18 Novembre de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

Cela faisait quelques mois que le duché d’Ardnath, un duché petit proche de la taille de celui d’Inveïs, avait été récupéré par son précédent propriétaire. Certains diraient peut-être « légitime » propriétaire, mais comme dans les duchés cette notion ne voulait pas dire grand-chose en soit… Après tout, était légitime à posséder un duché, celui capable de le prendre et de le conserver, que ce soit par la force ou la ruse. Évidemment, dis comme cela ce n’était pas rassurant et sans doute assez cynique, mais bon les duchéens n’avaient pas une grande tendance à l’altruisme et idéalisme dirons-nous, ou alors ces deux qualités étaient exercées prudemment.

Quoiqu’il en soit, même si les temps étaient compliqués pour l’extrême nord des Duchés, là où était situé Sarassi notamment. Il restait, qu’elle avait aidée il n’y a pas si longtemps que cela à la reprise du duché plus au Sud par son ancien propriétaire et qu’elle avait décidée qu’il ne lui coûtait rien de venir voir ce qui se passait et peut-être offrir un certain soutien.

Bien entendu, elle avait prévenue de sa visite, à l’aide d’un mage de vent spécialisé dans le domaine, après tout pourquoi s’amuser à envoyer des pigeons, lorsque la magie pouvait faciliter les échanges ? Ne lui restait plus aujourd’hui qu'à se présenter à la capitale du Duché encore en pleine restauration, pour être accueillie par la garde ducale, ou celle urbaine…

Elle n’y était pas allée à pied évidemment, même si elle avait décidée de s’y rendre seule. C’est ainsi sous la forme d’un petit griffon, qu’elle atterrit devant les portes de la capitale avant de reprendre sa première forme, celle de la grande et belle kitsune vêtu d’un kimono qu’elle était. Bien entendu on vint vite l’accueillir ensuite, pour la mener vers le duc, qui devait sans doute être prêt à la recevoir ?

L’air était frais au sein du Duché, même si le soleil était éclatant dans les cieux. L’hiver approchait déjà et avec lui, le ballet annuel des feuilles rougies, jaunies, dorées par l’ensommeillement des feuillus et de nombreuses autres plantes qui se paraient pour passer l’hiver sans feuillages, sans fleurs, sans autre partie végétale susceptible d’être mordue et détruite par le gel ou la neige. Il faisait encore beau et on voyait bien que du monde s’affairait à réparer le domaine principale du Duché d’Ardnath, récemment repris par Peddyr, le légitime Duc de cette contrée.

Enfin légitime… Au sein des Duchés, les terres faisaient yoyo parmi les puissants capables d’annexer, prendre ou usurper un territoire et un titre pour asseoir leur pouvoir. Par le passé, Peddyr avait perdu sa place dans une bataille qui l’avait laissé pour mort. Durant des années, il avait vagabondé comme un mercenaire, non sans avoir une assez bonne réputation sur ses qualités de combattant remplissant les contrats qu’’il prenait. Mais maintenant, cette vie là se terminait. Il avait combattu avec des alliés pour reprendre ce qui lui était sien par le passé. Et maintenant, il avait tellement à faire. Il fallait réparer les remparts mise à mal durant la bataille, revoir la production locale pour la rendre plus performante et voir comment les habitants avaient été taxés durant tout ce temps où l’usurpateur avait dominé le Duché. Peddyr savait qu’il y aurait beaucoup à faire, et surtout…. Veiller à ce que les gens aient de quoi passer l’hiver, car il n’avait pas eu encore de rapport complet sur les réserves de chaque village environnant. On ne pourrait pas les blâmer de garder quelques denrées bien cachées pour eux, au vue de ce qui avait pu se passer… et la brève petite guerre qu’il avait provoqué avait du contraindre à des réquisitions. Heureusement, il disposait encore quelques argents de réserve, ainsi qu’un petit bénéfice qui lui rapportait la mine d’argent offerte par Akkaton (les taxes payées bien entendu). Une petite partie avait déjà été dépensés dans les réparations et la résolution de quelques litiges locales.

Le Duc était au sein d’un simple bureau, dans la citadelle, lisant les rapports qu’il avait reçus de la veille et de ce matin. Il finit par se frotter les yeux et quitta la chaise qu’il occupait déjà depuis plus d’une heure… Par les cieux, il avait oublié à quel point il était fastidieux de gérer un domaine, même s’il n’était pas de grande taille. Il se préparait à se servir un peu de vin quand on lui annonça la venue d’une transformiste. Peddyr demanda à la laisser venir jusqu’à lui. Il avait été prévenu de sa venue, mais pris dans ses affaires, il l’avait quelque peu… oublié. Il en profita pour s’arranger un peu, car il n’était guère présentable ; simplement vêtu comme un mercenaire qui n’était pas paré pour faire une mission. En somme, en simple tunique, pantalon et bottes, l’épée rangée au fourreau noué à sa ceinture.


Quand elle vint, Peddyr s’était approché d’elle, pour lui offrir un accueil des plus ducales. Il s’inclina devant elle, tout en la saluant.


’’Dame Osami, je suis heureux de vous revoir. Pardonnez ma tenue, j’ai quelque peu négligé votre venue. J’espère que vous avez fait bon voyage. Souhaitez vous que je vous serve un verre de vin ? ‘’

Le duché d’Ardnath était petit, mais charmant. Elle se demandait par contre comment se passerait le règne de son nouveau duc au cours des prochaines années. Quels soucis seraient les siens ? Quelle prospérité serait celle de ses sujets ? Après tous les Duchés du Sud étaient une terre changeante, où l’on pouvait autant devenir excessivement riche par le commerce et les intrigues, que vite mal finir. Mais nul doute que s’il jouait bien son jeu, Peddyr Thelrand pourrait lui aussi devenir très riche. Certes son duché était petit, mais avec le commerce, l’exploitation des terres, le jeu du mercenariat et autres, sans doute que la mine d’Argent Akkatonienne dont aelle n’avait nulle connaissance, pourrait ne représenter qu’une source d’argent secondaire pour lui…

Quoiqu’il en soit, sans doute que pour sa part elle ne rechignerait pas à commercer avec eux, Sarassi après tout importait massivement de la nourriture par exemple, le territoire montagneux ne produisant passez assez à ce niveau pour subvenir aux besoins de ses sujets, mais pouvant en retour offrir bien des choses tirées de mines et reliefs escarpés… Ce qui rendait ce genre d'échanges commerciaux intéressants pour les deux partis.

Quoiqu’il en soit, cela se verrait ensuite, ça et certaines choses plus graves sans doute. En attendant elle se fit mener respectueusement au duc local qui l’accueillit dignement, et lui proposa bien entendu du vin. Ce à quoi la duchesse répondit en rendant le salut.

« Un verre de vin ? Bien entendu, ou de votre meilleur alcool local. » Glissera t-elle alors poliment, avant d’ajouter ensuite. « Salutations quoiqu’il en soit duc Thelrand, j’espère que vos nouvelles responsabilités ne sont pas trop prenantes ? Ne vous inquiétez pas pour votre tenue sinon. » Dit-elle aimablement avant de rajouter amusée.

« Vous auriez dû me voir quand je suis devenue duchesse presque du jour au lendemain, j’avais beaucoup de mal avec les choses comme la gestion administrative du territoire… il faut toujours un temps pour s’y habituer, ça et trouver un intendant qui ne pioche pas « trop » dans les caisses. » Car, sauf si l’on voulait gérer cela soi-même, il ne fallait pas s’attendre à ce que la personne à ce poste, ne se serve pas un petit peu. On était dans les duchés après tout, un pays où les gens préféraient l’argent à la foi, entre autre.

« Quoiqu’il en soit, j’étais venu parler commerce avec vous entre autre, mais aussi mercenariat ? Disons que comme vous le savez, il vaut mieux toujours entretenir des forces à lever si besoin. Et Ardnath, a sans doute besoin de forces armées, autres que des milices paysannes levées en urgence. » Du moins si Peddyr comptait rester longtemps duc. Et évidemment dans les duchés, quand on parlait de forces armées, on parlait de mercenaires...

Peddyr n’était qu’au début de sa reprise en main d’un Duché qui avait été une part de son passé oublié. Lentement mais sûrement, il avançait dans la longue tâche qui était la sienne, à savoir de gouverner Ardnath comme il se devait. Certes, ce Duché était d’une taille moindre par rapport à d’autres plus puissants, plus anciens, qui voyaient eux aussi aller et venir leur tête dirigeante. Mais le vieux mercenaire était bien décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds cette fois, ou à fuir ses responsabilités. Il avait fui que trop longtemps l’homme qu’il avait toujours été. Oh, il n’omettait pas l’indécision qui avait été sienne durant des mois, avant de se résoudre à saisir le chemin qui s’était présenté. Maintenant, il était Duc. Et il devait agir comme tel. Ou presque. On n’effaçait pas en quelques semaines ou quelques mois de longues années de mercenariat, avec une solide réputation derrière. Bon nombre de ses anciens commanditaires pourraient penser que l’acquisition du Duché s’était faite comme à l’accoutumé dans ces contrées… Dans un sens, il avait fallu passé par la guerre pour reprendre ce qui était sien. Et maintenant, il partageait un moment de répit avec la venue de la Duchesse Nakajima, désormais jeune allié et potentiellement partenaire commerciale

’’J’ai bien une petite carafe d’une petite variante cidre, mais il vient d’une tentative de fermentation qui l’a un peu trop soit peu allégé. Un jus de pomme qui pétille sur la langue, rien de plus. Mais passons. Ce n’était qu’une petite anecdote. Je vais vous apporter un verre de vin. ‘’

Il s’était rendu vers la table toute proche, où se tenait en plus de la petite carafe en étain évoquée pour le cidre, une bouteille de verre marron, bien sombre pour protéger son contenu de la lumière du jour. Il servit deux verres et en apporta un à la jeune femme. Il ne put s’empêcher de passer par la suite une main dans sa chevelure grisée pour la remettre un peu en place

’’Je ne peux nier que maintenant, je ne suis plus dans l’insouciance de ma vie d’avant. Il me faut retrouver des habitudes de gestion et administratives que je n’avais plus faites depuis bien des années. Savoir que je ne suis pas le premier à passer par cette étape à de quoi me rassurer. ‘’

Il s’était permis un petit sourire. La Duchesse avait au moins l’avantage d’être plus jeune, donc plus attentive et réactive à des choses nouvelles. Elle avait plus d’aisance à apprendre et réapprendre. Lui, il devenait vieux et se demandait dès lors, s’il aurait encore la force et le mental d’aboutir à ses nombreux souhaits pour son Duché ; et au-delà.

’’Je joue moi-même l’intendant pour l’instant, pour m’assurer de voir tous les rouages et toutes les magouilles possibles quand je viendrais à en nommer un. Qui sait, j’en trouverai un de très loyal… Mais nous sommes dans les Duchés, c’est une perle rare que je risque de ne jamais trouver’’

Il avait encore le temps. Quand Ardnath tournera mieux, là il verrait pour désigner quelqu’un à ce poste.

’’Ardnath n’a pas encore les moyens d’entretenir une petite troupe de mercenaire. Quand ce sera le cas, je pourrai regarder à cela. Je sais que je ne dois pas négliger ce fait, mais je ne voudrai pas imposer à mes sujets un effort de guerre alors qu’ils viennent d’en subir un. Et les cicatrices peuvent être longues à panser. De plus, je ne doute pas un seul instant que mes possibles adversaires préfèrent attendre de voir comment mes alliances du moment vont se tenir. A savoir perdurer ou s’amenuiser. Avec cela, j’ai encore du temps… et vu que cela remue un peu aux frontières des autres Duchés….Mais je ne suis pas fermé à la négociation, Chère Duchesse, puisque nous avions convenu de parler commerce et tout ce qui est lié ’’

Il leva son verre de vin, comme pour porter un simili toast

’’Votre venue en tout cas, est un réel plaisir. A votre santé, Ma Dame’’

D’une certaine manière la reprise d’un duché n’était pas un évènement si rare en ces terres. Enfin, d’un duché si, mais d’un comté ou une baronnie moins. Après tout les duchés restaient des morceaux plus ambitieux du territoire Duchéen. Quoiqu’il en soit, la duchesse serait curieuse de voir comment le nouveau, ancien duc ? Allait se faire à la vie de la haute bourgeoisie duchéenne, après tout, de gré ou de force, il venait à nouveau d’y entrer...

« Tant que c’est de bonne qualité je ne suis pas bien difficile, et je n’ai rien contre ce qui est peu alcoolisé, mais de toute façon, l’alcool ne fait rien aux transformistes de mon niveau. Donc n’hésitez pas à m’en servir. » Glissera t-elle amusée, il est vrai après tout qu’elle était immunisée à la chose. Ce qui pouvait être assez pratique en faîte. La drogue aussi techniquement, mais elle n’était pas trop de ce bord là…

« Il est vrai que le montant de paperasseries à gérer, et de sociabilités à entretenir va être plus exigeant que pour votre ancienne vie de mercenaire. Mais, on devient rarement duc ou comte, sans avoir prévu cette idée avant. » Glissera t-elle sinon amusée, il est vrai que ce n’était pas une position permettant de se la couler douce, notamment si on voulait accomplir certaines choses, ou au moins s’enrichir.

Quoiqu’il en soit, elle aurait presque envie de lui demander comment il comptait gérer sa succession au vu de son âge, mais en soit c’était son problème et assez intime. Puis qui sait ? Peut-être avait-il une fille ou un fils caché ? Ou alors il devrait offrir son titre à quelqu’un d’autre, mais quoiqu’il en soit vu son âge. En effet, sans doute s’y penchera t-il de lui-même.

« Gérer l’intendance soi-même est aussi une idée. Il faut juste savoir déléguer les tâches qu’on ne sait pas ou qu’on ne veut pas faire, de peur d’être surchargé sinon. Mais bon, c’est là les tracas de tout gouvernant je suppose. Du moins c’est encore le miens. » Après tout, personne n’était omniscient et omnipotent…

« Vous n’avez pas les moyens ? Qui va donc gérer les brigands ? Les bêtes sauvages possiblement ou vous défendre si quelqu’un décide de faire un prochain coup d’état ? Je ne parlais pas d’engager une vaste cohorte, mais le minimum nécessaire au moins à assurer ce genre de choses. » Elle n’avait pas après tout parlée forcément d’en engager une légion entière pour la guerre, mais en effet rien que pour la gestion de la paix civile ou comme force défensive, il était bien d’avoir un minimum de mercenaires sous ses ordres. Surtout que Ardnath aussi devait en produire. Quoiqu’il en soit, esquissant un sourire, elle but sinon son verre à l’invitation du duc, avant d’ajouter.

« Je bois à votre santé évidemment, puisse votre duché prospérer. » Avant d’ajouter une fois ceci fait.

« De ce que je devine votre duché, est plutôt bon producteur au niveau agricole ? Que ce soit de nourriture commune, ou de biens plus rares et luxueux ? Vendez vous aussi des produits issues de cela comme des tissus ou des teintures ? » Visiblement elle voulait commencer la discussion commerciale, en demandant au récent duc, ce que son domaine pouvait exporter aux autres duchés, comme le sien.

Peddyr ne put s'empêcher de rire à nouveau.

''Il sera de bonne qualité, mais je ne voudrai pas que vous repartiez de mon domaine avec une bouteille entière bue à vous seule. On pourrait penser que soit j'ai cherché à voir si vous êtes bien imperméable à la gueule de bois, soit que j'ai voulu noyé votre estomac pour l'entendre gargouiller jusqu'au retour à votre habitation''

Entendre ''floc floc'' dans le ventre d'une invitée repartant à son Duché aurait de quoi faire rire bien des gens dans les tavernes du coin, voir même provoquer une histoire salace à narrer après une bonne beuverie entre amis paysans. Mais heureusement, cela n'arrivera pas.

Osami demeurait sérieuse dans ses propos, malgré le ton amicale et avenant qu'elle employait. Peddyr comprenait parfaitement son inquiétude, bien que dissimulée. Heureusement, elle leva son verre pour trinquer avec lui, tout en rebondissant sur une approche un peu plus économique. Connaître les denrées produite par le Duché d'Ardnath était un des points essentiels de sa venue, de prime à bord. Peddyr avait besoin de rétablir des échanges commerciaux, autant pour permettre une rentrée d'argent plus conséquente pour son domaine, que pour assurer une meilleure prospérité pour ses gens. Des individus qui exerçaient des professions ingrates, physiques, qui demandaient des heures et des heures de travail, si elles avaient un juste retour, cela ne pouvait qu'apporter bonheur et plaisir à contribuer à faire vivre sa famille, voir des perspectives d'avenir... Donc autant une meilleure envie de produire quelque chose de plus encore, de s'agrandir et pour le Duc nouvellement en place, d'éviter à devoir gérer des plaintes et des risques de révoltes. Mais dans la balance, il courait le risque d'attirer des envieux, et de provoquer quelques jalousies. De toute façon, les Duchés étaient ce qu'ils étaient : un vrai univers composés de requins en tout genre capable de s'entredévorer pour avoir la plus grosse part. A cela, Peddyr but d'une traite son verre. Il se rappela qu'Osami était présente.

''Hum, pardonnez moi. Une mauvaise habitude....''

Il se resservit, s'excusant encore, avant de reprendre la parole.

''La paperasserie, l'intendance... c'est comme le cheval je présume, cela finit par revenir et on retrouve certaines habitudes. Quand à déléguer les charges, ca viendra en son temps. Autant parce que je devrai passer à d'autres priorités que de trouver les bonnes personnes, celles de confiance, celles qui ne seraient pas à la botte de d'autres Ducs... vous connaissez la chanson. ''

Puis il joua un peu avec son verre nouvellement rempli. Il ne voudrait pas passer pour un affaibli, et encore moins un Duc qui ne savait pas ce qui l'attendait.

''J'ai juste affirmé que je n'avais pas les moyens pour recruter des mercenaires convenables. J'ai quelques ressources pour fabriquer des armes et voir pour former quelques gens au maniement. Au début, ce sera moi qui formerait quelques capables. J'ai été mercenaire, mais j'ai eu l'occasion de dispenser quelques leçons à quelques têtes blondes. Si un jeune homme ou une jeune femme a une prédisposition, pourquoi ne pas lui en faire bénéficier ? Pour ce qui est des bêtes sauvages, j'ai quelques idées en cas d'attaques. Aux dernières nouvelles, mon Duché n'en subit pas tant que cela... et pour les brigands, à moins qu'ils viennent ramasser les miettes, ils vont faire une approche prudente, se doutant bien que malgré nos forces réduites, on ne restera pas sans incapacité. ''
Il but une petite gorgée. Il était bon ce vin, quand on prenait le temps de le savourer par petite gorgée et non en une traite. Pour les coups d'Etat, ca aussi cela faisait partie des risques. Il veillerait à étendre des oreilles un peu partout dans les Duchés, dans les semaines à venir... au cas où....

''Le Duché produit bien des denrées agricoles. Le temps que tout soit de nouveau ordonné, les champs devraient être à nouveau productifs, une fois qu'on y appliquerait quelques petites astuces apprises durant mon mercenariat. Si vous saviez ce qu'on peut entendre dans les autres contrées...Pour des denrées plus rares, je n'ai pas encore fait l'inventaire de tout ce que mes gens savaient produire. J'ai entendu parlé de la production de quelques plantes médicinales un peu rares, qu'on arrive à produire sans trop de mal. Mais guère répandu. Pour des productions plus matérieless, nous avons du bois.. .pour les teintures, rien de bien luxueux, du classique. Par contre, j'ai quelques tisseurs qui arrivent à fabriquer du tissu en lin de très bonne qualité... ''

Il marqua une pause, réfléchissant un peu. Lui disait-il ou pas ? Elle l'avait aidé après tout.

''Dans mes biens strictement personnels, je peux mettre dans la balance quelques minerais d'argent...''

« Vous savez j’ai été mercenaire et je suis sportive très chère, vous seriez surpris de la quantité de nourriture que je suis capable d’ingérer, sans que cela ne me pose de problèmes… D’une certaine façon, je suis toujours mercenaire d’ailleurs, même si maintenant uniquement à mon compte. » Glissera Osami de bonne humeur et avec esprit à ce sujet, sans néanmoins en ajouter davantage.

Après tout, elle doutait que l’homme lui faisant face approuve la manière dont elle était devenue « duchesse », quoique lui l’était redevenu ainsi. Après tout, il n’y avait en général pas dix milles manières pour un général mercenaire, d’obtenir son propre domaine en ces terres, même si rarement ces derniers allaient jusqu’à tenter, de s’accaparer un duché tout entier…

Quoiqu’il en soit, le nouveau ancien duc, se perdit sinon un temps dans ses pensées, remarqua la duchesse renarde, ce qui amusa cette dernière, qui répondrait avec compréhension au vieil humain, lorsque celui-ci s’excuserait de cela...

« Prenez votre temps, je ne suis pas pressée. » Après tout, elle n’était pas venue ici pour repartir dans l’heure. Quant au sujet qu’il poursuivit, Osami glisserait avec amusement.

« Il y a des astuces pour ça, affranchir des esclaves compétents, recruter parmi votre population discrètement, déléguer à vos vassaux directs en les surveillant… De toute manière, vous trouverez votre façon de faire. Je ne vais pas vous dire comment j’ai fais pour ma part, cela risquerait de vous donner des idées. » Ce finit un peu taquine, peut-être aussi avec une dose de sérieux, mais bon c’était surtout de l’humour… Quant au sujets des finances et du commerce.

« Je pourrais peut-être vous « louer » des troupes si vous le désirez, mais je n’ai pas non plus beaucoup de soldats à vous envoyer, ils sont actuellement assez occupés. Enfin, je pense que de la milice vous suffira un temps oui, après tout on ne peut pas en permanence avoir sous ses ordres tout un ost de lames à vendre, surtout quand les finances sont à mal. Après... » Elle ajoutera avec réflexion. « Il n’y a pas que cela qui est nécessaire pour conserver le pouvoir, je suppose que vous n’avez pas hâte de recommencer le jeu des intrigues, n’est-ce pas ? » Pourtant ce serait ans doute inévitable…

« Mais, restons sur le sujet économique pour le moment… Vous avez du minerai d’argent ? Intéressant, mais je n’achète pas de minerai malheureusement, nous en produisons déjà, c’est l’avantage d’avoir un duché montagnard… Et ça compense les défauts de la chose. » Ce dit avec amusement, avant de reprendre avec plus de sérieux. « Nous achetons de la nourriture en bonne quantité, légumes, féculents, viande, ce que peut produire votre terre donc. Ainsi que, de quoi fabriquer des vêtements, ou des biens déjà conçus aussi. Vous avez pensé au vin sinon, tout ce qui peut faire de l’alcool ? Votre terre a l’air bonne très cher, les oliviers et vignes y pousseraient bien... » Achèvera t-elle avec un aimable sourire, ce avant de conclure avec réflexion.

« Vous désirez donc des armes ? Je peux vous en fournir des bonnes, faîtes avec le minerai des montagnes, par les meilleurs artisans de Sarassi, et nous comptons beaucoup de nains parmi eux… Voudrez-vous que je vous les fasse porter à crédit ? Après tout, il vous faudra le temps de cultiver la terre... » Oui, après tout, une économie agricole dépendait des saisons et du temps, et comme la prise de pouvoir avait été récente...

Peddyr l'avait regardé un poil étonnée d'un détail aussi peu important, pour ce qui était d'ingérer de la nourriture en quantité. Lui même était encore un peu mercenaire et il lui arrivait de pas manger totalement à sa faim, ou de manière raisonné, pour être à même d'accomplir des contrats, des contrats allaient s'avérer délicats dans les prochaines semaines, voir les mois à venir, le temps de reprendre en main son domaine reconquis. Il se permit une petite réplique amusée :

''Je comprends mieux pourquoi vous demandez ce que mon Duché peut produire. Si vous mangez plus que de raison, ce n'est pas un repas simple que vous faites, mais un banquet personnalisé''

Puis il écouta les dires de son invités. Il avait su tout cela par le passé, et de les entendre à nouveau réveillait bien des choses apprises avant d''avoir été sérieusement blessé par le passé. C'était sans doute pour cela qu'Osami était venue. Outre de proposer un début de traité commercial entre leurs deux Duchés, elle veillait à asticoter à sa manière des souvenirs et certaines façons de faire pour gérer un domaine. Peddyr n'avait pas affirmé qu'il savait tout cela. Il avait su tout cela, là était la nuance. Et puis il avait passé la moitié de sa vie à vendre sa lame.

Il regarda par la suite le contenu de son verre. Il y avait tellement à faire et il pourrait avoir des surprises rapidement.

''J'ai bien quelques petites idées en complément des vôtres en effet. ''

Il pourrait faire une réduction des impôts ducaux pour les habitants qui contribueraient ardemment aux tâches récurrents qui étaient faites d'ordinaire en compléments de ces levées imposés... Il devra voir pour en faire un parfait calcul...

''Je vais réfléchir pour votre proposition. Je sais que la situation n'est pas stable avec Teïder. Je ne voudrai pas vous accaparer le peu de troupes qu'il vous reste. Pour ce qui est de la partie économique donc. Dès que les productions alimentaires seront suffisantes pour des exportations, vous serez la première sur ma liste pour être fourni. Pour le vin, je n'ai pas encore fait l'état des lieux des vignoles. faudra attendre l'année prochaine, malheureusement. Quand à des oliviers... n'est pas des arbustes qui ne supportent guère le gel et la neige ? ''

Il but une petite gorgée de son vin avant de reprendre.

''Je vais voir pour les armes qu'il y a. Après la bataille, l'ennemi a laissé bien du matériel sur place, mais qui ne sera sans doute de qualité. Donc il me faudra en faire l'acquisition de nouvelles. Si vous me faites un crédit ? Ce serait à quelle condition, car il est possible que vous ne voyez pas les premiers rentrées tout de suite...

Visiblement le duc sembla un peu étonné qu’elle fasse preuve d’humour alors que lui aussi l’avait fait avant, sur un sujet un peu étrange, mais bon elle supposa que ça arrivait que chacun ait son petit côté bizarre, elle se contenta donc d’esquisser un léger sourire à l’adresse de son collègue et de laisser ce sujet de conversation s’éteindre, pour qu’ils poursuivent sur d’autres un peu plus sérieux. Et sincèrement, entre deux ducs des duchés, les sujets de conversation sérieux ne manquaient sans doute guère...

Quoiqu’il en soit, elle se demandait aussi d’où venait le rang de duc, des ducs d’Ardnath, cela l’étonnait disons qu’un territoire aussi petit, ressemblant plus à celui d’un petit comté ou d’une bien grande baronnie, mérite le qualificatif de Duché. Un territoire anciennement plus grand qui avait finit par diminuer pour diverse raisons, un prestige ancien et une source de richesse particulière ? Difficile à dire, mais elle se fit la réflexion qu’elle devrait sans doute s’informer à ce sujet, même si évidemment ce n’était guère sa grande priorité du moment…

« Le territoire des Duchés est doux en hiver mon ami, en général, certes il ne vaut mieux pas planter des oliviers vers la fin de l’année, mais je ne vois pas pourquoi votre territoire plus qu’un autre aurait du mal à entretenir ce genre de cultures, alors qu’il serait capable d’entretenir des vignobles. » Glissera sinon Osami amusée à ce sujet, en vérité c’était plus les étés qui étaient désagréables dans les environs, mais bon… Quoiqu’il en soit elle rajoutera aimablement. « Quoiqu’il en soit, c’est bien pour la production agricole, je vous l’achèterai à prix honnête... » Avant de reprendre ensuite concernant le matériel trouvé sur l’ennemi et celui à acheter.

« Vous pourriez toujours faire refondre leurs équipements, surtout les armures, pour en faire fabriquer de nouvelles ? Ce ne sera guère suffisant, mais ce sera déjà un bon début… Quant au crédit ma foi, vous me le rembourserez annuellement quand votre duché se portera mieux ? Ou bien nous trouverons un arrangement économique quelconque quand vous vous porterez mieux, comme la réduction du prix de certaines marchandises... » Glissera Osami aimablement sinon, avant de conclure ensuite pensive.

« Et sinon avez vous d’éventuels projets pour l’avenir, votre duché ou ailleurs ? Je ne sais pas, une impression que vous n’avez pas forcément juste envie de vous contenter de ça. » Disons que de base, quelqu’un manquant d’ambitions, n’aurait peut-être même pas tenté de récupérer son ancienne possession...

’’Le territoire des Duchés est certes doux, mais si je me rappelle bien, pardonnez moi si je ne trompe, il faut du temps pour que des oliviers produisent en suffisance… c’est de l’ordre de plusieurs années, si ce n’est pas une bonne décennie si on plante un jeune arbre ? Vous ne direz qu’il existe sans doute des plants plus âgés pour garantir une production dans l’année qui a suit leur replantage… mais faire venir de tels arbres ne doit pas être donné. Peut être un jour, qui sait. Mais pour l’instant, mes terres ont besoin de produire rapidement et en suffisance pour combler les greniers et de quoi alimenter le commerce et satisfaire mes partenaires’’

Il savait qu’il ne devait pas aller trop vite non plus. Déjà que les habitants de son Duché devaient prendre le temps de se ‘’remettre’’ du changement de pouvoir….Car il ne serait pas un tyran comme son prédécesseur usurpateur, donc certains locaux pourraient être tentés d’en profiter. Et avant de reprendre la parole, il termina son verre. Il était bien tenté d’un reprendre un second, mais il n’était pas là pour se soûler. Il devait garder les idées claires. Car même si Osami avait été d’un grand secours et apportait ce soir de bons conseils, il devait veiller à ne pas se retrouver pris au piège de ce qu’elle pourrait lui proposer. Peut être qu’elle pourrait le tester dans leurs futures affaires pour voir de quel bois il était en tant que Duc. Il ne lui en voudrait pas de faire ce genre de démarche si c’était vraiment le cas. La prudence était propre à bien des Ducs, même d’excellents alliés. Après tout, n’était-il pas sorti de nulle part pour revendiquer ses terres, après bien des années d’absence, pendant qu’il n’avait été qu’un simple mercenaire ?

’’il est vrai qu’un gens du commun n’a pas besoin d’être en armure intégrale pour se battre…. ‘’

Il n’entrait pas plus dans les détails. L’idée était bonne, quand à refondre ce qui ne lui servirait pas. Mais pour cela, il devra faire le point avec les ‘’guerriers’’ avec les plus aguerris de son Duché. Lui-même n’était pas un utilisateur d’armure de plaque en acier, privilégiant des armures légères et les cottes de mailles. Certes, ce n’était pas très efficace contre les armes à feu, mais tous ces ennemis ne baignaient pas dans les moyens logistiques de ce genre….et puis, y avait des moyens autre que l’acier… il y avait la magie. Par les cieux, rien que de penser à tout ce qu’il devrait faire, et trouver les moyens financiers pour réhabiliter ses propres forces, il commençait à en avoir mal au crâne. Il ferma d’ailleurs quelques secondes ses yeux le temps de se frotter le haut de l’arête nasale…Les prochaines semaines allaient être chargées….Il se redressa.

’’Excusez moi cette petite interruption. Donc pour les termes de ce possibles crédits, je ne suis pas contre un arrangement économique sur les prix à l’export. Ce sera certes plus loin pour moi, mais ce sera plus facile à gérer. Du moins, sur les premières années. Après, si plus tard je peux me le permettre, là e pourrai envisager de vous rembourser de manière annuelles. Donc… Il faudrait convenir de plusieurs clauses, portés sur plusieurs parchemins et signés en bon et due forme. Je ne tiens pas à ce que vos propositions et les miennes restent des paroles en l’air. Je ne doute pas de votre intégrité, mais rien ne vaut la fastidieuse voie paperasse….’’

En même temps, n’était-ce pas un bon moyen d’avoir des traces écrites, des preuves de leur entrevue ? Ainsi, Peddyr tenait à montrer qu’il ne cherchait pas à profiter de la fraîche amitié d’Osami pour se remettre en selle.

’’Pour l’avenir ? Mon duché d’abord… après, vous savez un peu pourquoi je suis revenu d'entre les ''morts''... si on peut le dire de la sorte...''

« Il est vrai que plusieurs années à attendre, risquent de vous sembler inconfortables, surtout si vous espérer des rentrées d’argent rapides. Je suppose que les classiques plants de blés, légumineuses et de produits plus luxueux mais assez rapide à cultiver comme les vignes aideront. Quoiqu’il en soit, je vous avouerai que mon savoir faire en agriculture s’arrête là, dans les montagnes nous cultivons moins que dans les plaines, c’est une des raisons notamment pour lesquelles j’importe. » Après tout même si les montagnes de son duché n’étaient pas impropres à la culture et chasse, au contraire, elle n’avait pas un territoire optimal pour cela, alors que pour d’autres ressources tels que le minerai… Quoiqu’il en soit, elle était certaine qu’il saurait proposer à terme des produits intéressantes à vendre à son état.

Et au pire, peut-être trouverait-il d’autres ressources à exploiter ou arrangements ? Après tout dans une terre aussi commerciale et traversée par les voyageurs et commerçants que les duchés, les opportunités étaient nombreuses, ainsi que l’imagination de certains pour trouver de nouvelles idées, immense…

« La milice manque de la qualité des mercenaires, mais elle est plus aisément recrutable et équipée, c’est son avantage. Si jamais vous voulez des troupes plus musclées, vous n’aurez qu’à économiser un peu pour les engager, cela simplifie un peu la logistique. En attendant, vos miliciens n’ont en effet pas besoin d’armure de plaque rutilante... » Ajouta t-elle sinon pensive, ça expliquait sans doute d’ailleurs pourquoi les mercenaires étaient si populaires dans les duchés. Les miliciens étaient bien pour assurer la sécurité civile ou servir de garnison permanente, mais bon…

Quoiqu’il en soit, elle lui souhaitait bien du courage, elle aussi avait dû passer par là en quelque sorte, même si ça avait été facilité tout de même par le fait qu’elle était devenue duchesse, après une carrière de général mercenaire, autant dire qu’elle avait de la bouteille concernant tout l’aspect gestion militaire, entre autre…

« Bien entendu il y aura maintes clauses, arrangements, possibilité d’en rediscuter et transcriptions sur divers documents. Je pense que de ce côté là nos conseillers de confiance et nous-même, quand nous serons d’humeur à des discussions commerciales pointues, sauront nous y atteler. » Ajoutera t-elle sinon complice, en effet mieux valait reporter cette discussion là à un peu plus tard, ne serait-ce que pour ménager légèrement le vieux duc…

Quant aux objectifs futurs du duc, ainsi il n’y avait pas que pour récupérer son duché qu’il était revenu d’entre les morts ? Avait-il un but plus singulier ? Oh, Osami croyait savoir de quoi il parlait, mais elle ne savait pas si ce serait une bonne idée pour lui d’en parler, quoique tant que ça ne sortait pas d’ici.

« Laissez moi deviner, vous aimeriez qu’à terme le rêve d’Ilfrido soit davantage réalité ? C’est un objectif ambitieux si tel est le cas, et très périlleux à exposer. Après, comme les autres ducs ne vous craignent pas pour le moment, ils ne seront pas du genre à comploter contre vous. Cela et les regards sont tournés vers le Nord... » La guerre récente avec Teïder après tout, changeait bien des priorités...

Peddyr réfléchissait. Il n’était pas un adepte de la culture, mais pourrait essayer d’aider la jeune femme à trouver un moyen sur le long terme de cultiver quelque chose sur des flancs de montagne. L’ingéniosité des hommes et des femmes pouvait réussir à parer à bien des soucis.

’’Je pourrai demander à mes sujets les plus expérimentés ce qu’on peut cultiver à flanc de montagne. Je ne parle pas de réussir à cultiver dans la roche même et d’avoir le même rendement qu’en plaine… Mais si des gens arrivent à faire pousser des plantes dans des pots pour égayer les rebords de fenêtre ou les cours intérieurs, pourquoi pas quelque chose de similaire à plus grande échelle ? Et pas forcément du blé…’’

Pour le reste, pour ce qui était d’espérer d’avoir des rentrées d’argents plus conséquents, il avait bien quelques menues idées, mais qu’il ne dévoilait pas à son hôtesse. S’il fallait remettre le pied dans le mercenariat pour avoir des fonds pour son domaine, il pourrait le faire. Bien qu’il était vieillissant, il était loin d’être bon que pour la retraite.

’’Dans quelques années, vous aurez de purs produits de mon territoire, cela n’en fera aucun doute’’

Il entreprit de déposer son verre. Ainsi, il ne serait pas tenté de se resservir. Face à son invitée de marqué, il ne tenait pas à passer pour un ivrogne. Même s’il appréciait des fois boire plus que de raisons.

’’Une milice bien entraînée peut être redoutable, vous savez….Après, c’est vrai que cela demandera un peu de temps…’’

Elle avait le mérite d’être locale et d’avoir parmi ses rangs des gens parfois plus motivés à défendre ses terres que le seul aspect de l’argent…. Mais cela était un autre sujet. S’il fallait y consacrer du temps pour entrer dans les détails, il faudrait toute la nuit et Osami n’était pas venue pour participer intégralement à la gestion du territoire duchéen de Peddyr. Sa venue était des préliminaires à leurs futurs échanges commerciaux. Devait-elle se sentir rassurer de voir que le nouveau Duc n’oubliait pas ses engagements et qu’il était disposé à de futurs traités commerciaux.

’’Vous savez d’ore et déjà que je n’ai aucune réticence à venir lire et signer ces futurs arrangements. S’il faut que je me déplace pour cela, ce sera avec grand plaisir’’

Puis vint le point le plus important de la conversation.

’’Tellement ambitieux que certains Ducs n’y verront que les facéties d’un vieux fou, qui prendrait trop à cœur ses désirs…’’

Mais n’était ce pas ce même désir qui avait manqué de le faire tuer des années auparavant ? Quand une idée dérangeante venait à naître et à atteindre certaines mauvaises oreilles, vous pouviez être certain qu’on cherchait à l’étouffer rapidement dans l’œuf. Mais aujourd’hui, le monde avait un peu changé et bien que Teïder faisait des siennes aux frontières Nord…

’’Tout ce qui se construit de nos jours ne vient-il pas d’idées folles et périlleuses de par le passé ? C’est vrai que cela parait irréalisable, mais voyez maintenant ce qui se trame… Teïder remue ses troupes… des lambeaux du passé reviennent à la surface et nous menaçant tout autant…. Un vieux guerrier comme moi n’a pas encore sa place dans le fond d’un placard, se contentant de compter le nombre de bœufs obtenus sur une année entière d’élevage ou encore à se creuser la tête de comment perfectionner ses voies commerciales….La vie elle-même n’est-elle pas une ambition ? ‘’

Et c’est lui venait de dire cela ? lui qui ne cherchait pas à avoir un avenir il y a peu de mois encore de cela ? Il se surprenait lui-même sur le coup… comme quoi, même à son âge, on pouvait encore évoluer dans les avis personnels.

« Nous savons déjà cultiver la montagne très cher, le problème n’est pas de ne pas avoir le savoir faire et les techniques, le problème est que le terrain ne permet pas de produire en assez grande quantité pour nourrir tout le monde. Nous pourrions après le faire en faisant des cultures de champignons souterrains, mais mes sujets risqueraient de ne pas apprécier que ce soit leur denrée principale. Cela et je dois aussi me soucier d’autres productions qui rapportent plus à mon peuple. » Glissera Osami amusée en réponse aux propos de Peddyr. Après tout ils étaient un territoire duchéen comme les autres, donc tout à fait en capacité d’importer des graines de ses voisins, mais aussi de faire appel à des experts... En somme, Peddyr n’était probablement guère le premier à proposer cela, mais l'intention restait louable et appréciable !

« Quelques années ? Cela est court pour une kitsune comme durée, mais très long pour une duchesse comme moi qui a tant à faire, quoiqu’il en soit prenez votre temps. j’ai bien conscience que l’agriculture est quelque chose de lent, lent et capricieux, même avec les techniques à notre disposition. » Après tout aidée de la magie et du savoir faire duchéen, l’agriculture restait quand même bien plus raffinée que de juste planter des graines et labourer la terre, mais ils restaient encore assez soumis au temps à ce niveau.

« Une milice bien entraînée ne vaudra jamais des mercenaires aguerries, la milice reste cantonnée à son territoire, les mercenaires bougent, se battent et se font de l’expérience sur le terrain. Croyez en l’ancienne générale que je suis. C’est économique et ça suffira pour le moment, mais ne devenez pas non plus avare à ce sujet. » Ajoutera t-elle sinon pragmatique, mais bon elle disait des évidences, il y avait une raison après tout pour laquelle les armées duchéennes étaient composées en majorité de mercenaire, là où la milice servait de force de maintient de l’ordre basique, qui des fois était même remplacée dans les hauts quartiers. On aurait put évidemment dire qu’une armée professionnelle aurait été meilleure, mais ça aurait été soumit à beaucoup de contraintes qu’un duché aurait du mal à remplir, en plus de nécessiter des investissements à très long terme.

« Je suppose que nous lirons tous les deux ces dits arrangements avant de signer de toute façon, ne serait-ce que pour éviter d’oublier les « petites caractères » éventuels. » Ajoutera t-elle sinon assez amusée, mais pas vraiment sérieuse, quoique elle serait tout de même prudente. Ce avant d’ajouter toute aussi amusée.

« Cela dépend jusqu’où vont ses facéties, s’ils voyaient votre territoire grandir ou d’autres ducs s’allier à vous, ils ne seraient pas insouciants vous concernant. » Surtout que la concernant, elle n’avait guère promit de s’allier à Peddyr Thelrand à ce niveau, elle n’était pas duchéenne d’origine et comme beaucoup de Duchéens était peut-être attachée à une certaine autonomie par rapport aux voisins… Oh, elle n’avait pas non plus dit qu’elle s’opposait à lui, d’ailleurs elle se permettrait de glisser prudemment. « Surtout que vos collègues qu’ils soient ducs ou doges sont paranoïaques souvent je vous le rappelle, ne misez pas trop sur leur « insouciance », ou les assassins et compagnies de mercenaires vous prendrons par surprise. Restez donc vigilant… Et surtout, n’ébruitez pas votre grand projet plus que nécessaire. » Avant d’ajouter, un peu plus philosophe.

« Le temps changent en effet, il y a deux siècles, Akkaton et Ikhyld n’étaient pas à nos portes, il n’y avait ni ce dieu Teïderien, ni ce retour de Cesario, ni bien d’autres choses... » Elle sembla alors prise d’une intense réflexion, avant de dire aussi, sous la forme du conseil.

« Méfiez vous aussi des deux empires très cher, je doute que vos projets aurait leur approbation, surtout s’ils vont loin. Je les vois mal intervenir militairement, les duchéens auraient horreur de cela, sauf peut-être à petite dose, mais il est peu probable que ce soit vos alliés. » Après tout, ils avaient tous les deux pour projet de dominer le continent à terme, que ce soit en l’annexant purement et simplement dans le cas d’Akkaton, ou sous la forme de vassaux et états tributaires pour Ikhyld… Des duchés ne seraient-ce que partiellement unie ne feraient guère leur affaire. Mais bon, il était logique quand on voulait changer les choses, de se risquer contre une opposition ?

Peddyr se rendait compte à quel point il était fatigué de sa journée. Il se permettait de donner des conseils à Osami alors qu'il était loin d'être apte à donner des leçons agraires à d'autres. Il venait de reprendre en main son domaine et il était encore très loin d'être productif. Il avait réagi comme un maître dispensant des leçons à une jeune apprentie alors que la Duchesse était largement plus âgée que lui, malgré son apparente jeunesse.

''Pardonnez mes mots, j'espère que je ne vous ai pas offensé vis à vis de mes propos. Je n'ai pas à dire quoi faire sur votre duché alors que je suis loin d'être apte à apporter quoique ce soit pour le moment''

Sans doute que d'avoir tellement de choses à faire et à penser le bousculer et lui donner l'impression qu'il fallait faire tout rapidement. Mais n'était-ce pas un peu le cas pour ce qui était de rendre son duché militairement apte à se défendre ?

''De toute manière, il me faudra un peu des deux pour commencer quelque part. Une milice aura toujours son utilité pour chasser un loup hors de la bergerie, pour ne pas employer les mercenaires à de basses activités, même s'ils sont payés à la mesure de leurs ''rangs''

Pour avoir été mercenaire lui aussi, il comprenait ce que faire des actions avilissantes voulait dire. Sauf quand on avait pas d'autres choix pour payer sa pitance et une paillasse pour la nuit. Au moins, à avoir été durant longtemps dans le milieu, Peddyr saurait à qui s'adresser pour avoir de bons mercenaires. Mais bon, pour le moment, il n'en était pas encore là. Il retint un soupir. Tellement de chose à faire et de choses à prendre en compte.

''Je n'ai pas l'intention d'aller braver mes pairs sous leurs fenêtres. De toute manière, la première chose que j'aurai comme préoccupation est de remettre en état mon duché, qui n'est pas grand en comparaison de certains. Mais je comprends vos mise en garde. On n'est jamais trop prévenu, n'est ce pas ? ''

POur ce qui est des deux empires, comment rivaliser avec eux en partant de rien ? Il verrait le moment venu. De toute façon, il avait d'autres priorités plus importantes....

''Qui est vraiment allié de nos jours ? ''

La question avait le mérite d'être posée.

''Pour en revenir aux arrangements, c'est tout à fait légitime de relire chaque ligne. Être en vis à vis sera une obligation pour être certain que vous et moi ayons trouvé les bons sans en omettre. Reste à voir quand vous souhaiteriez les mettre sur parchemin. Après que mes terres se soient remises de toutes ces années de chaos et du conflit récent ? ''

« Cela ne fait rien, les ducs et comtes gouvernant les rares territoires dépourvus ou presque de montagnes ont tendance souvent à considérer que les montagnards ont peu de connaissances agricoles, mais croyez moi... Les duchéens, même montagnards ont un tel esprit d’entreprise, qu’en général il y a bien peu de choses à ce niveau ou bien d’autres qui n’ont pas déjà été tentées. » Dira t-elle avec amusement et nullement vexée. Il est vrai pensa t-elle d’ailleurs, que concernant l’agriculture dans les hauteurs c’était souvent plus une histoire de moyens investis et rentabilité possible qu’autre chose.

« Une milice peut être bien pour ce genre de choses, surtout si vous vous mettez en tête de la payer vous même et de ne pas laisser cette charge aux divers villages hors de votre belle capitale. Quoiqu’ils pourraient le faire eux-mêmes aussi, beaucoup de ducs le font et tant que les impôts sont bas, en général les dits villageois font très bien avec. » Mais bon ça c’était sans doute aussi parce que les gens aimaient bien avoir leur petite autonomie en général…

« Il est toujours important en effet après une prise de pouvoir musclée, de remettre en ordre ses terres, après vous avez de la chance de ce côté, votre duché est plutôt petit oui et surtout plat. Vous ne sauriez imaginer à quel point un territoire montagneux et grand comme le mien complique les choses... » Ce avant d’ajouter amusée.

« Les meilleures alliances en ces terres sont celles d’intérêts ou que l’on peut imposer. Les duchéens, hélas ou heureusement sont souvent des gens plutôt cyniques, incrédules et pragmatiques, surtout les puissants. Ils ne s’allieront donc jamais sans intérêt pour eux, par contre ça garantira que vos « alliés » ne sont jamais ou presque des crétins qui vous mettrons dans l’embarras. » Avant de reprendre avec réflexion.

« Nous pouvons mettre cela sur parchemin après le conflit actuel si vous voulez. Je vous fais confiance pour ne pas tenter de me berner d’ici là. Bon, soyons sincère vous n’avez pas envie de vous fâcher avec moi, même si vous étiez une crapule fourbe, mais je crois sincèrement que vous êtes plus honnête que la moyenne de nos compatriotes. » Achèvera t-elle amusée, avant de glisser. « D’ailleurs, je vous conseille soit de savoir le dissimuler, soit d’en jouer en votre faveur. L’honnêteté peut être une qualité, si les autres ne considèrent pas que ça fait de vous quelqu’un de facile à berner. » Après tout, on pouvait considérer plus fiable ce genre de personnes ? Même dans une terre comme les duchés où la fiabilité était toujours une notion abstraite au niveau politique...

Peddyr n'avait pas été souvent en montagne, s'il tenait compte de ses nombreux contrats passés, du moins, il n'y était pas resté assez longtemps pour se faire une idée plus précise de ce qui se faisait annuellement en terme de culture plus locale. Chose certaine était que les montagnards, qu'on prenait souvent pour des rustres, avaient autant de connaissances que les terriens des terres plus plates, plus terreuses. Ce n'était pas à négliger.... Et derrière, il y avait temps à faire. Maintenant qu'il avait mis ses deux pieds dans la reprise totale de la gestion de son Duché, il ne pouvait plus reculer... Toutes ces années à fuir ce qu'il avait été... non, il ne pouvait plus renoncer, même si des années s'étaient écoulées dans le Sablier du Temps.

Tant à faire et il se demandait s'il aurait le temps de mener à bien tout ce à quoi il aspirait par le passé, avant de devenir Peddyr Thelrand. Peut être que le projet était trop grand, trop ambitieux... Il soupira et porta une main lasse à son visage.... Sur l'instant, il oublia un peu la présence de son invitée de marque, devenant plus un homme quelque épuisé par des années de fuite quand à ses devoirs vis à vis de l'homme qu'il était en réalité. Il regrettait encore d'avoir accepté d'être celui qu'il avait toujours été... Pourquoi avait-il fait ce choix.... il se redressa un peu, essayant malgré tout de garder bonne figure auprès d'Osami.

''Pardonnez moi ce moment d'égarement. Je pensais à bien des choses en complément de ce que vous me conseillez. Pour revenir sur le sujet du moment, attendons que le conflit du moment soit terminé pour nous revoir et conclure tout ceci sur parchemin, pour tout officialiser. Mes terres auront retrouvé une bonne partie de leurs capacités et je serai donc plus à même de vous proposer des denrées bien plus réelles que fictives, vu que j'aurai une idée de leurs capacités. Et vous pouvez garder l'esprit serein pour ne pas vous spolier.... Vous avez les moyens militaires en suffisance pour m'écraser sans effort...vous ou un de vos alliés proches''

L'honnêteté.... l'était-il bien plus que la majorité des Ducs ? La réponse, il la connaissait, mais il préférait ne pas s'en préoccuper pour ce soir. L'honnêteté avait autant son lot de récompenses que de conséquences... Sa mèche blanche en était un exemple du lourd tribut qu'il avait dû payé quand à l'audace passée de vouloir unifier les Duchés. Et voilà que maintenant, il réitérait avec ce désir, des années plus tard.

''Vous avez raison, je dois me montrer prudent. Honnêteté peut aller de paire avec naïveté..... ''

Il regarda son verre et celui de la Duchesse.

''Souhaitez vous un complément ? Ou à l'inverse, si vous vous sentez quelque peu fatiguée par votre voyage, je peux vous conduire à la chambre que j'ai fait aménagé pour les invités de marque... Je l'excuse d'avance à ce sujet pour le côté peu luxueux... mais vous aurez une pièce d'eau en état avec de l'eau chaude et un lit des plus confortables''

Le duc avait peut être de la chance d’une certaine façon dans la malchance que vivait actuellement les Duchés de diverses manières avec le début de l’invasion Teïderienne, pensa Osami, car les duchés étaient comme d’habitude quand un envahisseur venait les enquiquiner, unis pour lui faire face, du moins le classe dirigeante, bien entendu ce n’était pas autant le cas pour les autres… Ce qui voulait donc dire que Thelrand n’avait pas trop de soucis à se faire les concernant tant qu’il participait un peu à l’union à terme, une guerre dont il devrait peut-être profiter, le temps qu’elle dure, pour stabiliser et enrichir ses terres ?

Quoiqu’il en soit, elle laissa le moment d’égarement couler, même si elle commença à se demander si son vis à vis ne devrait pas aller voir un mage de ténèbres pour que ce dernier lui fasse quelques soins de l’esprit ? Il avait disons l’air assez angoissé, ou fatigué. Après, c’était peut-être aussi le temps qu’il se fasse à sa nouvelle position, après tout il venait de retourner dans le milieu des têtes dirigeantes duchéennes tels que les comtes et ducs, autant dire que son mode de vie avait sans doute dû drastiquement changer depuis, mais bon !

« Soit, nous attendrons la fin du conflit pour signer ces papiers et mettre les choses plus au clair, même si je vous conseille évidemment de profiter de la tranquillité que vous offre ironiquement, cette guerre par rapport à vos voisins directs, pour faire prospérer vos terres, mais visiblement vous comptiez le faire. » Ce avant d’ajouter aimablement. « Allons, si je me mettais à vous menacer militairement, ce serait que les choses se passent fort mal entre nous mon cher, surtout que vous n’êtes pas juste à côté de moi. Les ducs comme nous sont un peu des marchands ici, nous voyons les choses aussi du point de vue du bénéfice, il faut savoir jouer sur ça... »

Voilà bien un conseil précieux qu’elle pouvait donner, les classes dirigeantes duchéennes avaient le sens des affaires, mais aussi de l’équilibre, la guerre ils n’hésitaient que rarement à la faire, mais ils ne la faisait pas non plus sans raison et souvent pas par haine. C’est pour cela que même si les guerres internes n’étaient guère rares en ces terres, on n’entendait jamais ou quasiment parlé de population massacrée, de terres salées ou de mises à mort des mercenaires capturés, au risque d’ailleurs dans le dernier cas, de vexer leurs collègues sous vos ordres !

Puis sur le sujet de l’honnêteté, elle hocha doucement la tête, avant de conclure avec amabilité à l’égard de son allié actuel.

« Je pense que tout est bon et je vous serais gréé de m’accompagner à mes appartements. Ne vous inquiétez pas après, si j’aurais fais un scandale peut-être si vous aviez été la duchesse de Vinche, je peux comprendre votre situation actuelle, de plus j’ai été mercenaire moi aussi, même une général mercenaire ne dors pas tous les jours dans les conditions les plus luxueuses qui soient. » Elle s’approchera alors et tendra la main, offrant à Peddyr une poignée douce et amicale s’il la serrait, mais qu’il trouverait étrangement ferme pour la femme qu’elle paraissait être, témoignant sans doute d’une force immense. Avant qu’elle ne conclue aimablement. « Je suis certaine que notre prochaine rencontre sera sous d’encore meilleurs auspices ! »

Pourrait-il vraiment avoir un moment de tranquillité, le temps de remettre en état ses terres et sa demeure ? Certes, le conflit actuel pourrait être pris comme une aubaine, mais il ne devait pas se sentir totalement éloigné de ce qui se tramait dans les Duchés. Un jour prochain, on demandera, à lui aussi, même si Duc fraîchement retitré, de voir comment il pourrait contribuer à l'effort de guerre. Ce qui était légitime. Les Duchés savaient faire preuve de cohésion quand on s'attaquait à leur intégrité entière. Mais quand il n'y avait pas de cause commune pour faire front, on s’entre-déchirait en interne... Un jour peut être, cela changera-t-il ? Mais pour le moment...

Puis, à la remarque aimable de la jeune femme, Peddyr ne manqua pas de sourire.

''Il faudrait être fou pour oser vous pousser à la colère, ou pour vous imposer à réclamer vengeance, même si nos terres ne sont pas frontalières. Ce serait réellement manquer de tact et de courtoisie à votre égard. Comme vous le dites, vous songez d'abord échange commercial et ce qui apporte bien plus sur le long terme que d'affronter des voisins, éloignés ou non . ''

Et quel intérêt aurait-il à se mettre Osami à dos ?

Il fut temps maintenant de mener son invitée à ses appartements. Il se leva donc, ne manquant pas de sourire au passage, quelque peu amusé, à l'évocation de Dame Maria.

''J'ai intérêt à vite me parer d''un luxe comparable à celle de la Duchesse de Vinche, si je dois vous impressionner à notre prochaine rencontre sur mon domaine. Et est-ce si bonne chose de prendre l'habitude de se reposer dans le luxe, au lieu de garder un confort adéquate pour ne pas perdre de vieilles habitudes d'autan ? ''

Il était plus facile pour lui de dormir de manière spartiate, vu qu'il y a encore quelques mois à peine, il parcourait les routes et les chemins pour emplir des contrats de mercenaire. Arrive-t-il à apprécier le luxe matériel comme ses pairs ? A voir, qui sait. vingt longues années à vivre comme un simple mercenaire n'était pas rien.

Il prit la main présentée par Osami, la prit en douceur, sentant la fermeté des muscles de la paume quand ses doigts se refermaient sur les siens. Sous ses apparences de frêle jeune femme, se cachait une redoutable guerrière, à n'en point douter, puisqu'elle avait été général mercenaire par le passé.

''J'ai déjà hâte d'y être. ''