17 Febriarius 2001

Quelle course… Grushnag était rapide pour un orc. Sauf que la petite panthère que je suis l’était tout autant. Après de longues minutes, Grushnag finit enfin par s’arrêter, à bout de souffle et l’air de très mauvaise humeur. Je m’arrêtai à mon tour quelques mètres plus loin, remarquant qu’il n’avait pas franchi la ligne d’arrivée. Ce qui veut dire que… j’ai gagné haut la main.

J’eus beau être essoufflée aussi, ça ne m’empêchai pas d’ouvrir mes ailes en grand et de brandir mon poing vers le ciel en poussant un cri victorieux. Puis je repris mon apparence habituelle et me mis à voleter autour de l’orc en lui jetant quelques piques malicieuses. Ce dernier grommela des propos incompréhensibles en reprenant peu à peu son souffle. Malgré sa mauvaise foi, notre poignée de mains en guise d’au revoir a été plutôt cordiale. Enfin, cela n’a pas empêché Grushnag de me faire un geste obscène pour toute réponse à ma dernière pique. Je m’envolai en riant de bon cœur. Il était grincheux avec tout le monde en plus d’avoir horreur de perdre un défi, alors forcément...

Une éclaircie me vit lever la tête. Et dire que c’est déjà l’après-midi. C’est fou à quel point le temps passe vite quand on n’y prête pas attention. A l’inverse, chaque minute paraît durer une éternité quand on fait une fixation dessus. Hier soir, j’étais plutôt dans le premier cas. Il faut dire que la soirée a été plus longue que prévu. Môssieur le grincheux était pressé d’en finir avec cette affaire à deux sous, histoire de partir en quête d’une mission plus intéressante selon lui.

Un voleur avait braqué une bijouterie. Bien qu’on a pu l’arrêter sans trop de mal, il n’y avait aucune trace de son butin. Quand il a été interrogé, l’humain a affirmé l’avoir caché quelque part. Sauf que nos recherches n’ont rien donné, et celles des autorités non plus. Ce chapardeur n’arrêtait pas de nous envoyer sur des fausses pistes, ce qui a donné envie à mon partenaire de lui donner quelques coups de massue afin de le faire parler. Puis les autorités ont découvert que le voleur n’avait pas agit seul.

La traque a duré un bon moment. Ces petits malins s’étaient dispersés dans tous les sens pour nous compliquer la tâche. Nous étions dans une zone boisée en dehors du désert. J’avais eu l’idée de profiter de l’obscurité pour jouer sur mon apparence. Pour faire simple, j’utilisais Mirage à des endroits différents, profitant des branches et des buissons pour prendre des silhouettes diverses. Parfois j’étais plus grande, parfois j’étais plus imposante et cetera. Par contre, j’ai été surprise de voir Grushnag m’imiter et se prendre au jeu. Disons que Môssieur a changé d’idée à la dernière minute, au risque de tout faire voler en éclats...

Par chance, la ruse a marché quand même. Les bandits ont eu l’impression d’être cernés de toute part. Entre les mages qui jetaient des sorts dans le vide et les lanciers qui frappaient trop haut ou à côté… purée, j’ai failli attraper un de ces fous rires. Pour le reste, il n’y avait plus qu’à lancer une attaque-surprise pour les cueillir. Honnêtement, leur mettre un coup de pommeau derrière la tête était plutôt gentil contrairement à ce qu’a fait mon partenaire. Un bon coup de massue est bien plus efficace pour assommer quelqu’un, c’est bien connu.

Les bandits capturés, on a fait une livraison aux autorités à… quatre heures du matin. Moi et Grushnag, on ne pensait pas qu’il était si tard. On était tellement pris dans le feu de l’action qu’on n’a pas fait attention à l’heure. Heureusement qu’il y a des gardes de nuit, sans quoi, on aurait dû garder les prisonniers durant quelques heures en attendant l’ouverture de leur poste. Plus tard dans la matinée, les gardes ont retrouvé le butin dans la planque des voleurs grâce à leurs aveux.


Je volai un long moment avant de faire une pause dans un village campagnard… ou pas ? C’est quoi, ces affiches accrochées tout partout ? Je parcourus l’une d’elles des yeux, la mine sombre. Apparemment, une marchande a été enlevée. Une grosse récompense était promise à qui la ramènera saine et sauve. Personnellement, je ne coure pas après l’argent. Cela dit, cette mission a l’air plus difficile que mes contrats précédents. Et qui dit mission plus difficile, dit adverses plus coriaces et… peut-être des combats qui me permettront d’affiner davantage mes techniques ? Je me rendis rapidement à l’adresse indiquée pour avoir plus d’informations. Malheureusement, je n’y appris pas grand-chose de plus. Il ne semble pas y avoir de témoins… du moins, peut-être pour l’instant ? Après tout, l’enquête est toujours en cours.

Par contre, les gardes ont quelques pistes. L’une d’elles est une liste de lieux abandonnés qui pourraient servir de cachettes aux kidnappeurs. Bien entendu, les explorer une par une allait prendre beaucoup de temps et, sans entrer dans les détails, les gardes m’ont glissé qu’ils n’avaient déjà que trop de choses à faire. Si quelques volontaires acceptaient d’explorer l’un de ces lieux, cela les aiderait déjà beaucoup. Après un temps de réflexion, je décidai d’aller explorer une ferme abandonnée, à cinq kilomètres plus au sud. Il fallait bien commencer par quelque part, alors autant commencer par chercher des indices aux alentours.