13 Mars de l’an 2001 de l’Âge d’Acier

Il arrivait à Honoria de convoquer de temps en temps des subordonnés, pas forcément directs, mais disons qu’en tant que générale d’Eïlynster ayant d’assez bonnes relations avec ses égaux en général, malgré son caractère fort ferme et autoritaire, elle pouvait des fois se pencher sur le cas d’officiers de grades inférieurs lui semblant intéressants. Après « intéressant » ne voulait pas forcément dire que cet intérêt était dans le bon sens, mais ça ne voulait pas non plus dire dans le mauvais fort heureusement !

Et elle avait décidée aujourd’hui de convoquer un vampire lieutenant connut pour ses talents d’épéistes extrêmement affûtés, en faisant sans doute aucun doute l’un des meilleurs bretteurs du royaume. Pour quelle raison ? Il verrait bien, en tout cas ce serait dans un des forts situés dans l’imposant et grand mur protégeant Eïlynster du monde extérieur, que Lazarus serait reçut, puis escorté à un bureau où l’attendait la générale.

Ou plutôt une espèce de grande salle d’entraînement où se trouvaient aussi bien des mannequins divers, que des pièges peu dangereux ou dispositifs mécaniques ou magiques divers visant à offrir de quoi stimuler ceux venant s’exercer ici… Il n’y aurait néanmoins que la générale totalement armurée, même si pas armée en présence du lieutenant, les soldats chargés de sa protection se postant à l’extérieur de la salle. Notamment car évidemment on ne s’attendait pas à ce que Lazarus pose le moindre problème, c’était un officier ayant la confiance de ses frères et sœurs d’armes après tout.

« Bonjour lieutenant, je vous remercie d’avoir répondu promptement à ma convocation. » Dit-elle alors poliment, mais on pouvait sentir à son ton que ce n’était pas un compliment. Juste qu’il avait eut un comportement normal et attendu à ses yeux, mais elle soulignait ce fait par politesse et sans doute pour indiquer subtilement qu’elle n’avait aucun mauvais sentiment à son égard. « Comment se portent les recrues que vous entraînez ? » Demandera t-elle sinon avec un calme intérêt, même si son air serpentin rendait ses émotions et intentions assez difficiles à percevoir. Il faut dire les nagas étaient autant connus pour leur sang froid que les vampires. Néanmoins comme elle parlait d’une tâche qui semblait assez fréquenter à assurer pour lui, ça indiquait aussi qu’elle était un minimum intéressé à son cas avant de lui demander de venir la voir...

Un jour de mars comme un autre pour le lieutenant instructeur Vim qui entraînait ses recrues a l’art du combat à l’épée et du bouclier. Aujourd’hui il avait décidé de faire un entraînement un peu particulier puisqu’il y participait lui même. Bonne ou mauvaise nouvelle pour les recrues? À elles d’en juger. Toujours est il que l’exercice du jour était simple. Ne faire qu’un dans un combat en surnombre contre un adversaire plus fort. Il était donc au milieu de l’aire de combat, entouré de ses recrues et trois d’entre elles lui faisaient face sous le regard du reste du bataillon. Le métal s’entre choquait, les coups pleuvaient et Lazarus avait bien entendu le dessus malgré tous les efforts des jeunes combattants, les mettant au sol sans ménagement, ou les assommant d’un coup de bouclier. Après chaque combat, trois nouvelles recrues prenaient la place des autres, espérant vaincre le lieutenant.

Mais finalement un messager arriva au grand galop sur un cheval à la robe noire transpirant. Alors qu’il s’arrêtait, il descendit de sa monture et se dirigea rapidement vers le vampire lui tendant une missive.

« Lieutenant Vim? Une missive de la plus haute importance pour vous! »

Ce dernier cessant le combat s’en saisit pour la décacheter et la parcourir du regard rapidement, avant d’acquiescer en signe d’approbation au messager.

« Dis au Général que j’arrive au plus vite.. »

Car ce genre de gradé n’aimait pas vraiment qu’on les fasse attendre inutilement. Il mit donc fin à l’entraînement, laissant les recrues à leurs occupations, avant de se hâter pour trouver une diligence volante, demandant au cocher de pousser les bêtes à fond. L’urgence était là. En route il se demandait ce que pouvait être l’objet de cette convocation… il n’était pas un de ses subalterne direct et il connaissait pourtant la Général Sanna… une personnalité à Eïlynster. De grade plus haut il ne connaissait personne… et le fait est qu’il avait une escorte personnelle ou un comité d’accueil, selon le point de vue qui l’attendait à son point d’atterrissage. Après avoir salué comme il se doit les gardes, il les suivit jusqu’à un râtelier où il déposa bouclier et épée avant d’entrer dans cette spacieuse salle d’entraînement. Il n’allait sans doute pas se rendre à sa convocation en armes. Cela aurait pu être prit pour un signe d’animosité. La Général semblait l’y attendre pour un entretien. Il approcha de quelques pas après ses salutations et ses talons claquèrent l’un contre l’autre alors qu’il se tenait droit.

« Général Sanna… c’est un honneur de faire votre connaissance…Lieutenant Vim au rapport mon Général.

Un salut des plus protocolaires avant de répondre sans détours à la question qu’on lui posait.

« Les recrues manquent encore un peu d’expérience du terrain, mais je puis vous assurer qu’elles seront opérationnelles lorsque vous le déciderez…

Bien sûr pour l’exigeant lieutenant quand il s’agissait de l’art de l’épée, les recrues ne seront jamais à niveau de son point de vue. Mais elles étaient pourtant déjà tout à fait à même de se battre efficacement en cas de besoin. Leurs compétences en matière de combat étaient déjà d’un niveau plus que respectable. Il aurait bien demandé l’objet de sa convocation en retour, mais il le savait. Face à un général ou n’importe quel supérieur hiérarchique, ce n’est pas le subalterne qui mène la conversation. Le supérieur te pose les questions et tu y réponds. Sauf s’il t’invite à toi même t’exprimer sur un autre sujet.

Honoria s’attendait à l’obéissance et la discipline quand elle convoquait quelqu’un et que ce dernier lui faisait face, en ce sens elle était rigide et sans doute bien plus dure et sévère que même la moyenne élevée Eïlynsterienne à ce sujet. Mais, le lieutenant vampirique ne lui donna rien à reprocher à ce sujet pour le moment. Quoiqu’il en soit elle concéda avec une légère dose de respect, après tout elle avait du respect pour son frère d’arme, même si elle ne l’avait guère convoquée pour faire son éloge.

« Et c’est un honneur de rencontrer un combattant si compétent, vos talents martiaux font la fierté de votre nation. » Dira t-elle donc poliment et avec une dose de rigidité militaire, ce avant de reprendre ensuite calmement.

« Le terrain est en lui-même impossible à remplacer par le simple entraînement, mais vos exercices feront sans doute en sorte que bien de ces recrues en reviennent vivantes et expérimentées. » Après tout à ses yeux c’était cela aussi le but de l’entraînement, faire en sorte que les soldats accroissent leurs chances de survie au combat en condition réel. Combat sur le terrain qui leur fournirait ensuite de quoi avoir une réelle expérience. Après bien entendu, le fait que chaque Eïlynsterien devait à la majorité passer le rite de passage à l’âge, aidait sans doute aussi à fournir cette expérience.

« Lieutenant, j’aimerai vous poser une question, notamment ayant trait aux ennemis actuels auquel doit faire face la fière nation du grand mur. » Finirait-elle sinon par dire inflexible, avant d’ajouter d’un ton un peu solennel tout en le fixant comme si elle tentait de lire son âme.

« Que savez vous et pensez vous de l’immonde traître qu’est Cesario ? » Difficile de savoir où elle voulait en venir, mais aborder le sujet d’un des plus terribles traîtres d’Eïlynster, qui avait émergé d’un sommeil de plusieurs siècles il y a presque un an pour à nouveau faire parler de lui, n’était sans doute pas uniquement fait par elle pour le simple plaisir d’en discuter...

Lazarus se contenta d’acquiescer lentement et solennellement au compliment de sa supérieure et ce afin de la laisser continuer. Il ne montra aucun signe de fierté particulière même si ce compliment le touchait. Il était toujours agréable après tout de se faire féliciter par un Général. Au sujet de ses entraînements il ne put qu’acquiescer de nouveau en signe d’approbation profitant d’une pause de sa supérieure pour répondre.

-Plus les recrues saigneront à l’entraînement et moins elles auront de chances de saigner à la guerre. Apprendre à esquiver ou parer une lame est essentielle à la survie sur les champs de batailles…

Enseigner aux recrues à la dure leur faciliterait les choses une fois dans le grand bain. Connaître l’effet mordant d’une lame qui pénètre dans la chaire, évite ce moment de surprise la première fois que cela arrive et ce quart de secondes de flottement et de douleur permettant à l’ennemi de possiblement vous trancher la tête en enchaînant sur une seconde attaque. Et le lieutenant Vim ne se privait guère de faire saigner les recrues afin de leur apprendre la fureur des champs de batailles. Son regard cependant resta plongé dans celui de son Général à sa question quelque peu déroutante sur le moment. Cela lui demanda un petit moment de réflexion avant qu’il ne réponde. La réflexion n’était bien sûr pas au sujet de ce qui devait être fait concernant Cesario, mais bien par rapport aux informations qu’il pouvait avoir sur lui. Finalement il répondit de façon honnête comme à son habitude.

- Je n’étais qu’un enfant quand Cesario a trahit la nation Général. Je ne sais donc que peu de choses sur cette période… il était haut gradé de l’armée Eïlynsterienne avant de lever une armée de barbares et de morts vivants contre la nation… il a finalement été défait et mis en sommeil. Pendant plusieurs siècles l’on n’a plus entendu parler de lui, jusqu’à il y a peu…

Il marqua une courte pause avant de reprendre car sa réponse n’était pas totalement complète.

-Quant à ce que je pense de lui… et bien je n’ai personnellement qu’un seul avis concernant ceux qui osent trahir la nation Général. La trahison envers Eïlynster mérite la mort. Et une telle menace ne peut être laissée libre de ses actions. Cesario doit être détruit et mit hors d’état de nuire une bonne fois pour toute.

Le ton était franc et déterminé, autant que le regard de Lazarus. Sa réponse était totalement honnête bien que sa réponse pourrait être jugée quelque peu expéditive par certains supérieurs. Mais lui voyait les choses d’une façon particulière. Soit l’on était avec Eïlynster, soit l’on était contre. Et les ennemis de la nation ne méritaient que la mort. Les traîtres encore plus, bien que la loi ne soit pas faite ainsi. On préférait bannir les traîtres.

« Tant que les recrues ne perdent ni membre, ni la vie à l’entraînement, je n’ai rien à redire à vos méthodes efficaces. » Dira la générale du ton de l’accord, mais aussi de l’évidence en réponse aux propos du lieutenant. Une manière de dire qu’elle approuvait la fougue qu’il mettait à les entraîner, mais aussi de souligner la limite qu’il ne devait jamais franchir dans son enthousiasme. Pas qu’elle supposait qu’il serait capable de la franchir, mais comme il parlait de faire saigner les recrues… Après tout la vie de chaque soldat Eïlynsterien était précieuse, il devait donc autant les préserver, que solidement les entraîner.

Pour le reste, ils abordèrent un sujet différent, qui était à la fois fort actuel ironiquement et fort ancien, celui du pire traître qu’avait jamais connu la nation Eïlynsterienne, Cesario le prétendu empereur éternel. Et ce qu’avait à dire le lieutenant à ce sujet ne lui déplut pas vraiment. Comme elle finira par le dire d’un ton glacial par la détermination qu’elle y mettait.

« En cela nous sommes d’accord, l’enfant chérit et nourrit par Eïlynster qui la poignarde, ne mérite que la mort. Et j’entends par là que je n’apprécierai que peu que ce soit un autre pays qui mette hors d’état de nuire ce dernier. » Avant d’ajouter ensuite pensive. « Quoiqu'il en soit, il est à nouveau une menace pour nous comme vous le savez, même s’il se montre fort prudent et que les choses sont bien différentes aujourd’hui. Il y a en plus ce maudit « seigneur de la souffrance » que les Teïderiens ont convoqués en ce monde et les anciens dieux nagas… C’est surtout des problèmes d’hors murs actuellement, mais vous vous doutez fort bien que ce sont tous nos ennemis et qu’ils finiront bien assez tôt par se tourner vers nous. » Cela et évidemment au vu de l’animosité éternelle entre le royaume central et celui du grand mur, ce n’était pas pour plaire à la générale que les « ambitions » Teïderiennes actuelles.

« Mais d’une certaine manière ce sera aussi l’occasion de démontrer notre force en triomphant de ces épreuves. Et il se pourrait que vous aussi en profitiez prochainement pour triompher de belles épreuves et obtenir une certaine gloire, du moins si vous vous en sentez le courage lieutenant. » Qu’entendait-elle par là ? En tout cas, il y avait sans doute de quoi susciter la curiosité du vampire...

La mise en garde à peine voilée au sujet des recrues avait été entendue par le Lieutenant Vim. Il est vrai qu’il y allait avec ferveur sur les entraînements, mais jamais au point de blesser mortellement ou aller jusqu’à l’amputation. De longues estafilades sanguinolentes oui en revanche… quoiqu’il en soit, il marqua son approbation par un hochement de tête.

« Bien entendu Général… »

Dit il de façon affirmative mais sans entrain ce qui caractérisait sa condition vampirique autant que son flegme habituel. Cette espèce d’aura calme qu’il portait en permanence sur lui. Mais au fil de la conversation, le sujet de Cesario commençait à devenir plus limpide pour lui, bien qu’il ne sache toujours pas exactement où voulait en venir sa supérieure. Elle tenait à ce que la nation Eïlynsterienne règle ce problème ayant vu le jour chez eux. Ce que Lazarus trouvait tout à fait normal. Et c’est après un nouvel acquiescement qu’il répondit.

« Tout a fait. Je comprends Général. C’est à la nation de prendre en charge le problème du traître Eïlynsterien… et la menace Teïderienne sera à prendre elle aussi très au sérieux. Ce sera sans doute notre seconde priorité? »

Une supposition rien de plus. Pour lui les dieux Nagas, bien qu’étant une menace sérieuse, n’étaient pas le danger le plus imminent. Les Teïderiens étant quant à eux plutôt imprévisibles… cependant la dernière phrase de sa supérieure, lui fit imperceptiblement froncer les sourcils. Pas par rapport au fait qu’elle puisse douter du courage d’un de ses subordonnés, mais bien par rapport à son ordre de priorité. D’un ton toujours calme il répondit alors.

« Sauf votre respect Général, je pense qu’il n’est guère question de courage dans une telle situation mais bien de devoir… ma loyauté a Eïlynster est pleine et entière et ce depuis plus de quatre siècles. Jamais elle n’a faillit ni même ne serait ce que vacillé. Bien sûr la gloire est chère à tout enfant du mur qui se respecte. Seulement pour moi le devoir envers la nation qui m’a vue naître passe avant tout ainsi que ma détermination à protéger mes frères d’armes. C’est en puisant dans ces valeurs que tout Eïlynsterien et tout Eïlynsterienne trouvera le courage d’affronter même les batailles qui semblent perdues d’avance et les retournera en sa faveur… depuis ma naissance, mon corps, mon âme, ma vie ainsi que ma lame est entièrement dévouée au mur. Un seul ordre de votre bouche et je pars sur le champ affronter ces ennemis de la nation…

Il était bien difficile de voir transparaître sur le visage du vampire une quelconque expression. Mais toutefois, l’on pouvait voir dans son regard cette flamme de détermination et de loyauté brûler d’un feu ardent.

La naga fixa l’officier vampirique avec un air imperturbable et sévère qui était très habituel pour elle, et particulièrement intimidant pour l’écrasante majorité des gens, du moins ceux n’y était pas habitués. La générale dégageait disons toujours quelque chose d’imposant ou d’écrasant, comme si son regard jugeait votre âme même ou bien qu’un seul de ses mots pouvait frapper aussi fort que le coup de griffes d’un imposant dragon. Néanmoins, ce ne furent pas des propos agressifs auxquels il eut le droit Lazarius en réponse à ses derniers propos...

« C’est une réponse digne d’un enfant du mur lieutenant, le courage et la gloire sont estimables, mais passent après le devoir et le service à la nation. Certains de nos frères et sœurs s’égarent à ce sujet malheureusement, aussi admirables que sont leurs loyauté et accomplissements, mais je suis satisfaite de voir que ce n’est pas votre cas. » Ce dit avec une certaine sévérité et droiture, la générale n’avait pas semblée se vexer de ce qu’il disait donc, au contraire elle approuvait assez. Pour le reste, l’officier était donc déterminé à suivre ses ordres quoiqu’elle ordonnait ? Du moins tant que ce qu’elle ordonnait évidemment, irait dans le sens des intérêts de leur grande nation…

« Il se trouve qu'en effet j’ai des ordres à vous donner lieutenant. Nous soupçonnons fortement un agent Teïderien de se trouver parmi les fils et filles du village d’épée… Nous avons obtenus des renseignements en ce sens, mais nous n’avons pas put découvrir qui c’était exactement. L’évidence pourrait être un humain, ou non humain subissant des pressions, quoiqu’il en soit l’un des habitants d’épée est un traître, qui cache extrêmement bien son jeu. » Finira t-elle sinon par ajouter implacable avant de reprendre. « Je vous demanderai donc de garder un œil sur vos frères et sœurs d’armes, même si d’autres mèneront l’enquête. Les Teïderiens sont vicieux et sont maîtres dans l’art de cultiver la traîtrise et duplicité certes, mais peut-être avez vous déjà des soupçons sur quelques personnes ? » Une question comme une autre, en tout cas visiblement elle ne le soupçonnait pas lui. En même temps elle n’allait pas soupçonner tout le monde, encore moins un officier aussi fidèle et droit sans bonne raison !

Écoutant les paroles de son Général avec attention, le Lieutenant était satisfait de la réponse de son supérieur. Son zèle était parfois perçu de la mauvaise façon par certains officiers au dessus de lui. Et le Général Sanna était quelqu’un qu’il valait mieux éviter de se mettre à dos avec des mots maladroits, bien que les siens étaient emprunts d’honnêteté.

« Je suis heureux que nos visions des choses concordent mon Général…

Répond Lazarus de son ton toujours peu expressif. Et elle avait en effet un ordre à lui donner. Et ce qu’il apprit lui fit l’effet d’un coup de poing au foie! Ses sourcils se froncèrent et ses muscles se tendirent, alors qu’une colère sourde grondait en lui. Une colère qu’il ne pouvait bien sûr pas laisser exploser face à son supérieur. Il devait la contenir et faire preuve de calme malgré son sang qui bouillait. Ainsi il y’avait un espion au village d’épée. Son! Village! Celui qu’il protégeait depuis toujours! Un Teïderien en prime! Ses poings se serrèrent dans son dos alors qu’il encaissait la nouvelle, prenant le temps de se calmer un peu avant de répondre.

« Ce que vous m’apprenez Général est un véritable coup de poignard dans mon cœur et dans ma fierté. Je vous promets de le trouver le plus vite possible et de le faire passer au fil de ma lame comme le chien de Teïderien qu’il est! »

Sa colère était difficilement contenue et son ton s’était fait plus froid malgré lui. Il devait se calmer un peu encore. Faire un effort pour ne pas exploser plus que de raison, réfléchir et trouver comment il pourrait confondre ce traître à la nation.

« Et je n’ai rien vu… quel idiot… je connais chaque soldat de mon village et pourtant je n’ai rien vu… » enrage t’il. « Quels genre de renseignements avez vous trouvé pour savoir qu’un traître était dans nos rangs Général? Mener des interrogatoires lui mettrait la puce à l’oreille… je préconise plutôt la désinformation… il finira par commettre une erreur… »

Suggère le lieutenant. Selon lui, ses employeurs n’apprécieraient pas qu’il leur transmette de fausses informations. Cela permettrait sans doute de lui mettre une pression supplémentaire et le pousserait à l’erreur… du moins c’est la méthode qui lui paraissait la plus à même de fonctionner.

Cela n’étonnait pas vraiment la générale que sa vision des choses et celle du vampire ne soient pas très éloignées, mais il est vrai qu’il n’avait pas été aussi certain qu’ils soient d’accords sur certains détails. Disons que même dans une nation aussi unifiée et aux valeurs aussi solides que celle du grand mur, il existait des divergences d’opinions et d’avis sur certains sujets. Et soyons sincère, Honoria était sans doute dans la droite lignée nationaliste et conservatrice dure des isolationnistes…

Elle hochera donc simplement la tête, d’un mouvement un peu sec, quand Lazarius se réjouira de leur point de vue commun sur certaines choses. Car cela n’avait pas forcément besoin de mots pour qu’elle y réponde… Puis ils changèrent de sujet, pour quelque chose qui à raison, perturba le lieutenant.

« L’idiotie est un mauvais terme pour décrire le fait que vous ne l’ayez pas vu, les Teïderiens sont capables de beaucoup d’efforts pour nous infiltrer, cet agent a dû mettre des décennies à peaufiner sa couverture ou bien est le descendant d’un agent ennemi précédent qui lui n’a fait que préparer la successions de son enfant. En somme, il était presque impossible avant qu’il ne commence à faire son office, de soupçonner son existence. » Dira alors la générale d’un ton inflexible, qui signifiait qu’il n’aurait pas put le débusquer avant de toute manière, donc quel intérêt de se le reprocher ?

« Mais votre colère est compréhensible, même si je dois contenir votre rage légitime, il serait bien que nous l’ayons vivants pour l’interroger. Ensuite, nous l’exécuterons évidemment. » Ajoutera t-elle sinon de ton habituel ton solide comme la roche, avant de reprendre ensuite avec une légère réflexion serpentine. « Un Teïderien que nous avons interrogés à l’aide de la magie de l’âme, a fait comprendre qu’il recevait certains informations intéressantes directement du village d’épée, même si bien entendu il ne savait pas qui était l’agent les lui ayant fournis. » Puis elle ajoutera avec une légère approbation dans la voix. « Votre idée est sinon intéressante, bien entendu il faudra faire cela subtilement, les Teïderiens nous ont déjà vu employer ce genre de stratégie après tout et si jamais il nous soupçonnait de faire ainsi, autant dire qu’il se montrerait alors prudent au contraire. » Il ne fallait après tout jamais soupçonner les fourbes serviteurs du royaume central.

« Mais je peux vous apprendre quelques subtilités du contre renseignement qu’il est toujours utile de connaître et qui vous y aiderons. Si vous venez à gagner en grade après tout, c’est quelque chose qui deviendra de plus en plus important, une bonne stratégie n’est jamais aussi bonne que quand votre ennemi ne la connaît pas d’avance... » Conclura t-elle alors avec fermeté.

Malgré qu’il acquiesce lentement aux premiers propos du Général son regard reste perdu et pensif. Il aurait dû être plus méfiant. Faire preuve de plus de jugeote et se dire que le danger pouvait se trouver partout même au village d’épée. Et dire qu’il entraînait sans doute un traitre à la nation depuis des années sans le savoir… qu’il le félicitait même pour ses talents. Comment pouvait on passer à côté d’un espion dans les rangs aussi facilement? Comment pouvait on être aveugle à ce point? La seconde intervention de sa supérieure lui fit relever le regard vers elle. Ne pas le tuer. C’était un ordre direct. Il devrait donc le maîtriser suffisamment pour qu’il soit hors d’état de nuire, mais ne pas porter le coup fatal… il devrait se contenir à ce moment là…

« Bien Général. Il sera fait selon vos ordres… »

Répond le Lieutenant.

« Mon idée précise était de faire de la désinformation en glissant une fausse information différente pour chaque unité et ainsi réduire le périmètre de recherches… mais il est vrai que c’est un pari risqué que nous ne pouvons nous permettre… »

Précise t’il avant d’enchaîner.

« Chaque enseignement est bon à prendre quelque soit le grade que l’on occupe Général. Enfin de mon point de vue… ce sera donc un honneur pour moi d’apprendre de vous si vous y consentez… »

Selon lui le poste ou le grade importait peu. Seul les résultats comptaient. Et s’il était Lieutenant depuis des siècles à présent, il n’avait jamais cherché à monter spécialement en grade. Pour lui, il monterait au mérite et au bon vouloir de ses supérieurs. Il faisait ce pourquoi il était à ce poste, il essayait d’accomplir ses missions du mieux qu’il pouvait. Et si un jour ses supérieurs estimaient qu’il devait prendre du galon, et bien soit… il en serait honoré et les remercierai en accomplissant ses nouvelles tâches avec ferveur et volontarisme.

« Protéger et servir le mur sont mes seules ambitions Général…

Conclue t’il finalement.

Honoria se doutait que le vampire était en colère, même si elle ne lisait pas dans ses pensées, mais elle même aurait été furieuse évidemment et elle l’était d’ailleurs. La générale détestait les traîtres, encore plus ceux qui travaillaient activement à l’anéantissement de leur contrée, pour elle la peine de mort était presque trop douce pour ce genre de vermines… Néanmoins il fallait rester pragmatique et quand ils mettraient la main dessus, il serait d’abord essentiel de l’interroger.

« Votre idée ne manque pas d’intérêt, mais en effet elle aurait put être trop visible. Néanmoins, nous pouvons y aller au cas par cas sans problème. Cet espion est là depuis des années, nous pouvons bien faire un travail de recherche méticuleux pour l'attraper… » Dira t-elle sinon avec réflexion, après tout ce n’est pas comme s’ils avaient à l’arrêter dans la journée. Certes le plus tôt serait le mieux, mais un peu tard valait mieux que pas du tout…

« Ce ne sera rien de passionnant que je vais vous enseigner lieutenant, cela s’appelle de la veille administrative, mais croyez moi, adjoint avec un travail de terrain efficace, vous aurez tendance à mieux remarquer certaines choses… Et ça ne nécessitera pas que vous passiez des heures dessus, sauf si vous montez en grade. » Elle hochera alors la tête aux propos du vampire, puis ajoutera.

« En nous y mettant ensembles, mais continuez à vaquer à vos occupations et missions entre-temps comme si de rien n’était, nous devrions en quelques semaines, voir mois obtenir quelque chose de probant… Le renseignement est souvent un travail ingrat et long, mais croyez moi les résultats peuvent êtres forts satisfaisants. » Ceci dit, alors qu’elle lui faisait signe d’approcher un peu, mais pas trop elle demanderait.

« Commençons néanmoins par le plus simple, vous allez réfléchir et me lister plus tard le nom des personnes qui pour vous, sont au dessus de tout soupçons et me donner les raisons. Certes il faut être prudent, mais il y a des enfants du mur qui ne trahiront jamais leur patrie même pour sauver une mère ou un fils, ceux là sont évidemment hors de tout soupçon. » Alors autant ne pas perdre son temps avec eux pensa t-elle, l’avantage étant que sans être courante, ce genre de personnes n’étaient pas non plus extrêmement rares au sein de la nation du grand mur… Elle-même en faisant partie d’ailleurs, elle aimait profondément son père, mais s’il fallait un jour le sacrifier pour le bien de la patrie, elle n’hésiterait que fort peu.

De ce qu’il en comprenait un travail méticuleux l’attendait. Un travail qu’il n’allait sans doute pas spécialement apprécier mais nécessaire s’ils voulaient attraper ce traître et lui faire payer ses méfaits. Et quand on s’en prenait à sa nation et aux enfants du mur, le Lieutenant était capable de faire preuve d’une patience éternelle, tant que le finalité de cette mission serait la mort de ce traître à la nation! Ses poings étaient serrés dans son dos à faire blanchir ses phalanges et sa mâchoire était toujours serrée de colère contre lui même, malgré les mots apaisant de son Général. Il entendait chacun de ses mots restant silencieux se repassant mentalement de nombreux visages à la recherche de peut être quelques passes à l’épée différentes de celles qu’il enseigne, quelques mots maladroits peut être, une absence inopinée? Mais pour le moment rien de tout cela ne lui venait…

« Comme vous le savez, je ne dors pas Général… et je peux me faire extrêmement discret grâce à la magie des ténèbres… en dehors de mes missions je pourrais probablement arpenter un peu nos frontières… »

C’était un travail de fourmis qu’elle lui proposait. Mais s’il pouvait au moins voir à quoi il pouvait bien ressembler, ou bien des mouvements suspects aux abords des frontières, alors cet espion serait plus facile à appréhender. Même s’il n’intervenait pas au cas où il le trouverait au risque qu’il puisse passer la frontière et être perdu à jamais. Et quand elle lui demanda de dresser une liste de frères du mur fidèles, un premier nom lui vint instantanément.

« Le Capitaine Mortensen peut déjà être écarté. Il est mon Sire et mon mentor. Jamais il ne trahirait le mur. Nous nous connaissons depuis des siècles… »

Bien que cela faisait une courte liste pour le moment, il tenait à écarter tout de suite son Capitaine qui avait fait de lui son Lieutenant. Il était impossible qu’il soit un traître au mur c’était certain.

« Pour le reste, bien qu’il ne faille écarter aucune possibilité, je doute que ce soit quelqu’un de très gradé… ce serait trop facilement suspecté selon moi. Un lieutenant grand maximum. Cela lui permettrait d’avoir une certaine liberté de mouvement sans être trop surveillé… »

Ce n’était là qu’hypothèse bien sûr, mais il essayait déjà de réduire la liste de façon la plus efficace possible…

« Je doute que cet espion agisse de manière fort suspecte, ce serait peut-être perdre du temps pour vous de patrouiller pour le débusquer. » Dira Honoria pensive à ce sujet, après tout les agents Teïderiens capables de maintenir une couverture à Eïlynster n’étaient jamais des débutants et surtout faisaient le maximum pour que rien ne soit soupçonné à leur sujet. En somme, il valait mieux éviter donc de perdre du temps inutilement avec ce genre de précautions…

« Le capitaine en effet est quelqu’un de connu comme loyal et au vu de votre loyauté, je ne doute pas que vous vous influencez l’un et l’autre à ce sujet. » Dira t-elle sinon inflexible et avec accord concernant le premier nom cité, de personne à ne pas soupçonner quant à un possible traître. Après concernant un vampire, il aurait fallut un formidable moyen de pression pour que ce dernier accepte de trahir leur nation pour Teïder, après tout c’était une race mise à mort vue chez leurs ennemis de toujours…

« Votre hypothèse est sans doute juste, s’il était haut gradé ses mouvements seraient contraints, il serait davantage remarqué et il aurait moins de possibilité de servir ses vrais maîtres. Cela n’exclut pas une autre possibilité, mais il est certainement du rang de lieutenant au maximum en effet, voir simplement sergent. » Ajoutera t-elle sinon avec accord à ce sujet, le lieutenant émettant une idée qui lui semblait bonne, elle n’hésite donc pas à la faire remarquer. Honoria réfléchira alors un instant, puis ajoutera…

« Bien, mettons nous y, je vais vous montrer quelques astuces et ensuite vous me ferez des rapports assez fréquemment après que je vous ai donné quelques dernières instructions. Ne vous inquiétez pas, le messager que je vous enverrai est discret et digne de confiance, il aura une dague au pommeau de saphir… Et il saura vous trouver où que vous soyez évidemment. » De quoi bien se mettre en selle et commencer leur tâche, qui prendrait sans doute du temps, Lazarius aurait tout à fait le temps de faire ses activités habituelles ou faire d’autres missions entre-temps, parce que ce serait un travail d’assez longue haleine donc et qui ne justifiait pas qu’il y consacre toute son énergie...

Il est vrai qu’arpenter les frontières prendrait sans doute de long mois et avec une chance de réussite pour le moins hasardeuse. Toutefois il avait une autre proposition peut être plus utile…

« Il est vrai que la tâche serait hasardeuse Général… »

Admet le vampire sans problème.

« En revanche, je suis en mesure de marquer des suspects et de savoir exactement où ils se trouvent ou les écouter via des runes ténébreuses… ce qui pourra éventuellement se faire quand nous aurons drastiquement réduits notre liste je suppose… sauf contre ordre de votre part cela va de soit… »

Ne pouvant ensuite qu’acquiescer aux mots de son Général concernant son mentor, il écoute la suite tout en restant en pleine réflexion. Teïder était loin d’être une terre d’accueil pour toutes les races… donc cela allait réduire d’autant plus la liste des suspects possibles. Au moins dans un premier temps, quitte ensuite à se tourner vers des races moins probables…

« Je pencherais pour un humain… sergent ou lieutenant au maximum… sans doute un homme plutôt qu’une femme même. Bien qu’il ne faille guère écarter l’autre possibilité. Mais cela devrait un peu réduire les champs des possibles…

Répond Lazarus de son ton martial et calme, écoutant ensuite le reste du plan concernant la prise de cet espion. Il nota mentalement la description de la dague. Si le Général jugeait son messager digne de confiance alors le vampire ne comptait pas s’en méfier. Leurs points de vue tout à fait similaires sur beaucoup de points de la nation, lui permettaient de se fier entièrement à sa supérieure. Elle avait même gagné son respect de frère du mur en plus de sa position hiérarchique bien sûr qui faisait qu’il se devait de toute façon de respecter ses ordres.

« Bien Général. Il sera fait selon vos ordres et nous trouverons cette taupe avant de l’interroger et de le passer au fil de la lame de la justice Eïlynsterienne… »

Répond t’il ensuite en acquiesçant tout en tapant son poing contre son armure au niveau de son cœur, signe de sa dévotion à la tâche autant qu’à la nation qui l’a vue naître.

Le lieutenant avait des idées, c’était toujours une bonne chose, après elle avait à redire à certaines de ses propositions, mais tout n’était pas non plus à revoir.

« Il y a beaucoup de trop de chances qu’un agent Teïderien repère rapidement ce genre de marques apposées sur lui, ils savent y faire et ce serait révéler de façon évidente que nous le soupçonnons. Quant à poser des marques ténébreuses dans des lieux précis pour surveiller, il faudrait trouver d’excellents endroits pour cela, ce n’est pas une mauvaise idée, mais ça demandera d’avoir déjà des solides pistes. » Après tout, il n’y avait pas moyen de parfaitement cacher ce genre de choses, autant dire qu’il y avait des risques si mal employé…

Pour le reste, il n’avait pas forcément tort d’imaginer que c’était probablement un humain, mais Teïder savait pousser des étrangers d’autres races à travailler pour eux, par la persuasion ou la ruse. Après tout, ce n’est pas parce que leur état composé d’idiots racistes, que leur service de renseignement redoutable ne pouvait pas mettre en partie certains principes de côté par efficacité…

« Ce serait la piste évidente lieutenant, mais l’évidence n’est pas forcément certaine avec les Teïderiens, méfiez vous, ça pourrait tout à fait être une femme, même d’une race qu’ils désirent voir exterminés. Néanmoins, je fais confiance à votre instinct. » Ceci dit, elle conclurait quand le vampire se préparé à prendre congé.

« Nous nous reverrons dans un mois, d’ici là vaquez à vos occupations et missions habituelles, en plus de cette tâche officieuse. Mon messager viendra vous voir pour les rapports, puis pour vous dire où me rejoindre le moment venu... » Et sur ce, la réunion s’acheva…

[…]

Et en effet, un mois plus tard, Lazarus qui était sans doute en repos après une mission ou un entraînement, verrait un nain aux airs farouches l’approcher, un nain qui était venu assez fréquemment récupérer ses rapports et à la fameuse dague au pommeau de saphir à sa ceinture.… Celui-ci dirait alors à Lazarus l’air de rien et en s’arrêtant à peine sur le chemin.

« Salutations Lieutenant. Le sergent Leïdric vous attend chez lui pour son habituel entraînement approfondi... » Mais bien entendu le dit sergent ne suivait pas un tel programme et était actuellement en mission, sa demeure agricole dans les environs du village n’était donc pas occupée actuellement, en dehors de la journée où quelques travailleurs agricoles non en service militaires cultivaient les champs qu’il supervisait en tant que civil… Car bien entendu, quand un Eïlynsterien n’était pas en service, il devait être productif au nom du pays !

Bien… visiblement les idées soumises par son lieutenant ne plaisaient guère à sa supérieure. Ou peut être avait elle un meilleur plan tout simplement. Sa soif de choper cet imposteur et traître au mur était peut être forte au point de biaiser son jugement et sa stratégie après tout. Il hocha donc la tête respectueusement.

«  Bien Général. Il sera fait selon vos ordres… »

Répondît il de son ton calme habituel. Pour la suite, elle lui parlait d’évidence. Mais l’évidence était parfois le meilleur moyen de cacher ses actions face à un ennemi que l’on connaît bien. Selon lui, commencer par égrainer les humains de type masculin, puis les humaines ensuite, pour se diriger peu à peu vers l’improbable aurait fait gagner du temps. Peut être se trompait il après tout. Mais pour le moment, bien malin qui pourrait le dire… ils leur fallait un point de départ pour les recherches. Et s’il avait bien déjà quelques possibles noms en tête à force de réflexions mentales, pour le moment il se garderait de les donner à son Général. Un rapport écrit, dûment remplit et avec un argumentaire aura sans doute plus de valeur à ses yeux qu’une simple énumération orale. Il choisit donc de noter tous ces noms dans un coin de sa tête pour le moment attendant d’être libre de vaquer à ses occupations. Ce qui ne tarda pas à arriver, le Général lui signifiant qu’il pouvait disposer. Après un dernier salut protocolaire, il dit simplement.

« Général… »

Puis de tourner de façon martiale pour quitter cette réunion, des noms en tête et une irrépressible envie aussi de vite tomber sur ce chien qui avait osé trahir le mur.


Et un mois passa. Mois pendant lequel le Lieutenant instructeur avait travaillé sans relâche à la traque de cet espion. Car en effet, n’ayant nullement besoin de dormir, il pouvait se permettre d’être deux fois plus productif. Il avait prit soin de rédiger de nombreux rapports, argumentés et avec informations vérifiée ou à vérifier, qu’il avait remit à son messager à chaque fois qu’il venait les chercher. Comme prévu il portait une dague au pommeau orné d’un saphir. C’était le signe qu’il pouvait avoir confiance. Il était fidèle au mur d’après le Général Sanna, et Lazarus avait autant de respect que de confiance en elle. Et c’est pendant cette mi-avril où le printemps commençait à refaire son apparition et que Lazarus supervisait un champ de plantations et aidait aussi à décharger les sacs de graines, que le messager refit son apparition. Il était attendu. Fort bien. Sans s’arrêter avec son sac de graines sur l’épaule il se contenta d’un léger signe de tête à l’attention du messager. Posant ce dernier sac, il se rendit donc ensuite au point de rendez vous. Le Général devait avoir du nouveau… il utiliserait ses pouvoir de ténèbres pour se rendre invisible quand le besoin s’en ferait sentir pour éviter d’être repéré par les hommes travaillants aux champs. Ce pour éviter des soupçons supplémentaires ou qu’une langue trop bien pendue ne dise avoir vu le Lieutenant Vim dans ses environs sans raison apparente…ce n’est qu’une fois dans la maison, qu’il se rendrait ne nouveau visible et demanderait à être escorté auprès d’elle ou la chercherait si elle était seule, ce qui restait peu probable avant de la saluer.

« Mon Général… Lieutenant Vim au rapport… »

Honoria s’était donc installée pour cette future entrevue dans la demeure d’un sergent, alors que les environs que supervisaient ce dernier quand il n’était pas absent, étaient peu occupés par les habituels travailleurs des champs et alors qu’elle était accompagnée de deux gardes du corps fidèles souvent vu à ses côtés et silencieux. Qui cette fois-ci ne se trouvaient pas à l’extérieur de la pièce où elle attendit le vampire, mais à l’intérieur. Sans doute par désir de discrétion…

Il y en avait aussi un troisième discret qui avait réceptionné Lazarus à l’entrée et qui avait fait attention à ne pas être visible depuis l’extérieur. Ce dernier vêtu entièrement et au visage dissimulé, comme les autres gardes du corps de la générale, sans doute pour diverses raisons. Saluera silencieusement le vampire d’un hochement de tête, puis mènerait ce dernier vers une pièce de repos aux fenêtres couverte de rideaux..

Une pièce sobre, mais pas non plus miséreuse, dotée de quelques meubles de rangements pratique, d’une table et de quelques chaises. Mais étant donné qu’un naga assit sur une chaise ce n’était pas pratique, la générale était pour sa part installée sur ses propres bobines… Et accueillera le lieutenant d’un sec hochement de tête, de sa voix reptilienne et froide, mais guère hostile, au contraire.

« Salutations lieutenant, prenez place. J’ai lu vos rapports et je suis satisfaite de votre dévouement et abnégation. » Dirait-elle alors avec une once de respect, sans doute pour le rassurer un peu, mais aussi confirmer le fait qu’elle était satisfaite de son travail pour le moment, ce qui n’était pas rien au vu de son caractère sévère et exigeant.

Sur ce, une fois qu’il fut installé, la nagate au regard toujours aussi intimidant, mais respectueux quoique sévère, dirait calmement.

« Nous avons fais des avancées non négligeables dans le travail pour débusquer ce traître, je pense que vous serez ravi de les connaître, surtout que vous n’y êtes pas pour rien. Et vous pourriez même y participer fort directement, si cela vous intéresse. » Après tout lui qui il y a un mois semblait fort motivé pour lui-même aidé à arrêter et tuer l’espion, sans doute n’avait-il pas perdu sa fougue et sa hargne à ce sujet ?

Entre-temps, une pile de document fut déposé par un des deux gardes du corps de la générale sur la table en bois de chêne solide, visiblement beaucoup de paperasse écrite en Eïlynsterien. Après tout si l’Akkatonien était en quelque sorte la langue du quotidien, du moins un dérivé de celui-ci, en ces terres… La langue locale restait celle de l’administration et des affaires militaires, ce malgré son aspect moins aisé à employer dira t-on.

D’ailleurs elle n’appréciait pas trop qu’Eïlynster ait ainsi été convertie à cette langue étrangère avec le temps et ce malgré son isolationnisme farouche, mais ça avait sa praticité pour espionner l’étranger ou les conversations de peu d'importance, disons juste que son côté farouchement nationaliste en était agacé.

Le Lieutenant s’était laissé guider par le garde du corps du Général en toute confiance bien qu’il soit masqué après lui avoir rendu son salut. En d’autres circonstances, il serait resté plus sur ses gardes. Mais l’information quant au point de rendez vous venait directement de son messager personnel. Alors il n’avait pas de raison de se montrer méfiant outre mesure. A son arrivée, deux gardes du corps accompagnaient la Général qu’il salua bien sûr de façon plus martiale avec le respect du à un supérieur avant d’être convié à s’assoir. Chose rare pour un soldat en compagnie d’un Général.

« Merci Général… »

Dit le Vampire en prenant place autant pour ses compliments que pour l’autorisation de s’assoir. Il écoutait ensuite avec un intérêt non feint les propos de sa supérieure pendant qu’une pile de document venait s’étaler sur la table en bois massif. Son regard dévia légèrement pendant un cours instant sur les documents écrits en Eïlynsterien et revint rapidement sur sa Général ensuite. Ses yeux noirs étaient toujours animés de cette flamme ardente de combativité et de vengeance qu’elle avait pu voir il y’a un mois lorsqu’il avait apprit qu’un traître était dans les rangs du village d’Epée.

« Protéger les enfants et les frères du mur est la raison de mon éternité… tant que ma tête sera sur mes épaules, je combattrai les envahisseurs et punirai les traîtres… vous pouvez compter sur moi Général. Je vous ramènerai ce traitre avec encore assez de vie en lui pour que vous puissiez l’interroger avant de l’exécuter… »

Car il n’avait pas oublié non plus les paroles de sa supérieure. Ils devaient dans un premier temps l’arrêter pour l’interroger. Pas le tuer tout de suite. Et bien qu’il rongeait son frein et rêvait de voir sa tête rouler sur le sol du territoire d’Eïlynster avant de la mettre au bout d’une pique pour dissuader les autres, il devrait se restreindre et calmer ses nerfs.

« Puis-je Général ? »

Demanda t’il par principe et respect en posant la main sur les documents. Si elle l’autorise, il commencera à lire les documents avec attention, les parcourant du regard à la recherche du nom de ce traître au mur. Il appréciait d’ailleurs que ce soit écrit dans sa langue natale pour une fois et cherchait en même temps à définir s’il avait vu juste concernant la race et le sexe du traître ou s’il s’était fourvoyé totalement. Bien que cela n’avait plus grande importance à présent. Il devrait être maîtrisé et arrêté avant d’être traîné devant la justice Eïlynsterienne.

La générale hocha la tête légèrement aux propos pleins de conviction du vampire, qui décidément était bien zélé, mais elle appréciait cela plutôt que l’inverse, elle-même étant du genre assez radicale dans son nationalisme. Ce avant de dire simplement et avec accord de sa voix glaciale d’où émanait une puissante autorité.

« Vous pouvez lieutenant. » Ce pour autoriser ce dernier à consulter les documents, que de toute manière la général connaissait déjà, celle-ci dirait alors simplement.

« Comme vous le lirez, nous avons débusqués le traître. Visiblement vos suppositions étaient assez fondées, c’était un humain de sexe masculin. Demïr Logarri, cela m’étonne d’avoir apprit cela car il est né à Eïlynster et ses ancêtres n’ont même pas d’origines Teïderiennes, mais je suppose qu’ils ont su le convaincre. » Un humain qui était simple soldat et qui travaillait comme administratif dans le village d’épée, du moins en assurant une partie de la paperasse nécessaire au fonctionnement d’une telle communauté dans un pays aussi militarisé.

« Et... » Et alors qu’elle disait cela, la porte s’ouvrit brusquement et aussi bien la nagate, que le vampire purent voir le garde du corps masqué entrer pour dire avec précipitation.

« Générale, le traître s’est enfuit du village, vers l’Ouest et le bois des lames. » La nagate qui se releva alors avec un mélange d’agacement et de colère, dira au vampire. « Allons y, je vous dirais le reste en chemin. Hors de question de laisser ce traître s’échapper d’une manière ou d’une autre. » En disant cela la générale ajoutera en direction de son garde masqué.

« Va ordonner une battue dans le bois des lames, moi et le lieutenant y participeront. Et ordonne aux troupes d’êtres prudentes, même s’il est seul et que nous sommes les meilleurs guerriers d’Orzian, il ne faut jamais sous estimer un agent de Teïder. » Ceci fait, le garde partirait en courant et Honoria suivit de ses deux autres gardes du corps et probablement Lazarus dirait avec fermeté.

« Je ne sais pas comment il a put apprendre nos soupçons, mais j’espère que vous n’aviez rien d’autre d’important à faire aujourd’hui lieutenant. Je le veux, vif de préférence, mais je le préfère mort que de le voir s’échapper. » Des souhaits simples, qu’elle comptait bien voir exaucés à terme ! Honoria n’aimait pas après tout qu’une proie lui échappe...

Ainsi donc ses premières idées étaient fondées. Il s’agissait bien d’un humain masculin de ce qu’il lisait. Et le pire était qu’il connaissait ce soldat… un chien de traître à présent… qui servait en fait Teïder malgré sa naissance Elysterienne! Cela le rendait fou de rage. En témoignaient ses mains crispées sur le dossier et son regard noir parcourant les lignes du rapport. Chez lui! Dans son village! Sous son nez! Mais alors qu’il allait répondre la mâchoire serrée de rage, la porte s’ouvrît avec fracas. Délaissant les papiers, le Lieutenant écouta le garde du corps avant de se lever d’un bond de sa chaise, n’attendant qu’un simple mot de sa supérieure pour agir. Mot qui ne tarda pas à arriver. Il hocha la tête avec détermination.

« Avec plaisir Générale… à vos ordres! »

Il suivit la Générale d’un pas hâtif, récupérant épée et bouclier qu’il avait laissé à l’entrée de la pièce contre le mur.

« Vous l’aurez vif Générale. Sauf s’il nous oblige à le tuer… »

Répond Lazarus avec une flamme vengeresse et pleine de rage dans le regard.
Il devrait se contenir pour ne pas l’achever tout de suite. C’était un fait. Car cet homme, Eïlynsterien de naissance avait trahit son pays. Quelque soit l’excuse qu’il pourrait fournir, aucune ne pourrait convenir au Lieutenant. Seule la mort était envisageable pour cette trahison. L’exil était bien trop doux selon lui. Une mort lente et douloureuse était préférable. Avec un combat à l’épée…et encore… c’était lui offrir une trop belle mort…

Le lieutenant ne fit pas de difficulté, ce qui n’était guère étonnant et suivit donc la générale qui se hâtait déjà pour aller rejoindre le bois dans lequel le fugitif s’était enfui, ce pendant que ses gardes du corps se dispersaient visiblement pour aller communiquer ses ordres. Au vu de l’habituelle efficacité Eïlynsyterienne, il était probable qu’au moment même où les deux officiers entreraient dans le bois, une battue aurait déjà débutée… Du moins quelque chose se serait mit en place :

Et c’est ce qu’ils purent voir alors qu’ils pénètrent dans le bois en effet, alors que quelques patrouilles environnantes ou petits rassemblent de soldats en repos normalement avaient rapidement récupérés leurs effet et un semblant d’organisation. Ce pour lancer une battue digne de ce nom et sans doute fort disciplinée, les Eïlynsteriens étaient après tout des soldats professionnels et non des miliciens Teïderiens avec de la liqueur dans le sang...

Pour sa part, Honoria fut donc accompagnée du lieutenant et deux de ses gardes du corps quand elle s’aventura dans le bois, revêtue comme souvent en mission de sa lourde et impressionnante armure, ce qui donnait un air très armuré à leur petite escouade vu qu’elle ne comptait que des combattants lourds, mais ce n’était guère un mal…

« Je doute que nous tombions sur lui par pur hasard en errant dans le bois, mais j’espère bien que la battue l’obligera à être prudent et surtout à ne pas tenter de sortir de cette forêt... » Dira t-elle alors concentrée alors qu’ils se rendaient quelque part, car elle ne prenait même pas le temps de surveiller les environs… Et si jamais Lazarius se demandait où, il aurait de toute manière rapidement la réponse, quand elle dirait avec un ton glacial empreint de colère.

« En attendant, mes agents ont découverts plusieurs caches de ce traître dans ces bois, nous allons nous y rendre, et l’y débusquer. C’est probablement la meilleure piste, du moins s’il ne s’est pas réfugié dans une que nous n’avons pas découverts... » L’autre serait de perdre tout les deux leurs temps à chercher des traces comme le reste des combattants participant à la battue, rien d’optimal en somme…

« Je crois que vous n’êtes pas connu pour votre discrétion, mais vous êtes une mage de ténèbres, vous sentez vous capable si je vous le demande de partir en éclaireur pour vérifier s’il y a de l’activité dans chacune de ces cachettes ? Sans y entrer évidemment. » Demandera t-elle sinon attentive, ce n’était pas une tâche très exigeante en soit, mais important en effet… Et qu’elle ne pourrait pas réaliser elle-même, ce pour des raisons évidentes…

Quoiqu’il en soit, ils arriveraient prochainement au niveau de plusieurs de ces cachettes...

Alors qu’ils sortaient en grande hâte de la maison servant de quartier général à sa supérieure, le Lieutenant pu voir qu’une traque s’était mise en place rapidement. Le bois allait être passé au peigne fin! Enfin ce traitre allait avoir ce qu’il méritait! Suivant donc la Générale en restant aux aguets de moindre branches cassées ou traces de pas, elle de son côté ne semblait guère se préoccuper de la recherche en tant que telle. Ce qui laissa Lazarus quelque peu perplexe sur le moment. Mais la réponse à ses interrogations silencieuses, lui parvint bien vite de la bouche même de sa supérieure. Non! Il ne devait surtout pas sortir de cette forêt! Mais que faire pour l’en empêcher! Les gardes frontières devraient le ralentir de toute façon. Et quitter les terres d’Eïlynster en plein jour, serait du suicide sans doute. Il attendrait probablement caché jusqu’à la nuit. Et toujours d’après la Générale il avait des planques dans la forêt, et c’est donc là que se dirigeaient le groupe de combattants en armure lourde. Il restait un léger facteur chance. Mais sa supérieure n’étant pas du genre à omettre de détails, il avait confiance dans le fait qu’elle ait déjà découvert la grande majorité des cachettes possibles de ce chien qui se savait traqué ! A sa question, il répondit calmement après avoir hoché la tête sobrement.

« Sans problèmes Générale. Je devrais pouvoir être discret grâce a ma magie mais aussi ma cape… »

Et une fois sur place d’ailleurs, il se rendrait bien vite invisible aux yeux de son groupe avant de se rendre discrètement en faisant attention où il posait les pieds pour éviter un craquement de branche inadéquat vers la première planque a l’ordre de son Général, y plaçant une rune espionne en cas d’absence du fugitif au niveau de l’entrée et le mieux cachée possible. On ne sait jamais. S’il changeait de cachette de temps à autre et qu’il venait dans une des cachettes déjà visitée, alors le Vampire le saurait !

Spoiler:

Honoria espérait bien que cette traque finirait le jour même où elle venait de débuter, ce pour une simple raison… Elle ne tenait pas à ce qu’un espion traître fasse tourner pendant des semaines ou des mois ses frères et sœurs d’armes en bourriques, ce le temps d’être capturé. Ou pire, le temps qu’il finisse par sortir du pays, même si heureusement le fort et sage isolationnisme maintenu par sa grande nation avait notamment comme avantage de rendre difficile pour ce genre de vermine de s’enfuir…

Après tout qu’il aille par la terre ou la mer, il faudrait passer par le grand mur, sauf s’il disposait de méthodes alternatives de déplacement, mais si tel avait été le cas il ne se serait pas enfuit aussi précipitamment dans la forêt ! Quoiqu’il en soit, Honoria était donc déterminée à mettre la main sur lui et elle se satisfaisait aisément que le lieutenant ait le même état d’esprit.

« Bien, nous resterons à l’écart pour ne pas être trop visibles, mais à votre appel ou au premier bruits de combat, nous viendrons immédiatement vous aider. » Après tout on ne savait jamais et si elle croyait aux talents de guerriers du vampire, elle doutait que le traître l'affronte à la loyale ou ne tentes pas juste de fuir...

Ceci dit donc et après un temps de marche, ils arrivèrent donc non loin de la première planque et laissera Lazarius examiner les lieux…

Et se rendre rapidement compte, qu’il n’y avait personne dans la planque, mais qu’en effet celle-ci avait été piégée, même si pas des plus discrètement. Disons que cela prenait notamment la forme de pièges à ours qu’aurait put déposer un chasseurs ou de clous dissimulés sous des tapis, qui ne pouvaient de toute façon pas traverser les lourdes bottes ferrées de l’officier…

Et il y avait aussi quelques équipements dispersés dans la dite planque et documents, écrits en Eïlynsterien et parlant de choses relativement, banales ? Même si cela était si banal, qu’avec les soupçons qu’ils avaient concernant l’auteur de ces écrits, on pouvait aisément se dire qu’il y avait un langage codé derrière.

Quoiqu’il en soit, le traître n’était pas là, mais il y avait donc des écrits et quelques équipements de chasses divers, rien qui n’était suspect à première vue, sauf peut-être les pièges… Et ce qui ressemblait aussi à quelques barils de poudres noirs, qui pouvaient faire penser aux réserves nécessaire pour employer une arme à feu primitive comme les Eïlynsteriens en utilisaient et ce pendant longtemps, mais aussi à d’autres utilités vu la taille des barils...

Lazarus acquiesça aux paroles de sa supérieure et lui fit une réponse digne du soldat qu’il était.

« Bien reçu Générale… »

Il se mit donc en route sous couvert de sa magie des ténèbres et vêtu de sa cape afin de pénétrer avec précautions dans cette planque de l’espion. Personne visiblement… mais le Lieutenant restait sur ses gardes tout de même… des pièges à ours, des clous… hummm… cette planque était piégée volontairement… mais pire encore, des barils de poudre noir semble t’il. Beaucoup trop pour juste recharger des armes. Cela tira une moue suspicieuse au vampire. Quelque chose de gros se préparait ici. Et si les documents écrits en Eïlynsterien semblaient tout à fait banals, il savait par expérience que rien n’était plus dangereux que de simples documents laissés dans une planque piégée. Ils étaient possiblement codés et peut être destinés à des complices… il choisit donc de prendre les écrits, puis de cacher sa rune espionne à l’entrée du bâtiment, avant de rejoindre sa supérieure pour réapparaître.

« J’ai possiblement de mauvaises nouvelles Générale… il y a dans cet endroit de nombreux pièges grossiers, mais surtout beaucoup de barils de poudre noire… de quoi créer sans doute une brèche dans le mur… j’ai aussi pu y trouver des documents qui paraissent tout à fait banals, mais je suggérerais de les faire décrypter par nos propres services de renseignement. Ils peuvent peut être cacher des renseignements confidentiels ou bien un plan d’attaque contre notre nation ou des points de rendez vous… j’ai préféré les prendre afin que si un complice venait à les récupérer il ne le puisse tout simplement pas… j’ai aussi dissimulé une rune espionne afin de contrôler ce bâtiment…»

Chuchota t’il en tendant les dits documents à sa supérieure hiérarchique. Il espérait vivement qu’elle écouterait ses suggestions concernant ces documents. Il ne saurait en être autrement de toute façon? La nation des enfants du mur n’était pas du genre à laisser quoi que ce soit au hasard quand il s’agissait de la sécurité du mur après tout.

Honoria attendit donc patiemment non loin avec ses gardes du corps, non sans surveiller attentivement les alentours, après tout rien ne garantissait que l’espion qu’il recherchaient ne pourrait pas être dans les environs et avoir des idées. Après s’il fallait être réaliste, il faudrait être idiot pour s’en prendre à la générale en armure lourde sans être très confiant et bien équipé, car elle ne serait guère facile à tuer et encore moins pour le faire rapidement…

Mais il ne se passa rien de particulier et finalement le lieutenant finira par revenir en ayant trouvé certaines choses, Honoria s’approcha donc un peu pendant que ses gardes du corps restaient attentifs, ce tout en réfléchissant et répondant aux hypothèses du lieutenant.

« Je doute qu’il prévoyait d’attaquer le mur, il faudrait beaucoup plus que ce qui pourrait être stocké ici et ce serait difficile à transporter discrètement là-bas. » Dira t-elle d’abord pensive et sans doute fort réaliste, le grand mur d’acier était haut, solide et très épais après tout, conçut pour encaisser sans mal les attaques de titans, d’artillerie lourde à poudre ou d’archimages, ce n’était pas quelque chose qu’on détruit juste avec beaucoup de poudre noire… Pour le reste, elle ajoutera sinon satisfaite en récupérant les documents. « Mais ça aurait put être aisément employé pour du sabotage… Nous allons faire décrypter ces documents dès que nous aurons finis notre opération actuelle, après tout si nous le capturons vivons, les déchiffrer sera d’autant plus aisé. Pour le reste, vous avez bien agis, lieu... »

Et alors ils entendirent des bruits typiques de chiens en chasse et de soldats en battues ayant trouvés leur gibier. Honoria se retourna alors soudainement en direction des bruits, puis dira au lieutenant.

« Je pense savoir où il pourrait fuir s’ils l’ont retrouvés, suivez-moi. » Ceci dit, elle et ses gardes du corps s’élanceraient donc assez rapidement à travers les bois vers la destination dont-elle parlait, ce en ajoutant simplement, après tout ils ne courraient pas non plus précipitamment au risque surtout de se blesser...

« Préparez vous au combat, il ne faut jamais sous estimé un agent infiltré Teïderen... » Après tout, si leurs conscrits étaient en général médiocre ou pitoyable, il en était rarement de même malheureusement pour ceux qui servaient dans les services de renseignement du royaume central. En somme, s’ils tombaient dessus très prochainement, il convenait que Lazarius tout comme elle, mette toutes les chances de son côté...