15 Décembre de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

Cela faisait quelques mois que Sigismond avait été nommé grand inquisiteur par son dieu, pour remplacer le précédent grand inquisiteur et d’une certaine manière, la responsabilité était pesante pour lui, mais aussi satisfaisante. Après tout il devenait l’un des grands émissaires de son dieu en ce monde, chargé de la pureté spirituelle du royaume et du châtiment des hérétiques, deux tâches qui évidemment demandaient le plus grand sérieux pour êtres menées à bien. Et qui évidemment ne toléraient que peu l’échec, car il avait la gestion de tout le corps inquisitoriale, allant de la chasse simple aux hérétiques, à la traque de créatures impures ou la rééducation de ceux à l’âme vacillante, mais pouvant êtres sauvés.

Quoiqu’il en soit cela impliquait aussi de fréquenter l’élite du royaume, autant pour certaines collaborations, que parce que son nouveau rang impliquait justement qu’il en faisait partie. Même si grand inquisiteur ou pas, Sigismond n’avait pas du tout un mode de vie aussi faste que les laïques de haut rang Teïderien, ceux qui n’étaient pas du clergé donc. Bonnenfant disons vantait davantage un mode de plutôt austère et modeste, détaché des plaisirs matériels futiles et de la richesse vaine.

Néanmoins, il ne jugeait pas pour autant le faste de la cour royale qui après tout, par son existence devait montrer la puissance et la gloire du royaume de Teïder. Il ne convenait pas qu’un roi vive comme un mendiant… D’ailleurs en parlant de roi, il avait un rendez-vous avec le roi, plus ou moins en privé aujourd’hui, même si évidemment la garde royale n’était jamais vraiment loin. Sans doute pour parler de diverses choses concernant la direction du royaume ou bien la gestion des hérétiques divers. Voir peut-être quelques projets ? Peut-être, restait juste à voir dans quel cadre le roi avait décidé de recevoir le grand inquisiteur, qui s’était rendu seul et non sous escorte, jusqu’aux portes du palais royal.

Le jeune souverain terminait de lire un parchemin, d’où y était inscrit certaines informations propre à la gestion de son royaume. Nous n’allons pas rentrer dans les détails, car ce n’était pas là la tâche prioritaire qu’attendait de régler le représentant sur Teïder du Père de la Souffrance. Quand on lui annonça l’arrivée du Grand Inquisiteur, il avait quitté la lectures des dernières lignes de son parchemin pour regarder droit en direction de l’accès à la salle du trône et donc ; à sa personne royale. Il ordonna qu’on fasse entrer le venu. Sigismond Bonnenfant, son Grand Inquisiteur, se présenta, seul. En homme intelligent qu’il était, il était venu sans escorte, pour éviter de jouer d’autorité sur son Roi, ou encore d’afficher une certaine crainte silencieuse de se faire tuer par un des servants obéissants du Roi. Qui sait… peut être pour autre chose… mais ce n’était pas là les songes du jeune homme. Il avait à cœur bien d’autres sujets.

Une fois que ‘’l’invité’’ s’était approché et avait suivi le protocole quand on se devrait devant l’éminent dirigeant du royaume, Zmeï, avec son sourire glacial, prit la parole.

’’Grand Inquisiteur Bonnenfant, cela fait presque une éternité que nous nous sommes vus. Chacun de nous étant occupés à répondre aux attentes de Notre Père, il est difficile de trouver un moment bien à nous pour converser d’affaires en Son Nom, n’est ce pas ? ‘’

Et encore, le Roi avait largement de quoi s’accorder des libertés ; certaines même qui lui permettait de voir ce qui se jouait loin de son regard et de ses oreilles.

’’Comment se portent vos importantes fonctions, très cher ? je ne doute pas que cela vous accapare au point d’accorder que peu d’heures de sommeil, tellement qu’il y a de choses à faire, à résoudre….Car, j’ai eu des retours assez désagréables sur l’efficacité de nos espions… Pour vous rassurer, je cherche déjà à comprendre à qui incombe la faute, avant d’attribuer une Juste Punition…. À moins que vous soyez déjà en train de chercher la cause, j’aurai souhaité savoir pourquoi certaines frontières sont devenus de véritables passages de libre accès à notre royaume ? ‘’

Son sourire s’étendit, presque prédateur.

’’Certains hérétiques se plaisent à venir tâter de l’orée de nos marais pour voir comment nous réagissons… quand ce ne sont pas des immondices volantes qui se baladent en toute impunité, comme un dragon…..’’

Il laissa un moment de silence, juste de quelques secondes, histoire de mettre un semblant de pression.

’’De ce fait, il semblerait que certains des espions font assez mal leur travail...’’

Bonnenfant fut donc mené vers son roi, à qui il adressa les salutations d’usage, qu’un grand inquisiteur devait adresser à son roi, avant d’écouter celui-ci avec une grande attention. Ce avant de répondre avec un calme zèle.

« Nos devoirs sont en effet si grands et nombreux votre majesté, notamment les vôtres en tant que souverain de notre sainte contrée, qu’il est des fois difficile de se dégager du temps pour autre chose. » Et il ne le disait pas vraiment du temps de l’homme qui aimerait avoir plus de temps libre pour les loisir par exemple. Sigismond n’était disons pas le genre bon vivant… Ni du genre à profiter des plaisirs que pouvaient offrir l’existence, non, pour lui sa vie avait un but et il l’y consacrait exclusivement, la cause de son dieu en ce monde…

Puis, l’austère homme reprendra, plus sinistre.

« Je fais mon devoir et c’est ce qui importe votre majesté, ma petite personne n’est rien par rapport aux aspiration du seigneur, et le bien être du royaume. Quant à nos espions… Même si notre service de renseignements est le meilleur du continent, il y a toujours des traîtres et des taupes, ainsi que des incompétents. Je suppose que les premiers doivent souffrir et disparaître, tandis que les derniers… Profiteront d’une leçon enseignée par la souffrance et la peine. » Après tout, l’incompétence pouvait se soigner, en frappant et sermonnant assez fort… Sur ce, Sigismond ajoutera, impitoyable.

« Désirez vous votre majesté, que je débusque quelques traîtres et incompétents et fasse des exemples ? Le bûcher et la roue pour les premiers, la honte et la douleur pour les seconds ? Forgés par l’épreuve et un juste châtiment, ils deviendront de meilleurs serviteurs de votre volonté. » Après tout, c’est dans la peine, dans la souffrance, dans l’épreuve qu’on apprenait ? Quoiqu’il en soit, il se permettrait sinon de conclure avec calme.

« Dois-je aussi rappeler la chance qu’ont nos agents, d’avoir un tel rang ? Un rang pour lequel ils ont endurés et éprouvés, et que tant d’autres aimeraient obtenir. » Après tout, être espion à Teïder était une façon de se hisser socialement… Le salaire était très bon, on obtenir le statut social de serviteur de l’état et on pouvait aspirer à aller encore plus haut. Clairement, les espions n’étaient pas les personnes les plus à plaindre de leur société.

Le jeune souverain aurait pu prendre aux mots les dires du Grand Inquisiteur. Oui, il savait qu’il avait des devoirs et il ne pouvait que les assumer. Être sur le trône ne signifiait pas s’amuser, même s’il se l’avouait intérieurement et avec délices, que de prendre la voie des airs sur le dos de son Drake était un bon moyen de se libérer un peu de ses royales tâches. N’était-il pas le Roi du Royaume de Teïder, servant le Père des Souffrance ? De toute manière, quand il venait à quitter le royaume, ce n’était pas simplement qu’un caprice. Il y alliait des observations lors de ses virées aériennes, quelques formes de petites ‘’balades’’ le long de la frontière…. Il lui arrivait même de se battre pour montrer que les Teïderiens n’étaient pas des couards et n’appréciaient pas qu’on vienne chez eux sans y avoir été invité. Les impudents qui ne demandaient pas cela ne méritaient pas de demeurer libre…. Et en vie en fonction du niveau de leur sale audace….Bien entendu, le jeune homme ne pouvait pas être partout pour s’assurer que tout se déroulait comme il le fallait. Et il en pouvait bien entendu pas prendre la place de ses sujets pour des besognes et des travaux qui contribuaient à la préservation et à la gloire du Royaume, pour leur Dieu Adoré…. D’où cette conversation avec le Grand Inquisiteur…. Et maintenant, à lui de prendre la parole.

Pendant qu’il s’amusait à tortiller une de ses longues mèches avec son index, il dardait toujours un sourire prédateur.

’’Je trouve toujours un peu de temps à consacrer pour Notre Père à Tous, même si cela se montre un peu oisif. Chaque pensée, chaque parole se doit d’être voué au Père de la Souffrance. Vous le savez tout comme moi mon cher. Mais passons, ce n’était qu’un détail en comparaison de ce que je veux régler au plus tôt. Vous le dites vous-même. Nos avons un excellent système d’espionnage, mais il commence à se gangréner de l’intérieur… Et cela, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser ces choses se pérenniser et nous engluer de la sorte. Donc, oui, j’exige que ces épineux troubles à la Volonté du Père soient retirés de notre Flanc….’’

Il fallait attraper les responsables et en fait un exemple qui marquera les esprits. Il fallait montrer que même les traîtres et les incapables à la nation servant dans l’espionnage ne pouvaient pas agir en toute impunité. Nul n’était à l’abri du regard du Très Haut.

’’Vos idées ne manquent pas de panache, mon cher… mais pour prévenir toute nouvelle infection au sein de leurs rangs, il faut se montrer plus… intransigeant. S’il ne tenait qu’à moi d’appliquer les mesures, tous y passeraient… Mais nous ne pouvons nous permettre de perdre certains éléments qui ont juste besoin d’un peu de motivation, n’est ce pas ? Bien. Pour les traîtres, je vous suggère de rajouter l’écartèlement à la liste. La souffrance doit être présente jusqu’au bout, dans le prix à payer de se vendre à l’ennemi honnis. Pour les incompétents, pour peu que ceux-là s’avèrent être des vrais incapables et pas des simulacres, je vous laisse agir. Je sais qu’entre vos mains, ils sauront vite retrouver le droit chemin. ‘’

Et ces hommes là avaient intérêts à vite revenir sur la voie de Teïder. Car une chance offerte était un cadeau de valeur…. Il n’existait pas de seconde.

’’J’aimerai que tout cela soit fait dans les plus brefs délais. Avec la situation que nous avons avec certaines nations impures, la moindre faille peut nous coûter très chère… plus tôt tout ce petit monde sera débusquer et plus rapidement nous aurons un service de renseignement d’une excellence redoutable…. Bien… mon cher Sigismond, en parlant d’espionnage, avez-vous des nouvelles de cet Estien qui avait réussi à nous échapper ? ‘’

« Une purge donc ? Il faut séparer le bon grain de l’ivraie, c’est d’une grande sagesse votre altesse. » Dira Sigismond stoïquement concernant la volonté du roi, une bonne idée en effet à ses yeux, une purge aurait l’avantage de corriger les « égarements » de certains, mais aussi de permettre de remédier à certains problèmes que rencontraient le service d’espionnage du royaume actuellement, ce avant que ces derniers n’affectent son efficacité, après tout la loyauté des agents était essentielle à son bon fonctionnement…

Et Sigismond comprenait ça d’autant plus qu’en tant que grand inquisiteur, il avait autorité sur un organe de renseignement, certes particulier car sous l’autorité directe de l’église du seigneur de la peine, mais aussi habilitée à d’autres missions, mais où la loyauté des agents était évidemment essentielles.

« Recruter de bons agents est en effet difficile, les meilleurs n’ont pas fautés, mais si l’homme était un être parfait, je suppose que le seigneur ne nous aurait pas imposer cette existence pour nous éprouver. L’écartèlement sera donc ajouté à le peine des traîtres, ils se montreront ainsi utiles en servant d’exemple, à défaut de l’avoir été autrement… Quand aux autres, je verrais. » Dira t-il en hochant la tête, ce avant de préciser. « Je ferais mon rapport quand la purge sera terminé votre majesté, je vous assure que suite à celle-ci, nos services de renseignements connaîtront une nouvelle jeunesse. » Après tout, se débarrasser des éléments indésirables n’était jamais une mauvaise chose, n’est-ce pas ? Pour le reste… Visiblement le roi voulait aborder le sujet d’un certain estien.

« N’ayant pas eu le temps de m’occuper personnellement de son cas depuis ma nomination, j’ai tout de même eut la prévenance de tâcher de la faire surveiller. Notre estien reste la majorité du temps au sein de la nation aux murailles, où il est intouchable, mais il lui arrive des fois d’en sortir, c’est là qu’il faudra sans doute frapper pour le capturer à nouveau. » Après tout, Eïlynster était une gageure à infiltrer, même pour Teïder, mais était-ce si étonnant ? Les deux pays étaient ennemis jurés depuis si longtemps après tout… Sigismond conclurait d’ailleurs par un calme.

« Les Eïlynsteriens sont d’ailleurs encore plus vigilants qu’à leur habitude depuis que nous avons fait marché une partie de nos forces vers le Sud votre altesse, je ne serais pas étonné qu’ils finissent par se montrer audacieux, je ne serais pas aussi étonné que le fugitif soit des leurs si cela arrivait... » Autant dire, que ça pourrait être une opportunité en effet.

’’Vous comprenez très vite ce que je désire, mon cher. ‘’ fit le jeune souverain avec un grand sourire satisfait.

On pourrait ainsi penser qu’il appréciait que ses sujets réfléchissent comme il l’espérait… ou alors était-ce un compliment pour le féliciter ? Qui sait… dans la tête d’un roi tel que Zmeï, tout était possible. De toute façon, Sigismond était un bon élément et pour l’instant, il arrivait à remplir ses tâches et ses missions auprès de lui pour la Grâce du Très Haut. Faire la purge dans les rangs des espions et de leur hiérarchie ne sera pas chose aisée, car il faudra veiller à garder l’efficacité présente au plus haut niveau, tout en supportant la réduction d’effectifs temporaire et la pression royale qui pèserait sur les épaules.

’’l’Homme peut être parfait tant qu’il reste dans le droit chemin. Bien des choses écartent les esprits faibles de la bonne Voie. Il est de notre devoir de les rappeler à l’ordre ou d’écarter les brebis galeuses pour pas qu’elles empoisonnent les autres. La perfection est un but ultime à atteindre. Notre Père l’a prévu pour nous depuis très longtemps. A nous de travailler et de progresser pour l’atteindre. Ne sommes-nous pas ses Enfants ? Un enfant apprend continuellement, pour s’approcher de la perfection. Un jour nous l’atteindrons mon cher. Mais nous avons tous du chemin à parcourir. Et nous sommes quelque peu ralenti par certains ouailles qui oublient leurs places…Je vous fais confiance quand à rappeler aux ‘’perdus’’ ce qu’ils ratent… ainsi que pour le reste ‘’

Sigismond ne pourrait que réussir ce travail. Ce n’était pas compliqué, pour un servant de leur Dieu. Et il était loin d’être un débutant.

’’Voilà quelques petites nouvelles réjouissantes et s’il s’amuse à sortir hors des murailles, c’est qu’il n’est pas au courant de mon désir d’avoir sa tête. Très bien… il faudra pourtant accélérer les choses. Si les Estiens viennent à décider de se mêler de nos affaires sur les frontières où nos soldats combattent, ce serait quelque peu… déplaisant. Mais vous avez raison…. Ils vont se montrer audacieux et manquer de commettre une erreur qui pourrait leur coûter. Mais pour cela, il ne faudra pas louper la moindre opportunité, infime soit-elle. ‘’

Le jour où la muraille eïlynterienne tombera, leurs terres ne seront plus que cendres pour servir de linceul à leurs cadavres….

’’J’ai déjà hâte vos rapports, mon cher Sigismond….. pour satisfaire notre Père…Il va être si généreusement gratifier de la souffrances des traîtres….’’

Sigismond hocha la tête, au compliment, du moins si c’en était un, du roi. Ce sans en ajouter, ni fanfaronner, après tout même si Sigismond n’était guère craintif, apeuré, comploteur ou fourbe, il se doutait qu’il valait mieux s’il voulait continuer à exercer ses tâches, avoir les faveurs du souverain. Ce dernier était un homme dangereux après tout, mais aussi exigeant, ce avec justesse. De plus, l’inquisiteur ne tenait pas non plus à se comporter comme certains courtisans bien trop obséquieux, qui voulaient s’attirer à tous pris les faveurs du souverain, par un quelconque excès de flatterie.

« Cela est juste votre altesse, je ferais de mon mieux soyez en certain, pour être un bon berger. » Ajoutera t-il sinon stoïquement, en usant d’une métaphore qu’il trouvait sans doute très juste, après tout pour lui ils ne se comportaient ni comme des tyrans ou des fanatiques trop zélés. Mais plutôt comme des bergers devant guider un troupeau et qui d’une certaine manière, agissait pour leur bien. En vérité, Bonnenfant n’était sans doute même pas un homme sadique, étant donné qu’il ne faisait souffrir que quand cela entrait dans le cadre de son « devoir », guère donc le profil d’un sociopathe, mais si clairement il n’avait pas une empathie très développée…

« S’il était au courant de votre désir de le voir mort, je pense que cet hérétique tremblerait et plus jamais, n’oserait mettre le pied en dehors de son maudit pays. » L’inquisiteur se permettrait néanmoins de dire. « Les Eïlynsteriens nous haïssent autant que nous les haïssons, ils savent respecter les grands guerriers, mais nous ne sommes que pour eux l’ennemi éternel. Je me demande même comment ils appréhenderaient ce monde, s’ils ne nous avaient pas à disposition. Au moins, ils ont un but, contrairement à cette vermine décadente duchéenne. » Puis hochant la tête, Sigismond finirait par demander.

« Votre altesse, j’aimerai sinon quérir, un service personnel si vous me le permettez… » Attendant d’en recevoir l’autorisation, Bonnenfant finirait par demander ensuite.

« Il est sut que vous êtes l’un des meilleurs cavaliers drake du royaume votre majesté et je m’intéresse particulièrement à l’idée d’à terme chevaucher des créatures volantes, ce pour mener plus efficacement mes missions, mais aussi pouvoir m’occuper d’adversaires aériens. Ce serait donc pour vous demander, quelques enseignements à ce sujet. Après tout en tant que grand inquisiteur, il convient que je représente une menace plus importante pour mes ennemis, à niveau individuel. » Et quoi de mieux par exemple, que chevaucher une vouivre pour cela à terme ? Même si évidemment, ce ne serait guère pour tout de suite...

Zmeï était assez satisfait. Sigismond était un homme puissant, qui occupait un poste doublement important, qui pourrait être capable de remettre en question les décisions du souverain, voir pire, remettre en doute sa légitimité au trône…Mais heureusement, l’Inquisiteur connaissait sa place et ne pouvait que chercher à toujours s’améliorer, pour répondre à la Volonté de leur Père à tous. Il aurait osé se mettre à l’égal du Roi, mal lui aurait pris de contester en personne le désir du Père de la Souffrance de le voir diriger le royaume.

Par contre, le jeune homme eut un rictus à ses lèvres. Cela ne dura qu’une seconde, malgré son sourire hautain.

’’A t’entendre, tu ressentirais du respect pour eux ? Sous prétexte qu’ils savent faire preuve d’honneur ? ‘’

Ses dents blanches apparurent à ses lèvres qui se retroussaient en un sourire plus dangereux. Tel un prédateur, il montrait les crocs, prêt à mordre pour corriger ce qui sonnait faux à ses royales oreilles.

’’On dirait que tu les considères également comme des brebis égarés. Je ne pourrai te donner torts pour tout être humain qui n’a pas encore compris l’Illumination de notre Dieu à tous. Mais ne crois pas que les Estiens peuvent faire preuve de rédemption, tous autant qu’ils sont. S’ils avaient eu la moindre once d’honneur, il y a longtemps qu’ils nous auraient rejoint, au lieu de nous repousser dans nos marais. La preuve est ce prisonnier qui a tué certains de nos propres frères pour nous fuir. Mais passons. J’espère que tu ne les admires pas pour qu’ils sont. J’en serai quelque peu… dépité. ‘’

Heureusement, ce n’était qu’une simple petite erreur de jugement, aux oreilles du Roi. Il pardonna déjà à Sigismond dans mot dire…. Il aurait été dommage de priver de ses missions l’un de ses meilleurs Inquisiteurs le temps d’une séance de rapprochement avec le Père de la Souffrance !

Puis, Bonnenfant aborda un autre sujet.

’’Un service ? Je t’écoute…..’’

Tiens donc, lui aussi voulait embrasser les airs pour se montrer plus terrible encore ? Hum… pourquoi pas après tout.

’’Il y a un avantage certains à posséder un drake, ce qui te rendrait plus efficace, sans nulle doute. Mais les Drakes sont des créatures de fort caractère. Te sens-tu apte à t’imposer à un d’entre eux, eux qui sont de redoutables carnassiers de base ? Tu es impitoyable, mais il faudra te le montrer plus encore, tout en trouvant le juste milieu pour ne pas totalement briser la bête…. Un prédateur acculé et oppressé ne devient pas un bon auxiliaire. Il cherchera plus à te fuir ou à te dévorer….Comprends tu cela ? Car la subtilité de la relation entre un drake et son cavalier est plus importante encore que de convertir un non teïderien à notre Dieu….Mais avant, il te faut avoir un œuf et ensuite, être présent à son éclosion…. Pour le marquer au premier regard’’

Sigismond n’était sans doute pas trop conscient d’une éventuelle possibilité de remettre en cause la légitimité ou dignité de son souverain, ou s’il en était conscient, s’en fichait bien. Ce n’était pas forcément le genre d’homme qui se posait beaucoup de questionnements politiques dans les faits. Et s’il en avait été au stade de remettre en cause certaines choses, ça aurait été vraiment grave car il aurait fallut d’excellentes raisons, pour un homme de foi comme lui.

« Je n’admire pas ces païens évidemment, ils sont forts en tant que guerriers, mais méprisables par bien trop d’aspects pour êtres dignes de mon estime. » Dira sinon Sigismond stoïquement, se disant que dans les faits il n’admirait sans doute pas grand monde sauf les élus du père de la souffrance, autant dire qu’admirer ceux opposés à son idéologie ou son culte, ce n’était pas vraiment à sa portée. Bonnenfant n’était pas non plus quelqu’un ayant le moindre recul sur sa façon de vivre ou de voir le monde. Il était probable, que le monde était soit tout blanc, soit tout noir à ses yeux, sans nuances possibles.

Pour le reste, il perçut que le roi n’était pas opposé à sa demande, d’apprendre grâce à lui à dompter et monter une redoutable créature, tels les drakes, ou vouivres aussi, des cousins proches de ces lézards géants et imposants. Après tout, un puissant inquisiteur comme lui gagnerait sans doute à un tel soutien en bataille…

Et puis, il était Teïderien, il savait fort bien que son pays possédant d’excellents cavaliers, dompteurs et que l’armée de sa nation appréciait l’efficacité d’une excellente cavalerie, ordinaire ou monstrueuse. Autant dire, que l’idée de devenir cavalier volant chevauchant une imposante bête, ne le rebutait point.

« C’est donc une histoire de force de caractère de juste mesure, savoir mater la bête sans la briser ? » Dira donc l’inquisiteur pensif, tel l’homme imposant sa volonté et sa domination à la nature ? Il trouvait là quelque chose de beau dans l’idée, mais aussi de fort juste. S’il voulait pouvoir chevaucher une telle créature, il allait devoir réussir à s’imposer à elle, il dirait alors.

« Je pensai en faîte, tenter quelque chose de plus difficile lorsque je m’en sentirais capables, essayer de dompter une vouivre déjà adulte. Je suis fort conscient néanmoins que cela exige une détermination sans bornes et d’immenses talents, mais ainsi je n’aurais pas attendre des années que la bête grandisse. » Cela s’était déjà vu, mais en effet c’était un sacré défi, imposer cela à une vouivre ou un drake sauvage était difficile, mais c’était possible. Néanmoins en effet, si Sigismond s’essayait à la chose, ce ne serait pas rien... « Dîtes moi votre altesse, votre drake vous respecte, ou est-il effrayé par vous ? Quel sentiment dois-je inculquer d’abord à ce genre de bête ? » Et il n’avait visiblement pas une vision très aimante de la relation entre un cavalier et sa monture...

Zmeï émit un petit rire.

''Tu me rassures, mon cher. J'ai eu un doute un bref instant. ''

Voir un de ses meilleurs inquisiteurs éprouver du respect pour les Estiens aurait été presque une ineptie sans nom, que même le Père de la Souffrance n'aurait pas apprécié. Mais heureusement, Bonnenfant était voué entièrement à leur Dieu. Le jeune souverain devrait peut être mener à un petit coup de sonde parmi les différents membres de l'Inquisition et des individus occupant de hauts postes. Personne ne devait admirer Eilynster, pour ce qu'elle était d'ordre général. Si le moindre officier, le moindre courtisant venait à éprouver quelque chose de contre-nature, il faudra veiller à le redresser dans le Droit Chemin. Il n'y avait pas de place pour considérer les Estiens autrement que des ennemis honnis, impurs et juste bon à l'éradication la plus totale.

Mais revenons à la discussion entre le Roi et son sujet.

''Une juste subtilité à trouver, en effet. Il est certain que cela n'est pas comme la torture apportée à un condamné à mort, vu que ton objectif est d'avoir une monture apte à t'obéir, à te protéger, tout en te respectant. Tu auras d'autant besoin de patience et de travail si tu désires dompter une vouivre sauvage, car je comprends la nécessité pour toi d'avoir rapidement une capacité d'attaque et surtout d'effroi... L'ennemi que nous combattons ne saurait attendre que l'Inquisiteur Bonnenfant materne un bébé vouivre pour le voir fondre sur lui...''

Il émit un nouveau petit rire, imaginant l'espace d'un instant son fidèle Inquisiteur s'occuper d'un bébé reptile à peine sorti de l'oeuf.

''Il me respecte, car il sait que je suis supérieur à lui, qu'il dépend de moi pour son alimentation, le soin de ses divers inconforts et de son ''antre''. Dans ton cas, pour ce qui est d'une vouivre adulte sauvage, tu devrais réussir à l'effrayer, juste assez pour ne pas la briser, qu'elle garde quand même un peu de hargne pour que tu puisses d'en servir. Il faut qu'elle comprenne que tu tiens sa vie dans ses mains et qu'elle va devoir dépendre de toi....Vois tu où je veux en venir ? ''

Sigismond comprenait qu’évidemment dresser une bête, ce n’était pas comme torturer un homme, ou torturer la bête que l’on désirait dominer, sinon les dompteurs et chevaliers seraient aussi d’excellents geôliers et bourreaux, ce qui n’était guère le cas. Après s’il avait dû en croire certains, la relation entre la bête et le cavalier devait être teinté de respect et d’une forme d’amour mutuel…

Une croyance qui n’était pas hérétique, mais qu’il trouvait stupide, même si visiblement ça semblait marcher pour certains naïfs, non lui croyait plutôt en la domination de l’homme sur la nature et par extension, du maître sur son animal ! Que la bête respecte son maître, qu’elle connaisse sa réelle place et y soit soumise. Car telle était la juste place de l’animal par rapport à l’homme, telle que voulue par leur seigneur !

« Mon désir en effet d’être le plus utile possible à ma nation et de participer à la lutte contre nos ennemis, aurait du mal à s’accommoder aux longues années de dressage d’une vouivre à peine sortit de l’œuf. » Ajoutera sinon l’inquisiteur calmement et pensif, en se faisant aussi la réflexion que de toute façon il préférait éviter de devoir élever une bête, cela demanderait une prévenance et une patience dont il était rarement capable quand il s’agissait du bien être d’un animal stupide.

« Je vois, il faut qu’elle sache que sans moi elle n’aura pas bien des choses qu’elle apprécie et qu’avec moi elle aura de quoi se nourrir, se soigner et s’abriter. Mais qu’elle sache aussi que je suis le maître et non le serviteur. Un mélange entre le bâton et la carotte ? Néanmoins, si je tiens à dompter une bête sauvage, il faudrait aussi que je l’empêche de trop aspirer à nouveau à son ancienne liberté… Je suppose que c’est là la difficulté d’une bête déjà sauvage, venant d’être domptée ? » L’inquisiteur sembla alors réfléchir, avant de demander. « Peut-être en lui faisant croire que sans moi elle est faible, mais comment ? » Après tout à ses yeux les animaux étaient avant tout des créatures primaires centrées sur leur propre survie...

''Il est vrai que le temps joue contre nous en ce moment avec bien de nos adversaires qui pensent être capable de nous résister. Plus tôt, on apporte la crainte et la peur dans les rangs des hérétiques et plus vite ils comprendront qu'ils devraient cesser leurs luttes inutiles....''

Mais il ne fallait pas précipiter les choses. Tout était question de patience aussi pour réussir à atteindre les objectifs. De patience, de volonté et de dévouement. Le Père de la Souffrance récompensait ses Enfants quand ces derniers arrivaient à leurs fins tout en restant dans la dévotion. Et là, avec les conflits qu'ils fallait mener, il faudra plus que de la dévotion..... Mais chaque chose venait en son temps. Point de précipitation, point d'actions hâtives... Sinon, c'était là qu'on perdait le plus... D'ailleurs, à cela, il le partagea avec son Inquisiteur


''Mais ne précipite pas les choses avec ta future monture. Ton désir de répandre le sang de nos ennemis est tel que tu pourrais aller trop vite dans l'entraînement et la compréhension mutuelle à avoir entre ta créature ailée et toi. La confiance est quelque chose qui se construit longuement et qui elle ne dispose pas des bases solides, peut se détruire pour un rien. Mais te connaissant, ce genre de choses n'arrivera pas. ''

Sigismond était bien trop consciencieux.

''Une bête sauvage se complaît dans sa totale liberté depuis sa naissance. Quand elle a passé des années à faire ce que bon lui semblait, voler où elle le souhaitait, sans contrainte, sans chaîne, sans obéir à d'autres hormis aux lois naturelles et de ses congénères, il faut comprendre qu'elle n'acceptera pas de perdre cette vie élémentaire. Et tu as compris l'importance de lui faire perdre ce goût de liberté là. Le mieux si tu vises une créature sauvage, qui même vient d'être dompté, il faut opter pour un individu qui n'est pas ni un soumis par ces propres congénères, ni un total dominant. Prendre une bête qui se trouve entre les deux, même si c'est assez rare. Je ne pense pas que tu cherches un volant totalement soumis de nature, car il ne te sera pas fiable. ''

Le Grand Inquisiteur était en tout cas sur la bonne voie pour dresser sa future monture. Restait de passer de la théorie à la pratique.

''Pour pas qu'une bête sauvage tout juste dompté aspire à un retour à la liberté, il faut répondre à ses besoins primaires. Montre lui que la nourriture, l'eau, les soins lui seront bien plus accessibles en fournissant bien moins d'efforts que dans la nature. Mais prends garde, le confort qui sera alors à la portée de l'animal pourrait le rendre plus paresseux.... Mais comme tu as le désir d'arpenter les cieux pour bouter les hérétiques hors de nos frontières, il faut donner goût à sa monture de se battre, pour qu'elle se dépense dans ce domaine là et pas dans la recherche de nourriture ou la sauvegarde de son propre territoire....''

Qu'il était dommage que bien des monstres n'étaient pas aussi faciles à dompter que certains humains....

Sigismond comprit bien qu’en effet, pour acquérir et discipliner une monture d’exception, il faudrait de la patience et du temps, heureusement donc qu’il n’était pas homme à pêcher par impatience justement, au contraire même. La fonction d’inquisiteur après tout nécessitait de savoir chasser, enquêter et réfléchir, pas uniquement de courir après les hérétiques ou de s’occuper de la partie répression. Surtout que, en général c’est aussi eux qui devaient débusquer les problèmes avant de devoir s’en occuper.

« La confiance ? Je vois, il est vrai que si je dois compter sur une bête pour combattre à mes côtés et possiblement me protéger, il faudra que je sois sûr qu’elle ne me trahisse pas ou que sa lâcheté animale ne l’emporte pas. » Dit-il sinon avec une sombre réflexion. Il est vrai après tout, qu’un animal pouvait être aussi peu fiable qu’un homme, voir pire, car l’animal ne vivait que pour se nourrir et se reproduire, si on ne lui offrait pas cela alors qu’un homme pouvait passer outre et se débrouiller quand même, alors sa fidélité était plus que moins assurée.

« Les dominants et les soumis ? Je comprend, une bête dominante aurais je suppose trop fort caractère et se rebellerait trop aisément, tandis qu’une soumise serait trop lâche ou pas des plus fortes ? » Dirait-il sinon avec une réflexion appliquée, il faudrait sans doute qu’il consulte divers ouvrages et dompteurs professionnels pour en savoir davantage. Après tout, même si son altesse était bien généreuse d’ainsi éclairer sa lanterne, il supposait que celle-ci n’aurait pas des heures et des heures à consacrer à un serviteur, même de haut rang, pour cela ?

« Hum, lui faire comprendre que nourriture et eau, entre autre, ne viennent qu’avec l’obéissance et les efforts combatifs ? Comme lorsque l’on pousse un soldat à s’entraîner tous les jours au nom du devoir, mais là ce serait au nom de sa survie ? » Finira t-il sinon par se dire, en commençant déjà à imaginer comment procéder, ce avant de finir par demander néanmoins. Ce d’un ton attentif et concentré.

« Mais, comment donner à une bête l’amour du combat ? Jouer sur son instinct de chasseur, mais avec une autre cible ? Comment la faire différencier ses amis, de ses ennemis ? » C’était là une idée qui lui paraîtrait intéressante en tout cas, même si elle allait nécessiter un certain travail pour que le drake sache différencier ses ennemis, de ses alliés. Après tout, il y avait des humains parmi leurs ennemis, que parmi chez eux, dommage que ces derniers supportent la compagnies d’autres races et le carcan de fois et nations décadentes...

Zmeï écoutait le Grand Inquisiteur, qui semblait comprendre à quoi il se confrontait quand à dompter une créature ailée. Se faire obéir d'une bête, ce n'était pas comme de se faire obéir des hommes, même si les deux espèces partageaient bien des choses en commun, comme de se nourrir, respirer, vivre....Mais les différences subsistaient toujours et il y avait toujours moyen de les exploiter.

''Tu saisis les points les plus importants, comme pour le juste milieu à trouver entre les dominants et les soumis. Au vue de la compréhension du travail qui t'attends avec ta monture, quand tu auras fait le choix de l'animal, je ne doute pas du tout sur ta réussite. ''

Sigismond pourrait chercher à prendre conseil auprès des dompteurs de monstres ou de se référer à quelques ouvrages spécialisés. Après tout, tout était bon à prendre pour avoir le maximum d'informations pour parfaire la réussite de son projet.

''Oui, vois cela comme le principe de la carotte ou du bâton, avec le rajout qu'il y trouvera un meilleur compte qu'en étant tout seul dans le monde sauvage....Quand à ta question de comment distinguer l'ennemi de nos propres forces, c'est simple, lui apprendre à réagir à tes propres réactions. Si tu regardes notre cavalerie, nos hommes savent se faire obéir de leurs chevaux rien que par leurs postures sur la selle et l'emploi des jambes, leur permettant d'user de leurs mains pour tenir les armes et se battre. Pour ta créature, il te faudra trouver un moyen de communication pour le faire réagir quand il regarde une potentiel cible. Des gestes, des sifflements.... après pour lui donner l'amour du combat, tu peux lui apprendre à réagir à des assauts de ''mannequins'' qui portent les couleurs de nos ennemis hérétiques...ou employer des hommes dans cet entraînement,  qui attendent leur sort dans les geôles...Rien ne vaut la réalité de certaines situations...''

Puis, il se permit un étrange petit sourire.

''J'allais omettre un détail important. Je t'avais confié une mission, concernant un certain évadé. Avec tes devoirs actuels et que tu devras donner beaucoup de ton temps à dresser ta future monture, je te décharge de la mission que je t'avais incombée. Je veux juste que tu veilles à confier cette tâche à un de ses subordonnés. Il faudra bien veiller à ce qu'il saisisse  l'importance que j'accorde à cette affaire....Que penses-tu de mettre une belle prime sur la tête de cet hérétique d'ailleurs ? ''

Sigismond n’aimait pas en soit l’idée de devoir s’occuper d’une bête, comme il n’aurait pas aimé l’idée de s’occuper d’un homme, sauf concernant la foi de ce dernier, mais s’il désirait mieux se battre au nom du seigneur de la peine, il allait falloir faire des efforts. Car en définitive tout était fait ou planifié dans ce but, mieux servir sa foi et être capable de mieux châtier les divers ennemis du royaume.

« Je vous remercie de vos conseils votre altesse et d’avoir prit le temps de me les offrir. » Glissera quoiqu’il en soit l’inquisiteur avec gravité, tout en se disant que l’art de la monte était complexe en effet et que même s’il n’était guère un débutant à ce sujet, s’il voulait devenir un cavalier exceptionnel et il fallait l’être pour espérer monter sur le dos d’une vouivre, il faudrait du temps et des efforts, beaucoup de temps et beaucoup d’efforts… Mais, Sigismond était prêt à faire ces efforts et y consacrer ce temps, puis pour le reste vinrent d’autres paroles...

Ah, oui, la mission concernant cet évadé là ? Sigismond y répondra calmement, se disant que si jamais il pouvait, il s’occuperait bien personnellement de cette vermine, mais il est vrai qu’il était occupé…

« Je confierai cette mission à des agents compétents qui prendront la peine de s’informer le concernant et le traquer. Pour le reste, nous pouvons en effet mettre une prime votre grâce, peut-être y aura t-il un étranger attiré par l’appât du gain qui nous rapporterait sa tête. » Il était toujours possible après tout que certains étrangers saisissent ce genre de possibilités, même s’ils étaient rares. De toute manière tant que le dit chasseur repartait sans demander son reste après avoir récupéré sa prime, ce n’était pas problématique.

« Devons nous préciser son identité nationale dans la prime ? Qu’ainsi celle-ci s’ébruite un peu, ou préférez vous éviter, au risque qu’il soupçonne quelque chose ? » Après tout si dans le premier cas c’était visible certes, ça pourrait plus ou moins nuire à sa couverture à l’étranger...

Le souverain blond gardait toujours le sourire. Puis, tranquillement, il se leva pour quitter sa place de dirigeant et se rapprocher de l'Inquisiteur. Arrivé à hauteur de Sigismond, il était face à face avec son sujet. Il n'y avait aucune animosité dans son regard, aucune recherche de domination, car avec avec Sigismond, Zmeï savait qu'il n'avait pas besoin de s'imposer vis à vis de lui. L'homme savait à qui il avait affaire. En même temps, on ne s'opposait guère au Roi.

''J'ai déjà hâte de voir le résultat de mes dit conseils. Mais pas de précipitation pour me satisfaire personnellement mon cher. Veille à prendre le temps nécessaire pour assurer efficacement le travail à faire. Après tout, tu monteras TA monture. Pas la mienne. ''

Et personne ne montait son drake, de toute façon. La personne qui osait l'entreprise se voyait mordu, voir tué par l'animal, sauf si son maître li ordonnait de pas réagir. Et pour peu que la personne arrivait à le chevaucher, c'était la mort assurée, de la main même du jeune Roi.

Quand à l'histoire de l'évadé, Zmeï avait bien mesuré les possibles petits désagréments quand à sa mise à prix. Teïder ne laissait personne réchapper de se geôles, si ce n'était des traîtres ou encore des convertis ; et encore, ces derniers demeuraient toujours sous surveillance, avec des mises à l'épreuve régulières concernant l'acquis de leur foi. Donc, la nouvelle qu'un homme avait réussi à prendre la fuite....mais à part faire rire quelques hérétiques.... Cette mise à prix mettra en avant le fugitif, révélant qu'il avait été retenu à Teïder...donc pourrait être un espion... qui sait ce que les esprits non loyaux à leur Dieu de la Souffrance pourrait penser... Zmeï souriait. la situation qu'il allait imposer à cet homme pourrait être amusante.

''Je doute qu'on ait son véritable nom sous la main... Mais de donner une description écrite ne devrait pas poser de soucis. Point de dessins, juste des détails physiques. Que notre petite évadé, qui est, je pense loin d'être un imbécile, saura qu'on ne l'oublie pas...qu'il sente le filet se resserrer autour de lui. Et cela occupera un peu les mercenaires attisés par le gain... Ce n'est pas cela qui manque dans les contrées extérieures, telles que les Duchés. Cela les détournera un peu de chercher nos hommes espionnant leurs régions. ''

Puis, il regarda droit dans les yeux Sigismond.

''As tu d'autres sollicitations mon cher ??''

Sigismond hocha légèrement la tête aux propos du roi, n’ayant rien à y redire et n’ayant de toute façon jamais envisagé de monter sur le dos du drake du souverain, comme on envisage déjà rarement de monter sur le dos du cheval de quelqu’un d’autre, alors un drake… Quoiqu’il en soit, il ferait au mieux concernant les conseils qu’il avait reçut et qu’il supposait fort utiles. De toute manière, oui, il faudrait être patient, monter sur un drake, une vouivre ou une salamandre demandait après tout d’être parmi de l’élite de l’élite des meilleurs cavaliers, ce qui ne pouvait pas s’improviser du jour au lendemain…

« Quand j’y pense, je veillerai aussi à anonymiser l’émetteur du contrat en usant d’un de nos agents duchéen comme intermédiaire indirecte, cela évitera que tout le monde sache que c’est nous qui désirons sa tête. » De quoi être plus discrets, mais aussi éviter qu’il trouve des alliés imprévus pour une raison ou une autre, après tout Teïder n’avait pas forcément bonne presse au-delà du royaume, alors autant éviter de se mettre des épines dans le pied.

L’inquisiteur était pas contre sceptique sur l’efficacité de la chose pour détourner leurs ennemis de leurs espions, disons après tout que ça n’intéressait souvent que mercenaires et chasseurs de primes ce genre de choses, ceux qui posaient peu de problèmes à leurs agents, mais il n’en dira rien, de toute façon c’était peut-être vrai… Quant au reste, avait-il autre chose à demander au roi ?

« Non votre altesse, je n’ai rien d’autre à demander et si cela vous convient, je vais prendre congé et ne pas solliciter davantage votre précieux temps. » Dira donc humblement et de son ton stoïque, et ainsi si le roi n’avait rien à ajouter, l’inquisiteur prendrait donc congé, détenteur de nouvelles tâches, mais aussi d’un savoir faire équestre mieux affermit !