20 Septembre de l’An 2001 de l’Âge d’Acier

C’était le matin du 20 Septem qu’Otmar et Lilyneska étaient arrivés dans les Duchés, à l’aide d’une embarcation hybride, en somme un navire ni trop magique, ni trop technologique, qui les avait discrètement déposés au port. Suite à cela, les deux Akkatoniens qui étaient en ces terres pour certaines raisons, s’étaient rendus dans un discret logement qu’Otmar avait tout aussi discrètement loué… Une demeure de la classe moyenne basse duchéenne faîtes de briques et assez charmante en soit. Et c’est uniquement une fois entrés dedans et la porte fermée à clef derrière, que l’empereur retirerait son déguisement de « marchand » et dirait pensif.

« Eh bien, nous sommes arrivés et personne ne nous as remarqués… Je suppose que nous n’avons plus qu’à préparer notre coup les jours qui viennent et ensuite faire ce pour quoi l’on est venu. » En soit il avait été discret, non par crainte que leur cible se doute de quelque chose, mais surtout pour éviter qu’on se demande ce que l’empereur d’Akkaton fichait par ici… Ce qui dans ce cas impliquerait bien des choses lui faisant perdre son temps, comme avoir une entrevue diplomatique avec les bourgeois qui gouvernaient la cité état dans laquelle ils se trouvaient… En somme rien qui ne les arrangeraient tous les deux.

« J’ai pris pas mal d’équipement avec moi, il faudra qu’on discute de notre rôle à chacun je suppose… Après tout tu as des pouvoirs transformistes et moi j’ai surtout quelques outils pratiques. » Dira t-il alors pensif en déposant un lourd sac sur une table… Il en sortait alors une combinaison de couleur sombre aux airs très technologistes, avant de glisser avec amusement.

« C’est normalement réservé aux agents d’élites, c’est une combinaison conçue pour réduire les bruits que tu fais au maximum, de plus elle est fort peu visible dans l’obscurité... » Il jetterait alors un coup d’œil à sa fille, ce avant de dire pensif.

« Je suppose qu’il y aura des gardes là-bas, évidemment on ne tuera personne, mais il faudra voir comment les gérer si jamais ils nous repèrent… Je suppose que pour ma part je me contentera surtout de les éviter, sauf si l’on se fait repérer. Ah oui, il faudra aussi qu’on ait un plan pour fuir, je préfère ne pas me faire reconnaître... » En somme il quelques détails à régler, ils n’avaient disons pas forcément eut le temps de tout régler sur le navire pour diverses raisons, mais ce ne serait rien au pire qui ne pourrait être rapidement résolut par un peu de concertation !

« En tout cas merci de faire cela avec moi ma fille. » Conclurait-il sinon avec une affection somme toute paternelle. Après tout elle était fort brave de l'aider avec ceci !

L’air était humide et le vent maritime soufflait sur la chevelure mauve de Lilyneska. La jeune femme se tenait sur la balustrade au devant du bateau. Ce dernier avançait rapidement à travers les flots grâce à ses moteurs, ses voiles ou les deux, c’était l’avantage d’un bateau hybride. Ce n’était pas le plus technologique des bateaux akkatonniens et c’était tant mieux, car Lily n’aurait pas aimé risquer de perturber son fonctionnement par son aura magique. Après quelques jours à voguer sur les flots, elle s’était un peu habituée au mouvement du navire et heureusement, elle n’avait pas le mal de mer! Elle était heureuse de faire son premier déplacement en bateau avec son père.

« On arrive! » Pouvait-on l’entendre s’écrier. Lilyneska pointait avec énergie la terre ferme qui approchait. C’était les Duchés du Sud qu’ils pouvaient voir. Les marins s’occupaient déjà derrière elle à l’arrimage et elle les regarda d’un air curieux. Elle ne comprenait pas trop ce qu’ils faisaient et au final, ça ne l’intéressait pas tant. Non, elle n’avait pas l’amour des bateaux, pas assez pour y vivre continuellement, et ne ferait définitivement pas partie de l’armée maritime. Elle se voyait comme une aide extérieure ponctuelle, mais pas plus.

C’était le matin du 20 Semptem qu’ils avaient mis pieds à terre tous les deux, Lilyneska et Otmar. La jeune hybride avait tâché de cacher son apparence thérianthrope en effaçant ses oreilles félines : merci magie transformiste! Les Ehrlich se faisaient discrets. Personne ne devait remarquer que l’empereur akkatonnien et sa fille se trouvaient dans les Duchés du Sud. Ils avaient une mission que seuls eux deux savaient.

Lorsqu’ils arrivèrent à l’appartement, Lilyneska s’assura qu’il n’y avait pas de yeux ou d’oreilles mal placées. Elle fit une petit tour sous la forme d’une buse pour zieuter les alentours puis revint en reprenant sa forme humanoïde. « Rien à signaler. » Dit-elle.

Elle sourcilla face à la combinaison, elle avait su piquer sa curiosité. « J’ai bien hâte de te voir en action. » Lui dit-elle en finissant avec un sourire espiègle. « Oh! Je vois. Ça sera pratique, en effet! » Dit-elle. Faire moins de bruits, c’était toujours pratique dans une mission sournoise.

« Je n’aurais pas imaginé ça différemment. » Dit-elle. Elle s’assit à une chaise puis sortit son carnet pour prendre des notes et faire un plan de l’endroit. « Alors? Combien y a-t-il d'objets à subtiliser et à quoi ressemble-t-il, sais-tu? Histoire que je puisse les reconnaître moi-même. » Débuta-t-elle. « Où est l’endroit? Je pense qu’on pourrait utiliser le premier jour pour voir combien il y a de gardes et s’ils font des rondes ou s’ils ont des particularités… On pourrait aller là-bas à l’aveugle, mais ça ne serait pas très sage. » Poursuivit-elle.

Le voyage en bateau hybride à voile aura été assez rapide, débarquer dans la cité et se rendre dans leur demeure temporaire aussi avaient été rapides, une demeure louée sous une fausse identité bien entendu. Processus qui en vérité n’avait pas été très complexe, pouvant faire se demander si c’était habituel pour la personne qui faisait louer cette demeure. Mais soit… Quoiqu’il en soit, l’Akkatonien ne manquera pas d’accorder un hochement de tête approbateur à sa fille, qui après être partit en courte reconnaissance, signala qu’elle n’avait rien vu de suspect dans les environs.

Cela n’étonnait pas vraiment Otmar en soit, mais c’était toujours bon à signaler ! Disons qu’il était sûr et certain qu’ils n’étaient pas du tout attendus, même si évidemment un peu de prudence ne faisait jamais de mal. Surtout qu’ils auraient put faire l’objet d’autres attentions par exemple si on l’avait reconnu, sans parler du fait qu’il préférait éviter de devoir perdre du temps à jouer le diplomate avec les élites locales.

« Cela arrivera assez vite ne t’inquiète pas, en attendant je vais la dissimuler, histoire que personne ne la voit. » Répondra t-il sinon amusé au sujet de la combinaison prétoris, qu’il cacha alors dans une sorte de coffre un peu dissimulé, comme bien des demeures duchéennes en avaient. Ce avant de regarder avec curiosité sa fille prendre des notes, puis ajouter d’un air approbateur.

« Ce sont des statuettes nagates, elles représentent des serpents majoritairement ou des figures nagates et sont d’une facture nagate tribale. En somme assez faciles à reconnaître, au pire si tu prend plus que nécessaire, ce ne sera pas trop grave... » Ajoutera t-il sinon assez complice, ce avant de reprendre pensif en regardant par une fenêtre. « Elle se situe dans le quartier du palais, celui des habitants les plus aisés de la cité, de toute manière nous allons y aller pour faire une reconnaissance prudente... » Dira t-il donc en semblant réajuster son déguisement, puis avant de réajuster celui de Lilyneska.

« Il faut juste que nous ayons l’air d’une petite famille duchéenne fort aisée... Par contre, cela risque d’être complexe de tout reconnaître étant donné que c'est surtout un grand bâtiment, mais je suppose que de l’extérieur nous pourrons déjà apercevoir beaucoup de choses... » Ceci dit et attendant que sa fille soit prête, il ajouterait aussi pensif.

« Il faudra aussi aviser d’un moyen d’entrer dans la demeure, qui ne soit pas trop bruyant. Je suppose après tout que la porte d’entrée ne sera pas grande ouverte, mais au pire nous trouverons toujours un moyen... » Ou bien ils en créeront un, il était confiant à ce sujet en somme.

Père et fille se préparaient pour infiltrer le manoir du riche homme. Ils comptaient faire les choses dans les règles de l’art, comme s’ils étaient les plus grands des voleurs. Lily avait hâte de voir son père à l'œuvre. Quant à elle, son expérience d’ancienne voleuse allait être utile. Certes, ça avait toujours été que de petits larcins. Mais elle savait se faire discrète.

Elle écouta la description des objets qu’ils avaient à rapatrier. De facture nagate, aux allures serpentoïdes et tribales, ça ne devrait pas être trop difficile à reconnaître. Mais juste par précaution… « Tiens, prends ceci. » Dit-elle en lui tendant son carnet grand ouvert. « Si tu te rappelles de certaines reliques, tu n’as qu’à y penser. Elles apparaîtront automatiquement sur les feuilles. » Expliqua-t-elle. « Sais-tu combien d’items il y a? Ce serait dommage de ne pas tout ramasser. » Dit-elle ensuite. La jeune femme était confiante que leur vol se déroulerait bien et qu’ils sauraient tout reprendre. Mais comment savoir quand ils auraient tout?

Elle jeta un coup d’oeil par la fenêtre en suivant le regard de son père. « D’accord. Faisons ça. » Dit-elle. Puis elle sembla réfléchir pendant un instant. « Je pense que je vais changer d’apparence pour être sûre qu’on ne me reconnaisse pas. Je ne voudrais pas que d’anciens adeptes d’arènes de combat ne reconnaissent ma figure ou se demandent où ils auraient bien pu me voir. Je vais prendre l’apparence d’un homme, un peu plus âgé… Genre dans la trentaine. Histoire que les gens pensent que je suis ton fils. » Expliqua-t-elle. Ça lui semblait être un bon plan. « Veux-tu d’une autre apparence? Ça s’arrange, tu sais? » Dit-elle avec un air espiègle.

« Je vais te faire la surprise. » Dit-elle en se déplaçant derrière la cloison de séparation. Disons que voir les transformations en temps réel rendaient parfois les gens mal à l’aise. Ça, et elle devait également modifier son style vestimentaire. La transformation en homme prit quelques minutes et quelques autres minutes supplémentaires furent nécessaires pour modifier ses vêtements. Heureusement, elle avait apposé un enchantement pratique sur son ensemble du voyageur.

« Tada! » Lança-t-elle en se montrant à Otmar. « Ah oui… Je vais modifier la voix aussi. C’est mieux comme ça. » Finit-elle par une voix plus masculine. Ou devrais-je écrire finit-il… Car devant Otmar se trouvait un homme d’une trentaine d’années. Il avait une carrure svelte, mais légèrement musclée et mesurait un peu plus de cent-quatre-vingt-cinq centimètres. C’était une grosse différence pour Lilyneska, ça faisait bizarre! Sa chevelure brune faisait une dizaine de centimètres et ses yeux étaient pers.

Quant à ses vêtements, sa veste était un peu plus foncée que le bleu royal et possédait quelques broderies dorées. Son chandail était brun et ses pantalons beiges. « J’suis assez beau pour passer pour un noble du coin, non? » Demanda-t-il. « Devrais-je modifier quelque chose? » Avança-t-il.

« Oh! Il me faut un nom! Quel nom voulez-vous donner à votre fils, Père? » S’enquit-il. Otmar put reconnaître le sourire taquin de Lily à ses lèvres.

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Spoiler:

Otmar n’avait pas vraiment d’expérience en tant que voleur, mais il savait se faire discret et surtout faire des choses considérées comme illégales, pas qu’il faisait ainsi en général, mais à une époque à Teïder il ne s’en était pas privé… Et il ne doutait pas qu’au pire sa fille serait d’une grande aide et pourrait lui permettre de se tirer d’un mauvais pas, même si la pensée de compter sur Lilyneska pour cela semblait des fois un peu excentrique.

Quoiqu’il en soit, elle lui tendit donc son carnet, qu’Otmar prit, avant de dire néanmoins pensif. « Malheureusement, je n’ai jamais vu ces statuettes, elles ont été perdues bien avant que je sois né. Néanmoins, je sais qu’il y en a une dizaine en tout et qu’elles sont les seules de ce type de la collection de ce riche duchéen… Au pire, nous n’aurons qu’à prendre plus que nécessaire et trier plus tard. » Dira t-il donc avec confiance et une dose d’amusement. Disons qu’il n’était pas du genre à encourager le larcin en général, mais là il n’aurait rien contre…

Puis, le vieil homme parut pensif, puis sourira avec une dose de malice à l’idée de sa fille. « Changer d’apparence ? C’est une bonne idée te concernant, me concernant... » Il semblera alors y réfléchir rapidement, c’était faisable en soit, certes il portait quelques prothèses sur lui qui auraient rendues le processus plus difficile dans une situation stressante, mais là ça pouvait se faire… Otmar finira donc par dire avec réflexion.

« Pourrais tu me donner une forme toujours humaine et avec une carrure proche, mais différente d’apparence ? Il est vrai après tout que mon visage est connu à travers le continent et qu’il serait possible que je tombe sur un touriste Akkatonien qui reconnaîtrait mon portrait. » Ce qui évidemment, ne serait pas pour l’arranger…

Quoiqu’il en soit, après cette demande assez logique, étant donné qu’il faudrait que sa nouvelle forme soit adaptée aux vêtements en sa possession, Otmar laisserait sa fille se changer alors que pour sa part il ajustait encore ses vêtements… Puis quand elle revint, Lilyneska avait fait place à un élégant jeune homme qui ne ressemblait en rien à sa fille. L’Akkatonien dirait alors avec approbation et un air un peu impressionné.

« Si je ne savais pas qui tu étais, je ne t’aurais pas reconnu, c’est parfait pour te faire passer pour quelqu’un des environs, ne t’inquiète pas ma… Mon fils. » Son sourire s’affina alors et il sembla réfléchir assez intensément à la question de Lilyneska, quel nom donnerait-il à un garçon pour faire duchéen ?

« Et si l’on t’appelait Claudio Cestare ? Je serais pour ma part Silvio Cestare, riche marchand duchéen, du moins quand tu te seras occupé de légèrement changer mon apparence. Pour les prothèses tu ne pourras rien faire, mais il me suffira de les dissimuler sous des vêtements amples. Ou au pire je dirais que je suis allé me faire opérer en Akkaton... » Dira t-il donc avec satisfaction, puis amusement, avant de conclure avec un calme entrain.

« Je suppose que nous sommes prêts sinon ? Une fois que tu auras changé mon apparence du moins. Pour le reste, il faudra peut-être qu’on voit sur place comment on peut examiner la demeure sous toutes ses coutures, car je doute qu’il soit une bonne idée de tenter d’y entrer aujourd’hui. » Après tout, il valait mieux être bien préparés et si jamais ils se faisaient remarquer en partant en reconnaissance, ils risquaient plus d’attirer la méfiance qu’autre chose...

« Ce n’est pas grave… » Débuta Lilyneska en rangeant son carnet magique dans son sac. « On n’aura qu’à attraper tout ce qui ressemble de près ou de loin au style naga, c’est aussi simple! » Ajouta-t-elle en souriant avec un air espiègle. Honnêtement, la jeune femme n’allait pas se sentir moindrement mal de dérober un riche commerçant qui faisait dans les transactions louches.

Lily avait commencé par sa transformation à elle… ou devait-on dire à lui? Le jeune homme qui se présenta à Otmar avait fier allure et il avait une prestance de noble. Il tournoya sur lui-même et se regarda dans le miroir, satisfait. « Ça fait bizarre d’être aussi grand. » Commenta-t-il. En effet, un petit moment d’adaptation serait nécessaire afin de ne pas avoir l’air étrange, notamment en marchant.

Lorsque son père faillit dire “sa fille” au lieu de son fils, un sourire se dessina sur ses lèvres. « J’avoue qu’il ne va pas falloir se tromper. J’aurais peut-être mieux fait de prendre la forme d’une femme… Mais j’ai toujours l’impression qu’un homme attire moins les regards. » Dit-il. Était-ce son passé de fille de joie qui lui donnait cette impression? Elle tâcha de ne pas penser à son passé et de se concentrer sur la tâche actuelle.

« Claudio Cestare. Parfait! » S’exclama-t-elle. « Ce sera avec grand honneur que je me promènerai en compagnie de mon père, Silvio Cestare, dans le quartier du palais… afin de visiter notre futur quartier…? Ça te parait plausible comme explication? On pourrait vouloir acheter notre quatrième demeure à cet endroit? Après tout, on est de riches marchands… Surtout toi, mais faudra bien que je prenne en charge éventuellement la business familiale. » Dit-il en ajoutant un clin d'œil.

Pendant qu’ils parlaient de leur background, Claudia s’approcha de son père. « Je pense qu’il est préférable que vous fermiez les yeux. Désirez-vous vous asseoir, père, pendant que je vous transformerai? Nulles craintes, ça se fera sans douleur… Et il n’y aura pas de changement majeur. » Prononça-t-elle. Après qu’Otmar se soit installé confortablement et fermé les yeux, Lily opéra la magie sur son père. Elle préféra ne pas toucher à son corps, mais seulement changer les traits de son visage. Au lieu d’être marrons, ses yeux seraient pers comme les siens. La forme du visage serait plus arrondie et son nez un peu plus gros. Pour finir, sa chevelure et sa barbe seraient de couleur poivre et sel. « Cela vous va–t-il, père? Désirez-vous d’autres modifications? » S’enquit son fils. « Si tu portes des gants et des vêtements longs, personne ne verra tes prothèses. » Dit-il.

« Je suis d’accord avec toi. Aujourd’hui, on ne fait que de la reconnaissance. On entrera demain ou un autre jour, histoire qu’il ne se doute de rien. » Ajouta-t-elle. « De mon côté, je vais laisser ma cape et mon sac ici, je pense que ça ne sera pas décorum de les emmener. Je vais enlever ma boucle aussi. » Dit-il en détachant sa boucle d’oreille azurée et en la rangeant dans son sac. Pour le reste de ses bijoux, il s’assura que ses colliers étaient bien dissimulés sous son chandail et ses bracelets sous ses manches. Le seul bijou visible était sa bague à son doigt. « Je suis prêt. Reste juste à peaufiner notre histoire de marchands et pourquoi on est là. Et je pense que tout sera bon! »

« En effet. » Glissera donc Otmar d'un air complice quant au fait qu’ils n’auraient qu’à au pire prendre tout ce qui paraissait intéressant pour leur objectif. Lui-même de toute façon ne se sentirait pas trop coupable après coup, surtout que normalement il ne serait pas démasqué au passage et que sincèrement il n’allait pas s’attrister qu’un riche duchéen le soit un peu moins…

« Pourtant selon tes transformations tu l’es encore davantage. » Glissera sinon l’humain amusé au commentaire de sa fille sur sa taille inhabituelle pour elle, ce avant d’ajouter du ton du compliment assez sincère. « Tu ressembles un peu à ce dont j’avais l’air plus jeune, enfin ce n’est pas non plus mon portrait craché, mais le lien de filiation paraît donc apparent. »

Puis prenant un sourire mi amusé, mi gêné il ajoutera confiant. « De toute manière je ne ferais pas l’erreur en publique, ne t’inquiète pas. Au pire les gens me trouveraient plus étrange de dire cela, qu’ils seront soupçonneux, ou alors il faudra que je réévalue mon opinion sur la bourgeoisie duchéenne. » Après tout, au pire il pourrait en effet mettre cela sur le compte d’une bizarrerie quelconque…

« Cela me paraît plausible. » Ajoutera t-il sinon pensif en hochant légèrement la tête aux propos de son fils actuel, avant d’ajouter complice. « Et évidemment notre commerce de vin est fort prospère, et vu l’omniprésence de ce breuvage dans les Duchés, il doit y avoir bien trop de commerçants en vivant pour que quiconque les connaissent tous. » En somme, une bonne couverture. Il est vrai après tout qu’il était facile tant qu’ils n’en faisaient pas trop de s’inventer une petite dynastie de commerçants de vins…

Pour le reste, Otmar n’était pas forcément habitué à se laisser altérer par magie, mais il ferait avec… De toute manière il faisait confiance à sa fille et n’avait pas de préjugé particulier concernant l’usage alchimique, il dirait donc avec une calme confiance.

« J’ai confiance en toi, mais je vais fermer les yeux et m’asseoir en effet. » Puis, il laisserait donc faire… Ceci fait, il regardera donc dans un miroir non loin sa nouvelle apparence et dira amusé. « C’est parfait, pas besoin de changement supplémentaire ne t’inquiète pas, de toute manière c’est seulement temporaire. » Ceci dit, il ajusterait ses gants pour en effet bien dissimuler ses prothèse de bras, après tout s’il devait y avoir des bourgeois duchéens en portant, ça restait une excentricité fort peu courante dans cette contrée…

Pour le reste il hochera la tête aux propos de sa fille et déposera lui aussi la plupart de ses bijoux, avant de réfléchir rapidement à leur couverture… Notamment leur histoire de marchands, il dirait alors pensif. « Une bonne approche aussi pour ne pas êtres questionnés est de savoir mimer un mauvais caractère raisonnable, tu saurais être un peu condescendant ou méprisant envers ceux qui n’ont pas l’air aussi élevées socialement que toi ? Après tout un garde aux portes du quartier riche ne voudra peut-être pas nous importuner longtemps si nous faisons sentir que nous sommes du genre hautains sans trop en faire ? Un caractère un tantinet irritant mais pas agressif pourrait aussi aider, par exemple donner l’impression de prendre les petites gens pour des idiots, tout en étant visiblement persuadé d’être bienveillant envers eux. » Visiblement Otmar s’y connaissait sur comment faire une couverture de riche duchéen à qui on avait pas envie de parler si on était pas aussi riche que lui...

La transformation d’Otmar étant complète, père et fils statuèrent sur leur passé commun. En effet, puisqu’ils étaient liés et que certaines personnes du quartier riche leur demanderaient des questions, il fallait que ce qu’ils leur disent soit plausible. Ils devaient se faire crédible. Leur look fortuné allait énormément aider à duper les autres. « Insolent, ce ne sera pas un problème. D’abord parce que je suis grand, ça sera d’une grande facilité que je pourrai regarder les gens de haut. Ahah! » S’exclama-t-il en terminant par un rire au ton insolent.

« Je me présente : messire Cestare, Claudio Cestare. Riche et jeune commerçant de vin. Le meilleur qui soit! Avez-vous déjà goûté aux vins Cestare? Non?! Quel malheur pour vos pauvres papilles. » Dit-il d’une voix assurée. « Voyez-vous, je suis un grand fendant qui a toujours eu tout ce qu’il voulait dans la vie. Je n’ai jamais réellement travaillé ni sué pour la compagnie. Tout m’est dû. J’hériterai de la compagnie de mon père et de sa fortune. » Dit-elle sur le ton d’un jeune noble hautain. Il laissa un petit moment de silence puis poursuivit, un grand sourire aux lèvres. « Ça ira comme ça, père? »

Lilyneska avait une bonne idée du genre de personnage qu’elle allait incarner. Elle les avait souvent vu lorsqu’elle était petite dans les Duchés. Elle imiterait ces derniers sur de nombreux points. « Et tout ce que je veux réellement, c’est courir les jupons. » Poursuivit l’hybride déguisée. « Ahaha. Mais quel fils tu as. En es-tu fier? » S’enquit-elle.

Ils finissèrent leurs préparatifs puis en début d’après-midi, ils se rendèrent sur les lieux. Le quartier riche était… riche. Il y avait de grandes demeures qui trônaient ici et là et chacune d’entre elles avaient également un grand terrain. Les lieux étaient propres et somptueux. On aurait dit que chaque maison faisait un concours avec l’autre de celle qui était la plus immense et la plus extravagante. On voyait de loin les nombreuses statues à l’entrée, les fontaines, les jardins de fleurs, etc.

Claudio s’avançait d’un pas rapide et certain. Son menton était un peu pointé vers le haut et il gardait un air impassible, voire dédaigneux. Comme si ce qu’il voyait n’était pas assez bien à ses alors… alors que réellement, Lily trouvait l’endroit charmant mais un peu déroutant.

Otmar esquissa un sourire amusé à sa fille, il est vrai que sous cette forme là, elle ou il dans son cas, était plutôt grand. Otmar lui-même était quelqu’un de taille convenable, même si clairement il ne dominait pas de sa hauteur les elfes et les orcs en général… Après il se disait que si ça devait être étrange pour elle, sans doute devait-elle avoir vu pire, après tout n’était-ce pas son mode de vie de changer de forme selon ses envies ?

« On croirait que tu as vécu toute ta vie avec ce genre de personne. » Glissera t-il en tout cas amusé au petit numéro de sa fille, non sans ajouter ensuite malicieux. « Et au pire s’il y a quelques bizarreries dans ton comportement, les gardes mettrons cela sur le fait que tu es un excentrique. Après tout dans les duchés, les riches ont bien le droit d’avoir des lubies ou quelques bizarreries. » C’était fou de constater à quel point dans ce pays, le fait d’avoir l’air plus riche que les autres pouvait faciliter l’existence après tout…

Puis il ajoutera ensuite mi sérieux, mi amusé. « Je ne pourrais pas en être plus fier. » Concernant le fils qu’il avait, à moitié sérieux car en effet il était fier d’elle, à moitié amusé parce que ça ne concernait évidemment pas le masque qu’elle allait adopter ! Quoiqu’il en soit ils avaient donc finis leurs préparatifs…

Et se rendirent donc plus tard au sein du quartier riche de la cité, qui témoignait comme souvent dans les duchés, du fait que le pouvoir étant associé à la richesse, l’important étant donc de montrer qu’on était le plus riche ? Ce qui pouvait être assez beau et agréable à l’œil, mais pour certaines choses viraient à l’ostentatoire de mauvais goût…

« Si tu veux nous irons manger un restaurant des environs quand tout sera finit, sauf si tu trouves cela un peu trop guindé. » Glissera alors Otmar amusé, tandis qu’ils semblèrent s’approcher d’un petit poste de garde...

Inévitablement alors qu’Otmar et sa fille, ou plutôt son « fils » traversaient le quartier riche de la cité, il fallut passer par une porte fortifiée et gardée par des plantons. Des plantons bien équipés et armurés, visiblement des combattants mercenaires bien équipés et sans doute expérimentés que les riches bourgeois du quartier payaient assez honnêtement pour qu’ils prennent la peine d’éviter que ceux n’étant pas de « condition adéquate » ne s’enfonce davantage dans leur domaine. Ce qui ne semblait pas n’inclure que les autres riches étant donné que pas mal de personnes qu’on pourrait considérer de la classe moyenne dans les duchés, de type artisans ou autres semblaient passer leur contrôle, après un rapide interrogatoire… Sans doute autant des gens ayant affaire avec les riches, que quelques visiteurs chanceux ?

Et évidemment comme nos deux faux marchands duchéens avaient l’air plutôt riches et raffinés d’apparence, on ne les fit même pas attendre lorsqu’ils approchèrent des portes, un garde devant l’une des entrées leur fit poliment signe d’approcher. Et au lieu de leur parler sèchement ou avec une certaine hauteur, comme certains gardes semblaient apprécier le faire avec les pauvres dans les duchés, il sembla s’adresser à eux avec un certain respect...

« Mes excuses messieurs, ne vous inquiétez pas ce sera rapide, puis-je savoir qui vous êtes et ce que vous venez faire dans le quartier du palais ? » Et il semblait à son attitude, pas du tout se méfier d’eux sur l’instant… Mais était-ce si étonnant ?

Et il attendra alors leur réponse, ce pendant que les alentours étaient assez animés, dans une ambiance typique de la vie dans une riche cité état duchéenne. La foule présente étant un mélange de gens de classes moyennes et de quelques riches bourgeois qui transitaient d’un quartier à l’autre. Des riches bourgeois de races diverses, certes un peu plus d’humains et d’azuriens que d’autres races car c’étaient des races fort représentées dans les duchés, mais il y aussi des elfes, des nains, divers hybrides et autres races plus exotiques…

Il y avait aussi, Lilyneska le sentira grâce à ses sens très affûtés, ce qui semblera être un azurien typique et bien vêtu qui s’approchera d’eux comme si de rien n’était et qui tentera assez habilement, mais pas assez pour qu’elle ne le repère pas, de tenter de porter une serre à sa bourse pour la délester de quelques sous ?

« Non pas toute ma vie… » Prononça Claudio doucement avant de faire une petite pause. « Mais assez longtemps pour en avoir saisi les grandes lignes. Je m’en serais passé personnellement. Néanmoins, si au moins ça peut être utile, tant mieux. » Poursuivit-il. Il haussa finalement les épaules puis rajouta. « Père, c’est un honneur que d’être votre fils. Je ne vous décevrai pas. » Une lueur amusée s’était allumée dans son regard. Il était prêt.

Silvio Cestare se disait fier. Lilyneska espérait qu’il soit réellement fier d’elle… et pour cette mission, elle comptait se donner à fond pour être digne de ses attentes. Ils terminèrent les derniers préparatifs puis se rendirent dans le quartier riche. « Je n'oublierai pas.  » Murmura-t-il en se penchant légèrement vers l’oreille de son père. La nourriture des restaurants des environs devait être succulente!

Menton légèrement élevé et la posture bien droite, c’est de cette façon que claudio s’avança d’un pas déterminé vers la porte fortifiée.  Passant près de l’entrée, ils se firent interpeller par les gardes sans attendre. Le transformé nota l’expression hésitante du garde qui leur parla poliment.

Parfait. Il semblerait que leurs déguisements fonctionnent pour les duper.

Il posa une main sur l’épaule de son père. « Père, comment se fait-il qu’ils ne sachent qui nous sommes? Notre compagnie de vin est connue de tous! » Demanda-t-il. Sa voix était hautaine. Il s’approcha de son père et sembla lui chuchoter quelque chose, mais le jeu voulait que ce soit assez fort pour que les gardes entendent : « Ce peut-il qu’ils boivent des produits de piètre qualité?! ». Le jeune homme semblait outré, voire dégoûté par cette révélation.

L’instant d’après, il croisa ensuite ses bras sur sa poitrine et darda les gardes de son regard bleu-vert. C’est le dégoût qu’il voulait faire transparaître. Il était un noble, fils de riche, un jeune homme qui avait le droit à tout et qui ne s’était jamais fait dire non. « Cestare est le nom. Claudio Cestare. » Acclama-t-il en écartant les bras comme s’il était sur scène et qu’un phare l’éclairait. « Et voici nul autre que l’important Silvio Cestare. » Poursuivit-il avec ses grandes gesticulations. « Si j’étais vous, je garderai ancré précieusement ce nom dans votre tête. Mon père déteste se répéter. Il déteste les incompétents et il déteste par-dessus tout qu’on lui fasse perdre son temps! Ne comprenez-vous pas?! Le temps, c’est l’argent! »

Ils étaient des marchands. L’argent c’était ce qui était le plus important à leurs yeux. Le temps comptait et il devait faire comprendre aux gardes qu’ils faisaient une grave erreur en les faisant attendre ici.

Les sens aiguisés avaient noté les déplacements des gens aux alentours et Claudio avait noté la présence d’un voleur. L’ancienne voleuse connaissait le jeu et comprenait pourquoi l’Azurien restait à l’écart à les observer. Il n’était pas comme les autres gens de la foule à les observer parce qu’ils étaient curieux de leur altercation avec les gardes. L’Azurien les regardait comme s’ils étaient un buffet sur pattes.

Il nota finalement son avancée tandis qu’il s’animait. L’Azurien croyait pouvoir passer inaperçu. Il le laissa approcher le plus possible, jusqu’à allonger sa main en direction de sa bourse. Merci pour la distraction. Et désolée, petit voleur… « Mais qu’est-ce que! » S’exclama-t-il en se retournant vivement vers l’Azurien qui était collé à lui. « AU VOLEUR! » S’exclama-t-il.

L’Azurien prit ses pattes à son coup, partant sans demander son reste. « Père, partons d’ici! Ces quartiers ne sont pas dignes de nos affaires! Ils sont infestés de vermines! » Se manifesta-t-il. Si ses connaissances étaient justes, quelques gardes partiraient à la recherche du voleur et les autres se fonderaient en excuses.

Otmar fut rapidement assez impressionné par la performance de sa fille, enfin de son fils, qui sut parfaitement jouer son rôle, du moins d’après lui, l’empereur déguisé dirait alors d’un ton en tantinet hautain et complice à son fils, pour parfaire le jeu de ce dernier.

« Il ne faut pas trop en demander à ces braves gardes mon fils, après tout ils ne seraient pas gardes s’ils avaient les capacités d’accomplir des métiers plus ambitieux. » Ce avant d’ajouter ensuite faussement à voix basse. « Je ne suis pas sûr qu’ils aient les moyens de boire ce que nous vendons, cela est bien malheureux pour eux. » C’était vraiment le type de comportement que seul un bourgeois des Duchés du Sud particulièrement riche pouvait se permettre… Car dans une autre situation, nul doute que le garde les écoutant aurait eut fort envie de les frapper. Mais dans les Duchés, frapper un riche était dans les faits une mauvaise idée, du moins quand on ne l’était pas soi-même...

Pour le reste, Otmar fut moins loquace alors que son fils le présentait d’une manière qui allait parfaitement avec un duchéen riche fier de sa dynastie et imbue de sa personne, mais aussi de sa famille. Il se contenta plutôt d’afficher un air un tantinet agacé et impatient, mais digne, comme s’il jugeait les gardes pour le temps qu’ils lui faisaient perdre… De quoi au vu de la manière dont l’empereur pouvait se faire persuasif, être un peu intimidant…

Et le tout fut encore conforté lorsqu’un azurien, comme quoi la chance était avec eux, tenta de voler son fils… Évidemment le fautif tenta ensuite de s’enfuir rapidement en s’envolant, pendant que des gardes confus se lancèrent à sa poursuite, certains capables de voler eux aussi. Et que le faux marchand, pour achever de planter le couteau dans la plaie, ajouterait avec morgue. Ce avant de faire semblant de s’en aller avec son fils.

« Tu as raison, partons. Je ferais savoir qu’on ne sait pas accueillir les honnêtes marchands ici. » De quoi en effet effrayer n’importe quel garde qui aurait peur que ses employeurs sachent l’incident et lui en imputent la faute… Autant dire que c’était de la manipulation éhontée, mais ce serait fort efficace pour obtenir ce qu’ils voulaient !

Et mortifiés, les gardes le furent en effet, alors que certains d’entre-eux, paniquant un peu étaient partis à la poursuite du voleur. C’était indéniable et sans doute qu’il y aurait de quoi légèrement s’en vouloir d’ainsi les effrayer, mais après tout c’était eux qui empêchaient les deux faux marchands de passer…

« Attendez, attendez, je vous assure cela n’arrive jamais. Je vous en prie. » Dira alors ce qui devait être le sergent des gardes qui surveillaient l’entrée, ce dernier un azurien au plumage écarlate et doté de quelques cicatrices ajouterait alors d’un ton presque implorant.

« Laissez une chance à notre belle cité messieurs, les portes du quartier du palais vous sont offertes, mais s’il vous plaît ne laissez pas ce petit incident forger votre impression définitive. » On croyait presque que c’était une affaire de vie ou de mort pour lui. Peut-être, ou peut-être pas, mais il est vrai qu’il devait avoir peur que sa carrière se joue là, autant dire qu’il était prêt à beaucoup de choses…

« Nous pouvons même, si vous le désirez, vous offrir les services d’un guide, nous connaissons bien après tout le quartier du palais et nous servons des fois d’escortes à ceux y vivant, nous connaissons bien les lieux importants ou pouvant éveiller votre intérêt. » Proposa t-il ensuite un peu pitoyable, un peu plus et on pourrait croire qu’il serait capable de se mettre à genoux pour les implorer de rester...

Une proposition qui ne les arrangerait probablement pas néanmoins étant donné qu’ils ne désiraient pas vraiment visiter le quartier de long en large et qu’en plus ce guide les surveillerait, mais ça indiquait bien qu’il était prêt à offrir quelque chose ou rendre service pour se faire pardonner. Peut-être que Lilyneska voudrait en profiter ? Ou saisirait simplement l’opportunité de pouvoir entrer dans le quartier sans davantage de difficultés...

La situation penchait en la faveur des deux importants marchands. L’arrivée du voleur était le clou du spectacle. Il avait mis en valeur les deux riches Cestare, avait distrait les gardes et avait démontré que le quartier n’était probablement pas favorable aux affaires. La manipulation du fils faisait son œuvre et tel que prévu, les gardes prirent peur de les voir partir.

Le jeune homme croisa les bras sur son torse, un air insatisfait sur son visage. En réalité, il essayait de ne pas éclater de rire face à la mine déconfite des gardes qui balbutiaient des excuses. « Jamais, vous dites? » Se répugnait-il. Les gardes les suppliaient presque de rester. Ils voulaient qu’il visite leur belle cité. Mais la peur se lisait dans leur voix. « Soit. Comme mon père me l’a si bien appris : le temps, c’est de l’argent. Ce serait bien dommage d’être venu jusqu’ici pour rien. Père, désirez-vous laisser une chance à ce quartier? » S’enquit-il.

Il tourna son regard bleuté sur le vieil homme et il attendit qu’il acquiesce. Il était peut-être un fils fougueux et insolent, mais on l’avait bien élevé et il devait le respect à son aîné.

« Nous pouvons même, si vous le désirez, vous offrir les services d’un guide, nous connaissons bien après tout le quartier du palais et nous servons des fois d’escortes à ceux y vivant, nous connaissons bien les lieux importants ou pouvant éveiller votre intérêt. »

Claudio prit quelques secondes à réfléchir quant à la proposition. En réalité, Lily se demandait quoi répondre aux gardes. Ils seraient difficiles à passer inaperçus avec des gardes les suivant et ces derniers trouveraient sans doute louches leur allée et venue dans le quartier. Le jeune entrepreneur prit un air hautain et regarda le chef de garde de haut, littéralement car qu’est-ce que c’était amusant d’être grand! « Désirez-vous nous accompagner parce que vous laissez entrer des voleurs dans votre quartier ou parce que vous nous considérez comme des scélérats?! » Prononça-t-il avec ferveur. « Monsieur, je vous prie de continuer votre travail ici et de nous laisser faire nos affaires. » Poursuivit-il.

Il s’avança vers l’entrée dont les portes lui furent prestement ouvertes. Il fit aller sa main dans un geste de salutation. De dos, on l’entendit dire :. « Soyez sans craintes, vos supérieurs n’entendront pas cette bévue. Que voulez-vous, les Cestare sont bienveillants. »

Situé proche de la périphérie du quartier et séparé de la rue par une barrière en vrai bronze, le manoir de Ostir Dellorïs, le riche bourgeois de race hybride humano/azurienne qui en était propriétaire, possédait un grand jardin et était plutôt imposant. Fait de briques et d’un style duchéen standard où visiblement on aimait beaucoup les fenêtres… Le manoir était aussi doté d’un jardin imposant mais étonnamment sobre, contrairement à d’autres riches demeures duchéennes où les propriétaires se faisaient plaisir sur les statues, les buissons et les parterres de fleurs. Dans ce jardin on ne trouvait donc que des arbres, de rares buissons et quelques bancs, ainsi que quelques gardes en patrouilles qui surveillaient un peu les alentours… L’inconvénient était que ce jardin offrait peu de cachettes, mais peut-être était-ce voulu ?

Il était difficile de savoir ce qui se passait à l’intérieur du manoir sinon, même si à travers les fenêtres on pouvait distinguer un peu d’activité, sans doute de la part des domestiques et des quelques gardes surveillant l’intérieur. Néanmoins, il était impossible de vraiment en savoir plus sans s’approcher fortement des fenêtres ou entrer… Cela et puis le manoir ayant l’air grand, il faudrait sans doute investiguer un peu pour savoir où se trouvait la « collection » du propriétaire.

Pour le reste, le tout avait l’air assez sécurisé et surveillé, mais ce n’était pas non plus une forteresse inattaquable, il y avait une ou deux fenêtres ouvertes, des cheminées qui n’étaient pas allumées et les gardes en patrouilles n’avaient pas l’air en état d’alerte, plus de faire une patrouille de routine pour la solde d’un riche jaloux de ses biens. En somme, ils n’avaient pas l’air de se douter que deux visiteurs impromptus étaient proches.

Otmar vit que le garde prenait un air vraiment pitoyable, « pauvre homme » pensa t-il alors, même si en soit il avait dû vivre pire… Il aurait presque eut pitié de lui si la situation n’exigeait pas ce petit tour de théâtre magistral pour arriver à leur but. Et il faut dire, Lilyneska se débrouillait fort bien, faisant se dire à l’empereur qu’elle aurait put avoir une grande carrière dans l’espionnage…

« Je veux bien leur laisser une chance, mais j’espère que cette déconvenue que nous venons de vivre était une exception et non la norme. » Glissera quoiqu’il en soit le faux marchand d’un ton calme et hautain quand son « fils » lui demanda s’il laisserait une chance à cette cité. Il emboîta ainsi le pas aux propos de Lilyneska et en rajouta une couche au passage. Ainsi aucun des deux Cestare n’avait l’air de quelqu’un de vraiment sympathique, même si un style amusant se dégageait, entre la fils qui était fier et insolent et le père un peu plus taiseux et plein de morgue… Un véritable duo de bourgeois riches et insupportables !

Et il apprécia que son fils décline la proposition du garde sinon, Otmar ajoutera même simplement en suivant son fils. « Et souvenez vous de nous lorsque nous reviendrons, je n’apprécierai pas une nouvelle scène du genre. » Cette dernière petite pique lancé, alors que Lilyneska avait un peu apaisée le garde… Les deux comédiens improvisés entrèrent sans mal dans le quartier riche… Otmar glisserait alors amusé à voix basse à sa fille, ce alors qu’ils se rendaient vers leur destination.

« Je ne te soupçonnait pas un si bon jeu d’acteur, mais je suppose que c’est une qualité courante chez les transformistes ? Heureusement que tu n’es pas du genre comme certains à prendre la forme d’amis ou proches pour jouer des tours. » Car il en connaissait un dont c’était le genre, mais pas méchamment…

Pour le reste, c’est assez rapidement qu’ils arriveraient non loin de leur destination. Et une fois en vu de l’imposant manoir, Otmar qui observerait l’air de rien, comme un riche bourgeois légèrement impressionné par une demeure, dirait à sa fille pensif.

« Hum, sans aller jusqu’à entrer, il serait sans doute intéressant que nous nous approchions des fenêtres pour nous faire une idée de quelle partie du manoir il faudra fouiller… Et ce jardin presque dépourvu de cachettes n’est pas pour m’arranger, mais je peux tenter une approche, avec l’emploie d’une ruse quelconque pour me faciliter les choses. Quant à toi, je suppose que tu n’auras pas la même difficulté... » Après tout, autant aussi réfléchir à un moyen d’approcher la demeure sans se faire repérer, car ce serait tout aussi utile maintenant, que plus tard !

Après Otmar faisait confiance en ses capacités pour triompher de la vigilance des gardes, mais autant aussi ne pas se contenter de sauter le muret et tenter de traverser le jardin en allant de couvert en couvert, ça pouvait marcher mais c’était audacieux ! Peut-être avec une distraction ?

Lilyneska et son père, sous une autre apparence, étaient parvenus à entrer à l’intérieur du quartier riche. Les gardes ne se doutaient de rien. Elle se sentit légèrement mal à l’encore de celui qu’elle avait humilié, mais ça faisait partie du jeu. Il s’en remettrait, n’est-ce pas? Ce n’était certainement pas la première fois qu’il devait se faire regarder de haut de la part des nobles du coin.

Claudio sourit fièrement à la remarque de son père. Il poursuivit son chemin afin de s’éloigner des gardes et d’être à nouveau seuls. «  Je ne sais pas si c’est fréquent chez les transfos… Mais je me rappelle des traits de ces gens hautains… Ils sont pas toujours sympas. » Poursuivit-il. «  Tu sais quelle est la bonne demeure? » Murmura-t-il.

La destination leur apparut sous la forme d’un grand manoir aux mille et une fenêtres. Le jardin était immense, mais peu garni à l'exception de quelques arbres et arbustes. On pouvait voir des gardes sillonner la place.

«  Tu as raison… Mais on risque de se faire repérer rapidement si on ne fait pas attention. Je pourrais me transformer en oiseau, mais… » Réfléchit le faux marchand. Il poursuivit son chemin, car s’arrêter devant le manoir attirerait l’attention sur eux. «  Visitons les alentours en premier. » Finit-il.

À quoi ressemblait les autres demeures autour? Qui voyaient-ils dans la rue? C’était des éléments que Lily désirait observer. «  Que sait-on sur Dellorïs? Vit-il seul? Je veux dire, si on ne compte pas ses domestiques et gardes. A-t-il des enfants qui vivent avec lui? » Questionna-t-il. «  Ça serait intéressant de connaître l’avis des voisins sur lui… Les potins du coin, ça pourrait être intéressant. » Poursuivit-il en réfléchissant.

«  En tant que riches marchands, tu crois qu’on pourrait s’inviter dans le manoir? Pour vendre notre vin… Ou acheter sa demeure? Ahah » Finit-il en ricanant. La dernière idée était un peu farfelue, mais il était un fils ambitieux.

« En effet je le sais. » Aura glissé Otmar quant au fait qu’il savait qu’elle était à la bonne demeure, ce après avoir sourit quand Lilyneska disait qu’elle avait une certaine connaissance de l’attitude des gens hautains. « Moi aussi ma fille, même un peu trop. » Mais bon, c’était lui qui avait décidé de faire carrière en politique, même si ce n’était clairement pas à Akkaton, nation égalitaire dans ses valeurs, qu’on trouvait les plus pompeux ou prétentieux… Contrairement aux duchés du moins !

Quoiqu’il en soit, une fois confrontée à la demeure qu’ils devront tenter de dévaliser, sa fille sembla elle aussi réfléchir à la marche à suivre tout en se promenant avec lui non loin du manoir. Il acquiescerait alors à ses premiers dires et glisserait pensif. « Observons en effet, après tout nous avons encore le temps. »

Ils verraient alors que les demeures étaient aussi des manoirs, mais un peu plus modestes souvent, au jardin moins grand, à la demeure principale moins imposantes, mais tous assez riches et luxueux tout de même… Clairement ils étaient dans le quartier riche, mais la demeure de leur prochaine « victime » semblait être celle aussi d’un des bourgeois les plus riches de la cité ! Quant aux questions que sa fille posa à Otmar, celui-ci glissera.

« De ce que je sais c’est un excentrique qui n’a ni femme ou enfants, on lui soupçonne de préférer les hommes, ce qui n’est pas vraiment un problème dans les duchés, mais même de ce côté il semble peu actif. » Après tout on pouvait reprocher beaucoup de choses aux duchéens, mais pas leur manque d’ouverture d’esprit. Quoiqu’il en soit, il réfléchira aussi au passage au fait de poser des questions au voisinage, ce avant de glisser assez intéressé par la dernière idée de Lilyneska.

« Je doute que nous puissions prétendre acheter sa demeure, mais ma foi si nous nous présentons à l’entrée en proposant de vendre du vin au propriétaire des lieux, ils pourraient tout à fait nous laisser passer… Les duchéens sont après tout connus pour leur stratégie commerciale des fois assez agressives, cela pourrait donc l’intriguer. » Pour ne pas dire qu’il y avait des raisons au préjugé qu’ils y avaient sur les duchéens qui seraient une population avide et ne pensant qu’à s’enrichir.

« Je te propose donc que nous allions un peu questionner les voisins, en temps que de marchands de vins intéressés à faire des affaires, puis nous tenterons de jouer de notre persuasion pour rencontrer le propriétaire des lieux et entrer dans le manoir ? » Conclura t-il donc savamment, en se demandant si l’idée plairait à sa fille, visiblement leur petit jeu d’acteur avait de l’avenir devant lui !

Spoiler:

Pas de femme ni d’enfants. La cible des Cestare était un homme qui préférait visiblement la solitude. Il n’avait pas de relation officielle non plus, selon les dires d’Otmar. Quoiqu’en demandant au voisinage, ils obtiendraient peut-être des informations croustillantes à son entourage. En tant que transformiste, c’était toujours des éléments importants à savoir… parce qu’on pouvait prendre l’apparence d’un proche. Il restait toujours l’option du garde ou du domestique sinon.

« Vous avez apporté le vin, père? Si nous voulons faire des dégustations… » S’enquit discrètement le fils. « Allons se promener un peu et rencontrer des gens. » Poursuivit-il.

Les demeures entourant celle d’Ostir Dellorïs étaient magnifiques et imposantes, mais moins que leur cible. Leurs jardins étaient généralement plus petits. « Bonjour. » Dit le jeune homme d’une voix confiante, un sourire chaleureux aux lèvres. Il s’avança vers la famille qui était composér d’un homme, d’une femme et de deux fillettes. « Vous avez échappé ceci. » Dit-il en s’adressant à la plus jeune de fille. En s’approchant, Claudio fit sortir de l’oreille de la petite une piécette en or. « Oups! Elle est partie! » Dit-elle en faisant disparaître la piécette. Un peu de prestidigitation réussissait toujours à émerveiller les gens de leur âge… Leurs rires cristallins s’éleva dans les airs. C’était le genre de réaction qu’il espérait avoir. Généralement, enfants heureux signifiaient parents heureux. Et ceux-ci étaient plus vulnérables… Autrefois, c’était pour attirer leurs faveurs dans le but de les voler, mais aujourd’hui c’était des informations qu’il s’accaparerait.

« Claudio Cestare et Silvio Cestare, enchanté. Nous risquons très prochainement d’être voisins, car votre voisinage est charmant. Votre demeure est ravissante. J’ai cru voir de loin plusieurs statues, d’un marbre rare si je ne me trompe? Le lion est à couper le souffle. » Enchaîna-t-il avec ses compliments.

Il finit par froncer les sourcils puis baisser le ton pour être dans la confidence. « Cependant… N’est-ce pas un peu étrange que votre voisin n’ait aucune sculpture ni décoration. » Lâcha-t-il. « Je crains qu’il ne reconnaisse pas ce qu’est l’art et la beauté. » Dit-il.

De ce que Lily connaissait des nobles, c’est qu’ils étaient facilement enclins à rabaisser les autres. S’il ouvrirait la porte aux potins, la famille devrait sauter sur l’opportunité.

C’est donc d’un commun accord, que le père et le fils, allèrent chercher quelques informations auprès de la haute bourgeoisie locale. Après tout, même si le riche collectionneur qu’ils comptaient dévaliser de quelques biens n’était peut-être pas l’atama le plus social des environs, il n’était probablement pas le dernier des ermites non plus… Ou alors si tel était le cas, ils auraient sans doute le droit aussi à des ragots à ce sujet, pour peu qu’ils orientent bien leurs questions…

« Hum, étrangement j’ai en effet apporté du vin, une bouteille assez luxueuse que j’ai obtenue de la part d’une « amie ». » Glissera donc Otmar amusé à son « fils » lorsque ce dernier demanda. Après tout ce serait pratique en effet, quant à cette amie, disons que c’était la duchesse de Vinche, même si évidemment il ne comptait pas approfondir à ce sujet…

Et ils abordèrent donc une famille humaine au cours de leur petite balade dans le quartier, en même temps les humains, avec les azuriens, étaient traditionnellement la race la plus représentée dans les Duchés sans pour autant écraser les autres de ce son nombre… Et il faut le dire, Claudio avait parfaitement sut comment aborder de manière sympathique le petit groupe, pour sa part Otmar se contentera donc d’ajouter, de l’air du patriarche un peu stricte mais bienveillant.

« Enchanté de vous rencontrer moi aussi, c’est une belle cité n’est-ce pas ? Nous sommes marchands de vins, donc qui sait ? Peut-être serez vous aussi de futurs clients... » Il hésita alors à ajouter quelque chose par rapport à ce qu’avait dit son fils, ce avant de glisser amusé et d’un ton un peu moins fort aussi.

« Nous avons en effet entendus bien des choses fantasques à son sujet, à peines arrivés dans le quartier, je ne sais pas si c’est bon signe pour nos futurs rapports avec lui, mais vous savez ce qu’on dit dans le commerce du vin... Tous peuvent apprécier un bon nectar. »

L’introduction de Claudio avait été efficace, pour amuser l’enfant qui en redemanda assez rapidement, avec un mélange adorable de politesse et enthousiasme, mais aussi pour charmer un peu les parents, ces derniers avaient sinon l’air d’une petite famille de bourgeois assez riches comme on pouvait en trouver bien d'autres dans ce quartier. Au vu de leur physique qui n’était pas particulièrement musclé ou marqué par la vie, même s’ils prenaient soins d’eux, c’était certainement des marchands, des notables ou des membres de toute autre profession n’étant pas le mercenariat… Et c’est le père de la famille, un humain aux cheveux noirs et pourvu de quelques bijoux sublimes qui répondrait avec politesse et amabilité.

« Nous sommes la dynastie Ellovïe, je suis Danton, voici ma femme Julia et mes filles Maria et Sophia. C’est toujours un plaisir de rencontrer de futurs voisins aussi charmants, mais surtout ayant aussi bon goût. » Le naturel et l’apparente sincérité avec laquelle il s'exprimait, difficile de dire si c’était feint ou non, semblait indiquer que soit l’homme comme ses filles et sa femme à leur attitude aimait bien Claudio, soit qu’il était doué pour faire croire qu’il appréciait les gens…

Il semblera ensuite jeter un regard complice aux environs, puis sa femme glisserait d’un ton un peu conspirateur concernant leur voisin étrange…

« Et encore, si vous saviez tout ce qui se raconte sur lui, on ne sait même pas d’où lui vient sa richesse. Après bon, vous savez certains ici n’ont pas les professions les plus honnêtes qui soit… Au moins ce n’est pas un marchand d’esclave je suppose, ces gens manquent clairement de classe ou décence. » Visiblement ils avaient donc à dire au sujet de ce voisin un peu étrange, elle ajouterait même amusée. « En tout cas il est fort secret, mais on vois souvent un mage sortir et rentrer chez lui… Et mon avis au vu de l’individu, est que c’est pour satisfaire certaines de ses excentricités... »

Puis le mari qui sourira complice à ce sujet à sa femme ajouterait ensuite avec un ton entendu à « Silvio ».

« Quant au vin eh bien, nous avons encore une solide réserve, mais si vous disposez de grands crus de qualités, pourquoi pas ? Certains bouteilles sont difficiles à obtenir ici, du moins quand on parle de certains vins très spécifique et cela peut être irritant de devoir se déplacer ou commissionner quelqu’un pour aller les chercher pour soit. Clairement si vous faîtes dans le vin exotique de grande qualité, vous aurez de la clientèle ici ! »

Claudio était satisfait que son tour de magicien avait su attirer l’attention de l’enfant et que l’interaction qu’il avait avec ses parents était positive. S’ils n’étaient pas sincères, alors ils jouaient très bien la comédie, mais ça ne lui importait pas au final puisqu’ils leur donnaient des informations sur leur fameux voisin. Tel que prévu, l’excentricité du Dellorïs avait su leur délier la langue. « Un mage, vous dites? » Dit le jeune homme. Il ne put cacher son air surpris. Il avait plusieurs scénarios en tête, mais en même temps il n’avait aucune idée concrète de quelle excentricité leur voisin requérait les dons d’un magicien.

La situation sembla les mettre de plus en plus à l’aise. Ils en avaient lourd sur leur cœur quant à leur étrange voisin. Pour éviter les oreilles indiscrètes cependant, la petite famille de nobles invitèrent les Cestare à leur domicile pour faire d’une pierre deux coups : parler en mal de leur voisin et déguster le vin des marchands.

« Veuillez nous excuser, il commence à se faire tard. Ce sera cependant un plaisir de continuer cette discussion et peut-être même plus rapidement que prévu lorsque nous habiterons le voisinage. » Ajouta le fils de marchand. Il jouait sur les tons de sa voix pour sortir un côté plutôt charmeur.

Il les salua poliment puis le majordome les raccompagna jusqu’à la sortie. Le quartier était tranquille et ils étaient seuls. « Ils étaient gentils. » Dit-il sincèrement. Ils avaient obtenu quelques informations croustillantes sur leur voisin. Il parvenait à mieux saisir comment était la personne qu’ils allaient prochainement dérober et connaissait un peu mieux ses habitudes. Leurs dires étaient-elle véridiques? Exagérés, certainement! Mais il ne doutait pas de l’essence des informations. « Tentons nous de faire un tour chez ce fameux Dellorïs? » S’enquit-il.

Malheureusement, malgré tous leurs efforts, jamais Ostir ne voulut parler avec les deux marchands et ils ne purent entrer dans sa demeure. Le père et le fils quittèrent le quartier riche sans problème : la garde se rappela parfaitement de ne pas ennuyer les Cestare.

« Opération discrète! » Articula-t-il lorsqu’ils furent rentrés. Des étoiles brillaient dans ses yeux pers. « Un beau défi nous attend. » Ajouta-t-il.

Ils purent apprendre avant leur départ que le mage dont l’azurien détenteur du manoir qu’ils allaient cambrioler, requérait souvent les services, était un « transformiste ». Ce qui pouvait impliquer que ce soit pour des raisons médicales plus ou moins assumées, de services illégaux douteux, artistiques ou bien moins innocentes se dira alors l’empereur. Disons qu’Otmar n’irait sûrement pas souligner la chose, mais il y avait pas mal de fantasmes dans la population sur les changeformes… Il le savait fort bien car lui-même avait été amant avec un kitsune à une époque ! Néanmoins, les affaires intimes de l’azurien ne les concernaient pas vraiment, même s’il pouvait donc noter que peut-être un changeforme se trouverait dans le manoir qu'ils allaient cambrioler...

Quoiqu’il en soit, suite à cette discussion qui démontrait donc qu’ils auraient affaire à un excentrique si jamais ils tombaient sur le propriétaire des statuettes qu’ils comptaient dérober, ils n’arrivèrent pas malheureusement à pouvoir entrer chez lui de façon détournée sous l’excuse du vin… Ce n’était pas grave, après tout il avait déjà quelques éléments et au pire ils pourraient fort bien improviser, après tout il faisait confiance à sa fille pour savoir y faire.

« Une opération discrète en effet, ne reste qu’à nous préparer et nous y irons. La nuit est déjà en train de tomber... » Il sembla alors réfléchir alors qu’il retirait quelques vêtements pour pouvoir mettre sur lui la combinaison de furtivité prétoris… Qui le rendrait certainement plus discret, ses couleurs sombres et ses airs flagrants de tenue d’infiltration technologistes le clamaient fort bien. Avant ensuite de dire amusé en revêtant ses tenues précédentes par dessus.

« J’ai imaginé toute une manière de faire qui ne recourait pas au moindre sort, puis je me suis rappelé que tu était mage et que ce serait bête de ne pas en profiter pour au moins atteindre le manoir rapidement et discrètement. Après tout, je doute qu’il ait piégé le toit de sa demeure... »

Après tout, l’empereur était habitué à faire sans magie, pour des raisons évidentes, le fait qu’il était mage mais aussi dirigeant d’une nation usant plutôt de la technologie. Même si évidemment, le fait que sa fille était mage offrait toute une myriade de possibilités

« Serait-il possible pour toi de nous transporter à l’aide d’une de tes magies rapidement et discrètement jusqu’au toit du manoir ? Ensuite nous n’aurons qu’à entrer dedans et fouiller discrètement, mais ainsi nous nous faciliterions le trajet pour nous y rendre et en repartir... »

Ceci doit, il glisserait ensuite amusé à sa fille.

« Ensuite ne restera qu’à entrer, prendre ce qui a de la valeur si tu le désires et récupérer la collection de statuettes… Nous n’avons malheureusement pas pu avoir une idée de la configuration de ce manoir, mais je ne doute pas que nous trouverons ce que nous sommes venus chercher. Pour ma part je tâcherai d’évoluer discrètement dedans à partir du toit, et toi tu auras sans doute aisance à te mouvoir aidée de tes talents. Reste à voir si nous nous séparons pour couvrir plus de terrain rapidement ou restons ensemble pour nous entraider éventuellement ? » Après tous les deux approches avaient leur avantage, Otmar achèverait d’ailleurs amusé.

« J’ai même une petite astuce qui aidera, même si je ne peux pas activer cela en permanence. » Pour faire une démonstration à sa fille, Otmar devint alors soudainement purement invisible pendant une dizaine de secondes. Ce alors qu’une sorte de voile technologique l’entourant, avant de finir par se dissiper ensuite… C’était assez impressionnant en effet et sans doute que ça devait être lié à une de ses prothèses...

Puis il conclura ensuite satisfait après avoir préparé son équipement et déchargé son pistolet pour y faire entrer des fléchettes à sédatif. Rien de vraiment discret pour neutraliser quelqu’un, mais au moins ça ne tuait pas. Après tout, ils n’allaient pas s’amuser à éventuellement tuer des gardes pour se défendre, surtout pour un simple cambriolage !

« Si tout cela te convient, ne reste plus qu’à y aller je suppose... » Le moment de pouvoir mettre à l’épreuve leurs talents en furtivité approchait en effet à grand pas !

Lilyneska parut impressionnée face à l’invisibilité d’Otmar obtenue grâce à sa combinaison. C’était définitivement plus efficace que son enchantement qui lui permettait de disparaître pendant quelques secondes seulement. Elle comptait surtout miser sur ses propres capacités en termes de discrétion ainsi que quelques avantages apportés par la magie transformiste.

« Voici un plan. » Débuta-t-elle en fouillant dans son sac. « Je vais te donner un collier précieux, ça nous servira à rester en contact si besoin. Je pense qu’il vaut mieux se séparer une fois entré dans le manoir pour pouvoir recouvrir plus de superficies vu qu’on ne sait pas où sont les objets nagas. » Dit-elle en lui donnant un des deux colliers précieux. « Pour se rendre, je vais te rappetiser et te transporter à l’aide de mes serres. On se rendra incognito jusqu’au toit puis on regardera pour les entrées. Souvent, il y a des ouvertures pour l’aération qu’on peut emprunter… parce que j’ai l’impression qu’il n’y aura pas de fenêtres d’ouvertes. » Poursuivit-elle. Elle s’arrêta un moment puis demanda : « Qu’en penses-tu? »

Lily et Otmar discutèrent du plan. Bien sûr qu’il y aurait de l’improvisation! Ça faisait partie du plan! Lorsqu’ils furent satisfaits, ils quittèrent l’appartement. La mage transformiste tâcha de rétrécir son père jusqu’à la taille d’une petite souris puis elle se transforma en une chouette rayée. Elle attrapa sa ‘’proie’’ avec ses serres et s’envola au-dessus du quartier riche. Celui-ci était tranquille, à l’exception des gardes à l’entrée, d’un passant sortant d’une taverne et des gardes ou domestiques dans la grande demeure Dellorïs. Personne ne sembla remarquer l’oiseau qui volait bien au-dessus de leur tête et qui analysait l’endroit qu’ils allaient dérober dans la nuit.

Avec précaution, elle déposa le minuscule Otmar sur le toit puis se posa à ses côtés. Quelques secondes passèrent sans que rien ne se passe. « Pas de pièges, tu avais raison. » Murmura-t-elle en reprenant sa forme humanoïde. En fait, elle avait gardé la même apparence que Claudio, mais avec une taille plus petite pour ne pas être déboussolée lors des mouvements. C’était par précaution si jamais quelqu’un la voyait pour ne pas être reconnue. L’empereur Akkatonien était également méconnaissable. « Tu es prêt pour la phase deux du plan? » S’enquit-elle.

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Spoiler:

Otmar était bien conscient qu’il aurait probablement besoin des atouts que l’équipement qu’il portait lui permettrait de mobiliser, une fois dans le manoir. Probablement, car peut-être que ce ne serait pas si difficile que cela, mais il se doutait qu’un riche duchéen méfiant n’était pas du genre à lésiner sur la sécurité concernant ses trésors… Même si évidemment, ce ne serait pas aussi difficile que de tenter de s’infiltrer dans une place forte Teïderienne ! Du moins, théoriquement...

Quoiqu’il en soit, il écoutera donc attentivement le plan de sa fille, qui semblait intéressant. Il accepta volontiers un des collier de celle-ci, en se disant que le collier aurait certainement du mal à marcher s’il l’employait, mais qui sait ? Ce avant d’ajouter avec réflexion. « Je pense que c’est un bon plan, se séparer n’est pas si imprudent étant donné que nous sommes capables de nous débrouiller… Pour le reste entrer par le toit me semble une bonne idée et ce que tu proposes permettra d’en approcher discrètement. »

En somme, il n’eut aucun souci avec tout cela et une fois le plan discutés, ils quittèrent en effet l’appartement et une fois allés dans un lieu un peu discret… Otmar laissa sa fille le rétrécir et ils se rendirent ensemble à leur destination, non sans survoler au passage leur objectif et l’analyser un peu. Otmar qui n’était pas du genre à paniquer pour rien, malgré la situation un peu étrange dans laquelle il se trouva le temps du trajet resta évidemment parfaitement calme et en profita lui aussi pour observer le tout… Même s’il se fit rapidement la réflexion qu’il y avait peu de chance qu’il distingue quelque chose que les vue acérée de chouette de sa fille, ne découvre pas déjà…

Puis ils arrivèrent au niveau du doigt et Otmar qui s’était alors fait déposé, commença immédiatement à chercher du regard des ouvertures dans le toit… « Tu me rendras ma taille normale quand nous aurons trouvés une ouverture… Après tout ce sera peut-être plus pratique pour moi de passer à travers en étant aussi petit. » Dira t-il alors pensif, après avoir hoché la tête concernant la non présence de pièges. En effet, s’il y avait des ouvertures dans ce toit pour l’aération, elles n’étaient probablement pas conçues pour qu’un humain adulte de bonne taille passe à travers...

« Je suis prêt pour la phase deux, et toi ? » Répondra sinon Otmar amusé à sa fille quand celle-ci, demanda, ce avant qu’il ne dise en désignant une ouverture, parmi plusieurs dans le toit en tuile… Qui ressemblait à une sorte d’entrée de tunnels avec des barreaux qui bloquaient le passage...

« Je pense que nous pouvons passer par celle-ci, il suffit juste de la forcer un peu… Je suppose que la grille est là pour éviter que des rongeurs entrent par là dans le manoir. » Il laisserait alors sa fille s’en occuper, ça ne devrait poser aucune difficulté pour elle, ce avant de conclure avec une calme motivation, une fois le passage ouvert.

« Si jamais les choses dégénèrent, nous nous contactons par amulette et tâchons de sortir ensemble et rapidement du manoir, d’accord ? Sur ce, bon courage à toi ma fille... » Restait à voir si elle avait à ajouter à faire et ensuite ils n’auraient qu’à commencer pour de bon la mission !