23 Mai 1998, Petitmont en Orzian. 8h30.

La ville était calme et paisible en cette matinée. Le soleil venait à peine de se lever et commençait progressivement à réchauffer la ville de ses rayons. Silencieusement, la ville était déjà en activité. Petit à petit, chaque artisan ouvrait son échoppe, se préparait à recevoir les client et organisait leur plan de travail. De jeunes coursiers, gagnant leur pain par leurs services rendus, continuaient à distribuer le journal ou les lettres pour les plus lents et les plus rapides se régalaient déjà avec une viennoiserie.

Sur une place pavée circulaire entre les maisons se trouvaient un groupe de jeunes gens en pleine forme. Ils s’amusaient autour de la fontaine centrale avec un ballon, dont un jeune homme jonglait avec ce dernier avec agilité de ses pieds. Il y avait des adolescents de tous âges, de douze à dix-neuf ans. Il devait y avoir sept personnes avec le jongleur, sans compter le plus âgé qui avisait la scène avec un sourire en coin, se reposant contre une haie métallique les bras croisés.

Une fois que le garçon eut fini sa petite démonstration, il envoya le ballon en direction de la seule rousse de groupe qui le réceptionna aisément avant de se mettre à courir avec le ballon en riant. Abigale portait un short, avec un chemisier qui la gênait un minimum dans ses mouvements. Agile, elle jouait avec ses larges et épaisses bottes-rollers, qui lui ont été offertes il y a de cela cinq ans, avec une paire de chaussettes remontant jusqu’aux genoux. Du haut de ses quinze ans, elle jouait avec ses amis à la soule.

Venez la chercher si vous la voulez !

Les hostilités avaient commencé. Le groupe se rua en direction de la gamine qui avait attaché ses cheveux mi-longs en tresse adulte et sobre. Ses cheveux roux resplendissaient au soleil levant et volaient gracieusement au moindre mouvement.

Tu ne nous échappera pas comme ça ! s’exclama le plus petit des trois.

C’était Lucas, un ami issu d’une famille au revenu modéré. Il était un peu en surpoids, et malgré cela il jouait à la soule avec ses amis. C’était quelqu’un d’agréable et de sympathique avec ses proches, avec une tendance un peu gourmande.

Le groupe s’échangea des passes tout en riant, Abigale interceptant la balle plusieurs fois pour embêter ses partenaires de jeu. Ils jouaient dans la bonne humeur sans réellement compter les points, simplement pour s’amuser sans compétition. L’un intercepta la balle, l’autre l’envoya rebondir contre un mur, tout cela dans une dynamique forte et irrégulière.

Ca suffit, vous allez faire une bêtise !

Arnold s’était exprimé, c’était le meilleur ami d’Abigale. Il avait dix-sept ans et décroisé les bras, s’avançant vers le groupe avec un sourire amusé et un regard joueur. Il était plus réfléchi et plus calme que son indomptable amie, et avait intervenu pour éviter toute sortes d’autres bêtises comme une vitre cassée ou un ballon perdu. Il connaissait bien la bande de jeunes, et sentait qu’il était vraiment temps qu’ils arrêtent.

Toujours à râler celui là ! Railla Abigale en un rire, tout en lui envoyant le ballon.

Anton trouvait la petite ville de Petitmont agréable, surtout que ça faisait tout de même un sérieux contraste quand comme lui en revenait de la glorieuse capitale de l'empire, la cité d'Akkaton, gigantesque comme nulle autre et qui avait tout pour vous donner le vertige aussi bien dans ses dimensions en tant que cité, que la hauteur et grandeur de son architecture… Enfin, en somme visiter une petite ville charmante était agréable après un séjour à la cité d'Airain et un à Akkaton il y a des mois de cela, pas qu'il n'aimait pas ces dernières, mais disons que changer un peu d'air de temps en temps n'était pas plus mal. Surtout qu'il le faisait non pas pour des questions de travail ou de politique, mais juste pour rendre visite à une amie qui était sans doute assez éloignée de ces questions, ce qui en soit n'était pas plus mal aussi.

Dans tous les cas, alors qu'il était en chemin vers la demeure de son amie, il croisa des jeunes qui étaient en train de s'amuser à un jeu de balle dans la rue. Ah la jeunesse pensa t-il… Bientôt l'âge du service militaire, puis ensuite d'adopter une vie active pour participer au bien être de la sien, mais aussi au sien propre, après tout il était important que chaque être puisse s'accomplir lui-même aussi. Enfin bon, c'était encore loin pour eux pensa t-il, en se rappelant cette époque où lui aussi s'amusait à ce genre de petits jeux avec des amis à lui qu'il avait pour la plupart gardés depuis le temps… En même temps, Anton n'était guère maladroit pour se faire des amitiés ou pour les garder sur le long terme.

Dans tous les cas, les jeunes l'avaient sans doute remarqué étant donné que son armure faisait un véritable bruit de casseroles quand les plaques dont elle était constituée s'entrechoquaient, ce comme toute bonne armure de plaques, surtout aussi lourde que la sienne. Pourquoi l'avait-il gardée sur lui ? Oh eh bien car ça faisait son petit effet disons étant donné que tout le monde le connaissait un peu par ici, ce qui expliqua d'ailleurs que personne ne soit horrifié par sa présence, quand après qu'ils l'aient remarqués, il dit aux gosses avec bonne humeur.

« Comment vous allez les enfants ? Je viens rendre visite à une amie, mais si vous voulez je peux prendre le temps de jouer un peu avec vous. » Proposa t-il donc naturellement, il n'avait absolument pas idée du fait qu'il était temps pour eux d'arrêter étant donné qu'il venait d'arriver juste après, donc il avait proposé ceci tout simplement. Restait à voir si l'idée leur plairait, ce dont il ne doutait pas, au passage il retira alors son casque pour dévoiler son visage plutôt peu favorisé par la vie, sans être laid pour autant, disons juste qu'il était à la fois chauve et imberbe… Puis apercevant sa filleule du regard disons, il cligna légèrement de l’œil gauche en direction de cette dernière, ce comme pour lui souligner qu'il l'avait bien vue et remarquée. Et qu'elle aurait sans doute droit à son moment à elle peu après.

Les gamins tournèrent la tête vers l’armure qui venait de parler. Ils n’avaient pas trop fait attention au cliquetis de l’armure, qui pouvait ressembler à un transport de métaux ou d’outils sur la route pavée de la ville. Certains haussèrent un sourcil, d’autres avisaient l’homme mains sur les hanches avec un sourire de défi. Et une en particulier avait un large sourire gravé sur ses lèvres. Arnold, le meilleur ami d’Abigale, était bien le seul à connaître le lien entre le Haut-Juge et l’adolescente pleine de fougue. C’est donc à l’arrivée de cette personne qu’il fut naturellement heureux pour son amie, et il pencha doucement la tête en guise de salut respectif.

Les jeunes gens se tournèrent vers la rousse, attendant son approbation, comme étant le chef de groupe.

Evidemment que vous allez jouer avec nous !

Peu après, les jeunes se dispersèrent dans le lieu circulaire pour laisser place au jeu. Abigale fit signe à Regie qui, soufflant du nez d’amusement en un sourire moqueur, lança la balle en l’air pour laisser place au jeu. Il reste debout bras croisés pour observer le groupe en action avec un air de parent veillant à ses enfants turbulents.

C’est alors que la partie commença. Lucas intercepta la balle le premier pour vite la renvoyer vers une autre fille du groupe. Le jeu se déroula dans un esprit dynamique et joueur, la balle virevoltant entre les pieds des uns, prenant son envol pour être interceptée par le buste du plus grand des sept. Les échanges fluctuaient, et la joie des gamins n’en étaient que plus forte de jouer avec un si éminent membre de leur nation.

Après une partie de temps suffisant pour tout le monde, le groupe se rassembla autour du joueur improvisé pour lui manifester leur joie ou même le remercier d’avoir participer à cette partie. Ils laissèrent le ballon à Regie qui le garda précieusement entre ses mains, et le petit groupe se dispersa pour vaquer à leurs occupations.

Quelques longues seconds passèrent, Abigale restant plantée en avisant le gars en armure en attendant que tout le monde s’en aille. Arnold était resté près de sa rembarde en souriant, observant silencieusement la scène. Une fois tout le monde partit, la jeune femme courut vers le géant pour sauter sans scrupules dans ses bras.

Tonton !

Elle avait un radieux sourire, plutôt légère pour pouvoir tenir dans les bras du grand homme. Elle le regardait comme avec des étoiles dans les yeux, heureuse.

Ca fait longtemps ! On parlait de toi à table, hier. Racontes moi d’abord tes aventures !

Évidemment, pour des raisons tout à fait évidentes, Anton fut l'homme qui intercepta les balles dans ce qui servait de zone où marquer les buts, pas le passeur ou tireur. Et pour des raisons tout aussi évidentes de fair-play, il changea fréquemment des camps pour éviter de trop désavantager une équipe, mais aussi pour que tout le monde puisse tenter de marquer un but contre lui, ce qui ne fut en vérité pas chose facile, après tout le haut juge n'était peut-être pas la personne la plus rapide qui soit, mais il était grand, assez massif, mais surtout n'avait pas vraiment peur de se mettre entre la balle et les buts étant donné qu'il avait une armure pour le protéger…

La partie s'acheva en tout cas assez rapidement et Anton renvoya leur remerciement aux enfants quand ceux-ci clamèrent qu'ils avaient appréciés qu'il vienne jouer avec eux, il ne manqua même pas de les complimenter d'ailleurs en retour en disant qu'il avait bien joué, ce d'un ton si convainquant qu'ils ne pouvaient que croire en sa sincérité.

Dans tous les cas maintenant qu'ils furent presque partis, il était seul avec sa pupille qu'il attrapa dans ses bras quand celle-ci se jeta dans ces derniers. Fichtre, toujours aussi enthousiaste ! Il en était plutôt heureux dans les faits. Elle ne manqua pas en tout cas de lui demander s'il avait des aventures à raconter, alors Anton lui répondit avec amusement...

« Cela viendra vite ne t'inquiètes pas, mais d'abord accepterais tu de venir avec moi pour que nous allions annoncer la bonne nouvelle à ta mère ? Je suis certain qu'elle sera contente de me revoir, et puis, c'est toujours moi qui raconte en premier mes aventures, que dirais-tu donc de me raconter les tiennes en première cette fois-ci ? Après tout une enfant aussi prometteuse que toi ne peux qu'avoir des choses intéressantes à dire. Par exemple, comment avance ta formation en mécanique ? » Il disait cela alors qu'il se dirigeait avec elle dans ses bras vers la demeure de l'enfant. Pourquoi insistait-il ainsi pour qu'elle raconte en première ses aventures ? Car ainsi elle serait moins intimidée par les siennes disons, mais aussi car cela démontrait son intérêt pour elle et ça lui ferait sans doute plaisir. De plus avouons-le, Anton préférait avoir quelque chose à boire à portée de main quand il devait raconter quelque chose, histoire de ne pas s'assécher la bouche, surtout quand il avait beaucoup, beaucoup à dire… Alors autant attendre de disposer de thé et petits gâteaux probablement, ou bien d'un véritable repas pour cela.

Abigale était vraiment heureuse de retrouver cette personne qui lui était chère. Elle regarda le mastodonte dans les yeux avec le plus radieux des sourires. Ses jambes s’aggripèrent à la taille du gars pour que la fille ne tombe pas, et entoura les épaules du Haut-Juge de ses bras. Elle salua Regie en bon amis avant de revenir vers son tonton, l’ami s’en allant tranquillement. Elle le serra quelques instants dans ses bras avantde prendre du recul pour le regarder.

Oui, rentrons à la maison. Maman sera heureuse de te revoir !

Elle marqua un petit temps en réfléchissant, se laissant tranquillement porter par l’homme en armure.

Mhh… J’ai passé mon service militaire ! Il y a quelques mois. C’était très intéressant, je sais me défendre maintenant ! Et puis, je suis plutôt douée aux armes à feu. C’est ce qui a été conclus suite aux entraînements ! J’ai travaillé mon agilité, ma force, mon endurance… Je suis forte maintenant !

Elle riait un peu en disant ça. Son caractère pétant et joyeux était resté, quand à sa corpulence elle semble avoir pris un peu plus de fermeté dans sa chair sans pour autant en être très musclée. En saisissant ses bras par exemple on peut sentir que chaque parcelle de muscles mous ont été remplacés par un muscle réactif prévu pour durer plutôt que soulever.

Quoi qu’il en soit, depuis la dernière fois elle n’en était que plus grande, forte et transmettait toujours cette vivacité d’esprit qui la caractérisait.

Tu pourras rester manger? Tu verras on te fera un bon repas !

Elle vint ensuite enfouir son nez dans le cou du mastodonte en un câlin amical. Elle se laissa tranquillement balloter par les pas du géant en attendant de rejoindre son logis sans encombres, écoutant attentivement les paroles de l’homme avec un air toujours un peu enfantin.

« Ah ? Donc l'armée te plaît ? Je vois, eh bien si jamais tu penses servir sous les drapeaux à l'avenir, qui sait ? Peut-être nous recroiserons nous dans le corps militaire. » Dit-il donc avec amusement à ce sujet, ce avant de reprendre avec assentiment concernant le fait de rester manger.

« Bien entendu ! » Heureusement qu'il nettoyait fréquemment son armure pensa t-il, sinon elle aurait été un peu salie par son contact constata t-il alors qu'elle démontrait son affection. Hum, la prochaine fois il envisagerait sans doute de la retirer conclut-il, c'est juste qu'il aimait bien la porter car ça impressionnait les enfants, après tout la vu d'une sorte de chevalier avait de quoi fasciner !

Ils ne mirent en tout cas guère longtemps à arriver devant la maison de la jeune enfant, il regarda alors gentiment celle-ci d'un air de lui dire qu'elle pouvait descendre, après tout sinon elle allait finir par se fatiguer et puis ça serait peu pratique… Puis il sonna et on vint les voir, la mère de sa pupille plus exactement ouvrit la porte et sembla plutôt contente de le voir, pour sa part Anton en tout cas ne manqua pas d'exprimer sa satisfaction.

« Salutations mon amie ! Je suis venu te rendre visite et comme tu vois ta fille m'a croisée dans la rue ! Celle-ci est visiblement toujours aussi enthousiaste et de bonne humeur, j'espère sincèrement que ce sera quelque chose qu'elle saura garder une fois adulte. Paraît-il qu'elle a fait son service militaire ? » Après avoir demandé cela, il attendit les réponses polies et probablement plus ou moins amusées à ces questions, puis reprit convivial. « Et toi sinon, comment vas tu depuis le temps ? Et ton époux ? J'espère que ce dernier n'a pas finit par attraper le vertige… Je me demande toujours lequel de nous deux décrochera en premier du service militaire, je suppose que nous verrons bien. » Des anecdotes qu'on racontait entre vieux amis adultes en somme, mais dans lesquelles il essayait d'inclure un peu sa pupille pour que celle-ci ne s'ennuie pas.

Abigale semblait visiblement heureuse dans les bras de l’homme en armure, et elle n’en fut que davantage lorsque ce dernier accepta de manger à midi. Elle souriait largement en faisant la grimace à quelques amis dans la rue qui la dévisageaient, surpris de la voir ainsi dans les bras d’un des hommes les plus influents d’Akkaton.

Alors que le Haut-Juge frappa à la porte, Agatha s’y présenta quelques secondes plus tard. Elle était vêtue d’une élégante robe verte plissée malgré sa simplicité, tombant délicatement jusqu’à ses chevilles. En plus de ça, elle avait un joli tablier blanc impeccable maintenu à son cou et sa taille. Elle étira un large sourire en avisant le mastodonte tout en gardant sa main sur la poignée de la porte.

Anton ? Mais qu’est-ce que tu fais ici !

Elle était radieuse malgré la quarantaine qui approchait. La mère de la petite écouta attentivement les dires de son ami toujours en souriant avant de répondre d’une voix enjouée.

Eh bien ! Abigale est une véritable machine à vapeur, haha. Oh que oui, ça la rend volontaire et elle n’est pas du genre à baisser les bras. Un véritable atout pour son avenir !

Elle ria en passant son regard amusé de l’homme à sa fille avant de reprendre.

Eh oui, elle a fait son service militaire. Elle était volontaire, alors elle l’a fait plus tôt que prévu ! Mais rentrons avant de poursuivre, tu resteras pour le repas?

Agatha fit entrer son visiteur avant de refermer la porte et reprendre la tête de marche afin de guider son invité à la cuisine. La petite Isabella y était déjà installée, s’amusant à écrire ce qui lui passe par la tête. En relevant cette dernière, elle adressa un sourire enfantin avec une dent manquante tout en saluant la compagnie de la main et d’un “bonjouuuur !” très avenant.

Agatha restait debout alors qu’elle eut installé l’homme et sa fille qui pris place aux côtés de ce dernier. Elle installa des verres pour chaque personne à table tout en répondant à la suite des interrogations qui lui furent posées.

Pour moi, tout va pour le mieux. J’ai de plus en plus de clientes amatrices de mon travail, et je vois mes petites grandir, hihi. Quant à Neville, il y travaille toujours ! Haha. Après je pense que ce qu’il fait est moins épuisant que ce que toi tu fais.

Et puis il faut regarder devant pour piloter, pas en bas !

S’en suivit des rires heureux entre toute la famille. Il était évident que le père n’était pas là, certainement parti travailler. Agatha demanda entre deux silences ce que souhaitait à boire ses petits protégés à table, et servi chaque personne avec sa tendresse et sa bonne volonté naturelle.

Tu restes que la matinée? Si tu veux on peut t’héberger pour la nuit pour t’éviter l’auberge. Et puis tu pourras voir Neville ce soir.

Elle écouta silencieusement la réponse de son ami avant d’acquiescer et de s’installer à table. Elle bu quelques gorgées de son verre d’eau avant d’aviser son ami une nouvelle fois, puis sa fille.

Ahlala… Il faut que je te dise, aussi. Abigale compte partir à Teïder pour y soutenir la rébellion.

La concernée se sentit rougir alors qu’elle renfrogne son petit nez parsemé de tâches de rousseur.

Maman... J’aurais voulu lui dire moi mêmeuh.

La mère rit légèrement avant de prendre son sérieux.

Nous étions et sommes encore un peu réticents, mais si on la cadre de trop elle ne s’en sortira jamais. Qu’en penses-tu ?

Ceux qui la connaissaient bien pouvaient voir que derrière ce masque heureux et positif se trouvait une réelle inquiétude quant à la possibilité de perdre prématurément sa fille.

Dire qu'Anton était l'un des hommes les plus influents de l'empire serait en partie faux, il était influent, mais sa position de haut juge ne lui apportait pas tant que cela de pouvoir au niveau politique, par contre il était connu en effet comme un héros populaire en plus d'être un membre de l'une des 5 familles royales et cela pouvait en effet en accorder une certaine influence, même si pour vraiment tirer parti de cela il faudrait qu'il s'engage davantage en politique que ce qu'il faisait actuellement…

Dans tous les cas, le colosse était de bonne humeur à la vue de sa vieille amie qui semblait visiblement se porter bien et plutôt bien vieillir aussi, il a avait vu des quarantenaires dans un plus sale état après tout. Lui-même en était quasiment un d'ailleurs d'une certaine manière, est-ce qu'il encaissait plutôt bien le poids des ans pour sa part ? Probablement supposa t-il, de toute manière ce n'est pas comme s'il comptait finir par devenir un vieux croulant inutile à terme…

« Évidemment que je reste pour le repas, je me rappelle après tout que ta cuisine est succulente. Quoique, peut-être que la jeune Abiggail ne partageait pas tout le temps cet avis quand tu essayais de lui faire manger des légumes quand elle était enfant, n'est-ce pas ? » Ne manqua t-il pas sinon de répondre complice et avec humour quand la mère de la jeune enfant finit par lui proposer de rester manger avec eux. Ce serait en effet avec plaisir pensa t-il.

Dans tous les cas, il alla ensuite s'installer à table assez vite après avoir salué Isabelle qui semblait se porter elle aussi à merveille, ah les jeunes enfants… Pour sa part ça le ferait presque regretter de n'en avoir jamais eu. Est-ce qu'il en aurait un jour ? Probablement pas pensa t-il, en était-il vraiment triste ? Hum, difficile à dire, par moment oui dans les faits, mais dans d'autres il savait aussi qu'il n'avait pas forcément le temps libre nécessaire pour le consacrer à une famille comme il fallait pour réellement rendre celle-ci prospère et heureuse…

« Oh tu sais, des fois donner des ordres à tout un équipage peut avoir ses côtés fatigants, mais en effet au moins son poste est plus sécurisé que le mien dirons-nous. En même temps, ce n'est pas plus mal au final, après tout s'il faisait tout ce que je faisais, il n'aurait pas tant de temps que cela à vous consacrer, alors que pour un père la famille doit rester d'une importance primordiale je suppose. » Ce qui expliquait sans doute aussi pourquoi il était célibataire et sans enfant, il ne voulait pas s'engager après tout en sachant qu'il n'arriverait pas forcément à honorer au mieux toutes les responsabilités qui seraient siennes… Dans tous les cas, il n'hésita pas sinon à demander du café, ce avant de répondre à son amie qui lui demandait s'il restait uniquement pour la matinée ou non…

« Oh, eh bien si c'est si gentiment proposé, je ne peux qu'accepter ! Cela me coûtera en effet moins cher qu'une chambre d'auberge ou d'hôtel. » Bon, pas comme si ça lui coûtait vraiment cher ce genre de choses au vu de son salaire plus que respectable, mais il serait impoli de refuser sans raison la proposition de son amie. Par contre, il ne manqua pas de faire les grands yeux quand la mère de la jeune enfant lui expliqua les projets de celle-ci...

« Elle compte partir à Teïder ? Soutenir la rébellion ? » Autant dire qu'il était difficile de décrire l'expression stupéfaite du juge qui après un temps de réflexion par dire.

« Je… Je ne sais pas quoi, dire, j'hésite entre dire que je suis admiratif que ma filleule désire déjà accomplir de grandes choses pour que ce monde soit meilleur ou m'inquiéter car je connais très bien le manque de pitié des Teïderiens loyaux au régime, même pour une enfant comme elle... » Anton sembla alors intensément réfléchir, puis finit par demander avec gravité à la jeune femme.

« As tu bien réfléchis à ton choix ? T'es tu bien informé sur le pays dans lequel tu désires te rendre ? Ses dangers ? Comment faire pour y survivre ? Et tu seulement sûr de savoir t'y débrouiller seule si nécessaire ? » Voilà des problématiques qui devaient se poser à ses yeux, car se cantonnant littéralement à une question de vie ou de mort...

Abigale sirotait tranquillement sa boisson en tendant une oreille attentive à ce qui se disait. Pour Isabella, elle était dans son monde. La mère des deux enfants s’asseya enfin en un soupir afin de s’accorder à l’air grave et à la réaction du Haut-Juge. Elle observa alternativement l’homme chauve et la rousse, captant le moindre détail qui se déroule sous ses yeux.

Elle fit rouler une de ses longues mèches entre ses doigts, les rides de son visage la rendant étrangement belle et sage. La mère était particulièrement chatoyante, belle et sage. Malgré les protestations des enfants par rapport aux décision prise par cette femme, elle est une mère formidable qui mène une éducation parfaite. Elle ne laisse pas tout faire, mais n’enferme pas non plus.

Elle hoche aux dires d’Anton, et lui répondit calmement malgré son inquiétude.

Oui. Abigale est très courageuse et est emplie d’envie de vouloir améliorer le monde. Mais nous sommes conscients du danger qui persiste, hélas.

La jeune rousse hocha la tête en écoutant attentivement son tonton. Elle croisa les bras sur la table pour y soutenir sa tête en soufflant un peu du nez. Loin d’être un manque de respect ou une forme de mépris, bien au contraire. Elle prenait, et avait déjà commencé à le faire, en compte progressivement les forts dangers qui risquent de l’y attendre. Derrière ce caractère pétant se cachait un cerveau qui fonctionnait très bien, à l’instar de sa génitrice.

Elle releva la tête vers l’homme en captant intensément son regard, lui rendant un faciès déterminé et sûr.

Oui. Ce sont des fanatiques servant un dieu de la souffrance. Et je sais ce que ça implique. Quant à moi, je trouverais d’autres rebelles. Et puis je sais me débrouiller seule, j’ai déjà fait un tour des villes d’Akkaton sans personne.

Elle marqua un silence, maintenant le regard insistant. Elle finit par ajouter calmement tuot en ayant une posture droite et fière.

Ce n’est pas en n’essayant pas que je vais soutenir la rébellion. Et puis, je sais me faire discrète. Très discrète. Sans compter le service militaire, j’ai acquis de la vivacité et de l’agilité.

Elle étira un doux sourire, un sourire réconfortant dans tant de tensions. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne perdra pas la raison une fois là bas. C’est une femme forte.

Anton écouta tour à tour son amie, puis la fille de celle-ci. Et dans les faits, il ne manqua de plonger dans une profonde réflexion en les écoutant et en se disant tout de même que si en effet sa pupille était déterminée et débrouillarde, ça restait quand même très risquée pour une enfant comme qui n'avait sans doute jamais vécu une telle expérience auparavant, surtout dans une nation aussi sordide et impitoyable que Teïder…

« Es-tu vraiment sûr que cela suffira ? Tu n'as encore jamais vécu une telle expérience après tout, as tu déjà faillis te faire tuer ? As tu déjà vu quelqu'un mourir devant toi tout en sachant que tu ne pourras rien faire pour le sauver ou que si tu essayais tu mourrais toi aussi ? C'est ce genre d'expériences que tu risques de vivre dans le royaume de Teïder si ce n'est pire... » Il la regardait alors avec un grand sérieux et une certaine gravité, témoignant bien qu'elle ne l'avait pas vraiment convaincue par ses arguments. Oui, Teïder était d'un bien autre niveau que ce qu'elle avait déjà vécue avant, il finit alors par dire.

« Je ne t'interdirais pas d'y aller sache le, mais si tu ne te prépares pas au mieux je vais être franc avec toi, ce pour le bien de ta mère ou de toi jeune fille… Tu mourras, tout simplement, les Teïderiens disposent du meilleur service de renseignements au monde, et les rebelles sont forts nombreux à y mourir chaque jour… La moindre erreur, pourrait te coûter la vie là-bas, rien de moins que cela. Alors prépare y toi sérieusement jeune fille et quand je dis prépare y toi, c'est ne néglige rien aussi bien au niveau de la préparation que de l'entraînement, mais surtout… Si jamais tu sens que tu n'y arriveras pas ou a le moindre doute, n'y va pas, car si tu doutes, faiblit ou te laisser gouverner par l'angoisse, tes chances de survie à Teïder seront d'autant plus faible. » Sur ces belles paroles, il laissa alors la jeune enfant réfléchir, ce pendant que pour sa part il prenait une gorgée de café. Il savait bien en vérité qu'il avait probablement un peu plombé l'ambiance, du moins temporairement, mais il savait aussi que cette discussion avait été nécessaire, ne serait-ce que pour faciliter la survie future de la jeune aspirante rebelle.

L’ambiance se faisait en effet pesante. La petite Isabella avait arrêté de jouer en écoutant attentivement et silencieusement ce qu’il se disait alors qu’Agatha observa avec patience la scène en y attendant l’issue. Durant tout le discours du haut-juge, Abigale écoutait sans rien dire. Elle était silencieuse, fixe et ne bougea même pas la tête pour un signe de compréhension. Elle préférait réfléchir que de se montrer à l’écoute, le seul moyen de savoir qu’elle ne manquait pas de respect était de regarder son regard.

Il était emplit d’une mystérieuse réflexion qui traitait chaque information qui lui parvenait. Elle se maintenait le menton d’une main, coude sur la table. Ses paupières légèrement plissées transmettaient cette impression de réflexion intense, alors qu’une mèche de cheveux vint se glisser entre ses deux yeux.

Elle l’écarta d’un rapide geste, reprenant progressivement vie pour fixer son tonton dans les yeux. Une fois qu’il eu fini, elle pris de longues secondes avant de répondre en inspirant.

Je comprend ce que tu dis. Et, non. Je n’ai jamais manqué de me faire tuer ni vu quelqu’un mourir devant mes yeux. Et je serais d’avis à dire qu’il faut bien que je m’y confronte un jour au risque de ne jamais pouvoir m’y préparer.

Elle marqua un léger temps, reprenant aussitôt d’un air très sérieux, se tenant face à l’homme.

Et je consens à dire que tu as totalement raison. Je ne peux pas partir tout de suite au risque de me faire tuer. J’ai certes et une expérience avec le service militaire mais je me rend compte que ce ne sont que des bases comparé à ce qu’il m’attend. C’est pour cela que je vais m’y préparer dur avant de partir, et que je n’irais pas avant d’être suffisamment prête. Et je te promet, et je promet à ma famille qui sait elle même que cela fait partie de mon caractère ; jamais je n’irais avec le moindre doute.

Elle avait parlé, et repris sa mine habituelle. Elle se leva ensuite pour serrer la grosse armure dans ses bras.

Merci tonton, ta clarté d’esprit et ton expérience me sont d’une forte utilité.

Anton fut étonné de telles paroles de la part d'une jeune enfant… Cela se voyait qu'elle y avait bien réfléchit pensa t-il, même s'il trouvait quand même un peu dommage qu'elle en soit déjà au stade de telles réflexions, mais soit… Il fallait espérer qu'au moins tout ceci serait formateur pour elle supposa t-il, surtout si son choix était fait et qu'elle ne reviendrait sûrement pas dessus...

« Eh bien, soit dans ce cas, je ne vais pas mentir, tout ce que tu me dis et les précautions que tu prendras ne m'empêcheront pas de m'inquiéter pour toi et ce à raison, mais j'espère sincèrement que tu arriveras à prouver que ces inquiétudes à ton égard auront été exagérées. Si je peux faire quoi que ce soit évidemment pour toi et ce pour t'aider à ce sujet, n'hésite point... » Sur ce et se rendant compte que l'ambiance avait probablement été un peu plombée par ceci, il finit au bout d'un moment par reprendre légèrement et amicale à l'égard de la fille et de la mère.

« Quand j'y pense, à son retour dans l'empire, qu'est-ce que ma jeune pupille prévoit donc de pratiquer comme métier éventuellement ? Ingénieuse ? Mécanicienne ? J'avais entendu après tout le plus grand bien des tes performances dans ces domaines… J’espère en tout cas que tu ne fais pas trop cauchemarder ta mère au sujet des salissures que tu accumules sur tes vêtements quand tu t'entraînes dans ces arts... » Ce avant de conclure avec amusement et une pointe de réflexion.

« Et sinon, y aurait-il par hasard un garçon ou une fille qui ferait fondre ton cœur depuis peu ? Pas que je pense que ce serait le moment pour, mais tu sais je serais curieux de rencontrer un jour celui ou celle qui saurait conquérir ton cœur, après tout je gage que ça sera sans doute quelqu'un de très intéressant et appréciable. Allez, dis moi que tu me le dirais si tel est le cas, après tout je sais garder un secret... » Cela dit d'un ton légèrement complice dirons nous.

Abigale garda son tonton dans ses bras quelques instants alors que petit à petit Isabella se remit à jouer. La mère semblait un peu plus détendue et se leva pour préparer la table.

Allez allez ! Je vais préparer à manger, on déjeune dans une heure !

La jeune fille se détacha de l’armure en opinant calmement, se contentant de répondre à ses mots en reprenant son délicieux sourire.

Bien-sûr Tonton ! En cas de besoin, je te demanderais. Et heureusement que tu t’inquiètes pour moi, sinon je me poserais des questions sur l’importance que tu me portes, haha!

Et elle ria, redonnant la cadence précédemment perdue. Abigale avait retrouvé sa jovialité et continua de discuter avec le Haut-Juge alors qu’il commence à parler de métier.

Oui, un peu de tout ça ! Papa est fier de ce que je fais, je tiens tout de lui ! Après, je ne sais pas. J’ai envie d’être une grande pilote de dirigeable, et avoir ma propre flotte ! Sinon mécanicienne embarquée, ainsi que co-pilote. Ou alors ingénieur, c’est facile d’inventer !

Ah, ça ! A chaque fois qu’elle y met les mains elle en ressort avec des tâches ! Mais bon… Elle a un ou deux vêtements auto nettoyants, et c’est pratique avec son style vestimentaire, il n’y a rien qui craint énormément la graisse de moteur !

Et s’en suivirent des rires de bonne humeur. De la cuisine provenait déjà des effluves délicieuses d’herbes aromatiques. Le repas risquait grandement d’être bon entre les mains de fée d’Agatha.
Lorsque vient la dernière question du Haut-Juge, Abigale s’empourpra en enfouissant son nez dans ses bras. Elle répondit tout de même, visiblement gênée.

Eeeeh… Tontoooon!

La mère lança un regard amusé vers la scène avant de retourner aux fourneaux.

Non… Je n’ai personne, mais si ça m’arrive je te la présenterais, oui ! Et on se partage toujours nos secrets, promis !

S’en suivit d’un clignement de l’oeil malin alors qu’elle change de position pour poser sa tête contre l’épaule du mastodonte.

L'ambiance s'était rapidement allégée, ce qui n'était pas plus mal pensa Anton, comme quoi des fois… La meilleure manière de rendre les choses moins graves était de ne pas prendre de gants dans sa tentative de le faire. Par contre, cela évidemment ne l'empêcherait pas de s'inquiéter à l'avenir concernant la santé de sa pupille et comment elle se porterait à Teïder, mais il espérait sincèrement qu'à défaut de pouvoir empêcher celle-ci de partir à Teïder qu'en plus de revenir vivante, elle en revienne changée… Non pas en mal, mais en bien, plus mature, mais aussi débrouillarde… Après tout il était persuadé qu'elle était capable de beaucoup à l'avenir, mais pour cela d'abord elle devait gagner en expérience…

« Tu verras bien ce que l'avenir te permettras d'être, mais surtout jusqu'où tu pourras aller, après tout qui peut prédire ce dernier ? Quoiqu'il en soit je pense qu'avec de la patience et de la détermination, rien n'est vraiment impossible, c'est donc à toi de faire preuve de ces deux vertus si tu espère un jour accomplir de grandes choses... » Dit-il en ébouriffant légèrement les cheveux de la jeune femme, ce avant de reprendre avec amusement à l'égard de la mère de celle-ci.

« Ah, sûr que si ses vêtements sont faciles à nettoyer, c'est plus pratique… En même, heureusement que ce genre de choses existent, sinon tous les mécaniciens devraient se ruiner en frais de lessive. » Puis quant à la suite Abigail lui dit qu'elle n'avait aucun secret pour lui, Anton ne manqua pas de répondre aimablement.

« Ma foi, aucun secret entre-nous en effet. » Et il était sincère, après tout il n'était pas du tout du genre cachottier, sur ce alors que son amie était au fourneau, Anton reprit discrètement à l'égard de sa pupille et d'un ton complice.

« Mais tout de même, n'y a t-il pas quelqu'un sur qui il t'es arrivé d'avoir des vues ? Ne serait-ce qu'une fois ? Il nous arrive à tous après tout d'avoir le béguin plus ou moins temporairement... » Ce avant de conclure d'un ton assez amical d'allure en vérité.

« Par exemple, ta mère et ton père… Comment se sont-ils rencontré ? » Voilà une bonne question, car soit ces derniers le lui avaient racontés et ça leur permettrait d'en discuter un peu pour y réfléchir et souligner certains points de cette histoire, soit ça n'avait pas encore été le cas et ce serait le moment ou jamais d'intéresser Abigail à tout cela...

Abigale ne pouvait qu’être d’accord avec les mots de son tonton, lui répondant que la détermination ça la connaissait, mais que la patience… Passons.

La jeune femme hocha ensuite aux dires du Haut-Juge concernant leur relation de confidents complices, un délicieux sourire aux lèvres. Puis, elle releva la tête un peu interloquée. Elle ria légèrement de nervosité avant de répondre.

Tonton… Bon, dit-elle en baissant un ton. C’est vrai qu’une ou deux fois… Un camarade du service militaire, et puis une jolie fille dans la rue il y a quelques jours, enfin ! Oui, ça m’arriveuh.

Elle releva ensuite la tête avant de poursuivre.

Papa et maman? Ouhla ! Maman saurait mieux nous la raconter !

La cuisinière vint à sa nomination, avant de rire à la demande. Elle sourit en s’installant alors qu’elle laissa mijoter le repas.

Ah, alors ! Eh bien, huhu. C’était il y a exactement vingt ans, j'étais allée à Villenfleur pour acheter de nouvelles étoffes, j’ai toujours habité à Petitmont.

Abigale écoutait attentivement les paroles de la conteuse sans rien dire. Même la petite Isabella avait arrêté de jouer.

Et donc, j’en profitais pour aller voir mon amie Christina et rester quelques jours en ville. Je ne travaillais pas autant que maintenant, à l’époque, je finissais seulement mes études en couture et commençait à expérimenter différentes étoffes et m’expérimenter dans le domaine. J’avais à peine dix-neuf ans ! Haha.

Et donc, je revoyais mon amie depuis quelques mois, et lorsque je la rencontrai elle me présenta un merveilleux jeune-homme à peine âgé de dix-sept ans. Neville, donc. Il était un ami de Christina et était venu profiter de son toit. Il venait de terminer ses études de pilote de dirigeable à l’armée. Il portait son uniforme aussi, toujours son uniforme. Quand il sortait dehors, on pourrait croire qu’il prendrait à tout moment un dirigeable avant de s’en aller dans les cieux. Il a toujours été comme un oiseau, prêt à s’envoler n’importe quand.

Je revenais régulièrement voir Christina, et côtoyais régulièrement Neville et c’est ainsi que nous commencèrent à nous connaître davantage. Ce fut moi qui l’embrassa le jour de ses dix-neuf ans, après qu’il m’eut prise à l’écart au bord d’un balcon. Digne du plus beau des romans romantiques ! Toutes les conditions y étaient, et dehors il neigeait.

C’est sur ces mots qu’elle se leva, toujours aussi heureuse que sa fille au quotidien.

Anton nota le fait qu'Abigale s'intéressait à une jeune fille qu'elle avait croisée dans la rue il y a quelques jours de cela, même s'il ne commenta nullement la chose et se contenta d'y sourire avec amusement, puis il écouta attentivement sinon son amie raconter sa rencontre avec son mari...

Et disons que ça fut intéressante à entendre, certes ce n'était pas un de ces récits épiques du combat de héros contre des armées gigantesques ou des monstruosités innombrables ou invincibles, mais ça avait ses aspects charmants et puis bon Anton aimait un peu de tout… Surtout que ça avait en effet des allures romantiques assez attendrissantes, tant qu'il finit par dire pour sa part avec réflexion.

« Fichtre, et dire que pour ma part je suis encore célibataire à mon âge ! Ma foi, probablement un choix de vie que j'ai fais au final. Et toi Abigale ? Comment aimerais tu que la fois où tu trouveras pour de bon l'être aimé se passe ? Dans un cadre aussi romantique ou différent ? Fichtre, je ne t'ai même pas demandé quel était ton genre de garçon ou de fille d'ailleurs… Pas comme moi j'espère. » Conclut-il alors avec humour et une pointe d'auto-dérision, mais bon ça c'était peut-être parce qu'il ne se considérait pas comme le potentiel meilleur père potentiel au monde. Il ne manqua pas d'ailleurs de conclure sur ce avec réflexion en s'adressant à son amie couturière.

« Et sinon, très chère, as tu essayé d'apprendre à ta fille à cuisiner ne serait-ce qu'un minimum ? Pas que c'est normal à mes yeux pour une femme, mais disons qu'elle va devoir apprendre à le faire à la dur je pense si elle veut manger des mets un minimum convenable à l'avenir. » Surtout que bon, on ne pouvait pas toujours avoir sa mère ou son père à disposition pour cela et en tant que militaire, Anton le savait fort bien. Bien se nourrir était important de plus, mais se nourrir de manière plaisant l'était quasiment tout autant, ne serait-ce que pour entretenir le moral. Et autant dire que dans le royaume de Teïder, garder un minimum de moral était si ce n'est important, vital quasiment...

La future jeune-femme avait des joues rosies par la gêne qui l’envahissait petit à petit. Elle étira un petit sourire complice malgré ses couleurs montantes et vint reposer sa tête sur l’épaule du tonton sou le rire amusé d’Agatha. Cette dernière pris un verre d’eau longuement avant de le reposer sur la table, toujours aussi amusée de la situation.
Abigale souffla du nez en prenant son temps avant de réfléchir à la question, puis elle répondit.

Eh bien… A bord d’un dirigeable ! Comme ces livres romantiques dans des univers mécaniques...

Agatha ria aux éclats en apposant une délicate et légère main devant ses lèvres afin de limiter le son qu’elle produit. Elle essuya délicatement une larme d’un mouvement svelte du dos de la main avant de prendre la parole.

Fichtre, voilà donc que tu lis mes livres en cachette !

Abigale ne put s’empêcher de rosir davantage sous le regard rieur et protecteur de sa mère. Elle la regardait avec amour et tendresse comme une mère regarderait son enfant si grande et si petite à la fois. Agatha arborait ce délicieux sourire qui signifiait qu’elle avait réussi bien des choses avec ses filles, et qu’il restait bien des choses à accomplir.

Oui ! Et ils sont très agréable à lire, haha ! Sinon… Hum. Je dirais, que l’apparence ne m’importe peu. L’important c’est le caractère ! Je ne sais pas… Quelqu’un un peu comme moi, pas beaucoup timide et qui n’hésite pas à agir ! Je n’ai pas envie de me retrouver avec un chiot effrayé à chaque instant… Et puis, quelqu’un qui aime les câlins parce que j’aime les câlins, et… Qui peut m’apprendre des trucs, ou m’aider à faire des trucs !

En effet, Abigale aimait découvrir de nouvelles choses et expérimenter. Une véritable âme de mécanicienne si ce n’est de scientifique. Elle vint se détâcher de l’armures quelques instants en la laissant digérer ces informations. Puis, la mère répondit tranquillement en souriant.

Pour sûr, elle ne se débrouille pas trop mal. Mais elle est plus douée à faire démarrer un moteur qu’à verser la pâte dans le plat, haha ! Mais oui, je lui apprend encore et a de quoi se débrouiller pour faire des plats goûtus mais simples.

« Haha, comme cela tu aimes lire toi aussi ? Même les livres de romance ? Ma foi il n'y a pas de honte à avoir à ce sujet Abigale. » Dit Anton avec amusement en voyant la scène entre la fille et sa mère, se disant que pour sa part ce genre d'ouvrages n'était pas vraiment sa tasse de thé, mais bon chacun ses goûts... Disons qu'il préférait ceux traitant de sciences notamment ou les ouvrages de type roman parlant d'aventures et intrigues policières notamment. Enfin, ça c'est quand il avait le temps de lire, ce qui arrivait plus ou moins souvent, après tout par période la vie du représentant de l'empire pouvait être très chargée, trop même des fois… Le plus difficile et important pour lui était évidemment de faire en sorte d'assumer au mieux toutes ses responsabilités quand cela arrivait, mais comme pour le moment il semblait y arrivait, autant ne pas non plus trop s'en faire à ce sujet.

« Haha, donc tu penses que ce sera quelqu'un qui te ressembles assez ? Ma foi, c'est tout à fait compréhensible, après l'inverse aussi l'aurait été je suppose, certains préfèrent les opposés après tout. Pour ma part je suppose qu'un couple composé de deux personnes se ressemblant assez peut être une bonne source de dynamisme et d'énergie pour les deux conjoints. » Il sembla alors réfléchir au sujet du fait qu'Abigale pourrait apprendre à cuisiner et Anton dit alors avec amusement.

« Si elle arrive à ne pas vous empoisonner, c'est déjà un bon début je suppose, soit ! Bon, je pense que je peux peut-être lui montrer deux trois trucs si elle le désire, disons que j'ai déjà eu à me débrouiller pour me nourrir en milieu sauvage, je serais donc tout à fait heureux de dispenser quelques petites astuces à ma pupille. » Puis ceci dit et ayant constaté la réceptivité ou non d'Abigale à cette proposition sous entendu, il conclut avec un certain sérieux, mais un sérieux léger.

« Sinon, vous êtes au courant je suppose ? Les prochaines élections impériales vont bientôt être organisées pour l'année prochaine… On ne connaît pas encore les candidats, ni comment tout cela va se dérouler, mais je suppose qu'une famille royale a peut-être votre préférence, n'est-ce pas ? Enfin, dommage du coup qu'Abigale n'ait pas encore l'âge de voter, mais c'est toujours une bonne chose de s'intéresser à la vie politique de l'empire un minimum, n'est-ce pas ? » Surtout que ne le cachons pas, les prochaines élections allaient sans doute êtres importantes car certains disaient déjà que ce serait le mandat d'une future guerre en Orzian. Autant dire que beaucoup de monde le prenait tout de même avec une certaine gravité...

La mère repartit peu après la remarque d’Anton en un rire. Bien qu’elle soit dans la pièce d’à côté, elle resta en capacité de maintenir la discussion, et émit un délicieux rire aux remarques d’Anton quant au niveau de cuisine d’Abigale.

Nous sommes encore là pour te parler, c’est déjà bien ! Enfin, tes connaissances nous seront très utiles, aussi bien à Abigale qu’à moi. Je reste curieuse, même si cela reste spartiate, quant à ce que tu sait faire dans ce genre de cas !

Abigale se tourna vers son tonton avec un sourire quant au temps qu’ils risquent de passer ensemble avant son éventuel départ. Elle était visiblement heureuse de cela alors que la mère répondit au sujet des élections.

Eh bien, Neville et moi y regardons avec un intérêt plus ou moins distant. Nous ne sommes pas aussi impliqués que les membres des familles eux-même, mais nous allons voter à l’avenir. Nous nous devons donc d’y être un minimum intéressés ! Enfin pour le moment, on étudie un peu sans préférence précise. Il est vrai qu’avec cette apogée militaire de notre empereur actuel, il est temps que ça se finisse. S’engager dans dix ans encore de militarisme risque d’être, à mon goût, une mauvaise chose pour le peuple Akkatonnien. Peut-être que pour l’avenir un membre des Deffarès serait le plus approprié, après la guerre passe les besoins du peuple !

Après ça elle reprit ses casseroles en éteignant progressivement les feux. La délicieuse odeur emplit désormais la pièce. Abigale prit la parole par la suite ;

Un peu moins d’un an et je pourrais le faire ! Si ça se trouve la date des élections sera juste après mon anniversaire. Mais oui, papa et maman m’en parlent de temps en temps histoire de m’habituer, j’y comprend pas grand chose mais au moins j’ai l’essentiel… Je sais qui fait quoi et à peu prêt prévoir ce qui peut se passer en fonction de la situation actuelle, oui !

Puis vint Agatha avec une grosse marmite qu’elle posa sur la table après l’avoir au préalable protégé. La délicieuse odeur de haricots et de viande de canard se répand désormais plus distinctement aux invités, dévoilant ce délicieux repas qu’est ce cassoulet fait maison. La cuisinière rangea les jouets d’Isabella qui poussa un petit cri de joie en apprenant que la nourriture était prête. La table étant déjà mise, Agatha recommanda à Abigale de mieux se tenir et elle se mit à les servir un à un une bonne platée à chacun. Sans compter qu’elle eut la main lourde sur les quantités concernant les deux gros mangeurs à table qu’étaient Abigale et Anton. Elle annonça d’une voix enchantée à sa tablée en s’installant avec grâce à sa place ;

Bon appétit à vous~!

« Ne vous attendez pas à des miracles en effet, c'est des astuces d'un militaire qui des fois a cherché disons à enrichir des rations qui manquaient en situation difficile. » Une expérience que tout les militaires de l'empire n'avaient pas d'ailleurs étant donné que théoriquement les troupes étaient convenablement nourries en tout temps, mais disons que des fois il fallait se former à la dure lorsqu'au cours d'une mission les choses ne se passaient pas comme prévu par exemple…

« Ahah, je vois, un choix réfléchit ! Même si pour ma part mon vote est tout trouvé, il ira comme toujours à la famille Illuminès, mais bon c'est plus par convictions que par envie que tout le monde fasse le même choix. Après tout le progrès amène les changements et il faut évidemment l'encourager, même si de toute manière je me doute que ce n'est pas parce qu'un membre d'une autre famille arrive au pouvoir qu'il sera ralentit. Juste qu'il ne sera pas accéléré. Quoiqu'il en soit, le choix du peuple est sacré à mes yeux. » L'intérêt et la voix du peuple avant tout, il était après tout un grand défenseur de la démocratie défendue par l'empire Akkatonien, certes elle n'était pas parfaite, mais à ses yeux méritait qu'on meurt pour elle et la défende…

Quoiqu'il en soit, vint sinon rapidement le moment du repas, Anton qui était un peu moins expressif que les enfants, se contenta donc de remercier son amie poliment en lui disant sincèrement qu'il était persuadé que ça allait être très bon en attendant qu'on le serve, entre-temps d'ailleurs il ne manqua pas de glisser sinon avec le ton du parfaitement anecdotique.

« Et sinon, comment va la vie par ici ? Cela m'a l'air assez tranquille à Petitmont, mais je suppose que de temps en temps il y a de quoi raconter de belles petites anecdotes n'est-ce pas ? Comment se porte ton commerce d'ailleurs ? J'espère que les quelques personnes à qui j'ai parlé de toi n'ont pas manqué pour certaines de venir te voir. » Acheva t-il de dire alors avec malice à la mère, ce après avoir demandé aux deux dames si elles avaient des choses à raconter, ce avant de préciser. « Évidemment comme promis, je vais sinon raconter quelques histoires de mes dernières aventures Abigale, il faudra juste que tu me dises sur quoi tu aimerais que je me concentre. » Disons qu'il avait pas mal à raconter et que quitte à faire dans le détail, autant le faire d'une manière qui plairait à sa pupille, à voir donc ce qu'elle demanderait pensa t-il alors qu'il commençait donc à se sustenter...

Le repas promettait d’être bon et bien copieux. Pour sûr, ce genre de plat était goûtu, bourru et bien gras comme il faut. Le plat semblait ravir chaque membre autour de la table si bien que personne parmi les enfants ne produisait un seul son. Abigale et sa petite soeur mangeaient plutôt proprement à l’instar de leur mère qui était irréprochable à ce sujet. Le repas semblait perdurer dans la bonne humeur et le plaisir de chacun. Agatha leva la tête à l’intervention du colosse, prenant le soin de s’essuyer la bouche avant de répondre d’un doux sourire.

Eh bien, à Petitmont ! Des anecdotes, haha. Il n’y a pas grandes perturbations ou évènements particuliers ! En tout cas, la sécurité et le bon vivre de chacun est présente haha. Mais j’ai peut-être une petite anecdote à raconter… Concernant notre dernier visiteur~

Abigale sourit avec malice en échangeant un regard avec sa mère, gardant le silence.

Il y a de cela quelques mois s’est présenté aux portes de la ville un marchand itinérant qui nous promettait de nous vendre toutes sortes de choses venues du monde entier, haha ! Seulement… Tout ce qu’il nous proposait, on le connaissait et venait de l’empire. On étais perplexes jusqu’à ce qu’une femme accoure vers le marché et s’exclame “Mon fils, tu es déjà rentré !” Le pauvre, il pensait qu’il avait affaire à une autre nation, il avait simplement tourné en rond dans le désert ! Il habitait une ville à côté et sa mère s’y trouvait par hasard au jour de marché, haha.

Abigale ria légèrement en repensant à ces souvenirs là, sa mère avisant son auditoire d’un sourire et d’un regard amusé. La petite Isabella avait, malgré la bonne part servie en proportions à sa taille, déjà dévoré son repas. Elle était toute sourire, ayant mangé sans rechigner et même en ayant apprécié le plat. Agatha poursuivi alors quant à ses commandes et statut de commerce.

Eh bien alors, tout se passe bien ma foi. J’ai même, depuis l’année dernière, gagné en influence ! Les villages alentours commencent à avoir vent de mes talents et ceux qui repartent de la boutique son, suite aux retours qu’il m’ont fait, plus que satisfaits et ravis !

Elle rit ensuite à la précision de l’Anton, radieuse.

Haha, je te reconnais bien là, farceur ! J’ai en effet eu des personnes qui sont venues me voir suite à ta recommandation ! Enfin, je suis loin de tomber en faillite pour le moment !

Vient ensuite le tour d’Abigale qui, solicitée, se redressa sur sa chaise d’un bond heureux alors qu’elle capta le regard de son tonton, venant replacer une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille.

Oh oui tonton ! Racontes moi… Tes aventures hors Orzian ! Tu as fait des expéditions scientifiques ? Ou bien tu es allé en mission militaire de l’empire ?

Elle semblait désormais captivée par les paroles du mastodonte alors qu’Agatha la regardait d’un air maternel fier. Puis, elle se détourna pour débarrasser les assiettes quand tout le monde eut définitivement fini son repas, allant aussitôt effectuer la vaisselle tout en tendant une oreille attentive à ce qui se dit.

« Fichtre, un problème de manque d'expérience pour ce jeune homme je suppose, heureusement pour lui qu'il ne s'est pas perdu à l'étranger si c'est pour faire preuve d'une telle maladresse. » Glissa Anton avec amusement à ce sujet, il est vrai que sinon ça aurait vraiment pu être compliqué pour ce jeune homme, même si en vérité le statut de citoyen Akkatonien pouvait évidemment offrir une certaine protection tant qu'on n'était pas trop provocateur…

« Bien, je suppose dans ce cas qu'il faut de réjouir de ton succès très chère ! Comme je le dis toujours, même à notre époque où la production de masse de presque tout et n'importe quoi a cours dans notre belle nation, le fait main et l'artisanat de qualité a de l'avenir. Je suppose même que tu as pu monter un peu les prix étant donné que les gens achètent cela beaucoup pour se faire plaisir ou se faire bien voir et non purement par nécessité. » Il est vrai que l'économie Akkatonienne était plutôt industrialisé actuellement, même si on était loin de quelque chose de totalement affolé et incontrôlable, l'état régulait tellement les choses après tout qu'au final la transition avait été douce et s'était faîte sur plus d'un siècle et non seulement sur quelques décennies...

« Eh bien... » Ne manqua pas sinon de dire pensif Anton quand Abigale lui demanda de parler de ses récents projets.

« Récemment nous sommes allés aider une communauté nomade de citoyens Azuriens vivant dans le désert Orzanien qui avait souffert grandement suite à une attaque de bandits orcs que l'empire n'avait pas encore mis au pas. L'empire a disons tenu à montrer qu'il se consacrait au bien de son peuple pour marquer le coup, pour ma part j'ai bien été content de rendre service à ces pauvres bougres, c'est pour cela après tout que nous avons apporter notre civilisation dans le grand désert Orzanien, pour que la vie soit plus douce et prospère pour tout ceux qui y vivront. » Bon, il faisait un peu preuve de l'impérialisme typique de l'empire à totalement soutenir ce genre de choses en pensant sincèrement que c'était pour le mieux, mais bon il n'était pas hypocrite et puis il est vrai à ses yeux que l'empire faisait quand même des efforts louables.

« J'avais aussi dû me rendre dans la forteresse indomptable récemment avec plusieurs autres hauts juges pour superviser l'entraînement des troupes et les défenses de cette dernière, vous savez cette forteresse qui empêchera le royaume Teïderien si jamais ce dernier est pris d'une bouffée d'arrogance, d'entrer dans notre territoire sans heurts. Je dois dire que le tout est prometteur, on a toujours pas vu ce que ça donnait en situation de guerre réelle, mais j'ai confiance dans la chose. Evidemment, pas que je souhaite qu'on se retrouve à devoir défendre la province d'un quelconque envahisseur... » Anton n'avait pas tendance à croire après tout que les nations étrangères en dehors d'Ikhyld avait des mœurs convenables quand ils envahissaient un autre pays, surtout les Teïderiens. Il serait sans doute du genre à encourager une évacuation civile de la population à l'Est du désert d'ailleurs si jamais ça venait à arriver le temps de mater les Teïderiens, car cela éviterait sans doute nombre d’événements malheureux… Sur ce après ces quelques propos, il conclut sinon pensif à l'égard des deux dames en demandant poliment.

« Et sinon quand j'y pense, vous avez voyagé à l'étranger récemment pour votre part ? » Une question qui pouvait se poser, après tout certains aimaient cela.

Agatha avait disparu en cuisines désormais. Elle écoutait distraitement les contes de son ami alors qu’elle s’occupa de laver la vaisselle et mettre en ordre son plan de travail récemment utilisé. Abigale pour sa part écoutait son tonton avec un intérêt tout particulier, concernée par ses paroles et ses faits. Elle ouvrit davantage les yeux quand il abordait un détail palpitant, ou retenait sa respiration quand le suspens se faisait sentir… Elle vivait presque les paroles du Haut-Juge, bien qu’elles n’étaient pas des plus détaillées.
Quoi qu’il en soit, Abigale n’en n’était que plus heureuse de ces contes. Une fois fini, elle se laissa retomber dans sa chaise satisfaite, posant ses mains sur les table avant de se redresser.

Tu as du en voir des choses Tonton ! Ca doit être quelque chose de servir son pays à l’étranger !

Agatha passa le nez par l’encadrement de la porte en souriant. Elle se frottait les mains dans son torchon, ayant déjà effectué un miracle de nettoyage dans la cuisine pendant qu’Anton racontait ses aventures. Elle approcha de la table en rangeant le torchon dans la poche de son tablier, venant glisser ses longs doigts fin dans la chevelure de sa grande fille pour les ébouriffer un peu. Abigale sourit, venant poser un bisou sur sa joue. Bien sûr, la petite Isabella prit une mine jalouse, attirant aussitôt la mère qui, en riant, vient s’installer en prenant sa petite fille sur les genoux afin de la câliner. Elle leva ensuite le nez vers Anton à sa question, lui souriant alors que la petite recommençait à jouer.

Une bonne question, Anton ! En effet, Neville et moi sommes partis près de deux semaines en Ikhyld à bord d’un dirigeable ! Vu qu’il est dans le métier, il a pu avoir un transport convenable à prix raisonnable. Le voyage était formidable ! Le paysage depuis la cabine… Un véritable délice. Bon, nous avions dû continuer à pied, sinon le dirigeable risquait d’avoir un problème technique important avec la magie présente en ces lieux. Mais c’était merveilleux ! On en a vu des choses, ça change d’Akkaton. Enfin, c’était un véritable moment entre amoureux, haha !

Abigale sourit, ajoutant qu’elle irait elle aussi visiter tous les pays du monde. Alors que la mère riait joyeusement, un mouvement provenait de l’entrée. La porte se referma, et une joyeuse voix guillerette au timbre fluide en provint. C’était évidemment la voix de Neville, le mari d’Agatha.

Me voilà de retour !

« Je suppose "qu'entre amoureux" implique que vous avez trouver comment occuper Abigale entre temps. » Glissa Anton avec amusement par rapport à l'histoire que lui raconta son amie, ce avant de constater que son collègue militaire était enfin là, Anton dit alors en allant serrer la main de ce dernier.

« Comment ça va depuis le temps vieille branche ? Cela ne te fais pas tourner la tête de poser les pieds sur la terre ferme alors que tu es souvent dans ton dirigeable ? » Dit donc le haut juge avec humour, il plaisantait évidemment, mais il est vrai que ça devait demander d'avoir le pied assez aérien d'être pilote dans l'armée et être enfermé pendant plusieurs jours, voir semaines dans un dirigeable selon les missions, par exemple l'escorte d'autre dirigeables, mais de commerce.

Après tout, même si l'empire Akkatonien n'était pas en guerre, et que ses terres étaient souvent sécurisées, certains territoires, notamment en province Orzanienne pour les parties sauvages du désert restaient dangereux à cause des monstres et autres créatures qui s'y terraient. Pour les pays étrangers il existait aussi une forme plus ou moins active de piraterie sinon, même si évidemment l'empire avait l'habitude de faire escorter ses convois commerçants pour éviter les problèmes. En somme, que ce soit pour ce genre de travail ou non, on avait toujours besoins de pilotes de dirigeable.

Quoiqu'il en soit, il ne manqua pas de se réinstaller à table ensuite en compagnie de toute la petite famille maintenant que celle-ci été réunit, puis de demander de bonne humeur et aimable.

« Alors ? N'as tu pas peur que ta fille finisse par te dépasser à terme mon ami ? De ce que j'ai entendu après tout elle fait de sacré progrès, même si évidemment elle est encore jeune. » Mais au moins c'était déjà une très bonne chose qu'elle ait un tel potentiel, restait donc à voir ce que cela donnerait à l'avenir. Il serait en tout cas bien curieux de le constater pour sa part.

L’arrivée du père de famille avait enclenché une bombe de joie. La petite Isabella poussa peu après un cri témoignant de son caractère heureux alors qu’Abigale se leva pour câliner son père, délicatement mais avec pêche. Le pilote de dirigeable, portant encore son long manteau beige et son bonnet d’aviateur, entoura sa fille de ses bras en gardant le sourire. Il rejoignit la cuisine tranquillement en allant tout d’abord embrasser sa femme de manière chaste et amoureuse avant de lever un sourcil surpris vers l’homme assis à sa table. Il étira davantage son sourire en écartant les bras, venant ensuite serrer vigoureusement la main du mastodonte, malgré sa taille plutôt menue comparé au Haut-Juge.

Espèce de savant fou métallique, va ! Je ne pensais pas te retrouver à ma table aujourd’hui, tiens ! Et puis je t’y verrais bien, à bord d’un dirigeable, haha ! C’est pas pour rien qu’on est sélectionnés.

Il souriait franchement, visiblement heureux de retrouver cette personne avant d’ôter son bonnet.

Eh bien, ça va je m’habitue, et toi ça ne te fait pas tourner la tête de voyager partout comme ça ? Enfin, je suis franchement heureux de te retrouver ! Tu profites de notre maison pour te donner un jour de repos, c’est ça ?

Malgré ses airs sarcastiques, Neville restait quelqu’un de parfaitement adorable et taquin. Chose qu’il n’était pas difficile de saisir et auquel on s’habitue rapidement, son large et joyeux sourire -sûrement celui qu’il a légué à sa fille- montrant toute la bonne volonté du personnage. Il s’assied ensuite à table après avoir accroché son manteau et son bonnet dans l’entrée et vint accueillir ses deux filles sur ses genoux. Il les garda ainsi contre lui, chacune tenue par un bras alors qu’il leur souriait respectivement. Agatha, quant à elle, était venue sobrement poser ses mains sur les épaules de son mari en restant debout derrière la chaise, ce qui offrait un joli portrait de famille.

Me dépasser, tu me dis ? Bien-sûr que non, c’est tout ce que je lui souhaite, haha ! Je suis fier qu’Abigale ai des talents à son âge, c’est une bonne chose ! Et puis, ce n’est pas comme si on le lui en empêchait, hein ? Héhé. Mais attention, une règle émise dans la maison et qui en est le directeur de noter éducation envers nos enfants ; ils se doivent d’être élevés dans le respect et la modestie de soi ! Ce n’est pas parce que l’on a des compétences que l’on doit rabaisser les autres ou se sentir supérieur, pas vrai mes petits arbres de transmission ?

Abigale riait franchement au petit sobriquet, rapidement suivie de la petite Isabella. Agatha se contenta de rouler des yeux avec un sourire en coin avant de se détourner pour s’asseoir aux côtés de Neville.

Enfin, je reste sérieux quant à mes dires ; on veille à bien élever nos enfants. Après tout, cela serait un échec pour nous de ne pas réussir à bien les éduquer selon nos règles, et je pense qu’on est loin d’être les pires parents du monde, hein… Mais tu m’as l’air bien en forme, dis-moi ! D’ailleurs, si tu as un peu de temps entre deux missions et que t’es pas loin, penses à moi ! Je te ferais un petit tour en dirigeable, j’ai droit de piloter hors mission si je ne quitte pas une certaine zone… Et puis je suis sûr que ça peut être un beau moyen d’emmener une potentielle compagne, n’est-ce pas ?

Il termina sa phrase avec un clin d’oeil. Evidemment, il savait que le Haut-Juge était célibataire et qu’il n’avait sûrement aucun intérêt à trouver une compagne, ou même n’y parvient pas. Mais mis à part sa petite plaisanterie dénotée d’une suggestion implicite son ton était des plus bienveillants et joueurs.