Début Octobre 1999

Par une immense baie vitrée, splendidement ouvragée, un homme à la chevelure blonde à la presque couleur lunaire regardait par la fenêtre, jouant avec le liquide ambrée qui emplissait un verre en cristal. Cet homme contemplait le ciel rougeoyant d'une fin de journée encore bien rempli. Bien rempli ? Pour un être tel que lui, il y a bien des choses qui se répétait au quotidien. Diriger un pays que Teïder pourrait être totalement routinier, mais des fois, des situations demandaient une attention plus particulière, voir même invitait le Roi à y mettre son nez.

D'un sourire malsain, il but son verre. Il avait ordonné qu'on fasse venir un des inquisteurs, un des plus loyaux à la couronne et surtout, au Père de la Souffrance. Ces hommes étaient capable de bien des choses pour servir le Père de la Souffrance s'infligeant eux mêmes des prêches douloureuses qu'à le faire subir aux hérétiques et aux hommes et femmes qui ne se dévouaient pas assez pour la divinité ; et leur roi. Mais ce soir, c'était le roi qui mènerait la danse. Les inquisiteurs étaient des hommes puissants à bien y regarder et il y avait un bon moment que le roi n'avait pas eu à faire un petit rappel à l'ordre. Que de mieux que de le faire maintenant pour une situation dont il avait eu vent et qui pourrait avoir de fâcheuses conséquences. Car il y avait des choses qui pourraient être classées comme anodines, mais qui étaient pour le roi, intolérable.

Il alla se resservir un verre de cet excellent hydromel. En même temps, il regarda les gardes qui étaient en nombre dans l'immense pièce où il se trouvait ; un genre de salon personnel. Il était toujours entouré de gardes, car forcément, qui était à la tête d'un pays avait de nombreux ennemis. Puis, enfin, les portes s'ouvrirent.

''Aahh... vous avez mis du temps à répondre à ma convocation immédiate, Inquisiteur Sigismond. J'espère que vous avez une bonne raison à apporter en explication pour justifier ce retard.... Car voyez vous, nous avons à parler vous et moi..."

Aujourd'hui Sigismond avait été convoqué par le roi, et évidemment l'inquisiteur ne se faisait pas vraiment d'illusion sur la raison de sa convocation, notamment car il avait récemment souffert d'un revers qu'il regrettait amèrement. Par la peste, ce maudit Eïlynsterien ne paierait rien pour attendre pensa l'inquisiteur… Néanmoins, en attendant il fallait rendre des comptes au roi, soit, après tout ce dernier méritait bien que ses serviteurs fassent de leur mieux et que ceux-ci rendent des comptes évidemment quand ils échouaient. Après tout ce n'était pas l'échec qui allait amener rapidement le royaume de Teïder à la suprématie…

Il avait donc été convoqué au palais d'Orzus, Orzus la splendide capitale de Teïder. Qui était d'une binarité sublime, à la fois engorgée d'une corruption qui méritait d'être purifiée et qui rappelait avec justesse au serviteur du père que leur combat pour le règne de leur dieu sur ce monde n'était pas terminé, mais qui irradiait aussi d'une splendeur sans nom. Celle d'un état fort, d'une église puissante, mais surtout d'un peuple uni autour d'une même cause et d'une même lutte, ce contre leurs ennemis éternels. Orzus la sainte, les autres royaumes trouveraient peut-être cette cité aussi malfamée que terrifiante, mais c'était parce que ces impies ne savaient pas voir la véritable beauté et se complaisaient dans la corruption et décadence qui était la leur.

C'est ainsi qu'il fut mené au roi lorsqu'il se présenta à l'heure au palais, ni en avance, ni en retard, pile à l'heure, après tout il ne convenait ni de faire attendre le souverain, ni de perdre son temps à patienter alors que chaque seconde serait mieux investit au service actif du royaume…

Il fut donc rapidement mené au roi après avoir traversé l'immense palais d'Orzus, un splendide palais qui était aussi très sécurisé, les ennemis du roi de Teïder étaient après tout légions et ne seraient guère contre de voir celui-ci mort… Il ne fallait donc guère lésinait sur sa sécurité, celle du jeune roi qui à la vu de l'inquisiteur ne manqua pas de s'exprimer, celui-ci répondit alors platement et modestement.

« Mes excuses votre altesse, mais je ne suis pas en retard. J'en veux pour gage ma loyauté à sa grâce et au seigneur de la peine qui ne saurait souffrir un tel manquement à mon devoir. » Il s'agenouilla alors profondément devant le roi, puis reprit avec humilité.

« C'est un honneur votre majesté, qu'est-ce qu'un humble serviteur du seigneur comme moi peut-il faire pour satisfaire la volonté du seul et véritable souverain ? » Et sur ces paroles, il se tût alors dans l'attente de la réponse du roi.

Zmeï souriait intérieurement. Les Inquisiteurs étaient efficaces mais avaient toujours cette fameuse et navrante tendance à une pointe d'arrogance. Il était vraiment temps de faire comprendre à certains, dont à Sigismond où était sa place et donc sa manière de répondre devant sa Majesté.

Il ne répondit pas immédiatement. Il était le roi, il avait ce privilège après tout. Il laissa donc l'inquisiteur agenouillé, le temps d'aller se resservir un autre verre d'hydromel, qu'il garda en main en se retournant vers l'arrivant convoqué. Il prendra le plaisir de savourer son breuvage ambré en même temps que cette entrevue. D'un sourire, il regardait Sigismond. C'était un de ses plus loyaux sujets et un de ses inquisiteurs les plus efficaces et les plus redoutables du royaume. Mais il arrivait même aux élites d'avoir un parcours entaché d'un petit détail perturbant.

''Vous osez contredire ma remarque, Inquisiteur ? Depuis quand vous vous permettez ce genre de comportement envers ma personne ? Vous débutez mal ce début de conversation mon cher, déjà que votre position n'est guère en grâce envers moi. ''

Il fit quelques pas, lorgnant Sigismond, comme s'il s'agissait de sa proie à occire. Et il affichait toujours le même sourire prédateur.

''Relevez-vous donc. Bien.... Je pense que vous avez une petite idée de votre présence en face de moi n'est ce pas ? Vous êtes un homme intelligent et qui a toujours servi le Père de la Souffrance et la Royauté. Mais il y a peu, j'ai appris une chose fâcheuse. Très fâcheuse même, qui pourrait remettre en question votre efficacité en tant qu'Inquisiteur....''

Il porta à ses lèvres son verre pour savoir une très courte gorgée d'hydromel, cette boisson sucrée et délicieuse.

''Un hérétique, un Eïlynsterien qui plus est, a réussi à s'évader des geôles....et il serait toujours en vie, de ce que j'ai appris... Seriez-vous en train de perdre la main, mon cher Sigismond ? ''

L'inquisiteur attendit calmement que le roi daigne lui répondre, ce qui prit un certain temps car son altesse sans doute dans un certain désir de le faire mijoter, prit le temps de se servir à boire. Puis quand les paroles du roi résonnèrent à nouveau, elles n'étaient pas spécialement de bon augure dans les faits, même si Sigismond ne s'était pas spécialement attendu à autre chose. Pour tout répondre il resta donc silencieux devant la réprimande du souverain, après tout qu'avait-il à répondre à cela ? Rien sans doute, il valait mieux se taire, de toute manière il n'avait pas en effet à contredire le roi supposait-il, même si évidemment il désirait faire savoir qu'il n'était pas le genre de serviteur à fauté de manière irrespectueuse envers l'un de ses maîtres.

L'inquisiteur se releva en tout cas quand le roi le lui permit, ce sans relâcher l'attention qu'il consacrait envers ce dernier, après tout l'inverse serait sans aucun doute insultant et prétentieux. Car si le souverain de Teïder l'avait convoqué ici c'était bien pour une raison et il avait tout à fait le droit évidemment d'exiger une totale attention par rapport à ceci… Quant à l'inquisiteur son devoir était d'obéir, car le roi était l'un des plus prestigieux représentant du seigneur de la peine sur terre…

Et dans les faits, son altesse ne tarda guère à aborder le sujet fâcheux pour l'inquisiteur qui aurait sans doute préféré que cette faute n'ait jamais eut lieu. Qu'elle soit oubliée ? Non, après tout il ne fallait pas oublier ses erreurs, la seule chose à regretter était qu'elle avait été commise, en tout cas on ne l'y reprendrait plus. Pour répondre Sigismond baissa légèrement le regard et dit humble.

« En effet votre majesté et j'assume l'erreur que j'ai commise, ce chien a échappé vivant à son enfermement, mais ce n'est que partie remise... » L'inquisiteur prit alors un ton sombre qui manifestait bien sa colère envers cet hérétique qui avait échappé à la mort , puis reprit. « La prochaine fois il n'aura pas une telle chance, ni les autres impies que j'aurais à ma charge… Mais en attendant, j’assumerai tout châtiment que vous estimerez convenir pour me punir de mon échec. Car c'est dans le douleur que s’apprennent durablement les leçons. » Conclut-il alors calme comme si c'était tout à fait normal et ça l'été sans doute à ses yeux en effet, que l'on soit punit pour un échec.

Le roi souriait intérieurement. Souvent, les gens q'u'il convoquait tenait des discours de ce genre. C'était amusant comme on retrouvait parfois des similitudes, comme si c'était inscrit profondément dans l'âme... Il joua avec son verre et regarda Sigismond en silence, et toujours avec son large sourire. En même temps, il faisait "rouler" le liquide ambré dans son verre en faisant des petits mouvements circulaires réguliers.

''Ce n'est que partie remise dis tu.... pour peu que tu aies la chance de recroiser sa route, chose que je prendrai pas en pari total....Et s'il y a une prochaine fois, car je n'ai pas encore déterminé de ton sort pour une telle faute. Et puis, t'accorder un châtiment par la douleur servirait à marquer cela sur ton esprit, mais cela serait accorder une forme de dévotion pour le Père de la Souffrance... C'est un peu trop facile je trouve, n'est-il pas ? ''

Il se permit un petit rire. Comme s'il allait permettre à Sigismond de se flageller ou de subir quelques punitions impliquant de la douleur physique. Qui sait s'il aimait cela en plus, puisqu'il savait que quelques inquisiteurs se vouaient réellement à un plaisir sadique personnel de souffrance pour servie le Père de la Souffrance.

''Tu assumes la responsabilité de sa fuite, c'est bien. Mais j'aimerai plus de détails. Racontes moi les faits ! Car si un prisonnier a pu réussir à s'enfuir, cela signifie que d'autres pourraient réussir ce que nous croyons impossible. Or, il suffit d'une fois pour que la faille soit créée et permettre l'irréparable, à jamais. Je présume que tu ne voudrais pas qu'on incombe les risques potentiels d'invasion n'est ce pas ? Et d'ailleurs, tu me diras pourquoi cet homme est resté aussi longtemps en vie dans nos geôles.... d'ordinaire, les prisonniers qui ne donnent pas d'informations sont rapidement mis à mort....''

Il était possible que Sigismond ait pris plaisir à torture le dit prisonnier, pour vouer sa souffrance au dieu. Chose louable, il était vrai, mais le roi avait besoin de savoir cela avec précision.... pour mieux réfléchir à la suite à donner pour le cas de l'inquisiteur....

Sigismond resta silencieux en entendant les paroles de son souverain, après tout il n'avait pas à répondre à celui-ci, même si évidemment il trouvait que ce serait du gaspillage de se débarrasser d'un loyal et efficace serviteur comme lui juste parce qu'il avait fauté avec un hérétique. Évidemment, il méritait d'être châtié et ce n'est pas spécialement parce qu'il tenait à sa propre vie, il n'avait après tout ni l'air effrayé, ni intimidé par cela, mais plutôt car il se pensait destiné à accomplir de grandes choses au nom de son dieu, de ce fait était-il vraiment concevable qu'il disparaisse aujourd'hui pour une faute comme celle-ci après tout ce qu'il avait accomplit ? Il devait avouer que même s'il n'oserait pas prétendre ou penser que le roi mentait, il avait du mal à y croire. Car le seigneur quoiqu'il en soit le guiderait dans cette épreuve.

« De ce que l'on m'a rapporté, il a tué un garde qui avait pénétré dans sa cellule pour s'amuser avec lui, ceci fait il a prit ses vêtements et est sortit sans être inquiété de la prison en se faisant passer pour un des gardiens. Du moins, c'est ce que j'ai déduis de mon enquête et que l'enquête qui a eut lieu en parallèle tend à confirmer. » Ne manqua pas sinon de dire l'inquisiteur avec sérieux quand le roi demanda des détails, présentant les faits, purement les faits et ce sans commentaire. Ce serait après tout au roi de choisir quoi faire en réaction à ces derniers. Quant à pourquoi il avait gardé l'Estien en vie, il répondit avec franchise.

« Car je n'accepte pas l'échec et que le fait que cet Estien ne parle pas aurait été un échec à mes yeux. Il fallait que je le brise et qu'il parle. Il n'avait pas à périr en ayant la satisfaction de n'avoir rien dit et en quelque sorte gagné contre nous. » Oui, il avait voulu faire parler ce chien, mais n'y était pas arrivé, la prochain fois il ne ferait pas la même erreur...

Le jeune souverain eut un sourire sarcastique. Il était certain que s'il mettait lui-même dans les affaires menées dans ces prisons là, il ne serait pas surpris de découvrir bon nombre de choses inacceptables. Il savait très bien que l'Inquisiteur ne pouvait pas tout gérer dans une prison, mais il y avait des choses qui ne devaient pas passer et il était en droit de se demander si Sigismond avait pris les mesures nécessaires pour que cette évasion ne se reproduise plus jamais.

''L'enquête a été probante en effet, de ce que tu me rapportes. Mais dans ton rapport écrit à l'instant, j'entends qu'un soldat a eu la mauvaise idée de vouloir s'amuser avec le dit prisonnier ? Depuis quand les soldats affectés aux geôles et donc à la surveillance des prisonniers s'octroient le droit de s'amuser avec les prisonniers, surtout avec cet Estien ? Leurs rôles ne sont ceux d'un inquisiteur aux dernières nouvelles. J'espère que tu as pris les mesures qui s'imposaient pour briser toute initiative de ce genre. Si ce n'est pas le cas, je te charge de châtier en premier lieu le soldat fautif et ensuite.... te t'occuper de sa chaîne de commandement pour rappeler à chacun d'entre eux la place qui est la leur. Espérer s'attirer les faveurs du Père de la Souffrance de manière détournée de la sorte est une insulte à son Egard ! ''

Et c'était surtout pour remettre du plomb dans l'esprit de ces faibles qui se croyaient tout permis. Non, mais depuis quand ? Et toujours avec le sourire, il en revint avec le cas de Sigismond.

''C'était tout à ton honneur de pas perdre la face et de gagner sur lui. Mais en ne désirant pas cet échec, tu en as gagné un de plus grand encore. Un échec cuisant, car il t'a échappé, il est toujours en vie et surtout.... il est reparti avec des informations sur les lieux qu'il a occupé durant ces dernières semaines. Oh tu me diras, ce ne sera qu'informations futiles, mais toute information, infimes soient-elle, sert toujours un jour ou l'autre, même si ce sont des années durant. Ton désir de pas affronter un échec en a engendré un autre, Inquisiteur Bonnenfant, car c'était devenu une obsession cet Estien... une affaire personnelle. Je suis en droit de réclamer ta tête pour cette lourde erreur... Mais ce serait privé un peu trop vite le Père de la Souffrance d'un fervent serviteur. ''

Il garda un instant le silence, pour énoncer son verdict final.

''Je te donne trois ans pour m'apporter la tête de cet Estien. Débrouille-toi comme tu veux, tant que cela ne met pas en péril ma personne, mon royaume, mes sujets et que cela ne vienne pas à insulter le Père de la Souffrance. Trois ans, à partir d'aujourd'hui. Et s'il est mort ou venait à périr dans ce délai ? Ramène moi alors son cadavre, comme preuve de ta bonne foi à mon égard. "

Si cela ne s'appelait pas être magnanime.....

« Je ferais ainsi votre majesté. » Dit Sigismond grave et profondément sérieux quand le roi lui ordonna de châtier le soldat fautif et les supérieurs de celui-ci qui seraient jugées responsables de ce laisser faire. En effet une telle incompétence devait être punie et ce lourdement si possible pour faire un exemple. De mort ? Peut-être, quoiqu'il en soit il estimait qu'une bonne leçon pour le principal fautif serait de ne pas ressortir indemne de tout cela, après tout il fallait quelque chose qui marque et qui lui rappelle sans cesse sa faute s'il en ressortait vivant, qu'ainsi il n'ait plus jamais l'idée de recommencer… Et évidemment l'inquisiteur serait impitoyable, après tout il n'y avait aucune miséricorde à offrir à ceux qui décevaient le seigneur et son altesse dans l'exercice de leur fonction en dépassant ainsi leurs prérogatives, où irait le monde sinon ? Si chacun ne savait pas rester à sa place…

« Trois ans, ce sera suffisant mon seigneur pour que je vous rapporte sa tête, n'en doutez point. Je suppose qu'il faudra que je fasse cela, en plus de mes devoirs habituels ? » Après tout il doutait que le roi veuille qu'un inquisiteur dédaigne le reste de ses devoirs pour la traque d'un seul hérétique pendant trois longues années consécutives, ce serait trop de temps gaspillé supposa t-il par rapport aux talents de Sigismond en tant qu'inquisiteur, que ce soit pour l'interrogatoire ou débarrasser ce royaume des hérétiques et des impies de toutes sortes qui le souillaient par leur simple existence. Quoiqu'il, il comptait bien rapporter la tête de ce mécréant à son roi en effet, l'autre l'avait bien trop insulté déjà en ayant l'audace de ressortit vivant des cachots, la prochaine fois qu'il mettrait la main sur lui donc, il n'aurait pas le droit à la chance de rester en vie assez longtemps pour cela...

Sur ce il n'ajouta rien et attendit donc de nouveaux ordres du roi ou que celui-ci dise quelque chose, après tout ce n'était pas une conversation, mais une audience au cours de laquelle c'était son altesse royale qui menait les échanges et surtout qui décidait le sujet de ce dernier, l'inverse serait après tout de l'arrogance de la part de l'inquisiteur envers le jeune roi... Un roi jeune certes il fallait le noter, mais qui à ses yeux comme tous les grands souverains était promit à de grandes choses à terme...

De toute façon, l'Inquisiteur n'avait guère le choix, s'il voulait rentrer dans les bonnes ''grâces'' du jeune Roi. Et encore, Zmeï s'était montré assez généreux en lui laissant trois années pour retrouver le fouteur de troubles. Personne ne s'échappait des terres de sa Majesté, personne, sauf si le souverain le décidait. Et au moins, dans l'histoire, les autres fautifs seront châtiés. Notre tête blonde espérait déjà en silence qu'ils connaissent une lente agonie avant de mourir, histoire de retrouver les faveurs de leur Dieu à tous. Un long repentir allait être nécessaire pour ces âmes perdues.

"Trois années passeront vite mon cher. Car en effet, tu devras t'acquitter de tes tâches et devoirs en plus de cela. "

De toute manière, Sigismond n'aura pas le droit de dire que ce serait trop de travail pour lui. On récoltait ce qu'on semait. S'il n'avait pas laissé cet Estien en vie, et donc, s'échapper, jamais il n'aurait eu cette quête à accomplir sur ce délai de trois ans.

"Bien entendu, je sais que tu serais capable de prendre l'affaire en mains personnellement, mais tu as le bras suffisamment long pour pister ce fuyard et agir en conséquence n'est pas ? "

Un inquisiteur de la prestance religieuse comme Sigismond ne pouvait qu'avoir le bras long. Ce serait très malheureux pour lui s'il n'avait que quelques subordonnés sous ses ordres. Tout comme le Roi, un bon Teïderien savait se développer un bon réseau, pour mieux frapper ses ennemis et s'informer de ce qui se tramait dans le royaume... surtout pour le roi. Puis, d'un sourire, il regardait son sujet qui attendait de possibles ordres supplémentaires.

"Tu me feras parvenir un rapport détaillé à la fin de chaque semestre, pour me dire où en sont tes recherches et investigations pour cet Estien. J'aime suivre certaines affaires piquantes, celles qui grattent mon flanc royal...."

« Je peux en effet convaincre de diverses manières certaines personnes de m'aider dans cette affaire. » Dit sobrement l'inquisiteur quand le roi lui demanda s'il avait le bras suffisamment long pour cela. En effet, il serait faux d'ailleurs de dire que ces contacts et alliés de circonstances feraient cela par amitié, mais disons que la crainte d'avoir les défaveurs d'un inquisiteur ou l'espérance que celui-ci soit moins méfiant envers eux, ne serait ce qu'un peu pourrait sans doute lui permettre d'obtenir cela. De toute façon, il trouverait bien comment organiser les choses pour ne pas exécuter cette traque tout seul dans son coin et risquer ainsi de dédaigner ses autres devoirs, surtout ceux urgents. Quoiqu'il en soit, il considérait les instructions et demandes du roi à la fois légitimes et justes, de toute manière ce n'était pas comme s'il avait le droit d'avoir l'arrogance de contredire celui-ci en cet instant alors que lui-même était en tort et que son altesse elle se montrait fort généreuse. Évidemment, Sigismond tenterait donc de pas décevoir le roi…

« Ce sera fait votre altesse, puis-je savoir néanmoins si je dois référer mes rapports à quelqu'un en particulier ou les envoyer à tout bon serviteur qui serait capable d'en faire part à sa majesté dans les délais les plus brefs et convenables ? » Une question qui pouvait se poser en effet, après tout le roi devait peut-être préférer certains intermédiaires de confiance à d'autres. Car quand l'on dirige la plus grande et glorieuse nation de ce continent, évidemment on ne devait pas confier sa confiance à n'importe qui, au contraire même. Quoiqu'il en soit, Sigismond conclut alors avec réflexion. « Et, pourrais-je disposer de certains moyens ? S'il s'avère que la cible évite maintenant notre glorieuse nation pour se cacher à l'étranger quand elle n'est pas dissimulée derrière l'arrogante muraille des estiens ? » Après tout, ce ne serait pas simple dans le dernier cas. Car il ne pourrait quasiment agir que quand l'autre sortirait d'Eïlynster, donc évidemment il faudrait qu'il sache quand et comment agir… Et évidemment en dehors de quelques espions royaux, même Teïder n'avait pas pu beaucoup infiltrer la royaume de l'Est, autant dire que ce n'était pas un inquisiteur qui allait pouvoir lui-même y développer son réseau personnel là-bas. Car ce serait un travail de longue haleine quasiment et presque de toute une vie...

Sigismond était obligé d'avoir des contacts. C'était pour cela que le roi avait abordé l'affaire....S'il n'avait pas eu le fameux bras le, le Sigismond ne pourrait pas avoir la prétention d'être inquisiteur au rang qu'il était. Sauf s'il appartenait à une famille riche.

''J'espère bien avait-il donc répondu, avec un immense sourire, légèrement caustique.

La question suivante était importante. Zmeï ne pouvait exiger de l'Inquisiteur d'être présent sur place, en face de son souverain, pour faire ses rapports comme exigé. Alors, le jeune dirigea apporta directement sa réponse.

''Tu enverras un serviteur qui s'empressa de se présenter à moi, en personne. Point d'intermédiaire. Je peux parfaitement comprendre que tu doives passer par un tiers pour me faire part de tes avancées dans tes recherches si tu es hors de nos frontières, ou en enquête dans les lieux de passage du fuyard pour trouver un indice. Ce serait très contre-productif, tu en conviendras. ''

Par contre, le jeune blondin haussa volontairement un sourcil quand à la demande de son très loyal sujet. S'il avait le bras si long, de quoi avait-il donc besoin ? Il se doutait très bien que des recherches rapides et efficaces demandaient des moyens, mais il s'amusa à approfondir l'affaire. Juste après le haussement de sourcil, il eut un léger sourire moqueur.

''Tu n'as pas donc pas d'espion hors de notre royaume ? Bon soit. Je ne pourrai pas te blâmer pour cela. Tu as déjà tellement à faire pour la gloire du Père de la Souffrance et de notre royaume que tu ne peux te charger de gérer un réseau de l'ombre. Bien, alors ds moi, mon cher de quoi as-tu besoin ? Car, bien que je ne connaisse "

« J'ai besoin d'un contact à Eïlynster votre altesse pour être informé de ce que deviens ce crotale et où il pourrait aller en mission à l'extérieur de la nation de l'Est. Je sais que nos espions arrivés à s'infiltrer là-bas sont très rares, mais il y en a et même si je sais que c'est beaucoup demander d'avoir les services de l'un d'entre-eux un temps, cela pourrait être nécessaire pour le bon accomplissement de ma mission. » Et il savait qu'en effet c’était beaucoup demander car si les espions arrivés à s'infiltrer là-bas étaient rares, ça ne faisait donc qu'augmenter leur valeur pour le régime qui souvent avait investit sur le long terme pour qu'ils y arrivent et préférait évidemment ne pas risquer leur couverture. Car les Eïlynsteriens étaient très méfiants envers ce genre de choses et savait que Teïder ne se privait pas de tenter de les infiltrer, il fallait donc aussi rester prudents du côté de la nation des élus du seigneur.

« Votre majesté, puis-je sinon vous parler de quelque chose qui me paraît mériter votre intérêt ? » Demanda t-il sinon respectueusement et en continuant évidemment de se prosterner, après tout il était devant le roi, pas n'importe qui. L'homme le plus honorable et honoré de Teïder et sans doute le plus digne de louange en ce monde à ses yeux. Oui un fils de la glorieuse dynastie des Nebojsa, la plus grande des familles royales qui avait jamais régné sur Teïder suite à l'échec lamentable des deux dynasties précédentes qui s'étaient montrées faibles et lâches. Oui, les Nebojsa mèneraient le royaume à sa véritable grandeur et imposeraient le règne du seigneur en ce monde, cela ne fait aucun doute. Ce n'était qu'une question de temps et Sigismond comptait bien être là évidemment, le jour glorieux où cela arriverait… Et il y serait, du moins tel était son destin à ses yeux.

Le jeune roi ne put s'empêcher de rire devant l'audace de la demande de l'inquisiteur. Après tout, quitte à trouver des moyens, autant les prendre là où ils étaient non ? Mais de là à demander directement au roi de faire profiter de ses propres réseaux. Il rit encore une fois et regarda Sigismond avec un grand intérêt. Au moins, cet homme réfléchissait pour se donner les moyens de réussir son objectif.

"Je vois. Mais après tout, pourquoi pas. Je te dirai un seul nom, et le moyen de le contacter. Après, libre à lui ou non de nouer le contact. Avec lui, tu sauras peut être ce que tu voudras savoir et voir à quel moment ton gibier sortira de son trou. Ce sera une entreprise de longue haleine, mon cher. Par contre, attention à un détail. Si jamais ce contact, qui est une denrée très précieuse au sein des terres de nos ennemis hérétiques venait à se faire découvrir ou mourir, tu en paieras les conséquences. Cela va de soi, n'est ce pas ? ''

Il fallait bien payer le prix de l'échec et surtout de la mise en place longue et fastidieuse qu'était de placer un espion chez les Estiens, de nature très méfiante pour les gens ne venant pas de leur royaume, et qui plus était humain. Un dragon ou tout autre non humain n'aurait pas eu de soucis ; un peu moins, mais un humain, clairement.... cela attirait plus la méfiance, vu que Teïder était un royaume humain.

Puis, Sigismond aborda une autre voie de conversation, essayant d'attirer la curiosité du souverain sur un point qu'attendait d'aborder Sigismond. Le jeune roi gardait toujours le sourire. Quitte à entrer dans ce jeu là, autant y plonger non ?

"Et de quoi s'agit-il mon cher inquisiteur ? Abreuve ma curiosité, je suis tout ouie''

Le roi rit, ce qui n'était ni de bon ou mauvais augure, mais le fait qu'il accepta la demande de l'inquisiteur finalement était bien tout ce que celui-ci avait demandé et espéré. Bien, au moins il aurait de bonnes chances de remettre la main sur l'autre idiot maintenant. Restait juste à attendre son heure dorénavant, mais aussi espérer que personne ne capturerait sa proie avant lui, car évidemment ce serait là une odieuse disgrâce...

« En effet votre majesté. » Se contenta sinon de répondre Sigismond avec un grand sérieux quant au fait qu'il ne fallait pas sacrifier l'un de leurs rares espions à être arrivé à s'infiltrer dans le royaume des Estiens. Après tout ça restait en effet une ressource rare qu'il ne fallait pas dilapider sans raison, surtout que des informations sur les troupes et défenses ennemies étaient toujours utiles en cas de nouvelle potentielle invasion.

Quoiqu'il en soit, il avait sinon en effet un sujet à aborder avec son altesse, ce qu'il fit donc avec application.

« Lors de l'une de mes missions il y a quelques semaines de cela, j'ai découvert d'anciennes ruines vers le Nord de notre glorieuse nation, non loin des montagnes ou se trouve l'odieuse cité indépendante d'Androk Kram. Des ruines qui appartenaient visiblement à l'ancien empire elfique et qui n'ont encore ni été pillées ou explorées. Je soupçonne que c'est parce que l'entrée de celles-ci est encore scellée par une magie puissante. Je demande donc l'autorisation à votre altesse d'être l'un des premiers à avoir l'honneur de les explorer, mais aussi les moyens de briser ce sceau. Je ne sais pas encore quel secret cet endroit renferme, mais je suis prêt à aussi bien les révéler, que permettre à notre royaume de profiter des trésors de valeurs que nous pourrions y découvrir. » Après tout c'était presque une tradition nationale de piller les anciennes ruines qui se trouvaient sur le territoire, au fond souvent des plus profonds et dangereux marais pour celles encore un peu préservées. Car évidemment il était légitime que les Teïderiens soient maîtres de celui-ci et s’approprient donc toute relique pouvant y être découvert, n'est-ce pas ?

Qu'il était plaisant d'entendre un éminent sujet rester humble devant lui. C'était le mieux à faire de toute façon. Quand un loyal sujet tentait l'audace de hausser le ton ou de se montrer supérieur au Roi, Zmeï veillait rapidement à le remettre à sa place. Des fois, il le faisait subtilement.
Et quand il y avait un échec à rattraper, il veillait aussi à ne pas négliger l'importance de la rattraper ;
comme c'était le cas pour Sigismond. Puis l'Inquisiteur exposa ce qu'il voulait faire entendre au Roi. L'affaire n'était pas inintéressante.

Le jeune homme se frottait le menton, tout en gardant son sourire dangereux. L'histoire n'était pas à négliger. Lui-même Teïderien, il savait que ces ruines avaient un potentiel certain, même si les dangers qui devaient s'y trouver arracheraient des vies de fidèles. Même celle de Sigismond si ce dernier ne prenait pas garde et que le souverain accédait à sa requête.

Puis, enfin, il brisa le silence.

''Je vois. Tu exposes un fait intéressant. Mais tu oublies déjà la tâche que je viens de t'incomber. Si j'accepte de te confier ce devoir, qui te tient à coeur, vas-tu négliger les recherches du fuyard ? ''

Il souriait. Sigismond se mettait en difficulté tout seul.

''Si tu souhaites ardemment être le premier à faire l'exploration, alors soit, mais cela ne change pas aux délais que je t'ai accordé pour retrouver cet Estien. Les ruines seront juge de ton Destin de tout manière. Si tu échoues, ces ruines seront ton tombeau; Si tu réussis, tu en tireras la gloire qui te sera dû, mais tu n'échapperas pas pour autant à la mission que je t'ai confié. Maintenant, si tu n'as rien d'autres à plaider, tu peux te retirer. ''

« Ce fuyard ne m'échappera pas, mais le temps qu'il sorte du trou impur que représente son pays de lâches, j'aurais l’occasion de me consacrer à autre chose. Après tout il faudra sans doute du temps pour qu'il se remette de ce qu'il a subit chez nous. » Du moins c'est ce que pensait Sigismond et d'une certaine manière c'était assez logique, il doutait après que cet Estien ait déjà été à ce point torturé de son vivant Ce assez sauvagement, même si l'inquisiteur avait bien prit soin de ne rien retirer de son corps de manière définitive. Après tout il y avait une différence entre pratiquer un interrogatoire comme un boucher au risque de tuer le supplicié ou le priver en partie de la juste douleur qu'il ressentira une fois sur le bûcher et la méthode plus subtile qu'il avait prit grand soin d'appliquer…

Quoiqu'il en soit, il ne comptait pas échouer à mener sa quête à bien, mais il devrait aussi pourvoir au mieux à ses nombreuses autres responsabilités, après tout il n'y avait pas qu'un seul impie sur terre, non les ennemis du seigneur et ceux du royaume étaient fort nombreux et il faudrait évidemment s'occuper de ces derniers… Pas que c'était sa charge à lui seul, mais il ne comptait pas mettre tous ses devoirs en suspens pour un seul hérétique donc, un hérétique qui ne lui échapperait pas et cette fois-ci… Car il ne prendrait pas la peine de longuement le torturer la prochaine fois, la mort serait la seule issue.

« Non je n'ai rien d'autre à demander ou dire votre majesté, puisse le seigneur veiller sur votre règne et celui-ci être long et glorieux. » Finit en tout cas par dire l'inquisiteur avec respect et solennité avant de prendre congé vu que le roi l'y invita. Finalement cette entrevue aura été intéressante pensa t-il, mais aussi lourde en responsabilités. Mais quoiqu'il en soit il était décidé à ne décevoir ni son dieu, ni son roi et il n'envisageait même pas d'échouer, car évidemment persuadé que la victoire serait sienne.

Comme il n'y avait jamais eu de précédent, à savoir un prisonnier qui réussissait à réchapper vivant des geôles et des marécages, il était difficile de savoir si l'évadé se remettrait complètement. A moins qu'il ait viré fou... Mais comment réellement le savoir ? Les rares survivants des tortures étaient les convertis et encore, ils restaient toujours sous bonne garde par après et ne retrouvaient jamais leur caractère d'autan, car avaient été brisés à jamais.

"Qui sait, il pourrait très bien ne jamais s'en remettre comme il pourrait redevenir intégralement lui-même, au point d'être plus revanchard à l'égard des gens de notre peuple. Qui sait si dans tes tentatives de le briser, tu n'as pas créé un être plus dangereux encore. Mais seul notre Père saura le dire et nous le faire comprendre. "

Il ne pouvait s'empêcher de sourire. Si l'avenir était défini, Teïder serait depuis longtemps au sommet du monde, à gouverner sous la véritable lumière du Père de la Souffrance. Mais les hommes étaient des faibles quand ils ne savaient pas suivre Sa Lumière. Heureusement qu'il était là, lui, pour guider ses ouailles vers Sa Voie.

''Si tu n'as rien d'autres à me demander, Retire toi donc prestement et exécute la volonté de notre Dieu. Car c'est à travers moi que s'exécute ses volontés. ''

L'inquisiteur savait ce qu'il avait à faire maintenant. Il avait toutes les cartes en main pour exécuter sa mission ; où plutôt ses missions. Le roi ne pouvait pas laisser passer son échec quand à la fuite de l'Estien. Si jamais Sigismond y parvenait, ce serait d'autant une gloire pour lui que pour le Roi, qui sera là la démonstration de sa toute puissance sur les personnes vivantes de ce monde. Après tout, on n'échappait pas à Teïder de la sorte

[hrp : Voilà, c'était ma dernière réponse . Merci de cette partie là :p]