Slenlodwiin ne s’imaginait absolument pas qu’elle racontait surtout des poèmes érotiques, sans doute aurait-il pu le deviner, mais ce ne fut pas le cas. Peut-être car il avait peu la connaissance de ce genre de pratiques ci. Ou peut-être s’imaginait-il que comme elle avait dit que c’était rare même si surtout avec Alex, il n'imaginait pas forcément que c'était cette tendance ci. D'ailleurs, en avait-il déjà entendu, des poèmes érotiques ? Mystère.

Quoiqu’il en soit, il semblait curieux à son regard et son attitude, mais il est vrai qu’il était dur de le voir. Mais il ne semblait pas gêner sinon à l’idée de baisser sa tête. Ainsi à la demande de la jeune lamia, le dragon se mouva, en demandant si nécessaire au passage à la lamia de s’écarter un peu, au cas où, pour s’allonger en quelque sorte et poser ensuite son imposante tête au sol… Dans le sens que la tête à elle seule devait être capable d’aisément engloutir un imposant lion, au minimum. Ainsi, elle pourrait réciter sans mal ses poèmes.

Et contempler ses yeux, reptiliens et d’un bleu saphir. Visiblement, ce dragon avait été dédié à la couleur bleutée la plus pure dès sa naissance, un bleu profond et probablement assez apaisant à observer. Quoiqu’il en soit, il émit un léger sifflement approbateur avant qu’elle ne récite le poème, ce pour signifier qu’il écoutait, ce sans casser le rythme du poème.

Poème qu’il écouta jusqu’au bout, son regard sembla alors légèrement s’illuminer ? Enfin, au sens métaphorique, quand il comprit partiellement la nature dudit poème. Sans doute s'était-il donc en effet imaginé qu'elle aurait fait un poème orienté sur la nature environnante ou autre chose. D’ailleurs, lorsque la lamia aurait terminé celui-ci, le dragon glisserait avec une pointe d’amusement.

« Cela me change des poètes qui en improvisent un sur moi dès que je leur demande d’esquisser quelques vers. » Sans doute qu’en effet certains s’amusaient à un tel exercice. Peut-être appréciait-il cela, mais disons que ce genre de flatterie à la première rencontre, c’était assez audacieux ? Puis, il reprit plus sérieusement, son regard se faisait alors plus doux. Si elle désirait s'approcher d'ailleurs, il la laisserait faire sans problème.

« J’ai apprécié quoiqu’il en soit. Aimeriez vous entendre une de mes aventures en échange mon enfant ? De quel genre ? » Après tout, elle voulait peut-être l’entendre parler d’une de ses aventures ? Peut-être juste une ? D'ailleurs, il glisserait avec un peu d'amusement complice.

« Je suppose que notre ami commun vous évoque des fois les siennes ? Celles de l'époque où il était encore un jeune homme brave avec la tête pleine d'audace, mais moins pourvue en expérience. »

Sleeslith commence par sourire aimablement jusqu'à ce que Slenlodwiin l'appelle 'mon enfant'. Elle hausse légèrement un sourcil de surprise et puis ça lui vient. Elle voit maintenant pourquoi l'attitude du dragon lui rappelle quelque chose. Elle a déjà connu ça. Son père mais aussi le Général et sa façon de la protéger. Alors elle y réfléchit. Est-ce qu'elle a besoin d'un dragon protecteur? Est-ce la raison pour laquelle Alexinder lui a conseillé de le rencontrer? Elle considère aussi la réputation que cela pourrait lui apporter. Même si Slenlodwiin n'est pas connu du tout à Eïlynster, il reste un dragon et ça reste quelque chose de fameux. A vrai dire, elle s'inquiète d'avantage des possibles effets négatifs si elle venait à s'opposer à cette forme de relation. En tant que stratège reconnue, elle a pris l'habitude d'estimer et d'anticiper toutes les options autant que possible et, dans ce cas, cela implique aussi de considérer les mauvaises conséquences. Elle pense à tout ça tandis qu'elle lui parle et puis un détail lui revient avec plus de clarté. Slenlodwiin a mentionné être le protecteur d'une communauté. Il a donc déjà une bonne expérience en la matière. Maintenant la situation et l'intention de son amant lui apparaissent plus clairs. Et puis elle aime bien être entretenue, à vrai dire.

"Oui, évidemment", commence-t-elle à répondre à Slenlodwin.
"Il me parle de ses exploits et il m'a parlé de sa jeunesse. A vrai dire, maintenant que j'y pense", continue-t-elle en prenant un air pensif, un doigt sur la bouche.
"Il a mentionné votre rencontre mais il y a tellement longtemps", c'est vrai que cela fait quand même trente ans que leur relation extra-conjugale dure, "je n'y avais pas prêté plus attention que ça à ce moment et je l'ai oublié."
Elle se demande si le tempérament paternaliste de son amant ne vient pas de l'influence de cette rencontre draconique. Ceci expliquerait certaines choses. Elle termine sa phrase par un sourire innocent avant de continuer.

"Au risque de sonner prévisible mais je choisirais d'écouter une de vos aventures avec mes demi-frères nagas, si possible?"
Elle n'entend pas demi-frère en tant qu'hybride mais en tant que lien puisque les nagas et elle-même ne sont qu'à moitié liés par leur sang. Elle flashe un autre sourire tendre et innocent, confirmant aussi l'impression que Slenlodwiin a d'elle comme une enfant mais maintenant elle sait un peu plus pourquoi et aussi que cela peut déboucher sur quelque chose de plus intéressant. Du moins pour elle. Elle aurait bien du mal à s'imaginer quel intérêt Slenlodwiin pourrait en tirer.

Slenlodwiin devait sans doute se comporter de façon paternelle, envers toute créature consciente plus petite ou jeune que lui qui surtout, se montrait réceptive à sa bienveillance ou de bonne volonté. Il était donc assez libéral quand il s’agissait de dire « mon enfant », par contre qu’est-ce que cela signifiait quant à son désir de rendre service aux autres ? Difficile à dire, mais ce devait sans doute être naturel pour beaucoup de dragons de se considérer métaphoriquement comme, en hauteur, par rapport aux autres créatures. Même si cela devait dépendre du dragon, dans le cas de celui-ci c’était une attitude assez paternaliste et bienveillante, pour d’autres… C’était à voir. Après, comme pour chaque race, ça devait aussi dépendre de l’éducation, si le dragon n’était pas un spécimen sauvage surtout.

« Il aime bien parler du passé, il faut croire que c’est un trait commun à toutes les créatures pensantes, une fois un certain âge atteint. » Glissera sinon Slenlodwiin avec amusement au sujet de son ami général, ce avant de glisser avec réflexion. « Je suppose en tout cas qu’il doit faire la fierté de ses concitoyens. J’espère du moins, même si mes conseils ne l’ont sans doute pas aidé à ce niveau. » Sans doute suggérait-il que ce n’était pas lui qu’il fallait voir pour apprendre à se battre ou la stratégie militaire, le dragon semblait plutôt pacifiste. Quant à l’histoire que voulait entendre la jeune lamia.

« Soit, je vais donc vous raconter la fois où j’ai découvert tout un pan de la culture naga, assez inconnu à ceux ne vivant pas dans le désert. » Après tout comme chaque peuple, les nagas avaient des variations culturelles selon les pays, territoires et sensibilités. Il était donc normal que cette culture ne soit pas uniforme.

« J’errais il y a bien plus d’un millénaire de cela au dessus du grand désert, avant que l’empire Akkatonien n’y établisse son emprise, lorsqu’il n’était peuplé que de tribus nomades ou sédentaires et de bêtes sauvages. Ainsi que, des vestiges du passé. Lorsque mes ailes me menèrent jusqu’à un village naga doté d’un structure imposante en son centre. Un temple, dont le toit était ouvert comme pour laisser passer la lumière du soleil. » Son regard se détourna alors pour contempler un instant le ciel, avant de revenir sur la jeune lamia dont il appréciait la curiosité.

« Ils avaient même un prêtre, une fois la surprise passée, ce dernier m’expliqua volontiers et avec le flegme fréquent des nagas, que ce temple était dédié au soleil. Un véritable culte solaire. Moi qui croyait à l’époque que les nagas du désert étaient en majorités désintéressés ou méfiants de la chose religieuse, il semblerait que ce culte ci ait quand même de l’importance dans le désert, même si relative... » Visiblement il parlait plus des nagas que de lui-même, sans doute aimait-il plus parler de ce qu’il avait apprit que de ses exploits guerriers…

« Il m’expliqua que les siens se méfiaient en grande partie de toute religion aux dieux précis ou stricte, mais que l’idée d’un culte envers cet astre bienveillant et porteur de vie leur semblait plus sain et confortable et que certaines tribus vénéraient donc le soleil. Contrairement à leurs anciens dieux, le soleil ne les as pas esclavagisés, il éclaire leurs jours, porte la vie et réchauffe leur sang froid. Omniprésent le jour, il illumine ainsi le monde de son éclat bienveillant. Une divinité parfaite pour ceux du désert désireux d’êtres spirituels, mais gardant le rejet de leurs anciens maîtres. » Vu ainsi, c’était en effet un culte confortable… Il glissa même avec amusement.

« Ils font des sculptures en pierre du désert ou de bronze à sa gloire. Il y a aussi des talismans le représentant et certains se peignent les écailles en son honneur. Après, ça ne concerne que certaines tribus, d’autres sont aussi peu intéressées par le spirituel, que beaucoup Akkatoniens d’autres races. D’autres vénèrent vaguement leurs ancêtres comme les nains, ou les éléments tel le vent. » En somme, une belle variété.

Sleeslith n'a pas vraiment bougé et elle est toujours confortable assise en tailleur version naga, à savoir sa queue est enroulée et elle est posé au sein. Elle pose sa joue sur la patte avant du dragon et l'écoute lui narrer son aventure chez les nagas. Elle tente aussi de visualiser ce qu'il lui rapporte. Des sculptures solaires en pierre. Elle se les imagine suffisamment hautes pour tourner le regard de l'adorateur vers l'astre solaire. Probablement dans les quatre mètres de haut. Et puis elle ne peut s'empêcher de se demander si il peut y avoir une utilité militaire à tout ça mais elle chasse au plus vite cette pensée pour se concentrer sur le récit de Slenlodwiin.

Elle note que ce culte solaire est un phénomène local et apparemment minoritaire mais c'est néanmoins intéressant. Elle aimerait quand même en savoir plus car Slenlodwiin survole un peu trop vite l'histoire et en dit trop peu sur les détails qui font la profondeur et la richesse d'une aventure. A moins que cette rencontre fut aussi peu enrichissante pour le dragon?

A la fin du récit, elle relève sa tête et décolle sa joue de la patte avant de Slenlodwiin puis elle lui pose quelques questions complémentaires.
"J'aimerais en savoir plus. Est-ce que vous avez pu assisté à un de ces cultes? Comment cela se passe-t-il? Est-ce une communauté recluse ou bien ouverte vers les autres? Quelles seraient mes chances de les rencontrer? Savez-vous ce qu'il en est maintenant? Est-ce que culte existe toujours mille ans plus tard?"

Elle poserait bien d'autres questions mais pour le moment, elle se retient. Elle souhaite quand même laisser le temps à Slenlodwiin d'en dire plus avant d'enchainer sur autre chose. Puis elle repose sa joue sur la patte avant du dragon, d'un air serein et délicat, tandis qu'elle attend d'entendre ses réponses sur ces différents points qui l'intriguent.

Slenlodwiin fut satisfait de voir que le sujet intéressait la jeune lamia, il pourrait ainsi davantage développer. Disons qu’il avait tendance aussi à jauger un peu si un sujet intéressait ou non son auditoire, et si tel était le cas, il se permettait d’approfondir. Quant aux questions qu’elle posa, elles méritaient certaines réponses, qu’il offrit donc calmement.

« Il y a des cérémonies oui, et des rituels, mais cela dépend vraiment de chaque tribu. L’un des plus courants auquel j’ai pu assister néanmoins, se déroule lors du solstice d’été. Les disciples du culte se réunissent alors en début de journée et fêtent le solstice jusqu’à sa fin, pour honorer le soleil qui trône alors le plus longuement dans le ciel. Ce, à la façon naga. Une fête sans doute moins effrénée que certaines des autres races, mais fort agréable et riche en signification. Il y a quelques danses rituelles, un grand festin en milieu de journée, de l’alcool à consommer et souvent un spectacle magique se basant sur le feu. Des fois aussi, quelques sacrifices de proies capturées dans le désert. » Disons que les nagas purs par leur caractère un peu contenu, avaient tendance à moins s’emporter que les membres d’autres races, mais ce n’est pas pour autant que pour eux ce n’était pas un jour festif. Il ajouterait sinon avec réflexion.

« Le culte solaire existe toujours oui. Et rencontrer ses fidèles ? Ce n’est pas bien dur, ils doivent représenter un cinquième au moins des nagas du désert, peut-être plus, moins ? Disons que c’est un culte mineur, mais le plus important des cultes pratiqués par les nagas du grand désert. Et disons qu’il est ancien de ce que j’ai compris, il existait déjà à l’époque où les nagas étaient esclaves de leurs anciens dieux… il faut dire, le soleil est fort visible lors des journées dans le désert. »  Acheva t-il avec une pointe d’humour, comme pour signifier que c’était dur de ne pas se dire que ce dernier pouvait être l’objet d’un culte pour un peuple à sang froid baignant dans ses rayons. Puis il ajoutera.

« Cette communauté était assez ouverte, selon la façon naga d’être ouverte. Les étrangers sont accueillis poliment, peuvent rester s’ils se montrent utiles et sont traités avec prudence, mais respect. Après, ils ont tendance à déprécier les vampires et autres créatures liées au ténèbres, mais rien de critique en général. Je pense qu’ils n’auront rien contre de vous accueillir si vous êtes respectueuse. » Le dragon sembla y réfléchir, puis ajouta pensif.

« Il y a même un grand édifice que les nagas ont bâtit après qu’ils se soient libérés de leur anciens maîtres, à la gloire du soleil. L’un des rares grands monuments qu’ils ont bâtit depuis. Un imposant temple encore debout et fonctionnel de nos jours. Il est assez intéressant à visiter, je vous le conseille. Dit-on que certains non nagas ont été séduits par le culte solaire après s’y êtres rendus. » Ceci dit, le dragon glisserait alors avec curiosité.

« Et vous mon enfant, pratiquez vous une quelconque forme de spiritualité, ou aucune ? » Cela de façon neutre, il donnait disons l’impression que les deux réponses seraient aussi respectables à ses yeux.

Sleeslith esquisse un tendre sourire de satisfaction, même si il est fort probable que Slenlodwiin ne le voit pas, tandis qu'il développe son histoire. Elle l'écoute lui décrire d'avantage son aventure et elle tente de se représenter la scène, les lieux ainsi que les habitants locaux. Son imagination se laisse porter au fil du récit. Un grand bâtiment fait de pierres, peut-être avec des anciennes runes nagas, et une ouverture au centre du toit afin de laisser passer la lumière du soleil. Un festin communautaire ponctué de danses sacrées. Son sourire s'élargit à cette douce pensée semi-onirique.

Elle est soulagée d'entendre que ce culte et les fidèles existent toujours. Elle apprécierait de les rencontrer et d'en découvrir plus sur ses demi-frères, une moitié importante et trop peu connue de ses propres origines. Surtout ceux-ci et leur religion différente du culte des ancêtres. Peut-être une suggestion à rajouter pour ce voyage avec sa mère? Elle pourrait même aider Sleeslith à se sentir plus à l'aise. Sa mère serait sûrement curieuse de les rencontrer aussi.

Elle opine doucement, comme pour confirmer, lorsque le dragon mentionne que ces nagas ont une appréhension contre les vampires. Cela semble très logique. La lumière et les ténèbres sont opposés. A vrai dire, elle est un peu surprise que cette opposition ne soit pas plus marquée dans ce culte solaire. Alors qu'elle se laisse bercer par le récit de Slenlodwiin, le dragon enchaine naturellement en lui posant une question sur sa propre foi.

"Oui, évidemment", introduit-elle. Sleeslith a du mal à imaginer de ne pas croire en un culte lorsque la présence des dieux est aussi tangible.
"Je crois au culte des ancêtres", continue-t-elle avant de développer, "ceux qui se sont battus si vaillamment pour nous assurer un avenir meilleur. Même si ils ne sont pas si nombreux, ils sont comme des étoiles qui brillent dans les ténèbres, des sources d'inspiration et des modèles de courage. Ils sont nos racines à partir desquelles nous nous étendons vers l'avenir. Mais toutes leurs histoires ne finissent pas bien. Certaines sont même très dramatiques mais ça aussi, c'est important. Se souvenir des erreurs passées pour apprendre et se perfectionner."

Slenlodwiin écouta calmement et avec curiosité, la lamia parler du culte qu’elle pratiquait. Le culte des ancêtres Eïlynsteriens ? Le dragon comprenait parfaitement comment une telle pratique religieuse pouvait se développer, il se demandait d’ailleurs comment s’était apparut au sein du royaume de l’est. Mais bon, il n’était pas assez grand historien concernant Eïlynster, pour pouvoir le dire malheureusement. Quant à lui d’ailleurs, pratiquait-il une quelconque forme de spiritualité ? Si jamais la question venait à l’esprit de la lamia, au moins elle aurait une réponse sans attendre. Formulée avec réflexion.

« Je suis spirituel aussi à ma façon, même si je n’adhère à aucun culte bien définit. Disons que je considère sacré l’univers, le monde qui nous entoure et la vie elle-même. » En somme, rien de bien complexe et transcendant. Après, s’il était Eïrnien, ce n’était pas forcément une philosophie religieuse incohérente pour un dragon. Un dragon qui finit par dire quoiqu’il en soit.

« Avez vous d’autres questions mon enfant ? Concernant le culte solaire ? Ou désirez vous amener ici vos compatriotes ? » Une question somme toute calmement posée, se centrant sur la proposition qu’elle avait put faire à ce sujet auparavant. D’ailleurs, le dragon se permettrait de glisser avec bonne humeur.

« Je me demande d’ailleurs comment vous trouvez la terre d’Eïrn ? Beaucoup des votre viennent s’y entraîner, ou y pratiquer le rite de passage à l’âge adulte je crois. Il faut croire qu’au moins vous lui trouvez une certaine utilité. » Pour l’entraînement après, les duchés aussi pouvaient convenir supposa t-il, mais disons que c’était une autre façon de s’entraîner en soit…

« Peut-être pourriez vous me rendre service ? En échange d’une contrepartie évidemment. Après tout, je pense que nous serons amenés à nous revoir. » Conclurait-il quoiqu’il en soit en faisant un peu de mystère, à sa façon.

Confortablement assise contre la patte avant de Slenlodwiin, Sleeslith l'écoute enchainer soudainement de multiples questions différentes. Elle ne s'y attendait pas et se demande si c'est bon signe. Elle suppose que oui. Elle le lit comme un signe que le dragon commence à s'ouvrir un peu à elle. Elle n'a pas perdu de vue son rêve d'arriver en Eïlynster en chevauchant un dragon.

"Je ne peux pas partir d'Eïrn si tôt", commence-t-elle par répondre au dragon.
"Je suis venue ici aussi pour surveiller le déroulement du rite de passage d'un de nos jeunes et ça prend généralement un mois donc il n'y aucune raison d'accélérer quoique ce soit."
Puis elle esquisse un sourire taquin avant d'enchainer.
"Je vais vous coller pendant encore plusieurs semaines."
Elle joint le geste à la parole en enserrant la patte avant de Slenlodwiin avec ses bras.
"J'ai bien sûr d'autres questions mais sur votre spiritualité. Est-ce que tous les dragons croient en la même chose? Ou bien est-ce quelque chose de particulier à vous seul?"
Puis elle conclut en répondant plus directement aux derniers propos de Slenlodwiin.
"Si nous pouvons nous rendre service l'un l'autre, j'en serais ravie."

Tandis qu'elle écoute les réponses que Slenlodwiin donnera sur ses questions, elle observe autour d'elle. Cette haute plaine plate au flanc de la montagne dont elle connaît mieux les secrets maintenant. Elle lève un peu sa tête en direction du soleil qui, lui aussi, prend un nouveau sens. D'ailleurs, l'après-midi commence à s'assombrir pour laisser place au soir. En tenant compte du temps pour redescendre au campement, il lui faudra bientôt penser à mettre cette conversation en pause jusqu'à demain du moins.

« Vous restez dans les environs pendant son rite ? Je suppose que vous n’avez aucune mission urgente à accomplir en parallèle. » Supposa t-il un peu surpris pour le coup, après tout un mois c’était long, Eïlynster se délestait-elle d’une escouade complète pendant un mois pendant la cérémonie de chaque futur adulte ? Sans doute pas, après supposa t-il, sans doute avaient-ils quelques missions à accomplir dans les environs, même si évidemment, il n’en saurait rien.

Avant de glisser de l’air du dragon faussement fier du fait qu’il était vieux, quoique il l’était… En disant avec amusement.

« Quelques semaines ? Ce n’est qu’un temps bien court pour moi. Ma foi, je pourrais vous faire découvrir à vous et les votre la communauté que je protège. Sauf si vous tenez à dormir à la belle étoile ? » Dira t-il donc sympathique, après tout certaines communautés logeaient volontiers les voyageurs en Eïrn…

« Est-ce que tout les humains, nagas, elfes et nains croient en la même chose ? » Répondra t-il sinon un peu taquin à la question de la lamia sur les croyances religieuses des dragons, ce avant de glisser. « Non, ne croyons absolument pas tous à la même chose, certains pratiquent une religion organisée, d’autres une spirituelle vague, d’autres sont de profonds athées. Cela dépend beaucoup du pays où ils vivent aussi… » Avant de rajouter amusé. « Les dragons des duchés sont par exemple bien plus intéressés par leur petite personne, que par toute spiritualité quelconque. Ceux d’Akkaton, peuvent êtres à la fois des athées et de farouches nationalistes croyant dans la destin futur d’Akkaton de dominer ce monde. » En somme, il y avait de tout, surtout selon les terres où un dragon avait put grandir et s’il était intégré ou non à une des grandes civilisations dominant ce monde. Cela restait après tout un monde où les plus puissants mages, dragons ou êtres de magie devaient se prosterner devant un empereur, à quelques exceptions près et encore. Donc fatalement, même les dragons pouvaient êtres des « citoyens » au sein de certaines nations, même s’ils étaient des créatures bien particulières.

« Bien, nous parlerons donc de ce service que vous pourrez me rendre un peu plus tard, je crois qu’il se fait tard, n’est ce pas ? » Finirait-il sinon par mentionner patient, après tout ils n’étaient ni vampires, ni esprits, donc dormir était un besoin vital pour eux...

Peut-être qu'en temps normal une simple escouade aurait suffi mais avec le réveil des mort-vivants, ce n'était plus possible. L'objectif d'un rite de passage reste de tester le jeune et de le certifier comme adulte... non de ramener un cadavre dépecé par des non-morts. La sécurité pour les rites de passage a donc été logiquement augmentée. Ce n'est vraiment pas le bon moment de se permettre de perdre de futurs combattants.

Sleeslith lève son doux regard safran vers le ciel. Elle en profite pour contempler les nuages qui vagabondent et laisser son esprit errer avec eux un moment tandis qu'elle écoute Slenlodwiin. Puis elle répond au dragon aux écailles et plumes bleues. Sa voix mélodieuse a un léger accent sifflant sur certaines consonnes qu'elle prononce.
"Ca ne me dérangerait pas tant que ça de dormir à la belle étoile mais ma troupe s'inquiétera de ne pas me voir revenir. Ils risqueraient même de s'imaginer des choses en vous voyant aussi proche de moi." répond-elle en pointant en direction de la vallée aux pieds de la montagne.
"De plus nous sommes tenus de rester dans la zone. A vrai dire, nous devons même patrouiller tous les matins et vérifier qu'il n'y a pas d'intrusions de mort-vivants sur le lieu. Je ne pourrais vous rejoindre que demain après-midi... à moins que vous souhaitez patrouiller avec nous, demain matin?"

Mais il y a aussi une autre chose qui dérange Sleeslith dans l'idée de dormir là-haut et c'est l'habitude alimentaire de Slenlodwiin. Elle se voit mal éplucher une patate géante et encore moins la manger. Elle tourne son attention vers la patte avant du dragon tandis qu'elle lui propose cette option. Vu sous cet angle, leur conversation a quelque chose de bizarre. En effet, elle donne l'impression de parler littéralement à une patte.

En effet une situation exceptionnelle comme celle-ci pouvait justifier quelques personnes surveillant de loin le déroulement le preuve, même si évidemment... Si l'escouade ainsi mobilisée devait aider le jeune aspirant pour autre chose, que pour empêcher les morts vivants de nuire au bon déroulement de celle-ci, l'épreuve serait un échec. Après, un échec qui permettait de retenter sa chance plus tard. Après tout cela testerait si le soldat serait prêt ensuite pour la vie de guerrier.

« Non, je ne préfère pas patrouiller, je vous retrouverai donc demain après midi, ou soir, ici ? » Disons que l’idée ne tentait guère le dragon pour diverses raisons, notamment car il n’était pas un être de labeur. Du moins, pas de ce genre de labeur là. Cela et il pourrait en profiter pour faire deux trois autres choses avant de revenir les voir.

Par exemple, en profiter rentrer à Assana et voir comment la petite ville se portait actuellement. Après tout il était leur protecteur, activité nécessitant quand même de rentrer de temps en temps. Puis, aussi vérifier quelques autres choses. Après tout le dragon avait à faire à Eïrn, même s’il n’avait pas non plus un agenda de ministre. Que ce soit parce qu’il n’avait pas envie de passer ses journées à voler d’un endroit à l’autre, pour faire tout ce qu’il avait à faire, que parce qu’il restait un peu paresseux, même si volontaire et serviable.

Le dragon ayant posé sa tête au sol sinon, Seeslith pouvait le regarder dans les yeux donc, même si sa tête restait très grosse et celle d’un être prédateur, il fallait le dire. Même si aux airs assez rassurants. Quoiqu’il en soit, au moins ne verrait-elle pas en effet le dragon se nourrir, même si elle avait cette chance, elle verrait sans doute plus celui-ci gober le légume ou le fruit, que s’embêter à l’éplucher… Après ce ne serait pas une vision très gracieuse, mais bon un dragon qui mange une carcasse crue ou à peine grillée, n’était pas très ragoûtant à voir non plus.

« Auriez-vous envi de visiter demain la bourgade sous ma protection ? Ils ne sont pas fermés aux étrangers, disons qu’à force d’avoir surtout des bêtes sauvages comme problèmes à gérer, ils n’ont pas vraiment pour habitude de grandement se méfier des voyageurs de passage. » C’était souvent ça ironiquement dans les territoires où les monstres étaient le problème principal à gérer et pas les gens. Contrairement aux duchés, même si les duchéens étaient ouverts aussi...

Sleeslith opine doucement lorsque Slenlodwiin décline son offre de se joindre à elle et sa troupe pour la patrouille matinale. Elle s'y attendait un peu mais par courtoisie et respect, elle l'a quand même lancé l'invitation.

"Oui volontiers", commence-t-elle à répondre à l'offre de Slenlodwiin sur un ton ravi, "mais à condition que ce village soit dans les parages. Je ne peux pas trop m'éloigner pour les semaines à venir."

C'est vrai qu'elle est curieuse de rencontrer une communauté sous la protection d'un dragon. Comment vivent-ils? A quel point est-ce différent d'une communauté sans dragon? Mais elle doit aussi rester dans la zone du rite de passage. Tel est son ordre et Sleeslith a une bonne réputation à laquelle elle aimerait s'y tenir autant que possible, bien qu'elle doute que Slenlodwiin ai une malveillante intention derrière son offre. Elle suppose qu'il peut surtout s'agir d'une différence de perception de l'espace. Plusieurs kilomètres ne représentent certainement pas la même distance pour le dragon qui peut les parcourir en quelques coups d'ailes.

"Est-ce que ce village a un nom?", demande-t-elle tandis qu'elle se redresse doucement.
Il commence effectivement à se faire tard si elle veut pouvoir retourner au campement avant la tombée de la nuit, il vaut mieux qu'elle redescende de la montagne maintenant. Vu de haut, le campement aux pieds de la montagne n'est pas si loin que ça. Sauf qu'elle doit redescendre à pieds ce qui rallonge le temps du trajet. De plus elle doit le faire en glissant puisqu'elle ne possède pas de pieds. Elle est fière de sa queue mais ce n'est pas le moyen de marche le plus approprié sur un flanc de montagne. Il lui faut donc plus de temps pour monter ou descendre la piste qui mène à la vallée de Slenlodwiin.

Dans les parages ? Sans doute voulait-elle dire selon des critères bipèdes ? Ou plutôt d’être terrestre, il est vrai après tout que le terme "loin" revêtait une autre signification selon si on avait des ailes ou non. Slenlodwiin y réfléchit donc rapidement, combien de temps faudrait-il pour aller d’ici, à la communauté en y allant à pied ?

« Ce n’est qu’à quelques heures de marche je crois. Après, je peux vous y amener par la voie des airs, vous et ceux qui vous suivront, si ce n’est que cela. » Oui, il perdrait ainsi moins de temps à attendre qu’ils le rejoignent là-bas par la voie terrestre. Après tout, ce serait peut-être aussi plus pratique pour eux, vu qu’ils avaient à faire dans les environs ? Quoiqu’il en soit, la jeune lamia curieuse ne manqua pas de s’intéresser sinon à cette communauté dont il était le protecteur, ce qui lui tira un fin sourire aimable.

« Cette bourgade se nomme Assana, rien de bien excentrique. Je vous y mènerai donc quand vous aurez le temps je suppose. Ce n’est qu’à quelques dizaines minutes en vol. » Ce serait aussi une occasion pour la jeune femme de pouvoir voler. Expérience qu’elle n’avait probablement pas encore connut sans doute, peut-être que cela l’intéresserait…

Sur ce, le dragon conclurait aimablement. « Nous nous reverrons ici. Sur ce, passez une bonne nuit mon enfant. » Avant de s’envoler ensuite gracieusement, quittant le plancher des vaches avec une puissance qui témoignait que ce dragon était plus un être de vigueur et force, que de souplesse et rapidité. Mais quoiqu’il en soit, il avait donc dit qu’ils se verraient demain ici. La jeune lamia sera-t-elle au rendez-vous, accompagnée de plusieurs membres de son escouade, ou seule ? En tout cas, sans doute qu’elle aurait des choses à raconter une fois de retour au camp.

Avant qu'il s'envole, Sleeslith aura pris le temps de déposer un long et tendre baiser sur la joue écailleuse de Slenlodwiin. Le contact écailleux sur ses lèvres ne la dérange. Sa mère est naga, elle a donc une certaine habitude du contact écailleux même si c'est différent. La façon dont elle embrasse le dragon a quelque chose d'enfantin. Peut-être est-ce la différence de taille ou d'âge ou bien autre chose qui s'installe entre eux deux? Dans tous les cas, elle le conclut par un sourire innocent avant de prendre ses distances pour laisser Slenlodwiin s'envoler sans se faire envoyer valser par la force du battement des ailes.

Elle observe son envol. Ca aussi, c'est quelque chose qu'elle n'a jamais vu et elle compte bien en saisir le moindre détail autant que possible. Ce qui n'est pas évident car elle doit aussi se protéger des brins d'herbes qui fouettent l'air sous la propulsion aérienne du dragon. Elle jette un dernier coup d'oeil sur la plaine maintenant déserte avant de se décider de descendre de la montagne.

Sur son chemin de retour, elle veille à récupérer des branches de bois sec afin d'allumer le feu de camp. Puis la voilà finalement de retour au campement. Tout le monde veut savoir et les questions fusent encore plus lorsqu'elle explique à sa troupe qu'elle vient de rencontrer un dragon. Elle coupe court à la plupart des questions en leur assurant qu'ils le rencontreront dès demain.

Puis vient la routine du soir. D'abord l'entrainement pour les soldats. Un contre un. Mais aussi les archers pendant que les sorciers s'occupent de cuisiner le repas. Enfin la distribution des rations cuisinées. La troupe s'aligne en une colonne et chacun prend sa part à son tour. Pendant le repas, l'ambiance se détend et chacun peut parler librement. Les orques en profitent pour lancer leurs blagues au grand dam des sorciers qui goutent guère à la lourdeur de ce genre d'humour. Ensuite chacun se retire afin d'entretenir son équipement et de se préparer à l'inspection. Alignée au garde-à-vous, la troupe se fait examiner par la Lieutenante. L'équipement doit être impeccable et elle y veille avec attention et détail.

La nuit tombe et les tours de garde commencent. La lieutenante veille à distribuer équitable les hommes : un sorcier ou un archer et un soldat. Jusqu'au matin.

Slenlodwiin laissa évidemment la jeune naga lui offrir une embrassade avant de s’envoler. Les dragons n’avaient disons pas ce genre de façon de faire aussi bien entres amis, que personnes plus proches, mais il comprenait que les bipèdes et serpentins plus petits appréciaient cela. En tout cas, il prit ceci pour une démonstration d’affection comme une autre et apprécia la chose avant de s’envoler. Après tout, le vieux dragon était le genre à apprécier avoir l’estime de tout un chacun. Les dragons et dragonnes étaient après tout souvent, d’une façon ou d’une autre, des êtres d’orgueil.

Quoiqu’il en soit, il se rendit à Assanä, pour dormir dans les environs proches de la bourgade pour le reste de la journée et nuit. Constatant que tout allait bien, en dehors d’une attaque de bêtes sauvage mineure qu’ils purent régler sans son aide. Après tout, ils savaient se défendre eux aussi, compter sur un dragon comme protecteur était une bonne chose après tout, mais les terres d’Eïrn obligeaient tout de même à savoir un peu se défendre, surtout contre les bêtes sauvages…

Il put donc passer une nuit paisible un peu à l’écart de la bourgade, dans ce qui était la parcelle de terre lui appartenant, avant le lendemain de s’envoler avant que l’aube ne pointe, pour rejoindre le lieu de discussion d’hier. Se disant que la lamia serait sans doute fidèle au rendez-vous qu’il lui avait donné.

N’ayant rencontré rien de particulier, si ce n’est quelques hippogriffes et griffons solitaires notamment sur son chemin, qui décidèrent de sagement s’éloigner de lui en lui voyant, il arriva sans guère d’encombre au sommet du petit plateau qu’il avait occupé hier.

En attendant que la lamia vienne avec sa petite escouade, le dragon s’amuserait alors à user un peu de sa magie, pour faire passer le temps et puis après tout… Un mage ne faisait pas que balancer des boules de feu, ou de pierres sur ses ennemis dans son cas. Il y avait aussi bien des manières innocentes d’employer cet art.

Il avisa une grosse pierre bien peu recouverte de végétations et commença à doucement incanter, il put alors voir la végétations pousser à grande vitesse sur la dite pierre, la recouvrant peu à peu comme la végétations avait tendance à le faire naturellement, mais là en accéléré. Ceci fait, il arrêta son petit manège légèrement ludique, car il vit du coin du l’œil la lamia et quelques soldats de son escouade, finir par le rejoindre.







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Spoiler:

La routine du matin commence. Les hommes du dernier quart réveillent la lieutenante et les sergents. Puis c'est au tour de ceux-ci de réveiller les autres. Tout ceci se fait sans bruit. Inutile de rappeler qu'ils sont sur un territoire étranger et que ce n'est donc pas la même d'alarmer qui que ce soit de leur présence. Eïrn tolère leur présence à la condition qu'ils se fassent discrets et ne perturbent pas les affaires locales.

Puis c'est le moment de l'échauffement des soldats et des archers. Certains sorciers, soucieux de garder une forme physique, se joignent à cet exercice tandis que les autres s'occupent de préparer le petit déjeuner : infusion de plantes, pain sec, marmelade de fruits et restes de viande d'hier soir. C'est plutôt rustique et en rien comparable aux mets que la lieutenant peut savourer avec son amant mais elle a l'habitude des deux. Alignés en file indienne, les hommes prennent leur ration du matin et déjeunent ensemble. Déjà les premières questions à poser au dragon fusent et dans tous les sens. A l'écoute de certaines de celles-ci, Sleeslith se demande si Slenlodwiin est vraiment préparé pour ça ou bien même ce qu'il va y répondre. Pour la douche, c'est plus simple si l'on peut dire. Sleeslith est une mage de l'eau, elle peut pourvoir suffisamment d'eau propre pour la douche de tout le monde sans avoir à courir auprès d'une rivière. Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre et la Lieutenant au beau milieu arrosant tout le monde.

La troupe est fin prête pour leur patrouille matinale. Au vu de l'importance de leur mission, un rite c'est sacré, et du potentiel de dangerosité, Sleeslith aurait bien amené l'ensemble de ses hommes mais ils sont sur un territoire étranger. Cinquante militaires eïlynstériens auraient inévitablement attiré l'attention et annulé l'effet désiré. Sa deuxième idée était de se contenter de ses hommes de confiance mais sa sergent avait imploré la Lieutenant de rajouter un renfort. C'est son neveu après tout. Sleeslith avait considéré la demande et finalement elle avait aussi appelé les hommes de son premier renfort. Le campement final abrite presque une quarantaine d'hommes.

Afin d'accroitre leur efficacité la troupe est divisée en trois sections patrouillant la zone et couvrant un plus large espace mais quand même à portée l'une de l'autre afin de pouvoir rapidement venir en renfort si besoin est. Ils ne trouvent rien à signaler. Enfin presque. Il y a bien les meutes de bêtes sauvages mais celles-ci ne représentent pas le danger qu'ils sont venus surveiller.

Midi, le repas, et chacun discute sur la rencontre à venir avec le dragon. La plupart souhaitent venir mais pas tous. Une dizaine d'hommes, tous volontaires, restent au campement tandis que les autres se mettent à gravir le flanc de montagne. Avant qu'ils apparaissent sur la vallée perchée, Slenlodwiin peut clairement les entendre. De lourds bruits de pas, des conversations et aussi un chant militaire accompagnent la marche.

Sleeslith est en tête, serpentant sur le sol et dirigeant sa troupe au travers des bois. Slenlodwiin est déjà là. Elle le salue au loin de la main pour confirmer sa présence. Puis l'ensemble de la troupe avance sur la vallée. Une trentaine d'hommes donc. Hier soir, le dragon a évoqué l'offre de les amener par la voie des airs mais à vrai dire, elle n'a aucune idée de comment il compte s'y prendre pour faire voler plus de trente militaires eïlynstériens. Elle est curieuse de voir. Non point de façon sarcastique mais elle aimerait sincèrement en savoir plus sur les capacités draconiques. Elle n'a toujours pas perdu son rêve de chevaucher Slenlodwiin et en savoir plus sur ses dons l'aiderait aussi pour ça.

La troupe est maintenant aux pieds du dragon. Certains sont encore sous le choc de l'étonnement de voir un dragon de si près. Déjà des mains se tendent pour le toucher, pour vérifier que c'est bien réel.
"Bonjour Slenlodwiin", introduit-elle en parlant à sa patte avant, "j'ai donc amené mes hommes comme convenu. J'espère que tu es prêt à entendre les questions les plus inattendues et les plus indiscrètes?"

Quarante homme représentait un effectif excessif pour superviser un rite, même dans le cas où il y aurait eu besoin/envie de le superviser comme là, après tout là plupart des rites n’étaient même pas supervisés par plus de quelques hommes, il était probable donc qu’en vérité Seeslith n’avait prit que dix ou, à l’extrême vingt hommes avec elle. Eïlynster ne pouvant tout simplement pas se permettre à chaque fois qu’un jeune avait besoin de faire son rite d’y assigner plus qu’une escouade, dans le cas où c’était nécessaire. Le pays avait des ennemis, actuellement la période s’annonçait périlleuse et les effectifs de la nation au grand mur, étaient limités par rapport aux autres puissances Orzaniennes.

Ou alors, Seeslith avait d’autres missions en parallèles ? Cela justifierait la chose, l’espionnage, l’observation de la menace mort vivante en Eïrn, le contact avec quelques sources ou alliés officieux d’Eïlynster. Bien des choses pourraient justifier cela en faîte, mais la surveillance d’un rite ne pouvait suffire, seule, pour déployer quarante hommes sur le terrain pendant aussi longtemps.

Quoiqu’il en soit, Slenlodwiin qui attendait, n’eut pas vraiment besoin d’être très vigilant ou attentif pour remarquer la troupe qui venait le rejoindre. Mais bon, il aurait été étonné qu’une troupe militaire soit spécialement discrète, sauf bonne raison. Surtout qu’il valait mieux afficher son nombre lorsque l’on voyageait sur les terres sauvages en Eïrn, cela avait tendance à décourager les prédateurs de tout poils. Après tout, les bêtes sauvages attaquaient les voyageurs pour se nourrir, pas par désir d’un combat à mort, donc si elles sentaient que c’était périlleux, elles avaient tendance à ne même pas tenter leur chance. 

D’ailleurs, assez vite la troupe finit par arriver devant lui. Une trentaine d’hommes potentiellement ? C’était en soit transportable pour un dragon de sa taille, certains dragons servant dans les armées après tout pouvaient ainsi transporter des troupes quand nécessaire, comme pourraient le faire d’autres créatures volantes imposantes, après comme il n’avait pas beaucoup de matériel sur lui pour assurer la sécurité d’autant de passager, il devrait faire attention… Mais bon, il ne pensait pas vraiment à cela en les voyant, juste que ça faisait une charmante troupes.

Quoiqu’il en soit Slenlodwiin n’était pas très farouche comme dragon, là où d’autres auraient sans doute montrés les crocs, il se laissa donc toucher tant que c’était respectueux. Amusé de constater qu’il devait être l’un des rares dragons qu’ils avaient croisés, il est vrai qu’à Eïlynster ils n’étaient pas très nombreux malgré l’élevage discutable qui était pratiqué là-bas. Et puis il appréciait impressionner, il avait son petit orgueil après tout.

« Bonjour à vous jeunes âmes. Et oui je suis prêt à répondre à beaucoup de questions, et non je ne donne pas mes plumes pour faire des coussins avec. » Finit-il par annoncer donc avec un trait d’humour.

Tout cela dit, en s’allongeant un peu, pas vraiment à plat, mais assez pour que les bipèdes n’aient pas besoin de faire prendre un angle important à leur tête pour regarder la sienne. Cela lui permettait aussi de les regarder dans les yeux, quoique plutôt en direction de leur visage, les orbites leur servant à voir étant assez dur à distinguer pour le dragon myope dira t-on. Il se permit par contre avant que les questions fusent, d’ajouter paisiblement.

« Mais avant de me poser vos questions. Comment vous nommez vous ? » Après tout il préférait savoir à qui il parlait, cela et il n’y avait que la lamia dont il connaissait la nomination après tout pour l’instant.

Peut-être bien que Sleeslith avait aussi d'autres missions, ceci expliquerait pourquoi l'Etat-Major eïlynstérien a choisi d'envoyer une lieutenant et non un simple caporal pour superviser un rite de passage.

Aux premiers mots de Slenlodwiin, le plus hardi des soldats répond : "Mince alors, je voulais justement des plumes". La phrase est dite avec humour mais le ton militaire en fausse son impact comique. Un autre murmure "Il me plait déjà".

Sleeslith reste silencieuse et laisse Slenlodwiin prendre en charge les évènements. Elle opine en direction de ses hommes après les derniers mots du dragon. La plupart ne savent pas trop comment se positionner et par habitude militaire, ils restent ensemble sur le côté droit du dragon. Ils sont tous vêtus d'armures similaires indiquant leur appartenance commune. Néanmoins le matériau diffère, tantôt cotte de maille, tantôt cuir, etc... Les uns après les autres, ils se présentent en commençant par les sergents.

Le premier est imposant orque masculin à la peau bleutée. L'arme qu'il porte est aussi impressionnante que sa taille. Sa prononciation est rugueuse mais correcte. Il s'introduit en tant que Sergent Zénius. La deuxième est une jeune femme aux traits doux et aux cheveux d'un blanc pur et lumineux. Elle n'est pas très grande et porte deux sacs, un de chaque côté, à sa ceinture. Elle sourit et s'avance en jetant des coups d'oeil dans tous les sens. Son regard pétille de vie. Elle se présente en tant que Sergent Constine. Sa voix semble naturellement inspirer au calme et à la paix. La troisième est, en apparence, une archère humaine. Il y a néanmoins quelque chose de très fière dans son attitude. Elle dit s'appeler la Sergent Anastandre. Elle parle sur un ton bas, presque un murmure. Puis vient le reste de la troupe. D'abord les caporaux et finalement les soldats. Après les présentations, il s'en suit un silence car nul ne sait comment poser la première question. Sleeslith prend la parole à ce moment.

"Lorsque je leur ai annoncé qu'ils allaient te rencontrer, certains étaient curieux sur ton régime alimentaire. Je n'ai rien dit pour les laisser entendre ta réponse par eux-même."
Sleeslith semble sereine et détendue. Le coin de ses lèvres se redressent légèrement en un sourire agréable.

On pouvait se demander à la petite phrase d’humour de Slenlodwiin, si certains lui avaient déjà demandés des plumes en faîtes. La réponse était… Oui ? Mais, c’était certainement des enfants en majorité, qui avaient demandés cela. Après, un dragon social ayant vécu presque deux milles ans avait sans doute rencontrés toutes sortes d’êtres, dont certains assez candides ou excentriques.

Quoiqu’il en soit les soldats faisaient une impression, ordonnée ? Au dragon, ordonnée et disciplinés. Mais cela ne l’étonnait pas de la part d’Eïlynsteriens ou de soldats en général. Il retiendra parfaitement chacun de leurs nom sinon, se disant que c’était là une belle troupe de soldats entraînés. Après, notre dragon n’était pas un connaisseur aiguisé de la chose militaire. Donc il ne saurait parfaitement jauger ces hommes et ces femmes, juste vaguement deviner qu’ils avaient l’air compétents.

Son régime alimentaire donc ? Ils étaient curieux à ce sujet ? Eh bien, il ne se serait pas douté de cela pensa t-il amusé. Il se contenta donc de dire avec bonne humeur. Il allait commencer à croire que les soldats aimaient bien parler de nourriture...

« Je diffère assez des autres dragons à ce sujet ci dans les faits. Comme je l’ai dis à votre lieutenante, je suis végétarien…. Probablement le seul dragon du continent du genre. » Il fallait dire, c’était plus radical comme habitude de vie, qu’un humain qui faisait ainsi, après tous les dragons sont des carnivores… La nature les as fait ainsi et ils avaient un instinct de prédateur, certes qu’ils maîtrisaient bien en eux, mais qui faisait qu’ils appréciaient le frison de la chasse.

« Et il est vrai que cela doit être assez atypique de l’imaginer, après de toute façon même si je ne l’avais pas été, j’aurais été le genre de dragon qui se bornent aux animaux… » Ajoutera t-il sinon avec humour, faisant un peu d’humour noir sur ces dragons qui des fois s’essayaient à la chair des êtres pensant. Après, c’était plus souvent en combat que par habitude alimentaire. Après tout, quand des Teïderiens vous agressent, certains peuvent êtres tentés de faire festin sur leurs restes… Plutôt que de laisser les dépouilles pourrir. Puis il reprendra plus amusé.

« Mais je ne sais pas ce qui vous intéresserait concernant les détails de mon régime alimentaire ? Donc n’hésitez pas à détailler vos questionnements. Et vous ? Je suppose que de solides et braves guerriers comme vous doivent manger bien et solidement. J’ai même entendu dire que les Eïlysnteriens aimaient bien boire à foison lors de certains jours de fête. » Après tout, on entretenait pas des guerriers avec un régime de lapin ou par la sous nutrition… Après être végétarien devait être possible pour eux, mais sérieusement il en doutait... Tout comme il ne jugerait sans doute pas quelqu'un ne faisant pas comme lui.

Slenlodwiin commence donc à expliquer son régime alimentaire atypique pour un dragon. Les militaires eïlynstériens écoutent tous comme un seul homme. Ils ne semblent pas convaincus sur ce que cela veut dire. Après l'invitation du dragon à poser plus de questions, la troupe se détend un peu. Puis la Sergent Constine prend la parole.

"-Moi aussi je mange que des légumes et des fruits.
-On sait, Brindille.
-Mais ça ne fait aucune différence avec ou sans viandes, vous devriez essayer.
-Non merci.
-Beurk!
-J'ai pas envie de devenir une brindille."
Sleeslith les laisse parler. Elle se contente de garder un oeil sur la discussion au où cela dérape. En début de cet après-midi, sur la hauteur montagnarde de cette prairie, le soleil chauffe doucement et fait briller de milles feux les armes et armures de la troupe eïlynstérienne réunie aux pieds du sage dragon. Pendant ce temps, un caporal s'adresse à Slenlodwiin.

"Pourquoi avoir fait ce choix? Pourquoi aller contre votre propre nature?"
A vrai dire, c'est plutôt une bonne question. Sleeslith lève un sourcil et attend de voir ce que le dragon va répondre. On peut aussi entendre certains commentaires au sein de la troupe.
"-Rien ne remplace la viande.
-Ca, c'est vrai.
-Je vais très bien sans viandes.
-Non, t'as l'air d'une brindille."
Sleeslith intervient et fournit une information supplémentaire sur le régime alimentaire de Slenlodwiin.
"Il utilise la magie pour ça."
Silence. Visiblement les hommes ne s'attendaient pas à ça. Puis finalement, une voix s'élève, celle d'Anastandre.
"-Quelle magie vous utilisez? Comment et pourquoi faire? En quoi cela vous aide à être végétarien?
-Peut-être qu'il fait pousser des carottes géantes?"
Certains rires se font entendre parmi les rangs de la troupe eïlynstérienne. L'idée d'imaginer un dragon grignoter une carotte géante les amuse et, à vrai dire, Sleeslith les comprend. Elle a eu intérieurement la même réaction lorsqu'elle a appris que Slenlodwiin est végétarien. Mais elle laisse le dragon expliquer lui-même comment il s'y prend.

Le temps Eïrnien était doux et agréable comme souvent, chose qui variait peu, ce de façon presque inquiétante étant donnée qu’une terre figée dans un quasi éternel printemps à quelques exceptions, n’avait rien d’ordinaire, mais au moins ça en faisait un lieu agréable du point de vue du climat en tout temps quasiment. Même si pas forcément sous d’autres aspects…

« Je me considère comme un pacifiste au sens le plus littéral et j’ai décidé d’appliquer cet idéal sur mon régime alimentaire. Après, je suis capable de me défendre si on m’attaque, ou de défendre mes protégés, mais ainsi j’évite de faire couler le sang si je peux l’éviter, y compris pour me nourrir. » Répondra sinon Slenlodwiin calmement à ce sujet, avant de paraître amusé un instant aux dernières paroles des soldats et de répondre.

« Je fais en effet pousser des légumes et fruits à ma taille, c’est plus pratique pour se nourrir… J’en profite aussi pour légèrement les fortifier, pour qu’ils soient assez nourrissants pour moi. Je dispose disons d’une sorte de jardin non loin de la bourgade dont je suis le protecteur. » En somme il faisait peut-être pousser des carottes géantes en effet. Quoiqu’il en soit, il finira par répondre sinon avec second degré.

« Et non, je ne prend pas le temps d’en faire des soupes, je ne suis pas vraiment cuisinier et surtout un chaudron aussi grand, je n’en ai pas trouvé malheureusement. » Il est vrai que la taille dudit chaudron aurait été, très imposante… Peut-être même un peu trop. Quoiqu’il en soit, le dragon finira par dire.

« J’ai une question sinon, êtes vous du genre à avoir le vertige ? » Une question un peu soudaine, mais aux réponses possiblement amusantes, cela et puis ça concernait sans doute la proposition qu’il avait fait hier à Seeslith...

A la mention de pacifiste, la sergent hybride-esprit glisse dans l'oreille de la lieutenant :
"Vous pourriez devenir végétarienne."
Sleeslith lui adresse un regard étrange mais Constine ne se départ pas de son sourire jovial. Elle semble même convaincue que ce serait une bonne chose, opinant et encourageant la lieutenant à faire ce choix. Il est vrai que l'hybride-naga tente aussi souvent que possible de privilégier une solution pacifique mais elle se voit mal manger que des légumes et des fruits. Cela risquerait aussi de compliquer certaines de ses habitudes sociales, notamment lorsqu'elle accompagne son amant lors d'évènements publiques.

Puis Slenlodwiin continue ses explications sur son régime alimentaire, tout le monde écoute attentivement. En plus d'être leur premier tête à tête avec un dragon, celui a des particularités singulières qui le rendent d'autant plus curieux à connaître.
Lorsque le dragon évoque la possibilité d'un chaudron, l'un des soldats orques commente :
"On pourrait faire un chaudron géant", comme si cette tâche semblait aussi simple que ça. Certains regards se tournent vers lui d'un air dubitatif mais le simple soldat ne voit pas en quoi sa suggestion pourrait être compliquée ou difficile à réaliser. C'est Sleeslith elle-même qui lui répond pour clarifier la chose.
"Il l'aurait déjà fait si c'était aussi simple."
Le soldat semble quand même un peu déçu. Il y croyait en sa bonne idée. Il hausse mollement les épaules avant de se remettre à écouter Slenlodwiin.

Slenlodwiin termine en posant une question à tout le monde. Les hommes se regardent entre eux avant de répondre. Ils ne sont vraiment pas du genre à avoir peur et certainement pas de l'altitude mais ont-ils déjà voyagé par air pour connaître la réponse à la question. Même la lieutenant hésite. Par défaut, ils répondent majoritairement que non. Ils pourront découvrir bien assez tôt si ils sont sensibles au vertige ou pas.

Sleeslith sourit gentiment. Pour l'instant, aucun de ses hommes n'a adressé de questions crues ou déplacées et elle est fière d'eux.

Slenlodwiin regarda curieusement le soldat qui proposa carrément de faire un chaudron géant, le dragon ne sut alors pas vraiment quoi répondre à cela. En vérité il ne désirait pas vraiment de tel outil, cela et au vu de la quantité de fer nécessaire, du prix pour bâtir la chose… Autant dire que même pour lui, qui n’avait pas beaucoup de besoins matériels ou monétaires, il y avait bien mieux à faire de son argent, du moins quand il en avait…

Après tout à sa façon il vivait un peu à l’ancienne, du moins la plupart du temps. Certes il ne chassait pas, mais son mode de vie ressemblait à celui de beaucoup de dragons un peu détachés de la civilisation ou ne désirant pas vivre en ville. Un mode de vie qui allait bien pour cette espèce qui dans les faits n’avait aucun prédateur naturel.

Quoiqu’il en soit, les militaires ne posaient pas beaucoup de questions. Hum, Slenlodwiin se dira donc que c’est l’occasion pour lui d’en poser, après tout peut-être sont-ils fiers de leur pays et désireux de parler de celui-ci en terme élogieux ? Ce sans évidemment trahir d’éventuels secrets. Pas qu’aller vivre à Eïlynster l’intéressait le moins du monde, mais après tout notre vieux dragon était un curieux, guère insatisfait de l’idée d’en apprendre toujours davantage sur le monde qui l’entourait.

« Alors, dîtes moi, comment est la vie en Eïlynster ? Je suppose qu’elle doit être assez active, entre vos devoirs militaires et civiques. J’avais entendu dire que chacun des vôtres était dans l’armée, tout en devant si possible assurer une autre fonction. » En somme une question assez générale, qui néanmoins fut appuyée ensuite par une, qu’il désira plus précise. « Quelles professions exercez vous par exemple ? En plus de celles de soldats ? » Après tout, ils avaient peut-être des choses à dire à ce sujet, y compris la lieutenante.

Slenlodwiin continue d'enchaîner les questions. Mais à vrai dire, les soldats semblent un peu surpris par la nouvelle question. Quelle autre profession exerce-t-il? Ils n'en ont pas vraiment le temps. De plus être militaire à Eïlynster n'est pas comparable à une profession au sens courant. C'est un peu comme demander : "quelle est votre autre nationalité?". Et les soldats semblent à peu près aussi perdus que ça face à cette question.

C'est donc Sleeslith qui prend la parole pour couper court au silence embarrassé de ses hommes.
"Etre militaire à Eïlynster, ce n'est pas comparable à une profession. C'est notre mode de vie, notre nationalité. C'est un peu comme demander... Hmmm... A part végétarien, quel autre régime alimentaire suis-tu? Ce n'est qu'une analogie mais elle illustre le manque de réponses possibles à ta question."

Sleeslith a expliqué de son mieux et en quelques mots l'erreur commise par Slenlodwiin, tout en veillant à ne pas faire apparaître l'ignorance du dragon afin de ne pas froisser son orgueil. Elle esquisse un léger sourire avant d'enchainer.
"-La plupart d'entre nous passe notre temps libre en famille. Dans ces moments, il m'arrive d'aider ma mère à préparer ses potions.
-Moi, j'adore chasser avec mes neveux, enchaine alors un des soldats.
-Mon vieux me tuerait si je cessais de venir l'aider à entretenir la maison.
-Je n'ai pas de famille mais j'adore les livres.
-Je préfère les boissons. Il y a ce brasseur. Il est vraiment doué. J'ai réussi à le convaincre à m'apprendre.
-Je croyais que tu te contentais de boire les boissons?
-On va tous finir alcooliques si il apprend à brasser."

La conversation reprend sous le regard soulagé et le sourire amusé de la lieutenant. Le Soleil du midi commence à se lever et l'air se réchauffe d'autant.

« Intéressant. » Dira Slenlodwiin pensif à la réponse de Seeslith sur le fait, que pour les Eïlynsteriens être guerrier était leur identité. En effet c’était logique et expliquait bien des choses. Il supposait que c’était comme aimer l’argent pour un duchéen, quoique penser cela était une caricature un peu exagérée, un peu du moins… Il se permettra alors de glisser avec réflexion.

« C’est donc votre identité, je comprend mieux. C'est culturel donc ? Je ne suis pas anthropologue, mais ce genre de choses m’intéressent aussi. Après, je n’ai pas vraiment la carrure pour être anthropologue comme vous le devinerez, je ne suis pas très discret... » Un peu d’humour en soit, mais il est vrai que le principe de ce genre de chercheurs, même si en Eïlynster ça ne devait pas être très courant, c’était de s’immiscer au sein d’une peuplade pour étudier son quotidien. Ce qui impliquait quand même, d’arriver à un moment, à arrêter d’attirer plus que nécessaire l’attention !

Quoiqu’il en soit ayant lancé le sujet, Slenlodwiin finira donc par demander.

« Accepteriez vous de me parler de quelques aspects de votre culture ? Ceux vous inspirant, par exemple j’avais entendu dire que vous aimiez bien les duels amicaux en Eïlynster, pour le loisir je suppose ? Mais aussi vous exercer ? Je devine sinon que vous n’êtes pas comme les duchéens, à parier forcément sur chaque combat ayant lieu... » Petite pointe d’humour sur le peuple duchéen qu’il connaissait bien au passage. Pas qu’il ne les appréciait pas, au contraire, mais il est vrai que dès qu’un combat entre deux guerriers, se mettait à avoir lieu dans la rue dans les duchés, vous trouverez aisément deux badauds décidant de parier dessus…

« Accepteriez vous de me raconter un combat du genre ou deux ? » Après tout en tant que peuple guerrier, ils ne devaient pas êtres gênés à l’idée de parler de leurs exploits martiaux… Cela et il ne devait pas aborder là un sujet d’état où il vaudrait mieux limiter les informations à lui donner.