Date de déroulement : 20 Mai de l’An 2001 de l’Âge d’Acier

Contexte de l'intrigue :

Divers bouleversements secouent aussi bien actuellement les Duchés, que le reste d’Orzian, en une telle heure difficile, il est alors tout à fait naturel que les ducs et plus hautes personnalités de ces terres divisées... Oublient un temps, leur nature intriguante, probablement traîtresse et certainement ambitieuse, pour s’unir contre l’envahisseur étranger et les morts qui se lèvent.

Et dans cette idée, autant pour célébrer et consolider cette union, que pour remercier et flatter les puissances étrangères apportant leur soutien aux Duchés en cette heure. Giovanni Esperancia, duc d’Inveïs, duché de modeste taille, mais dont la capitale est Inveïs, cité neutre des mercenaires à l’influence écrasante, a invité du haut gratin aussi bien Duchéen, qu’Ikhyldien, Akkatonien, et possiblement Eïlynsterien et Eïrnien. Et autant dire, que la portée de la voix d’un duc n’est pas rien en ces terres divisées.

Ce pour participer à un bal à la duchéenne. Un de ces bals où la splendeur artistique et la noblesse oratoire, cohabitent avec la vicieuse intrigue et les ambitions difficilement dissimulées. Où la splendeur des lieux, n’a d’égale que la complexité des complots pouvant y êtres ficelés. Où, des fortunes peuvent se faire en quelques mots, et une ruine, se confirmer en quelques paroles si on y prend pas garde. Du moins, si l’on est Duchéen...

Cet évènement est sans doute l’occasion, pour ceux qui y participeront de se faire possiblement des contacts, amis, peut-être même alliés utiles au sein de la haute société Duchéenne. Que, de gagner peut être en or, influence et renommée en faisant bien voir ou remarquer. Voir qui sait ? Gagner les faveurs du duc Giovanni et par extension du Duché d'Inveïs, dont la capitale est la cité, terre neutre des mercenaires...

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Et le bal est donc sur le point de débuter en ce jour, mais d’abord il faut que les invités arrivent, drapés de leurs plus beaux atours, préparés pour certains à acérer leurs propos et à faire preuve d’une très saine prudence. C’est un grand jour après tout ! Un jour où l’on peut beaucoup gagner, et perdre aussi. Un de ces jours où l’on pourra fréquenter le haut du panier des « aristocrates » duchéens, en somme un nid de vipères, mais aussi de fins politiciens et intriguant, qui pour les meilleurs sont rarement égalés, et jamais dépassés, en Orzian.

Les derniers préparatifs sont donc là pour chacun, comment sera t-il vêtu, vient-il accompagné ? Quels sont ses objectifs en ce jour ? A t-il traîné un peu en ville les jours d’avant, s’est-il un peu renseigné ? En espérant qu’ils passeront soit une agréable soirée, soit une profitable festivité

Description des lieux :

La cité d’Inveïs est en effervescence, alors que le bal va bientôt débuter, car des festivités sont aussi organisés pour les gens plus modestes. Les arènes de combats offriront de beaux spectacles aujourd’hui et les jours suivants, les commerçants de toutes sortes se préparent à faire du chiffre et sont encore plus audacieux qu’à leurs habitudes, et les mercenaires de la cité neutre, sont d’humeur gaillarde et potentiellement paillarde !

En somme la célèbre cité des mercenaires se porte bien et malgré la guerre faisant rage plus au Nord, pas si loin que cela, et tout le monde est d’humeur plutôt festive depuis plusieurs jours. Mais les choses seront-elles aussi joyeuses au cours du bal ? Nul doute en tout cas qu’il y aura de riches et puissants mercenaires à celui-ci, autant que des intriguant et marchands de toutes sortes… Après tout, que serait Inveïs dans les lames à vendre ?

Tour de jeu :

Considérez ce rp comme « prioritaire » sur tous les autres.

-Shiroi
-Maria
-Seeslith
-Kheizhidji
-Peddyr

Je me réserve le droit de changer l'ordre à tout moment.

Rappel : Chaque joueur aura un délai maximum de 4 jours pour poster après avoir reçu ses directives (évidemment répondre plus tôt sera apprécié) ! Mais un 5ème jour peut être accordé exceptionnellement si bonne excuse. Si vous ne respectez pas ce délai pour répondre, le mj sera dans l'obligation d'imposer une conséquence négative pour votre personnage, sauf si vous le prévenez (tôt de préférence) après avoir reçu les directives que vous serez dans l'impossibilité de poster. Si vous récidivez une deuxième fois, votre personnage sera sauf excellente excuse, sortit de l'intrigue, une troisième fois vous serez obligatoirement sortit de l'intrigue.

De plus, le contrôle des pnjs est réservé au mj, sauf avec son autorisation pour ce rp.

Sur ce, bon jeu à vous !

Un peu plus d’une année plus tard, la duchesse de Vinche se trouvait devant l’entrée du manoir du duc d’Inveïs. Quelques souvenirs de cette soirée lui traversèrent l’esprit, bien vite remplacés par la masse de réflexions qui éprouvait la jeune femme depuis l’attaque sanglante des Teïderiens à la frontière des Duchés.
Bien qu’éloigné du territoire régit par celle-ci, cela n’avait pas manqué d’ébranler le sentiment de sécurité des plus faibles d’esprit. Les attaques récurrentes des agents Teïderiens et l’émergence de groupe d’êtres d’outre-tombe pendant les mois qui avaient suivi, continuaient de déstabiliser la population. Des groupes plus extrêmes avaient fait leur apparition au sein de la cité et réclamaient la destitution de la duchesse. Il n’avait jamais été simple de gouverner un territoire, mais ceux-ci lui avaient particulièrement donné du fil à retordre.

Les mois passant, leur petit nombre n’avait fait qu’augmenter. Une propagande efficace et sournoise avait démarré par des rumeurs, puis des affiches et quelques petits malins s’étaient amusés à écrire à l’aide de peinture sur les murs du palais ducal. Le fondement de leur colère était, à leurs yeux, la mauvaise gestion de l’aide apporté par Vinche lors de l’attaque de 20 octobre de l’An 2000. Si la jeune femme avait ignoré pendant un temps le bourdonnement de colère qui s’élevait, il y a un peu plus de deux mois, fin avril, deux incompétents avaient tenté une attaque à son égard. Les poisons qu’ils avaient mélangé dans son repas, avec la complicité d’un homme en cuisine, l’avait amené à être alité depuis lors. Aussi peu réfléchi qu’était leur plan pour l’assassiner, ils avaient été rapidement retrouvés et exécutés dans l’instant.

Ce soir était le premier évènement où elle apparaissait à nouveau en public. Si physiquement parlant, elle était tout à fait rétablie, son mental restait fragile car épuisé par des nuits courtes, peu réparatrices et les inquiétudes concernant la situation actuelle en Orzian. Tout ceci était caché derrière un masque indescriptible de calme auquel on l’avait forgé, comme tout bon « aristocrate ». De plus, on avait recouvert ses cernes violettes et ses traits tirés par un maquillage parfaitement naturel, appuyant sur les caractéristiques de sa beauté héréditaire.
Pour l’occasion, elle avait fait confectionner une robe plus sobre comparée à la tenue qu’elle avait porté à l’occasion de l’avènement du nouveau duc d’Inveïs. Dans un tissu épais d’un or jaunâtre, des arabesques fleuries étaient cousu à la main à l’aide d’un fil d’or vert. Un col en ras du cou enfermait le buste de la jeune femme, tandis qu’un décolleté arrière balayait son dos jusqu’au bas de ses reins. Celui-ci était décoré de nombreuses chaines d’or blanc et de perles de nacre. De longues manches chauve-souris lui recouvraient les mains, ne laissant apparaitre d’une manucure parfaite. Ses cheveux étaient attachés en chignon compliqué qui dégageait sa nuque et ses oreilles, parées pour l’occasion de nombreux anneaux et bijoux dans des tons similaires à l’ensemble.

La jeune femme jeta un regard en arrière pour vérifier que son escorte de huit soldats armés, un peu plus nombreux qu’à l’habituel, la suivait bien. A sa droite, se trouvait comme toujours son garde personnel, Sven Sensvalbarde. Après une œillade et un signe de tête, elle s’avança jusqu’à la porte du manoir, ouvrit son éventail et se prépara à entrer dans la cage aux lions.

Enchantement/Bijou/Couleur:

La lieutenant Sleeslith Long-Caster avait commencé à accumuler une certaine réputation après ses multiples succès sur les terres étrangères. C'est donc naturellement qu'elle s'était retrouvée sur la liste des potentielles candidates pour représenter la Grande Patrie lors de cette invitation mondaine. Elle avait d'abord hésité pour différentes raisons personnelles. Son précédent voyage sur les terres des Duchés lui avait laissé un goût amer. C'est finalement son amant qui l'avait convaincue de s'y rendre, lui assurant qu'elle avait largement les compétences pour accomplir cette mission.

Le voyage fut long et Sleeslith en avait forcément parlé à sa flamme jumelle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle apprit que celle-ci se rendait aussi au Bal. Maintenant il lui tardait d'y être et de retrouver sa moitié spirituelle. Elle fit appel à sa magie afin d'accélérer le bateau pour arriver en avance. Ainsi elle put passer la veille en compagnie de Madame Qin. On dit qu'elles firent tourner plus d'une tête. Voir une nagate pour les duchéens est quelque chose mais alors deux? Sleeslith n'y prêta guère attention. Elle avait d'autres choses en tête. Elle demanda à son amie si elle avait des conseils de dernière minute pour le Grand Bal à venir.

Puis enfin vint le grand jour. La délégation eïlynstérienne circule à travers la ville afin de se rendre au château du Duc d'Inveïs. Sur le chemin, Sleeslith en profite pour observer les lieux, les marchands et les activités en cours. Et il y en a du monde. Un peu comme si le monde entier avait décidé de se réunir ici en ce jour. Du moins du point de vue de Sleeslith qui n'a guère l'habitude de voir autant d'agitations. C'est donc avec une curiosité presque candide qu'elle observe tout ça. Elle se sent bien et confiante. Tout va bien se passer.

Les portes s'ouvrent et la délégation eïlynstérienne prend place parmi les invités, attendant leur tour d'être annoncés et de se présenter. Ils ne sont pas venus les mains vides. Ils arrivent nécessairement avec des présents afin d'exprimer leur soutien et de consolider l'alliance. A l'intérieur, il y a aussi beaucoup de monde. Pendant ce temps, Sleeslith en profite pour vérifier et réajuster sa tenue.

Pour son entrée officielle, la Lieutenant s'est parée des couleurs et du style traditionnel de son pays. Elle porte une longue robe de soie, à la couleur simple mais aussi chatoyante et de qualité, qui la couvre entièrement du cou jusqu'à la queue. Une modification particulière a été apportée à la jupe. Celle-ci comporte une longue fente à l'arrière afin de lui permettre de glisser avec sa longue queue naga. Sa ceinture est faite de cuir travaillé et incrusté de gemmes décoratives. De celui-ci pend un sceptre qui a l'air d'être plus que décoratif. De ses épaules tombe une longue cape-manteau en tissu léger, presque transparent et qui traine un peu sur le sol. Il est tenu par un lourd tour de cou de cuir et de gemmes aux couleurs vives et riches et autour duquel pend des cristaux. Il ne semble pas pesé tant que ça. Enfin la coiffe. Là aussi, Sleeslith a pris soin de représenter au mieux son pays. Ses longs et épais cheveux noirs sont relevés en chignon au dessus de sa tête. Le tout est maintenu et fermé par une tiare brillante d'or, de cuivre et de pierres précieuses. Sur les côtés, au niveau des oreilles, pendent des chaines de perles blanches qui contrastent avec les ténèbres de ses cheveux et s'harmonisent avec son teint de porcelaine. Sa peau est impeccable et immaculée à l'exception des mains. Depuis peu, Sleeslith porte des marques sur celles-ci, comme des tatouages représentant des langues de serpent. L'ensemble est un style plutôt prude mais porté avec élégance et par une créature à la beauté à vous couper le souffle, sauf si vous avez des préjugés raciaux...

Sleeslith se tient droite et fière au sein de la délégation eïlynstérienne, une petite poignée d'hommes. Elle esquisse un léger sourire poli et charmant tandis qu'elle attend patiemment son tour d'être appelée et de se présenter officiellement au Duc.

Effets Actifs:

Spoiler:

Kheizhidji parcourait le monde pour cumuler et boucler des affaires dans le but de développer son commerce, faire des rencontres et bouger un peu. La réputation et la notoriété étaient quelque chose qui faisaient partie de son quotidien, ses objectifs. Vendre du consommable et de l'information se basait très souvent sur la réputation de son vendeur, c'est pour cela qu'elle était active sur le sujet.

C'est en s'intéressant de près aux mondanités pouvant renforcer sa réputation, avec un coup de recherche d'infos et d'influences, qu'elle se fit une place pour participer à un grand bal Duchéen. Elle n'était guère une grande dirigeante ou une figure de la société Ikhyldienne, mais elle comptait bien leur en donner l'illusion.

Elle eut la bonne surprise d'apprendre que Sleeslith, sa flamme jumelle, se rendait elle aussi au bal. Kheizhidji partit donc pour la retrouver la veille du bal et passer une soirée de retrouvailles des plus joyeuses. Au début calme, avec quelques conventions. La Dame qu'elle avait rejoint était lieutenant et accompagnée de sa délégation, mais lorsque les deux comparses purent s'éloigner un peu...

Elles se baladèrent en ville, sans se soucier de quoi que ce soit, telles deux jeunes filles passant du temps ensemble. Elles regardaient l'architecture des lieux, tentèrent de mémoriser la forme des rues en s'y baladant les yeux fermés, riant de leur bêtises. Elles s'amusèrent aussi en interagissant avec les passants du coin, Kheizhidji tentant de les aborder gentiment en usant de sa beauté débridée avant de laisser Sleeslith faire de même, avant de leur poser plein de questions, correctes et mesurées, juste pour s'amuser sans se soucier de quoi que ce soit. Sleeslith demanda conseil à Kheizhidji, sur comment se présenter lors d'un bal et faire bonne figure. L'experte en représentation sociale lui dispensa quelques astuces, notamment des bases de négociation et manœuvres de manipulation basiques pour tourner la situation à son avantage sans spécifiquement être mauvaise dans ses attentions. Écouter, principalement, en dire le moins pour ne pas se mettre à défaut, porter un regard fier, une posture associée... Un petit cours appréciable en somme sans que ce soit barbant.

La soirée se termina donc par la contemplation d'un ciel étoilé où les deux lamias se reposèrent.

Le lendemain, Kheizhidji était partie un peu avant la délégation Eïlynsterienne en saluant Sleeslith. Ils se retrouveraient au bal de toutes manières, alors Kheizhidji prit la route. Lorsqu'elle arriva, elle prit le temps de sortir ses vêtements de bal ; une tenue turquoise parée de bordures et de chaînons d'or, composé principalement d'étoffes libres et d'un fin foulard opale, une tenue qui, comme à son habitude, mettait ses formes et courbes en valeur. À l'instar de sa tenue, sa queue d'un rose irisé était parée de bijoux s'harmoniant avec sa tenue pour ajouter toujours plus d'exotisme, de sensualité et de stature à son personnage avec, cependant, une forte inspiration Nagate Traditionnelle participant à ce style unique depuis son voyage initiatique dans les terres de son père.

Concernant l'équipement, elle était armée. Armée de ses deux dagues de lancer dissimulées dans sa tenue et d'une lame rétractable dissimulée dans un bracelet d'avant bras en or. Un nécessaire "diplomatique" pour des gens comme la Lamia.

Elle attendait par la suite patiemment, venue seule, sans domestique ou compagnon de voyage, assumant seule son image et sa notoriété, alors qu'elle se prépara à se présenter au Duc.

Inveïs... Peddyr y avait mis souvent les pieds... mais, il ne savait plus. En tout cas, c'était quand il endossait encore sa tenue de mercenaire, quand il remplissait certains types de contrats. Peut être qu'il était venu pour une escorte... ou pour apporter des papiers de haute importance. Ce genre de missions, quand rien de trépidant se produisait, ne méritait guère d'être mémorisées. Sauf dans les grandes lignes peut être.... Bref. Peddyr était désormais dans cette cité, et ce n'était pas qu'en tant que mercenaire, mais bien en temps que Duc. Même s'il avait retrouvé son titre que tout récemment ; en comparaison de d'autres, il ne pouvait guère passer à côté de certains évènements....

Il y était arrivé deux jours avant le grand gala organisé, escorté de quatre jeunes cavaliers issus de son propre duché. Bien que jeunes et sans doute guère rompus au combat, équipé comme des cavaliers de combat léger, qui les avaient croisé avaient aperçu l'éclat d'enthousiasme dans leur regard. Le sourire aux lèvres, on lisait leur joie de voir une petite partie du monde. Même si ce monde ne se restreignait pas qu'aux Duchés. Mais c'était déjà quelque chose pour cette simple petite escorte.

Peddyr attendit patiemment que le soir du Bal arrive, installé dans une petite auberge assez confortable pour un bon prix, qui n'était pas prisé par d'autres mercenaires. Ce ne serait pas le moment de tomber sur de vieilles connaissances, ou de vieux adversaires, alors qu'il n'était plus de la profession.

Quand la grande soirée fut là, le vieil humain avait pris le temps de peaufiner son apparence. Même s'il n'aimait guère cela, c'était pourtant une nécessité, pour le rang qu'il occupait. Ce n'était pas sa réputation d'épéiste vendant sa lame au plus offrant qui serait mis en avant dans cette soirée. Donc, pour ce faire, il avait veillé à bien tailler et soigner sa barbe, bien veiller à l'agencement de sa chevelure pour que même avec une simple que de cheval, elle paraisse convenable. Pour ce qui était de la tenue, elle était sobre comme adapté à la circonstance. Une longue tunique de lin noir où était tissé de fins arabesques grisés était ceint par une élégante ceinture de cuir noir aux reflets argentés. Le pantalon, était de la même matière que la tunique à la différence qu'elle était unis. Une belle cape noir anthracite reposait sur les larges épaules du Duc, tenue par une attache qui portait un motif géométrique complexe, motif qu'on retrouvait aussi sur une chevalière que portait le vieux combattant. Notons qu'à la ceinture, parfaitement fixée par une lanière de cuir fin et contenue dans un fourreau de la même matière, était présente une fine dague. Un noeud en fin velours gris était nouée, de telle sorte que pour sortir la dague, il fallait défaire le dit noeud. Une façon d'adresser un message muet qu'un petit moyen de se défendre était présent, sans pour autant être dans l'idée d'en user.... Peddyr avait pu prendre sa rapière, celle d'Ilfrido... Mais ce n'aurait été qu'un sale jeu d'arrogance et de prétention, alors qu'il avait à peine posé la première brique de ce qu'il désirait au plus profond de son âme. En cas de besoin, il pouvait toujours l'invoquer. Il espérait ne pas devoir en arriver là....

Maintenant, il était temps d'apparaître sur les lieux grandioses dévoués au grand Bal de ce soir.

Peddyr s'y présenta sans son escorte, suivant simplement le flot des nombreux invités fraîchement arrivés. Il crut reconnaître une ou deux silhouettes. Hum.. la soirée promettait d'être déjà intéressante, lui qui était dans l'idée de faire connaissance avec quelques personnes bien placées à même de voir et de comprendre les enjeux d'un royaume de Duché unis pour combattre les possibles adversaires avides d'écraser l'ensemble des Duchés actuels. Cette soirée serait utile pour prendre la température de ce qui se tramait chez d'autres comme d'avoir des nouvelles en dehors des frontières duchéennes. Occupé comme il était, il n'était moins bien informé de ce qui se tramait. Il faudrait qu'il remédie à ce petit soucis. Tout récemment, c'était facile, suffisant de se prendre une bonne dose d'alcool et on pouvait toujours entendre dans certains bars mal famés....


Sereinement, il suivit le flot des derniers arrivés et attendit qu'on annonce lui aussi son entrée

La première chose que virent les invités, fut les jardins du manoir ducal… Ces derniers, assez sobres pour ceux du manoir d'un duc, sont néanmoins bien entretenus et élégants. Délaissant le style peu prudent des labyrinthes de végétations pour un plus simple et moins prétentieux, ils ont l'avantage d'être facilement surveillés dans leur globalité par des gardes, ce qui évite bien entendu les malheureux accident au fond d'un labyrinthe de haies et permet d'en faire une zone de repos appréciable en comparaison de la salle de bal et l'intérieur du manoir en général où la politique et les intrigues duchéennes vont sans doute pleinement s'exprimer. Et où, évidemment, les murs ont des oreilles.

Puis, ils purent entrer dans le manoir du duc et déboucher sur la salle d’entrée, qui servait aussi de salle de bal… Une salle de bal immense, bien assez grande pour accueillir plus de deux cents personnes sans que celles-ci se serrent. Si elle n’est guère la seule pièce ouverte du manoir pour les invités, en dehors des appartements ducaux et autres pièces sensibles… Elle serait celle où aurait lieu les festivités du jour.

Car le faste qu’on pourrait attendre d’une demeure ducale s’y exprimait pleinement. Seuls ceux proches de la haute noblesse Ikhyldienne ou d’autres ducs duchéens connaissent un tel faste, peut-être quelques Akkatoniens aussi, mais telle n’est pas leur tendance dans leur nation égalitaire. Quant à Eïlynster, les enfants de cette patrie sont moins attachés à autant de luxe, et les membres élevés de leur hiérarchie, plus spartiates que la haute bourgeoisie Duchéenne.

Un faste tout en tapis de velours et soies, richement ornementés et teints, de tissus précieux encadrant les fenêtres noblement taillées, semblant faîte dans un verre de si bonne qualité, qu’on peut presque se demander si elles n’embellissent pas le monde extérieur pouvant se voir à travers…

Un faste s’exprimant par des sculptures représentant aussi bien de grandes personnalités du duchés, que des abstractions ou bêtes sublimes. Des tableaux de grands maîtres représentants paysages, batailles, personnages et même quelques uns abstraits ! Des meubles faits de noble bois et pourvus en dorures aussi, et nul doute que la nourriture et les boissons qui seraient proposées ce soir, seraient d’un aussi grand luxe.

Le sol quant à lui était évidemment de marbre, un magnifique damier de marbre noir et blanc… Autant dire que tout cela ajouté, plus une fioriture d’autres détails, donnait de quoi avoir la tête qui tourne devant autant de luxe, splendeur, pompe, et probablement prétentions. Il fallait vraiment être un proche de l’impératrice d’Ikhyld pour connaître plus fastueux que ça, et encore, la dite impératrice ne mettait sans doute guère autant de prétentions dans cela que les ducs, doges et hauts personnages des duchés... Pour qui, c'était aussi un outil de prestige social.


En dehors des gardes, se trouvant aussi bien dans les jardins du manoir, que dans celui-ci, notamment la salle de bal, armurés et équipés d’arbalètes pour certains. Qui se faisaient discrets, mais efficaces et prêts à intervenir si nécessaire, il y avait évidemment la foule d’invités de toutes sortes présent au bal.

Il fallait évidemment parler de la grande mixité raciale, à défaut de sociale présente au sein du bal, les humains représentaient environ un cinquième des personnes présente, et les azuriens quasiment autant, ce qui correspondait bien à la moyenne duchéenne. Il y avait aussi des orcs, moins nombreux et pas mal de nains. Des elfes aussi et pas mal d’hybrides. Ainsi que, de rares représentants de races moins pourvues en ces terres comme les kitsunes ou nagas. Sans doute, issue des rangs de ceux chanceux qui étaient arrivés à se hisser haut dans la société duchéenne… Autant dire qu’un naga de cette sorte là par exemple, n’avait pas grand-chose à voir avec ceux venant du désert. Des femmes et des hommes évidemment, parmi tous les types d’invités, tous issues d’un niveau social élevé quasiment. Même si pas forcément nés riches pour beaucoup, mais arrivés à le devenir, car les Duchés du Sud sont aussi un bon pays pour l'élévation sociale, ainsi que la chute...

Il y avait parmi tout ce beau monde sinon, les invités et représentants étrangers, les trois quarts des invités environs, en comptant leur petite escorte pour certains, même si la plupart venaient d’autres duchés ou comtés et étaient donc duchéens, ou bien représentaient des intérêts duchéens plus indépendants, comme des officiers mercenaires puissants et influents, ou des mercenaires solitaires riches et célèbres, certains seigneurs du crimes probablement aussi. Et, de riches marchands de toutes sortes évidemment. Peut-être même quelques membres de groupuscules un peu suspects, comme une guilde d’assassins ou de voleurs ?

Trois en particuliers se démarquaient parmi ceux là.


Il y avait tout d’abord Kiyomi Matsuda, une sublime kitsune à la beauté presque irréelle, émissaire de l’empire Ikhyldien, venu représenter le grand empire Oriental en ce jour. Sachant les efforts immenses que mettait Ikhyld dans tout ce qui concernait la diplomatie, cette dame était certainement une diplomate très aguerrie et maligne. Accompagnée de quelques samouraïs peu armés mais armurés, elle avait des airs de magnifique joyau exotique… On la disait grande philanthrope et mécène sinon, dotée d’un faible potentiel magique et d’un talent artistique naissant, elle avait volontiers compensée cela par le soutien apportés aux artistes justement et une propension à la générosité et bienfaisance.

Ensuite, il y avait Stephan Hahn, ou plus exactement, Stephan Hahn Draenör, d’apparence humaine mais qu’on savait vampire aussi, qui était l’émissaire de l’empire Akkatonien en ce jour. Lui aussi était donc venu représenter son empire, même si d’un style différent, et lui aussi encadré de quelques gardes, des fusiliers bien habillés. Il avait l’air d’une grande dignité et de posséder une certaine autorité. Ceux un peu renseigné sauront qu’il devait son rang dans la famille Draenör à ses faits d’armes lors la conquête d’Aros il y a plus de 600 ans de cela, le second continent sous domination Akkatonien aujourd’hui. Un grand guerrier donc, probablement aussi assez diplomate, au vu de sa présence en ces lieux.

Et enfin, Velouria Deltouri, elfe, capitaine pirate venant du duché d’Esperanza, le célèbre duché pirate. Un duché connut pour beaucoup de choses, les manières assez rustres de ses habitants, le fait que l’esclavage y était interdit, mais aussi pour être la source et le refuge de beaucoup de pirates voguant au sein des côtes duchéennes. Elle venait ici représenter sa duchesse pirate, mais aussi ses propres intérêts. Et il ne fallait pas s’y tromper, certes c’était une pirate, assumée comme son habillement le démontrait, mais ça restait une duchéenne aussi… Une duchéenne qui se serait enrichie pour sa part par la pratique de la rançon et du vol de navires.

Ensuite, il y avait les invités, environs un quart, originaires du duché d’Inveïs ou y vivant la plupart du temps. Là encore, pas mal de marchands, de rares seigneurs du crime ou personne suspectes, les courtisans proches de Giovanni et pas mal de mercenaires venus en armure de cérémonie ou habillés en civils ! Après tout Inveïs était la cité des mercenaires et les Duchés du Sud, un pays où cette fonction militaire était appréciée, donc voir ici des lames à vendre aisées, officières, ou mercenaires de très grand talent, n’était pas des plus étonnant.

Et parmi ceux là aussi, certains se démarquaient plus que d’autres.


La première était sans doute Alvettra Artarrïg, une des championnes actuelles de l’arène d’Inveïs, ayant certes perdus certains combats à ses débuts, mais ayant remportée la plupart glorieusement par la suite. Elle en avait tirée deux choses, la richesse et la gloire, assez des deux pour être présente ici, que ce soit car ses exploits lui valaient un certain respect même ici, même si en retour on ne la prenait pas au sérieux niveau politique. Mais aussi, car dit-on qu’elle serait à la recherche d’une nouvelle carrière et vendrait donc ses services à qui pourrait se les offrir.

Il y avait ensuite, une elfe nommée Adrïelle Telüchi, officière mercenaire venu représenter une compagnie mercenaire fameuse, « les assiégeurs de Fridio », cette compagnie d’arbalétrier qui a été fondée par Ilfrido le conquérant et qui depuis a su montrer ses compétences pour abattre des ennemis protégés même par une muraille… Et faciliter donc, la prise de villes. Autant dire qu’elle aussi devait être une arbalétrière redoutable, mais il est aussi su qu’elle était déjà membre de la compagnie à l’époque d’Ilfrido. Certains rumeurs disent d'ailleurs, qu’elle avait été une de ses nombreuses amantes, et l’une des rares femmes qu’il avait traitée comme une égale...

Le dernier, était Alberto Rossi, richissime marchand d’armes. Il possédait plusieurs des plus grandes manufactures d’armes d’Inveïs, dont certaines qui produisaient une partie des meilleures arbalètes des Duchés du Sud, et une autre les fameux « chars circulaires » duchéens. En permanence en concurrence avec ses collègues pour garder sa position et son statut, il était probablement aussi bien là pour trouver de nouveaux clients intéressés, que pour tenter de conserver les faveurs du duc. Après tout, Giovanni Esperancia ne l’aimait pas trop, cela était un fait su…

Mais bon, ça se saurait si dans les Duchés du Sud le fait que quelqu’un vous apprécie veut dire qu’il sera votre allié et inversement. Les duchéens sont souvent bien plus pragmatiques que cela...

Quoiqu’il en soit, Peddyr sentait bien que cet endroit était un nid de crabes, autant une occasion de se faire des alliés, intéressés, que des ennemis. Mais bon, tels sont les Duchés du Sud. Shiroi quant à lui, sent qu’Osami ne lui a as pas confié la mission la plus simple, mais bon ce serait au moins le bon moment pour rencontrer du grand monde.

Seeslith et Kheizhidji quant à elles n’étaient pas vraiment habituées à voir autant de gens si huppés réunis au même endroit, même avec leur grande expérience sociale. Elles sentaient d’ailleurs que même si leur beauté était très grande, beauté égalée, peut-être même surpassée par quelques rares personnes en ces lieux, notamment kitsunes ou elfes. La beauté seule ne suffirait pas pour obtenir ce que l’on voulait ici. Mais heureusement elles avaient aussi d'autres atouts, comme leur charme et talent. Clairement quoiqu'il en soit, elles allaient devoir bien jouer pour tirer leur épingle du jeu, de la part de personnes qui voudraient sans tirer des bénéfices de tout rapport social avec elles.

Maria quant à elle n’était pas forcément la plus belle ou charismatique des environs, mais aucun ici, sauf la représentante d’Ikhyld ou Khezhidji, ne l’égalait dans les deux domaines à la fois. Néanmoins, elle le sentait très bien duchesse qu’elle était, ce bal était rempli de vipères certes plus ou moins sensibles à un peu de charmes, mais difficiles à duper et centrer sur leur propre intérêt pour beaucoup… Il allait falloir faire preuve d’esprit et d’adresse, car les duchéens étaient parmi les plus fins politiciens du continent.

En somme, ce serait l’endroit idéal pour que nos participants usent de tous leur talent en diplomatie et charme...


De toute manière, le bal devait finir par débuter à un moment où à un autre, et alors que tout le monde avait put entrer dans la demeure et commencer peut-être à discuter, très vite, par la grande porte menant aux appartements de Giovanni, deux personnes déboulèrent.


Deux membres de la garde personnelle du Duc, Azelïon Verenchï, l’une des plus fine lame du duché, ce mercenaire azurien arborait un magnifique plumage, ainsi qu’une magnifique lame encore rengainée. Et Gienavrï Delorïon, une mage d’eau et lancière mercenaire, qui assurait autant la protection de Giovanni, que les soins si jamais il en avait besoin...

Puis, entra la maître des lieux, Giovanni Esperancia ! Duc d’Inveïs, maître de la cité neutre des mercenaires et seigneur des terres et villes alentours.


Celui-ci était bel homme, parfaitement humain, vêtue d’un costume sobre mais très luxueux aux teintes sombres, parés de bijoux d’or et rubis du plus bel effet. Portant à la ceinture une rapière rengainée, privilège de l’hôte des lieux, il dégageait par sa simple présence une certaine aura aristocratique.

Il n’était ni le plus beau des environs, et de loin en comparaison de certains elfes ou kitsunes, peut-être même pas le plus charismatique, mais c’était un duc. Et au vu de la compétition féroce qu’était la prise du pouvoir dans les Duchés, mais aussi le fait de la garder… Il ne valait mieux pas le sous estimer.

Giovanni était certainement un excellent politicien, intriguant et quelqu’un d’horriblement difficile à manipuler à son insu. Si tel n’était pas le cas, soit il n’aurait pas eut le pouvoir, ou bien il serait un jour destitué par un complot quelconque, un coup de poignard vicieux, ou un coup d’état regrettable… Le genre d’homme qui pouvait être un précieux allié, mais aussi un terrible ennemi. Le genre d’homme, peut-être doté de bonté, mais terriblement pragmatique par la fonction qu’était la sienne.

Et cet homme semblait de bonne humeur en cet instant, confiant même. Dévisageant alors certains invités, dont Maria à qui il adressa un sourire aimable… Il dirait alors avec cordialité et assurance.

« Mes chers invités ! Salutations à vous ! J’espère que vous avez fait bon voyage pour ceux qui viennent de loin, et que pour tous cette soirée sera agréable ! Les meilleurs artistes que les Duchés peuvent offrir, voir certains venant de l’étranger, seront là pour vous divertir. Les meilleurs cuisiniers de ces belles contrées, ont préparés le festin qui nous attend ! Et j’espère que pour votre part, vous êtes parmi les meilleurs danseurs qui auront honorer cette salle de bal de leur présence, contrairement à moi. » Touche d’humour, certains se mirent alors à rire un peu, de bon cœur des fois, hypocritement d’autres...

Un instant passa alors, avant que le maître des lieux ne reprenne.

« Ce soir, de grandes choses s’accompliront, des accords se noueront, nous consoliderons l’alliance temporaire qui vise à bouter les Teïderiens hors de nos frontières. Et, bien d’autres choses réjouissantes j’espère. Je remercie d’ailleurs, nos amis de l’étranger, venus aider notre belle contrée ! Amis à qui j’accorderai volontiers un peu de mon temps ce soir. » Sans doute qu’il espérait que ces dits alliés allaient offrir leur aide pour pas grand-chose, ou juste pour de la « reconnaissance », chose très naïve à demander à des Duchéens.

Ce, avant d’ajouter.

« Sur ce ! Chers invités ! Je vous invite à venir vous présenter à ma personne, ainsi qu’à l’ensemble des autres invités ici présent, lorsque Azelïon vous appellera ! Comme vous êtes presque tous venus en groupe ça devrait aller assez vite, je ne voudrais pas après tout retarder les festivités. » Conclura t-il donc avec un fin sourire. Celui de l’hôte aimable et bienveillant sur le moment, mais parfaitement chez lui à l’heure actuelle, une cocatrix parmi les vipères… Façon de parler.

D’ailleurs, même s’il ne le précisa point, c’était évidemment le moment idéal pour lui faire un présent, car même si le but de la soirée n’était pas son auguste personne, c’était un bon moyen de commencer à gagner ses faveurs...

A l’abri des regards curieux, derrière son éventail, Maria entra dans le manoir dont elle se souvenait un peu plus à chaque pas. De larges colonnes ornaient chaque coin de la salle de réception. De riches ornements se pavanaient du sol jusqu’aux plafonds. La pièce n’avait ni perdu en charme, ni en luxe, depuis l’an dernier. Elle exhibait fièrement l’abondance de la cité mais elle semblait un peu plus chatoyante depuis que Giovanni Esperancia était à la tête d’Inveïs. Un écrin chaleureux, confortable et surtout, fourbe et sournois ; comme un miel particulièrement sucré qui attirerait toutes les plus belles abeilles, les plus idiotes certainement.

Depuis son avènement au pouvoir, Vinche et Inveïs avait gardé des contacts courtois. Ce n’était pas ce soir que la duchesse allait se laisser berner par ce débordement d’opulence. Elle était bien plus intéressée à l’idée d’obtenir des renseignements concernant le petit groupe bruyant qui poussait les habitants de sa cité à se rebeller contre son pouvoir. De plus, les attaques récentes des teïderiens ces derniers mois lui donnaient des raisons de se rapprocher d’autres Duchés plus petits mais plus proches de la frontière. La jeune femme balaya des yeux la foule qui lui avait emboité le pas à l’intérieur de la salle. Elle reconnut, dans le faste apparat habituel des Duchés du Sud, de nombreux visages mais la crinière de feu d’une vieille connaissance retint son attention.

Cela faisait plusieurs années que Maria n’avait pas revu la vieille mercenaire. En effet, malgré une apparence toujours fraîche, l’elfe avait combattu aux côtés de son fameux ancêtre, Ilfrido. Bien que l’assassinat de ce dernier et les rumeurs de toutes ses amantes avaient d’abord jeté un froid sur les relations entre la mercenaire et la famille ducale, depuis quelques générations maintenant leur accointance était d’ordre pacifique. Il arrivait « régulièrement », à l'échelle d’âge elfique, que les duchesses fassent appel à ses services et ceux de la compagnie auquel elle appartenait. Sa profession lui permettait d’être en constant mouvement sur le territoire des Duchés du Sud. Elle pouvait détenir des informations importantes concernant Vinche. Peut être pourrait-elle l’aider à triompher de son premier objectif pour ce bal.

Alors que la jeune femme établissait un plan d’approche, les portes permettant d’accéder au reste du manoir s’ouvrirent sur deux membres de la garde personnelle du Duc. Celui-ci ne tarda pas à faire suite, ce qui annonçait réellement le début des festivités. De son estrade, lui aussi dévisagea la foule qu’il surplombait et lorsqu’il rencontra le regard de la duchesse, il lui lança un rapide sourire auquel elle répondit d’un mouvement de tête polie mais chaleureux. L’homme se lança ensuite dans un discours de bienvenu, plutôt enjoué, se permettant même une touche d’humour. Derrière son éventail, la jeune femme ne laissa rien paraitre mais elle trouvait cette attitude un peu trop désinvolte.

Enfin, arriva le moment routinier des présentations, plus qu’une formalité pour la duchesse. Si beaucoup l’avait probablement déjà reconnu, car elle ne passait pas inaperçue avec la garde imposante qui la suivait à la trace, une quantité d’invités étaient étrangers ce soir et ne connaissaient pas encore la beauté de son visage. Le premier appelé était le représentant du duché de Sarassi, un élégant kitsune qui malgré ses fières allures ne semblaient pas tout à fait à l’aise par rapport à sa situation. Sans un faux pas, après une courbette distinguée, il présenta un glaive joliment ouvragé. Un cadeau vraisemblablement apprécié par le duc qui le remercia aimablement.

   - Son altesse, la duchesse de Vinche, Dame Maria Galante, fut-elle ainsi invitée à s’avancer.

De sa main libre, elle indiqua à son escorte de rester en arrière tandis qu’elle s’avançait vers l’estrade. La main courtoise de son garde du corps personnel se tendit vers elle pour l’aider à monter les marches. Contrairement aux soldats, Sven Sensvalbarde avait revêtu l’un des rares costumes que composait sa garde-robe. D’un style désuet mais pour autant pas usé, le bleu nuit soulignait la crinière blanche qui caractérisait l’animal sommeillant en lui. De dos, sa large carrure protectrice semblait dévorer tout entière la petite duchesse. Il s’arrêta à bonne distance du duc et de ses gardes, par politesse, laissant s’avancer sa protégée jusque devant celui-ci, signifiant qu’ils étaient dans une relation plus proche que de simples inconnus. Après avoir refermé et abaissé son éventail, elle s’inclina respectueusement tout en souriant amicalement au duc.

   - C’est un grand plaisir pour moi de vous revoir ici ce soir, Duc Esperancia. Pour vous remercier d’avance pour ce fabuleux bal et pour votre invitation, veuillez trouver ici un objet d’exception sur lequel j’ai pu mettre la main récemment.

Tout en disant cela, elle s’écarta légèrement vers la droite pour laisser s’avancer un serviteur muni d’un écrin de velours vert foncé. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il se courba, la tête baissée et avança la boîte vers Giovanni tout en l’ouvrant. A l’intérieur se trouvait un anneau argenté enfoncé dans un coussin matelassé de tissu noir. Le bijou était orné de fines lignes noires qui chorégraphiaient des figures géométriques complexes, résultant une mosaïque méthodique, presque hypnotique. Si l’anneau était très beau, il restait très simple, ce qui sembla étonner ceux qui pouvaient l’admirer.

   - Ceci n’est pas un simple anneau ; dit-elle en pointant l’objet de son éventail, il appartenait au célèbre pirate Giorgio Veneziano qui voguait sur les océans et terrorisaient les Duchés il y a un siècle de cela. Son histoire et sa fin tragique sont largement connu. Trahi par son propre bras droit, il était pourtant devenu particulièrement paranoïaque dans les dernières années de sa vie. C’est pour cela qu’il avait fait confectionner cet anneau. Une fois mise au doigt de son propriétaire, elle devient invisible aux yeux des autres. Et si quelqu’un à proximité de celui-ci souhaitait l’atteindre physiquement, elle brillerait d’une lumière bleue qui s’intensifierait avec l’approche de son agresseur. Le jour de sa mort, Sir Veneziano ne l’avait probablement pas à son doigt et cela lui fut fatal. J’espère qu’elle vous sera d’une meilleure utilité en ces temps compliqués, ajouta-t-elle sur un ton théâtrale.  

Le plus important dans les bals duchéens était d’impressionner le plus grand nombre. Un cadeau unique et ostentatoire comme celui-ci suffisait à encrer la position de Vinche dans l’esprit des invités étrangers. De plus, la duchesse voulait signifier qu’elle n’oserait jamais s’en prendre au duc et à son duché. Elle s’éloigna ensuite après avoir salué à nouveau l’homme, accompagnée par le vieux thérianthrope. En atteignant la foule, un large espace se créa autour d’elle tandis que son escorte la rejoignait. D’un coup d’œil, elle repéra la position de l’elfe mercenaire à la chevelure rouge immanquable qui était sa prochaine cible.

Sleeslith ne se presse pas. A l'extérieur, elle prend son temps pour apprécier les jardins. Elle ne connaît pas les autres styles duchéens mais elle entend certains qui s'étonnent. Des labyrinthes? Pourquoi faire? Elle interroge donc un des invités locaux à ce sujet. Moins de traces? Mais de quoi parle-t-il? Que font-ils dans leurs jardins? Elle commence à s'interroger sur les moeurs locales et pose un regard différent sur les choses, un peu comme si elle tente de repérer en quoi cette infrastructure est installée comme un piège.

Puis la délégation entre dans le château et subit le choc visuel. Sleeslith doit cligner des yeux pour ne pas être littéralement éblouie. L'intérieur semble aussi suspect que l'extérieur. Elle avance encore plus lentement qu'à l'extérieur pour s'habituer à cet excès de faste et de luxe. Puis elle parle avec les siens tout en s'avançant. Elle s'adresse à eux dans leur langue natal, évidemment.

Parler en Eïlynstérien:

Après une laborieuse et douloureuse traversée du hall, la délégation arrive enfin dans la grande salle du bal. Sleeslith commence à s'y faire et s'attend au pire. Et ça ne manque pas. Il y en a partout. De trop et de plus et de j'en-rajoute-des-tonnes. Encore une fois, Sleeslith doit cligner des yeux pour s'habituer à tout ça. Un des invités locaux annonce que ça va bientôt être l'heure des présentations. La délégation s'installe silencieusement dans la foule. Sleeslith observe les personnes présentes. Il y en a beaucoup mais elle ne reconnaît personne. Elle cherche une personne en particulier et ne la trouve pas. A moins que ce soit tout cet or qui perturbe sa perception? Peu importe. Elle aura bien le temps de la retrouver après les présentations. Elle ne manque pas de noter la présence de nagas duchéens. Cela l'intrigue. Elle tentera d'aller leur parler plus tard.

Tandis qu'elle attend son tour, Sleeslith commence à laisser trainer ses oreilles et à écouter les premières rumeurs. Ainsi elle entend parler de Kyomi Matsuda, de Stephan Hahn et de Velouria Deltori. Des étrangers venus pour affaires 'officiellement'. Elle se demande jusqu'à quel point les rumeurs décrivent sa délégation comme venue 'officiellement' pour affaires? Puis on parle de personnalités importantes de la région qui se sont jointes au bal, comme Alvettra Artarrïg, Adrïelle Telüchi ou bien Alberto Rossi. Sleeslith en profite pour se familiariser avec les noms et les réputations des uns et des autres. Elle n'hésite pas à aborder et à en discuter avec quelques invités. C'est qu'il faut commencer à se mêler à la foule.

Puis tout le monde se tait. Des murmures à voix basse annoncent l'entrée du Duc. Sleeslith réajuste sa pose et se tient bien droite. Il est escorté par deux personnes qui le précèdent et sécurisent son arrivée. Sleeslith observe, ne dit rien mais n'en pense pas moins. Pendant le discours, elle entend des personnes rire. Apparemment le duc a fait un trait d'humour? Elle sourit poliment et observe ses compatriotes d'un air intrigué. Ils n'ont pas l'air d'avoir noté un trait d'humour non plus. Ca la rassure et elle se permet de sourire d'avantage.

Un page annonce le premier appelé et Sleeslith n'en croit pas ses oreilles. Quoi? Shiroi ici? Il faut qu'elle voit ça, ce qui ne devrait pas être bien difficile. A ce dont elle se souvient, il la dépasse d'une bonne trentaine de centimètres et il a de longs cheveux blancs. Elle voit alors un grand kitsune aux longs cheveux blancs et vêtu d'un style qu'elle reconnaît qui s'avance vers le duc. Mince alors. C'est bel et bien Shiroi. Sleeslith sourit agréablement. Elle connaît au moins deux personnes en ces lieux. Bon, à ce dont elle se souvient de lui il n'est pas d'un abord très agréable et c'est ce qui la surprend de le retrouver ici mais peut-être que c'est l'occasion de le découvrir sous un autre jour. Plus abordable, peut-être?

Le deuxième nom lui dit rien mais il s'agit d'une duchesse, rien que ça. Et elle a mis le paquet pour attirer l'attention. D'ailleurs Sleeslith peut voir comment certains regards s'arrêtent sur les lignes et la peau si richement exposée. Encore une fois, Sleeslith ne dit rien. Ce n'est pas avec son style qu'elle attirera ce genre de regards mais à chacune son style après tout. D'ailleurs elle se demande comment va se présenter sa flamme jumelle. Elle a hâte de la voir.

Enfin elle entend son propre nom qui la saisit en plein milieu de ses pensées. C'est donc à son tour.

"La lieutenant Sleeslith Long-Caster, diplomate, et la délégation d'Eïlynster, si vous voulez bien vous présenter."

Sleeslith commence par adresser un signe de tête à ses camarades puis la délégation au complet s'avance, un total d'une huitaine d'hommes de statures différentes. Certains semblent plus taillés pour le combat physique que d'autres mais aucun ne porte d'armes lourdes, conformément aux règles du bal. Elle serpente en tête, droite et fière comme une eïlynstérienne, suivie par ces hommes au style assez proche du sien.

"Courage et gloire au duc d'Inveïs", introduit-elle dans un salut typique de son pays natal.
"C'est un grand honneur pour nous d'être invités ici en présence d'alliés estimables. Le bal est un moment de fête pendant lequel chacun peut rendre grâce à la vie dans la joie et la bonne humeur. C'est un signe de paix que nous respectons et apprécions."
Sleeslith se garde bien de dire que chez eux, les bals ont lieu seulement après avoir vaincu de puissants ennemis.
"Un moment pour tous de se rappeler ce qui nous motive lorsque l'adversaire tente de nous assaillir. La vie, le respect de tous, la joie d'être ensemble. Une joie dont je suis fière d'être l'invitée et dont la gloire resplendit sur notre hôte."
Sleeslith opine doucement vers Giovanni afin de joindre le geste à la parole avant de continuer. Heureusement qu'elle a reçu des conseils pour préparer son discours, le faste de ces lieux lui aurait inspiré autre chose de moins séant. Mais cela ne se voit pas. Sleeslith sourit aimablement et chaleureusement.
"Et pour marquer ce moment de réunion, nous vous apportons un signe de paix et de courage."

Sleeslith adresse alors un signe de tête à l'un de ses compatriotes, celui qui tient un large coffret au bois laqué et parfaitement uniforme. Difficile de dire ce qu'il contient de l'extérieur. Certains invités s'amusent à parier sur son contenu tandis que l'eïlynstérien s'avance vers le duc et ouvre le coffret pour lui présenter avant de le tourner vers Sleeslith. Elle tend les deux mains vers son contenant pour l'extraire et l'exposer à la vue de tous. On l'a informé sur les soupçons et les habitudes des duchés et, à travers ce geste, elle montre aussi que le cadeau ne comporte aucun poison ni maléfice puisqu'elle le touche.

Il s'agit d'un casque en or, d'une manufacture ancienne et elfique. Probablement le genre que portait les anciens elfes des temps perdus. Le style est unique et particulièrement travaillé. On peut y avoir des arabesques elfiques sculptés sur les côtés, d'anciens symboles dont la signification a été perdue depuis. Puis Sleeslith repose le casque dans son coffre.

"Ce casque a été arraché par nos meilleurs champions de l'un de nos ennemis. Car ce qui nous unit aujourd'hui c'est autant un moment de joie qu'une volonté commune de nous unir face à nos ennemis. C'est en signe d'espoir et de promesse que nos ennemis communs subissent le même sort que nous vous offrons ce précieux bien. Qu'il vous garantisse la même réussite que nos champions ont eu."

Sleeslith conclut sa présentation par une révérence gracieuse et s'en retourne parmi les invités, accompagnée de la délégation.

Kheizhidji était noyée dans la foule. Une situation qu'elle tolérait, étant donné sa place dans la société guère élevée en comparaison aux invités présents, mais c'était tout sauf une situation qu'elle souhaitait conserver. Il fallait qu'elle se démarque pour gagner en réputation et en échelons dans l'estime sociale de ce monde. En attendant, elle fixa ses mireilles vert pomme vers les invités d'exception qui se présentaient... Le représentant d'une duchesse, la duchesse de Vinche tout autant. Que des noms pompeux et connus qui prenaient la place de la belle Nagate d'une manière qui ne la plaisait guère. Elle avait l'impression que tout cela n'était pas assez moderne, pas assez neuf, et que ces hauts placés ne faisaient que se graisser la patte dans un mouvement répétitif et circulaire.

Puis vient à la vue de tous la Lieutenante Eïlynsterienne et sa délégation. Kheizhidji se calma aussitôt. La vue de sa flamme jumelle tarissait ses ardeurs de jalousie et de critique, alors qu'elle l'écouta s'exprimer en public avec prestance et clarté. Elle était fière d'elle. Une fois qu'elle eut fini, dans le battement entre le départ de Sleeslith et le prochain appel, elle lui envoya un signal émotionnel pour lui transmettre ces quelques mots directement à son âme ;

Magnifique. Tu les a tous impressionnés. Une fierté à mes yeux et ceux de ta nation, sans aucun doutes.

Elle n'en dit pas davantage. Quoi qu'il en soit, la lieutenante a pu percevoir une bribe du cocktail d'émotions tournoyant dans la tête de la Lamia. De la jalousie, de l'ambition, de la méprise... Mais surtout de la fierté, de la sérénité induite et une bonne dose de bonheur lié à la présence de l'Eïlynsterienne.

Vient le moment, après quelques présentations toujours plus lamentables -aux yeux de la lamia-, l'appel des petites gens. Encore une situation qu'elle n'appréciait guère. Mais il fallait s'y faire, alors quand les commerçants singuliers ont été appelés, c'est avec un groupe de gens de toutes origines, tous habillés à leur manière -et souvent pseudo riche pour imposer leur bourgeoisie commerçante-  que la lamia prit les devants. Elle s'avança avec le groupe, prenant rapidement la première place sans pour autant se détacher, serpentant une grâce sans nom, mesurée et unique. Cela mettait en valeur sa tenue, une tenue décrite plus tôt, les mouvements de son corps se mariant avec la danse des voiles et l'éclat des bijoux d'ors dont elle était parée.

Ce fut une fois devant le duc que, maîtrisant l'art de l'étiquette et de la représentation, elle effectua une révérence, merveilleusement bien réalisée, à sa manière. C'est à dire avec un respect des plus profonds, sans jamais heurter les mœurs, tout en s'accordant une originalité propre à elle. Et surtout, quelque chose qu'elle détestait, paraître pompeuse. Loin de là. Un spectacle, oui. Une représentation de son corps et de sa présence se voulant unique et exceptionnelle sans attirer la sensation de réchauffé.

Elle se redressa par la suite, détachée du groupe alors qu'elle avait prit le premier tour de présentation, se tenant là devant lui, seule. Là où plusieurs commerçants sont collaborateurs ou accompagnés de porteurs, apprentis ou animaux transportant leurs marchandises, elle était totalement seule. Elle énonça alors ces mots, d'une voix portée, audible, et pourtant guère agressive, à l'intention du Duc.

Grand Duc Esperancia, je vous salue. Je me nomme Kheizhidji Qinyarus, aussi connue sous le nom de Madame Qin. Je possède plusieurs établissements de consommation en Ikhyld et, depuis très récemment, en Akkaton, où se tiennent régulièrement des cabarets et représentations pour le plaisir de chacun.

Elle marqua un instant, glissant une main sous ses voiles pour accéder à une sacoche ne faisant guère tâche dans sa tenue. Elle s'avança alors légèrement vers lui pour lui tendre ce qu'il semblerait être une bouteille de verre correctement et joliment scellée mettant en évidence la présence d'un liquide transparent.

Voici le présent que je vous fais, bien que je connaisse les craintes liées à la boisson, je suis certaine que vous saurez en prouver l'authenticité et la qualité. Il s'agit d'une rare bouteille provenant de la meilleure distillerie de Baiju de la province d'Ikhyld. Là où votre plaisir est le mien, cet alcool est un breuvage faisant le bonheur de bien des hautes statues de l'Empire.

Elle se délesta de son présent lorsque la personne associée à cette tâche vint le lui enlever, joignant alors ses mains devant alors qu'elle s'incline légèrement, chaque mouvement étant calculé avec un naturel propre à elle pour flatter et respecter avec panache. Elle ajouta peu après, à l'intention du Duc,d'un ton calme et posé, renforcé par l'assurance de la Lamia ne perdant pas la face devant cette représentation publique, tenant ce dernier en haleine pour se donner du crédit de temps sans ne jamais l'ennuyer.

Je souhaiterais par ailleurs vous demander audience, en privé, pour apprendre à se connaître, partager mes savoir faire et discuter de potentielles ambitions que nous pourrions avoir.

Elle n'en ajouta pas davantage, marquant un temps alors que son tour était terminé, serpentant jusqu'à la suite du Bal pour retrouver les premiers passés, cherchant Sleeslith du regard.

D’autres invités affluaient. Peddyr les observaient simplement, sans darder trop longtemps son regard sur eux. Après tout, il était un Duc maintenant, il y avait quelques convenances à appliquer pour se distinguer… Distinguer est un bien grand mot d’ailleurs. Lui qui avait été mercenaire durant tant d’années… Parmi les nouveaux venus, il crut à nouveau reconnaître quelques visages familiers, qu’il avait déjà croisé dans le cadre de missions qui avaient exigés la présence conjointe de bien des mercenaires ; dans de rares missions qui nécessitaient d’user réellement de sa lame. Et il crut reconnaître quelques individus bien plus haut placés dans le mercenariat et le commerce. Comme quoi, d’avoir roulé sa bosse lui épargnait presque d’être perdu dans les retrouvailles festives ducales comme ce Bal. Mais ces gens étaient bien présents, c’était que les enjeux étaient importants, bien plus conséquents qu’on ne pourrait le croire. Enjeux économiques, enjeux politiques… Bien des choses pourraient découler de cette soirée.

Puis, vient le Duc Giovanni en personne. On sentait déjà à son arrivée sa prestance et l’importance de pas s’en faire un ennemi ; surtout au vue de la situation actuelle dans les Duchés. Il prit la parole, avec un timbre de voix qui vibrait d’enthousiasme et apportant bien l’intérêt qu’il y avait derrière ce bal, outre de consolider les alliances pour lutter contre les forces de Teïder, ou d’en créer de nouvelles. Peddyr Thelrand devra trouver une opportunité pour en faire partie, pour répondre à ses désirs d’avenir pour son Duché ; et plus encore.

Puis, il fut temps des présentations. Chaque convive attendaient qu’on énumère son nom pour venir présenter leurs hommages devant le Duc d’Inveïs. Le premier à être appelé était l’émissaire de la duchesse de Sarrasi. Le vieux mercenaire ne put s’empêcher de doucement sourire. Sarrasi ne pouvait se permettre d’être absent lors d’évènements importantes, surtout quand cela touchait de près les Duchés même. Peut être qu’il devrait faire la connaissance de son émissaire durant cette soirée. Puis, la file des présentations se poursuivit.

Vint le tour de la Duchesse de Vinche. Là, aussi, Peddyr ne put s’empêcher de sourire. Le bal n’avait pas entamé ses premières danses que bien des choses promettaient.

Ce fut ensuite au tour une représentante de la nation Eïlynsterienne qui vint faire ses hommages auprès du Duc humain avec les autres membres de sa délégation. Elle paraissait presque à son aise. Cette personnalité naga devait maîtriser parfaitement les protocoles. Puis, une autre consœur de cette naga prit place devant l’hôte des festivités. Sur le coup, Peddyr avait cru qu’elle était une autre partie de la délégation précédentes, avant d’entendre le nom de cette dernière et ses possessions. Des établissements de spectacles qu’elle énonçait donc….au vue de sa présence ici même, à ne point douter, elle visait une clientèle de la haute société… Peddyr connaissait quelques lieux destinés à du plus bas de gamme, mais ils avaient tous des similarités : on pouvait y trouver des soins discrets pour passer des contrats plus ou moins légaux et bien d’autres choses encore qui permettaient d’éviter d’attirer le regard des autorités sur certaines affaires…Mais peut être que le vieil épéiste présumait trop de choses. Cette Dame nagate était sûre d’elle, car elle était venue seule.

''Messire le Duc d’Ardnath, Ashan Teros ", annonça-t-on enfin.

Peddyr crut entendre quelques murmures après l'énoncé de son nom ducal. Guère étonnant pour les personnes qui
connaissaient l'histoire des Duchés des vingt derniers années jusqu'à maintenant. Mais il n'en eut cure et s'approcha du duc Giovanni. Il le salua dignement en s'inclinant comme il le fallait.

''Gloire vous soit rendue, Grand Duc Esperancia. C'est un immense honneur d'être présent à vos festivités et j'espère m'en montrer digne. Mon épée est vôtre pour combattre l'ennemi honni de nos contrées. Permettrez moi de vous offrir ce présent... ''

Il présenta un fouloir de soie noir plié avec soin, qu'il prit le temps de défaire sereinement, révélant une magnifique chevalière argentée, finement ouvragée et sertie d'une obsidienne polie et parfaitement régulière à ses bords taillées

Spoiler:

''... Cette chevalière a été fabriquée tout récemment, spécialement pour vous. Elle n'a donc pas de passé glorieux, mais passé à votre doigt, elle pourra commencer à marquer l'histoire. Elle saura vous protéger de toute agression physique par l'invocation d'un bouclier aérien. Une simple pensée, même par réflexe, saura retenir le poing ou la lame qui tentera de vous atteindre. ''

Ce n'était qu'un cadeau basique, mais qui pouvait avoir son utilité, quand on connaissait les tendances très politico-offensives de certains ducs. Puis Peddyr se permit de murmurer de manière un poil plaisantin.

''Et si vous saviez à quel point je suis un piètre danseur, contrairement à vous....vous n'allez pas manqué de cavalière si je rejoins le milieu de la danse... ''

Les présentations continuaient sans un accro et la jeune femme faisait semblant d’y trouver un intérêt alors qu’elle gardait un œil sur sa prochaine cible. Après la présentation d’émissaires d’Eïlynster, elle fit un signe à l’un des hommes de sa garde qui s’éclipsa discrètement dans la foule. Reportant son attention sur les invités qui défilait devant le duc d’Inveïs, elle ne reconnut que peu de visages parmi les émissaires des pays étrangers. Ce n’est que lorsque les derniers invités, les moins importants, furent appelés sur l’estrade, que le soldat qu’elle avait missionné se retrouva à ses côtés. Il lui tendit un beau verre remplit d’un liquide rouge foncé, aux sous tons rosés, qui ressemblait à s’y méprendre à un bon vin du cru. Suite à son empoisonnement, son état n’étant pas optimal, le médecin lui avait vivement conseillé d’éviter l’alcool. Les ragots allaient bon train dans les Duchés du Sud et s’il était évident qu’une personnalité telle que la duchesse évite l’alcool, certains auraient pu conclure qu’elle attendait enfin un successeur. D’autres, qui en voulaient à son intégrité, ne pourraient qu’aiguiser leurs armes à cette nouvelle. Tout ceci ne pouvaient que lui faire du tort ; autant rester discrète. De plus, si quelqu’un avait le culot de lui poser la question, elle expliquerait qu’il s’agissait d’une simple précaution supplémentaire après l’attaque qu’elle avait subi, attaque qui avait déjà fait le tour des Duchés plusieurs mois auparavant.

Elle but une gorgée du jus de raisins de qualité supérieure et se redressa pour retrouver du regard la crinière rousse de la mercenaire. C’est à ce moment-là que les présentations se terminèrent. Peut-être que si la duchesse y avait porté un peu plus d’intérêt, aurait-elle reconnu un visage familier qui semblait la suivre dans toutes ses aventures. Mais, elle ne l’avait pas fait et ne s’en inquiéta pas le moins du monde. Tandis que les différents groupes d’intérêts se dispersaient aux quatre coins de la pièce ou s’avançaient vers les jardins, la duchesse s’avança d’un pas décidé vers la mercenaire qui faisait la conversation à plusieurs barons et baronnes duchéens.

   - Mesdames baronnes, messieurs barons, puis-je vous emprunter cette « jeune » elfe pour converser du bon temps des conquêtes de mon ancêtre Ilfrido, paix à son âme ? Merci bien, dit-elle alors qu’elle s’éloignait déjà du groupe sans leur laisser le choix de la réponse.

Tout en s’écartant des oreilles indiscrètes alentours, s’approchant d’une baie vitrée ouverte sur les jardins, Maria sirota un peu son verre sans alcool avant de se tourner vers son interlocutrice, un sourire amical sur le visage. Les premières notes de musique s’élevèrent non loin des deux femmes, ce qui suffisait à couvrir les bribes de leur conversation. Elle fit un signe de la main à son escorte de soldats pour qu’ils s’éloignent tandis que le grand thérianthrope lui tourna le dos, s’écartant d’un pas de politesse mais tout en restant très proche de la duchesse.

   - Ma Dame Telüchi, il y a fort longtemps que nous ne nous étions pas rencontrées ! Comment allez-vous ? Les affaires sont bonnes pour la compagnie des "assiégeurs de Fridio" ? Avez-vous déjà repéré quelques clients potentiels ce soir ? Peut-être des étrangers intéressés ? Engagea-t-elle la conversation sur un ton courtois mais familier, un peu comme pour une parente éloignée à qui l’on devait un certain respect.

Peddyr s’était attendu à un peu plus d’hypocrisie dans les paroles du Duc Giovanni. Mais une partie de son intervention paraissait sincère. La petite plaisanterie faite quand à ses compétences de danse, le Duc s’était prononcé plus sérieusement. Le vieux mercenaire s’était incliné poliment pour son avis de la mise à disposition de son « épée ». Au moins ce détail ne serait pas oublié par Giovanni, malgré ses dires que tous les Ducs étaient tous égaux. Cela demeurait vrai mais quand la situation n’était pas tendue entre les Duchés. Là, pour ce grand et magnifique Bal, tout le monde était égal l’un à l’autre… mais ce n’était qu’illusion, qu’on se gardait bien de déceler, bien entendu

’’Ce sera un honneur de pouvoir converser avec vous et de parler d’un épisode partagé que j’ai pu partagé avec votre prédécesseur.. dès que vous le souhaitez, après les danses…’’

Car étant l’éminence à l’honneur pour ce Bal, Giovanni ne pouvait pas se dérober quand à ouvrir les danses en entrant en scène en premier. Cela laisserait un peu de temps à Peddyr de comment aborder la future discussion avec le Grand Duc. Car lui-même ne se rappelait plus guère de choses conséquentes de cette époque. Quelques fragments demeuraient encore dans sa mémoire, il faudra juste trouver les bonnes clés pour les ouvrir. Mais l’heure n’était pas à cette possible angoisse de futures conversations. Déjà Giovanni s’était déjà lancé dans une invitation avec un des éminents invités.

Peddyr avait été dans l’idée d’aborder discrètement la Duchesse de Vinche, qui paraissait être souvent sur le fil de sa route de Duc « revenu à la vie » . Mais des festivités comme celle-ci la pousseraient d’abord à trouver des ententes et des trames intrigantes pour préserver ses terres. Tous les Duchesses et Ducs présents n’étaient pas là pour s’enivrer où juste pour le plaisir de festoyer ; peut être un ou deux rares cas qui s’accommodaient simplement de profiter du moment pour manger et boire gratuitement.

Cherchant dans la foule soit quelque chose à boire mis à disposition par des plateaux tenus à bout de bras par des serveurs, ou alors de croiser une tête connue, ce fut lui qui fut abordé. Il sut reconnaître une des sujettes de la Duchesse Sanglante. Avec sa tenue, on ne pouvait que reconnaître à qui elle avait son allégeance. La Capitaine Deltouri, s'il avait bien entendu son nom durant les présentations fut aussi directe et prompte que sa Duchesse Pirate. Peddyr s'en rappelait que trop bien. Il ne se formalisa donc pas de son approche. Après tout, un membre pirate ne perdait pas de temps en blabla et allait droit au but. Et à voir son sourire qui sentit la mise au défi.... Et dire que pas que de peu de temps avant, le vieux mercenaire avait énoncé être un mauvais danseur... Il allait devoir se tenir à ses dires pour ne pas se ridiculiser.

D'un sourire limite amusé, pour donner le change à la Capitaine Elfe, il tendit sa main pour l'inviter à aller danser.

"Je crois qu'elle n'oublie personne qui croise son chemin. Comme moi, je ne l'oublie pas. Un petit tour de danse en votre compagnie ne m'effraie pas. J'espère seulement être capable de vous suivre tout en arrivant à converser avec vous, chère capitaine. Je ne vous garantis pas d'être un beau danseur, vu que j'ai énoncé à notre hôte de marque que j'en étais un piètre. Mais ce n'est pas cela le plus important, n'est ce pas ? ''

Une fois qu'elle aurait mis sa main dans la sienne, il la mènera au milieu des autres danseurs pour la laisser ensuite mener le petit ballet, tout en se préparant à entendre ce qu'elle avait à lui dire....

Même si les mœurs Ikhyldiennes étaient assez ouvertes, celles des Duchés poussaient la chose bien plus loin en effet, probablement même plus loin que l’empire Akkatonien, donc la proposition du duc ne choqua pas grand monde dans la salle, certains se demanderaient peut-être s’il avait proposé cela au kitsune car il trouvait celui-ci « agréable » au regard, mais rien n’était moins sûr…

Et la manière dont Shiroi arriva à aborder cela, sans se déconfire et en faisant la gestuelle nécessaire, avant ensuite d’entamer la danse avec Giovanni sans difficulté, ce dernier était d’ailleurs très bon danseur, lui vala peut-être un peu d’estime du duc ? Difficile à dire, mais en tout cas ce dernier glisserait avec sympathie à Shiroi.

« Des nouvelles de la belle dame Nakajima ? Bien entendu, son duché n’est pas éloigné du miens après tout et nous apprécions autant les armes, que les minerais issues des montagnes recouvrant son domaine. » Néanmoins on pouvait difficilement dire s’il était hypocrite au sujet d’Osami ou sincère, il écouta quoiqu’il en soit avec attention et respect les propos qui suivirent de Shiroi, avant de relancer…

Ce avant de glisser un peu taquin.

« Un ami de longue date nommé émissaire et pas du pays ? C’est du copinage ou je ne m’y connais pas. » Mais de rajouter quand même indulgent. « Blague à part, il n’y a rien de mal à décrocher un bon post grâce à ses relations, c’est comme cela qu’on va loin, vous devez déjà le savoir… Passé un certain stade, le simple « mérite » ne suffit plus. »  Visiblement l’homme était plutôt réaliste, voir très pragmatique à ce sujet. Tellement qu’il ne manqua pas d’ajouter ensuite…

« Elle désire donc l’aide de mercenaires ? Je pourrais en effet parler en sa faveur et faire des promesses à certaines compagnies locales ou de passage, pour qu’ils lui offrent leurs services à moindre coût. Vous lui direz que cela me convient, même si nous devrons discuter des détails... » Il émettra alors un sourire amusé, puis ajoutera.

« Et sinon, vous qui n’êtes pas encore pleinement duchéen, comme trouvez vous ce bal ? Les petits fours y sont très bon et le vin doux au palais, je vous conseille d’essayer, quand aux autres invités. Eh bien dangers et opportunités se mêlent. Dîtes-moi, quel genre d’opportunités apprécierez vous avoir ? » Une question piégeuse ou peut-être sincère ? En tout cas, le duc semblait vraiment s’intéresser à lui pour le moment...


La très belle mercenaire elfique qu’interpella Maria, émit un sourire accueillant, quoique teinté d’une légère surprise quand elle constata que la Duchesse de Vinche avait désirée l’aborder en première. Visiblement, elle se demandait pourquoi elle en première, mais bon après tout elle représentait une compagnie de mercenaires de légende, ce qui l’expliquait déjà en partie…

Quoiqu’il en soit elle suivit Maria sans interrogation particulière, si ce n’est une certaine prudence de bon goût, avant de sembler légèrement pensive aux paroles que lui adresse la descendante d’Ilfrido le conquérant. Puis de glisser avec politesse et une sincère amabilité.

« Il y a longtemps en effet, mais telles sont les aléas de la vie de mercenaire, voyager et beaucoup. Pour ma part je vais bien, quant à la compagnie, les temps actuels sont encore plus dorés que d’habitude au niveau financier… Quant aux clients, beaucoup en effet, les étrangers moins malheureusement, disons qu’ils ont tendance à préférer ne pas surenchérir nous concernant. »

Jetant un regard aux alentours, l’elfette finirait alors par ajouter avec complicité.

« Pourquoi ? Cela vous intéresse ? Et vous très chère ? Votre Duché se porte t-il bien ? J’ai entendu dire que vous aviez eu des, complications récemment, mais de ce que je vois vous vous en êtes remise à merveille. » En somme elle était bien informée, mais était-ce si étonnant ? D’ailleurs elle finirait par ajouter un peu à regret.

« Malheureusement notre compagnie de mercenaire comme vous le savez, est une compagnie de combat, mais aussi spécialisée dans le domaine du siège, néanmoins si vous le désirez nous pourrions vous proposer quelques soldats pour renforcer votre garde rapprochée ? Nos arbalétriers sont capables d’abattre un faucon en plein vol à trois cent mètres, je doute qu’un assassin leur soit hors de portée. » Peut-être exagérerait-elle leurs talents ? Ou peut-être pas...


La capitaine elfe renvoya un sourire un peu sûr d’elle et amusé lorsque Peddyr accepta son invitation en lui tendant la main, ainsi il désirait danser avec une pirate, mais aussi une elfe ? Il était certain que la chose allait être mémorable pour lui, quant à savoir si ce serait dans le bon ou mauvais, cela le vieux duc le découvrirait bien assez vite.

Elle prendra donc la main du vieil humain, ce avant de glisser avec amusement.

« Il y a bien des choses qui sont importantes qui ne le paraissent pas et inversement, vous le savez mieux que moi, n’est-ce pas duc ? Mais soit, j’essayerai d’être gentille, après tout je ne cherche pas à me faire un nouvel ennemi, j’en ai bien assez... » Sur ce ils iraient donc sur la piste de danse, et menant celle-ci, l’elfette qui le faisait avec une certaine élégance, quoique sans beaucoup de fioritures et en laissant l’humain s’adapter, glisserait avec plus de sérieux.

« La duchesse sanglante vous a aidée comme vous le savez et comme vous le savez aussi, rien ne se fait en ces contrées, sans que l’on attende un quelconque remboursement en retour, à court ou long terme. Remboursement que vous n’êtes pas encore capable de rendre ? De ce que je comprend. Mais des arrangements peuvent se trouver, et j’aimerai vous en proposer un... » Visiblement elle était du genre à aller droit au but, mais bon Peddyr ne s’en plaindrait probablement pas ? Elle achèvera donc de dire, avec gravité.

« J’ai des amis, menant leurs « affaires » qui auraient besoin d’un lieu de refuge pour celles-ci. Oh je me doute que vous vous doutiez le genre d’affaires que ça peut être. De la contrebande surtout, qui sait ? Ils sont même prêt à vous fournir un paiement en échange de votre silence. Une belle proposition vous en conviendrez ? » Les ducs faisaient des fois des marchés plus malhonnêtes que ça après tout...

La danse se poursuivit donc sans contrainte car il fallait avouer que même si Shiroi n'était pas habitué à être guidé lors de danse avec un partenaire, naturellement le duc s'était adapté au Kitsune. Sans mal et parmis la foule qui les avait rejoint Le futur duchéen au alur d’étranger malgré sa tenue parfaitement adaptée à la situation, les deux hommes tournoyaient calmement en rythme tout en discutant.

« Et bien dernièrement il est notable que la dame c’est trouver un époux de marque, un haut placé d’Ikhyld, après tout l’amour n’as pas de frontière et puis les origine et connaissance d’enfance reste forcément fortement intriqué en nous. »

Shiroi riait donc au taquin Giovanni qui avait réagi à sa présentation qui, il fallait l’avoue, vue de la part des duchéen n’avait sans doute rien de surprenant mais pouvait totalement manquer de mérite. Apres tout, lui-même ne s'était pas retrouver favoriser à une telle place à Inveis pour avoir connu le précédent duc… Le Kitsune trouvait la blague quelque peu amusante du point de vue de l’hypocrisie ou plutôt qu’il trouvait que tout celà était mal amené mais il poursuivit sans mal, non pas pour se justifier mais simplement partager son ressenti sur la chose.

« Certes, après il est certain que je ne cherchais aucunement ce genre de rôle, mais dison que Osami sait manier les chose pour les arranger comme elle l’entend, elle est bonne parolière et en tant qu’ami, je ne pouvais lui refuser une tel demande. Bien entendu, je ferais de mon mieux pour m’intégrer le mieux qu’il soit, que ce soit en vous rencontrant ce soir, ou en me présentant aussi à certains autres invités. »

Comme à la manière d’un pas de danse suivant le soubresaut de la musique qui pouvait changer de tempos, le sujet sautat alors à nouveau. Cette fois-là, le duc accepta donc parfaitement la demande qu’avait faite Shiroi. Par ailleurs, il ne ressentis pas le besoin de revenir sur la question de son côté, le sujet avait été clôturé aussi vite qu’il avait été ouvert. Oui, il verront pour les détails plus tard, ce genre de discussion ne pouvait être mûrement réfléchis au milieu d’une valse ou que sais-je. Un nouveau changement de tempos fit rebondire de nouveau la discussion pour en savoir plus sur le ressentis par rapport à la soirée, après tout il n’était pas surprenant pour un hôte de vouloir le meilleur pour ses convives, ce qui formait un parfait rebond en rapport au dernier mots prononcés par l’émissaire de la duchesse. Sans doute était-ce pour sonder encore et toujours messir Tamashimoru, mais très justement encore et toujours, il se voulait des plus honnêtes. Admettre que le duc était plus malin et plus au fait de ce genre de rapprochement politique était un bon point de départ, et comprendre celà, Shiroi l’avait très bien perçus et donc compris également qu’il n’était pas en son intérêt de mentir sous peine d’être probablement trop facilement démasqué tout en perdant le peu de confiance qui avait attiré le grand duc à danser avec lui.

« Il est évident que côtoyer duc et duchesse qu’il en soit de ma réputation ou de celle de madame Nakajima serait parfaitement préférable. En outre, connaître autant de monde que possible m’offrirais le plus de cartes pour jouer un bon jeu… Vous rencontrerez auras été une excellente opportunité mais aussi un plaisir, converser avec vous plus longtemps qu’une danse serait vraiment interessant…. Quoi qu’il en soit vous êtes un excellent danseur monsieur. »

La réponse de l'elfe se fit engageante et amicale, ce que Maria accueillit avec gratitude. Cette réponse en bonne et due forme laissa place à une vive curiosité concernant la duchesse, ce qui ne parut pas lui déplaire. En effet, qui dit curiosité, dit intérêt et donc un temps considérable de gagner dans sa quête d'informations.

   - La cité se porte bien mieux depuis que je me suis débarrassée des nuisibles les plus impertinents. Mais vous savez comme c'est. Si on ne s'attaque pas directement au nid, ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne se multiplient et reviennent vous importuner de manière inattendue. Bien que je sois au meilleur de ma forme, je pense investir dans un chat. Lui, au moins, saurait s'infiltrer dans leur trou pour tous les dévorer... Ajouta-t-elle sur un ton glacial. Auriez-vous une race en particulier à me conseiller ? Continua-t-elle avec un grand sourire entendu.

Tout en aérant d'une main, le verre qu'elle tenait, elle se retourna un instant pour observer la foule.

- J'ai quelques amis qui seraient fortement intéressés par une garde rapprochée, dit-elle en insistant sur le mot "ami". Les temps sont durs pour la majorité des duchéens. Déjà en temps normal, les routes commerciales ne sont pas les plus sûres du monde. Ces teïderiens n'ont pas fini de nous mettre des bâtons dans les roues. Au sens figuré comme au sens littéral, conclut-elle sur un petit rire.

Son regard fut attiré, comme beaucoup d'autres dans la foule, par le couple qui s'imposait sur la piste de danse. La jeune femme ne sut pas dire s'il s'agissait de la beauté exotique du kitsune, ou de la curiosité intense qui l'envahit un court instant de s'approcher pour écouter la conversation que celui-ci avait avec le maître de ces lieux. Elle se détourna, feignant le désintérêt pour le petit peuple, pour voir si la réponse qu'elle avait donné à la mercenaire avait fait mouche.

Peddyr n'aurait eu aucune raison de refuser la danse, que sa partenaire temporaire aux festivités soit une humaine ou une elfe. Il était sans doute moins xénophobe que bon nombre de Ducs et Duchesses présents ; et qui se gardaient bien d'afficher ce trait de pensées durant ce grand Bal. Cela serait mal pris de toute façon...La Capitaine pirate avait donc pris la même de l'ancien mercenaire, pour se préparer à rejoindre les autres couples qui se mouvaient déjà au rythme de la musique joués par l'orchestre d'excellence choisie par le Duc Giovanni.

D'une oreille attentive, Peddyr avait é entendu les paroles dites non sans un ton d'amusement de la part de l'Elfe. Elle marquait déjà un point sur l'importance des choses qui n'apparaissaient souvent pas comme telles, et le sens contraire l'était tout autant... A cela, il ne marquait aucune réaction, même si intérieurement, il était bien placé pour connaître ce genre de chose. Lui même avait été dans ce genre de jeu durant bien des années. Et maintenant, il devra de nouveau composer avec. Par contre, il ne laissa pas échapper un détail :

''Je ne crois pas que la Duchesse Sanglante serait ravie d'apprendre que son émissaire ait fait un faux pas, par maladresse...J'essaierai d'éviter, pour ma part, de devenir votre ennemi en agissant comme un piètre danseur qui ne saurait pas éviter de vous marcher sur les pieds...''

Il n'y avait aucune menace dans le ton, aucun sous entendus. Il tenait juste à ne pas demeurer dans le mutisme face à la conversation de la donzelle elfique qui promettait déjà d'être très enjouée en sa compagnie.

Une fois sur la piste de danse, Peddyr laissa pleinement liberté à la capitaine aux oreilles pointues de mener leurs mouvements pas à pas. Après tout, il devait passer pour un danseur guère doué. Normal non, pour un vieux mercenaire comme lui ? Heureusement, paraissait raide et un peu pataud en comparaison de l'elfe, il respecterait ses paroles dites auprès du Grand Duc et il donnerait toute la splendeur à la capitaine. Les choses importantes apparaissaient souvent comme à l'inverse de ce qu'elles étaient n'est ce pas ?

Durant leur danse, la capitaine pirate reprit les rênes de leur discussion, entrant dans le vif du sujet. Prompte et directe était la naissance d'une possible proposition. Peddyr analysait chacun des mots qui sortirent des lèvres de la femme-elfe.

''Je n'ai pas oublié que j'ai une dette envers la Duchesse en effet. Et je suis encore en vie pour répondre à ce devoir....Et avant d'apporter mon accord, j'aimerai bien établir l'étendue de ce que vous proposez....''

Dans les Duchés, bien des choses se négociaient de manière officiellement, mais aussi de manière plus ou moins illégalement. Peddyr devait jouer prudemment, même s'il n'était pas enthousiaste à l'idée de mettre le doigt dans ce genre d'engrenages souterrains...

''Je veux être certain que ce que vous demandez, c'est bien pour le compte de la Duchesse et pas pour répondre à vos intérêts personnels, ou ceux de vos ''amis''...''

Il suivit le mouvement gracieux de sa partenaire, la laissant prendre en compte ce petit point qu'il voulait éclaircir.

''Et si c'est bien pour le compte de la Duchesse, je désire avoir les ''détails'' de leurs affaires. Bien que je sois Duc, même que tout récemment, je tiens à ce que mes gens ne se retrouvent pas à subir les conséquences de ma possible acceptation...vous conviendrez que d'apprendre qu'on malmène des femmes ou des hommes de mon duché, voir pire, ne seraient pas de mon goût... car protéger ce qui doit être absolument protéger quoi qu'il en coûte... vous conviendrez, cela n'est pas bon pour les affaires... surtout quand cela laisse des taches trop visibles....''

Peut être qu'au fond de lui, il était prêt à devoir jouer à de drôles de jeu de contrebandes et on en passait... Mais pas au détriment de ses gens, ca c'était certain. Pas après avoir qu'ils aient eu à subir des années d'usurpation....

''Après, je pourrai comprendre que je n'ai pas à savoir les détails de ces affaires... soit... mais dans ce cas, je refuse d'emblée du commerce de vivants....Pour le paiement, nous verrons... Il faut déjà voir quels sont vos arguments ''commerciaux...''

Giovanni sourira avec une certaine compréhension concernant le cas de dame Nakajima qui avait épousé un ami d’enfance, se disait-il après tout qu’en tant qu'Ikhyldienne d'origine, il était normal qu’elle écoute peut-être un peu plus les élans de son cœur, que le duchéen moyen ? Du moins, que le grand bourgeois des duchés moyen, après tout ces derniers étaient à leur façon, une espèce à part… Ce avant de glissé amusé.

« Un mari qui n’est guère un mauvais choix au niveau politique d’ailleurs, quoique certains de ses voisins risquent de regarder pendant un certain temps cette union avec méfiance. Vous vous doutez après tout que les duchés, apprécient que nos deux voisins impériaux, ne prennent pas trop de place chez nous… » Il disait cela du ton de la confidence amusée, mais visiblement avec bonne humeur, sincère ou feinte ? Ce avant d’ajouter avec cordialité.

« On m’a parlé du caractère bien trempé de la duchesse Nakajima, qui est tout à son honneur, après tout gouverner demande du tempérament. Donc je ne doute pas qu’elle s’attende à ce que vous soyez compétent, je ne doute pas aussi qu’elle serait capable de vous faire passer un sale quart d’heure si votre petite mission diplomatique échouait ? Amicalement j’entends. » Puis, laissant la danse se faire, le duc qui visiblement s’y connaissait, était-ce vraiment étonnant ? Reprendrait.

« Vous êtes un excellent danseur aussi, ma foi… Nous avons encore le temps sinon de discuter un peu ? Juste d’un dernier sujet, j’avais justement une question à vous poser très cher. Que pensez-vous des duchés ? » Ce demandé, d'un ton assez complice.

Shiroi avait sinon noté quelque chose, précisons-le, à force de danser avec Giovanni, la précision des pas de ce dernier et la dextérité dont il faisait preuve, lui faisait penser à un excellent épéiste, détail mineur, mais sans dote un peu révélateur sur son partenaire de danse ?


La mercenaire duchéenne écouta donc avec attention et respect les paroles de la duchesse qui parla aussi bien de sa cité, que de divers intérêts qui pourraient être les siens. La mercenaire, glisserait alors amusé, concernant les chats qu’elle pourrait acheter.

« Oh, je connais bien d’excellents chats, ils ne sont pas bon marché, mais je doute que pour vous ce soit vraiment coûteux, vous êtes si riche après tout ma dame. Le genre que certains de vos collègues, emploient pour traquer les souris Teïderiennes... » Proposait t-elle des espions professionnels ou assassins spécialisés en contre-espionnage ? Difficile à dire, mais aucune des deux possibilités ne serait étonnante, après tout l’emploi de tels « travailleurs indépendants » posait rarement le moindre souci moral aux hautes personnalités duchéennes, d’autant plus quand la nécessité semblait se faire sentir à ce niveau...

« Une garde rapprochée ? Nous pourrions en effet fournir ce genre de services, même si évidemment nous ne pouvons détacher qu’une partie de nos effectifs pour cela, mais sans doute que vos amis seront appréciateurs de nos services… Quant à vous très chère, je suppose que nous devrions continuer cette conversation dans un cadre légèrement plus, privé ? Les jardins du manoir sont idéaux pour cela... » Visiblement, l’elfette s’imaginait que Maria voulait parler de détails un peu sensibles ? Et donc qu’il vaudrait mieux s’isoler pour cela, la duchesse allait-elle la détromper à ce niveau, ou le confirmer ?

La mercenaire quant à elle sinon, était attentive au reste de la salle, comme le serait une guerrière prête à se défendre en cas « d’évènement imprévu », une qualité très appréciable pour ce genre de personnes, mais bien entendu son attention était en dehors de cela totalement dédiée à la duchesse.


Les duchés n’étaient pas une terre connue pour leur xénophobie en soit, au contraire les duchéens étaient très « ouverts », même si rassurons-nous, ils compensaient cette xénophilie pragmatique, avec bien des défauts, mais il serait trop long de les lister, même si cupidité, égoïsme et manque de scrupule fréquent, y avaient une bonne place.

La capitaine pirate, quoiqu’il en soit dansait habilement et sans guère malmener son partenaire, sans doute que cela rassurait assez ce dernier ? Ou bien qu’il y attendait de toute façon, après tout il serait inconvenant pour un duc d’être mit en maladresse… Une capitaine qui écoutera avec attention les réponses du vieil humain à ces propos, ce avant d’ajouter ensuite, sans doute avec une certaine audace…

« Cher duc, je ne suis peut-être pas la créature la plus bienveillante qui ait jamais arpentée ces terres, mais rassurez vous, je suis loin d’être aussi rancunière qu’un nain à qui on aurait rasé la barbe… Il en faut plus, pour devenir mon ennemi, cela et puis avoir pour ennemi un duc, même récemment revenu au pouvoir, n’est jamais un avantage. »

Puis, il avait donné son avis et en partie ses conditions, par rapport à la proposition de l’elfette. Ainsi, il n’était pas fermé à l’idée ? Elle n’avait pas vraiment l’air surprise par cela, au contraire elle esquissa même un sourire amusé avant de glisser.

« Allons bon, notre duchesse a interdit l’esclavage en ses contrées, je vous rassure, je ne pratique pas un tel commerce, mais j’apprécie de voir que vous faîtes partie des gouvernants en ces terres, qui ne l’estiment point. » Avant d’ajouter, un peu plus sérieuse. « Cela va dans le sens des intérêts de la duchesse, mais aussi des miens et de mes amis très cher, en ces terres il serait naïf de croire que les subordonnés ne s’accaparent pas une partie du gâteau, mais je vous rassure. La duchesse sanglante est au courant de ce potentiel arrangement, n’hésitez point à le lui demander d’ailleurs... » Avant de reprendre avec réflexion.

« Alors, c’est donc de la contrebande que nous aimerions faire. De produits luxueux surtout, je ne vous donnerais pas les détails de comment nous les avons obtenus pour que nous ne soyons pas imités, mais rassurez vous, il y a surtout eut des pots de vin dans l’histoire… Des produits tel la soie d’Ikhyld, du vin de Vinche, du sucre Akkatonien, que nous comptons aussi bien acheminer dans d’autres duchés, qu’à l’étranger, votre duché servirait donc de, point de passage en quelque sorte, pour eux. Cela nous arrangerait bien, car si nous n’avons pas à craindre de descente de vos mercenaires, nous pourrons y établir des entrepôts assez stables et payer une taxe… Officieuse évidemment. » En somme, Peddyr fermait les yeux sur quelques entrepôts discrets remplies de biens luxueux de contrebande et il serait payé en échange. Sans doute des biens issues de quelques activités de piraterie du duché pirate ? Ou de commerce plus innocent avec l’étranger...


La championne orc qui semblait attendre dans un coin, finira au bout d’un temps, par s’approcher de la lamia, plus connut sous le nom de madame « Khei », ce d’une démarche calme, mais assez martiale, témoignant en plus de la physionomie très musclée de cette colosse, que c’était une combattante fière et robuste, mais aussi bien entraînée. L’orc s’arrêterait à quelques mètres alors de la lamia, la regarderait un peu de haut en bas, d’un air neutre. Ce avant de finir par demander poliment, en semblant visiblement réfléchir à comment elle devait formuler la chose. Sans doute car elle n’était pas habituée à user de langage raffiné au quotidien ?

« J’ai entendu parler de vous, il paraît que vous êtes marchande d’informations, mais aussi d’opium et diverses activités de divertissement ? C’est un de mes collègues gladiateurs qui était allé dans un de vos établissements au cours d’un de ses voyages, qui m’a parlé de vous, il était plutôt positif à votre sujet. Mais c’est plutôt la partie « information » qui m’intéresse, et je n’ai pas forcément que de l’argent à proposer en échange. » Visiblement l’orc était plutôt franc jeu et direct, mais bon c’était assez commun, même si pas systématique de la part de ce peuple. Elle finirait quoiqu’il en soit par dire, calmement, après avoir vérifié que personne d'autre n'écoutait.

« En vérité c’est une sorte de partenariat que j’aimerai proposer, en échange d’informations diverses, je peux vous « aider » à vous établir à Vinche à l’avenir si vous désirez. Autant en parlant de votre établissement à ceux intéressés, qu’en m’arrangeant pour que la « formalités administratives » ne soient pas trop compliqués. Je n’en ai pas l’air, mais j’ai une certaine influence... » Restait donc à voir, si elle avait captée l’intérêt de la lamia ?

Les festivités avaient débuté, et certains avaient déjà trouvé un cavalier. Kheizhidji, quant à elle, s’était écartée de la zone de danse pour faire un peu le tour de la salle. Il y avait du monde, certains plus intéressants que d’autres, une partie occupée et quelques uns attaquant déjà le buffet à disposition. La lamia parcourait son regard vert pomme, imperturbable, sur l’ensemble des invités autour d’elle en glissant au sol pour s’avancer. Elle prenait très probablement de la place avec sa longue et lourde caudale serpentine, en tout cas plus qu’un bipède, mais elle fit en sorte de ne pas en être dérangée par cela, forcément habituée par sa condition depuis bien longtemps.

Sa petite balade sans trouver quelqu’un finit par attirer le regard d’une Orque mercenaire, de toute évidence, qui s’arrêta pour toiser la commerçante avant de lui adresser la parole. De son agilité serpentine, elle fit volte-face avec une infinie douceur, se tordant légèrement dans le mouvement pour se tourner avant de faire face à son interlocutrice en lui attribuant un sourire des plus magnifiques. Elle s’approcha alors d’elle en prenant une posture apte à la discussion, dans un coin tranquille de la salle, plantant son regard grand ouvert dans celui de la mercenaire.

C’est bien là que résident mes compétences, en effet, je suis bien heureuse d’apprendre que ma réputation se fait entendre outre nations, bien que cela ne reste que du bouche à oreille.

Elle resta dans une posture des plus correctes, avant de tendre une oreille très attentive aux dires de l’Orque.

Eh bien, nous pouvons considérer cela sans grand souci. C’est un partenariat qui sera assez rigoureux et profitable pour nous deux, dans le sens où j’ai besoin de m’installer pour vous fournir des informations, et que ces informations me permettront de m’installer.

Elle marqua un petit temps avant de poursuivre.

De toute évidence, ce sera un partenariat à long terme, où nous échangerons nos capacités mutuelles petit à petit pour atteindre nos objectifs à long terme. Quoi qu’il en soit, je suis intéressée. Je suis toute ouïe pour tout ce que vous souhaitez me dire de plus, à moins que vous ne préférez un lieu plus réservé.

En entendant la suggestion de la mercenaire, la réponse de la duchesse ne se fit pas attendre. Il était certain que si leur conversation se prolongeait dans la salle de bal, elles finiraient par attirer plus d'attention que nécessaire, peut être même que certaines oreilles pendaient dans leur direction bien plus que le naturel ne devrait laisser paraître. A la suite de sa réponse affirmative, un large thérianthrope apparut au bras de la frêle jeune femme. Bien sûr, le visage de l'homme n'était pas méconnu de l'elfe, au contraire. Peu importait la réaction de celle-ci, elle ne s'en formalisa pas. Après leur discussion sur l'état du duché de Vinche et de sa santé, il était évident que la duchesse n'allait pas se promener seule dans des jardins à découvert.

Le couple emboîta donc le pas de la mercenaire pour se diriger vers les larges ouvertures qui donnaient sur les jardins. Ces derniers, qu'elle avait traversé pour atteindre la salle de réception, étaient loin d'être aussi fastueux que la majorité des jardins ducaux des cités du Sud. Ils étaient même bien loin d'atteindre le niveau de ceux du manoir personnel de Maria. Cependant, il y avait une certaine élégance dans toute cette retenue. Elle ne serait pas étonnée que les invités allochtones de ce soir ne trouvent que des compliments à émettre à ce sujet.

Le soleil disparaissait paresseusement à l'Ouest et une douce chaleur régnait encore dans les allées des jardins. En s'approchant des premiers bosquets fleuris, une odeur sucrée enivra l'odorat du trio. Par chance, un large banc de pierre blanc se trouvait à quelques mètres de là, à l'abri d'un arbre aux larges branches feuillus. Tandis qu'elle s'y installait et déposait son prétendu verre de vin au sol, son garde du corps s'écarta du duo féminin, à une distance suffisante pour intervenir en quelques secondes mais poliment hors de leur espace vital. Ils n'étaient pas les seuls à se promener à l'extérieur, mais la majorité se trouvaient à l'opposé d'eux.

Elles n'étaient évidemment pas assez naïves pour croire que chacune n'était pas suivi d'un groupe respectivement de camarades ou de soldats protecteurs. Une partie de la garde de la duchesse l'entourait à une distance minimale, se fondant discrètement dans le décors. Probablement que le soutien de la mercenaires et ceux-ci se regardaient en chien de faillance.

   - Pourquoi ne pas parler plus librement de ce que vous pouvez me proposer dès à présent et à quel prix ? Evidemment, ne me sous estimez pas, je connais les prix du marché, et j'en ferais de même concernant vos aptitudes et votre réputation, ajouta-t-elle en rouvrant son éventail devant son visage afin de ne laisser apparaître que l'expression de ses yeux.

Il était temps de commencer la négociation.

Peddyr n'avait pas besoin d'être rassuré, il se montrait prudent et veillait à ne pas se montrer trop bon danseur pour contredire ses dires lors de sa présentation devant l'hôte de leur soirée. Ce serait malvenu de se faire déjà remarqué pour un élément aussi futile....En se montrant, comme on le soulignait, prudent, il demeurait de ce fait un peu en alerte, prêt à esquiver une attaque venue d'en face.... mais quelle intérêt aurait la pirate aux oreilles pointues de le planter d'une lame dans les côtes ? Elle serait perdante d'emblée et si elle l'avait réellement voulu, elle aurait sans doute bien avant. Bon, de toute façon, le vieux mercenaire ne se perdait pas en conjectures, sinon, il manquerait de devenir paranoiaque immédiatement. Heureusement, hormis Mère Prudence qui l'accompagnait, il n'apparaissait pas si gauche à chaque pas de danse qu'il faisait. Sa partenaire arrivait à rattraper les quelques maladresses possibles.

L'échange reprenait, et la pirate répondait toujours avec cette témérité propre aux femmes qui savaient ce qu'elles voulaient. Peddyr ne put s'empêcher d'avoir un étrange sourire à ses lèvres.

''C'est bon à savoir. Et je vous rassure, il y a pire que vous ou un nain qu'on aurait sérieusement malmené en terme d'épilation capillaire forcée... ''

Il avait déjà combattu des morts-vivants... donc la pirate ne se retrouvait pas au fond des pires créatures du monde. Et encore, si on y rajoutait Teïder, elle était bienveillante en comparaison des gens de cette nation !

Maintenant, il était temps de parler affaire et le tout sans que des oreilles trop proches ne viennent à les entendre. L'Elfette pirate répondit assez rapidement, démontrant là une certaine franchise. Quand on parlait argent, les pirates naviguaient rarement en eaux troubles pour ne pas se retrouver à court de butin et de retours, surtout quand on parlait de contrebande. Ce genre de commerce, s'il était pérenne, était une source de revenu à ne pas négliger ; pour les deux parties qui en profitaient.

''Très bien. J'ai au moins les réponses à quelques points. POur ce qui est d'assurer donc le stockage de vos denrées, je peux le faire avec des entrepôts que vous ''louerez'', et la taxe officieuse serait à prendre comme une taxe supplémentaire. Vous savez, un genre de forfait de passage....ou un élément équivalent. Ainsi, comment cacher ce qui est justifié de manière normale ? ''

restait à voir si cela conviendrait à la pirate. Après tout, discuter affaires commerciales demandaient parfois un peu de négociations... et Peddyr demeurait léger en entrée pour voir ce qu'il aurait en retour. Lentement mais sûrement.