Une silhouette tout de cape et de capuche était calée dans une vénelle ténébreuse, derrière des caisses vides appartenant à une vieille boutique du coin. On était au milieu de la nuit et il faisait froid. Cela se voyait à quelques cristaux de givres qui recouvraient le dessus des caisses et au souffle embuée qui emplissait l'air à chaque expiration de l'ombre. A part sa respiration, rien d'autres ne bougeait. elle était là, dissimulée dans les ténèbres de la petite ruelle étroite. elle paraissait attendre quelque chose... D'un sourire glaciale, il guettait la venue d'une patrouille de nuit, comme pour s'assurer qu'elle passerait comme prévu et dévouée à sa tâche nocturne. Normalement, ce n'était pas à cette ombre de contrôler le travail des soldats désignés aux patrouilles. Mais des fois, elle lui prenait l'envie de quitter son royal confort pour voir de ces yeux ce qui fourmillait dans la cité. Et en cette nuit glaciale, le froid mordait sa peau malgré l'épaisseur de son armure et de ses protections. Un hiver très teïderien, aussi dangereux que cet homme qui patientait, pour qui n'y prenait pas garde. Mais cette nuit, il ne cherchait pas à croiser le fer ou à provoquer ses propres hommes. Ce soir, il voulait juste s'assurer que ses sujets ne flânaient pas et assuraient leurs missions avec professionnalisme. D'ailleurs, il entendit la patrouille approcher. Bien !

L'encapuchonné se cala mieux contre le mur, pour ne faire plus qu'un avec l'obscurité de la vénelle. Son coeur se mit à battre un peu plus fort, pris par l'excitation de son propre jeu. Cela changerait du train train au palais. Veillant à respirer moins fortement pour pas que le nuage de condensation de son souffle ne soit capté, il garda un oeil sur la rue principale. Bientôt, une lueur repoussa la nuit. Le chef de groupe, lanterne à la main, marchait d'un pas sûr. On voyait au mouvement de sa tête qu'il veillait à regarder partout, et surtout où il posait les pieds, pour éviter sans doute quelques flaques gelés qui pourraient le faire choir s'il venait à marcher dessus. Accompagné de dix hommes, il parut insister sur un recoin de son cheminement, avant de retendre toute son attention vers l'avant. Ses hommes, eux aussi, se tenaient aux aguets, concentrés. Bien, songea alors notre ombre. Ces hommes ne semblaient pas s'être alcoolisés avant d'entamer leur contrôle de nuit. Toujours avec son froid sourire, il les vit s'éloigner. Quand leurs pas bottés furent assez loin, il décida de quitter sa cachette.

Quittant le couvert des caisses, il s'avança dans la rue, regardant un peu autour de lui si rien de suspect ne traînait malgré tout. Et toujours souriant, il prit le chemin inverse à celle de la patrouille. Il était temps de poursuivre sa petite inspection vers un autre quartier, voir si la soldatesque accomplissait son boulot... Et lui, voir qu'il n'y avait rien de louche non plus. Louche.... Un bien drôle de mot à penser quand on était à Teïder. Même au sein de la cité d'Orzus, on n'était pas à l'abri d'activités quelques peu... hérétiques. Normalement, et on disait normalement, il ne devait pas y en avoir. Mais les incroyants et les hérétiques pouvaient être partout. Cette nuit, qui sait, il pourrait en trucider un, si le Père de la Souffrance décidait de le gracier de sa petite excursion de nuit... A moins que des ''bandits'' ne viennent à essayer de le détrousser....

C'est dans les ténèbres apportées par la nuit que l'on savoure vraiment la bénédiction du père de la souffrance, le seul véritable dieu en ce bas monde qui mérite les prières et les louanges d'un peuple. Pourtant, c'est aussi à ce moment de la journée que les infidèles et les hérétiques sortaient comme des rats pour se propager à la population. Ils croyaient, à raison, que les soldats étaient moins nombreux et moins susceptibles de les attraper une fois les ténèbres ayant englouti la cité d'Orzus, capitale du royaume de Teider, bastion du père de la terreur. Pourtant, même en ses heures les plus sombres, une force continuait de veiller sur la cité. Une force qui ne connaissait ni la peur ni le pardon. Une force guidée par le père en personne et que tous les hérétiques craignaient par-dessus tout. Les inquisiteurs. Glaive de la foi et porte-étendard du père de la terreur sur les champs de bataille. Et en cette nuit particulièrement sombre, l'un de ses inquisiteurs avançait lentement dans les rues, comme une ombre, une torche à la lumière vive entre les mains.

Abel portait sa longue robe d'inquisiteur ainsi qu'une lourde armure de plaque gravée du symbole de la foi unique. Sa lourde épée à deux mains était dans son dos, prête à servir, et son terrible fouet était accroché à sa ceinture. Le bruit métallique des chaines qu'il portait ce répandait comme un gémissement sur son passage et la torche inquisitoriale qui brulait entre ses mains lui servaient autant à chasser les ténèbres, qu'à punir les hérétiques. Portant ses longs cheveux blond et gras aux épaules, son regard bleuté gris, couleur de l'acier, regardait droit devant lui. Il était en chasse, cherchant les ombres qui osaient douter du père qui leur avait promis la victoire sur les autres nations du monde.

Ses lourdes bottes frappaient le sol et il s'immobilisa en voyant devant lui une silhouette encapuchonnée. Elle était enveloppée dans une longue cape et rasait les murs pour éviter d'être vue. Une cible de choix. Petit voleur, mari infidèle ou hérétique. Dans tous les cas, il comptait bien lui mettre la main dessus. Sans chercher à être particulièrement discret, il contourna la personne qui semblait occuper par autre chose et s'aventura dans une ruelle adjacente à la sienne dans le but de lui couper le passage. Alors que la silhouette avançait dans la ruelle, l'inquisiteur apparut au bout de celle-ci et souffla sur sa torche. Une langue de feu manqua de peu l'homme et alluma un puissant brasier derrière lui. Toute retraite était maintenant impossible. Les flammes ne se propageraient pas et ne resteraient pas plus de quelques minutes, mais ça serait suffisant. D'une voix grave et caverneuse, Abel dit lentement, avec un certain plaisir.

-Le couvre-feu est prononcé depuis longtemps. Et celui qui défis les ordres de notre grand roi, défie aussi les ordres qu'il reçoit du père de la terreur. Donne-moi ton nom, hérétique. Je tâcherai de m'en souvenir, quand tu pourriras dans les geôles de notre sainte inquisition.

D'un mouvement rapide, il tira le fouet de sa ceinture et le fit claquer en l'air. Sa torche encore dans une main, son fouet maintenant prêt au combat, son regard impitoyable fusillait l'inconnu du regard. Puis, un sourire maléfique fleurit sur ses lèvres.

-Si tu te rends, je ne te ferai aucun mal... Pour l'instant. Alors, résiste. Je n'aime pas que mes proies soient trop coopératives...

Il s'imaginait déjà trouver une créature magique sous cette cape. Peut-être même un hybride. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas pu torturer d'hybride! La dernière fois, c'était une petite demi-elfe. Ohhh, comme elle avait hurlé... Si c'était un humain par contre, il devra le remettre dans le droit chemin par des méthodes dictées par le père de la terreur. Dans tous les cas, il y aurait beaucoup de souffrance...

Son poursuivant n'avait pas besoin de chercher à se rendre discret... Zmeï n'avait eu qu'à avoir un ressenti que quelque chose de pas net contre sa personne se profilait non loin de lui. D'un sourire glaciale à ses lèvres, à peine visible dans l'obscurité, et dissimulé par sa capuche, il continua d'avance, comme si de rien n'était. Etait-ce des chaînes qu'il percevait en écho à travers les murs ? Cela s'éloignait, puis revenait. Malin... il cherchait à le contourner. Ah, le voilà, au bout de la ruelle. L'encapuchonné s'arrêta et assista avec surprise, au passage d'une langue de feu, qui passa si proche de lui qu'il dut lever son bras pour se couvrir le visage, face à l'intense mais brève chaleur. Puis, l'onde thermique se répandit derrière lui. Il sentit la chaleur s'insinuer lentement dans son dos. C'était assez agréable... Mais, il n'était là pour se détendre auprès d'un bon feu.... Il darda un regard glacial au nouveau venu, qu'il reconnut comme étant un Inquisiteur. Et ce dernier avait veillé à couper toute retraite possible. L'encapuchonné ne pouvait plus s'échapper. Mais comme Zmeï n'était pas dans cette idée là. Il n'eut même pas besoin de se retourner pour savoir qu'une barrière enflammée lui coupait toute retraite.

L'Inquisiteur s'exprima par la suite, en usant de son fouet, qui claqua sèchement dans les airs, ce qui arracha un sourire plus élargie cette fois au visage du jeune homme. Quel zèle ! Et surtout quelle mise en scène pour dominer sa proie ! Une certaine saveur lui monta en bouche. Certains hérétiques faiblards auraient commencé à trembler devant pareille apparition. Mais pas l'encapuchonnée, qui soutenait le regard de son antagoniste. Il libéra un rire moqueur à son égard. Il commença à appeler un de ses sorts

''Mon nom ? Il faudra le mériter, Inquisiteur. Tu as une belle entrée en matière... mais entre palabrer et agir, il y a une petite différence....Montre moi ce que tu as dans les tripes''

Il ouvrit ses deux mains, en écartant les pans de sa longue cape. Une épée en acier se matérialisa dans sa main droite gantée. Quelques écailles de dragons luisaient  d'un léger éclat argentée sur le dos de la protection qui couvraient ses mains, à la lueur des flammes ardentes qui dansaient dangereusement derrière lui.

Zmeï se mit en posture défensif, se préparant déjà au combat, et non sans un plaisir parfaitement affiché à ses lèvres. Si cet inquisiteur se battait aussi bien qu'il causait, il aurait du fil à retordre. Mais comme il était en mode ''d'inspection'', il devait voir ce que valait cet homme. Un homme ne pouvait pas être Inquisiteur juste par complaisance ; il fallait le mériter.

''Crois-moi que je ne suis pas n'importe quelle proie''Ricana-t-il

Spoiler:

Abel fixait maintenant avec un regard avide l'homme encapuchonné qui le narguait à quelques mètres seulement. Il ne semblait pas prendre la présence du puissant inquisiteur au sérieux, ce qui lui couterait quelques minutes de pures souffrances. Cependant, Abel devait faire attention à ne pas le tuer. Même si l'inquisition était stricte et procédait avec des méthodes souvent cruelles, elle ne tuait pas gratuitement. Et surtout, elle tuait lors de procès officiel. Pour l'heure, il devait donc arrêter ce criminel qui se riait des lois établies par leurs puissants roi, loi murmurée à son oreille par le père de la terreur en personne. Aucun habitant de la puissante nation de Teider ne devait ignorer les lois et s'il était un simple voyageur un peu trop arrogant, il payerait chèrement le prix de sa fanfaronnade. Un sourire cruel fleurit sur ses lèvres et il dit simplement.

-Soit. Puisses-tu trouver la sagesse dans la souffrance.

Il avait remarqué l'arme invoquée par ce dernier, mais venant d'un hérétique c'était à peine surprenant. Les seules magies permises aux habitants étaient les magies élémentaires. Et encore. Certain, comme Abel, voyait la magie dans son ensemble d'un oeil mauvais. Aussi, le voir user d'invocation, une magie interdite, ne faisait qu'aggraver son cas. Cependant, il démontrait aussi avoir une certaine compétence. Le mieux serait sans doute d'en finir rapidement en sortant le grand jeu. D'un habile mouvement, il fit glisser la main tenant son fouet sur un large crochet accroché à sa ceinture, faisant apparaître une profonde entaille qui le fit frémir de bonheur.

-Père, donne moi la force de punir cet hérétique!

Le sang coulant de la plaie se déposa sur le fouet qui prit une teinte rougeâtre, faisant encore plus sourire l'inquisiteur. Il était près. Portant la torche à sa bouche, il souffla de toutes ses forces sur cette dernière, alors qu'une nouvelle langue de flamme jaillissait, fonçant comme un missile sur l'hérétique, dans le but évident de le brûler vivant. En même temps, de sa main valide, il fit claquer sur ce dernier son fouet à trois reprises, visage son visage et ses jambes. Son sang appliqué sur les épines en acier du fouet le rendait corrosif et aussi brulant que les flammes qu'il projetait. Son armure, s'il en portait une, serait transpercée comme du papier par l'acidité et bientôt, il ramperait à ses pieds. Calcinés et marqué par le terrible fouet.

sort:

Le jeune souverain regarda l'Inquisiteur faire appel à la magie de la Foi. C'était celle offerte par le Père de la Souffrance à qui se dévoyaient corps et âme, dans leur intégralité, à la douleur, à l'autoflagellation et la scarification. Cette puissance permettant à ces servants de chasser les hérétiques et les êtres non humains. Mais tous ne pouvaient prétendre à la maîtriser. Il fallait vénérer la douleur, en faire sa force et sa conviction. Et Zmeï constata qu'il avait peut être un peu sous-estimé cet Inquisiteur là. Mais il n'en perdait pas pour autant le sourire. Au contraire, il le maintenant à ses lèvres. Il n'était pas Inquisiteur, mais la souffrance était sienne également. Puis, son antagoniste porta sa torche, une nouvelle fois à hauteur de son visage pour souffler une nouvelle langue de feu. Cette fois, elle fusa vivement en direction de l'encapuchonné.

Zmeï bondit sur le côté, esquivant de peu les flammes affamées. Quelques flammèches mordirent le tissu à hauteur de son bras droit. Et le fouet claqua dans les airs. Serrant les dents face à cet enchaînement offensif, il sut éviter le premier claquement, les épines du fouet arrachant une bonne partie de la cape. La seconde, il leva son bras gauche pour parer le coup. Les écailles argentées grincèrent sous le coup acérée et  un léger sifflement de corrosion se fit entendre. Pour le troisième, ce fut l'épée invoquée qui encaissa le coup. Le sifflement de l'acide se fit plus fort, attaquant l'acier de l'épée invoquée.

Le dirigeant teïderien, malgré la situation quelque peu tendu, ne put s'empêcher de lâcher un ricanement.

''Impressionnant ! Le Père de la Souffrance doit être ravi d'avoir un serviteur tel que toi ''

Il lâcha son épée invoqué, qui se brisa en deux sur le sol, guère apte de toute manière à résister à l'acide qui l'avait imprégné. Puis, il eut le temps de retirer sa cape qui commençait à doucement s'enflammer. Et comme elle était maintenant en lambeaux....Ainsi, il dévoila le port intégral d'une armure faite en écailles de dragon argenté. Qui sait quels effets elles pourrait déjà provoquer chez l'Inquisiteur, de par l'enchantement qui l'imprégnait. Le Servant du Père de la Souffrance pourra voir en tout cas qu'il affrontait un jeune homme qui était dans la même tranche d'âge que lui, à la chevelure très claire, tenue en une simple queue de cheval.

Zmeï demeurait sur le qui-vive. Le grésillement continua de s'entendre sur son bras gauche. Les écailles argentées n'appréciaient guère la lente attaque de l'acide... Mais Zmeï ne s'en préoccupa pas pour le moment. Si l'acide venait à atteindre sa peau, il en savourera la brûlure. Peut être pour cela qu'il avait toujours son sourire carnassier. Sans attendre, il appela Croc de Souffrance dans sa main droite. Puis, il toisa Abel de son regard ambré, avec une grande froideur.

'' La vie est faîte de souffrances et d'épreuves...''récita-t-il non sans un rictus mauvais. ''Mais je pense que tu n'en as pas assez offerte au Père de la Souffrance encore... Et lui non plus.... Déjà, il se remit en posture défensive. Le fouet était une arme dangereuse et terrible, mais sil arrivait à réchapper à une partie de ses effets, il en sera satisfait... Car l'autre partie de la satisfaction viendra de ce qu'il n'aura plus esquiver, par la souffrance que cela engendrera.

le prochain sortilège qu'il avait en tête déjà, il n'en doutait pas, saura totalement dans les cordes de plaisirs douloureux recherchés par l'Inquisiteur.

Spoiler:

Abel observait de son regard presque fou l'homme esquiver de justesse les flammes, mais encaissant les coups de son terrible fouet imprégné de sang. Un sourire fanatique au visage, l'inquisiteur savourait le fait de voir sa proie se débattre. Elle était magicienne et savait visiblement se défendre, aussi le combat n'en serait que plus divertissant. Sans doute réussirait-il à faire du mal à Abel, mais ce dernier accueillait chaque souffrance avec délectation. Il ne faisait pas partie de ceux qui respectaient les préceptes du père par devoir, mais de ceux qui l'infligeaient par plaisir presque sadique. Et au vu des pouvoirs que lui donnait son dieu, il semblait plutôt satisfait de son serviteur mortel. Cependant, le sourire de l'inquisiteur s'effaça en voyant apparaître sous la cape une armure de magnifique facture qui épousait parfaitement le corps du jeune homme. Elle était visiblement faite sur mesure pour lui et devait avoir une valeur impressionnante. Ce n'était pas le genre d'objet qu'un voleur ou un simple hérétique pouvait posséder. Il devait être quelqu'un d'important à Teider... Mais au vu de sa réaction face à l'inquisiteur, il avait clairement des choses à se reprocher. Pour la première fois depuis longtemps, Abel hésitait à ce lancer dans la bataille à corps perdu.

Il ne connaissait pas l'identité de la personne devant lui et s'il blessait sérieusement un membre important de Teider, il aurait de graves problèmes. Au vu de son armure et sa capacité à maîtriser une magie réservée au cercle de la famille royal, peut-être même qu'il en faisait partit d'une manière ou d'une autre. Finalement, son regard devint plus impitoyable. Le père de la souffrance devait appliquer sa sentence, qu'importe à qui. Puis, devant les remarques du jeune homme, il répondit avec véhémence.

-Le père ne possède aucun serviteur aussi fidèle que moi!

S'en était trop pour l'homme qui avait dédié ça vie à Teider et à son dieu surpuissant. Il ne connaissait pas le gamin en face de lui, mais même s'il était le prince en personne, il allait regretter son imprudence et sa langue de vipère. Il attrapa d'un mouvement vif un lourd crochet qu'il macula de son sang avant de le retourner contre sa propre chair. Le crochet fit deux entailles profondes dans son dos, dans des fentes spécialement prévues dans l'armure pour cet usage. L'inquisiteur joignit les mains en dévisageant son adversaire et prononça avec zèle.

-Mon père, dieu des dieux et protecteur de Teider, accorde-moi ta puissance!

L'instant d'après, deux larges ailes rouge composé de sang et ayant l'apparence de puissante aile de dragon apparurent dans le dos de l'inquisiteur. Serrant encore plus son fouet, il sourit en implorant son dieu de bénir son arme. Le sang qui était déjà acide se mit à briller alors que le pacte de la souffrance s'activait. Maintenant, dès qu'il sera blessé par son fouet, il partagerait la terrible souffrance qui le traversait. D'un battement d'ailes puissant, l'inquisiteur s'éleva à une dizaine de mètres dans le ciel, en reprenant sa torche. Usant du même stratagème, il souffla une langue de feu sur le roi de Teider avant d'enchainer avec trois puissants coups de fouet qui visaient maintenant spécifiquement sa magnifique armure. Il voulait la réduire en miettes, lui montrer qu'une jolie armure ne protège pas du dieu des dieux.

L'Inquisiteur eut un moment d'hésitation. Allait-il se résorber dans ses actes ? Zmeï ricanait intérieurement. Rien que de voir l'armure suffisait à apporter des doutes ; cela en plus de son petit enchantement qui pouvait perturber les esprits faibles. Est ce que cet homme en possédait-il un ? Le jeune Roi ne tarda pas avoir une réponse. Car le bref moment d'égarement de son adversaire du moment ne dura guère. A voir son regarde devenir plus impitoyable, il avait pris en main sa volonté, quand à punir celui qu'il considérait comme fautif... Alors qu'il se rendait déjà coupable d'une faute grave à un point qu'il n'avait pas idée. Il ne manqua pas de libérer un autre rire, léger et presque provocateur.

''N'abuse pas de sa Patience... est-ce maintenant ta fidélité ou ton aveuglement que tu es en train de lui Offrir ? ''

Puis il assista à un nouvel acte de foi, montrant la grande détermination à porter sa Foi. Le souverain avait intérêt à se montrer plus prudent encore. Et veiller à ne pas faire trop durer ce petit jeu... sauf si l'Inquisiteur venait à se vider suffisamment de son sang pour cesser le combat. Au rythme où il enchaînait ses sorts avec ses blessures, ce ne serait qu'une question de temps pour que la fatigue le vainct. Mais en attendant, il était encore apte à se battre et violement.

Zmeï commença à incanter un nouveau sort, sa main gauche posée sur sa poitrine et termina de psalmodier juste à temps quand une nouvelle langue de feu tomba carrément du ciel pour frapper la position où se tenait Zmeï. A croire qu'avec ses ailes sanglantes, ce cher Inquisiteur se vouait à être le bras armé du Père de la Souffrance, en déchainant sa fureur enflammée du haut des airs.

Le blondin se jeta littéralement sur le côté pour échapper à la langue de feu, la chaleur si irradiante qu'il sentit sa peau chauffer de manière désagréable, comme lors qu'on reste trop longtemps devant un âtre bien actif. Grimaçant, il se releva le plus vite possible. Croc de souffrance était tombé de sa main dans son esquive contre l'offensive de feu. Il n'eut pas le temps de la rappeler à elle que déjà, il sentit le choc violent du fouet qui frappa son armure. D'abord ce fut son plastron qui prit, puis son épaulière. Heureusement son sortilège prit les chocs à sa place. Croc de souffrance revint soudainement dans sa main, qu'il leva pour parer le troisième coup. Mais la puissance était tel que le fouet rebondit sur la lame, percutant l'avant bras déjà malmené par l'acide de l'assaut précédent. Une intense et soudaine douleur traversa le corps du Roi. Zmeï se mordit les lèvres pour ne pas hurler à ce qui venait d'exploser en lui. Il gémit quelque peu, manquant de s'affaisser par cette soudaineté.  Mais il était le Roi, pas un faible ! Il servait le Père de la Souffrance. La douleur, le supplice... Tout pour servir leur Père à Tous ! Il releva sa tête vers l'Ailé Trop Zélé. Lentement, il sentait une moiteur chaude coulé sous les écailles de son avant bras...

Luttant contre ce qui le traversait, au lieu de crier, il libéra un sale ricanement, presque celui d'un dément. La sueur commençait à perler sur son visage.

''Merci de me partager ta dévotion auprès de notre Père à Tous. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas à offrir un tel niveau de souffrance à sa Gloire.... Mais il saura aussi te faire payer le prix de ton audace envers moi, moi, son Premier Serviteur de tous...''

Il ne quittait pas Abel des yeux. Au loin, vu le vacarme du combat mené par les deux jeunes gens, la patrouille croisée tantôt avait fait demi-tour et arrivera sous peu.....

Spoiler:

Dans le ciel, à plusieurs maîtres de l'hérétique, l'inquisiteur volait sur place en observant l'homme qu'il prenait pour un être infâme qui avait souillé Teider gémir et se crisper sous la douleur soudaine qu'il venait de ressentir le traverser. Un sourire presque moqueur au visage, il observait la scène dans un délice. Visiblement, la véritable souffrance était une torture pour un homme de peu de foi comme lui. Alors que les serviteurs du père de la souffrance accueillaient cette dernière avec bonheur. Torturés dès leurs entrées dans le temple de la souffrance, ils avaient l'habitude de cette douce chaleur et de cette faiblesse causée par la perte du sang qui permettait la vie. Aussi, malgré le sang qui coulait abondamment de ses ailes ainsi que la petite blessure sur son bras, Abel était encore en pleine forme. Prêt à déchainer la fureur du dieu. C'était la fin, il avait gagné.

Alors qu'un rire presque aussi dément que celui de Abel franchit les lèvres du roi, l'inquisiteur ce laissa tomber comme un boulet de canon sur ce dernier, usant de ses ailes pour ce diriger et s'écrasa sur ce dernier, amortissant juste assez sa chute pour ne pas ce briser tous les os du corps. Maintenant au-dessus du roi, un sourire de sauvage sur le visage, il attrapa ce dernier à la gorge et souffla, l'empêchant de prononcer son ultime phrase.

-Tu as l'honneur d'être vaincu par le plus fidèle serviteur du père. Et tu vas le regretter amèrement.

Alors qu'il leva le lourd crochet qu'il avait pris de sa ceinture, dans le but de transpercer le roi de son propre pays, un violent coup de bouclier le propulsa loin de roi, le faisant rouler plusieurs fois dans le sable avant d'arrêter sa course. Les soldats étaient arrivés au pas de course et l'officier, reconnaissant le roi qu'il avait heureusement lui la chance de servir quelques fois, avait ordonné à l'un de ses soldats de les séparer. Abel se releva en grommelant un chapelet d'insulte et darda son regard sur l'officier qui répondit à son regard.

-Dois-je en conclure que vous aidez cet hérétique, soldat.

L'officier fronça les sourcils et l'un des jeunes soldats aida le roi à se relever en se confondant en excuse pour ne pas être intervenu plus tôt. L'officier bomba le torse et tonna.

-L'homme que tu as attaqué est notre souverain, le roi Zmei Nebojsa, premier serviteur du père de la terreur! Comment un inquisiteur ose-t-il s'en prendre à lui!?

Abel fronça les sourcils et en un instant, tous les sorts que le père lui conférait furent brisés. Ses ailes disparurent et la souffrance qui traversait le roi fut stoppée. Abel était pétrifié. Il venait vraiment de s'en prendre au roi? Mais pourquoi celui-ci se déplaçait-il ainsi cacher? Pour quoi ne pas avoir révéler son identité? Tombant à genoux, il observa la scène des soldats qui le fixait en formant une barrière défensive devant le souverain incontesté. Il... Il avait trahi son serment. Malgré le sang qui formait maintenant une petite flaque autour de lui, il baissa la tête et dit.

-Je... Pardonnez-moi, altesse. Je vous ai pris pour un hérétique. Le père m'en soit témoins, jamais je ne vous aurais attaqué si j'avais su... Je ne vis que pour vous servir, vous et le père. Vous pouvez me tuer ou faire de moi ce que vous voulez.

Il resta là, refusant de continuer le combat plus longtemps et acceptant son erreur. Il avait adoré ce combat, c'était la première fois depuis longtemps qu'il avait ressenti une aussi grande décharge d'adrénaline, l'impression d'affronter plus fort que soit, mais de devoir quand même gagner. Il avait apprécié. Il devait maintenant en payer les conséquences et n'étant qu'un serviteur du roi et du dieu suprême, il n'essayait même pas de fuir. Il attendait que son roi tranche sa tête indigne de le servir.

Zmeï n'avait pas prévu que l'inquisiteur se laisse chuter pour lui tomber dessus violemment. Pris en traître ; quoi d'autres, il n'eut pas le temps d'esquiver la chute volontaire de son adversaire et se retrouva projeté violemment à terre. Légèrement étourdi, il cherchait déjà un sort pour se défendre, toute en relevant. Abel, pris dans l'extase de sa Foi et dans la fièvre du combat, l'attrapa avec force à la gorge. Certains Teïderiens auraient frémi, voir chialer devant telle réaction violente. Pas le jeune souverain. Au contraire, un sourire malveillant naquit à ses lèvres. Et malgré le danger que représenta le crochet tenu dans la main libre de son antagoniste, Zmeï souriait. La douleur qui continuait de le traverser et celle provoqué par la forte poigne de l'Inquisiteur à son égard n'en était que plus savoureux. Quand viendra son moment....

Moment qui frappa dans un bruit sourd et brutal, dégageant l'Inquisiteur de telle manière qu'il libéra le roi de sa prise. Un homme en arme tendait déjà son bouclier en avant, mettant une frontière métallique entre lui et sa proie. Le lieutenant de la patrouille, avait sa main prête à sortir hors de son fourreau, prêt à obéir aveuglément au moindre ordre de son Roi. Même si l'autre individu était un Inquisiteur, la vie du Roi supplantait la sienne. Derrière eux d'eux, un jeune soldat, bien que tremblant d'oser poser ses mains sur sa Majesté, aidait Zmeï à se redresser. La douleur le traversait encore, mais n'en avait pas amoindri son sourire, devenu dangereux cette fois, avide de faire payer l'acte de l'Inquisiteur sur sa personne royale. Qui avait l'audace de s'en prendre à lui devait en payer le prix ! Il était le Roi. Et cet inquisiteur allait l'apprendre à ses dépens !

La douleur qui l'avait envahi tantôt disparu d'un coup. Les sortilèges de Foi venaient de cesser. Le lieutenant avait énoncé la vérité aux oreilles de l'Inquisiteur. Quand il comprit qui il avait affronté, il tomba à genoux, tête baissé, se confondant déjà en excuses. Zmeï appela Croc de Souffrance qui revint à sa main droite. La seule souffrance qui restait et persistait était la morsure brûlante de l'acide qui touchait sa peau, sous les écailles de dragon argenté. C'était minime en comparaison de ce qui l'avait traversé, par le biais de la magie offerte par le Père en Personne. Recevoir sa bénédiction en plein combat était quelque chose !

Il s'approche de l'Inquisiteur. Puis, il tenait sa main gauche vers lui, psalmodiant quelques mots avant de soudainement serrer sa main, comme serrant quelque chose d'invisible. Il y mit sa hargne et la colère qui sourdait en lui, qu'on ne pouvait guère deviner face à son visage souriant tel un prédateur qui se préparait à massacrer sa proie. Abel sentira une pression certaine sur son coeur... avec les effets que cela engendrerait.

Spoiler:

''Si tu avais su.... Si tu avais eu plus de discernement, tu aurais eu la vérité sous tes yeux. Tu as eu un moment de doute mon cher. Tu aurais du te raccrocher à ta première impression...''

Il ricana froidement, tout en tenant le coeur d'Abel sous le joug de son sort.

''Être totalement dévoué à Notre Père est une chose, mais l'arrogance et l'orgueil t'aveugle un peu trop....''

Il faisait référence à ce que l'Inquisiteur avait affirmé durant le combat.... d'être le plus fidèle des Serviteurs de leur Père à Tous... Quelle audace pétrie de conviction personnelle !

''Tu as encore à apprendre l'humilité. D'ailleurs, nomme toi. Car tu n'as toujours pas énoncé ton nom. Quand un Inquisiteur accomplit son devoir, il n'a pas à avoir honte de se nommer...''

Il cessa d'empoigner magiquement le coeur de l'Inquisiteur, le libérant de cette douleur punitive.
Et quand Abel se sera nommé, il approcha la pointe de son épée sur la joue d'Abel, sans provoquer aucune blessure, laissant le pouvoir corruptif de celle ci commencer à faire doucement son office

Spoiler:

''Le Père de la Souffrance est actuellement témoin de tes actes. Donne Lui une véritable raison que je te garde à mon service.... et de continuer à le Servir...''

Il avait apprécié le zèle de cet homme, sa détermination à se battre, et sa puissance... Mais il avait encore des points cruciaux à apprendre, avant de se laisser corrompre par sa propre vantardise et de se détourner de la Foi....Là, il était en train de s'assurer que cet Inquisiteur demeurera dans la Vrai Foi et pas la foi de sa propre personne.

Abel restait à genoux, le sol sous lui devenant poisseux à cause du sang qu'il perdait. Heureusement, il avait appris avec le temps à s'infliger des blessures douloureuses et sanglantes qui ne mettaient pas sa vie en danger. Ainsi, il avait pris soin dans l'extase du combat de ne toucher aucune artère. Il ne se viderait heureusement pas de son sang, mais maintenant que la magie divine du père l'avait entièrement quitté, il sentait la fatigue peser sur ses épaules. Pouvait-il encore se battre? Oui. En regardant les soldats qui se tenaient devant lui, il était même sûr de pouvoir les balayer en quelques minutes. Quant au roi, c'était autre chose. Il était puissant et sans doute aussi impitoyable que lui. Et il maîtrisait une magie que l'inquisiteur ne possédait pas. Comme beaucoup d'humains, il ne possédait aucun don, sinon celui donné par sa foi ainsi que la force de son bras. Et ce bras avait attaqué le roi. L'envoyer du père de la souffrance en ce monde.

Cependant, Abel était une arme au service de Teider. Il avait été forgé dans ce seul but, brisé puis reconstruit dans les temples de la souffrance. Il ne possédait aucune envie d'exister, sinon pour servir le plus grand dieu n’ayant jamais existé. Cependant, c'est le regard neutre qu'il fixait l'horizon, droit devant lui. La seule apparition physique de son mal en réaction au sort lancé par le roi fut une légère crispation de la mâchoire. Il était devenu le jouet de l'homme qu'il prenait pour une hérétique et acceptait son sort. Même si ça devait signer sa mort. Finalement, il se présenta. Ce fut la première fois qu'il répondait au roi, depuis l'arrêt du combat.

-Je suis Abel Kovacs. Né sans famille. Élevé par le temple et forgé par l'inquisition. Je sers notre père et je suis soumis à notre roi. J'accepte sa sentence et me soumets à sa souffrance.

Il avait prononcé de sa voix rocailleuse et grave, tournant à peine la tête pour regarder son roi. Au fond de son regard gris bleuté, on pouvait lire sa foi et son fanatisme. Il était un outil forgé pour servir. C'est ce qui reste de son humanité qui la fait douter. L'inquisiteur qu'il était ayant repris le dessus, il avait repris le combat sans se poser de question. Il sentit la lame de son roi caresser sa peau avec la douceur de l'acier qu'il connaissait si bien. Malheureusement pour le roi, Abel n'avait déjà plus de sentiment positif depuis l'arrêt du combat. Il ne ressentait qu'une sourde haine envers lui-même d'avoir osé attaquer un saint homme. Que répondre à cette question.

-Le père connait ma valeur. Ma foi en est la preuve. Je ne suis qu'un serviteur, alors que vous êtes son envoyé en ce monde. Vous êtes la parole de notre père et ma vie vous appartient. Faite en ce que vous voulez.

Puis, lentement, il posa ses mains sur son armure et en détacha les attaches. La lourde armure tomba sur le sol sans un bruit, son poids allégé par la magie. Il dégaina alors ce qui semblait être une dague de lancer finement ouvragé. Le jeune soldat qui avait aidé le roi à se relever fit un pas en avant, mais son supérieur l'arrêta en fixant l'inquisiteur. Les inquisiteurs étaient dangereux, mais il restait des hommes de foi. Abel pointa la dague sur son torse et déchira sa robe, dévoilant un corps couvert de cicatrice. Certaines récentes, d'autres blanchis par le temps. Le jeune soldat devint livide et on l'entendit déglutir devant cette vision d'un corps massacré. Puis, dans un geste sans hésitation, Abel planta la lame dans sa chair, traçant une profonde entaille tout le long du sternum.

-Je sers le père de la souffrance. J'obéis à ses règles. J'observe ses lois. Je fais appliquer ses sentences. Mais je ne comprends pas pourquoi notre roi utilise une magie qu'il a déclarée comme hérétique. C'est ce qui m’a poussé à vous attaquer. Ce sont les ordres reçus du Saint-Père.

Puis, il cita.

-"La magie transformiste et d'invocation sont interdites par le père de la souffrance, car trompeuse et servant à manipuler les hommes, race pure parmi toutes. Tout mage usant de cette magie devra être puni par l'inquisition et remit dans le chemin de la vertu"

En prononçant ses paroles, Abel se releva lentement. Les soldats, eux, se regardèrent tous sans savoir que faire. Abel avait raison, tous ceux qui avaient ouvert une bible de la souffrance le savaient. Mais c'était du roi dont il parlait. Pas de n'importe qui. D'un autre côté, le roi pouvait-il bafouer les commandements du dieu des dieux? L'homme de foi resta droit, observant le roi qui portait arme et armure, alors que lui-même était désarmé.

Le souverain ne fut même pas surpris de voir sa proie à peine ciller à son sortilège. Le coeur enserré par sa magie devait être moindre en terme de souffrance, vis à vis de ce qu'il offrait régulièrement au Père de la Souffrance. La seule réaction visible ? Cette petite crispation à la mâchoire... pas si insensible que cela tout compte fait. Le jour où le souverain saura maîtriser une plus grande puissance de cette magie, il était certain que ce ne sera pas qu'une simple crispation douloureuse qui parcourra son corps. Sa cible pouvait s'estimer chanceuse. Et quand enfin il se présenta, il était doux d'entendre la totale soumission de l'Inquisiteur. Bien....et quand à ce qu'il répliqua pour répondre à la question royale. Le sourire du jeune blondi s'étira plus encore. Une fois de plus, nul doute qu'il avait encore eu raison. Il était le Roi, le premier Serviteur même du Père de la Souffrance sur Terre, le premier de Ses sujets aptes à gouverner et diriger les autres hommes de Teïder.

Il écarta à peine ''Croc de Souffrance'' de la joue d'Abel que celui-ci opéra quelques gestes pour retirer les attaches de son armure. Zmeï le regarda faire, nullement pris de doute ou de crainte devant cette attitude. Par contre, l'officier et les membres de sa patrouille s'étaient un peu tendues. Quoi de plus normal... Ils avaient face à eux un Inquisiteur, un serviteur de leur Dieu... et qui avait osé s'attaquer à leur Roi. Il y avait de quoi montrer en pression face à cette situation peu commune. Le jeune soldat qui avait aidé le Roi à se relever, après l'incident précédent, ne manqua pas d'être pris de malaise gastrique.

''Lieutenant''Avait murmuré le jeune dirigeant. ''Veillez à ce que vos hommes soient rapidement endurcis. Je n'ai pas besoin de jouvencelles dans le rang de mes patrouilles....

La vue des mutilation cicatrices comme récentes ne devait pas être écoeurer le coeur, mais au contraire renforcer la conviction qu'on avait à posséder en servant le Père de Tous. Là était la différence entre un Inquisiteur et la plèbe. Là résidait aussi la différence entre l'Inquisition et la soldatesque. Bien entendu, il n'allait pas afficher de l'admiration pour ce qu'il s'était dévoilé sous ses yeux. Abel avait dévoilé ses actes de foi pour apporter une preuve visible et constante de son dévouement certain. Mais cela ne suffisait toujours pour Zmeï. Comme acte supplémentaire pour répondre aux attentes de son Roi, il avait pris sa dague. Zmeï demeurait impavide, toujours son épée en main. Les Soldats toujours tendus derrière lui, le Lieutenant à ses côtés prêt à réagir, tous assister à un autre acte de Foi. L'entaille qui stria son sternum laissa son sang goutter le long de sa peau dénaturé par les cicatrices infligées depuis qu'il était dans la voie de la Foi. Puis il se releva, en posant cette fois une question... Si on pouvait appeler cela une question..... les sourcils du Roi s'étaient froncés en entendant cette arrogance interrogative. Ses doigts armurés s'étaient serrés sur la garde de son épée. Le sang chaud apportait une odeur écoeurante dans les airs, appelant doucement à la mort.

Zmeï se rapprocha d'Abel, un rictus féroce à ses lèvres.

''N'avais-je pas dit que tu manquais de discernement ? ''

Ce ne fut pas l'épée qui frappa au menton l'Inquisiteur, ce fut son poing ganté libre d'écailles de dragon. Il avait mis toute sa force dans ce coup, bien décidé à faire comprendre l'impudence d'Abel quand à sa question.

''Tu oses me poser cette question ? En la posant, tu remets en question le choix qu'a fait Notre Seigneur de la Douleur sur ma personne. Ne suis-je qu'un simple homme dis moi ! ''cracha-t-il presque tout en offrant un autre coup de poing à Abel. Il rengaina son épée, retira ses gants un a un et les jeta à terre.

''Notre Souverain Divin dicte des lois, mais choisit un Elu pour diriger les hommes et les femmes en son Nom. Il est le Seul Juge sur son Elu et personne d'autres. Les Inquisiteurs le Servent, en chassant les hérétiques et en ramenant les perdus à Sa Lumière. Mais sont-il apte à juger le Roi, le Choisi du Père de la Souffrance ? Son Choisi, son Elu n'est pas un homme du commun. Il est bien plus que cela ! Est cela que tu juges ? Notre Dieu a dicté des lois pour les simple humains. Suis un simple humain, Abel ? ''

Un autre coup de poing fut offert à Abel. Il pourra se vanter d'y sentir toute la rage du jeune homme. Zmeî sourit en sentant le coup mordre les articulations de ses phalanges. La douleur aussi était sienne ! Souffrir pour remettre cette brebis perdue dans le droit chemin, voilà qui plaira au Père de Tous. Puis, il retira les attaches du haut de son armure, la retira brutalement, retira la chemise matelassée qui demeurait en dessus, libérant ainsi le torse athlétique du Roi de Teïder. Quelques cicatrices marquaient sa peau nue, mais rien de comparable quand on fixait celui d'Abel.

Sans ménagement, il attrapa le poignet de celui-ci, là où les doigts tenaient la dague, empoissé du sang de l'Inquisiteur en suris. Et soudain, Le roi imposa par la force que cette lame transperce la paume de sa royale main, la lame parallèle aux os des phalanges, pour limiter les dégâts que le coup occasionneront dans un organe aussi complexe. La douleur le transcenda, il en sourit. Il en rit même.

Puis d'une voix puissante, il tourna vers ses soldats.

''Suis je qu'un simple homme ? Que le Père me juge maintenant pour mes actes alors ! ''

Le regard intense du Roi posé sur eux, dont le Lieutenant... tous frémirent et plièrent un genou. Nul besoin de mots pour avoir une réponse claire... Il reposa ses yeux emplis d'une rage sourde, malgré le sourire carnassier qui marquait son visage

''J'ai répondu à ton interrogation qui est un manque de Foi incontestable. Le Père de la Souffrance n'apprécie pas qu'on mette ses Actes et ses Choix en doute ! ''

Le sang écarlate du roi coula le long de la dague, comme de la main transpercée, coulant sur le sol, mêlé au sang de l'Inquisiteur.

''Réponds donc à la mienne, désormais, dévoyé de la Foi ! Suis-je qu'un simple être humain ? Suis-je de ceux qui n'ont aucun droit de déroger aux Lois Divines ? ''

Abel avait repris une posture passive, debout devant le roi qu'il avait tabassé voilà encore quelques minutes. Et honnêtement, il avait gagné selon lui. Le roi aurait perdu ce combat, preuve qu'il n'était pas si invincible que ça. Cependant, Abel avait un peu de difficulté à comprendre sa rage. Après tout, c'est lui qui avait refusé de donner son identité. C'est lui qui avait dégainé les armes pour prendre part à ce combat. Et au vu du sourire extatique sur son visage plus tôt, il avait apprécié ce dernier. Cependant, Abel ne cherchait même pas à le calmer. Les soldats derrière le roi restant nerveux et sur leurs gardes, observant l'affrontement silencieux des deux hommes de foi. Le jeune homme qui n'avait aucune règle à respecter et agissait comme bon lui semble. Et l'inquisiteur, suivant scrupuleusement les lois et le code de vie du père de la terreur. Il était bien normal qu'ils ne se comprennent pas. On ne pouvait imaginer un style de vie plus différent, même s'ils servaient le même dieu et la même cause.

Le premier coup de poing après sa question sonna un peu l'inquisiteur qui sentit sa mâchoire craquer sinistrement, sans se briser. Visiblement, il l'avait mal pris. Très mal pris. Abel ne cherchait toujours pas à se défendre, écoutant la rage d'un enfant capricieux étant pour la première fois confronté à ses contradictions. Un sourire fut quand même présent sur le visage de l'inquisiteur, alors que le deuxième coup frappa sauvagement son visage. Il recula d'un pas sous la violence de l'assaut, mais ne réagit toujours pas. Un troisième coup fut donné. Aussi violent. Mais cette fois l'inquisiteur avait légèrement tourné la tête pour éviter de se prendre le coup de plein fouet. C'en était assez.

Lorsque le roi voulu saisir son poignet, Abel réagit avec rapidité en lui tordant un doigt pour le forcer à le lâcher et l'approcha de lui en lâchant larme, sa main refermer sur l'armure du roi alors que son regard sévère était planté dans le sien.

-C'est à vous de me le dire, majesté. Pourquoi poser des questions dont visiblement vous connaissez la réponse. Ou est-ce simplement que vous avez peur de connaître la réponse?

Un sourire mauvais éclaira le visage de l'inquisiteur, un filet de sang coulant sur ses lèvres, provoquer par une blessure infligée par les coups du roi. Il jouait avec le feu, il le savait, mais il refusait de laisser un roi capricieux et manquant visiblement de confiance en lui remettre en question sa foi et sa mission divine. D'une voix plus grave et basse que jamais, dans le but que les soldats ne l'écoutent pas et souffla.

-La vérité, c'est que vous n'êtes qu'un homme, majesté. Notre roi, notre guide et le chef de notre puissante nation. Et vous avez mon respect et ma loyauté pour ça. Mais un homme mortel. Les lois divines sont au-dessus de nous, même du messager du père. Ne confondez pas les deux. Ma foi est envers notre dieu et je vous est prouvé ici, par mes pouvoirs, que le père me considère comme un fidèle serviteur et me récompense chaque jour. Vous, vous êtes mon roi. Pas mon dieu.

Puis, il lâcha le roi et le repoussant légèrement. Son regard toujours braqué sur lui. D'une voix plus forte et annoncée.

-Je remets ma vie entre les mains du seigneur de la souffrance, comme je l'ai toujours fait. Je suis son outil, son arme. Tuez-moi, si ça vous chante. je rejoindrai notre père à tous et servirai sa grandeur dans l'autre monde. Mais si vous commencez à tuer les rares inquisiteurs qui ont développé un lien si fort avec le père, je doute qu'il soit très heureux.

Il ouvrit les bras et un rire de dément franchit ses lèvres, faisant frissonner le jeune soldat qui observait maintenant Abel avec un regard terrifié. On ne pouvait plus dire si c'était la foi ou la folie qui caractérisait le mien l'inquisiteur qui ne semblait vivre que pour son dieu.

-La vie est une souffrance et une épreuve constante! Pour nous tous, ici-bas!

Son rire continuera de se répercuter sur les bâtiments environnants. Même le lieutenant qui dirigeait le groupe de garde avait son arme pointée sur Abel, prêt à le transpercer s'il tentait une nouvelle action contre son roi. Peut-être que certains religieux remettaient ça en cause, mais pour le militaire qu'il était, son chef suprême était le roi. Et il comptait bien le défendre si le fanatique voulait s'en prendre à nouveau à lui.

Il osait s’interposer dans son geste ! Il osait ! Le regard du jeune roi s’était durci devant cet acte. Outre d’avoir manqué totalement de jugeote dans son aveuglement durant le combat, il osait braver ses actes ? Et en prime, il affichait ouvertement son arrogance ! Face à son acte, lui retirant la courte lame des mains, le souverain grimaça. Non pas de souffrance, mais de colère. Et l’Inquisiteur s’était rapproché de lui, avec un sale sourire de rat puant à ses lèvres. Et quand il entendit ses paroles, murmurées suffisamment entendu pour que lui seul puisse les entendre, ses dents grincèrent. Son audace n’avait décidément pas de limite et clairement, il déclarait ce que Zmeï avait perçu en lui : un manque de discernement plus que consternant. Humiliant pour lui comme pour le Père de la Souffrance ! Et la réponse qu’il apportant en tête à tête était plus qu’une insulte pour leur Dieu et sa personne. Oui, il n’était qu’un homme, il le savait ! Mais un homme voué à diriger les autres qui devaient obéissance au Seigneur de la Souffrance. Et cet imbécile n’avait pas l’air de comprendre comme leur Déité plaçaient ses Enfants dans son Royaume. Et dans son esprit, il nota le détail conséquent qu’il s’adressait à lui à voix basse. Ca n’y paraissait pas comme cela, mais que cela ne fut pas porter aux oreilles des soldats n’était pas anodin

Abel le repoussa légèrement, avant de prendre une voix pour se faire entendre de tous. Zmeï s’était relevé, appelant ’’Croc de souffrance’’ dans sa main droite. Ses doigts enserraient la poignée de son épée si fortement que les jointures des phalanges en blanchirent. Un rien suffirait à retirer la vie de ce dévoyé à la Foi, qui se croyait dans les faveurs du Père de la Douleur. Un rien suffirait pour qu’il prenne la décision définitive sur sa vie, ou qu’il ordonne à son Lieutenant, déjà prêt à agir sous ses ordres ou à la moindre nouvelle tentative offensive d’Abel

Abel libéra un rire de dément, ouvrant les bras, éructant après ses élucubrations que la vie est une souffrance et une constante épreuve. Après quoi, ce fut la voix du Roi qui porta en écho contre les murs qui bordaient la rue.

’’Assez ! ‘’

Le Lieutenant, à ses côtés, avait frémi à cette autorité, ses hommes avaient carrément sursauté.

’’A genoux devant ton Roi ’’ ordonna-t-il à l’Inquisiteur. Un étrange sourire glacial marqua ses lèvres. Si Abel pensait avoir gagné….Le combat physique n’avait pas abouti à la soumission à aucun des deux parties ; selon le souverain. Alors pour ce combat là, car on pouvait le voir comme un affrontement d’orgueilleux entre les deux hommes, Abel avait intérêt à obéir à l’ordre royal ; vu qu’il avait affirmé être loyal envers lui. Son épée était toujours dans sa main, les doigts serrées de hargne dessus.

’’Le Père de la Souffrance, notre Père à Tous, nous met à l’épreuve tous les jours et tu as eu la tienne d’épreuve, ce soir même. Il m’a imposé la mienne à Sa Manière, mais pour toi…il T’a éprouvé et tu as cru comprendre ses Paroles et ses Prêches. Je ne vais pas l’Insulter en te tuant. Tu ne mérites pas la mort que tu cherches à avoir pour accomplir sa Volonté à ses Côtés. La vie est faite d’épreuve et par tes mots et ton attitude, tu nous mets tous à l’épreuve. Et de manière indigne, tu interprètes ses Mots pour mettre le doute dans nos Cœurs. ‘’

Il rengaina son épée au fourreau, prenant u visage déterminé et froid. Il n’avait plus son sourire aux Lèvres

’’Ecoute la nouvelle épreuve que tu devras affronter pour répondre de tes actes envers Notre suprême de la Douleur, notre Royaume et ton Roi. Moi, le Souverain Zmeï Nebojsa, gouvernant les hommes en son Nom, décrète dès l’instant que l’Inquisiteur Kovacs soit déchu de son rang et ses devoirs d’inquisiteur pour être simple sujet. Il lui sera interdit de pratiquer la magie de la Souffrance tant qu’il n’aura pas prouvé qu’il est digne de redevenir Inquisiteur. Voilà ton épreuve ! Voilà ta souffrance à offrir à Notre Père ! S’il juge que ma décision ne lui complait pas et que je bafoue son serviteur, Il me jugera de Lui-même en m’apportant l’Epreuve et la Punition à subir en châtiment. En attendant, fais Pénitence, Abel des simples chez les simples ! ‘’

A ces mots, le Roi ordonna au jeune soldat qui frémissait depuis tout à l’heure de ramasser le haut de son armures et ses autres parties supérieures étalées par terre. Une odeur fétide émanait de sa personne tremblante. Il avait du se faire dessus… Zmeï retint un reniflement et s’adressa à l’officier.

’’Mettez moi ça en prison… et qu’il participe aux récurages des égouts, histoire de partager un peu de souffrance en côtoyant des hérétiques. ‘’

Il s’adressa une dernière fois à Abel.

’’Je reviendrai sur ton sort dans quelques semaines, pour voir si tu te seras montré digne à mes yeux pour redevenir inquisiteur.... .’’

Le rire de l'inquisiteur résonnait encore dans la ruelle sombre lorsque la voix remplie de colère du roi coupa net à son rire. Baissant les yeux, il attendait le coup fatal qui l'enverrait dans l'autre monde, rejoindre le dieu des dieux qu'il avait toujours fidèlement servit. Cependant, le coup ne vint jamais. Son roi choisit plutôt de se prémunir du peu d'autorité qu'il avait encore devant Abel en exigeant qu'il s'agenouille devant son roi. Abel, souriant de manière mauvaise, comme à son habitude, choisit d'écouter le souverain, à la stupéfaction des soldats qui se tenait près à intervenir pour défendre le roi du royaume de Teider. Cependant, Abel avait obéi. Maintenant agenouillé devant le roi, il inclina sa tête, cachant son visage derrière un rideau de cheveux blonds et gras, souillé de sang et de sueur par le combat. Il écouta sans répondre son roi qui le condamnait, ne faisant que confirmer aux yeux de l'inquisiteur ce qu'il pensait déjà. L'homme devant lui avait-il vraiment été choisi par le père de la souffrance en personne? Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête et s'il avait écouté la voix au fond de son âme souillé par la foi, il aurait immédiatement porté un coup fatal au monarque. À cette distance, il lui restait suffisamment d'énergie pour le faire.

Il lui suffisait d'une blessure. De verser encore un peu de son sang d'inquisiteur. Mais alors qu'il allait se relever pour achever celui qu'il voyait maintenant comme un souverain indigne, il resta sur place. Fatigue? Faiblesse due au manque de sang? Intervention du père en personne? Il ne saurait le dire, mais à cet instant, il fut incapable de bouger pour mettre en place son sinistre plan. Il avait toujours appliqué les règles et les paroles du père à la lettre. Il avait grandi dans les saintes écritures. Comment pouvait-il se tromper, surtout face à ce roi qui semblait n'avoir jamais réellement souffert pour le père? Ou alors, était-il réellement plongé dans les limbes d'un orgueil mal placé? Il n'était pas prêt à accepter qu'il eût trahi le père, c'était impossible. Mais sa certitude était suffisamment ébranlée pour qu'il accepte son sort. Il se contenta de dire de sa voix caverneuse.

-Comme il vous plaira, altesse.

Puis, sans un mot, il se remit sur pied et récupéra son équipement avant d'aller rejoindre les soldats qui l'observaient toujours avec méfiance. L'officier voulut poser sa main sur lui, mais il recula en lâchant un hurlement de douleur, sa main tâchée du sang de l'inquisiteur attaqué comme s'il avait plongé la main dans un bain d'acide. Il réussit à chasser la douleur en nettoyant en vitesse sa main avec sa gourde et Abel commenta.

-Je ne connais le chemin, nul besoin de me toucher, lieutenant.

Puis, il avança, gardant la tête haute et laissant derrière lui quelques goutes de sang sur son corps qui commençait déjà a cicatrisé. Il prendrait cette punition comme une chance de méditer et d'étudier à nouveau les saintes Écritures qui ne le quittait jamais. Il avait beaucoup à penser et cet isolement loin de tous était une chance en quelque sorte. Faire pénitence? Il fallait pour cela qu'il admette avoir commis un crime envers la foi et il en était encore très loin. Qui était véritablement le roi? Qu'elle était ça place? Voilà des questions qui méritaient une réponse et il ne se contenterait pas de la parole d'un enfant qui au départ avait joué les voleurs enroulés dans une cape de voyage. Ses réponses, il devait les trouver seul. Les pas de l'inquisiteur quittèrent finalement l'allée, laissant le roi seul avec ses pensées et sa colère. Celle d'avoir, pour la première fois de sa courte vie, été défié par un membre du clergé qui remettait sa statue et son usage des magies interdites en cause.

la colère sourdait encore l'esprit du jeune souverain. Le Lieutenant, avait ordonné à deux de ses hommes de rester avec le souverain. Même s'il n'avait pas ordonne à avoir une escorte, l'officier avait joué d'anticipation, en accomplissement un de ses devoirs envers la Couronne. Puis, la patrouille emmena Abel, comme ordonné par le Roi.

Une fois le prisonnier parti, sans adresser le moindre regard à ses deux soldats d'escorte, Zmeï récupéra ses effets personnels, prenant le temps de les remettre sur lui. L'acide qui avait brûlé sa peau avait cessé de faire effet depuis longtemps, mais la brûlure pulsait dans ses chairs. Peu lui importait cette souffrance, elle était minime en comparaison de ce qu'il avait déjà subi. Il aurait capté les songes de son antagoniste, il en aurait sans doute eu un rire jaune. Peut être qu'il ne connaissait pas la souffrance comme l'abordait Abel avec le pouvoir donné par le Père de la Souffrance pour le Servir, et ce depuis bien des années, mais le Roi affrontait d'autres formes de douleur, d'autres souffrances que ne pourra jamais appréhender l'individu dénommé de ses titres d'inquisiteurs. La souffrance n'était pas que physique, elle revêtait d'autres formes, plus invisibles, plus subtiles, qui entamaient la profondeur même de l'âme et l'esprit. Mais le jeune homme ne captera pas les pensées de l'individu. Il s'occupait à remettre son plastron d'écailles argentées une fois sa chemise matelassée, serrant les fixations comme elles étaient serrés précédemment. Seul la cape délabrée demeurera par terre, seul témoin quasi détruit dans cet affrontement.

Sans mot dire, d'un pas déterminé, le Roi s'en retourna vers son palais, avec quelques brides de commandements à donner, vis à vis des Inquisiteurs. Les plus gradés allaient avoir du travail, pour rappeler certains points essentiels dans leurs comportements.


5 mars 2001

Quelques semaines étaient passées. Le roi, dans sa salle du trône, terminait de converser avec un de ses ministres, sur des affaires courantes. Après avoir lu quelques papiers officiels, d'un regard sérieux et attentif, le roi venait à peine de tendre les rapports que le portes de l'entrée principale. Le roi se tourna et se retint de sourire froidement. Il congédia son ministre, se tourna pour voir les nouveaux venus. Il avait ordonné qu'on le mène à lui, l'individu qu'il avait affronté dans les ruelles y a une bonne vingtaine de jours. Abel, cet homme a qui il a retiré ses privilèges d'inquisiteur... Il arrivait devant lui, les mains enchaînés et encadrés par quatre gardes royaux.

Zmeï ne sera pas en armure comme à leur première rencontre, mais portera son ensemble royale, de teinte sombre, voir tirant sur le noir, mais le tout est agrémenté de broderie fine et argentée, qui marquait la position du jeune dirigeant de Teïder. La couronne impériale ceignait son front.

''Abel des simples parmi les simples ''Dit-il, son visage impavide et les sourcils légèrement froncés par le sérieux de ses taches royales du jour. ''Je ne t'ai pas oublié.... ''Puis, il croisa ses mains dans le dos, prenant une posture ''Alors.... As tu parcouru le chemin que ton âme et ton esprit aspiraient à avoir sans que tu en avais conscience ? ''

le terme pénitence n'était pas à ses lèvres... le gardait-il pour après, ou s'était-il avisé quand à l'emploi de ce mot ?

Les cellules de la prison de Teider n'étaient pas un endroit franchement recommandable. C'était un endroit insalubre ou une odeur d'urine, de sueur, d'excrément et de moisissure flottait constamment dans l'air. Le dénommé Abel Kovacs, ancien inquisiteur du culte du père de la terreur et ayant presque commis un régicide, croupissait dans une cellule. Il n'était pas menotté, car il n'avait pas cherché à se débattre, mais les gardes le surveillaient jour et nuit. Les inquisiteurs maniant la magie du père étaient dangereux et Abel, même au fond d'une cellule et habillé de loque, ne faisait pas exception à la règle. L'homme d'une trentaine d'années restait pour assis au fond de sa cellule, les yeux fermés sans bouger. Il ne touchait pas à ses repas depuis trois jours et ne buvait que de l'eau. Les ordres du roi avaient été clairs, mais les soldats préfèrent le laisser dans sa cellule, de peur d'un débordement s'ils tentaient de l'envoyer auprès des hérétiques pour travailler. Tous n'avaient pas la force du roi. C'est au bout du quatrième jour de détention d'Abel qu'un homme vint lui parler. Ce n'était pas un garde pourtant.

C'était un vieil homme, portait la longue robe des prêtres de la douleur ainsi que portaient plusieurs bijoux magiques. Sa main tenait un sceptre finement ouvragé et son regard presque triste fixait l'ancien inquisiteur. D'une voix que les années avaient rendue terne et rauque, le haut prêtre du culte prononça.

-C'est donc vrai... Tu as attaqué notre roi...

Abel bougea faiblement et leva son regard dément sur l'homme qui l'avait pourtant élevé comme un père l'aurait fait. L'ancien inquisiteur ne répondit pas, ça aurait été inutile. Il se contenta de hocher la tête. Le prêtre soupira longuement avant de s'assoir sur une chaise qui était installée devant la cellule.

-Abel... Tu as toujours été trop sanguin... Les enseignements du père nous poussent à chercher la sagesse dans la douleur. Toi, tu l'infliges avec plaisir, mais tu n'en tires aucune sagesse.

Abel grogna et finit par prendre la parole.

-Le roi use d'une magie hérétique, mon père. Notre dieu...

-...À nommer le roi pour le représenter sur terre, mon enfant.

Compléta le prêtre. Ce dernier secoua mollement sa tête, ses longs cheveux gris glissants sur ses épaules frêles. Les années avaient abimé cet homme qui pourtant, avait été aussi solidement battit que l'inquisiteur à une époque.

-Notre père dans sa sagesse nous enseigne que la souffrance est une épreuve. Et comme toutes les épreuves, tu dois en tirer des enseignements. Le roi n'utilise pas une magie hérétique, il utilise les moyens que notre père lui a donnés pour gouvernement. Nous ne sommes que ses serviteurs et n'avons pas le droit de le juger. Seul notre père peut châtier le roi. Tu comprends ça, Abel?

Un nouveau grognement se fit entendre, mais le prêtre hocha la tête, considérant ce simple bruit comme une affirmation de la part de l'inquisiteur.

-Tu aurais pu être tué, mon enfant. Le roi aurait dû te tuer. C'est le sort réservé à ceux qui s'en prennent à lui. Mais il t'a épargné. Que comptes-tu faire?

Abel sourit cruellement derrière son rideau de longs cheveux gras et souffla.

-Va savoir...

Le prêtre soupira une nouvelle fois.

-Écoute mes paroles, mon enfant. Continue de faire pénitence et accepte ta place dans le monde. Je ne voudrais pas voir mourir l'un de mes enfants. Il est trop tôt pour que la déesse te prenne. Alors, accepte la vérité et la sagesse du père. Et accepte la place de notre roi.

Ce fut au tour de Abel de soupirer.

-Bien, mon père. Je comprends.

Le vieil homme sourit, mais tourna les talons et quitta la prison. Abel s'appuya contre le mur et retourna à sa méditation, se promettant de suivre les conseils du seul homme qu'il considérait comme une famille dans ce monde froid et cruel.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Abel marchait, tenue en laisse par les fers de ses menottes. Portant la même tenue que lors du combat, ne s'étant visiblement pas changé ou lavé depuis, l'ancien inquisiteur s'agenouilla devant le roi, sous le regard des gardes. Il écouta la question du roi et prit une profonde inspiration avant de répondre, de sa voix caverneuse.

-Notre roi est le représentant du père sur terre et les simples mortels que nous sommes n'avons aucun droit de le juger. J'aurais du chercher à vous identifiez et jamais je n'aurais du vous attaquez durant cette nuit. Je vous appartiens, mon roi. Corps et âme.

Il garda la tête basse alors que les deux soldats s'observèrent avec un étrange regard. L'ancien inquisiteur avait visiblement compris sa leçon et avait, pour le moment, choisi d'accepter que son roi était au-dessus de tous. Lui comprit.

Le jeune Roi n'avait pas cillé quand le prisonnier s'était agenouillé devant lui. Point de savoureuse satisfaction d'avoir un point de domination sur Abel. Il arborait juste un visage presque indéchiffrable ; celui d'un souverain sûr de ce qu'il voyait, confiant dans les décisions qu'il prenait. Il n'était pas le roitelet croisé dans les bas fond de la cité, qui était plus en recherche d'activités nocturnes grisantes, mais bien le roi en lieu et place, abordant un de ses sujets dissidents. Quoi d'autres pouvait être Abel après tout, après l'avoir attaqué dans les rues ? Chose certaine était qu'il écouta silencieusement la réponse du prisonnier à sa question.

Et là.... Le roi ne souffla mot, se contentant de regarder le pénitent. L'était-il vraiment ? Il aurait pu afficher un sourire mesquin. Il pourrait se moquer, voir le rabaisser. Pourtant, rien de tout cela ne sortit de ses lèvres ou ne frôlait son esprit. Aurait-il tiré une certaine leçon de leur rencontre ? Possiblement. Chose certaine était que Zmeï, en tant que Roi de Teïder, ne pouvait que progresser pour servie le Très Haut. Après, il y avait certains apprentissages qui laissaient un arrière goût amer. Mais cela, il ne le dira jamais ouvertement. Et encore moins en songeant à la personne responsable de la dite leçon.

Zmeï fixait toujours l'être enchaîné, affublé de deux gardes.

''Ce que tu énonces, est-ce réellement sincère ? Est ce que cela ressort de ton âme même ? ''

Quelques secondes de silence.

''Tu appartiens corps et âme à notre Père de la Souffrance, notre Père à tous, au royaume de Teïder et au Roi. Servir sur tous les plans est une épreuve que nous impose Notre Père, pour nous forcer dans la souffrance de l'esprit, qui est une souffrance délaissé au profit de la souffrance physique. N'as tu pas ressenti du trouble dans cette épreuve, Abel ? Le doute, tes interrogations ? Le corps souffre beaucoup mais la souffrance de l'esprit et de l'âme, elle est là. Elle n'est pas à ignorer. Nous tous, négligeons cette souffrance et Notre Seigneur nous la rappelle à travers toi. ''

Nouveau moment de silence

''Le comprends tu ? ''

Abel était toujours agenouillé devant son roi, le maître suprême du royaume de Teider et choisi par le père de la terreur en personne, selon la légende. Était-ce la vérité? En tout cas, le maître à penser de Abel semblait le croire et l'homme d'une trentaine d'années n'ayant jamais rien connue d'autres, ne pouvait que le croire sur parole. Ses mots étaient donc soigneusement choisis et sincères dans la mesure du possible. Il restait pour l'inquisiteur encore beaucoup de question sans réponse qu'il faudrait élucider un jour, mais pour l'heure il devait croire. Croire en son dieu, en son roi et en son royaume. Le haut prêtre avait raison. Si même l'inquisition se permettait de remettre en question le roi, l'anarchie et le chaos menaçaient le royaume. Qu'il soit d'accord ou non avec les façons de faire du roi, il n'avait aucun droit de le critiquer ou de le défier. Aussi, après avoir laissé le roi parler, il répondit en gardant la tête basse.

-Oui, mon roi. Je suis sincère. Et je comprends que les épreuves du père doivent être vues sous cette forme aussi.

Il hésita quelques secondes et osa lever son regard sur le roi qui le fixait froidement, comme s'il n'avait été qu'un moins que rien. Une tache de boue sur ses magnifiques bottes. Et c'était sans doute le cas dans son esprit. Après tout, il avait défié le roi en personne, l'avait attaqué et ne s'était rendu qu'après avoir et attaqué par les soldats du roi.

-Mon seigneur, permettez-moi de reprendre mon service au sein de la sainte inquisition. Je sais que je n'ai aucun droit de vous demandez cette faveur, mais c'est mon seul désire. La seule chose que je sais faire.

Encore une fois, il était honnête avec Zmei. Il ne savait rien faire d'autre, prisonnier comme beaucoup du cycle religieux de Teider.