Le naga me taquine gentiment sur le fait que, malgré le fait que je sois mauvais en gestion, si mon Sanctuaire est si bien protégé, c'est que, finalement, je ne suis pas si mauvais que ça. Mes oreilles se redressent et mon regard se fait vague, tandis qu'il ajoute que c'est sûrement plus aisé si l'on ne considère pas ces tâches comme une corvée. J'opine du chef, chassant la vague pensée qui s'était imposée à moi, avant de lui sourire.

« En effet, j'imagine ! »

Il écoute ensuite mon récit concernant le Sanctuaire et mes voyages, sans me couper, jusqu'à ce que je ne cite le bal... qui semble l'intéresser. J'écoute quant à moi ses questions, auxquelles je réponds d'un sourire énigmatique. Je ne fais cependant pas durer plus que ça le suspens, avant de répondre :

« L'écosystème du Sanctuaire est unique en Orzian. D'une part, le sauvegarder, le protéger et l'étudier ont de possibles intérêts à leurs yeux. Comme vous le dîtes, sans doute y a-t-il des médicaments encore inconnus, et certaines de mes potions peuvent le confirmer. »

J'ajoute un clin d'oeil à cette annonce, avant d'ajouter :

« Je dois leur prouver que cet endroit vaut vraiment le coup de s'y pencher. Pour l'instant, comme je vous l'ai dit, il n'y a rien d'officiel, donc il n'y a encore aucun réel échange mais je suis sûr que ça ne saurait tarder ! »

Le naga me parle alors de lui, mentionnant vaguement sa vie dans le désert, puis ses envies de voyages et d'apprentissage. J'opine doucement du chef en imaginant la vie d'un naga du désert, souriant doucement. Puis il me demande si j'ai pu fréquenter les nagas lors de mon excursion dans le désert, et je souris d'un air ravi :

« Entre nous... Nous aurions été vraiment stupides que de ne pas le faire ! Le peuple des nagas est celui qui pouvait le plus nous guider concernant la vie dans le désert. J'ai pu apprendre certaines choses des nagas, même si certainement pas autant que ce qu'il y a apprendre sur eux. Et sur la faune et la flore du désert, évidemment, puisqu'on était là pour ça, ahah ! »

Ah oui, le voyage dans le désert, c'était quand même une belle histoire pleine de bons souvenirs !

À mes propos sur les potions, le naga semble réfléchir un instant, avant de me demander si j'ai songé au fait d'ouvrir un commerce d'apothicaire. Je lui réponds d'un hochement vague de tête, sans lui couper la parole. S'il savait ! Je fais beaucoup de métiers en même temps, on pourrait dire. Il me demande ensuite s'il m'arrive d'offrir mes breuvages aux nécessiteux, si jamais je n'ai pas besoin d'argent, avant de supposer que c'est ce que je fais. J'ose un rire joyeux à cette supposition, avant de répondre :

« C'est vrai que je ne vous ai montré que mes bonnes facettes d'altruiste protecteur de la nature ! Mais concernant mes potions, j'avoue que ça dépend. Lorsqu'on parle d'un enfant blessé ayant besoin de soins, il est vrai que je ne fais pas payer, mais si on parle d'un riche bourgeois ayant juste un problème de séduction et qui veut que j'augmente son charisme… C'est une autre affaire, ahah ! »

Il y a bien une différence de niveau entre les deux, là où l'un est dans la nécessité, l'autre le fait par plaisir, si je puis dire. Enfin, je ne pense pas être un mauvais bougre, bien au contraire, et de toute manière, personne ne m'a vraiment reproché ma manière de faire. Et jamais les mères qui ne savaient pas quoi faire pour leur enfant !
Quoiqu'il en soit, le sujet enchaine ensuite sur le naga et le désert akkatonien, et lorsque je lui apprends que je l'ai déjà visité ce pays et côtoyé des nagas, il semble un peu surpris, bien que ce soit difficile à percevoir chez un reptile. Il me demande alors mon âge, indirectement, après avoir constaté que, malgré mon apparente jeunesse, j'ai l'air d'avoir beaucoup voyagé. Je ris doucement à ses propos, avant de répondre de manière énigmatique :

« Sachez que j'ai voyagé à travers Orzian pendant vingt-six ans… Et j'avais déjà passé une trentaine d'années à Ikhyld. Puis j'en ai passé cinquante à Teïder… Il semblerait qu'en effet, je ne sois plus un enfant, ahah ! »

Les origines spirituelles y sont pour quelque chose, ahah ! Enfin, personnellement ça ne me dérange pas, mais c'est vrai que je suis plus tout jeune, du point de vue humain. Enfin, il ne doit pas l'être non plus, les nagas vivent deux fois plus qu'un humain, ahah. Enfin bref. Le naga finit également par me demander ce que j'ai pensé des akkatoniens, bien qu'il se doute que les cités technologistes ne m'ont pas plu.

« Ce n'est pas tant que je n'ai pas aimé leurs cités, à vrai dire, je me fiche un peu de la technologie, tant qu'ils n'en viennent pas à détruire la nature. Mais je ne vais pas non plus dire que j'ai aimé devoir bloquer ma magie dans certains endroits, ahah ! Mais étant donné que je venais surtout observer la nature, j'avouerai que je ne suis pas resté longtemps dans les villes. »

Je repense alors à certains très bon souvenirs et discussions avec des technologistes de cette époque, que j'ai toujours beaucoup aimé charrier. La technologie, ce n'est qu'un mangue de magie à combler, je leur disais. Enfin bref. Je retourne toutefois mon attention sur lui avant d'ajouter :

« Concernant les akkatoniens en eux-mêmes, j'en ai gardé un bon souvenir. Il y a toujours des gens qu'on aime pas, mais j'ai tenu de bonnes discussions avec certains et le peuple d'Akkaton n'est certainement pas un mauvais peuple, contrairement à certains de leurs voisins. »

Je devrai peut-être voir un jour pour retourner là-bas et voir si certaines des bonnes connaissances que je m'y suis faite sont toujours vivantes. Cela peut-être bien ! Même si je ne sais pas s'ils se souviendront de moi. Ahah, enfin on verra.