« Oh que veux tu, ton épouse m'a offert un repas gratuit, je ne vais pas dire non, ça ne se fait pas, ce serait insulter la qualité de sa superbe cuisine après tout. Il faut bien que j'en profite d'ailleurs, qui sait après tout de quoi sera fait demain ? » Répondit Anton avec le mélange léger de fatalisme et grand de joie de vivre de tout vétéran, ceux qui étaient capables de se rendre compte après avoir vécu beaucoup auprès du danger que la vie avait de la valeur et qu'il ne fallait pas la gaspiller, surtout quand elle pouvait s'achever du jour au lendemain littéralement.

« La modestie a un avantage aussi, on a pas tendance ainsi à se surestimer ou penser que l'on a plus rien à accomplir, le bien est l'ennemi du mieux après tout. » Glissa t-il sinon avec amusement concernant le fait qu'ils éduquaient leurs filles pour qu'elles soient modestes. En effet, il était persuadé que la voie du progrès se construisait sur le fait de sans cesse vouloir faire mieux, de ne jamais vraiment se contenter de ce que l'on avait. Que ce soit le progrès technologiques ou social. Un penchant qu'il trouvait estimable et nécessaire à toute civilisation voulant repousser les limites du possibles.

« Tu veux vraiment venir avec moi en mission ? Je ne sais pas si tu aurais aimé piloter dans le plan élémentaire de l'air, disons que c'est étrange comme endroit, mais bon c'est toujours le cas dès qu'on sort du plant matériel. Et sinon vieille branche, du coup tu as montré un peu à ta fille comment se pilote un dirigeable ? J'avais cru comprendre que c'était comme un bateau mais dans le ciel, néanmoins je suppose que ce n'est pas exactement cela. » Glissa t-il donc avec humour, ce avant de reprendre plus sérieusement.

« Et du coup sinon, ce sera quoi ta prochaine missione ? Escorter un convoi marchand ou bien un diplomate jusqu'à destination à Ikhyld ? Il faut dire que c'est assez calme ces temps-ci au niveau militaire, mais je suppose que ce n'est pas plus mal. » Sauf évidemment par rapport à la pacification de la province Orzanienne, mais ça c'était normal...

Oh, eh bien. Mission ou pas, je pourrais t’accompagner oui ! Je pense avoir des compétences de pilote assez développées pour ne pas être inutile, haha ! Bien-sûr cela reste à voir, et puis. Je ne manquerais pas de découvrir de nouvelles choses en ta compagnie ! Haha. Et pour ma fille, héhé. Elle y baigne depuis son plus jeune âge ! Je l’ai emmenée dans la cabine de mon dirigeable à ses douze ans, et je lui ai fait toucher les commandes en restant à ses côtés en plein vol ! Et c’est quelque chose qu’elle apprécie plutôt bien, il me semble !

Le joyeux père tourna le nez vers sa fille avec un doux regard rieur. Il était visiblement heureux de ses enfants, et Abigale appuya ses dires tout autant heureuse.

En effet ! J’imagine déjà le jour où j’aurais mon propre dirigeable… C’est quelque chose qui me plaît aisément ! Dès que je peux je démonte un moteur ou essaie de mieux comprendre le fonctionnement de ces machines, hihi !

Neville ébouriffa les cheveux de la rousse tout sourire avant d’ajouter par la suite, tout heureux.

Un bateau dans le ciel ? Une sacrée comparaison, haha ! Mais je ne pense pas que ça soit exactement pareil. Contrairement aux bateaux, déjà, un dirigeable ça évolue aussi sur le plan vertical ! Donc il y a davantage de commandes afin de pouvoir monter ou descendre dans les airs. Par ailleurs, conduire un dirigeable est assez méticuleux et nécessite une bonne expérience dans le domaine, pour preuve ; il faut être breveté par les instructeurs certifiés de l’empire ! C’est tout un concours pour être pilote de dirigeable, héhé. Bien qu’accessible tout de même, il suffit d’avoir envie d’y arriver. Ce n’est pas très compliqué !

Agatha acquiesça ensuite simplement en gardant ses mains sur les épaules de son bien aimé.

Ma prochaine mission ? Eh bien, pour le moment je suis en attente. Je rentre de la révision annuelle de mon engin et je suis en repos jusqu’à ce qu’on ai besoin de moi, héhé. Après, il n‘est pas sans surprise que je risque d’être appelé à tous moments pour des opérations mineures non loin de mon lieu de travail, pour escorter des marchandises ou bien transporter une équipe médicale au travers du désert. Tout ce genre de services donnés à l’Empire, et généralement c’est accueilli d’une prime ! Enfin, j’aime mon métier, haha. En tout cas, c’est un plaisir de te revoir, l’ami ! Tu as pu profiter d’Abigale ? Ca fait combien de temps que tu ne l’as plus revue, mhh ?

« Hum, je dirais quelques mois, les derniers mois ont été très chargés malheureusement, tu sais ce que c'est. La politique et aussi le fait que je commande une légion dorénavant... C'est mine de rien assez prenant de devoir superviser plusieurs dizaines de milliers de soldats après tout. » Et évidemment il déléguait pas mal à ses inférieurs hiérarchiques, mais ça c'est parce que personne ne pouvait assumer pleinement une telle charge de travail seul. C'était à la fois beaucoup d'administratif disons, mais aussi de social. D'ailleurs, il n'osait imaginer ce que ça serait le jour où il y aurait une guerre sérieuse à gérer, sans doute que ça se complexifierait d'autant plus si sa légion participait à une quelconque invasion en terre étrangère car il faudrait d'autant plus faire attention à la discipline et l’approvisionnement, mais aussi à de nombreuses problématiques assez nouvelles pour lui, même si on l'y avait préparé disons.

« Quoiqu'il en soit, je devine que vous aimez un peu tous l'aventure, du moins vos ancêtres l'aimaient et vous avez poursuivis celle-ci je suppose. Pour ainsi vouloir vivre dans la province Orzanienne qui appartient à l'empire depuis seulement deux siècles. Même aujourd'hui il reste beaucoup à bâtir et établir dans celle-ci et le grand désert est lui-même loin d'être pleinement sécurisé… Néanmoins, je pense que vous devriez peut-être prendre un temps pour voyager au sein des deux continents originels de l'empire avec votre fille maintenant qu'elle est presque adulte, cela pourrait être assez instructif disons. Et puis, beaucoup d'Akkatoniens d'Orzian ont du mal à imaginer les proportions gigantesques de l'empire dont il font partie, il est important après tout d'être fier de son pays. » Ils n'ignoraient pas notamment qu'Anton était un pur produit de la capitale de l'empire, la cité où était née celui-ci il y a plusieurs millénaires et aujourd'hui l'une des plus puissantes et grandes cités de ce monde. Akkaton la glorieuse, le cœur de l'empire Akkatonien. Sur ce il ne manqua pas sinon de conclure pensif après avoir laissé le temps à ses amis de répondre.

« D'où viennent vos ancêtres d'ailleurs ? Je crois ne vous avoir jamais posé la question avant, mais je suis curieux de savoir si c'est d'Akkat ou d'Aros. » Disons que les deux continents avaient leurs mérites et grandeur, donc il n'y avait rien de honteux à ce que soit l'un ou l'autre de toute manière, n'étaient-ils pas tous Akkatoniens après tout ? Enfant de la plus grande civilisation que ce monde ait jamais connu, du moins aux yeux d'Anton.

La petite famille écoutait attentivement le discours du tonton Anton, pendue à ses lèvres. Il faut dire que l’éloquence de l’homme bourru, bien que pas nécessairement un canon de beauté ou même le plus parfait des hommes, avait pour ce sujet un intérêt particulier. Chacun écoutait silencieusement, un discret sourire aux lèvres telle une bonne manie que d’être joyeux. Il était sûr que l’empire Akkatonien était grand et prospère, et qu’il y avait encore à découvrir pour l’étendre et pourquoi pas lui permettre de s’améliorer toujours plus chaque jour. C’est là la force de l’Empire, là où les plus fidèles citoyens sont loin d’être inutiles et permettent justement à l’Empire de se développer et de travailler plusieurs choses comme réparer ses failles ou envisager de nouveaux objectifs. Du moins, c’était ainsi qu’était présenté le tout localement.

Haha, oui ! Tu as bien raison. Il faudra que l’ont organise ça, un jour, durant un mois ou deux. Et puis on rentrera dans le pire des cas ! Cela pourrait être intéressant de découvrir de tous nouveaux paysages et voir à quel point l’Empire s’étend parmi les terres.

Agatha sourit en prenant la parole à son tour, entourant le cou de son mari de ses bras pour laisser tomber les siens devant le buste de l’homme, croisés. Elle posa sa tête sur l’épaule de son amant alors qu’Abigale prend place sur une chaise à côté, laissant seule la petite Isabella sur les genoux de son père, sans que cela ne la déplaise.

C’est une merveilleuse idée, à mon goût. Nous pourrions à la fois découvrir d’où vient cette culture dont nous héritons, nous Akkatonniens de Orzian, et ainsi voir de nouveaux paysages et approfondir notre culture personnelle. Les voyages sont à mon humble avis le meilleur des moyens que de profiter de la vie et de s’enrichir aussi bien culturellement parlant qu’intelligemment.

Le père sourit à son tour, les mots d’Agatha l’ayant comme soudoyés, comme les mots d’un bien aimé soudoierait l’autre moitié d’un couple. Puis Abigale répondit du tac au tac, avec l’appui affirmatif de ses parents.

Nos ancêtres venaient d’Akkat ! Ca c’est sûr. Après forcément ça ne le sera jamais à 100%, mais on sait que notre lignée a vécu à Akkat avant de venir en Orzian, sans compter les potentiels cousins et parents éloignés ! Et toi tonton, alors, tu viens d’où?

Une question de courtoisie, tout d’abord, mais aussi de curiosité. Abigale ne manquait jamais d’en apprendre davantage sur son prochain, surtout sur son tonton qu’elle apprécie tant.

« Pour ma part ? » Dit Anton pensif après les paroles de ses amis et quand Abigale lui demanda d'où il venait, il répondit donc poliment et pensif.

« Mes ancêtres et moi-même venons de la capitale impériale et ce depuis des siècles de cela je crois, je ne saurais dire pour le passé plus lointain après, mais l'on soupçonne fortement dans ma famille d'avoir du sang en nous qui viendrait de la tribu barbare qui a fondée l'empire en quelque sorte, celle des Akkats. On pourrait donc presque dire que je suis un Akkatonien pur souche du coup même si évidemment je n'ai pas du tout que du sang Akkat dans les veines. » Oui, de toute manière l'empire encourageait disons une certaine multiculturalité et le fait d'être cosmopolite. Par exemple il était loin de n'y avoir que des humains au sein de celui-ci et l'on pouvait dire en somme que l'intégration dans l'empire était forte et qu'on pouvait y trouver un peu de tout. En même temps, cette politique en plus d'être moralement soutenable était en soit un outil de conquête évident, après tout de la part d'un empire qui voulait dominer le monde… N'exclure personne tant que ces personnes respectaient des règles nécessaires, mais pas très oppressantes non plus, disons que c'était un atout comme un autre sur le long terme car ça apportait diversité et puissance à ce même empire.

« Tiens ça me fait penser à une question intéressante car elle permet disons une certaine réflexion, si vous aviez dû naître et vivre dans un autre pays mes amis, lequel auriez vous voulu que ce soit et pourquoi ? Pour ma part j’avouerai que j'aurais aimé l'empire Ikhyldien car même si mon cœur appartient à la technologie, la magie me fascine elle aussi et je pense que j'aurais pu être heureux aussi, l'empire d'Orient n'a pas une mauvaise mentalité et a ses charmes après tout. De plus, ils ont une culture fascinante et je suppose que j'aurais pu y emprunter une voie proche de celle que je parcoure aujourd'hui même s'il aurait fallut manœuvrer de manière différente disons. » En somme, un choix viable à ses yeux, restait donc à voir ce que ses amis auraient à dire donc, surtout que disons ça faisait un peu parler l'imagination après tout et permettait de voir les pays ainsi abordés d'une manière différente peut-être par l’entremise du point de vue de quelqu'un d'autre.

La famille resta en compagnie du grand homme une bonne partie de la journée. Ils abordèrent moult sujets et y apportèrent tous autant de réponses qu’il existe de points de vue différent. Et bien entendu, tout cela dans la bonne humeur. Il fallait dire que la famille Ashton était des plus agréables et amicales qui puisse paraître, car il n’y avait pas un mauvais avis ou une réponse absolue. La seule véritable réponse était celle qui venait de son être, et seul l'émetteur de cet avis avait le droit de le remettre en question. Cela n’exclut évidemment pas le conseil et l’argumentation lorsque deux personnes n’étaient pas d’accord, mais l’on pouvait être certains que jamais cette famille ne connaîtrait de scission en son sein, du moins en ce moment.

Quoi qu’il en soit, la présence du grand Anton était appréciée de tous, et les maîtres de maison proposèrent même à leur ami commun de rester au moins pour la nuit avant de reprendre le chemin. Ceci fait, ils auront sûrement gentiment proposé un pot de pâté fait maison avec des tartines et des biscuits concoctés spécialement par Abigale elle même. De délicieux biscuits à la pâte au beurre fondante en douche, où viendraient s’y mêler un pointe de vanille au goût… Un délice, malgré le fait que la jeune femme était loin d’être une chef cuisinière reconnue nationalement.

Le départ du Haut-Juge fut accompagné de bonne humeur et de joie, de quoi avoir de la réserve pour les coups durs et coups de mou. Abigale aurait câliné son tonton, accompagnée de sa soeur Isabella, avant de lui souhaiter une bonne continuation et plein de bonnes choses.

Après son départ, Anton aura reçu plusieurs missives de la part de son amie Agatha, de Neville et de sa filleule Abigale. Il est à noter que ces trois personnes auront continué d’échanger avec lui, et ce même si le temps perdure, incapable d’éroder cette amitié ainsi faite. Lorsque Neville eut croisé le Haut-Juge durant ses missions, il lui aura proposé de prendre un verre avant de lui offrir un transport gratuit pour lui et ses troupes l’accompagnant, en plus de potentiellement l’assister dans des missions d’importance moindre et autorisant l’implication de gens de la même classification que Neville.

Durant les années qui suivirent, quelques évènements importants auront été à noter pour le Haut-Juge qui aura été mis au courant ;

Abigale serait partie à Teïder après lui avoir envoyé sa dernière lettre avant presque un an, où elle eut un peu de temps afin de donner des nouvelles. Dans cette dernière lettre, avant son départ, elle aurait indiqué qu’elle eut pris le temps de s’entraîner, et qu’elle fut fin prête de partir à l’étranger pour soutenir d’autres personnes aux mêmes ambitions qu’elle, en plus de s’endurcir et d’appliquer ses compétences. Elle annonça aussi à son tonton qu’elle l’aimait, et qu’elle le remerciait pour tout ce qu’il avait fait, et tout ces moments passés ensembles à jouer, se partager des secrets et se donner des conseils mutuellement.

Neville aura reçu une promotion et se serait vu devenu capitaine d’une petite flotte de dirigeables de tailles modeste, bien que cela soit déjà une très bonne chose. Il aura très probablement relaté bien des choses, raconté la manière dont grandit sa fille Isabella et quelques nouvelles d’Agatha.

Par ailleurs, de manières beaucoup plus récente, cette dernière aura annoncé une heureuse nouvelle à son ami ; elle et toute la famille d’Abigale attendent un nouveau membre dans la famille, et ce depuis quelques semaines déjà.

[FIN]