13 Mars de l’An 2001 de l’Âge d’Acier

Cécilia était une dame du monde où qu’elle aille et même si elle était duchénne et attachée à sa contrée natale, elle voyageait beaucoup et fréquentait divers milieux même si souvent aisés. Notamment celui des arts et avait donc même fait quelques œuvres pour le grand empire oriental, dont une qui avait eut l’honneur d’avoir sa place dans le grand musée de la cité de Jade et qui… Avait été volée depuis peu.

Quelque chose de fort vexant et récent, de seulement quelques heures… Et même si Cécilia supposait qu’elle aurait put attendre que les autorités tâchent de s’en occuper, n’étant pas sûr que ça suffirait, elle avait décidée d’agir par agacement devant ce vol et désir que son travail ne soit pas simplement pillé par des vulgaires voleurs pour finir sur un marché de contrebande quelconque…

C’est ainsi, qu’elle avait décidée d’aller chercher une marchande de renseignement qui pourrait peut-être avoir des infos sur les milieux un peu louches de la Cité de Jade et permettre de retrouver rapidement cela. C’est ainsi que ses pas l’avaient menés à un établissement dédié à la consommation d’opium, mais aussi à quelques divertissements de luxe. Le genre qu’elle pourrait tout à fait fréquenter dans son temps libre en tant que personne hédoniste et assez libérale, mais aujourd’hui c’était pour des raisons plus sérieuses…

La sublime vampire quoiqu’il en soit, vêtue élégamment d’un kimono raffiné et aux teintes sombres pour faire locales, aborderait l’un des employés pour demander poliment si elle pouvait voir la patronne en donnant son nom, ce pour une affaire assez urgente et intéressante. Puis ceci dit, atteindrait poliment en observant les décorations alentours d’une agréable facture, mais en se disant aussi que la journée promettait d’être plus ou moins agitée au final...

Kheizhidji, ce jour là, était resté tard pour travailler. Cela ne changeait pas d'habitude, cela dit, occupée dans son bureau à cogiter et remettre en ordre les dernières transactions, informations et plans de stratégie pour son commerce. C'était un travail de tous les jours, que la Lamia avait décidé d'assumer depuis bien des années désormais. C'était un rythme de vie qui lui allait bien, et qu'elle tenait toujours d'une main de maître. Souvent accompagnée d'une bouteille d'alcool fort ou de liqueur, il ne fallait pas oublier que la belle patronne au pouvoir grandissant avait un penchant appuyé sur la boisson. Rien ne la menant à un état d'ébriété dégradant et excessif. Non, son penchant appuyé se traduisait plutôt par une consommation lente mais régulière, comme pour garder un état apte à la gestion de papiers administratifs.

Elle traitait en ce moment les retours de ses employées, marqués sur des bouts de papier discrets et rapides à poster. Il y avait de tout. Toute information de ce qu'il se passait alentours, rumeurs, faits... Ses employées en ville voyaient tout, et lui rapportaient ce qu'elles avaient perçu. Une note attira son attention ; une rumeur, probablement pas encore répandue, comme quoi les tableaux d'une exposition à la Cité ont été volés.

Puis, un employé l'informa de l'arrivée d'une personne souhaitant la voir. Jugeant rapidement l'émotion de son employé, elle se leva, prête à la recevoir en lui disant de l'envoyer dans le petit salon. C'était un salon privé qu'elle appréciait utiliser pour les entrevues, à la fois pour se détendre et parler affaires. Elle s'y installa alors, comme elle avait l'habitude depuis toutes ces années, à l'aise et dans son élément. D'une pensée, correspondant à son humeur, son bijou magique acquit récemment changea de forme pour mieux aller à son allure. À l'arrivée de sa cliente, elle arbora un visage avenant, l'analysant sous toutes les coutures de son regard vert pomme, sans cligner des yeux.

Bienvenue, et prenez place. Je suis Madame Qin, en charge de cet établissement, enchantée.

On mena donc Cécilia à un petit salon où la patronne la recevrait en privé et ce assez rapidement, chose qu’elle apprécia, pas que la vampire était du genre impatiente, mais comme son problème devait être géré rapidement si possible, elle n’allait pas s’en plaindre.

Et elle put alors voir la lamia, une créature magnifique il fallait le dire et plutôt exotique, en tout cas elle imaginait mieux pourquoi cette madame « Qin » semblait attirer autant la fascination de certaines ou certaines. Quoiqu’il en soit, même si Cécilia ne jugeait pas ses interlocuteurs aux apparences, elle prit quand même quelques instants pour jauger la sublime nagate, puis poliment s’assiérait.

« Merci de votre accueil madame Qin, nommez moi Cécilia Cassante, artiste, chirurgienne, alchimiste et nécromante, mais cela importe peu je pense pour l’affaire dont j’aimerai vous parler. » La vampire ajusterait alors de quelques gestes discrets son kimono pour qu’il ne gêne pas son assise et ajouterait avec un certain sérieux polit.

« Quelques œuvres d’arts ont été volées il y a quelques heures, dont l’une des miennes, si d’habitude je laisserai les autorités s’en occuper, celles-ci sont assez occupés avec les problèmes que vit le continent à l'heure actuelle et je préfère que ça aille vite, pour éviter que ces œuvres disparaissent dans la nature. Je me demandai donc si vous pourriez m’y aider ? Bien entendu j’ai de quoi payer un tel service, monétairement ou autrement. » Elle préciserait alors calmement.

« Je ne suis pas dans le besoin, j’ai divers dons et une petite influence, donc cela pourra se négocier et je suppose être un paiement juste pour que vous m’aidiez à retrouver ces voleurs, si cela vous va du moins, et peut-être même m’aider à résoudre cette affaire, vous avez l’air de quelqu’un de convainquant ? » Elle laissera donc la lamia y réfléchir, mais se disait qu’en effet l’offre pouvait être intéressante.

Kheizhidji reçut donc son invitée peu après, la jaugeant du regard sans trop s'y attarder. C'était une très belle femme, qui semblait sûre d'elle et tout autant hargneuse. Valait mieux éviter de l'énerver. Fait qui se confirma, par ailleurs, quand elle avança sa problématique. Kheizhidji écouta attentivement sa cliente, la laissant parler avant de prendre la parole.

Cette histoire de vol, oui, elle en avait l'information il y a de cela quelques heures tout autant. Elle savait tout ce qu'il y avait à savoir dans le coin, et Cécilia était plutôt avisée de demander de l'aide à Kheizhidji. Chose qui lui fit plaisir intérieurement ; elle adorait son boulot.

Oui, je suis au courant. Et vous vous êtes adressée à la bonne personne.

Elle marqua un petit temps, sans pour autant en perdre, reprenant.

Vous avez une demande, un paiement qui m'intéresse, et vous êtes pressée par le temps. Nous discuterons rémunération une fois le travail terminé, ne vous inquiétez pas je ne suis pas gourmande.

Elle esquissa un malin sourire, sans sarcasme ou émotion négative, alors qu'elle se leva.

Nous retrouveront ces œuvres d'art, je vous accompagne. À l'heure qu'il est ils doivent être en train d'attendre le billet de sortie de la ville. Mes lucioles sont déjà à la recherche d'informations complémentaires.

Elle ouvrit la porte pour sortir, et Donna les directives à son employé, probablement chargé de transmettre les directives aux "lucioles" de Madame Qin. Enfilant un manteau élégant mais beaucoup moins évocateur, elle se dirigea vers une porte en arrière de boutique menant à une rue isolée.

En attendant que mes lucioles en sachent un peu plus, nous allons voir un ami. Bienvenue dans les rues sombres de la Cité, Dame Cécilia.

La Lamia sourit, presque comme une enfant contente de partager son jouet préféré, menant Cécilia dans des ruelles insoupçonnées, jusqu'à mener à une boutique de trucs et bidules, le genre de prêteur sur gage ayant plus d'antiquités et de pièces détachées en tout genre que de clients effectifs.

Elle était déjà au courant ? Cela ne surprenait pas vraiment Cécilia si la lamia lui faisant face avait des bons informateurs dans des milieux un peu louches, en tout cas elle n’allait pas s’en plaindre, cela lui faciliterait la vie et éviterait qu’elle doive expliquer très en détail les choses. Du temps qui serait gagné donc pour retrouver ces voleurs…

« Je vous remercie de votre compréhension. » Glissera quoiqu’il en soit la vampire poliment quand l’informatrice lui dira qu’elles pourraient en effet discuter paiement après le travail, ce qui n’était pas forcément mieux pour l’une ou l’autre dans les faits, sauf pour gagner du temps quant à cette affaire, Cécilia reprendrait ensuite pensive.

« Hum, j’aimerai savoir où nous allons, mais je vous suis. » Dira donc la dame vampirique en se levant et en laissant sa vis à vis organiser les choses, avant de la suivre ensuite, elles sortirent alors dans la rue, pour se rendre dans une partie de la cité mois famée que le reste, même si heureusement on était sans doute loin des pires cloaques duchéens, mais bon il faut dire les duchés avaient leurs charmes, mais souvent une certaine indifférence pour le sort des miséreux ou peu dotés… Quoiqu’il en, Cécilia prudente, dirait tout de même avec une certaine curiosité aux propos de son interlocutrice.

« Je me demande où vous me menez ou ce que vous avez en tête, mais je suppose que ce sera intéressant. » La vampire aurait peut-être prit une autre tenue si elle avait sut, mais cela convenait parfaitement au pire. « Laissez moi juste appeler mes gardes du corps, on ne sait jamais après tout comme nous allons faire face à des voleurs plus tard. » Elle siffla alors et deux formes en armures arrivèrent peu après, celles-ci sortiraient alors un manteau pour se couvrir, histoire d’êtres plus discrètes et et avant d’entrer dans la boutique, Cécilia dirait amusée.

« Ce sont des ombres liées, elles sont d’une fiabilité absolue. » En somme aucune raison de douter d’elles, que du contraire vu qu'ils étaient au service de la nécromancienne qu'elle était. Sur ce, elle laissa la lamia ouvrir la marche concernant cette fameuse boutique...

Bien évidemment, la Lamia ne laissa pas sa cliente dans l'inconfort de ne pas savoir où elles allaient. Et c'était normal de poser des questions, cela servait à se rassurer, gagner en assurance et même apporter de la matière pouvant faire avancer la situation, ou aider de quelque manière que ce soit. N'ayant pas de secrets à cacher, et brisant le mystère qu'elle avait plaisir à instaurer, elle informa d'un ton calme et rassurant, assurée, sur le qui vive, malgré sa perception de Nagate fort impactée...

Nous allons voir Bozo, un receleur akkatonien qui a pour passion de collectionner un peu tout ; ce qui a son utilité car il a toujours ce dont on a besoin, à condition d'en mettre le prix. Ça a toute son utilité quand il sert aussi d'informateur, une personne comme lui saura nous conseiller, si on recherche certains voleurs. Que ferait il à leur place ? Il le sait, sans aucun doutes. Il sait comment les marchandises entrent et sortent de la cité, et même s'il est un honnête commerçant, il sait comment quitter la ville avec de précieux ouvrages sans croiser la route des autorités.

Elle sourit alors légèrement, satisfaite de son explication en espérant avoir rassuré sa cliente. Serpentant entre les rues, elle fit face au bâtiment, puis avisa Cécilia concernant ses ombres, acquiesçant sans hésiter, sûre d'elle et réfléchie. En quelques mots, elle confirma que c'était une bonne initiative, surtout s'ils etaient fiables, alors qu'elle salua aimablement les ombres.

Puis elle entra dans la boutique. Calmement, avec prestance, elle laissa Cécilia entrer, puis croisa le regard d'un bonhomme fortement constitué, bedonnant et à l'épaisse barbe hirsute, sans moustache. Il était en train de ranger sa vitrine alors qu'il se redressa, s'accordant au comptoir avec un sourire béat en avisant Kheizhidji.

Bozo, quel plaisir. Avez vous reçu mon petit cadeau il y a de cela quelques semaines ? Je n'ai pas eu l'occasion de passer, mais vous savez à quel point j'adore passer du temps hors travail avec de bons amis. Malheureusement, ce n'est pas pour ça que je suis là, mais nous pourrions convenir d'un rendez-vous pour la semaine prochaine à mon établissement.

Elle souriait de manière charmeuse et sincère, en tout cas ça semblait très réaliste si ce n'était pas le cas, alors que le receleur acquiesça, prêt à répondre aux questions de Kheizhidji, et de Cécilia.

Un receleur Akkatonien ? Sans doute ce genre de personne louche que Cécilia avait déjà rencontrée plus qu’à son tour dans les Duchés dans le milieu de la contrebande les rares fois où elle daignait tremper le pied dedans, ce qui n’était pas si fréquent. Quoiqu’il en soit, pour signifier que cela ne lui poserait pas de souci particulier, elle dirait calmement. « S’il peut nous aider, ce sera parfait, de toute façon ce n’est pas la première fois que j’ai affaire à un receleur. » Même si ce n’était pas non plus dans ses habitudes, mais après tout en plus de milles ans d’existence et en bonne praticienne de l’alchimie, il lui était arrivé des fois de vouloir obtenir des ingrédients assez rares ou excentriques.

Sur ce, après quelques saluts, les ombres accompagnants Cécilia renvoyant ceux de la lamia sans que leur maîtresse ne le demande, mais après tout c’étaient des suivants conscients et autonomes et non de stupides pantins sans cervelles, ils purent tous entrer dans l’échoppe...

Et visiblement le receleur qui ne devait pas être incompétent au vu de son air bon vivant, semblait plutôt apprécier aussi la lamia, mais en même temps il ne devait pas souvent avoir des clients de cette prestance ici. Quoiqu’il en soit, Cécilia laisserait dame Qin dire ce qu’elle avait à dire, puis glisserait poliment.

« Auriez vous entendu des rumeurs et des on dits, concernant un vol récent dans un grand musée des environs et des racontars sur où ce trouverez ceux ayant accomplis cet exploit à l’heure actuelle, ainsi que le fruit de leur larcin… Disons que je suis le genre de personne très intéressée, par les rumeurs. » Elle dirait cela en se rapprochant du comptoir, puis d’un geste elle sembla sortir quelque chose de dessous de son kimono qui ressemblait fortement à une petite bourse qu’elle déposa avant d’achever avec un accent duchéen marqué.

« On dit que par chez moi le temps est de l’argent et je suis évidemment prêt à payer le temps nécessaire et fort bien investit que vous consacrerez à nous renseigner à ce sujet. »

Kheizhidji, une fois sa discussion faite, avait bien évidemment laissé Cécilia exposer son problème. Bozo était à l'écoute, à la fois attentif et admiratif de la belle dame devant lui, tout en restant respectueux et professionnel. Kheizhidji observait la boutique calmement, jetant un oeil à l'extérieur par la suite pour baisser les rideaux, histoire de ne pas être dérangés. Prenant ses aises, elle fit en sorte que les deux autres personnages ne fassent pas attention à elle, occupée à farfouiller dans le bazar de Bozo comme une gamine.

L'akkatonnien expérimenté acquiesça alors tranquillement, compréhensif et même un peu amusé de cette efficacité tout à fait Duchéenne. Glissant ses doigts sur le tissu de la bourse sans pour autant la saisir directement, il la regarda dans les yeux calmement pour prendre la parole.

Mhh oui, je comprend. Comme disait si judicieusement Madame Qin... Je suis bien placé pour savoir ce que feraient vos voleurs. Il faut savoir que je ne m'approvisionne pas tout seul, il y a bien quelqu'un derrière ça ; une bonne amie qui a gagné en réputation de passeuse expérimentée.

Il se gratta le menton l'air pensif, secouant son épaisse barbe au passage.

Si je devais voler des oeuvres d'art et fuir la ville sans se faire remarquer, je n'irais pas sans préparation. Autrement je me ferait arrêter dans la demi heure. Donc, il faut faire profil bas. L'ouest de la Cité est bien trop éclairée et huppée, impossible d'y passer. Quant au sud... Ma foi, à moins d'être assez bête pour plonger droit dans les quartiers de la défense. Reste le Nord et l'Est... A l'exception prêt que l'Est est un vrai coupe gorge. On a essayé de passer là, plus personne ne tente de sortir des marchandises dans ce coin par peur de se faire attaquer.

Si je suis assez intelligent pour filer avec des oeuvres d'art de la Cité, je fais appel à des passeurs. Passeurs qui officient au nord. Et pourquoi je tomberais spécifiquement sur une passeuse qui bosse pour un certain receleur ? Parce que ce certain receleur a spécifiquement entendu parler de voleurs suspicieux et qu'il avait envie d'avoir un certain contrôle sur ce qu'ils comptaient faire.

Tout ceci accompagné d'un large sourire, il ouvrit la bourse de deux doigts délicatement pour en ôter une pièce qu'il posa à côté, et repoussa la bourse.

Ca, c'est mon paiement. Le reste ce sera pour ma passeuse. Je la contacte pour qu'elle retienne les voleurs, vous la retrouverez au nord non loin du Piquet d'Argent, entre la rue aux enchanteurs et l'impasse des Croque Mitaines.

Satisfait, il s'en alla user d'un moyen de contact magique, bref rapide et efficace, alors que Kheizhidji avisa sa comparse avec un léger sourire.

Cécilia écoutera calmement le receleur parler du problème et de diverses choses, tout en semblant à la fois intéressée par ce qu’il disait, cordiale mais neutre, pour ne pas afficher si ce qu’elle entendait lui déplaisait ou non, après tout elle savait fort bien que ce genre de détail pouvait altérer ce que racontait la personne lui faisant face

Il lui fit un descriptif de la situation sans doute changeante du réseau de contrebande qui pouvait se trouver à la cité de Jade comme dans toute grande cité, cela devait tenir sans doute à des subtilités étant donné qu’en général les villes Ikhyldiennes habitaient assez peu de « pauvres » ou personnes modestes au vu du train de vie qui s’y menait, en tout cas elle comprit surtout que l’autre pourrait l’aider, ce qui lui importait le plus.

« Vous êtes efficace et je suppose que votre passeuse doit l’être aussi pour que vous estimiez qu’elle mérite cette part, merci à vous. » Dira donc le vampire cordialement avec une calme satisfaction, elle laissera donc l’autre aller prévenir sa partenaire d’affaire, et irait voir dame Qin qui visiblement avait été occupée à observer la boutique.

« Je suppose que l’important dans votre travail, c’est d’avoir affaire avec des partenaires compétents et fiables, ou les employer. » Une sorte de compliment indirect, ce avant d’ajouter pensive. « Vous désirez m’accompagner ou je m’y rend seule ? Disons que vous m’avez l’air de savoir parler à ce genre de personnes. Pas que je suis en incapable, mais je suis très habituée à la haute société dira t-on. » Ce qui devait se sentir sans doute à ses airs aristocratiques et son habillement. Après la dame Qin ne dépareillerait pas non plus, mais on sentait qu’elle avait plus l’habitude de discuter avec ce genre de personnes, qu’une vampire qui devait surtout fréquenter l’élite duchéenne qu’elle soit monétaire, érudite ou artistique.

Le bon Bozo était compétent. Kheizhidji avait confiance en lui, une confiance professionnelle témoignée par son efficacité au travail. Un gars qui avait sa boutique et son affaire, qui réussissait à la faire tourner et à s'entourer de bonnes gens. Des qualités essentielles, en somme, pour s'intégrer dans un tel milieu, ce qui ne devait certes pas être manquant chez le dit Akkatonnien.

Son appel ne dura guère, et pendant qu'il terminait, Kheizhidji répondit à Cécilia, acquiesçant en remerciement à ses premières paroles pour directement passer à la suite.

Il serait indigne de moi de vous laisser y aller seule, bien que je ne doute pas de votre capacité à cela. Je compte bien tenter de leur parler, et leur donner un avant goût de savoir dans quel territoire ils ont mis les pieds. Lorsque nous les auront interceptés avec succès et l'intégralité des œuvres récupérées nous discuterons de la suite.

Elle sourira calmement, puis Bozo revint. L'air satisfait, s'accoudant à son comptoir à nouveau.

Elle est prévenue. Ils devraient la retrouver d'une minute à l'autre, et elle leur fera perdre un peu de temps. Profitez en et allez la retrouver au point de rendez vous mentionné plus tôt !

Kheizhidji se détacha alors de l'admiration des objets en boutique, alors qu'elle sourit à Bozo en le saluant, puis Cécilia, l'invitant à la suivre.

Nous voilà bien avancés. Il devrait y en avoir pour une dizaine de minutes à pieds, alors ne train ons pas!

Elle tacha d'accélérer pour éviter de perdre du temps, par acquis de conscience. Elle espérait donc que ces voleurs seraient tous là, ce qui faciliterait la prise. Sinon la traque risquerait d'être drastique ment plus longue...

Puis, Kheizhidji et Cécilia finirent donc par se retrouver au point de rendez vous indiqué. Personne ne s'y trouvait. Ce fut après quelques secondes qu'elles purent remarquer au coin de la rue, plus loin, un groupe d'individus autour d'une charette bien remplie en train de tenter de menacer une femme qui, au vu de la confirmation de Khei, était leur passeuse, celle de Bozo.

La lamia voulait donc l’accompagner en partie pour faire comprendre à ces voleurs qu’ils venaient de sévir sur son territoire de façon fort malvenue ? Cécilia se disait que ça devait sans doute avoir un lien avec le fait que ce genre de vol allait très rapidement exciter les autorités et services de renseignement Ikhyldiens pour peu que les œuvres s’échappent de la cité, ce qui n’arrangerait probablement pas grand monde dans les « affaires » aux alentours.

« Soit, si vous pouvez êtres assez convaincante pour les pousser à se rendre ou à stopper ce genre d’idées saugrenues, ce sera peut-être mieux pour eux. Les autorités Ikhyldiennes peuvent êtres indulgentes, mais je ne suis pas sûr que s’ils avaient volés un duc, ce dernier serait aussi magnanime. » Disons que dans les Duchés ça dépendait souvent du gouvernant en place, cela et les duchéens n’aimaient vraiment pas qu’on les voles, donc ça pouvait aller de peines douces, à très dures…

Sur ce, elle aussi hochera la tête quand le receleur les préviendra que tout était en place et qu’il valait donc mieux se presser, histoire de pouvoir intercepter ces voleurs. Elle remerciera donc calmement l’homme et suivra la lamia d’un pas exercé, accompagnée de ses ombres qui suivirent le pas sans mal…

Ils finirent alors par tomber au bout de plusieurs minutes sur le point de rendez-vous, puis le groupe qu’ils recherchaient, qui semblait être autour d’une charrette… Cécilia ordonna alors à ses ombres de se disperser, sans doute pour essayer en passant par des ruelles de les contourner, ce pendant qu’elle et la lamia approchèrent. La vampire dirait alors inflexible.

« Je ne sais pas ce que vous a fait cette dame, mais c’est en général un manque de classe flagrant d’ainsi menacer quelqu’un à plusieurs, ou un manque de courage. » Ce n’était pas très aimable comme façon de débuter le dialogue ou d’ouvrir les choses, mais elle tenait d’abord à se faire remarquer, cela et puis la conversation qui suivrait ne risquait pas d’être agréable pour eux en effet...

La Lamia acquiesça calmement aux dires de sa cliente le long du chemin. Montrant un certain intérêt courtois et doué d'étiquette, elle affirma les dires de Cécilia comme quoi les Duchés étaient sans aucun doute moins cléments qu'en Ikhyld. Quoi qu'il en soit, elles avaient retrouvé ces voleurs, et Cécila s'était avancée, rapidement suivie de Kheizhidji. La Duchéenne entama la discussion de manière plutôt correcte, ce à quoi Kheizhidji prit la main en s'avançant, d'une manière maîtrisée et imperturbable, pour faire face aux bandits.

Ikhyld est un pays de respect et d'étiquette, là où l'honneur est la pierre angulaire de la civilisation.

Elle marqua un temps. Le voleur qui tenait la passeuse la lâcha pour faire face aux deux femmes, menaçant.

Circulez, y a rien à voir ! Sinon vous allez regretter d'avoir fait preuve de bravoure pour une catin comme elle.

Les autres voleurs commencèrent à descendre de la charette, prenant leurs armes. Kheizhidji resta imperturbable, s'approchant du voleur alors que la passeuse n'était plus sous son joug. La Lamia fixa le bandit dans les yeux, alors que ce dernier tendit son arme vers l'avant comme pour l'empêcher d'approcher davantage.

Vous n'avez aucun honneur. Aucun respect pour ceux qui ont accepté de vous aider. Et qui plus est sur un territoire qui n'est pas le vôtre. Ce territoire, c'est le mien. Et vous ne valez rien.

Elle s'approcha davantage, le voleur reculant d'un pas alors qu'il tendit davantage la dague. Chose à laquelle Kheizhidji réagit en donnant une vive tape pour le faire lâcher.

Je pourrais vous faire tuer pour avoir volé des oeuvres qui m'appartiennent. Je pourrais vous faire écarteler, ou pire...

Sur ces mots, elle réduisit la distance qui la séparait avec le voleur pour être très proche de lui, passant une main sensuelle sur son cou alors qu'elle fit apparaître sa dague de lancer dans sa main, appuyant la pointe contre son cou. Avisant les autres voleurs, elle énonça de manière à ce que tous entendent.

Je pourrais vous saigner comme de vulgaires porcs. Mais je suis d'humeur miséricordieuse. Rendez moi mon bien, et quittez cette ville une bonne fois pour toutes. Si j'apprends que vous y remettez les pieds, et je le saurais, vous savez à quoi vous attendre.

Elle se recula ensuite, faisant disparaître sa dague, alors qu'elle fait signe à Cécilia de faire approcher ses gardes, pour qu'ils viennent saisir les oeuvres d'art et mettre une certaine présence à l'intimidation instaurée.

La lamia se montra rapidement plus agressive que Cécilia, confirmant sans doute qu’elles pouvaient toutes les deux aller directement dans l’intimidation ? Ce qui en soit ne gênerait guère la vampire, certes pas si habituée que cela à tenter de s’imposer de façon peu aimable, mais tout à fait capable de le faire si nécessaire.

Quoiqu’il en soit alors que dame Qin imposait une forme de domination solide qui tenait plus à sa capacité à imposer son charisme et sa présence, que sa capacité réelle à les massacrer tous seule, mais qui était efficace de la part de quelqu’un d’aussi habile qu’elle, les deux dames pourraient voir les gardes du corps armurés de Cecilia surgir dans le dos des brigands sans prendre la peine de se cacher et en posant leurs mains sur leurs armes. En somme, si ça dégénérait, les brigands et les deux dames savaient fort bien qu’elles ne seraient pas livrées à elles-mêmes…

Cécilia par contre était sceptique sur le fait que ces œuvres appartiennent à la lamia, mais sans doute que celle-ci voulait dire par là qu’elle n’autorisait pas ces vandales à y toucher au risque de mettre en furie les autorités aux alentours, ce qui bien entendu pourrait poser certaines problèmes… Quoiqu’il en soit, silencieuse, elle apprécia de voir les brigands penauds et intimider laisser faire après le discours de madame Qin et alors que les deux suivants de Cécilia récupéraient les œuvres… Cécilia dirait néanmoins pensive.

« Hum il y a un problème... » Ce alors qu’elle se penchait sur le chariot qui contenait ces œuvres, qui n’étaient pas des tableaux, mais des statuettes, bijoux et choses assez faciles à dissimuler et transporter… Elle reprendrait alors d’humeur fortement agacée. « Je pense qu’il en manque certaines, dont la mienne... » Elle relèverait alors le regard vers les brigands, l’un finirait par dire, certes intimidé mais point désireux de parler. « Je peux vous donner ce qu’on nous a payé pour ces œuvres là, mais... » Cecilia reprendrait alors assez sombre. « Ce que je veux, c’est les récupérer, à qui les avez vous vendues ? » Et au non de la tête que fit l’autre, on sentait qu’il n’avait pas vraiment envie de le dire.

La Lamia n'avait pas peur. En tout cas, c'est ce qu'il semblerait, et si en effet dans toute action il y avait un risque que rien ne se passe comme prévu, elle avait apprit à faire en sorte que ça ne se voit pas. Et quand on fait en sorte que ça ne se remarque pas, on fait en sorte de s'endurcir petit à petit. Avec l'expérience et l'échec, on ne peut que s'améliorer et être d'autant plus résilient à la peur et autres émotions pouvant, à un certain point, enrayer la personne concernée. Kheizhidji allait jusqu'au bout, et elle ne montra pas une once de pitié ni d'hésitation, car c'était là sa force et son outil le plus important dans son travail. Il ne fallait pas se laisser dépasser par son interlocuteur, et savoir reprendre la main à tout moment, ne pas se faire surprendre.

Alors, la Lamia avisa Cécilia une fois son intimidation effectuée, la regardant constater l'absence de ce qu'elle recherchait. De toute évidence, l'affaire n'était pas encore close et il fallait tirer des informations pour savoir à qui elles ont été vendues. Ce n'était pas chose facile. Donc elles étaient encore en Ikhyld ? Elles n'allaient probablement pas tarder à le savoir, où à partir à leur recherche...

Je ne pense pas que vous êtes en position de négocier. Si vous ne nous dites rien, je pourrais m'introduire dans votre esprit pour en détailler le moindre de ses secrets. Au risque d'en savoir plus que vous ne le souhaitez, cela sera aussi très douloureux.

Elle se tourna vers la passeuse ensuite, lui faisant signe de partir, puis avisa l'ensemble des voleurs.

Bien, eh bien si vous avez la langue liée, vous ne m'êtes plus d'aucune utilité. Vous livrer aux autorités Ikhyldiennes me semble être une bonne solution.

Cécilia doutait que les quelques marchandises vendues soient déjà sorties d’Ikhyld, surtout au vu de la fraîcheur du vol de ces dits biens, disons qu’elle soupçonnait les autorités de déjà faire surveiller discrètement les ports et bateaux en partance éventuels le long du fleuve lié à la cité, ainsi que toute monture volante qui décollerait soudainement de la cité, autant dire qu’elles avaient donc un peu de marge, même s’il valait mieux faire vite.

Quoiqu’il en soit, il était donc certain que les dîtes œuvres étaient encore en ville, par contre il fallait savoir qui les avait achetées et pourquoi ? Sans doute soit un commanditaire de ces voleurs, soit un client qu’ils étaient arrivés à trouver rapidement pour une raison ou une autre, un client dont elle doutait qu’il ne sache pas le caractère assez douteux de la marchandise qu’il venait d’acquérir…

Ainsi, la lamia comme elles tâchait donc de convaincre les voleurs de dire ce qu’ils savaient et ces derniers étaient assez rétifs. Les confier aux autorités ? En temps normal Cécilia n’aurait rien contre, au contraire, surtout que les Ikhyldiens savaient à l’aide de la magie, obtenir ce qu’ils désiraient sans violenter leurs prisonniers, mais… Disons que si l’acheteur des biens volés apprenait d’une façon ou d’une autre que les voleurs avaient été capturés, ce ne serait pas sans risque.

« De toute manière quoiqu’il arrive, vos secrets n’en seront plus bien longtemps, livrez celui-ci pour conserver le reste, car si vous finissez aux mains des autorités Ikhyldiennes, je peux vous gager que certes ils ne vous feront pas spécialement mal, mais ils sauront tout ce qui sera intéressant de vous entendre dire, je doute que vous résistiez longtemps aux mages de ténèbres qui leurs servent d’interrogateurs. » Les voleurs qui semblèrent hésiter alors aux paroles des deux dames, finirent visiblement par céder, car l’un dira de l’air un peu inquiet.

« C’est Dimitrio Pachkvou qui nous a acheté cela, c’est un banquier duchéen en voyage de plaisance ici, il réside actuellement dans un hôtel non loin du palais. » Ce qui voulait donc dire qu’elles savaient qui il fallait voir, mais que cette personne serait sans doute moins à bousculer que des voleurs de basse extraction, mais il y avait quand même largement moyen d’obtenir ce qu’elles désiraient. Juste qu’elles ne pourraient pas le menacer aussi frontalement, même si sans doute ne préférait-il pas que les autorités impériales s’en mêlent… Après tout, ce genre de personne aurait à perdre à devenir persona non grata en terres Ikhyldiennes.

Quoiqu’il en soit, ceci dit les voleurs prirent l’air de vouloir savoir s’ils voulaient partir ou non, Cécilia dirait alors à la lamia. « Je n’ai rien contre le fait de les laisser partir, mais peut-être vaudrait-il mieux les retenir le temps de s’assurer qu’ils ont dit la vérité ? » On ne savait jamais après tout, même si ce serait stupide de leur part d’avoir mentis !

Kheizhidji était quelqu'un qui réfléchissait pas mal. Toujours à analyser les situations, prévoir ce que feraient les éléments de son environnement... Semblable à une partie d'échecs. L'intelligence dont la Lamia était dotée lui donnait un peu cet air bizarre, comme si elle percevait des univers parallèles qu'elle seule pouvait voir, alors que ce n'était que la complexité de sa réflexion. Son intimidation fonctionnait sur ce principe ; elle calculait chaque mot et chaque geste. Menacer ? C'est une chose. Bluffer sur ses capacités à percer les esprits ? Il y a un développement. Feindre l'agacement pour en venir aux extrémités de les livrer directement aux autorités, c'était là un moyen de les presser et exploiter la fatalité. L'intervention de Cécilia n'était pas mal tout autant ; il fallait que là où Kheizhidji réfléchissait, pas tout le monde pouvait comprendre. Alors quelques explications étaient correctes.

Puis, l'information tomba. Parfait. Ne pas les laisser partir, c'était correct pour s'assurer que l'information était correcte. Alors que la passeuse revint avec quelques gros bras, Kheizhidji donna quelques ordres en envoyant une bourse remplie d'un petit montant.

Surveillez les jusqu'à ce qu'on vous transmette les informations. À mon signal, vous les mènerez à la frontière pour les laisser partir saint et sauf, et vous leur remettrez cet argent.

Jusque la frontière, un accord avec son fournisseur lui permettait de disposer plus ou moins d'un navire plutôt utile en tout situation. La Lamia se tourna vers les voleurs. Tout n'était qu'un jeu de réflexion. Si elle ne faisait que les menacer, ils risquaient de vouloir s'attaquer à ceux les gardant.

Disons que nous sommes en négociation. Vous restez tranquille et vous partez sans soucis avec un petit gain. Mais ne vous avisez plus jamais de revenir ici de votre vie, je serais moins clémente.

Une fois dit, elle était prête à filer avec Cécilia pour retrouver l'acheteur.

Les broutilles avec les voleurs finirent donc par se régler assez rapidement et les deux dames purent nsuite se rendre, suivie des deux ombres de la nécromancienne, qui restaient attachées à leur maîtresse, en direction de la « demeure » de l’acheteur des œuvres.

Leurs pas les mena bien entendu vers une partie fort bien famée de la ville où le bourgeoisie et la petite noblesse résidait ainsi qu’un pan aisé des classes moyennes, un lieu de beauté entre jardins, demeures élégantes même si pas forcément grandioses, hôtels et infrastructures diverses, dont certaines dédiées au plaisir ou à l’art. Un lieu éclairé en cette heure encore fort matinale par la légère lueur de pierres enchantées et où l’odeur était agréable ? Ce devait sans doute être dû à certaines infrastructures, mais disons que certains mauvaises odeurs habituelles de la ville étaient absentes, il y avait seulement celles qu’on pourrait imaginer venir de certains parcs urbains de style oriental qu’elles frôlaient où traversèrent...

Tout cela, pour finir tous les quatres devant un hôtel réservé aux voyageurs aisés ou marchands de passages qu’ils soient Ikhyldiens ou non. De style oriental, c’était un bâtiment plus large que haut et assez élégant, fait de pierre. Y entrer ne semblait pas bien compliqué étant donné que les dames ne semblaient pas problématiques, mais que faire une fois à l’intérieur ? C’est pour cela que Cécilia demanderait avant à la lamia.

« Quelle approche tentons nous ? Il est sans doute possible de l’intimider ou le persuader je suppose, mais je ne suis disons pas habitué à tenter de contraindre des riches marchands. » Disons que c’était sans doute le genre de personne qu’on pouvait moins intimider frontalement que des voyous, en plus elle doutait sincèrement qu’il ait les œuvres volées avec lui… Néanmoins, il y avait sans doute moyen de le contraindre d’une façon ou d’une autre ou le faire avouer. Du moins ce serait nécessaire. Quoiqu’il en soit, on pouvait sans doute supposer qu’il y avait moyen effet de se jouer de lui, même si ce ne serait pas aussi trivial que de le faire avec des simples voyous...

Aussitôt le premier problème réglé, que le duo s'attaqua au suivant. Ce serait une autre paire de manche, nécessitant très probablement une toute nouvelle approche... Après l'intimidation des voleurs, Kheizhidji ferait sûrement preuve d'ingéniosité pour s'adapter à la situation. Après tout, cela restait son travail alors elle devait savoir quoi faire.

Poursuivant aux côtés de Cécilia, elle se rendit à la demeure supposée de l'individu pour lui rendre visite. Alors que Cécilia et ses gardes du corps ombres l'accompagnait, elle tendit l'oreille aux dires de la Kitsune pour lui répondre ensuite.

Mhh, oui, j'ai une idée. Je pense que cela restera plus adapté de tenter de le raisonner qu'une intimidation directe. S'il se rend compte que l'on a remonté la trace aussi vite, il risque d'être déstabilisé. Ensuite je lui suggèrerait d'être raisonnable, que si nous sommes là devant lui les autorités risqueraient elles aussi d'être là si les œuvres n'étaient pas rendues. Je réussirait à faire preuve de tact, j'en suis certaine. Et puis je m'adapterai au besoin, quoi qu'il en soit vous m'accompagnerez, l'on est jamais mieux à deux.

Kheizhidji passa par des chemins tranquilles, comme si elle connaissait la ville comme sa poche. Les seules passants pouvant la remarquer leur laissa le passage libre en faisant mine de ne pas s'intéresser davantage à elles. Ah que c'était avantageux d'être plus ou moins maîtresse des rues de la ville. Ainsi, elles pourront rejoindre plutôt rapidement et sans trop se faire remarquer la demeure de l'acheteur. Ce Dimitrio... Ni une ni deux, après s'être assurée que Cécilia était prête et n'avait rien à ajouter, la Nagate frappa à sa porte.

Aussitôt ouverte, elle offrit un large sourire tout en s'avançant dans la demeure, s'imposant habilement en jouant du subtils charmes, glissant sa main sur son épaule et se rapprochant, fondamentalement, alors qu'elle passe la porte.

Dimitrio, comment vous portez vous ? Que vous avez belle allure...

Évidemment, elle ne le connaissait pas personnellement. Mais son jeu était habile et mesuré, alors qu'elle laissa Cécilia entrer à son tour, de manière à maîtriser les émotions de l'homme. Elle agissa vite pour ne pas qu'il panique ni ne s'insurge, ne passant pas pour une menace.

Veuillez nous excuser de cette intrusion fort impolie, mais comprenez nous ; un homme aussi demandé que vous nécessite de briser certaines conventions, et nous sommes réellement soucieuses à l'idée de nous entretenir avec vous urgemment... Oh, mais peut-être que le moment est réellement mal choisi ?

Il fallait dire, de toute évidence, que la Lamia savait jouer la comédie sans trop en faire, menant petit à petit son interlocuteur à vouloir écouter ce qu'elle a à dire sans se sentir piégé.

La vampire écouta la lamia lui dire ce qu’elle comptait faire et supposa que c’était un plutôt bon stratagème ? Oh elle s’y connaissait en ruse sociale et séduction, bien plus qu’en intimidation pure et dure, donc elle comprenait l’idée. Madame Quin voulait donc faire preuve de subtilité et passer pour raisonnable ? Soit, la vampire glisserait alors pensive.

« Cela me convient, je tâcherai d’intervenir si nécessaire, mais je suppose qu’il est plus efficace de jouer ce genre de petit jeu quand une seule personne mène la barre. » Au risque sinon que ce soit confus ou que l’autre trouve cela étrange. Quoiqu’il en soit, leur stratégie était donc décidée !

Quant au reste, Kheizhidji était certes assez connue, mais elle était loin d’être la « maîtresse » des rues de cette ville qui restait quand même pour une bonne partie la capitale provinciale d’un empire qui était loin de ne pas assurer l’ordre ou l’harmonie sociale dans ses cités. Et quand elles entreraient dans le quartier plus huppé, même si certaines la reconnurent, il était probable qu’il ne faudrait pas trop tirer sur la corde à ce niveau. Disons qu’il était probable qu’en cas d’esclandre, la garde débarque vite et que si les dames semblaient en tort, elles doivent aller s’expliquer devant le capitaine de la garde local…

Néanmoins, elles n’eurent aucun mal à entrer dans l’hôtel et à atteindre ce qui devait servir d’appartement actuellement au banquier louche qu’elle recherchait.

Un banquier visiblement humain, qui fut un peu étonné de voir les deux dames débarquer… Et qui probablement aurait appelé la sécurité ou se serait vexé de cela assez vite, s’il n’y eut pas plusieurs facteurs qui jouaient. C’était quand même deux splendides créatures qui entrèrent et même si certains hommes sauraient rester de marbre ou inflexibles face à cela, le banquier ne sembla pas de cette trempe à l’air légèrement fasciné qu’il arbora, cela et la lamia faisait mine de le connaître…

« Oh euh, non ne vous inquiétez pas, j’ai toujours du temps libre pour une amie et je me demandais quand je pourrais vous revoir d’ailleurs. » On sentait clairement qu’il devait être du genre, en même temps cet homme aux cheveux noirs et à la moustache impeccable n’était pas vilain en plus d’être riche… Qui fréquentait trop de femmes pour s’en souvenir, même si clairement il avait l’air de se demander comme il avait put oublier celle-là… L’alcool peut-être ? Ce avant d’ajouter de l’air de l’homme faussement assuré.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous très chère ? J’espère que ce n’est pas une affaire que j’aurais oublié pour une raison ou une autre, comprenez je suis assez surchargé ces temps-ci... » Visiblement il partait du principe qu’il avait dû oublier certaines choses, une piste à exploiter pour la lamia ?

Oh, merveilleux ! Il est vrai que je n'osais guère m'imposer, pour tout vous l'avouer... Mais vous m'en voyez rassurée...

Elle observa brièvement les alentours, ne manquant pas à son esprit analytique malgré sa perception qui laissait à désirer, elle revint à lui en secouant la tête avec un rire sincère, toute en souplesse.

Oh, non ! Rien que vous n'ayez oublié à mon égard. Cependant...

Elle trouva un endroit où s'installer, prenant ses aises là où ils pourraient être aptes à discuter tranquillement. Elle ne s'installait pas de manière à rester là bien longtemps, mais seulement de quoi être un peu plus à l'aise pour discuter.

Voyez vous, il y a un petit problème... Mon amie ici présente est une artiste de renom, et ses œuvres ont été volées à même le musée il y a quelques heures. Les autorités sont à la recherche des œuvres, et... Je ne voudrais pas qu'il vous arrive des ennuis. L'on dit que les voleurs ont été arrêtés, et dès que j'ai apprit que vous étiez l'acheteur d'une partie de ces œuvres, j'ai accouru chez vous.

Elle marqua un temps, avant de poursuivre, se penchant un peu comme pour resserrer la confidence.

J'ignore si vous connaissiez l'origine de ces œuvres, mais croyez moi, ce n'est qu'une question de temps avant que les services du gouvernement ne remontent la piste. Je vous en prie, soyez compréhensif et remettez les œuvres à mon amie. Il n'y a aucune raison pour que l'on vous soupçonne autrement.

Convaincre quelqu' un avec tant de mots était compliqué, mais Kheizhidji tenta toujours de faire au mieux. Tentant de capter la moindre réaction sur le visage du banquier, elle était prête à réagir verbalement à la moindre opportunité pour contrôler la conversation.

Cécilia comme la lamia ne remarquèrent rien de suspect dans la pièce, en effet comme la vampire l’avait supposée, l’autre n’avait pas visiblement gardé à proximité les œuvres d’arts qu’il venait d’obtenir, surtout de contrebandes, autant dire qu’elles allaient devoir le faire parler.

Et le banquier pour le moment ne se doutait rien, même s’il fallait rester sur ses gardes et que cela devait autant être dû à l’effet de surprise que l’aspect très charmant des deux dames dont une se faisant séductrice. Car en bon homme d’affaire duchéen, son côté intriguant et rusé risquait de revenir très vite s’il se doutait de quelque chose… Mais pour le moment il laissait la lamia prendre ses aises, alors qu’il écoutait celle-ci converser. Cécilia ajouterait d’ailleurs.

« J’avais entendu dire que les autorités étaient furieuses de mes quelques amis dans la noblesse, je suppose qu’ils risquent de sanctionner quiconque leur semblerait lié à l’affaire. » Mais sans en dire plus, jugeant que vu qu’elles jouaient à moitié franc jeu avec lui, maintenant restait à faire en sorte de réagir à sa possible défense, défense qui ne tarderait pas d’ailleurs à surgir. Après tout, quel duchéen digne de ce nom renoncerait à sa part du gâteau sans la défendre un minimum ?

« Oh mais, je vous assure que je ne suis absolument pas lié à cela, ne vous inquiétez pas. Vous savez j’ai bien des rivaux dans le monde de la finance et des affaires, il se peut tout à fait qu’ils aient payés une bande de vauriens pour accomplir ce larcin, puis me faire accuser. Vous savez, la concurrence déloyale n’est pas si rare dans ma chère patrie. Enfin ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai les mains aussi blanches que la soie. » En somme il niait son implication, en avançant que la parole de voleurs ne suffisaient guère à l’accuser directement de cela, Cécilia se disait alors que soit il faudrait être très frontal au risque qu’il se défende plus férocement, soit faire preuve de subtilité… Et se disant qu’elle pourrait jouer le côté intimidant, elle décida de laisser la lamia faire, après tout celle-ci pour l’instant jouait le jeu du charme et ça semblait avoir plus ou moins son petit effet !

La Lamia observait son interlocuteur en restant dans son rôle, ne souhaitant pas paraître comme étant un danger pour le duchéen et le mener à entendre raison. L'Empire d'Ikhyld n'était pas les Duchés, et il y avait moyen de faire comprendre à ce gars là que c'était le cas.

Elle resta calme et patiente, souriant calmement alors que la conversation se poursuivit. Cécilia participa, et plutôt bien même, Kheizhidji n'ayant aucune raison de l'empêcher de participer. Elle croisa posa ses mains sur ce qui peut ressembler à des cuisses de Lamia, puis prit la parole en direction du banquier.

Oh, je vous en prie mon cher. Vous n'êtes pas aux Duchés du Sud, vous êtes dans la Cité de Jade ! Si quelconque rival de là bas avait commandité un tel vol, il aurait déclaré la guerre à une des deux nations les plus puissantes d'Orzian. Vous savez pertinemment que personne ne serais-ce qu'un peu important ne se risquerait à se mouiller dans une affaire comme celle-ci.

Elle marqua un temps, ajustant sa posture avant de poursuivre, insistante dans son rôle, teintée d'une inquiétude réelle.

Comprenez moi, je suis née ici. C'est pour cela que nous sommes... Amis, pour que vous appreniez à vous intégrer dans ce monde si différent du vôtre... Alors écoutez mon expérience d'Ikhyldienne ; ce que vous avez fait va vous porter préjudice, bien plus que si vous étiez aux Duchés. Les autorités sont à la recherche de ces toiles, et même bien plus que les autorités. Il existe des propriétaires de ces toiles qui chercheront à les retrouver, et il s'agirait là d'une vengeance personnelle. Je vous en prie, c'est trop dangereux pour vous de garder ces toiles en votre possession.

Elle restait vive et à l'écoute tout en parlant, espérant progresser dans sa démarche.

« Très chère, je comprend votre inquiétude, mais vous savez ce ne serait pas la première fois que mes compatriotes seraient immiscés dans des affaires douteuses. Il n’y aurait pas de guerre pour si peu, déjà car les ducs et doges ne seraient pas concernés par ce genre d’affaire, ensuite car on ne déclare pas une guerre aussi facilement. Le pire qu’ils risqueraient c’est de se faire fermer l’accès du commerce Ikhyldien et les terres de ce beau pays. » Glissera le banquier et à la grimace légère que Cécilia esquissa en entendant cela, on pouvait sentir qu’il n’avait pas tort. Qui déclarerait une guerre juste pour ce genre de choses ? Sachant qu’en plus la situation était tendue avec Akkaton, qu’Ikhyld tenait à sa réputation de nation pacifiste et diplomate et que pour vraiment déclarer une guerre il faut un cassus belli un peu convainquant. Non, si la guerre était une chose inévitable souvent, ça n’arrivait pas non plus aussi facilement.

« Si j’ai pu retrouver votre trace malgré le fait que vous niez votre implication je dois souligner, je pense que peu de monde aurait du mal à la retrouver, surtout que je fréquente les haut milieux. Je pense donc que vous devriez tenir compte des avertissements de mon amie. » Glissera néanmoins Cécilia sur le ton de le menace subtile et très indirecte suite aux propos de la lamia. Le duchéen qui sembla alors tiqué, glisserait.

« Hum, voyez vous ce n’est pas moi qui ait volé et acheté ces toiles, mais à bien y réfléchir je sais peut-être où vous pourriez les trouver, si évidemment vous assumez qu’en effet je ne suis pas lié à cette affaire. » Visiblement l’homme prudent, changeait de stratégie, à défaut de pouvoir garder ces toiles, il désirait maintenant sauver les meubles et les apparences… Une stratégie comme une autre en soit quand on était aisé financièrement, mais qu’on trempait dans les affaires louches. Personne n’était dupe, mais on faisait semblant car ça pouvait arranger pas mal de monde…

Restait à voir ce que la lamia en pensait ?

Les choses allaient bon train. Kheizhidji gardait son calme et sa patience, pour le moment, mais restait imperturbable quant à sa capacité de jeu social et émotionnel. Elle était douée, pour sûr, aussi belle que charismatique, avec toute l'étoffe d'une ingénieure sociale. Elle ne doutait pas sur sa capacité à obtenir ce qu'elle recherchait, ou au moins s'en rapprocher. Il n'était pas pensable que cet homme ne mène qu'à un cul de sac sans intérêt. Elle devait trouver les tableaux, et elle les trouvera. L'intervention de Cécilia était bien placée et efficace, ce qui était toujours aussi plaisant d'avoir une partenaire de sa trempé. Le bonhomme, quant à lui, semblait imperturbable, jusqu'à ce qu'il tente quelque chose d'autre. Une nouvelle stratégie impliquant qu'il reste complètement hors de l'histoire, et que les tableaux soient retrouvés presque par la force du destin. Certains auraient peut-être refusé, ou mal réagit en faisant comprendre au banquier qu'ils ne marcheraient pas dans son jeu. Kheizhidji c'était guère de ce genre, et se fichait plutôt royalement de savoir si le fautif est punit ou pas, tant que ça ne la concerne pas directement bien sûr.

Alors, gardant son expression bien qu'un peu plus rassurée, elle répondit.

Oh, si par hasard nous trouvons ces toiles  en bon état et sans une de perdue, je suis certaine que tout s'arrangerait. Je m'excuserait par ailleurs de vous avoir importuné avec de fausses accusations, puisque c'est évident ; vous ne les avez pas volés. Vous avez entendu une rumeur sur leur cachette, donc ?

Elle jouait le jeu, espérant rassurer le bonhomme à sa manière tout en cherchant à glaner ses infos. Il semblait en bonne voie, et s'il donnait ces informations Kheizhidji pourrait directement aller voir cela avec sa comparse, et idéalement boucler l'affaire.

Il était probable que si la lamia avait refusée de marcher dans le jeu du banquier, les choses auraient été bien plus compliquées, c’était souvent cela la politique ou les négociations commerciales ou douteuses. Tout était une affaire de compromis et on avait rarement, voir jamais tout ce que l’on voulait. Qu’aurait-il pu être possible de faire sinon, tenter d’avoir le dessus sur lui et le faire confondre pour ses méfaits ? Cela aurait été possible, mais plus exigeant en énergie et la lamia voulait-elle passer pour quelqu’un d’aussi ferme auprès d'un riche duchéen ?

Quoiqu’il en soit, elle avait donc acceptée de jouer le jeu et comme le banquier était un rusé renard, celui-ci décida donc d’en profiter pour se laver les mains de toutes ces histoires et ainsi qu’elles ne nuisent guère à ses affaires.

« Hum, j’ai entendu dire que les tableaux risqueraient de se trouver dans un entrepôt aux tuiles rouges situé au Nord du quartier portuaire dans une heure de cela. Je vous conseillerai de ne pas y aller avant au risque sinon de perturber le processus, mais ensuite eh bien je suppose que les malfrats comptent stocker leurs affaires là-bas le temps de se faire oublier. » Une manière sans doute de faire comprendre qu’elles trouveraient l’ensemble là-bas, pour peu qu’elles soient patientes et ne l’importunent pas davantage. Il ajouterait alors pensif.

« Enfin, j’espère vous avoir aidé, même si je vous avoue qu’obtenir ces renseignements ci, vu que je me tiens souvent au fait des rumeurs, n’était pas forcément des plus simples… Enfin bon, je suppose que vous avez à faire ? Cela aura été un plaisir, n'en doutez pas mesdames. » Sous entendait-il quelque chose ? En tout cas il annonçait poliment qu’elles pouvaient prendre congé si elles le désiraient, après tout même si la lamia savait se faire charmant et convaincante, il devait se dire que plus longtemps elles restaient, plus il y avait de chance qu’elles fassent une autre demande embêtante.