Dès la fin de sa mission dans ces ruines en Ikhyld, la moniale avait retourné un compte-rendu au ministre des renseignements de manière professionnelle et conventionnelle, rapportant tout ce qu’elle a vu, entendu et vécu. Une fois fait, elle reparti aussitôt en direction des Duchés du Sud en empruntant un des portails d’infiltration installés par les services d’Ikhyld ; un moyen de transport facile à utiliser et somme toute bien pratique, surtout lorsque, comme Vittoria, on en avait accès.

L’Ikhyldienne fraîchement nommée, car elle avait accepté la proposition du ministre des renseignement qui était de devenir officiellement Ikhyldienne, se rendit dans une petite bourgade peu connue de tous, mais qui avait sa petite réputation auprès des mercenaires et chasseurs de primes. Elle avait pris soin d’envoyer une lettre à son ami Naga avec qui elle avait gardé contact depuis leur dernière rencontre.

Elle lui avait donc donné rendez vous dans une taverne où se retrouvaient ces hommes dont le métier était d’exécuter des missions diverses et variées. Bien sûr, la moniale avait opté pour un lieu qu’elle connaissait bien et qui ne craignait pas trop ; elle ne souhaitait inviter le Naga dans un lieu oppressant et qui pouvait être enclin à la confrontation inutile.

La moniale s’était donc installée à une table dans le coin de la salle en attendant son ami en sirotant une poche de sang dans la plus grande discrétion, et le plus rapidement possible. C’est à ça, par ailleurs, que son compagnon se permit d’intervenir dans son esprit ;

C’est à la fois intéressant et déroutant que d’accompagner une vampire. J’entends par là que mon mon précédent propriétaire ne l’était pas, et que votre style de vie ne correspond pas à celui qu’avait connu ce dernier. Enfin, après tout, je dois être resté bien des siècles dans ce tombeau sans me rendre compte que l’évolution des populations et moeurs. Votre ami saura vous aider dans votre quête ? Ou bien simplement souhaitez vous lui en faire part en espérant qu’il le fasse ?

La moniale resta de marbre, mais pourtant elle sembla soupirer de l’intérieur. Il faut dire, ce n’est pas habituel pour elle de se retrouver avec quelqu’un qui se met à vous tenir la conversation à chaque moment de la journée alors que l’on est habitué à trois siècles de solitude et de silence intérieur total. Elle ne le laissa cependant pas sans réponse, et formula ces phrases dans son esprit ;

Prenez note, donc, j’imagine. Vous apprendrez ce qu’il vous manque avec le temps, j’ai déjà dit tout ce que je savais à ce sujet. Quant à mon ami, j’avais envie de le revoir, et oui j’espère qu’il puisse m’aider. Il a certainement des connaissances des Duchés qui me seront utiles, j’imagine, nous verrons bien.

Amset devait retrouver dans une auberge duchéenne pas trop mal famée située dans une des nombreuses communautés autonome, enfin en partie, perdurant sur ce territoire, une vampire dont il avait fait la connaissance il y a quelques temps. La chose ne lui déplaisait guère, surtout que même s’il n’était pas le genre à vraiment beaucoup fréquenter les auberges, l’inverse n’était pas pour autant vrai. Disons qu’il n’avait pas forcément besoin de beaucoup fréquenter ce genre d’endroits, même s’ils étaient mieux famés que les tavernes, sauf éventuellement pour chercher un endroit pour dormir et manger au passage. Même si soyons sincère quand il payait un lit pour dormir, il dormait plus à la fin « sur » le lit que dedans, mais telle était sa nature de naga.

Quoiqu’il en soit, il ne fit pas trop attendre la vampire en pénétrant dans l’auberge, même si en y entrant il attira pendant quelques instants l’attention vu qu’un naga ce n’était pas non plus ce qu’on voyait le plus souvent ici. Mais, comme tout bon duchéens pragmatiques dignes de ce nom, la plupart des gens passèrent rapidement à autre chose, faisant qu’il n’y avait pas vraiment de crainte quant au fait d’être trop visible. Il se rendit alors calmement vers la table où se trouvait Vittoria, d’un mouvement serpentin prudent pour éviter de gêner trop se trouvant sur le passage, puis au lieu de s’asseoir sur une chaîse, se lova partiellement comme tout bon naga voulant faire mine de s’asseoir.

« Cela faisait un temps que nous ne nous étions pas vu. Vous allez bien ? Comme vous le savez les choses s’agitent un peu en Orzian, notamment avec la recrudescence du nombre de morts vivants un peu partout. Enfin, ce n’est pas ça qui va empêcher les Duchés d’êtres pareils à eux-mêmes quoiqu’il en soit. » Cela dit avec une pointe d’amusement avant de demander poliment du vin à une serveuse qui passa. Après tout même si les nagas n’avaient pas besoin de beaucoup manger un général, un verre ne vin n’était pas forcément d’un coup excessif.

Alors que Vittoria repris pied avec la réalité, après sa discussion avec l’esprit qui résidait précieusement à sa ceinture, elle remarqua le Naga qui venait d’entrer dans la bâtisse. Comme elle s’y attendait, les personnes présentes se retourna vers l’inconnu de rare stature, mais la vampire n’en attendais pas moins de leur réaction ; les mercenaires avaient détourné le regard, désintéressés de cet individu, et ils avaient bien raison.

Alors que son ami s’installa à table -chose qui rappela à la moniale qu’inviter un Naga dans une auberge pouvait le mettre mal à l’aise-, elle étira un léger sourire en sa direction avant de l’accueillir agréablement, plus détendue visiblement que dans les plaines de la dernière fois.

Eh bien oui, cela fait un mois, si ce n’est plus. Les agitations en Orzian concernent chaque personne qui n’est pas morte. Cela dit, oui, les Duchés tiendront, j’imagine. Il faut dire que bien des nations travaillent sur le sujet, et je suis confiante sur le fait que le danger sera écarté d’Orzian. Enfin, je vous ai fait venir pour une toute autre raison, Amset.

Elle marqua une légère pause, faisant taire la voix dans son esprit qui tenta de lui parler, avant de poursuivre en prenant un ton plus bas, ne cherchant pas à crier sur tous les toits ce qu’elle s’apprêtait à dire.

Me sentant concernée par ce danger global, j’ai entrepris des recherches dans de vieilles ruines Ikhyldiennes à la recherche de quoi que ce soit pouvant nous aider à vaincre ou trouver de quoi vaincre Cesario. Cela dit, je n’ai rien trouvé d’autre qu’une statuette. Outre cela, Cesario s’est adressé à moi, en personne. Enfin, il a usé d’un sort pour qu’une image de lui soit présente sur les lieux, et pas réellement lui en personne. J’ai eu un échange verbal sommes toutes intéressant, je dois dire.

Mais passons, je raconterais cela sûrement plus tard. Le plus important est qu’il m’a donné la possibilité de voir des bribes de mon passé, avant que je ne devienne vampire. Et je vous ai appelé pour m’aider à éclaircir ce mystère qui pèse sur ma conscience depuis près de trois-cent ans. Tout ce que je sais, c’est que j’ai vu une grande bâtisse, qui dégageait une richesse non pas spécifique à une nation, mais très neutre. Ensuite, j’ai vu des esclaves, et j’en faisais partie. Je le sentais. Il n’y a aucun doute à cela ; je viens des Duchés. Mais où ? Là est le problème.

Oui, le danger serait écarté pensa t-il, lui-même y veillerait. Après tout en tant qu’Eïlynsterien même s’il n’en avait pas parlé avec la moniale évidemment, il était très concerné par cela, surtout le combat contre les sbires de Césario sur le terrain. Il ne doutait aucunement après tout qu’à terme l’empereur éternel finirait à nouveau par tourner son regard vers la patrie de la grande mutaille d’Acier. Et alors, le sang coulerait à nouveau avec abondance. Mais, quoiqu’il en soit, s’il avait pu être vaincu une fois, nul doute que cela serait à nouveau possible, n’est-ce pas ? Le contraire serait après tout difficile à imaginer, du moins pour lui…

« Vous avez parlée avec l’empereur éternel ? Ma foi, ce n’est pas le genre de chose commune, en général il n’est pas d’humeur très disserte quand ce ne sont pas des êtres soumis à lui qui sont en sa présence. Quoique, si c’était une projection astrale de lui, ceci explique cela. » Après tout même s’il était une abomination, Cesario restait un être doué de conscience et peut-être même de sensibilité, donc en vérité ce n’était pas forcément aussi choquant que cela à bien y réfléchir qu’ils puisse entretenir une conversation, du moins quand il ne se battait pas.

« Hum, il est vrai que c’est vague, les riches demeures ce n’est pas ce qui manque en ces terres, ni les esclaves, quoique il faut voir, vous avez quel âge à peu près ? Vous savez, l’esclavage est une législation qui varie dans les duchés eux-mêmes, il arrive que certains l’interdisent, d’autres le légalisent à nouveau… Cela pourrait déjà être un premier indice… Mais, vous êtes sûr sinon qu’il n’y a pas d’autres indices ? Sur les autres esclaves, votre ancien maître, l’environnement autour de vous. Par exemple était-ce proche de la mer ou dans les terres ? Dans un environnement montagneux ? » Même de si légers indices pouvaient aider après tout, alors autant ne pas les renier…

L’impression qu’avait laissé l’empereur était bien plus effrayant que ce que l’on pouvait imaginer. D’un point de vue extérieur, c’est un tyran qui souhaite la soumission totale du peuple. De ce que Vittoria a vu, c’est un être doué d’intelligence et de réflexion poussées au point d’en venir à un acte tyrannique de grande ampleur par décision mûre et réfléchie. C’était là ce qui en faisait un adversaire redoutable, pensant la moindre de ses actions et ne laissant rien au hasard. Quelqu’un qui a conclu par une réflexion approfondie que la meilleure solution à adopter et celle qu’il met en oeuvre. Loin de là un barbare sans cervelle qui souhaitait asservir le monde car on lui a servit une bière du nord alors qu’il voulait une bière du sud.

Pour en revenir aux souvenirs de la moniale, ces derniers étaient flous. Il faut dire que les quelques secondes qu’elle a perçut ne devaient même pas représenter un millième de ce qu’elle avait réellement vécu. Néanmoins, elle se concentra quelques instants pour avoir une image plus nette et précise de ce qu’a bien voulu lui accorder l’Empereur Eternel.

Eh bien, je sais que j’étais très jeune. Je devais avoir cinq ans, peut-être moins… Je me souviens d’un homme, mais pas son visage. Un homme tout vêtu avec une capuche sur la tête. Mais il n’avait pas l’air d’un maître. Plutôt d’un acheteur. Quant à l’environnement… Je me souviens de grands champs de coton. A vrai dire, tout ça s’est passé au même endroit, dans le domaine de cette maison. Une maison aux champs de coton.

Elle pris une inspiration, fermant les yeux quelques instants avant de les rouvrir.

Je me souviens d’une odeur de sapin, provenant de la cheminée. Pas le bois le plus idéal pour faire un feu, ça fait beaucoup de fumée. Mais j’imagine qu’ils ne devaient avoir que ça pour se réchauffer.

Je ne connais pas assez les Duchés pour pouvoir m’y retrouver, surtout au niveau de la législation et des zones forestières. Vous me serez d’une grande aide.

Des champs de cotons ? Hum ce n’était pas forcément la matière la plus cultivée dans les Duchés du Sud, surtout par rapport au vin, ou à divers produits de luxe, en dehors évidemment de ceux de subsistance, néanmoins il y avait bien trop de domaines agricoles produisant du coton pour que ce soit facile à retrouver. Surtout que depuis le temps les choses avaient dû bien changer dans le domaine, certaines entreprises agricoles fermant, d’autre ouvrant. En somme, ça n’avançait à rien.

« Du sapin ? C’est un bon indice, surtout que j’imagine mal quique ce soit importer du sapin pour faire du feu. Et les forêts de sapins duchéennes sont très très rares et exclusivement montagnardes, ça ne devrait donc pas être des plus difficile à trouver. » C’était même en partie un euphémisme de dire que c’était rare, mais oui c’était un bon indice si ça se trouvait près d’une forêt à sapins, tout en étant duchéen… Il sembla alors pris dans une certaine réflexion.

« Un domaine agricole plantant du coton en zone montagnarde proche d’une forêt de sapin ? Sans doute utilisaient-ils de la magie pour aider à la culture. Je ne sais pas si ça existe encore, mais ça peut se trouver assez aisément en cherchant un peu… Il va falloir demander à un historien des duchés ou cartographe expert, mais ce n’est rien qu’un peu d’argent ne peut pas négocier. » Il continua alors à réfléchir, puis demanda poliment.

« Par hasard, connaîtriez-vous votre ancienne identité ? Je veux dire, nom et prénom quand vous étiez humaine ? Sauf si évidemment ce sont les mêmes qu’actuellement. Peut-être étiez-vous enregistrée quelque part, pas forcément votre état civil, mais par exemple comme esclave ou bien propriétaire de quelque chose si vous étiez plus chanceuse. Ou sinon, l’identité d’une personne qui était mêlée à votre ancienne vie ? Peut-être quelqu’un vivant encore aujourd’hui avec un peu de chance ? » Par exemple un être à longue vie, ça existait après tout.

La réflexion du Naga était complète et apportait de nouveau indices à la moniale. Une chose plutôt intéressante et qui permettrait de mieux axer les recherches à l’avenir, et même permettre de retrouver ce lieu qu’ils recherchaient.

Oui, en effet. C’est une configuration assez spécifique dans ce pays, cela nous lève bien des possibilités et éclaircit les solutions. Nous trouverons un expert j’imagine, oui. Et ce n’est pas l’argent qui me manque, j’ai de quoi négocier ce genre de prestations.

Elle marqua un temps de silence par la suite pour pouvoir écouter la suite des dires du Naga et mieux se concentrer sur ces derniers. Son identité ? Elle n’avait probablement aucun moyen de savoir si elle en avait changé ou non, mais elle pouvait tout de même répondre à cette question. Le champion ambulant était perspicace, ce qui plaisait particulièrement à la moniale. Outre cela, elle répondit à son interrogation sans réticence, souhaitant atteindre l’apogée de ces recherches avec succès.

Eh bien, il ne me semble pas avoir changé d’identité. Je n’ai aucun moyen de savoir si c’est ce qui a été fait dans ma vie antérieure, mais l’homme qui se trouvait là à mon réveil m’a expliqué qui j’étais, brièvement. Il devait savoir ce qu’était un vampire. Il m’a dit l’essentiel ; mon identité, mon âge. Il n’a pas dit grand chose d’autre et s’est tût sur sa propre identité. Je ne le connais pas, mais il m’a permis au moins de m’assurer que je me nommais bel et bien Vittoria Benedetti.

Elle maintint le regard avec son interlocuteur, posant ses mains sur la table pour les croiser délicatement, et poursuivre en pleine réflexion.

Donc voilà ce que nous avons. Un domaine qui cultivait du coton dans une forêt de sapin, sapin qui est inexistant dans les duchés, bon. Peut-être que c’était une autre essence, mais ça avait une forte odeur, oui. Potentiellement c’était une maison de maître. J’imagine qu’une fois sur place nous rechercherons cette histoire d’esclaves. Sans passer par ce point de départ, nous n’aurons pas assez d’indices. Tu connais quelqu’un qui saurait nous guider pour trouver un vieux domaine ? J’estime qu’il faudrait cherche trois cent ans plus tôt.

« Et du coup, l’homme auprès duquel vous vous êtes réveillée en étant vampire, saviez-vous où il vivait ? Peut-être qu’à défaut de pouvoir demander à sa personne, nous pourrions entrer en contact avec des proches à lui qui auraient peut-être quelques indices. » Se dit-il pensif, après tout si quelqu’un avait été là lors de son éveil à sa nouvelle vie, il y avait certainement moyen d’obtenir quelques informations grâce à lui au sujet de la vampire. Après tout, il avait probablement plus ou moins dû la connaître de son vivant pour ainsi faire l’effort de prendre un peu soin d’elle lors de son réveil. Du moins, Amset imaginait mal qu’on fasse ainsi preuve d’une telle générosité ou d’un tel altruisme plutôt, envers une parfaite inconnue.

« Je connais un historien des duchés qui aurait ce genre de connaissances, il est le genre qu’on consulte pour trouver des bons terrains à acheter remontant à relativement longtemps ou appartenant à des maîtres vivant bien plus longtemps que les humains. C’est un nain avec son petit caractère, mais il ne devrait pas être très difficile à trouver, il réside je crois dans la ville la plus proche actuellement. Disons que m’étant douté que nous aurions éventuellement besoin de son aide, j’avais pris contact en avance avec lui, ne reste ainsi plus qu’à aller le voir… » Expliqua le naga calmement, ce alors qu’il prenait la peine de consommer ensuite, après tout c’était la moindre des politesses dans une auberge comme celle-ci. Puis ceci fait, il scruta légèrement la vampiresse et demanda avec une certaine délicatesse de ton.

« Et, dîtes moi mon amie, que comptez-vous faire une fois que vous saurez tout cela ? Vous désirez disons, suivre les traces de la personne que vous étiez auparavant ? Ou bien régler possiblement certains torts irrésolus ? » Oui, après tout elle avait probablement des intentions ou non derrière ce désir de connaître l’ancienne elle.

La moniale joignit les mains pour y déposer le menton. Elle fronça légèrement les sourcils en une expression de réflexion. Elle fouilla dans sa mémoire pour tenter de se remémorer de ce moment. Elle se souvenait de l’individu, mais son visage s’était perdu dans les méandres du temps, déformé par les souvenirs. Elle savait répondre aux interrogations, et c’est ce qui lui permettrait sans doute de retrouver ce qu’elle cherchait.

Oui, je le sais. C’était en Ikhyld. Je ne saurais plus exactement où, je n’y suis jamais retournée. Et je ne sais pas si cette personne avait de la famille, je n’en ai pas la moindre idée. Mais cela pourrait être un indice comme un autre pour la suite, j’imagine.

Elle releva ensuite son regard pour le plonger dans celui du Naga, gardant son visage neutre, bien que légèrement détendu.

Bien, cette personne nous aidera sans aucun doutes. Vous avez l’esprit clair et prévoyant. J’imagine que ce sera notre prochain objectif, dans ce cas.

La moniale avait déjà pris une consommation, qu’elle avait renouvelé une deuxième fois avant l’arrivée du Naga. Une tasse presque vide devant elle, elle s’en empara pour la vider rapidement, sentant le départ se rapprocher. Elle inclina ensuite légèrement la tête vers l’avant à la question du Naga, lui répondant simplement.

Je ne recherche pas d’attaches particulières. Je suis celle que je suis devenue, et je n’ai pas de raisons de redevenir celle que j’était. J’estimerais cela comme revenir sur ses pas, et je me refuse de le faire. J’estime que l’on se doit d’avancer, quoi qu’il en coûte, et que notre seule possibilité est de choisir son chemin. Et s’il nous mène à notre point de départ, c’est que c’est nécessaire, mais cela n’aurait pas été revenir en arrière.

Outre cela, je ne souhaite que savoir d’où je viens, et qui j’étais. Je me suis réveillée un beau jour dans le corps d’une femme d’apparence jeune, sans le moindre souvenir de qui était-elle et ce qu’elle avait pu vivre. Vingt et quelques années de vécu effacées subitement. J’estime que c’est un vide que je me dois de combler pour pouvoir aller plus de l’avant.

Elle se tut ensuite, les sourcils légèrement froncés suite à cette réflexion profonde et sincère. Elle décroisa les mains, étirant un léger sourire en relevant le nez vers le Naga.

« C’est toujours un indice, il faudrait juste savoir où vous vous êtes réveillée, vous étiez moniale par hasard avant ou après être devenue une vampire ? Cela aussi peut être un indice si c’était avant, car même si dans les monastères les gens ne connaissent pas forcément le passé de leurs adhérents, je suppose que pour avoir poursuivie sur cette voie pendant votre non vie, vous n’y êtes pas juste restée quelques jours. » Oui, voilà une autre piste, comme quoi il suffisait juste d’y réfléchir un peu posément. Quoiqu’il en soit il renvoya son regard à la moniale même si pour sa part son regard serpentin était dur à déchiffrer par nature, puis il reprit pensif.

« Je propose dans ce que nous y allons de ce pas… Du moins quand nous serons d’accord sur le fait que nos réflexions pour le moment ont assez bien avancées. » Après tout autant être sûr de cela, car le temps perdu à réfléchir n’était pas vraiment du temps perdu en soit, même si évidemment cela pourrait sembler dispendieux à certains égards. Bien trop de décisions malheureuses étaient prises après tout dans le monde, ce parce qu’elles avaient été prises ou entrepris avec un manque de réflexion apparent.

« Il est vrai que connaître son passé est bien pour faire des choix concernant son avenir et qu’en quelque sorte si vous ne vous en souvenez pas exactement, cette ancienne vous a existée et vécue en quelque sorte, donc son passé est le vôtre et il serait juste que vous en sachiez plus. » Acquiesça-t-il sinon, d’accord avec la vampire. Quoiqu’il en soit cette dernière était grande après tout, donc ses choix de vie lui appartenaient. Quoiqu’il en soit pour sa part il n’avait jamais vraiment connu ce problème, mais il avait un ami naga l’ayant à peu près subit, donc il pouvait compatir.



[Hrp : Je te propose une transition du coup si on va aller voir la nain !]

Oui, j’étais moniale avant mon éveil. Je savais instinctivement manier le bâton et esquiver les attaques de mes adversaires habilement. Mais je ne saurais dire où se trouve ce monastère, je n’y ai jamais remis les pieds par le passé.

La moniale vida ce qu’il restait de sa consommation en une gorgée, avant de faire mine de se redresser. Tout en saisissant son bâton, elle maintenait contre elle son sac en bandoulière qui contenait diverses potions et objets utilitaires. C’est donc une fois debout qu’elle ajouta en avisant le Naga.

Eh bien, je vous suit. Nous avons exploré assez de pistes pour savoir ce que nous avons à faire désormais, et s’attarder davantage serait perdre notre temps. Allons-y, dans ce cas.

C’est en laissant le temps au Naga de se redresser -non pas de sa chaise mais sur lui même- pour reprendre la route et le suivre en direction de ce fameux nain cartographe.

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S’en suivit quelques heures de marche en direction de la ville la plus proche. La moniale ne fatiguait pas et marchait inlassablement jusqu’à son objectif, guidée par le duelliste errant. Elle était curieuse de savoir à quoi pouvait ressembler ce nain, et quelle était son expertise dans le domaine de l’histoire des lieux. Elle pourrait sûrement avoir des pistes à suivre, si ce n’est des réponses à ses questions.

Une fois sur place, elle observa les alentours comme à son habitude, avant d’observer la devanture du potentiel lieu de rendez vous avec le dit nain.

C’est donc en entrant dans la bâtisse aux côtés du Naga qu’elle scruta le bâtiment pour repérer tous les nains présents et supposer lequel serait celui qui pouvait l’aider potentiellement. Elle avait plusieurs questions à lui poser, et même si elle pouvait ressentir de l’impatience en ce moment même, elle se fit taire pour les développer au bon moment.

Le naga se redressa assez rapidement, c’était disons l’avantage de cette façon qu’avaient les nagas de « s’asseoir » en quelque sorte, même si le terme « s’appuyer sur son corps enroulé sur lui-même comme le ferait un serpent » serait en vérité plus adéquat. Et sur ce, ils ne mirent guère longtemps à sortir de l’auberge pour ensuite aller se diriger vers la ville la plus proche.

Ils se retrouvèrent après quelques heures au sein  d’une cité-état marchande et dirigée par un conseil de riches marchands de ce qu’il savait, rien de bien inhabituel dans les duchés dirons-nous. Et plus précisément, devant ce qui semblait être une petite imprimerie, le genre de commerce qui pouvait rapporter gros dans les Duchés. Bon, ça n’avait sans doute pas la cadence folle pour imprimer des presses rotatives Akkatoniennes, mais de ce qu’il savait les livres duchéens avaient tendance à être plus ornementés, ce qui n’était pas forcément un défaut. Cela et puis, il y avait moins de gens qui savaient lire dans une ville duchéenne, qu’Akkatonienne…

Une imprimerie qui semblait inactive aujourd’hui, juste occupé par un nain aux airs âgé et érudit en train visiblement de se pencher sur plusieurs ouvrages. Donc sans doute pas un nain de la catégorie des robustes guerriers plus ou moins habitués à se battre, plutôt de ceux du type intellectuels. Même s’il ne doutait pas que comme beaucoup de nains, celui-ci devait avoir une force et constitution plutôt développées.

Le naga s’approcha donc de ce dernier qui les remarqua et leur fit signe de s’asseoir. Amset dit alors pensivement.

« Cela faisait longtemps, Arik, à ce que je vois tu es propriétaire d’une petite affaire ? Enfin, soit, voici une amie qui aurait quelque chose à te demander. » Ce à quoi le nain répondit d’un léger hochement de tête, avant de réajuster des lunettes qu’il semblait porter et d’écouter attentivement ce que la moniale avait à dire. Visiblement, il n’avait pas l’air du genre spécialement chaleureux, mais plutôt professionnel et efficace.

C’est donc face à une imprimerie que les pas de la moniale furent menés. Une bâtisse endormie, ayant sûrement été en activité il y a bien longtemps, mais à part cela, rien. En tout cas, ce genre de bâtisse avait matière à être le centre d’un profit lucratif développé. Après tout, le commerce de l’imprimerie se faisait unique dans les pays non industrialisés, contrairement à Akkaton, et si l’on rapportait cela aux critères de l’offre et de la demande, il y avait de quoi vendre des produits que peu ne veulent et ce pour un prix plutôt élevé.

C’est à ce genre de réflexions que l’individu dans la tête de la moniale se permit de rire franchement, ajoutant à cela qu’elle avait un esprit analytique bien trop exubérant, ce à quoi elle ne répondit pas clairement, une sorte de grognement mental.

Lorsqu’elle découvrit le nain dans la bâtisse, elle le salua courtoisement d’un signe de la tête avant de lui faire face, bâton en main. Puis, à la demande de ce dernier, la moniale pris place sur une chaise prévue à cet effet, et laissa le Naga entamer les amitiés d’usage, ce qui lui permit d’introduire la vampire dans la conversation.

Eh bien, j’aurais souhaité obtenir le maximum d’informations concernant les propriétaires d’une implantation de coton, dans un domaine boisé. J’ignore où ils se trouvent, ni quand c’était, et je compte sur vous pour que ça le soit. Les seuls indices que nous avons est que c’était une implantation de coton, les propriétaires usaient d’esclaves et le domaine était à proximité d’une forêt de sapin.

Elle marqua une pause, détaillant le nain quelques instants en fixant son regard sur ses petites lunettes, ce qui intérieurement amusait la moniale.

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, n’hésitez pas à le demander, mais je pense avoir tout dit. A moins, peut-être, qu’une estimation de l’époque de son activité est envisageable, même s’il se pourrait que je me trompe, cette plantation devait avoir eu lieu il y a de cela environ trois-cent ans.

L’imprimerie ne devait plus être pleinement active depuis quelques semaines ou mois, sans doute que c’était en partie en lien avec les événements récents qui agitaient les duchés et les finances que les riches préféraient investir dans l’armement et la sécurité pour diverses raisons. Il se demandait d’ailleurs comment cela marchait du côté de Teïder ? Est-ce qu’ils avaient des scribes en quelque sortes où faisaient-ils graver leurs livres par magie comme à Ikhyld ? Pour Eïlynster en tout cas ils utilisaient en masse des imprimeries comme celles des Duchés, après tout celles rotatives de l’empire de l’Ouest demandaient de l’électricité, cela et il n’y avait vraiment que les Akkatoniens pour consommer une quantité folle de journaux au contenu pas forcément des plus utiles.

Le nain sembla réfléchir aux paroles de la moniale, Amset se dit qu’il allait sans doute demander des précisions, mais il ne le fit finalement pas et se contenta d’aller chercher un ouvrage non loin, un très gros ouvrage qu’il ouvrit sur la table avant de tourner calmement les pages de celui-ci, ce avant de finalement pour la première fois faire entendre sa voix, ce d’un ton calme et concentré.

« Il y a bien un domaine du genre qui attire mon attention plus que les autres, il appartenait à une certaine dynastie marchande, les Dazio, mais il a été comment dire, « acquis » depuis un bon moment par une petite bourgade voisine qui a remplacé la culture de coton depuis par celle d’azuréine, des fleurs magiques. Il existe donc encore, vous le trouvez à proximité de la petite ville montagnarde d’Illeci, là. » Il sortit alors une carte des Duchés et pointa le Nord Est du territoire, une partie du territoire proche de la zone de conflit, mais non plus dedans. Amset en voyant cela dit alors pensif.

« Donc on peut toujours y aller et chercher des indices, là-bas ou dans la bourgade voisine, mais on risque peut-être de croiser des morts, des bandits ou des Teïderiens en maraude, il va falloir être vigilants. » C’était à réfléchir, mais il est vrai que ça ne manquait pas de risques, après il doutait en soit que ce soit suffisant pour les bloquer…

Le vieux nain prit le temps d’assimiler les informations divulguées par la moniale. Certainement pour mieux pouvoir lui répondre, pensa-t-elle, chose à laquelle il resta plus ou moins fidèle, en quittant son assise afin de s’emparer d’un ouvrage. Un livre de forte taille, qui semblait aussi lourd qu’il était épais, et qui fut étalé sur le plan de travail qu’utilisait le propriétaire des lieux. C’est donc après quelques pages feuilletées que le nain annonça d’une voix claire et mesurée tout ce qu’il savait sur la conjecture des indices sur la moniale.

Les informations qu’il divulga furent particulièrement intéressantes aux yeux de la moniale qui ne manqua pas de marquer un intérêt prononcé pour les paroles de l’érudit. Droite comme un I, fidèle à sa posture fière et inébranlable, elle resta impassible face à ce que lui dit le petit homme avant de finalement se tourner vers Amset, acquiesçant d’un léger mouvement de tête.

Voilà qui est intéressant. Au moins, nous avons trouvé une destination, et cela reste notre seule possibilité d’avancer dans cette enquête. Nous verrons sur place ce que nous y trouverons.

Elle revint ensuite vers le nain en s’inclinant légèrement vers l’avant en guise de salut. Elle avait durant ce temps porté la main à sa bourse pour en extraire quelques pièces et les déposer sur le bord de la table.

Merci pour votre aide et votre savoir. Votre contribution nous sera fort utile et permettra de sauver quelqu’un de l’oubli. Que votre route soit bonne, et de même pour cette nouvelle acquisition qu’est cette bâtisse.

La vampire s’en retourna alors, se dirigeant vers la sortie si elle n’en est pas retenue.

Morts ou pas, ce n’est pas ça qui va m’empêcher de me rendre là bas. Et puis, je suis accompagnée du meilleur duelliste du continent, non ?

Ajouta-t-elle sur un ton amusé, mêlé à une soif intense de savoir, inarrêtable dans sa démarche.

Le nain peu loquace hocha la tête pour accepter les remerciements de la vampire, puis prit l’argent qu’elle lui offrit pour le service, sans doute pas mécontent d’avoir été payé pour cela, après tout un bon duchéen digne de ce nom ne crachera jamais sur de l’argent justement gagné... Puis, pour sa part Amset se leva aussi, du moins en quelque sorte et rejoignit sa nouvelle amie dehors en se disant qu’en effet ils avaient au moins une destination claire, même s’il se demandait bien ce qu’ils allaient trouver exactement une fois là-bas.

« Haha, meilleur duelliste du continent je ne dirais pas ça, mais vous n’en êtes pas loin en effet. Bon, eh bien je suppose que nous sommes d’accord pour y aller ensemble ? Au pire je pillerai un peu les adversaires que nous vaincrons sur le chemin si nous avons besoin d’argent, il n’y a rien d’immoral après tout à prendre la bourse de brigands qui nous ont attaqués. » Une façon de penser bien duchéenne en soit, et puis en effet il y avait toujours moyen de gagner une belle somme en pillant brigands, morts vivants ayant encore des affaires sur eux ou autres adversaires de mauvaises humeurs pouvant vous agresser, alors autant ne pas se priver de le faire…

[…]

Cela prit donc quelques jours quand même pour se rendre jusque là-bas, Amset ayant tout de même insisté pour qu’ils fassent une bonne partie du voyage jusqu’à proche de la destination escortés par un cavalier griffon qui les déposa dans la ville la plus proche de la zone de conflit, donc pas vraiment celle qui les intéressait, mais il ne pouvait pas aller plus loin sans risque…

Puis, ils avancèrent dans les plaines, notamment une où avait eut lieu une bataille et qui était encore jonchée de nombreux cadavres et équipements de guerres laissés sur place. L’odeur y était évidemment infecte, mais sans doute que le tout serait nettoyé dans quelques semaines comme il n’y avait plus d’armée Teïderienne dans les environs proches, sauf si l’état de guerre ferait attendre la chose jusqu’à la fin du conflit…

Ils avancèrent sinon en bonne partie sur la route sans mal, ils devaient êtres seulement à quelques heures de la ville ayant rachetée l’exploitation, quand ils firent la rencontre d’une petite bande armée d’environ six personnes qui s’étaient dissimulés dans les environs et qu’Amset n’avait pas remarqué… Sans doute avaient-ils dû se faire passer pour des cadavres. Le chef de la bien bien armée, qui était le mieux armée et portait une lourde armure de plaques, visiblement un humain, leur dit avec entrain.

« Voyageur ! Voyageur ! J’espère que vous faîtes bonne route ? Allons, je n’aimerai pas interrompre votre voyage plus que nécessaire, mais voyez-vous il faut payer une petite taxe pour la sécurité de celles-ci, n’êtes-vous pas d’accord ? » Estimant qu’ils allaient demander une sacrée somme et ne se laisseraient pas demander une sacrée somme, pour sa part Amset ne tarda pas à dégainer pour faire savoir sa réponse. Restait à voir si Vittoria était d’accord avec le fait d’engager le combat, après ils pourraient toujours fuir ou tenter de négocier en soit…

C’était avec les nouvelles informations du nain que la moniale était repartie en direction du lieu mentionné sans s’attarder davantage. Elle souhaitait obtenir le maximum d’informations qu’elle souhaitait au plus vite. Bien que l’on pourrait aisément s’imaginer qu’elle avait tout son temps pour cela, elle n’avait pas d’obligations plus importante que de se lancer sur cette piste.
Le voyage se fit à la marche, d’un pas rythmé et soutenu, permettant d’avancer certes lentement mais sûrement à destination afin de bien évidemment prendre le temps de bien faire les choses.

La route était paisible les premières journées, le duo accompagné d’un cavalier griffon qui s’assurait de leur sécurité personnelle. Ce n’était pas un mal en soi, et la moniale avait finit par apprécier la présence du cavalier en tant que garant de leur sécurité.
Ils finirent par s’arrêter dans une ville plus proche de leur destination, le cavalier griffon les laissant reprendre leur chemin seuls. Le paysage était morbide de part ces plaines ayant fait office de champ de bataille.

C’est alors qu’un groupe d’individus se dressa sur leur chemin, dont un humain lourdement armé et protégé, pris la parole. De toute évidence, c’était une bande de brigands demandant gentiment aux dits voyageurs de donner toutes leurs richesses. Par ailleurs, la voix dans l’esprit de Vittoria se manifesta.

Tiens, il me semble avoir déjà vu cet individu. Il n’y avait pas ce portrait croqué sur une affiche au dessus d’une prime ?

Fort probable, en effet. La moniale nota cette information dans son esprit et se prépara vite à réagir.

Elle fusilla le chef des brigands du regard, le plantant donc dans le sien un certain temps. Et c’est en faisant cela qu’elle usa de sa magie apprise récemment pour tenter de forcer l’individu à tomber au sol, endormi. Elle ajouta à cela pour appuyer sa tentative d’intimidation ;

Vous feriez mieux de passer votre chemin, auquel cas vous le regretterez amèrement.

Spoiler:

Le chef des brigands regarda quelques instants la moniale dans les yeux, puis commença à secouer fortement la tête, comme s’il se passait quelque chose qui le dérangeait fortement. Il ne s’effondra donc pas vraiment au sol de fatigue, mais semblait plutôt troublé, il finit en tout cas par répondre au bout de quelques instants.

« Allons, allons… Dix pièces d’argent chacun si vous payez sans vous battre, ce n’est pas si cher payé ? Bien entendu, si vous résistez, nous devrons prendre un supplément, je dirais le double ou le triple, prime de risques, tout ça… » Il arrêta alors de fixer les deux voyageurs dans les yeux, sans doute par réflexe. Et recula de quelques pas alors que ses hommes prenaient en main des gourdins. Amset qui commençait à être agacé par ce petit jeu dégaina alors son épée et frappa à une vitesse surprenante le premier bandit à portée d’épée du plat de celle-ci… En visant son crâne…

Bien entendu le pauvre bougre ne fut pas forcément assommé par le coup, mais à sa manière lorsqu’il tomba au sol, de se tenir le nez, on pouvait deviner que le naga en plus de l’avoir sonné, lui avait cassé le dit nez. Ce qui en situation de combat sauf si l’on était quelqu’un de très dur à la douleur ou stoïque empêchait de se battre pendant quelques bonnes minutes…

Bien entendu les autres brigands en voyant cela passèrent à l’attaque, mais Amset était déjà prêt à se battre et sans doute la moniale. Visiblement le naga était bien plus partant pour une bagarre avec des bandits où personne ne tentait de tuer personne, que pour tenter de continuer à convaincre des entêtés. Quoiqu’il en soit ça en faisait un hors course et leur chef semblait étrangement assez peu disposé à se battre en première ligne, donc il restait quatre adversaires à gérer à eux… Il estimait quoiqu’il en soit que c’était plutôt faisable…

Le chef des brigands avait résisté en partie au sort de la moniale, mais il en semblait particulièrement troublé. Certes elle n’avait pas réussi à faire forte impression comme elle le souhaitait, soit le faire s’effondrer d’un coup, mais au moins cela lui permis de mettre le chef en retrait quelques instants. C’est alors que, les tentatives pacifiques épuisées, le Naga se rua sur le premier pour le mettre au sol, et ce fut le bon moment. Alors, sans perdre son temps, la moniale réagit en un éclair, son bras se détendant tel un puissant ressort.

C’est donc en tenant fermement son bâton que, relevant le bras d’un coup vif et rapide, la moniale profita de l’allonge de son arme pour, tout en lui esquissant une courbe majestueuse du bas vers le haut, en fracasser l’extrémité contre le menton du bandit le plus proche, de quoi équivaloir à un bon uppercut en cette partie du crâne aussi bien efficace pour assomer du premier coup.

C’est après cette action que la moniale pris le temps d’analyser son environnement. Oui, car comme toute aptitude au combat, il fallait analyser son entourage et son environnement afin de prendre le temps d’établir un plan. Chose qu’elle fit sans tarder durant ces quelques secondes de répit.

Il ne restait potentiellement plus que trois adversaires, si le premier avait été sonné au moins par le coup de la moniale. Elle pourrait planifier par la suite de se transporter dans le dos d’un adversaire pour le mettre au sol, le Naga ayant sûrement de quoi affronter deux hommes à la fois. Quant au chef, s’il reprenait ses esprits, il foncerait probablement sur le duo pour le mettre à défaut, chose à laquelle la moniale devait activement penser. En tout cas, elle ressortirait bientôt de sa réflexion, et pourra réagir en conséquence.

Il restait trois adversaires, ou plutôt quatre en effet. Deux hommes que prit à partie le naga, qui tentaient de le frapper avec leur gourdins, qui étaient renforcés de fer, rien de bien spécial, leur chef qui semblait reprendre ses esprits un peu et un quatrième qui s’était soudainement mit à incanter et qui semblait reculer par rapport à Vittoria. Très probablement un mage, probablement pas des plus puissants, mais assez pour disposer de sorts offensifs, visiblement affiliés à l’élément de la lumière au vu des petits éclairs qui crépitaient tout à coup dans sa main droite.

Amset bien entendu entreprit de négocier avec les deux bandits qu’il combattait de front, ces deux derniers n’étaient visiblement pas extrêmement habiles, mais pas non plus incompétents. Sans doute qu’ils avaient pariés sur leur nombre et l’intimidation pour avoir leur dû et non pas le fait de devoir affronter des guerres chevronnés. Dommage pour eux, au moins tout cela constituerait une bonne leçon.

Amset fit donc jouer du plat et pommeau de son épée pour leurs frapper autant les genoux, que l’aine ou le visage, ce évidemment pour respectivement, leur faire baisser la garde, puis les neutraliser. Cela demanda évidemment un bel effort de concentration, mais au bout de quelques dizaines de secondes, les deux guerriers humains gisaient au sol en gémissant, sans doute plus douloureux que vraiment blessés.

De ce que vit Amset, il ne restait que le chef des bandits qui semblait plus doué que les autres visiblement et qui avait prit en main un pistolet, qu’il entreprit de pointer sur l’un d’entre-eux.

[color=#000099]« Amusant, je pense que nous pouvons en rester là. » Dit-il alors ce dernier avant de conclure d’une voix se voulant assurée, mais ne l’étant pas vraiment. « Je me sens d’humeur miséricordieuse aujourd’hui, vous pouvez partir si vous voulez, laissez-nous juste tranquilles. » Il est probable qu’il voulait éviter l’humiliation et probablement aussi de se faire détrousser, mais était bien conscient qu’ils avaient perdus, donc il jouait son dernier atout, qui n’en était pas vraiment un en soit…

Dans le combat, le Naga se défendait plutôt bien. Ce qui n’était guère étonnant d’un côté, vu ses compétences assez exceptionnelles. Quoi qu’il en soit, la moniale se contenta de neutraliser les cibles que le Naga n’avait pas en vue, et s’occupa de mettre fin à la confrontation aussi efficacement que possible.

C’est donc une fois tout le monde au sol que la moniale se rapprocha du chef qui, ayant du mal à garder sa contenance face à son échec, tente malgré tout de négocier. Chose à laquelle Vittoria répondit de son visage impartial et insensible de ses mots tranchants.

Vous avez de la chance, j’ai autre chose à faire. Mais un autre chasseur de prime vous tombera dessus, et vous êtes trop faible pour en confronter un de plus. Alors remettez vous en question, et ne faites pas au voyageurs ce que vous ne voulez pas qu’il vous arrive.

Sur ce, elle se détourna sans un mot, ignorant totalement l’individu. Elle reste néanmoins sur ses gardes, au cas où une attaque fourbe de ce dernier survient, préférant envisager une riposte au cas où. Bâton à la main, posture droite et continuant sa route, elle s’adressa au Naga en lui destinant un regard inquiété de sa santé, doublé d’une confiance sans égales. Elle était certaine que le combattant valait son titre, mais l’on était jamais trop prudents.

Vous ne vous êtes pas blessé ? J’espère que cet imprévu ne soit pas fréquent. Bien que ce ne soit pas des plus dangereux, cela nous éloigne surtout de notre objectif. Combien de route nous reste-t-il, pensez vous ?

La vampire dirigea son regard vers l’horizon, déterminée à suivre son objectif et atteindre la prochaine étape de sa recherche personnelle. Elle espère trouver des réponses, et toutes ces heures de marche n’étaient que futiles face à toutes ces années d’attente et d’incompréhension dont elle a été victime.

Le chef des brigands sembla un peu étonné de s’en tirer à si bon compte et ne sembla qu’à peine écouter la leçon de la moniale, avant de commencer à se défiler, avec quelques-uns de ses hommes qui se relevèrent péniblement et partirent eux aussi. Visiblement, ils avaient tous un certain talent pour prendre la poudre d’escampette mine de rien se dit Amset. Avec un peu d’entraînement, ils pourraient faire en vérité une belle carrière dans le banditisme… Même si évidemment, ce n’était pas vraiment ce qu’il souhaitait.

Quoiqu’il en soit le problème avait été rapidement réglée et en vérité, rapidement le naga et la moniale se retrouvèrent seuls vu qu’ils n’avaient pas vraiment assommés un seul des bandits. Comme quoi il suffisait des fois juste d’offrir une raclée à une bande de malotrus dans les duchés pour se faciliter la vie, nul besoin d’être spécialement plus brutal.

« Hum, non je ne suis pas blessé, après je ne compterai pas sur le fait de ne pas avoir d’autres problèmes en routes, plus graves mêmes, mais nous allons espérer en effet ne pas tomber sur des morts vivants ou Teïderiens par exemple… Pour la route, la ville et le domaine non loin se trouvent sur cette montagne là-bas, il suffit de l’atteindre et ensuite l’escalader. » Dit-il en désignant une petite chaîne de montagnes comme il y en avait tant dans les duchés, surtout au milieu des terres. Ils continuèrent alors leur route, tombant sur peu de visiteurs en chemin.

Jusqu’à la montagne qu’ils commencèrent à escalader, non pas sans se fatiguer un peu, ils arrivèrent alors à une sorte d’intersection, l’une s’enfonçant plus loin dans la montagne et l’autre où un panneau de bois branlant indiquait la direction d’une petite ville montagnarde. Ils continuèrent donc en direction de la ville et tombèrent rapidement sur l’entrée de celle-ci, sous la forme d’une lourde palissade en bois, fermée et surveillée par des gardes. Probablement des mercenaires qui leurs adressèrent rapidement la parole du haut justement de la palissade en disant.

« Si vous voulez entrer, il va falloir payer la taxe d’entrée voyageurs. » Amset se disait que normalement la ville devait être fermée pour des raisons de sécurité, mais que ces deux là en profitaient pour extorquer un peu d’argent à ceux qui voulaient quand même entrer...

La moniale n’avait que faire que de s’attarder sur un tel ralentissement. Certes, elle aurait pu ligoter ce brigand et le livrer à la ville la plus proche pour empocher la prime, mais elle n’avait pas que ça à faire. Son objectif était bien clair dans sa tête, et perdre son temps ainsi était de loin ce qu’elle préférait éviter.

En tout cas, cet aléa fut rapidement écarté, et la moniale reprit le chemin avec son compagnon de route en direction de leur destination. La vampire en profita pour répondre au Naga qui s’était permis de commenter la dernière incartade tout en ajoutant une mise en garde camouflée par un ton pessimiste quant à ce qu’il pourrait se passer après.

Tant mieux, dans ce cas. Et vous avez bien raison, il faut nous souhaiter que la route ne soit pas davantage périlleuse. Après tout, avec ces nouveaux évènements, nous ne sommes pas à l’abri d’un Teïderien ou d’un mort vivant, il est vrai.

Par la suite, les évènements furent énoncés précisément, ce qui permis à la moniale de se préparer psychologiquement à la suite.

Bien. Nous prendrons le temps nécessaire pour ne pas tomber, alors, si nous devons escalader une montagne. J’espère que le froid ne vous dérangera pas, pour ma part disons que j’y suis déjà habituée.

S’en suivit quelques temps de marche avant d’arriver au pied de la montagne. La moniale continua à discuter avec la Naga si des choses continuaient à se dire, puis restera silencieuse durant l’escalade, hormis pour transmettre des informations utiles dans une telle situation.

Arrivée au sommet, une ville cachée sous la neige se dévoila au regard de Vittoria qui ne put s’empêcher de la regarder en détail. Une palissade bien robuste se dressait entre elle et l’intérieur de la ville, ainsi qu’une paire de gardes sûrement embauchés à la dernière minute qui tenta de leur escroquer quelques pièces. C’est à cela que répondit la moniale du tac au tac, sans hésiter, en détâchant une bourse de sa ceinture en la gardant bien en évidence en main.

Vous nous ouvrez, et on vous paie.

La vampire ne pouvait pas se permettre de jeter la bourse comme ça, cela inciterait les mercenaires à profiter de la somme gagnée sans ouvrir la porte. Non, Vittoria allait bien évidemment attendre qu’elle eut obtenu ce qu’elle voulait avant d’offrir la bourse pleine d’une trentaine de pièces, ce qui n’est pas négligeable. Il faut dire que, pour donner de l’argent comme ça, la moniale n’avait pas de scrupules. Peu attachée à l’argent de base, elle avait aussi cet avantage de ne pas avoir besoin d’acheter de la nourriture -hormis les poches de sang- ni même d’entretenir une maison ou user de dépenses inutiles lorsque l’on est -presque- mort.

« Je peux me faire au froid. » Dit Amset sérieux à ce sujet, puis peu causant par la suite, non pas par manque de désir social, mais sans doute car il était concentré et manifestait ainsi un trait typique de la race naga, un certain côté peu bavards la plupart du temps. Quoiqu’il en soit oui, il pouvait sans doute se faire au froid, il était un voyageur après tout, même si certains pourraient arguer que les nagas étaient des êtres plutôt habitués aux déserts et étendues chaudes. Mais en vérité comme les humains, avec un peu d’effort ils pouvaient s’adapter, cela et puis il y avait toujours moyen au pire à l’aide de sa magie de feu de compenser. L’un des sorts les plus basiques après tout de cet art arcanique, était tout simplement celui permettant de se réchauffer.

Quoiqu’il en soit, Amset qui sembla réfléchir à comment gérer les gardes qu’ils rencontrèrent plus tard à l’entrée de la petite ville montagnarde, ne sembla pas spécialement choqué de leur demande. Il fallait dire, on était dans les duchés du Sud et beaucoup de duchéens aimaient l’argent. Après, ils avaient une certaine honnêteté disons dans leur cupidité...

Dans quels sens ? Les mercenaires se mirent à rigoler de façon un peu gaillardes et répondirent à la vampire alors que l’un d’entre-eux descendait, sans doute pour aller ouvrir la porte.

« Mais bien entendu mademoiselle ! » Amset glissa alors avec amusement en voyant la bourse de Vittoria et de lui dire.

« Vrai que quelques pièces ont de quoi suffire à convaincre n’importe quelle lame à vendre... » Sans doute que ces dernières devaient êtres payés à une ou deux pièces la journée selon leur qualité de guerriers. Alors de quoi quadrupler aisément leur paye quotidienne, ce ne serait pas quelque chose qu’ils allaient refuser… Du coup en effet les portes s’ouvrirent et si la vampire maintenant son offre, elle se délesterait ainsi de quelques pièces et ils pourraient pénétrer dans la cité…

« Vous voulez juste que l’on demande où se trouve le domaine aux locaux ? Ou des informations plus précises ? Par exemple vérifier si certains ici descendent ou font partie des anciens propriétaires de ce domaine. » C’était possible après tout, même si dans le dernier cas ça n’avait sans doute pas dû être des êtres humains...







[Hrp : Je me permet dans mon rp de baisser la somme que tu proposes car une centaine de pièces c’est une somme énorme en vrai, le salaire de quelqu’un par mois peut tourner autour des 30 pièces d’argent sans qu’il soit pauvre. Autant dire que 100 pièces ce n’est pas une somme avec laquelle on corrompt des gardes.]

La négociation directe et sans fioritures de la vampire suffit pour faire ouvrir les portes de la cité. Les gardes n’étaient sûrement pas habilités à demander de l’argent aux visiteurs, mais la moniale ne se posa pas la question de si cet argent en valait la peine ou pas. Après tout, il lui permettait d’atteindre son objectif, et faire une fleur à ces gardes n’était pas une mauvaise chose. C’est donc ainsi que la moniale et le Naga se retrouvèrent dans l’enceinte de la cité, non sans un petit soufflement d’amusement de la part de la vampire.

Bien sûr, je préfère ça à la confrontation. Autant proposer cela directement que de perdre du temps en négociations, l’argent sait parfois mieux parler à ma place.

Puis elle laissa un temps de silence, comme pour réfléchir, avant d’ajouter suite à la proposition du Naga :

La deuxième option me paraît la plus complète et la plus sensée. Avoir le maximum d’informations pourrait nous permettre d’avoir certainement assez d’indices pour supprimer les mauvaises pistes et en éclairer d’autres. Ensuite nous irons nous renseigner sur le domaine avant de nous y rendre. En tout cas, faire un croisement entre plusieurs sources d’informations serait bénéfique et nous aidera grandement à avancer. Plus qu’à trouver de potentiels descendants ou de propriétaires encore vivant. Si ça se trouve, nous retrouverons même une piste de l’esclavagiste.

Sur ces mots, la moniale se déplaça dans la ville ayant pour but de trouver l’auberge la plus proche. Là où il y avait le plus de bruit qui courait et de langues déliées était souvent là où l’alcool coulait à flot. Alors, dans son esprit, la moniale se dit que demander au tavernier du coin pouvait être une première piste à suivre, et sûrement la meilleure. Et s'il n'a pas grand chose à donner, il y aura au moins quelqu'un parmi les clients qui aurait quelqu chose à proposer, ou bien des noms à faire tomber. Quoi qu'il en soit, la moniale tenait un filon, et elle ne voudrait en aucun cas le lâcher.