étudier le sol comme si celui-ci contenait des indices pouvant lui indiquer ce qui se passe ici, lorsqu'une ombre se propage sur la plaine. Elle tourne sa tête vers la droite puis la gauche mais rien, personne. Puis un bruissement d'ailes se fait entendre. Elle tourne son regard vers le ciel et constate l'origine de ce bruit. Une masse noire qui obscurcit le soleil lui-même. La chose a l'air immense et son ombre couvre les trois-quarts de la plaine, plongeant celle-ci dans l'obscurité. La première réaction de Sleeslith est de penser à se défendre mais ça n'a pas de sens, en vérité. Jamais son amant ne l'enverrait dans un piège. Malgré son inquiétude face à cette donnée inconnue et menaçante, elle se force à avoir confiance.

Puis la masse sombre se détache de l'angle du soleil pour apparaître tel qu'il est. En fait, il n'est pas noir du tout. Il a même des couleurs douces et attrayantes. Sleeslith ne peut s'empêcher d'écarquiller ses yeux d'or, tant de surprise que d'émerveillement. Un dragon !

Il se pose avec une certaine légèreté déconcertante pour la masse imposante qu'il représente. Elle commence à comprendre pourquoi son ami n'a dit mot sur cette rencontre. Mieux vaut se faire sa propre idée. Elle ne bouge pas pour le moment, trop impressionnée par l'allure et la taille du dragon. Elle le regarde s'assoir et il interrompt le silence en commençant la conversation en premier.

Elle ne peut s'empêcher de se lever et de serpenter vers lui. Pour une raison inconnue elle a envie de le toucher, telle une enfant devant une créature féérique.
"Je m'appelle Sleeslith Long-Caster", répond-elle d'une voix douce et mélodieuse.
"Je ne sais pas si j'étais attendue mais...", elle hésite. Elle cherche ses mots. Elle est maintenant à portée de lui. Rien que sa patte avant fait deux fois sa taille. Elle lève une main pour le toucher. Le contact des écailles et des plumes sous ses doigts.
"... vous êtes si doux", est tout ce qu'elle trouve à dire pour le moment.

Slenlodwiin jeta un regard aimable vers la jeune hybride, il se dit tout d’abord qu’elle est bien jeune, certes à ses yeux quasiment tout le monde est jeune, même un vieillard elfique, mais elle est vraiment « jeune » dans le sens qu’elle a encore toute la vie devant elle et sans doute beaucoup à apprendre. Ensuite, il se dit que les bipèdes doivent pour beaucoup apprécier sa beauté. Du moins, il a assez d’expérience des bipèdes pour deviner leurs critères de beautés et savoir qu’elle y correspond. Enfin, il sent qu’elle n’est pas effrayée même si assez impressionnée. Ce qui est bien, car il n’a pour but de terrifier après tout et puis… Si elle est Eïlynsterienne comme son vieil ami, il n’est sans doute pas le premier dragon qu’elle croise, même si elle n’a peut-être pas croisé d’aussi grand que lui. Cela doit y aider.

Il laissa quoiqu’il en soit la jeune âme approcher sans se montrer farouche comme certains dragons sauvages le feraient envers quelqu’un s’approchant sans leur autorisation explicite. En vérité cela l’amusa même un peu, car sa réaction lui fit penser en partie à celle d’un enfant, du moins la catégorie d’enfants de bon tempérament et innocent. Et Slenlodwiin a disons une certaine popularité auprès de ces jeunes âmes, peut-être en partie parce qu’il ne fait pas trop peur.

« Je me nomme pour ma part Slenlodwiin. » Dira alors le dragon aimable, avant de sembler émettre un soufflement amusé de ce qui lui sert de narines. Avant de glisser d’un ton légèrement paternel et dont on sent l’ancienneté. « Un ami à moi m’a dit qu’il voulait me présenter quelqu’un, mais si vous êtes juste une âme curieuse qui a voulut se rendre ici pour la vue, ce n’est pas grave. » Il la laissa toucher son plumage quoiqu’il en soit, ce avant de conclure avec amusement.

« Et vous, vous êtes bien courageuse de vous rendre seule ici mon enfant, les forêts d’Eïrn comptent leur lot de périls, quoique ce ne soit pas forcément plus dangereux que les plaines duchéennes. » Là où il y avait trop de bandits et mercenaires dans un pays, il y avait trop de bêtes sauvages dans l’autre, joli contraste. Mais en effet, le compliment était offert aimablement.

Sleeslith écoute le dragon parler de sa voix calme. Quelque part, au dessus, il y a la tête de Slenlodwiin mais à vrai dire, ça lui tire un peu trop sur la nuque de regarder si haut alors elle se contente de regarder et parler à la patte avant qui est devant elle.

"Non", commence-t-elle par répondre, "Je veux dire oui. Je suis probablement cette personne mais j'ignorais qu'il vous avait prévenu. Il ne m'a pas prévenue plus que ça non plus."

Sleeslith se met à défaire un de ses gants tandis qu'elle continue de parler. Ses doigts s'agitent pour délier et enlever le gant. Elle est un peu surprise qu'il parle de courage, surtout à elle une militaire vêtue de sa tenue d'officier faite de cuir épais et retravaillé dont les couleurs sombres et opaques contrastent contre sa peau immaculée et sa queue d'or aux paillettes d'onyx. Elle note aussi le titre d'enfant qu'il lui attribue ainsi que le ton prévenant sur lequel il s'adresse à elle. Cela ne la dérange pas mais elle suppose que Slenlodwiin doit avoir un âge certain pour parler un peu à la manière d'un grand-père.
"En général, je réserve mon courage pour les champs de bataille. Le reste du temps, je suis avant tout d'humeur posée."

Son gant est maintenu et c'est doigts nus qu'elle touche une des écailles du dragon.
"Je ne connais pas les Duchés. Je ne saurais dire si c'est plus dangereux ou pas. J'ai entendu dire que certaines régions étaient plus hostiles, ceci dit. Avez-vous beaucoup voyagé à travers le monde?"
La mention de cette nation l'étonne un peu. Avec leur système de gouvernement basé sur la richesse, elle serait loin de s'imaginer un dragon aller voler là-bas. Elle devine aisément la quantité de mercenaires qui le chasseraient juste pour une écaille ou deux, voire plus si ils arrivent même à abattre le dragon. Ce n'est pas la morale ni le sens du respect de la vie qui les étouffent là-bas. Alors qu'elle se rend compte d'une donnée émise par Slenlodwiin, elle se retourne derrière elle comme si elle cherchait quelque chose. La tête tournée et sa main dégantée toujours posée sur l'écaille du dragon, elle rajoute :
"Je ne suis pas venue jusqu'ici seule. J'ai demandé à mon escorte de me laisser après que nous ayons vérifié qu'il n'y a aucune embuscade ici. Mais je peux aller la chercher si vous préférez?"

La question est posée sincèrement. Elle imagine même déjà la tête de son amie si elle apprend que la rencontre surprise n'est rien d'autre qu'un dragon.

« Il est plus pratique de me prévenir, pour être sûr que je rencontrerai quelqu’un à un endroit donné. » Glissera Slenlodwiin amusé à ce sujet, ce avant de préciser tout de même. « Après il n’a pas non plus détaillé qui vous étiez en effet, juste que vous étiez une amie à lui. » En somme, il n’avait pas eut tant d’informations que cela lui aussi.

Quant à son âge, en somme les dragons grandissaient toute leur vie, sachant que leur taille moyenne pour ceux occidentaux à la fin de leur vie, était de vingt mètres de haut, on pouvait estimer l’âge d’un dragon à sa taille, environ un mètre pour cent ans de vie. Slenlodwiin devait donc dépasser largement le millénaire au vu de sa taille. Et sans doute pour quelqu’un sachant estimer la taille d’un coup d’œil, les 1500 ans. Il était donc en effet très vieux, un âge que seuls les vampires pouvaient atteindre en dehors des dragons, ou les ombres.

« Vous êtes une guerrière donc ? Quoique je peux le deviner d’un simple regard, une guerrière aux mêmes origines que lui ? » Demandera t-il alors curieux, en général un Eïlynsterien ne dévoilerait pas sa nationalité comme cela, mais bon la situation était un peu particulière. Quoiqu’il en soit il appréciait sinon le geste qu’elle fit de sa main, pas qu’il sentait la dite main, mais il appréciait le geste en lui-même, témoignant qu’elle se sentait à l’aise et en confiance.

« Les Duchés ont leur propres dangers et intérêts comme partout. Ce n’est pas non plus invivable, j’ai pu me rendre un peu à travers tout Orzian et je le refais de temps en temps, sauf peut-être Teïder car le territoire est particulièrement hostile. Et Eïlynster car je ne suis pas du pays. » Le fait qu’il n’était pas du pays donc et qu’on ne traverse pas la grande muraille d’acier comme un moulin aussi. Ce avant de reprendre pensif.

« Mais je me suis surtout limité à Orzian, je sais évidemment qu’il y a d’autres continents de par le monde, Akkat et Aros sous domination Akkatonien, Ikhyld sous domination Ikhyldienne et encore beaucoup d’autres terres, mais je n’ai jamais eu spécialement le désir de traverser les océans pour contempler ces terres. Peut-être le ferais-je un autre jour. Et puis, il y a déjà tant à faire en Orzian. » Glissera t-il alors amusé, avant de reprendre.

« Je pourrais sans doute vous parler longuement de mes voyages, si cela vous intéresse, vous me semblez assez curieuse à ce sujet, quant à votre escorte. » Il ausculta l’horizon avant de dire. « C’est à vous de voir, je n’ai rien contre la compagnie. Ainsi vous êtes officière ? Cela être une grande responsabilité à vos yeux. » Il glissera alors avec une certaine satisfaction. « Je suis moi-même protecteur d’une petite communauté parmi tant d’autres, se trouvant dans les terres d’Eïrn. Rien de bien impressionnant, mais j’en tire une certaine fierté. » Avant de glisser amusé. « Avant de faire votre choix sinon concernant vos amis, dîtes moi donc comment il se porte depuis le temps ? Je ne le croise guère souvent depuis qu’il est officier. Après tout, c’est un rôle prenant. » Surtout à Eïlynster, ou être officier passé un certain stade, c’était être administrateur aussi. Une société d’un militarisme assez pur, un peu étrange à sa conception des choses dans les faits, même s’il n’y était pas non plus hostile.

Sleeslith écoute attentivement Slenlodwiin, tout en gardant sa main dégantée posée sur sa patte. Elle ne lève pas la tête pour ne pas se tordre le cou et suit la conversation en regardant les écailles et les plumes sous son nez. Elle opine à sa première question avant qu'il enchaine sur une deuxième à laquelle elle opine aussi. Elle en apprend un peu plus sur le monde et l'existence d'autres continents. Mais elle note aussi qu'aucun d'eux ne possède les vertus militaires d'Eïlynster. Elle trouve ça plutôt regrettable mais n'émet aucun commentaire. Ce n'est pas vraiment sa place de penser à des projets d'expansion. La politique n'est pas son sujet de discussion préféré non plus. Mais il est certain qu'elle aimerait bien passer du temps à l'entendre raconter ses voyages à travers le monde. Puis après une deuxième réflexion, elle se demande si cela ne risque pas de l'inciter à visiter ces autres continents et quelle serait la réaction de ses supérieurs face à tel souhait.

"Il va bien", commence-t-elle par répondre. Et elle en sait quelque chose pour être personnellement responsable de son bien-être. Mais elle doute que Slenlodwiin désire connaître les détails des nuits qu'ils passent ensemble.

"C'est vrai qu'il est très occupé." Sur ce point aussi, elle en est personnellement responsable. Et là aussi, elle doute que Slenlodwiin souhaite en connaître les détails.
"Il a beaucoup de responsabilités. Il bouge assez peu, maintenant, et je l'accompagne souvent dans ses déplacements." Voilà une façon élégante d'introduire le sujet. Puis elle continue.
"Nous avons une relation très intime tous les deux. Je veille à ne pas mêler de ses affaires et il apprécie ça. Il se sent aussi plus en sécurité lorsque je suis avec lui."
Et pour cause, entre sa magie et ses boucles d'oreilles qu'elle a fait enchanter pour surveiller quiconque l'approche, il est quasiment impossible qu'une quelconque menace physique aborde son amant.
"Il aime toujours autant les arts. Parfois il écrit des poèmes lorsqu'il a du temps libre."
Sleeslith esquisse alors un doux sourire au tendre souvenir d'un des poèmes que son amant lui a écrit. Elle pourrait même le réciter si Slenlodwiin lui demande. Elle attendra de voir si ses réponses suffisent au dragon avant de revenir sur la question de le présenter à sa troupe ou pas.

Slenlodwiin fut satisfait d’entendre dire que son ami allait bien, même s’il s’en doutait vu qu’il avait prit la peine de demander à une amie à lui, de venir voir le dragon. Par contre, il espérait que cela durerait sur le long terme, après tout les choses s’agitaient un peu en Orzian, même si évidemment il était probable que son ami arrive à se débrouiller. Eïlynster n’était pas un pays qui nommait quelqu’un général à la légère après tout.

Enfin en vrai, aucun pays du continent ne le faisait, à Teïder ils surveillaient avec paranoïa les élites et avaient beaucoup d’ennemis donc peu de marges pour un état-major minable, dans les Duchés un incompétent ne durait pas ou finissait ruiné. Et en Akkaton, disons que le Grand empire d’Occident était si fier de sa puissance militaire, qu’il avait tendance à avoir de bons officiers. Le dragon se fit alors la réflexion que ça faisait beaucoup de pays aux tendances un peu belliqueuses dans les alentours tout de même…

« Je vois. » Glissera sinon Slenlodwiin au sujet du fait que la lamia suivait souvent le général lors de ses déplacements. Se doutait-il de ce que tout cela signifiait ? Peut-être, peut être pas. Il était probable de toute façon, qu’un dragon comme lui ne soit pas intéressé par les relations intimes des bipèdes, ou serpentins.

« Eh bien, il est bon qu’il ait des proches, même si je n’en doutais pas. Je suppose que si vous êtes aussi proche de lui, c’est que vous avez beaucoup de valeur à votre façon. » Glissera tout de même Slenlodwiin aimablement, avant de glisser avec humour. « Disons qu’il ne pense pas qu’avec son regard, du moins j’imagine. » Avant de finir par reprendre.

« Voulez vous amener vos hommes ici ? Précisez leur que je ne suis pas dangereux, je ne suis pas certain après tout qu’ils soient aussi à l’aise que vous. Surtout que tous les dragons n’estiment pas votre peuple malheureusement. Pour mon cas, je n’ai rien contre lui. » Précisera t-il prudemment, disons que les Eïlynsteriens étaient connus pour voler des œufs de dragons, pour le bien de leur pays. Si beaucoup de dragons n’en avaient pas grand-chose à faire, pour d’autre, il y avait des raisons d’avoir des griefs contre eux… Tandis que certains plus rares s’étaient fait voler leurs œufs justement.

Elle comprend à demi-mot la pointe d'humour de Slenlodwiin et ne la relève pas. Elle considère en avoir assez dit sur sa vie privée pour sa part même si elle restera ouverte aux questions plus personnelles si il souhaite en savoir plus. Beaucoup de personnes sont déjà au courant à Eïlynster. C'est même une affaire reconnue publiquement à sa manière.
Aux derniers mots de Slenlodwiin, son esprit eïlynstérien se met à rêver et à divaguer. Elle perchée sur son fier destrier saurien à plumes et écailles bleues. Sa réputation monterait définitivement en flèche. Cette pensée la fait même sourire malgré elle, avant de se ressaisir pour répondre aux propos du dit dragon.

"Beaucoup de personnes ont peu d'estime pour ma nation. Dragon ou pas d'ailleurs. Mais je suppose qu'on ne peut pas empêcher la jalousie?"
Elle conclut sa remarque avec un sourire fier. Elle aime son pays, ses moeurs, ses terres, ses habitants, son Etat-Major. Elle ne saurait dire si, à cette distance, Slenlodwiin arrive à remarquer son sourire. Elle ne connaît pas la différence du champ de perception d'un dragon. Tout ce qu'elle sait, est qu'elle serait certainement incapable de le remarquer sous cet angle et à cette distance.

"Je leur ferai part de votre proposition ce soir", continue-t-elle.
"Ils attendent mon retour avant la tombée de la nuit pour confirmer que tout va bien. Mais je dois vous prévenir que ce sont avant tout des soldats, des hommes de terrain aux questions directes et parfois indiscrètes. J'espère que cela ne vous dérangera pas?"
Elle ne connaît toujours pas l'âge de Slenlodwiin. Même si elle pense à cette question, elle ne voit ni comment ni pourquoi elle l'introduirait à ce moment dans la discussion. Et puis il y a aussi autre chose. Une vague impression de similarité de comportement qu'elle a déjà rencontré quelque part, chez quelqu'un. Seulement le ton et l'expérience sont différents et pour le moment, elle ne peut en déduire plus. Elle y réfléchit tandis qu'elle se tait pour laisser Slenlodwiin répondre à sa question et que sa main erre avec une curiosité innocente entre les plumes du dragon, à moins que ce soit parce qu'inconsciemment elle continue à s'imaginer en train de chevaucher Slenlodwiin au travers du ciel d'Eïlynster?

« Peut-être, je ne suis pas assez impliqué dans les conflits entre nations et luttes d’intérêts pour vraiment m’y connaître. » Répondra le dragon prudemment à ce sujet, ne désirant pas spécialement approfondir. Disons qu’il doutait que ce soit uniquement de la jalousie, mais d’un autre côté tout cela était complexe en effet. Et surtout, il n’était pas là pour parler des raisons pour lesquelles les habitants des différents pays du continents s’appréciaient ou non. Sinon il y en aurait pour des heures, surtout pour être vraiment honnête sur le sujet.

Quoiqu’il en soit, même s’il n’avait pas perçu son sourire car il aurait sérieusement fallut se pencher pour lui, il se doutait qu’elle était fier de son pays. Guère étonnant et ça pouvait se comprendre. Elle avait probablement vécut là bas toute sa vie et si ce n’était pas le cas… Disons que les Eïlynsteriens qui se rendaient à Eïlynster, pour intégrer les rangs de ces derniers, étaient motivés à cette idée.

« Ce soir ? Il reste encore du temps dans ce cas. » Dira sinon le dragon pensif, avant d’ajouter sinon avec son amabilité coutumière et sereine.

« Cela ne me dérange pas spécialement, j’ai rencontré toutes sortes d’êtres au cours de ma vie vous savez, j’ai donc appris à discuter avec diverses sortes de caractère. » Oui, sans doute même avait-il vu pire d’ailleurs. Il se permit sinon d’ajouter, en se disant que ce serait en tout cas intéressant, après tout ce n’était pas tous les jours qu’il croisait des Eïlynsteriens… Disons qu’ils cachaient souvent leur identité après tout et ce à raison.

« Avez vous déjà voyagée dans le grand désert ? Celui occupée aujourd’hui par la province d’Akkaton en Orzian ? Vous qui avez du sang naga, êtes peut être fascinée par cela ? » Pas forcément par l’empire Akkatonien, mais par le passé naga de la province et le peuple naga qui y vivait majoritairement. Il se permit même de glisser. « Si beaucoup ne représentaient pas un danger, je pense que nombreux seraient aujourd’hui les voyageurs qui apprécieraient contempler les anciennes réalisations de l’empire de bronze, les nagas étaient un peuple de grands bâtisseurs. » Cela et puis il y avait le charme du mystère les concernant.

La conversation continue comme entre deux vieux amis qui se connaissent depuis longtemps. Sleeslith n'en est pas vraiment surprise. Ce n'est pas la première fois que son charme naturel apaise les esprits de ceux qui lui adressent la parole. C'est un de ses dons naturels qui fait la fierté de son père d'avoir une fille aussi magnifique. Même si c'est certainement la première fois qu'elle a cet effet sur un dragon. Elle apprécie aussi le ton érudit et éduqué qui lui rappelle les longues conversations intimes avec son amant. Elle a aussi son lot de questions personnelles qu'elle aimerait poser mais rien ne presse. Au fur et à mesure de la discussion, elle commence à comprendre que cette rencontre ne s'arrêtera pas aujourd'hui. Elle aura donc amplement le temps de lui poser ces questions.

"Non, je ne suis jamais allée à Akkaton. Ma mère m'en a parlé un peu. Elle m'a décrit cette région comme une terre déserte et aride. Je sais qu'elle aimerait y faire un pèlerinage un de ces jours. Mais c'est un long voyage et dangereux. Et nous avons toutes les deux beaucoup de responsabilités."
Elle s'arrête un bref moment, à peine une seconde, pour réfléchir à l'idée de voyager jusqu'à Akkaton. Etant donné sa situation et ses responsabilités, cela risque d'être compliqué. Elle pourrait éventuellement s'y rendre lors d'un de ses temps libres mais il y aura la question de l'escorte à résoudre. Elle ne s'imagine pas voyager seule et aussi loin. Et elle ne peut y amener sa troupe sans avoir un ordre officiel de la part de l'Etat-Major.

"Pouvez-vous m'en dire plus? Qu'avez-vous vu? Est-ce qu'il ne reste que des ruines de la civilisation naga? Comment vivent-ils maintenant?"
Elle pose ces questions au présent car elle n'a aucune idée que Slenlodwiin est millénaire et qu'il a vu bien plus que ça. Mais peut-être que cela lui donnera l'occasion de l'éclairer sur son âge? Elle tente de s'imaginer à quoi représente la vie des nagas là-bas sur la base de ce que lui a raconté sa mère, ce qui n'est pas grand-chose puisqu'elle n'est pas akkatonienne. Elle espère silencieusement que Slenlodwiin pourra lui en dire plus.

Il était difficile de dire si le dragon était paisible parce que la jeune lamia était charmante, sans doute n’était-il pas très sensible aux charmes physiques des non dragonnes, ou s’il l’était au naturel ou parce qu’il l’appréciait bien. Quoiqu’il en soit il appréciait cette conversation, et sans doute comme à son habitude, d’avoir la posture de tuteur ou du sage ancien dans l’échange. Slenlodwiin restait un dragon après tout, une créature qui comme beaucoup des siens avait sa fierté et qui s’attendait sans doute à un certain respect, voir un peu de déférence, même si dans son cas c’était raisonnable.

« Il y a peut-être moyen de s’y rendre par la mer ? Par le Nord ? Les flots bordant Eïrn et les terres sauvages du Nord ne sont certes pas des plus sûrs, mais moins infestés de pirates que ceux des Duchés. Sinon, il vous suffit juste d’aller vers le Sud à partir d’ici. » Eïrn était après tout juste au Nord de la province Akkatonienne. Techniquement il y avait moyen de s’y rendre, il glisserait même. « Une fois sur les terres de l’empire, c’est plus aisé. Il vous faudra certes des autorisations pour entrer, mais les Akkatoniens sont connus pour assez bien tenir leur territoire en main. » Peut-être moins actuellement à cause des morts vivants qui surgissaient des sables, mais disons que la province Akkatonienne était en effet plus sûr en temps normal, que les plaines duchéennes ou Eïrniennes.

Puis, des questions vinrent sur ce qu’il avait vu là-bas et ce qu’il restait de l’ancienne civilisation naga. Il reprit alors avec douceur.

« De ce que je sais, mais je n’ai pas connu cette époque car la chute de l’ancien empire naga remonte à des temps extrêmement anciens. La guerre qui a opposé ce peuple à leurs anciens maîtres n’a laissée que peu de survivants, et des cités et temples en ruines où ils ont pu enfermer leurs anciens oppresseurs et ennemis. Les nagas depuis sont devenus un peuple mi-nomades, mi sédentaires ayant abandonnés ses anciennes cités et s’étant peu à peu reconstitué. Ils vivent depuis ainsi dans le désert, errant parmi les dunes ou prospérant au sein de petits villages, et veillant sur les vestiges de l’ancien temps. Depuis l’arrivée de l’empire Akkatonien il y a deux siècles de cela, ils ont néanmoins commencés à avoir davantage d’ambition à ce niveau, ils ont même construit une petite ville nomme Nepthys, une petite forteresse du désert. » Il sembla réfléchir, puis ajouta.

« L’arrivée des Akkatoniens n’a pas impliquée que ce changement, maintenant ils commercent davantage qu’avant avec les autres peuples, mais ils semblent attachés tout de même pour beaucoup à ce mode de vie mi nomade, mi sédentaire. Ils ont aussi remit au goût du jour récemment, une magie ancienne que leur peuple seul maîtrisait. Ils l’employaient je crois à l’époque de diverses manières, par exemple insuffler les âmes de volontaires dans de puissants golems. Mais je ne connais pas grand-chose au sujet de cette ancienne magie, je l’ai découverte comme beaucoup d’Orzaniens, récemment. » Conclut-il, avant d’attendre d’autres questions éventuelles de la part de la jeune lamia.

Elle l'écoute lui narrer son expérience et sa connaissance d'Akkaton, la tête légèrement baissée et le regard dans le vague comme songeuse au fil de ses mots. Ses doigts continuent de jouer paisiblement entre les plumes du dragon. Si il connaît le langage naga, il peut comprendre par le geste de sa main qu'elle souhaite en savoir plus sur lui. Elle note sa subtile remarque sur son âge sans en dire plus. Pour l'instant cet indice lui suffit. Alors qu'il explique ce que sont devenus les Nagas d'Akkaton, elle ne sait trop quoi penser de leur mode de vie là-bas. Ceux qui vivent en Eïlynster ont des moeurs différentes et certainement moins nomades. Elle se contente de noter la différence, pour le moment, et aussi en quoi l'arrivée des akkatoniens a permis aux Nagas de retrouver un semblant de prospérité. Ce n'est déjà pas si mal, surtout comparé à la situation précédente.

"Le problème n'est pas de s'y rendre", commence-t-elle pour répondre à sa première remarque avec un peu de délai.
"En fait il n'y a pas de problèmes. Nous sommes juste toutes les deux très occupées," réaffirme-t-elle sur un ton rassurant et chaleureux.
Elle se doute de ce dont il parle lorsqu'il évoque la magie ancienne des Nagas même si elle n'était pas vraiment au fait que celle-ci était maintenant accessible à travers tout Orzan. Elle ne considère pas ce fait comme étant particulièrement une bonne nouvelle. Elle aurait préféré que ce savoir reste secret ainsi que le veut la tradition naga mais qu'y peut-elle? Dans tous les cas, elle ne compte pas révéler facilement qu'elle est versée dans cette magie.
"Une magie ancienne?", demande-t-elle pour avoir confirmation de son intuition mais aussi pour préserver le devoir de secret sur les arts nagas.
"Vous êtes vous-même versé dans la magie?"
A vrai dire, elle a du mal à imaginer un dragon n'ayant aucun art magique, en particulier si celui-ci est libre et indépendant. Mais qui sait? Et puis il a mentionné être le protecteur d'une communauté ce qui en dit peu sur la manière dont il veille sur ses âmes. Tout ce qu'elle sait est qu'elle aurait bien du mal à tenir son rôle de Lieutenant sans sa magie.

Il était probable que les nagas vivants à Eïlynster étaient des immigrés venant du désert, à l’origine du moins. Depuis combien de temps l’ancien empire naga était tombé ? Sans doute bien plus de six milles ans, alors qu’Eïlynster existait depuis bien moins de temps. Sans doute que cette jeune nation quand elle s’était formée avait plu au goût de beaucoup de nagas qui s’y étaient donc rendus. Après, les mouvements de population étaient toujours complexes et divers.

Après en effet ils ont des différences de mœurs et culturelles, comme chaque peuple vivant dans un autre pays. Entre un elfe Akkatonien et Ikhyldien il y avait disons de sacrées différences. Cela et puis concernant Eïlynster, il fallait vraiment vouloir pour aller y vivre, même si cela avait ses intérêts, ce n’était ni pour les paresseux, ni pour les profiteurs.

D’ailleurs Slenlodwiin connaissait-il le langage naga ? Difficile à dire, ou bien était-il trop grand pour remarquer les petits détails de langage corporel ? En vérité, même si Seeslith ne pouvait le savoir, il avait disons quelques problèmes de vue… Donc il ne pouvait deviner ce qu’elle signifiait par ses gestes. Mais sans doute penserait-elle devant son manque de réaction, qu’il faudrait formuler la demande oralement.

« Ah ? Bien, vous trouverez le temps à terme, vous avez une longue vie devant vous. Peut-être en des temps plus paisibles, ou à la faveur d’une mission. » Glissa Slenlodwiin vaguement à ce sujet sinon, avant de reprendre amusé.

« Les anciens des nagas ont décidés maintenant que leurs anciens maîtres revenaient, qu’il ne sert plus à grand-chose de garder cette magie secrète de ce que je sais, ils en usent donc à nouveau librement et l’enseignent même à des êtres d’autres races. Par contre, ce n’est pas leurs alliés Akkatoniens qui risquent d’êtres très intéressés, ces derniers ne sont pas très « magie ». Mais des êtres d’autres nations viennent les voir pour cela. » L’empire Akkatonien avait fait le choix depuis longtemps de l’extrême technologiste après tout, même si ça ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas de mage chez eux, disons que ce n’était pas leur empire qui formaient beaucoup d’archimages… En vérité si vous étiez Akkatonien, avec un sacré potentiel magique et que vous vouliez l’exploiter, vous alliez étudier la magie en Ikhyld.

« Je maîtrise en effet la magie de la terre, cela m’est utile de diverses manières, notamment pour faire pousser certaines plantes… Il faut bien se nourrir, surtout que je ne mange pas de viande. » Il semblait amusé de dire cela, en même temps c’était un peu choquant. Disons que les dragons sont par nature carnivores, donc ne pas manger de ça était un changement de régime assez radical.

« Nous nous trouvons d’ailleurs sur une sorte de jardin m'appartenant. Ce n’est pas mon grand jardin, à côté de la communauté que je protège, mais il m’arrive de tester certaines mutations que j’insuffle dans des graines… » Il reprendrait alors amusé. « J’apprécie mes protégés, ce sont des gens assez paisibles et respectueux. Eïrn est assez particulière comme contrée, on la dirait détachée du reste du continent alors que les frontières sont ouvertes… Si depuis peu il y a ces problèmes de mort vivant, la menace continuelle ce sont les bêtes sauvages, il y en a une quantité anormale en ces terres... » Peut-être était-ci si particulier, car aucune armée étrangère n’a été fichue d’y pénétrer bien loin pour l’envahir et que la « capitale » locale, était vraiment peu soucieuse d’administrer le pays. Ce alors que le reste du continent, sauf les terres sauvages du nord étaient dominés par des états ? Ou ce qui y ressemblait, dans le cas des duchés...

Après les clarifications de Slenlodwiin, Sleeslith tourne sa tête pour observer d'un oeil nouveau la plaine qui s'étend devant elle. Mais elle est avant tout surprise par la réponse du dragon sur sa question concernant la magie naga. A ce qu'elle a appris de la magie de l'âme, cet art n'a absolument rien à voir avec la résurrection d'âmes anciennes. Ca, c'est d'avantage du domaine de la nécromancie.  Elle se remémore rapidement les sorts qu'elle a appris et non, rien. Ni directement, ni indirectement cette magie ne donne un moyen de se mesurer contre la réapparition de dieux. Au mieux un mage légendaire de l'âme peut être immunisé aux sorts de cette voie. Elle est donc un peu confuse sur la raison et la motivation des Nagas à enseigner cette magie aux étrangers. Pourquoi briser un secret qui ne fournit aucun moyen de lutter contre le réveil des anciens maitres? Elle a aussi noté qu'il est passé rapidement sur ce sujet et il y a probablement peu de chance qu'il en sache plus. Mais le dragon étant affable et aimable, elle décide quand même de partager ses interrogations avec lui. Elle préfèrera néanmoins faire attention à ne pas révéler sa connaissance de la magie naga autant que possible. Sa main reste gentiment appuyée sur la patte avant du dragon tandis qu'elle revient sur le sujet de la magie naga.

"Les Nagas ont décidé d'enseigner leur magie suite au réveil de leurs anciens maitres. Est-ce à assumer qu'il y a un lien entre les deux? Cet art permet-il de s'opposer à ces entités? Ou bien espèrent-ils quelque chose, quelqu'un peut-être?"
L'autre raison pour laquelle elle pose cette question est qu'en tant qu'hybride naga, elle se demande jusqu'à quel point ce problème menace sa mère ou elle-même ainsi que leur avenir et leur projet de pèlerinage. Quand au quelqu'un, elle y croit peu mais peut-être existe-t-il une prophétie naga à ce sujet dont elle ignore? Pour l'instant elle ne dit rien de plus ni n'aborde les autres sujets. Elle préfèrerait approfondir cette question avant toute autre chose.

« J’ai cru comprendre que c’est leurs anciens maîtres qui ont appris cette magie aux nagas. » Glissera Slenlodwiin pensif au sujet des interrogations de la jeune lamia, semblant réfléchir alors à cela, sans doute car il devait élaborer des théories ou schémas de pensées pour répondre au mieux malgré ses connaissances limitées, il reprit ensuite.

« Peut-être qu’ils craignaient que des êtres mal intentionnés qui auraient connus cette magie. Auraient pu l’employer pour réveiller les anciens dieux et leurs serviteurs ? Ces derniers n’étaient pas morts après tout, juste profondément endormis, un mage de l’âme très puissant aurait sans doute pu les éveiller donc… Maintenant qu’ils s’éveillent, il n’y a donc plus vraiment de raison de garder cela secret, après je ne suis pas dans la tête des anciens nagas. » En somme, ça devait être bien plus complexe que cela, mais ce n’était pas lui qui allait pouvoir beaucoup apprendre à ce sujet à la jeune lamia.

Mais sans doute n’était-ce pas faux, si les nagas avaient notamment gardés cela secret pour éviter que des crétins ambitieux ou trop cupides éveillent leurs anciens maîtres dans un élan de bêtise, eh bien maintenant ils n’avaient plus à craindre cela. Car les anciens maîtres s’éveillaient et que cette fois-ci ce serait un combat à mort… Si les Akkatoniens et les nagas arrivaient à anéantir les anciens dieux, ils ne les endormiraient pas, mais les tueraient pour de bon, la magie de l’âme ne pourrait pas les éveiller, et la nécromancie aurait bien du mal à faire grand-chose. D’ailleurs Slenlodwiin ajouta d'un air rassurant.

« Espérer quelqu'un ? Je ne sais pas, mais je pense que les Akkatoniens gagneront cette guerre contre eux, ne vous en inquiétez pas. Du moins c’est le plus probable, je ne sais pas à quel coût, mais si les nagas ont laissés cet empire venu de par delà les mers s’installer, c’est en partie pour cela je crois. » Disons que si on y réfléchissait bien, même si ça ne devait pas être la seule raison, les anciens des nagas à l’époque avait dû se dire qu’en cas de retour de leur anciens maîtres, le soutien du grand empire technologiste serait utile. Surtout que maintenant que les Akkatoniens y étaient, ils n’allaient sûrement pas renoncer à cette tête de pont sur le continent…

Le temps passe et rester ainsi debout commence à lui peser. Elle exécute une lente pirouette sur elle-même afin d'entortiller sa queue en dessous pour finir par s'asseoir en son sein comme on le ferait un peu sur un coussin mais d'une manière serpentine. Ainsi posée, elle peut continuer la conversation sans risquer de se fatiguer physiquement.

Sleeslith écoute et s'instruit un peu plus sur la culture des Nagas. Mais elle ne comprends pas leur logique. Si ils craignaient que leur magie soit utilisée pour réveiller d'anciennes puissances alors pourquoi multiplier le risque en l'enseignant à d'autres. Elle ne peut s'empêcher de comparer ce choix à tenter d'arrêter une fuite en élargissant le trou. Elle ne voit pas comment cela peut fonctionner. Il lui reste donc l'hypothèse que, derrière cette motivation, les Nagas craignent quelque chose de pire. Mais quoi? Peut-être que Slenlodwiin le sait? Ou bien a-t-il une idée qui pourrait l'aider à comprendre et à mettre du sens dans tout ça?

Elle repose docilement sa joue sur la patte avant du dragon et tourne son regard dans la même direction que celui-ci. Encore une fois s'il comprenait le langage naga, il pourrait en déduire qu'elle lui signifie qu'elle souhaite continuer la conversation sur ce point.

"Je ne comprends pas", annonce-t-elle d'une voix mi-timide mi-enfantine.
"Si cette magie peut être utilisée pour éveiller des âmes anciennes alors pourquoi multiplier le risque en l'étendant d'avantage? C'est une catastrophique décision stratégique. On ne triomphe pas d'un ennemi en lui donnant les moyens de préparer une défense."

Evidemment, en bonne eïlynstérienne qu'elle est, elle a énoncé sa pensée en termes militaires. Elle n'a pas grand chose à commenter sur le choix pacifique d'avoir accueilli l'invasion akkatonienne sans opposition de la part des Nagas. Elle-même, et aussi étonnant que cela puisse paraître, est de nature pacifique et elle préfère éviter de verser du sang si ce n'est pas inévitablement nécessaire. Ce sens de l'économie pacifique est aussi une des qualités qui fait sa réputation en Eilynster en tant que stratège qui sait triompher au moindre coût. Elle aurait même fait le même choix que ses compères de race, à vrai dire. Mais cela n'explique pas ce choix apparemment illogique et anti-constructif d'apprendre la magie de l'Ame aux non-Nagas.

"Craignent-ils quelque chose de pire pour avoir fait ce choix?"
Elle veut vraiment savoir. Même si Slenlodwiin ne connaît pas la réponse, à deux ils auront toujours plus de chance d'y voir clair derrière la motivation des Nagas à faire connaître aux étrangers, une magie qui a les moyens de se retourner contre eux-même.

Slenlodwiin réfléchissait à ce sujet, mais il devait avouer ne pas savoir quoi répondre, à part peut-être faire des hypothèses et théories ? Ce qui ne valait pas grand-chose en soit par rapport à des faits, mais il ne pouvait pas non plus répondre à la jeune lamia qu’il n’en savait rien simplement, il dit donc calmement et avec réflexion.

« Je suppose que c’est avec cette magie qu’ils ont enfermés leurs anciens maîtres et qu’ils peuvent entrer dans les ruines pour tenter des les neutraliser, accompagnés sans doute d’alliés, maintenant que la passivité n’est plus un choix ? Ou bien cette magie est peut-être assez efficace pour frapper des créatures peu sensibles aux assauts physiques comme des golems ? Ou peut-être craignent-ils que ce pan de leur culture disparaisse, si leurs anciens meurent au cours de cette guerre ? Peut-être prévoient-ils d’en user pour refaire des armes ou golems insufflés d’âmes de façon trop visible pour pouvoir le cacher ? Je ne saurais dire. Je doute qu’une seule raison ait suffit à les motiver. » Avant de reprendre.

« Les anciens dieux s’éveillent de toute manière, à cause de Cesario, je suppose que si risque il y a de rendre cela plus rapide, ils sont inférieurs aux intérêts de faire ainsi. Je doute de plus que Cesario soit neutralisé rapidement, personne ne sait où il est et il est réputé pour pouvoir à lui seul triompher d’une petite armée. » Surtout que logiquement, si les anciens dieux nagas et leurs serviteurs maîtrisaient la magie de l’âme, il suffisait que quelques-uns s’éveillent pour ne pas avoir besoin de l’intervention des mortels opportuns, ce qui se faisait déjà tout seul.

« Si je savais s’ils craignaient quelque chose, je vous l’aurais dis. Mais je ne le sais pas, peut-être que cela se serait-il découvert de toute façon ? En fouillant plus en profondeur les anciennes ruines, en affrontant ces anciens dieux et ophidiens ? Peut-être tiennent-ils donc à réguler le savoir enseigné aux autres races en se positionnant comme maîtres dans le domaine ? Choisir à qui ils enseignent notamment. Pour l’après ? » En somme ce n’était que des théories, d’ailleurs il ajouterait.

« Quoiqu'il en soit, je ne saurais dire ce qu'ils ont dans leur tête, j'imagine juste qu'ils ont pesés le pour et le contre. »

Confortablement assise, Sleeslith écoute les différentes théories de Slenlodwiin. Elle apprécie de l'entendre l'éclairer par ses points de vue. Elle sourit même doucement tandis qu'elle enserre sa patte avant comme si c'était une poupée pour petites filles. Certaines de ces théories qu'il émet, l'aident même à mieux comprendre les motivations de ses demi-frères de sang. Evidemment, ni lui ni elle ne sont dans la tête des Nagas qui ont pris cette décision et ne peuvent donc connaître avec certitude absolue leur motivation mais en vérité, ce n'est pas le point de la jeune Lieutenante. Son amant l'a envoyé ici pour rencontrer quelqu'un sans en dire plus ce qui implique que la qualité de cette surprise dépend d'elle maintenant. Alors elle tient à faire de son mieux pour maintenir une conversation de qualité.

Supposer et conjecturer sont souvent les premier pas pour anticiper et comprendre ce qui est inconnu. Et maintenant la situation des Nagas en Akkaton lui est beaucoup moins inconnue. Il faudra néanmoins quelques secondes à Sleeslith pour rassembler toutes ces théories et se forger sa propre opinion avant de répondre.
"Je sais bien que vous n'êtes pas dans leur tête. Mais j'ai loin d'avoir votre expérience aussi. Pour moi, présentée de manière aussi brute, leur décision n'avait aucun sens. Maintenant je peux voir qu'il peut y avoir des raisons plus profondes. C'est déjà ça."
Il n'y a probablement plus grand chose à rajouter sur ce sujet et, de toute façon, elle a déjà d'autres questions en tête.

"Vous ne mangez pas de viande? Jamais? Vous êtes né comme ça?"
Cette nouvelle l'avait grandement rassurée car ceci implique qu'il existe aucun risque qu'elle finisse dans une marmite géante pour dragon affamé. Mais c'est aussi une information pour le moins atypique et inattendue. Elle n'a jamais entendu parler de dragons herbivores. Elle se demande donc naturellement et innocemment si c'est inné ou par choix.

Slenlodwiin ne fut pas surpris du sujet de conversation suivant que décida d’aborder la jeune lamia, même si soyons sincère, c’était beaucoup plus léger que le précédent ! Son régime alimentaire, en soit en tout cas il pourrait en parler longuement, quoique quand il faisait cela il parlait plus du pourquoi il avait fait ce choix, que d’autre chose.

« Je ne suis pas né ainsi, aucun dragon ne naît ainsi, nous sommes des carnivores, mais je le suis devenu par choix. » Par contre il ne savait pas vraiment si un Eïlynsterien serait intéressé par le pourquoi d’un tel choix, mais par politesse il le précisa tout de même un peu, sans non plus développer longuement.

« Un choix philosophique, mais aussi car je dépend ainsi uniquement de la terre et non de la chasse pour me nourrir. J’ai des dons magiques comme je vous l’ai dis, et j’en use ainsi. » En somme, c’est lui qui avait voulu cela, après ça n’était pas le genre de chose qui change le monde. Il était probablement le seul dragon du continent à faire ainsi, quoique peut-être pas et il ne s’amusait sûrement pas à tenter de convaincre ses congénères de faire de même. D’ailleurs il finit par reprendre avec amusement.

« Mais aucun autre dragon à ma connaissance ne fait ainsi, il faut dire, c’est plus radical que quand un bipède par exemple, s’y met. Sauf les nagas, qui eux sont carnivores. » Les nagas purs entendait-il, les hybrides nagas étaient omnivores eux. D’ailleurs il finirait par demander curieux.

« Et vous, quelle magie pratiquez vous ? Celle de la terre peut-être ? De l’Âme ? Qui sait. » Après tout elle avait demandée, lui lui renvoyait donc la question et puis, ça se sentait quand on était un mage aussi puissant que lui, qu’un autre mage puissant rôdait dans les alentours proches, du moins quand on ouvrait ses sens magiques. Bien entendu, il ne soupçonnait pas du tout qu’elle pratiquait la magie de l’âme, le ton avec lequel il disait cela était celui du petit trait d’humour.

« J’ai toujours été amusé par ceux maîtrisant la magie transformiste, même si elle ne m’intéresse pas, ils ont tant d’aisance à passer d’une condition à l’autre... Ils veulent voler ? Ils peuvent, ils veulent nager comme un poisson ? Cela et tant d’autres possibilités. » Glisserait-il sinon pensif.

"J'ai entendu parler un peu de chaque magie. Voler ou nager? Je faisais ça quand j'étais petite avec mes soldats de bois. Je les faisais voler au dessus du champ de bataille. Ils étaient invincibles et triomphaient tout le temps."

La comparaison est à peine pertinente et Sleeslith le sait intuitivement. Mais son point n'est pas tant de mettre en parallèle ses souvenirs de jeux d'enfant avec la magie transformiste que de continuer la conversation sur le même ton de partage d'expérience. Il est peu probable que Slenlodwiin soit intéressé par l'information en soi mais à ce qu'elle peut constater de lui, elle pense qu'il appréciera la convivialité et l'ouverture dont elle fait preuve à ses pieds. Et oui, vu sa taille, elle est nécessairement à ses pieds, plus précisément en train d'enserrer sa patte avant de ses deux bras puisque le dragon n'y a émis aucune objection.

Il lui pose directement une question sur laquelle des magies elle pratique et cela ne la surprend pas. Elle ne porte pas d'armes. Ni épée, ni arc, ni bouclier, ni marteau, ni hache, ni javelot. Rien à part ses griffes mais elle est clairement pas bâtie pour briser la nuque d'un adversaire avec ses mains. L'autre indice est le sceptre qui pend visiblement à sa hanche. Et tout le monde sait que les eïlynstériens sont formés au combat donc si elle ne porte pas d'armes, il reste nécessairement que peu d'options hormis la magie.

"La magie de l'eau surtout. Et peu de lumière."
Pour le moment, elle garde pour elle-même le fait qu'elle pratique aussi la magie de l'âme. Même si elle apprécie cette rencontre, elle considère qu'il est encore trop tôt pour briser les traditions de secret que sa mère lui a enseignées. Au lieu de cela, elle revient sur un des points que Slenlodwiin vient de mentionner et qui l'intrigue.

"Vous avez choisi de manger des cailloux en remplacement à la viande?"
La formulation est gentiment ingénue. Peut-être exagère-t-elle un peu l'allégorie pour décrocher un sourire voire un rire de la part de Slenlodwiin? Comment sourit un dragon? Elle lève la tête pour observer la réaction de celui-ci à sa question.

« Il est vrai que vos enfants ont souvent des jouets. Je jouais pour ma part avec mes frères et sœurs, nous faisions souvent semblant de nous chasser l’un et l’autre ou nous nous bagarrions, beaucoup de dragons sauvages font ainsi. » En vérité, cela ressemblait beaucoup, se dirait un spécialiste des animaux, à ce que faisaient les animaux prédateurs dans la nature quand ils étaient petit. Une façon à la fois de se divertir et d’apprendre. Quoiqu’il en soit, visiblement il n’était pas dérangé par l’idée de partager son expérience.

Quoiqu’il en soit sinon, elle lui confirma rapidement être mage de l’eau, ainsi que de la lumière. Cela, Slenlodwiin y réfléchit calmement, avant de poser une autre question à ce sujet. « Vous êtes aussi guérisseuse ? » Ce n’était en soit pas la seule fonction qu pouvaient pratiquer les mages de lumière et d’eau, du moins en tant que mage. Mais c’était une des possibilités courantes dirons-nous.

Et c’était aussi le cas des mages de la terre, même si Slenlodwiin n’avait pas tendance à passer son temps à soigner les blessés, ce même s’il appréciait évidemment offrir son aide. Quant à la question sur comment il se nourrissait, il y sourit en effet avec amusement. Mais disons que le sourire d’un dragon était assez fin, il ne se signalait que par un pli de la commissure des lèvres. Mais ça se voyait donc.

« Je fais pousser des légumes et fruits d’une taille assez impressionnante ou je me débrouille autrement, mais rien de révolutionnaire. En vérité, au vu du travail et de l’énergie nécessaire pour produire ces fruits et légumes géants, il vaut mieux pour les bipèdes, se contenter de ceux de taille normal, c’est plus efficace. » Il le précisait car évidemment certains avaient pensés des fois qu’il avait optimisé ainsi le rendement agricole, mais non pas du tout. Il avait juste fait pousser des végétaux qu’il pouvait manger. Il ajouterait d’ailleurs amusé.

« C’est presque un hobby on va dire, vous devez en avoir vous aussi je suppose ? » Tout le monde avait besoin de se divertir, après tout, même si les dragons pouvaient des fois avoir un fort penchant pour certains hobby plus que d’autres... Notamment ce qui avait une valeur intellectuelle ou matérielle.

Sleeslith écoute Slenlodwiin lui expliquer plus en détails son régime alimentaire. Elle tente de visualiser le dragon en train de grignoter des carottes géantes, d'éplucher des concombres de la taille d'une maison ou bien de souffler son feu sur des pommes de terre surdimensionnées. Elle n'a jamais pensé à utiliser sa magie de façon culinaire. Elle tente de considérer la chose avec ses propres magies, en commençant par l'eau. Elle ne voit pas bien quel aliment elle pourrait faire avec ça. Des jus de fruits? Du vin? Quoique, elle pourrait faire de l'eau aromatisée pour les enfants et améliorer le goût des boissons alcoolisés pour les adultes. Ca pourrait même être lucratif. Elle n'est pas bien riche mais elle n'a pas à se plaindre financièrement non plus. Lieutenant ne paye pas si mal que ça et pour le reste, elle est entretenue par son amant Général donc elle ne s'est jamais interrogée sur ses dépenses ni ses revenus. Mais a-t-elle besoin d'être si riche? Peut-être que cela pourrait l'aider à fonder une famille car, mine de rien, le temps passe, les années s'accumulent et il faudrait qu'elle veille à ne pas trop trainer à avoir des enfants si elle ne souhaite pas finir vieille fille.

Puis elle réfléchit à la question de Slenlodwiin lui demandant si elle est guérisseuse. Il est vrai qu'il y a des infirmiers et des médecins militaires à Eïlynster, comme sa mère par exemple. Mais elle a opté pour une carrière plus combative. Ca lui est venu assez naturellement, comme un talent inné pour utiliser les sorts en situation d'affrontements belliqueux.

"Non, je ne suis pas guérisseuse attitrée. J'aide ma sergent infirmière lorsque certains de mes hommes sont blessés après un affrontement mais c'est juste de l'assistance. Je n'ai pas de formation dans ce métier."
Elle esquisse un doux sourire entendu avant de répondre à la deuxième question du dragon.
"J'aime raconter des contes. Je suis plutôt douée pour rendre convaincant n'importe quel conte. J'apprécie de voir le regard de mon audience s'illuminer au cours de mon récit. Alex adore quand je lui lis une histoire lorsqu'on est ensemble le soir..."
Ceci explique son sourire entendu tout en indiquant son privilège d'appeler le Général Alexinder par un diminutif familier.
"... ou réciter de la poésie, parfois mais c'est assez rare. C'est surtout Alex qui aime ça.", conclut-elle.

Slenlodwiin devait en tout cas beaucoup manger pour entretenir son corps, donc en effet ça devait être de sacrés fruits en soit, ou de sacrés légumes… Sans doute un peu boostés à l’énergie magique au passage, car s’il n’avait pas été mage, peut-être qu’il n’aurait même pas pu s’essayer à cela. Un dragon de son âge représentant disons une telle masse d’écailles et de chair qu’en vérité seule la chasse aux grosses créatures, aux troupeaux ou la pêche pouvait encore être une façon vraiment rentable de se nourrir pour lui. Magie mise à part évidemment, après en effet les dragons étaient en général carnivore. Donc sans doute avait-il dû prévoir le coup pour que son organisme supporte le nouveau régime alimentaire.

« Je vois, ma foi la magie permet tant de choses. Je suppose que votre pays sait utiliser vos dons au mieux. » Les Eïlynsteriens étaient connus pour être assez utilitaristes après tout, tout le monde devait si possible avoir une utilité, du moins c’était compréhensible étant donné que leur pays n’était pas si peuple que cela. Leur mode de vie exigeant, conjugué avec les dangers de celui-ci et le fait que pas tant d’immigrés que cela venait vivre chez eux n’y aidait pas. Mais d’un autre côté s’ils ne faisaient pas ainsi, sans doute que leur pays serait tombé depuis longtemps face aux volontés hégémoniques Teïderiennes. Peut-être…

« Des contes et des poèmes ? C’est un savoir appréciable, quel genre de contes connaissez vous ? » Sans doute beaucoup d’histoires Eïlynsteriennes notamment, ou ayant attraits au passé ou quelques peuplades précises. Des fois il était dur après de déduire l’origine véritable de certains contes. Quoiqu’il en soit Slenlodwiin qui était curieux en disant cela, finit par demander avec amusement.

« Mais je ne vous demanderai pas de me raconter un conte, non j’aurais une autre demande. Déclamez moi un poème, sur ce que vous voulez. » Elle venait après tout de dire qu’elle faisait moins souvent cela, donc peut-être trouverait-elle l’exercice stimulant. « Sauf si vous avez besoin d’un instrument pour cela ? » Fit-il alors la réflexion en se rendant compte que sa demande était peut-être hâtive. Après tout beaucoup de poètes aimaient faire cela sur fond musical...

Sleeslith ne s'attendait vraiment pas à cette demande de la part de Slenlodwiin. Ce n'est pas tant pour la question de l'accompagnement musical, puisqu'elle n'en a pas besoin, mais d'avantage parce que, comme elle l'a signalé, ce sont des poèmes qu'elle déclame à Alexinder et ceci implique certaines choses. Ce ne sont pas exactement des poèmes à réciter dans toutes les oreilles. Même si le dragon semble suffisamment âgé pour avoir vu et entendu de tout, souhaite-t-il vraiment entendre des poèmes érotiques? Elle en doute quand même. Elle est pour le moins surprise par l'intérêt du dragon sur sa connaissance poétique. Il y a donc une longue seconde de flottement avant qu'elle ne réponde.

"Non, je n'ai pas besoin d'un instrument pour réciter un poème. Il faut juste que je me souvienne d'un qui conviendrait à l'ambiance."
Il y a un autre moment de pause tandis que Sleeslith se remémore les poèmes qu'elle connaît à la recherche d'un qu'elle pourrait réciter au dragon. Elle passe mentalement en revue différents versets. Elle ignore quelle est l'attitude de Slenlodwiin pendant ce silence. Elle aimerait voir son regard mais sa tête est beaucoup trop haut dans le ciel pour elle. Mais ceci lui rappelle quelque chose, un détail qu'elle n'a pas encore mentionné.

"Est-ce que vous pourriez vous baisser, par contre? J'ai l'habitude de chuchoter mes poèmes, cela leur donne une vibration plus intimiste et plus profonde."
Si Slenlodwiin tient tant que ça à entendre un de ses poèmes, il devra donc baisser sa tête ou peut-être même la poser sur le sol. Cela lui donnera aussi l'occasion de voir ses yeux. De quelle couleur sont-ils? Elle en esquisse même un sourire d'anticipation à ce sujet. En supposant qu'il acquiesce de bon coeur à sa demande, elle opinera pour le remercier avant de déclamer son poème.

Elle baisse alors sa voix pour parler sur un ton de chuchotement et introduit le poème.
"C'est l'un des poèmes préférés d'Alexinder. Vu que j'ai la peau blanche, vous comprendrez très vite pourquoi."
Puis elle ferme les yeux et prend une longue inspiration avant de se mettre à réciter le poème. Sa voix susurre tel un murmure antique provenant d'un temps ancien et mystique, d'un autre monde plus inspiré et plus beau.

"Elle prouve que la blancheur
N'ôte à la femme
Aucune ivresse, aucun bonheur,
Aucune flamme;
Qu'en avril les cœurs sont enclins
Aux tendres choses,
Et que les bois profonds sont pleins
D'apothéoses;
Qu'une belle fait en tout lieu
Son doux manège
Et que l'on peut être de feu,
Étant de neige."