La Lamia avait finalement obtenu son information. Analytique et observatrice, elle pouvait se permettre de tenter de lire sur le visage du Duchéen, afin de s'assurer qu'il restait plus ou moins honnête dans ses propos. Après tout, ce n'était pas dans son intérêt, au final, d'avoir menti, et Kheizhidji espérait que cela se passerait bien à terme. Il n'y avait pas de raison tout autant alors, jetant un regard vers Cécilia pour savoir si c'était tout pour elle, arborant son beau sourire, elle se leva avec distinction pour tendre la main au Duchéen, jouant son jeu d'amie sans trop s'attarder -il ne fallait pas tester la patience du Duchéen-.

Et le plaisir est partagé. Je ne vous importune plus davantage, mon cher, et je vous remercie infiniment. L'idée même que vous restiez loin de cela me porte à cœur.

Après quelques adieux convenables et bien menés, Kheizhidji finit par sortir avec Cécilia, dépendamment des choix de celle ci, pour aviser ses options. L'entrepôt en question était au nord de la ville, aux tuiles rouges. Kheizhidji l'avait probablement déjà vu plus d'une fois, et peut-être même côtoyé, mais elle ne s'en souvenait pas spécifiquement, comme un bref souvenir approximatif.

Elle se tourna alors vers Cécilia, tout en s'éloignant de la demeure du Duchéen pour le laisser tranquille.

Bien. Je pense que nous avons ce qu'il nous faut. Je vais m'assurer que les voleurs restent loin d'ici, mais avant... Je pense contacter un ami. Qu'en pensez vous ? Je pense partager cette information au ministre des renseignements Ikhyldien, il saura donner les ordres aux autorités en fonction. La saisie sera officielle et en bonne forme. Bien évidemment, je m'arrangerai pour qu'ils n'aient pas à affronter des brigands, alors il n'aura pas d'autre choix que d'envoyer ses hommes après une heure.

Le duchéen sembla « honnête », difficile de savoir après parfaitement si ce genre de personne l’était, mais il était probable qu’il l’était pour sa part, après tout ce n’était pas non plus un politicien duchéen, ce qu’il se faisait de pire ou mieux en intriguant au niveau de ce vaste continent. Quoiqu’il en soit, les deux dames purent donc quitter la compagnie du banquier avec gain de cause, ce en ayant juste dégoté en échange que celui-ci ne soit guère préoccupé par cette affaire. Après tout, il avait dû se dire qu’un bon homme d’affaire devait des fois savoir se replier ou ne pas prendre trop de risques ?

Quoiqu’il en soit, ce que proposa la lamia ensuite, lui semblait honnête ? Cécilia en tout cas ne manquera pas de glisser amusé.

« Je suppose que cela évitera aussi que les autorités aient à fouiller plus que nécessaire pour retrouver ce qu’elles cherchent, actuellement elles sont pas mal occupées avec Teïder et les sbires de Cesario. » Elle supposait aussi que comme toujours même quand le gouvernement n’était pas hostile, on préférait quand l’état ne posait pas l’œil sur ses affaires dans certains milieux, ce n’était jamais bon.

« Je pense donc que c’est une bonne idée… J’attendrais donc que le tout soit récupéré officiellement, quant à nous, il faudra que nous discutions de votre paiement en privé dès que nous pourrons. Bien entendu, on pourrait voir cela plus tard si vous préférez, mais je voyage beaucoup donc il faudra me retrouver si tel est le cas. » Restait à voir si la lamia y avait réfléchit, de toute façon elles pourraient en discute en privé.

Cela et puis elle supposait que l’autre avait une idée de quoi demander à quelqu’un ayant autant de talents différents que Cécilia, celle-ci pouvait rendre bien des services différents après tout, que cela englobe le domaine alchimique, artistique ou nécromantique. La médecine aussi, mais bon il y avait aisément moyen de trouver un mage de l’eau compétent en ville pour cela...

Kheizhidji resta pensive un instant après avoir quitté le banquier. Il était sûr que ce genre d'échanges ne se terminait pas forcément aussi bien, et la Lamia avait réussi à trouver un compromis plutôt correct, en définitive, pour résoudre le problème des tableaux volés. Avait-elle pu faire mieux ? C'était une question que tous se posait à un moment donné, et là de suite elle n'en avait pas la réponse. Il fallait croire que c'était une réussite, et que rien n'indiquait qu'elle aurait pu mieux gérer la situation. La conclusion était qu'elle avait encore des choses à gérer ; contacter Xin, livrer les informations et traiter avec Cécilia pour conclure leur affaire en attendant que ses œuvres soient réquisitionnées. Alors, elle l'accompagnant jusqu'à trouver un endroit plus tranquille, probablement, où elle répondit à ses paroles.

En effet. Alors, si j'ai votre aval, je contacterait cette personne dès que nous aurons discuté de la conclusion de cette affaire. Et je suis disponible dès maintenant ; inutile de vous faire patienter plus que nécessaire.

Elles étaient sur la route du retour en direction de la fumerie, où Kheizhidji mena son invitée à son salon privé, loin des oreilles importunes.

J'ai une idée en tête. Sachez, en premier lieu, que je m'installe petit à petit aux duchés. J'ai déjà des plans pour installer une fumerie là bas, et il y a moyen de marquer le coup avec brio. Voyez, si cela vous intéresse, je vous propose de venir exposer vos œuvres au sein même de cet établissement et de tenir la cérémonie à mes côtés. Je recherche un certain luxe, la cérémonie et le bâtiment seront, de toute évidence, bien tenus. Cela me permettra de gagner en notoriété là bas, et c'est tout ce que je demande. Et si vous vendez vos œuvres durant cet événement, tout l'argent vous reviendra. Je ne compte pas faire main basse sur votre travail, cependant je ne vous paierait pas pour les exposer, si cela vous convient ?

La Lamia observa la duchéenne de son regard de pomme sans insister plus que de raison, l'air d'analyser son comportement.

Cela arrangea Cécilia que la lamia soit disponible dès maintenant et elle ne put qu'acquiescer à cela, puis suivre celle-ci jusqu’à un salon privé. Disons que discuter maintenant du paiement de la lamia pour le service rendu aurait l’avantage de rendre les choses claires rapidement, puis de libérer la vampire pour d’autres obligations. Après tout en tant qu’artiste fort renommée et recherchée par la haute société de divers pays, même si d’abord duchéenne, elle avait souvent beaucoup à faire.

Et à dire la proposition de la lamia sonna honnête sous certains aspects et la vampire glissera amusée.

« De toute manière je vous avouerai que je n’ai pas l’habitude de partager l’argent gagné en vendant mes œuvres, sauf avec d’éventuels mécènes ou œuvres caritatives quelconques. » Avant de reprendre plus sérieusement. « Quoiqu’il en soit, vous voulez donc que j’expose diverses œuvres au cours d’une cérémonie d’inauguration de votre fumerie dans les Duchés ? Ma foi, si celle-ci est aussi luxueuse d’aspect que votre établissement Ikhyldien, ça me convient parfaitement. » La vampire émettrait alors un sourire appréciateur avant de dire.

« M’associer à cette cérémonie d’ouverture ne sera pas une mauvaise idée vous concernant pour débuter en beauté, j’ai disons une certaine réputation dans la bonne société. Par contre, je vous conseille la prudence, la concurrence est rude dans les duchés et les nouveaux venus qui débarquent avec fracas sont regardés avec méfiance. Mais bon, si vous savez faire preuve de prudence ça devrait aller. » La vampire conclurait alors aimablement.

« Il faudra juste me prévenir quelques semaines en avance et me donner vos attentes, bien entendu n’espérez pas que je puisse créer quelques œuvres spécialement pour cette occasion, je n’aurais guère le temps, mais si je me sens inspirée, je pourrais éventuellement en esquisser une spécialement pour cette cérémonie, exposée à côté d’autres peintes auparavant. » Après tout, on ne peignait pas un tableau de maître en une heure, une centaine d’heure de travail et encore, était un minimum syndical pour une peinture qualitatif et sans doute qu’une prodige comme Cécilia devait des fois être encore plus ambitieuse.

La Lamia avait fait son offre, et ça lui semblait plutôt correct. L'objectif n'était pas d'abuser de sa cliente, non, donc ne pas lui demander de décrocher la lune ni un paiement astronomique. De plus, Kheizhidji n'était pas du genre à demander de l'argent quand la personne devant elle avait un potentiel hors du commun. Ce qui était le cas pour Cécilia, Duchéenne renommée, en tout cas suffisamment pour être annoncée en Ikhyld comme exposante d'honneurr au sein de la cité. Alors Kheizhidji voyait ce potentiel pour lancer son business aux Duchés et se faire une renommée. Alors, elle acquiesça aux propos de la vampire.

Bien, dans ce cas nous nous comprenons. Je compte faire en sorte que mon futur établissement aux duchés soit tout aussi luxueux, voire même davantage que mes fumeries, ici, à Ikhyld. J'ai toujours misé l'esthétique pour en mettre plein les yeux, et c'est ce que recherchent mes clients de manière universelle.

Elle souriait calmement, plutôt satisfaite de cet échange, avant de poursuivre.

En effet, votre présence sera un gage de qualité dirons nous, un moyen d'attirer de la clientèle avec brio. Cependant, en effet, je ferais preuve de prudence. Merci de votre prévoyance.

Autrement, je vous préviendrai à l'avance bien entendu, et vous êtes libre d'exposer ce qu'il vous inspire. Je pourrais même vous offrir une visite de l'établissement avant son inauguration, ce serait merveilleux !

Elle partageait cela avec Cécilia sereinement, ne partageant pas spécifiquement d'informations compromettantes dans cette conversation simple, elle était seulement contente de faire face à quelqu'un qui, quelque part, comprenait ses démarches et la soutenait. Alors, elle allait pouvoir monter qu'elle allait réussir à s'installer aux duchés et offrir une soirée d'inauguration propre, mesurée et fameuse.