Une Place, Grande Rue Principale, Cité de Jade,
4 Septem 2000 de l'âge d'Acier,




"Hmpf !"

"Et c'est reparti..."

"Il me prend pour son larbin, moi, le Grand Kitsune de Saphir ? Je ne suis pas un livreur mais un sauveur, un héros !"

“Pourquoi tu ne le lui as pas dit alors monsieur le sauveur beau gosse ? Hmmm ? ”

" Parce que je ne voulais point offenser un de mes admirateurs, voilà tout."

"Ou plutôt parce que tu l'admires toujours autant et que tu es heureux qu'il te confie quelque chose à faire en son nom. "

"..."

“Tout comme lorsqu'un arcane te sollicite ? Et lorsque Dame Saeki fait appel à toi ? Tu aimes leur être utile.”

"..."

“Cà et... Le fait de pouvoir échapper un peu à la paperasse qui t'attend dans ton bureau. Tu es bien trop heureux de pouvoir échapper à la tyrannie administrative de ta secrétaire qui contrôle tout à la seconde près ! ”

"..."

“Je vois que j'ai fait mouche, encore une fois. Tu es tellement facile à cerner une fois qu'on te connait un minimum...”

Ca, c'était Yôko, ou Beaudine, comme vous le voulez, ma chère et précieuse ombre. Une Kitsune que j'avais pu sauver par le passé et à laquelle j'avais offert une nouvelle vie, avec l'aide de Xin, Ministre des Renseignements et l'accord de notre grande et glorieuse Impératrice. Un amour ! Avec et sans ironie. Elle me connaissait si bien. Elle avait tout juste. Tout ! Tant et si bien qu'elle m'avait coupé le sifflet. Ronchonnant, je cheminais alors en sa compagnie vers le lieux de mon rendez-vous. Peut être vais-je trop vite alors revenons un peu en arrière.

Xin m'avait convoqué ou plutôt... appelé. Nous avions eu une petite discussion et ce dernier m'avait demandé de lui rendre un petit service consistant à remettre une petite boîte plutôt mystérieuse, à un homme.  Tout du moins, un Kitsune. J'avais négocié le contenu de la boîte mais il m'avait dit que c'était un objet d'une défunte à remettre à son époux. Avec pareils mots, j'étais tout de suite devenu sérieux et n'avais pas cherché plus loin. La douleur de perdre des êtres chers, je ne la connaissais que trop bien. De plus, il pouvait être sûr que ma curiosité avait été scellée, tout autant que mon envie de faire des farces. C'était sérieux. Je mènerais donc cette mission à bien comme si la survie de l'Empire en dépendait. Après m'avoir donné des directives quant au lieu et un bref descriptif physique, je quittais ses quartiers.

Je m'étais alors mis en route, Yôko à ma suite. J'avais beau me répéter en boucle son prénom, fouiller partout dans ma mémoire, je n'arrivais pas à le remettre. Arrivé sur les lieux du rendez-vous, je passais en revue la foule puis décidais de venir m'asseoir sur le rebord de la grande fontaine. Je n'arrivais vraiment pas à me le remettre. Shrioi ? Ma compagne de route avait déclaré que j'étais vraiment idiot parfois, réellement. Elle avait ajouté que je le connaissais très bien et qu'elle m'accompagnait par précautions. Ce à quoi je n'avais pu répondre que par un haussement d'épaules. La finalité aurait été la même si j'avais refusé, je n'avais fait que gagner un temps considérable en évitant une parlotte inutile et potentiellement, sa colère. La Kitsune brune, experte en maniement de sabre et mage de feu, avait alors pris congé et s'était mise en retrait. De là où elle était, elle pouvait agir en quelques instants et avait une vue dégagée sur nous.

"Shiroi... non vraiment.... Je crois que je l'aime bien mais je ne sais pas pourquoi je le connais.... Ca m'énerve...", continuais-je de marmonner, la boîte bien en mains. J'étais tellement absorbé dans mes pensées que je ne prêtais plus attention à quoi que ce soit autour de moi.

«  Salutation, je peut voir que Xin n’aime pas faire les petites livraisons. Vous êtes ?  »

Qui osait me déranger, avec un ton aussi détaché, pour me demander qui j'étais ? Etait-ce le fameux Shiroi ? Mes oreilles tressaillirent avant de se figer net, tournées vers lui. Mes deux kitsunéennes que je laissais apparaître aujourd'hui,  se figeant au ras de l'eau de la fontaine derrière moi. Je tournais la tête, un masque d'irritation en guise de faciès, vers la source de ces propos. Moi ? Le Kitsune de Saphir ? Tu oses me parler avec mépris plus que notoire en me demandant qui je suis ? MOI le plus...


" Oh !?" j'ouvris de grans yeux ronds, bondissant pour me remettre sur mes jambes face à lui. Main sur le menton, pouce et index de chaque côté de ma bouche, je le fixais, l'examinais puis repris la parole d'un air amusé, rigolant à moitié. J'avais clairement l'air niais.

"Mais... Mais c'est le petit Shiro !!! C'était donc toi ! Hahahahaha ! Oui, comme toi, je pense qu'il n'aime pas ça, ou peut être qu'il avait une autre raison... MAis on s'en fout. Je suis là moi, c'est tout ce qui compte."

Je me stoppais net.  Ma tête tomba sur la gauche. Mon air léger s'envola et mon ton se fit plus glacial, tout autant que cette aura qui se dégageait de moi. Mon visage n'affichait plus rien, comme figé dans la glace. Seul mon regard azuré semblait encore vivant mais semblait sur le point de délivrer la plus froide des morsures glaciales.

"Et donc... Tu prétends que tu ne sais pas qui je suis, hein ? Tu me fais montre de mépris, gamin ? Tu veux... Mourir ?"

J'avais à présent un sourire dément, celui que j'avais lorsque je perdais le contrôle. C'était la seule expression qui animait ce visage inerte. Lugubre.

Je me calmais. Mes oreilles avaient tressaillies. Yôko était sur le point de se mettre en mouvement et ce n'était pas pour me plaire. Je fermais les yeux, prenais une profonde inspiration, les yeux clos et poussais un long soupir. Suite à cela, je me centrais à nouveau sur l'être qui me faisait face. Son comportement m'agaçait quelque peu, m'irritait même. J'avais une violente envie d'éclater mais je ne le devais pas. Ma garde du corps auto-décrétée me corrigerait, tout autant que Xin qui m'avait mandaté et pire encore, Saeki. Je devais rester digne dans une certaine mesure, faire honneur à mon rang mais à la façon de mon personnage. J'affichais alors un sourire.

«  Je ne souhaite pas me battre non. Ce n'est pas dans mes intentions.  »

"Mais moi non plus mon petit Shiro, moi non plus.. Disons juste que j'ai mal pris ce ton condescendant et cette attitude méprisante à mon égard mais passons. Le temps est une denrée précieuse. Ne nous perdons point en palabres.Je t'apprécie grandement et je ne veux pas te faire perdre le tien. Ce moment doit être solennel pour toi alors..."

Je lui pris les mains et y déposais le paquet avant de passer à côté de lui et de m’arrêter à sa hauteur.

"Je ne sais pas ce que ça contient précisément mais chéris-le plus que ta propre vie. Je sais ce que c'est la douleur de la perte d'un être cher autant que celle d'avoir  son sang sur soi..."

A l'évocation de ces mots, je ne pus m'empêcher de jouer machinalement avec mon collier. Les souvenirs se mettant soudain à affluer et je les forçais à faire cheminement inverse.

"... Quoi qu'il en soit, ne gâche pas ta vie. Je te l'avais déjà dit autrefois mais je te le redis. Tu n'as pas le droit de mourir, cette vie ne t'appartient plus. Tu as des choses à faire avant de pouvoir mériter la mort, avant de pouvoir être digne de lui faire face. Sur ce, avec les amitiés de Xin et d'Aoyuki..."

J'avais parlé bas tout du long, de manière à ce qu'il soit le seul à m'entendre. Mon ton avait été d'un sérieux contrastant avec mes attitudes précédentes mais était redevenu léger sur la prise de congés.  Je fis alors un pas pour passer derrière lui, sur le point d'en faire un autre afin de prendre congés.

«  Ishizuki Aoyuki, reste la tu veu bien, Xin avait une faveur à me rendre. Tu vas devoir me la donner à sa place. Tu t’arrangeras avec lui pour la suite.  »

Ca y est, je me souvenais de tout à présent, absolument tout. Je savais d'où me venait cet agacement. Oui, ce type, je le détestais ! Comme plein de choses en somme. Plein ? De choses ? Détester ? Oui, c'est vrai, vous avez raison. Je vous le concède. Je ne déteste que peu de choses réellement et presque personne en fait. De plus, lorsque je précise comme beaucoup de choses, aussi inconscient et spontané que ce soit, c'est clairement que ça rentre dans la catégorie des choses que je n'aime pas mais qui m'amusent. Pour faire simple, vous aviez raison, j'aimais juste le détester mais ne m'interrompez-plus, c'est moi qui raconte, c'est mon histoire, ma vie. Ce type, je ne le détestait pas en soi. Je l'appréciais. J'avais de la sympathie pour lui. Oui, plus çà que l'autre. Il y avait une distance entre nous. Il avait du vivre au milieu des regards de notre monde noble empli d’Étiquettes, lui, petit kitsune exceptionnel sans magie. Je n'avais pas de pitié mais du respect. La première aurait été insultante à son égard, pour lui, je pense, comme pour moi.  Il s'était construit et forçait mon admiration. Cependant, le destin aime parfois s’acharner afin de nous jouer ses plus belles tragédies et il en fut le dindon de sa farce. Shiroi allait goûter à la magie d'une manière peut enviable pour une finalité toute aussi détestable se soldant pas la perte de sa femme. Et continuons... Il se retrouvait désormais avec un collier.

Ce petit détail nous rapprochait. La fin aurait pu être pire, aurait dû l’être. Il avait échappé à l'execution au pris de sa liberté. Un collier inhibiteur et un ostracisme. Au moins, il était en vie. Je me sentais proche de lui à ce niveau. J'avais moi aussi un collier autour du cou. Il n'avait pas de propriétés magiques ou autres, mais avait un peu la même fonction que le sien. Nous étions tous deux en laisse, nos colliers potentiellement visibles autour du cou, même si nos attaches autant que les mains qui nous retenaient étaient passablement différentes. Non, je ne le détestais pas. ce que je détestais autant que je respectais, admirais mais surtout, comprenais, c'était sa personnalité. Il y avait de quoi être comme il était après tant d'épreuves mais tout de même! C'était contre ma nature, celle que j'avais créée, de rester insensible face à ça. Il était détaché, froid, distant. Un mort parmi les vivants, sans âme. Ça m'agaçait tout autant que ça me démangeait. C'était plus fort que moi, je ressentais ce besoin presque viscéral de leur tirer une réaction quelconque pour mon plaisir personnel. Tout à l'heure, j'avais tenté de l'intimider ou de le faire rire selon son humour mais échec cuisant. Faire du mal à un compatriote ? Sans raison vraiment valable ? Inenvisageable. En plus, Saeki m'aurait tué, tout bonnement. Mais nous nous écartons du sujet principal car pour l'heure.... A cet instant précis....

«  Ishizuki Aoyuki, reste là tu veux bien, Xin avait une faveur à me rendre. Tu vas devoir me la donner à sa place. Tu t’arrangeras avec lui pour la suite.  »

Coupé dans mon élan ! Statufié. Ma mâchoire était contractée, mes dents grinçaient.

*I... i... Il se fout de MOI, HEEEEEEEEEEEEEEEEEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN !!!!!????*

Ce crit intérieur n'était pas tant pour Tonton Longues-Oreilles qui s'était bien gardé de mentionner ce détail, probablement pour se venger d'une de mes farces, son humour personnel, que pour ce kitsune blanc dénué d'émotions. Une poupée. Ce ton, cette condescendance... J'allais vraiment craquer. Je détestais les ordres, il n'yavait en ce monde, que deux personnes qui pouvaient m'ordonner et même elles  y mettaient une certaine forme, sauf cas précis.  L'elfe et l'Impératrice. A la limite, la vampire mais ce n'était pas son genre, pas avec moi, non, elle utilisait d'autres moyens qui me font frissonner rien que d'y penser là, mais lui.... Lui ! Ne poussait-il pas un peu sa chance ? Je n'avais pas mémoire qu'on ait pu être proches à un moment donné. Il ne me connaissait pas depuis l'enfance comme ces trois là. Il ne m'avait pas vu grandir. Il pouvait bien être ce qu'il était et parler comme bon lui semblait, il y avait des limites à ne pas franchir. Ne connaissait-il pas sa place ? La mienne ? Non, je m'en fichais. ne connaissait-il pas le RESPECT ? Peu m'importait qu'il ordonne ou que ce soit en fait une manière directive de parler. peu m'importait ses raisons... Il tirait sur la corde raide. Je me mettais au service du peuple oui, mais il y avait la Forme. Ce nom... Grrr ! On m'appelait par mes titres ou par des surnoms, sinon, par mon prénom. Si on prononçait ce nom, on intégrait celui de ma mère. Et peu importait la personne, peu importait son milieu, la base : la politesse. Education !

"HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA ! HAAAAAAAAAAAAAAAAAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAH !"

J'avais explosé. Un Rire dément s'échappait de moi, ne prêtant plus attention au monde qui m’entourait, monde qui me dévisageait à présent.  Désormais la tête levée vers le ciel, pouce et majeur placés de chaque côté de mon arête nasale, index levé, yeux clos, je pris une profonde inspiration.

Oy, oy, oy oy ! Sérieusement ? Je rêve là, c'est ça ? Je suis fou, oui, je dois l'être. Hahahaha ! C'est une mission, c'est une demande de Xin, c'est le petit Shiro. Oui, un petit Kitsune Ikhyldien tout beau et tout mignon qui fait sa crise d'adolescence. Oui. On va dire ça. Hahaha ! "

Je me tournais vers lui, passant alors mon bras autour de son épaule. Ce faisant, j'avais pu constater que Yôko s'était glissée près de nous, prête à intervenir, plutôt prête à m’assommer. La démence était passée, mon regard la rassura et elle vint juste se poster pré de nous sans mot dire.

"Je vais partir du principe que tu as vécu des moments très difficiles et que tu es resté bien trop longtemps loin d'Ikhyld voire même de la civilisation. Reprenons les bases... Tu peux me tutoyer, il n'y a apas de problèmes. Même les enfants ici m'appellent par mon prénom et m'alpague comme un de leurs amis. J'aime ça. Chacun est libre de me tutoyer ou vouvoyer. Toutefois... Personne, ne m'appelle par ce nom en premier. Soit mon prénom suivit de ce nom, soit tu le dis en entier en  le précédent du nom de ma mère : Ogasawa Ishizuki. Je n'aime vraiment, mais vraiment pas ce nom... " Ma main libre était venue caresser le collier, machinalement, au niveau de ma trachée.  

"Ensuite... Je n'étais pas au courant de ce petit détail de votre arrangement mais j'en conviens... Ce n'est pas à toi de payer. Je trouverai bien une farce à lui faire, un tour à lui jouer. Ou non, il me sera redevable d'un service. Ce sera plus drôle. Oui, mais je m'égare. Je te disais donc que la moindre des choses, lorsqu'on demande un service, c'est de le dire avec la forme non ? Peu m'importent tes souffrances, ton vécu,  je les respecte. Néanmoins, j'ai moi aussi mes limites mais passons pour cette fois. Notre temps est bien précieux. Garde juste ça en tête, ça nous évitera bien des pertes de temps inutiles à l'avenir. Je ne suis pas ton ami, c'est sûr, mais un des seuls qui ait vraiment plaidé ta cause. Tu peux me considérer comme ton allier alors essayons de ne pas briser ce lien fragile veux tu ? Dis-moi plutôt en quoi consiste cette affaire s'il te plait. "

Je m'étais éloigné de lui. Je souriais à présent mais le sang pulsait toujours dans les veines de mes tempes. Affichant une attitude insouciante et décontracté, légère, j'avais repris mon rôle de gentil petit idiot, gentil et agaçant petit pitre. J'avais sauté sur le rebord de la fontaine, y posant un seul pied, bras ouverts comme les ailes des oiseaux, faisant volte-face avant de me retrouver à nouveau assis, mes pupilles centrées droit sur lui, mes oreilles velue à l'affût. Yôko, sabres à la ceinture, se tenait à nos côtés, bras croisés, silencieuse et méfiante à son sujet.

"Oh ! Et de fait, sa présence n'est pas due à notre cher Arcane de l'Invocation mais de son propre chef à elle. Elle a tendance à me suivre partout et pour le coup, elle avait peur que tu ne t'en prenne à moi, même si je lui ai assuré que ce ne serait pas la peine car tu es une bonne personne. Tu es une victime dans tout ça. Je m'en excuse donc à sa place. "

La kitsune brune au regard de braise se contenta de tourner la tête, plongeant son regard dans un lointain bien à elle.

J'avais écouté, silencieux tout du long, absolument tout ce qu'il avait à dire. Comme je l'avais pressenti à l'époque, affirmé avec insistance auprès de ma compagne de route sur le chemin et simplement déclaré plus tôt, Shiroi, mon petit Shiro, était un brave type. Alors qu'il parlait, je le regardais et l'écoutais avec attention, ne pouvant m'empêcher d'avoir ce regard tendre d'un grand frère. Je n'avais de cesse de me dire que la vie était vraiment parfois trop injuste à s'acharner sur les mêmes personnes. Il était comme moi, brisé et ne tenait que grâce à un masque. Je pouvais le voir, tout comme je pouvais voir son vrai visage.

Son attitude n'était pas mauvaise et il n'avait pas agi à mal. Preuve en était son attitude présente.  Je ne pus ou n'eus point l'envie de dissimuler un petit sourire chaleureux. Lorsqu'il tendit la feuille, je m'en saisis puis l'étudiais dans le moindre détail, toujours centré sur ses mots. Plus il parlait et plus je comprenais la situation. Il n'y avait plus aucun doute sur la raison pour laquelle l'Arcane s'était déchargé sur moi. Nulle mesquinerie, nulle punition, nulle flemmardise de sa part. Il avait juste confiance en moi et ce travail semblait totalement désigné pour moi. Non seulement j'avais une empathie plus que développée pour ce kitsune maudit mais qui plus était, je n'abandonnerais pas tant que nous n'aurions pas mis un terme aux agissements de ces plaisantins de mauvais goût. Il avait payé pour son crime aux yeux de la loi, il faisait à présent amende honorable afin de pouvoir mériter de regarder sa femme en face. Cela m'agaçait. Et si vous me trouvez présomptueux de penser que Xin me penser plus à même de mener cette affaire qu'un autre, je vous répondrais tout simplement... Ce fameux caractère, MON caractère. Seuls Araki et moi étions aussi malléables, capables d'endosser n'importe quel masque. Le seul avantage pour ma part, c'était que je le faisais avec le même visage, celui de l'Arcane de l'Eau et que personne ne pourrait s'étonner de mon attitude. Après tout, n'étais-je pas... ? Quel était ce mot déjà ? Ah oui ! IMPRÉVISIBLE !

Je lançais un regard à Yôko. Cette dernière silencieuse, hocha la tête. Elle tourna les talons alors que je me centrais sur notre cher employeur de fortune. Un pas, elle s'arrêtait, mon regard se postant sur elle. Elle fit demi-tour, s'approcha de nous, les joues rouges. Je souriais, ce n'était pas dans ses habitudes. Elle prenait sur elle et pour le coup, elle était vraiment mignonne. Croisant les bras sous sa poitrine, elle s'inclina poliment, deux fois.

"Je vous présente mes excuses mon Seigneur, je n'aurais pas dû me permettre de vous juger aussi vite"

J'appréciais le geste mais je retire le côté mignonne et attendrissant. Elle avait tout gâché avec sa fâcheuse manie de tout centrer sur son oppulente poitrine. Pourquoi devait-elle toujours se résumer à ça face à un homme lorsqu'elle avait besoin de garder le contrôle comme là, pour masquer son malaise ? Elle m'avait alors souri, toute fière d'elle. Pour le coup, je lui redonne tous ses points et je double. Son sourire était tellement candide... Si pur... Là, c'était MA Yôko ! Elle partit alors s’acquitter de sa tâche.

"Bon... Désormais, nous ne sommes plus que tous les deux. Et ne t'inquiète pas, elle n'a pas fui, elle sait juste ce qu'elle a à faire et nous avancerons en parallèle. Elle nous reviendra bien assez tôt." Je me remettais alors en jambes. "Alors mon petit Shiro... Et si tu commençais par me dire à qui tu as causé du tort ? Quels sont les nobles qui peuvent bien te vouloir du al. Peu importe ce qui te passe par la tête, tu peux me le dire. Deux cerveaux valent mieux qu'un tu peux compter sur moi. Place au réel Kitsune de Saphir."

Mon sourire était carnassier, aussi bien par cette dentition qui était clairement celle d'un renard, que par amusement. Une traque débutait, les petites poules oisives n'auraient qu'à bien se tenir, des renards allaient bientôt s'inviter dans leurs poulaillers.

J'étais à présent ce kitsune sérieux. Si on devait réellement dissocier mes personnalités, disons que celle que j'arborais était le véritable Aoyuki. Pour le reste, celle fantasque que vous aviez-pour habitude de voir, était Shin et n'était autre que ce masque utilisé pour faire vivre mon frère, autant que pour égayer le peuple comme il l'aurait fait. Il fallait dire que peu de gens aimaient ma personnalité profonde, la réelle. J'étais un érudit, un intellectuel et on le reconnaissait. Fiable et dévoué, observateur et calculateur, un stratège redoutable doté d'un sang-froid notable. Rien de bien rebutant ? J'étais tout l'inverse de ce Kitsune de Saphir qu'aimait avoir le peuple dans les rues. Celui-ci, c'était le Kitsune de Saphir qu'ils aimaient pour leur sécurité, celui qui mettrait tout ce qui était en son pouvoir pour sa nation, face à ses ennemis, l'impitoyable. En effet, en plus de tout ce que je vous ai cité, j'étais froid, terriblement froid. Je ne souriais que peu, voir pas du tout. Je ne me souvenais pas que Xin ou Saeki m'aient vu sourire chaleureusement depuis la mort de mon jumeau alors que j'arborais cette personnalité.  Un être froid et glacial, dénué d'humour, non, doté d'un humour noir aux antipodes de celui que vous aimez. Cette être blessé, meurtri, c'était bel et bien moi, sérieux et ennuyeux mais je ne pouvais le laisser prédominer. Il serait trop détesté. Je devais le protéger, le couver. Et pourtant...

Faisant miennes les réflexions de Shiroi, j'écoutais silencieusement, analysant le tout dans mon esprit. Il n'y avait plus de place à l'amusement en moi et sur moi. Plus aucune. Nous semblions tous deux d'accord sur un point : cette somme devait provenir de nobles. J'avais étudié la possibilité que ce soit un groupe d'individus de plus petite condition mais ils n’auraient rien pu en tirer qui puissent rembourser leurs frais. De surcroît, s'adjuger ses biens aurait été trop voyant. Non, ils étaient perdants sur toute la ligne. Même pour une simple vengeance, c'était bien trop cher, bien trop risqué.  En procédant ainsi, ils remettaient en cause le jugement prononcé en haut lieu donc la loi de notre Saint Empire lui-même. Je plongeais alors ce regard glacial et ô combien pénétrant dans le sien, comme si je sondais son âme, essayant de lire à travers lui.

« Ton esprit est plutôt vif, frère Tamashimoru. Je suis attristé que la nation perde un de ses valeureux membres mais soit... Là n'est pas l'ordre du jour. Il y des pistes que nous pouvons clairement écarter. Ton fils ? Je suis d'accord avec toi. S'il est ton fils, il aura bien trop d'honneur et d'orgueil pour s'abaisser à cela. Satisfaction personnelle, zéro. Tes beaux parents ? Non... Ils sont droits et intègres. J'en doute. Ce sont des Ikhyldiens qui respectent bien trop la loi et l'Empire t'a jugé. Peu importe à quel point ils peuvent t'en vouloir, ils aimaient leur fille et leur fille t'aimaient. Même dans la mort elle reste leur fille en bons parents, ils ne la blesseront jamais, donc ne te blesseront jamais. Ce que je t'ai dit, s'applique à eux. Tu dois vivre pour honorer la vie de leur fille et la faire vivre. Tu dois mettre cette vie au service du plus grand nombre, pour leur plus grand bien. La mort aurait été trop facile. Et je doute qu'ils ne veuillent en être responsables. Ils ont un petit-fils. Ses frères et sœurs ? A étudier... Mais j'en doute. D'autres nobles ? Bien trop ouvert... Ce ne peut être que quelqu'un qui en fait une affaire personnelle. Cette personne est forcément proche de vous et pas de vos familles. C'est clairement parmi les amis et j'ai ma petite idée là dessus... Non pas que je sache qui est le coupable mais plutôt que j'ai un pressentiment sur sa nature. »

Je le fixais alors, menton enveloppé dans mes doigts, sérieux au possible, froid, calculateur. Je me rendis alors compte de la différence de taille qui nous séparait. J'arquais un sourcil, un seul, puis comme si tout ceci n'avait aucune importance, je me détournais, centré sur un lointain devant moi. En effet, cela n'avait clairement aucun effet à cet instant.

« Commençons par la familles Asajiro, veux-tu, frère Tamashimoru ?  »  

Il n'était plus mon petit Shiro, je lui rendais son honneur, non pas par pitié ou bonté, tout simplement que dans cet état, je n'avais pas ce genre d'émotions. Je ne m'embarrassais plus de futilités. C'était tout bonnement que je le traitais comme je le voyais, comme je le ressentais. Le Kitsune était un noble, un Ikhyldien, un semblable, un égal. Je ne pouvais décemment pas l'appeler Seigneur, il n'avait pas de rang au dessus du mieux et n'avait rien fait pour mériter à ce point mon respect, ma dévotion. Si je ne me sentais pas pour autant supérieur, j'utilisais donc une formule qui avait court chez nous autres Kitsune, bien plus encore entre nobles, celle de la patentée honorifique. Criminel ou pas, peu m'importait. Il avait eu sa sentence. Ce qui comptait, c'était l'instant présent et sa personne à ce moment là. Il était une victime.

«Yôko nous retrouvera sans problème, elle est fiable et efficace. Je ne doute pas qu'elle nous aide à confondre notre coupable. Allons-y, je te suis.»

Alors que je prenais sa suite, mon cerveau continuait d'analyser toutes les informations, le peu que nous avions, les recoupant avec tout ce que je savais des éléments de cette enquête passée, menée en amont de son jugement. A cela, j'avais intégré tous les paramètres des rumeurs que j'avais pu entendre ces derniers temps. J'en étais venu à me demander si le Ministre des Renseignements n'aurait pas quelques pistes mais j'avais très rapidement mis cette piste de côté. Il y avait également Araki mais il m'avait été signalé qu'il était actuellement absent, en voyage dans les Duchés du Sud. Encore une piste d'informations fiables à exclure. Les autres arcanes ? Cette affaire était bien trop spécifiques. Si j'avais intégré le Kitsune Sans Visage, c'était parce qu'avant d'être Ministre de l'Education, il avait tout simplement été espion comme moi. Les réseaux, nous les conservions et c'était en ce sens qu'il était plus apte à nous aider qu'un autre Arcane. Gain de temps maximal pour efficacité optimale avec pertes minimales. Telle était ma façon procéder. Il avait parlé, je ne lui avais pas répondu de suite. Non pas que je l'ignorais, tout juste que j'étais encore absorbé par mes pensées. Le Sans-Magie me remercia. J'arquais un sourcil, le fixant un temps avant de prendre la parole, enfouissant ma main dans mon kimono pour y chercher quelque chose dans une poche interne.

«Me remercier ? A ta convenance mais je pense pas le mériter non plus. A la rigueur, une fois que nous aurons apporté un point final à cette parodie de comédie tragique.»

J'en sortis alors mon masque, un masque bleu à finitions argentées. Un masque de Kitsune, mon masque. C'était celui que je portais lorsque je devenais une arme de l'empire, dénuée d'émotions et d'humanité, lorsque je devais faire ce qui se devait être. Plus de Ministre, plus de gentil pitre, plus de beau gosse faussement imbu de sa personne, exit tous ces masques, ces titres et autres, je n'étais désormais plus que l'Arcane de l'Eau. Le masque trônait à présent sur mon visage, changeant ma voix qui était déjà monocorde et glacée.



« Pas grand chose que tu ne doives savoir en tout cas. Ne te méprend pas toutefois, c'est juste que certaines sont confidentielles. Tout ce que je peux te dire, c'est que le Nom Asajiro est revenu pas mal ces derniers temps, dans diverses rumeurs. C'est donc un bon début je présume. Quels étaient vos liens précisément ?»

Alors que nous cheminions, les regards dans la rue, ainsi que les attitudes à mon égard étaient toutes autres. On ne m'alpaguait plus, on ne m'arrêtait plus, les sourires s'estompaient, on m'observait, dévisageait mais surtout, on gardait ses distances. Il n'y avait plus de chaleur, seulement l'Arcane de l'Eau, la Marionnette de Glace.

Encore une fois, dans un silence monacal, j'avais écouté ses propos. Tout était méticuleusement analysé, disséqué, décortiqué. Tout. Absolument tout. Y compris lui. Au travers des fentes de masque, je l'observais, notant le moindre de ses gestes et mes oreilles, elles, sensibles aux moindres fluctuations dans sa voix. Il ne mentait pas. Avais-je des doutes sur lui ? Non mais je ne pouvais pas tout simplement me reposer sur une sympathie qui pourrait obscurcir mon jugement. C'était bien là une règle de base de ce que m'avait appris l'Oncle Xin alors que j'étais encore un enfant et que je jouais aux enquêteurs. Dans ce monde, son monde, il n'y avait pas de place à l'amour. Sous quelque forme que ce soit. Les sentiments étaient des poisons venant obscurcir les jugements mais nous ne pouvions pas les éliminer totalement, tout le temps. Juste le temps d'une mission limite.  Faire abstraction de ses émotions, de ses sentiments donc. J'y étais... Je devais être aussi empathique qu'un de ces automates akkatoniens ou de nos golem. Autre règle et l'une des plus importantes, la base de tout : Douter de tout. Il fallait toujours douter de tout. N'allez pas y voir un délire paranoiaque. Non. C'était tout autre et purement logique et si vous en doutez toujours, laissez-moi vous répondre ceci : Espions. Xin m'avait formé et au contact de ce kitsune que je considérait comme un petit frère, Araki, j'avais pu et dû apprendre à m'améliorer dans ce domaine. Bref. Je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet mais pour être impartial, je me devais de passer par là et il ne me semble pas que j'aie vraiment besoin de me justifier auprès de vous.

«  Je vois... Merci pour ces informations. Elles restent, somme toute, à leur niveau, disons... Utiles. »

Nous nous étions arrêtés. Je passais alors devant lui. Une bâtisse somme toute jolie, -en même temps, qu'est ce qui ne l'était pas dans notre cité ?-, et dont on ne pouvait pas douter du niveau de vie de ceux qui l'occupaient. Nul doute qu'ils étaient nobles, même si d'un simple coup d'oeil, on pouvait noter qu'elle était de loin plus modeste que ma demeure. Flagornerie ? Non, avis objectif et simple image afin de faciliter l'image dans la tête de ceux qui me connaissent. La vantardise était l'appange de mon autre personnalité. Je vivais dans ce qui s'apparantait, pour vous, à une villa, je crois. De hauts murs me coupant de la rue, une demeure de belle taille, une cours intérieure, des fontaines, un grand jardin verdoyant avec des arbres, de ceux qu'aimaient ma mère : cerisiers orientaux.  Le tout, coupé en deux suite à certains troubles du passé, éloignant à jamais mes parents. Pour ce qui était de la demeure des Asajiro, il n'y avait pas de tout cela. Elle était mitoyenne, ayant pignon sur rue. Ce n'était pas déplaisant, il fallait juste aimer.

Je toquais.

Une femme, une métisse. Mi-kitsune, mi-elfe. Assez jolie, même très belle à dire vrai. Un beau mélange, en tout cas, sur elle. Elle ressemblait à une oeuvre d'art, une vison idyllique de la beauté des deux races, combinées en une seule et même femme pour en faire le mix parfait, la créature parfaite. Elle n'avait pris que les meilleurs aspects de chacune de deux races, en apparence extérieure. Sa tête venait de paraître à l'embrasure de la porte. Elle eut un mouvement de recul. Compréhensible. J'étais masqué devant elle et dernière moi, Shiroi qu'elle sembla reconnaître, ouvrant de grands yeux ronds.


«  ASAJIRO Haruka je présume ? Je suis... »

«  Hoho, nul besoin de vous présenter mon beau seigneur, c'est un véritable honneur pour moi, je veux dire, pour nous, de recevoir le Kitsune de Saphir à la maison. Mes amies ne vont pas me croire quand je le leur dirais. Haha, le Kitsune de Saphir, chez moi... Même si je doute que ce ne soit pour me conter fleurette. Ce qui est dommage dans un sens mais... Oh non, que dis-je, je suis mariée, c'est mal. Et je l'aime mon mari, oh oui. N'allez pas me prendre pour un femme facile aux mœurs légères et frivoles n'est-ce pas hein ? C'est juste... Disons... L'émotion, l'excitation. Un kitsune aussi beau... Je ne suis qu'une femme après tout et... Et... Excusez-moi, je parle trop. Entrez-je vous prie. Bienvenue chez nous et... A toi aussi Shiroï... »

En effet, elle parlait trop. Était-ce ce que subissaient les gens lorsque mon autre personnalité avait la main-mise sur ce corps ? Un frisson me barra l'échine. Elle était belle oui, mais niveau personnalité, elle n'était pas hideuse, non loin de là, juste, disons... Spéciale.. Elle avait affiché toute une panoplie d'émotions, adoptant diverses poses sur le pas de sa porte, rougissant, fronçant les sourcils, s'exaltant avant de se plonger dans une méditation vocalisée et bien d'autres encore, avant de finir d'une manière plutôt... disons... Détachée en s'adressant à mon compagnon de fortune. En y regardant de plus près, la personnalité d'Haruka était bien celle d'une Kitsune et en ce sens, elle ne me laissait pas indifférent. Elle avait son charme.

« Merci de nous accueillir en ces murs. Pardonnez-nous cette soudaine irruption je vous prie, nous ne voulons pas déranger plus que nécessaire mais nous sommes là dans le cadre d'une enquête. Votre époux... ?   »

Elle avait fait la moue, m'adjoignant d'un plat de main, de ne pas en dire plus, avant de disparaître derrière une porte. Je me tournais alors vers le grand Kitsune. «  Somme toute... charmante... ?  » avais-je lâché, sans le moindre sourire audible derrière ce masque de Kitsune, avant de me me retourner.

La femme apparût de nouveau et dans une posture théâtrale, annonça l'arrivée imminente de son mari. Un grand homme, élancé, plutôt bel enfant également. Demi-elfe, demi-humain. Il n'avait toutefois pas l'air des plus commodes.

« Excellence, c'est un honneur pour moi de recevoir un Arcane en ces modestes murs, mais en ce qui te concerne, toi, Shiroi, je te l'ai déjà dit, je ne veux plus jamais te revoir ! J'ai bien compris de quoi il en retourne mais après l'enquête, tu sors, et tu ne remets plus jamais les pieds ici. Arcane ou non, Impératrice à tes côtés ou non, c'est mon toit et tu n'y es plus le bienvenue ! La justice a été claire et je me range à son avis, je le partage. Même si je peux comprendre ce qui est arrivé, cela ne veut pas dire que je te pardonne pour autant ! Je ne te tuerai pas mais je ne veux pas que tu t'approches de nous, plus jamais !!!! Est-ce que tu comprends ? Hein ?! Ou tu vas encore te terrer dans ton mutisme, garder ton air froid et détaché de tout ? DIS QUELQUE CHOSE BORDEL !!!!»

Il s'était alors élancé vers le Kitsune blanc, dans un accès de fureur. Plutôt sanguin l'artiste. J'avais alors levé mon bras droit. A son contact, comme s'il avait heurté une barrière, il se stoppa.  Il s'excusa ensuite et tenta de reprendre son calme. Ce faisant, il n'avait de cesse de répéter "qu'elle ne méritait pas ça, que c'était une bonne et gentille kitsune, une perle rare". Je le laissais se calmer puis, le silence revenu.

«  Nous avons quelques questions à vous poser mais avant, je crois qu'il serait bienvenu de lui répondre, ne crois-tu pas Tamashimoru Shiroi ? »

Je baissais mon bras, le demi-elfe calmé. Je fis deux pas en biais. J'avais alors une vue d’ensemble sur le tableau, pouvant ainsi à loisir observer les différents partis. Je laissais donc à Shiroi l'occasion de s'expliquer, s'excuser au besoin, afin d'apaiser les tensions ou non, c'était selon lui. En tout cas, c'était lui qui avait le grand honneur de mettre les pieds dans le plat et moi, je serais là pour temporiser ou compléter. Une odeur de pâtisseries se rependait dans la pièce, venait chatouiller nos narines. Raffinée, sucrée, fruitée. N'ayant visiblement pas de domestiques, ce devait être Haruka qui cuisinait. Sur les murs, autour de nous, des tableaux, des portraits. Il y a avait ces des arcanes et de l'impératrice. Tous de la main du même artiste. Des portraits de grande facture et tellement réalistes. De là où j'étais, je pouvais voir ce qui ressemblait à un atelier. C'était la pièce d'où Tatsuya était sorti. Il devait être en train de peindre. Nul doute en fait. Il était couvert de peintures. Silencieux, j'observais, attentif.

Shiroi avait parlé. Clair et concis. Il ne s'était pas épanché et n'avait pas non plus débordé. Je n'avais perdu aucune miette de la scène, les observant tous les trois. Le kitsune blanc était resté fidèle à lui-même, stoïque, droit et impénétrable. Haruka, sur ma gauche, en retrait derrière son mari, avait poussé un petit gloussement qu'elle avait eu peine à retenir, se masquant le bas du visage avec un éventail qu'elle venait de déployer, me lançant des regards en coin par intermittence. Quant au dernier, le semi-elfe, il n'avait baissé la tête, comme un adolescent rebelle que l'on recadrait. Il s'était mordu la lèvre, serrant les poings tant et si fort qu'on avait l'impression qu'il essayait de se broyer ses propres os. Un mage de terre selon les informations. Ce n'était pas un type de magie très adapté pour un combat dans sa propre maison, mais ne savait-on jamais. Il était adepte du renforcement si mes souvenirs étaient bons. Ce demi-homme avait fait un tour par la case militaire avant de se détourner d'elle pour embrasser l'art, domaine dans lequel il était tout aussi compétent, si ce n'était plus. Un rêver, un idéaliste qui malgré tout, était sanguin et doué en corps-à-corps. Ce n'était pas mon point fort mais à titre préventif, je me préparais tout de même à intervenir, point fermé.

« Ca me coûte de l'admettre mais tu as raison...  Shiroi. En présence de son Éminence, je me dois d'être plus civilisé. Veuillez pardonner mon attitude je vous prie.   »

Le maître de maison s'était relâché, calmé, en apparence du moins... Je ne relâchais pas mon attention, étant toujours prêt à intervenir si nécessaire, mon poing fermé, prêt à invoquer une prison aqueuse. J'avais accueilli ses excuses par un simple hochement de tête.


«  Eh bien... Commençons. Notre temps est précieux, à tous je crois, n'est-ce pas ? A ce titre, je vais aller droit au but.  Qu'avez-vous à me dire au sujet de ceci ? Bien entendu, il en va de soi que je ne tolérerai aucuns mensonges et qui si tels étaient avérés, ils me contraindraient à vous placer en détention. Outrage à Arcane dans le cadre de ses fonctions, vous savez ce qu'il en coûte ? Et ceci, ce serait au mieux, donc je vous prie, épargnons-nous de la perte de temps totalement inutile.  »

Monsieur Asajiro me scruta, comme s'il essayait de me dévisager au travers de mon masque. Il baissa ensuite les yeux, puis s'en suivirent la tête, un soupir des plus profonds et il se mit à table. Derrière lui, sa femme, s'était calmée net.

«  Je savais que quelque chose comme cela arriverait. Il  ne faut pas être un génie pour le comprendre et pourtant, j'ai été assez stupide pour me faire piéger ainsi.  L'appât du gain. Un homme m'a approché il y a quelques temps de cela. Il disait qu'il était négociant et qu'il servait d’intermédiaires entre  commanditaires et artistes. Il m'a dit que plusieurs nobles s'intéressaient à moi  , à mes œuvres.  Au début, il en achetait de toutes sortes mais un jour, il est venu me demander d'honorer une commande particulière... » Il se tut, semblant hésiter.

«  Je saurai apprécier votre rôle et vos contributions à leurs justes valeurs, n'ayez crainte Asajiro Tetsuya.  Maintenant, poursuivez, je vous prie, de quelle nature était cette demande ? »

L'artiste peintre s'était alors détendu un peu. Sa nervosité semblait se dissiper et sa femme, derrière lui, semblait tout aussi soulagée.

«  Eh bien... Il me demandait de faire des portraits de criminels Ikhyldiens. Au début, je ne voulais pas, mais il a  avancé une grosse somme d'argent et les parents de ma femme étaient malades... Nous avions besoin d'argent, de plus, nous avions des dettes à éponger alors j'ai accepté, nous avons accepté. C'était pour le mieux et nous ne pensions pas que cela pouvait être méchant...  »

«  Quel rapport avec vous ? Ce n'est pourtant pas votre style ? Les tableaux que vous avez peints et cette affiche... Vous êtes plutôt porté Réalisme, vos œuvres d'Arcanes ici alentours, sont criantes de vie. On a le sentiment qu'ils vont cligner des yeux ou s'animer  d'un instant à l'autre. Ceci en revanche, c'est de l'Estampe traditionnelle.  »

Le noble me sourit alors puis il repris alors son histoire.

«  Je connais votre amour de l'art Arcane Ogazawa Ishizuki  et ces mots m'honorent profondément, je vous suis gré de le croire. Vous n'avez pas tort mais pourtant, c'est bel et bien de moi. J'ai dû apprendre à user de diverses techniques à l'académie et celle-ci en faisait partie. J'ai donc honoré la commande. Dans cette série de toiles, il y avait Shiroi, ici présent. Et... Et... Je suis désolé Shiroi, je... Je ne.. »

Je levais la main d'un geste sec et vif, captant son attention.

«  Plus tard autour d'une tasse de thé mais pour le moment...»  

J'avais fait signe de la main, l'invitant à poursuivre.

«  Oui, mes excuses. Après cette commande, il venait avec des sommes plus grosses et me demandait de ne peindre que Shiroi. Je trouvais ça suspect mais les sommes étaient rondelettes. Il avait avancé que son portrait avait fait fureur et que bon nombres de ses  clients se l'arrachaient à prix d'or. C'était  un tueur dont l'affaire avait fait grand bruit et les nobles mondains aiment ce genre d'histoires. Je n'ai pas cherché plus loin. Et puis... Ces affiches ont commencées à circuler et la suite... Vous êtes là.  »

«  Et ce négociant... Pourrions nous avoir son nom ou des informations à son sujets qui pourraient nous permettre de remonter vers lui ? Nous serions heureux de pouvoir entendre ses explications quant à cette sordide affaire.  »

«  Je pense que j'ai beaucoup mieux que ça. Si je peux laver mon honneur et prouver ma relative innocence, je vous aiderai au mieux. Il doit venir prendre possession d'une nouvelle série, aujour... »


«  C'est lui, c'est le code...  »

Je lui fis signe de la tête et il dépassa Shiroi,  marquant un temps d'arrêt à ses côtés, comme s'il allait dire quelque chose. Il s'était ravisé et avait ouvert la porte.  Ils discutèrent de manière trivial puis il l'invita à entrer.  Pendant ce temps, j'avais incanté, le plus discrètement possible, faisant de Shiroi la cible de mon sort. Je trouvais cela plus prudent. Le nouvel arrivant était encapuchonné. Il n'avait semblait-il, pas encore remarqué notre présence et  lorsqu'il nous vit, il se figea. Il n'avait pas eu le temps de finir de relever le dit capuchon mais un détail m'avais frappé, ses cicatrices lui barrant les lèvres. Je les avais déjà vues.  Il hésita alors puis d'un geste vif, projeta Tetsuya contre le mur avant de s'enfuir  dans la rue, sans demander son reste.

«  Fonce Shiroi, ne le lâche pas d'une semelle, c'est notre cible et elle est plutôt dangereuse. Je t'ai apposé un sort, je te retrouverai bien assez vite.  Et... Surtout, méfie-toi, c'est un thériantrope de type loup.  »

Les kitsune n'étaient pas réputés friands de canidés et je n'échappais pas à la règle. Après avoir donné mes directives à ce cher taciturne, je m'étais précipité vers la victime au sol. Plus de peur que de mal. Il était en vie, inconscient.  

«  Il est juste sonné, ça devrait aller, je vous le confie, je passerai plus tard, n'ayez crainte.  »

J'allais sortir à mon tour afin de me lancer à leur poursuite lorsque quelque chose me stoppa net sur la pas de la porte.

«  Je prends un risque en procédant ainsi mais les murs ont des oreilles sensibles et pointues et je préfère subir le jugement d'Ikhyld que celui de cet homme... Cherchez un Elfe balafré à l'œil gauche. C'est un radical ikhyldien qui n'aime pas les sans magie. Faîtes attention, il appartient à un ce mouvement de l'ombre. C'est tout ce que je sais. Je pense que vous comprendrez aisément d'où je tiens mes sources...  »

«  Oui, ne vous en faites pas, vous en êtes en sécurité et votre couverture est sauve. Je remonterai ces détails personnellement au chef. Sur ce...  »

Haruka était une des nôtres, une espionne de Xin. Il me fallait en parler à l'elfe plus tard, sa couverture pouvant être potentiellement compromise, il fallait la sécuriser. Chaque vie était importante. Comment en étais-je sûr ? Il y avait un code précis dans sa phrase.J'avais travaillé suffisamment longtemps pour en comprendre le mécanisme. C'était une espionne de mon mentor, point final.  Pour l'heure, j'avais une mission à mener à bien et vilain-méchant-tout-pas-beau-et-puant à capturer. Je m'élançais alors, mon odorat pour seul guide.

*Tâche de ne pas en faire trop petit Shiro et surtout... Ne meurs pas ! *

Compléments:

Les rues et paysages défilaient au travers des fentes de mon masque. Avec mon odorat pour guide, je remontais une piste invisible que Shiroi avait tracé pour moi. En regardant de plus près, il était fort probable que même sans l'utilisation de ce sort, je n'aurais pu me perdre. En effet, tout autour de moi, il y avait  de l'agitation et je n'avais pas besoin de mes oreilles pour comprendre qu'ils parlaient de la course poursuite. De plus, la convergence des regards était un bon indicateur de l'itinéraire à suivre.

Alors que j'avançais du plus vite que je le pouvais,  je pensais à Shiroi. Il s'était lancé à la poursuite du thériantrope sans armes. Mon cœur se serra soudain. J'avais un mauvais pressentiment.  Il ne semblait pas y avoir eu de débordements sur leur passage, pas de traces de lutte et pourtant, j'avais le sentiment qu'il y avait quelque chose qui était en train de se mettre en marche. Je me mis alors à accélérer. Au moins, j'avais pour le moment, la certitude que les civils n'avaient pas été pris dans une bagarre ou autre accès de violence. L'ordre publique n'était pas troublé outre mesure et cela me consolait. Les citoyens étaient saufs mais qu'en était-il de Shiroi ?

Après une course folle, j'étais enfin arrivé. A bout de souffle, j'en oubliais toutefois bien rapidement mon état. Le suspect était étendu au sol. Je vins chercher son pouls que je trouvais.  Mon attention se porta alors de suite sur le Kitsune aux cheveux blancs. Une odeur infecte de sang me prenait les narines. Etant ce que j'avais pris comme point de repère pour ma traque olfactive, l'odeur était donc disproportionnée et m'en donnait presque le tournis. Sans perdre de temps, j'enjambais alors le corps inerte pour me précipiter vers mon compatriote, en même temps que je désactivais le sort.  

« C'est...   Je vais te soigner, n'en fais pas trop.  Que s'est-il passé ? »

J'examinais la plaie. Elle était costale, profonde mais me semblait à ma mesure. Je pouvais le  soigner.  Je me mis alors à incanter faisant lentement, mais sûrement, apparaître une sphère d'eau aux propriétés curatives. J'en plaçais le centre à proximité de ses côtes. Mon attention était toute centrée sur lui et ce sort de soin. Ma priorité était de le remettre d’aplomb.

Compléments du RP:

Alors que je soignais le kitsune à la fourrure neigeuse, j'écoutais ce qu'il disait tout en incantant. Je parvenais assez bien à rester concentrer, enregistrant ses mots dans tête pour les écouter et les analyser en différer. Pour le moment, je n'en saisissait pas tout l'ensemble. Ses plaies se refermaient relativement rapidement et je sentais mon énergie se faire drainer hors de mon corps. Combien de temps cela faisait-il que je n'avais pas fait usage de ce sort ? Je ne m'en souvenais plus vraiment mais la fatigue que cela engendrait de par sa ponction en énergie magique, ça, mon corps semblait s'en rappeler. Il me fit signe que c'était bon pour lui. Je poursuivais quelques instants puis arrêtais d'incanter. Je me relançais dans une nouvelle entreprise, plus brève cette fois alors que je m'approchais de lui. Un sabre de type katana venait d'apparaître dans ma main.

Abaissant l'arme, sans mot dire, je me penchais vers les côtes de cette tête brûlée et les observais un temps durant, silencieux. Je posais ma main dessus puis finis par conclure que ça allait. Au besoin, j'aurais dû l'évacuer et le faire soigner le temps que je poursuive et termine mon investigation. Je me redressais alors.

« Ca m'a l'air tout à fait en ordre, cependant, ne force pas. Si tu as mal, on te déposera directement à l'infirmerie et tu t'y fera soigner. C'était un Thériantrope, un loup. Quand je te demandais de le suivre, ce n'était pas pour l'arrêter mais si possible, ne pas le perdre de vue. Garder une certaine distance et le filer jusque dans sa cachette, ce genre de chose. Il est dangereux. Même moi je n'y serai pas aller de front, tout baigné de magie que je suis. C'est un loup, tu vois, un gros loup, et nous sommes des renards. »

Je tournais la tête, observant la masse inerte au sol. Même sous apparence humaine, il était plutôt carré et imposant. Pour un œil entraîné, on pouvait tout de suite remarquer qu'il était un tueur à mains nues confirmé et incontestable. Je ne pu m'empêcher de pousser un soupir. Je me frottais la tête de ma main libre avant de me centrer de nouveau sur Shiroi. Mes oreille tressaillirent, l'une d'elle se un peu plus nerveuse que l'autre. Je reniflais un coup puis secouais légèrement la tête. Odeur familière. Tendant la main armée, je la présentais à la victime du jour.

« Au moins, il n'y pas de citoyens impliqués inutilement ni même de dégradations. Vous êtes tous le deux en vie même si l'un semblait l'être plus que l'autre alors  je pense que je peux au moins te féliciter pour ceci. Félicitations. Toutefois... Veille à ne pas trop en faire et tiens... Ce ne sera pas aussi parfait que ton arme habituelle et même plus froid, à n'en pas douter mais ce sera toujours mieux que rien si jamais il y a besoin de te défend. »

Mes oreilles furent mises en alerte. Je me détournais promptement de Shiroi pour poser les yeux sur la source de tout ceci. Il s'agissait de notre cible qui était en train de nous faire face. Un sourire des plus enjôleur aux lèvres, il nous faisait fasse, grognant, ses yeux luisant de haine.Son sourire ? Comment vous le décrire ? Pointu, très pointu avec des pointes, beaucoup, beaucoup de pointes et surtout, de la bave, non, de l'écume. C'était le sourire carnassier d'un loup affamé qui vient séduire un renard affamé. Il était massif, son pelage noir, ne le rendant pas plus attirant, conjugué à sa taille, donnait l'impression d'appartenir à un ours. Au final, aucune des deux images ne sont faites pour rassurer et à ce moment, nous en étions loin. Ours et loups, prédateurs naturels, potentiels, du renard. Peu ragoutant. Un combat dans cette ruelle s'annonçait mal. Il était trop massif et nous étions trop à l'étroit. l'esquiver allait relever du miracle.


« Je me disais bien que ça puait le chien par ici... »

« Je ne suis pas mécontent de ton arrivée, Yôko ! » Je levais mon pouce en l'air. Pas mécontent était trop peu dire. J'étais heureux et soulagé. Elle nous avait tiré d'un mauvais pas.

La kitsune venait de lui tomber dessus, en provenance du toit, la garde de son katana droit sur la nuque. Net et précis. Après ce qu'il avait mangé en provenance de Shiroi, ce dernier coup devait lui avoir causé pas mal de dégats. Il était sonné pour de bon là. Pas de doute possible.

« n vous laisse quelques instants sans surveillance et voilà le résultat. Vous les mâles, décidément... »

« Yôko ? »

« Oui, pardon, j'y viens. J'ai pu remonter des pistes via le réseau mais avec lui, ça n'en laisse plus beaucoup de doute possible. Par contre, Seigneur Tamashimoru, avant toute chose...connaîtriez vous un elfe qui pourrait vous en vouloir ? Un du type radical ikhyldien ? »

Mes oreilles s'étaient dressées. Un elfe ? Elle aussi en était arrivé à cette conclusion ? L'information que j'avais reçue allait en ce sens. Était-ce bien donc un membre de l'Esprit ? Je gardais le silence, attentif.

Compléments de RP ::

J'avais observé le kistune sans le quitter du regard un seul instant. Alors qu'il avait répondu à la question de ma compagne de route et auto-attitrée cheffe de ma sécurité personnelle, -normal, il n'y avait qu'elle de toute manière-, j'avais noté le moindre de ses gestes, la moindre de ses expressions. Rien, absolument rien ne m'avait échappé en particuliers le moment où il avait levé les yeux au ciel. J'avais alors analysé sa voix et j'avais soupiré en fin de sa prise de parole. Lorsqu'il avait posé sa question, je l'avais regardé, haussant les épaules, soupiré une fois de plus avant de me centrer sur Yôko, lui tournant le dos. Deux pas et je m'arrêtais.

«  Il va falloir y mettre du sien Tamashimoru Shiroi. Oui.... Aussi évidentes que les réponses te semblent car au final... Rien ne l'est visiblement pour toi. Cette question est bien plus censée que tu ne penses qu'elle était. Réfléchis quelques instant veux-tu ? Je dois parler avec mon... assistante.  »

Yôko qui m'avait entendu prononcer ce mot, avait tressailli. Je pouvais clairement voir qu'elle était heureuse même si elle semblait impassible pour une tierce personne. Je la connaissais bien désormais.  Plus de soixante-dix années ensemble à vivre au quotidien. Nous en étions presque comme des frères et sœurs, presque comme un couple. Oui, un couple. Je le dis pour faire plaisir à ceux qui attendaient cette comparaison mais non, définitivement, il n'y avait pas ce genre de chose entre nous. Bref ! Toujours était-il que je m'étais approché d'elle et avait entamé une petite conversation  un peu plus privée. Bien sûr, on pouvait nous entendre mais nous en avions cure, nous parlions une langue que seuls nous connaissions, une langue que l'on avait mise au point avec mon frère enfant et qui nous servait désormais à elle et moi lorsque nous voulions parler sans craintes.

LA kitsune experte en maniement de sabre et mage de feu, m'avait alors fait part de ses informations et j'en avais fait autant. Il était évident qu nous touchions au but et nous semblions d'accords. Tout ceci était personnel.  Je me tournais alors vers Shiroi. Je fixais un instant le thérianthrope et me recentrais de nouveau sur lui.

«  En fait, je vais reformuler ça autrement...  Ce beau toutou qui est couché au sol est un mercenaire assez malfamé et j'ai peine à croire qu'il ait pu se promener aussi facilement dans notre belle capitale tout ce temps durant. Il a clairement bénéficier de soutiens mais surtout... il coûte très, très très cher. Il y a donc une personne qui désire ta mort bien plus que tout. Donc... Est-ce que tu connais un elfe qui puisse vouloir ta mort plus que tout au monde, bien plus que de risquer la destitution de ses titres ? Oh ! Il doit avoir une cicatrice à l’œil gauche, avoir une une horreur des sans magie anoblis et potentiellement... avoir été proche de ta femme ou de toi. »