25 Août de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

Comme toujours, la politique avait ses aspects compliqués à gérer, même pour un poste comme celui de l’empereur Akkatonien, qui loin d’être dépourvu de pouvoir, en avait certes moins que bien des dirigeants d’autres pays du continent. Ses responsabilités notamment diplomatiques par exemple, la supervision de l’armée qu’il devait faire et les aspects qu’il voulait conférer à la politique du pays entres autres, représentaient malgré tout une certaine charge de travail. Cela en plus des autres rôles qu’il avait, mais aujourd’hui ce serait sans doute les angle diplomatiques et militaires notamment qui allaient l’intéressant.

Et en parlant de diplomatie, il avait une bonne amie, seigneur juge de la flotte navale de la province et qui lui servait de temps en temps de conseillère depuis qu’il était au pouvoir, après tout il était toujours bon d’entendre des avis de gens compétents, une dame à qui il avait donné rendez-vous aujourd’hui. Après tout, une Finz comme elle avait tendance à savoir s'y faire dans le domaine diplomatique ou du moins d'avoir un avis dans ce domaine assez posé et qui changeait de celui des membres d'autres familles impériales. En plus, il appréciait à titre personnelle sa compagnie.

Et où l'avait-il invitée ? Dans sa résidence citadine au sein de la cité d’Airain, une maison aisée, digne de la classe moyenne supérieure et confortable dans laquelle elle était certainement déjà venue plusieurs fois. De la forme d’un petit manoir. Et lorsqu’elle manifesta sa présence en sonnant au portail, ce fut Otmar lui-même comme souvent et non un domestique qui alla à sa rencontre. Habillé sobrement, mais avec un style de gentleman habituel pour lui et se déplaçant dignement avec sa canne plus pour le style que vraiment se soutenir avec.

Celui-ci ouvra donc le dit portail, et en profita pour saluer son amie et tendre la main à celle-ci, une façon de dire bonjour somme toute amicale. Ce en parlant donc d’un ton fort aimable.

« Bonjour Aelfwyne ! Comment vas tu ? Toujours aussi resplendissante et en bonne forme à ce que je vois. » Les elfes n'avaient pas tendances à beaucoup changer physiquement après tout en quelques années, mais il fallait avouer que même selon leurs standards elle était magnifique.

Quoiqu'il en soit, c'était là les cordialités habituelles, et il la mena ensuite poliment dans la maison où ils purent s’installer dans la salon confortablement aménagé de celle-ci, dans un style Akkatonien proche de celui de la capitale (victorien). Et alors qu’un phonographe jouait une douce musique d’opéra, Otmar qui se dirigeait rapidement vers la cuisine à côté, demanda aimablement.

« Que préfère tu ? Thé ? Café ? Autre chose ? » Après tout autant de mettre dans de bonnes dispositions pour la discussion qui allait suivre, car celle-ci serait sérieuse, mais pas présente ou tendue.

Otmar alla donc chercher du thé, il avait certes quelques domestiques, mais visiblement il avait encore gardé l’habitude de se faire son propre thé lui-même, l’homme devait visiblement avoir gardé pas mal de sa débrouillardise de l’époque où il était anthropologue. Celle où des fois il était le seul humain au milieu d’un village naga là plupart du temps ou elfique et surtout, le seul Akkatonien !

Et où s’il avait essayé à l’époque évidemment de se fondre dans les coutumes locales pour bien pratiquer son métier, il ne s’était pas privé de temps en temps de se préparer du thé avec les moyens du bord. De toute façon, il n’avait pas pu suivre les coutumes alimentaires des nagas notamment, après tout ces derniers mangeaient peu souvent et uniquement de la viande, ce qui rendait évidemment compliqué pour un humain de faire comme eux...

Quoiqu’il en soit, pendant que le thé cuisait, l’humain d’un âge respectable selon les standards de son peuple retourna s’asseoir calmement, prenant les airs aux passages d’un aimable érudit. Puis il reprit aimablement à l’égard de son amie.

« Oh eh bien, les temps sont compliqués comme tu l’as remarqué, et plusieurs problèmes s’imposent à moi. » Il sembla alors pensif, avant d’ajouter avec amusement.

« Dont l’un qui implique une gestion militaire de celui-ci, cet ancien empire des sables qui s’éveille, néanmoins c’est ambigu. Car d’un côté tout cela est assez grave pour que l’armée de la province toute entière s’en occupe et pour que des renforts soit appréciable, de l’autre… Cela ne l’est pas assez, pour que si je fais dépêcher des renforts en masse d’Aros pour aider à la gestion du problème, les autres pays ne s’imaginent pas que nous préparons l’après, si tu vois ce que je veux dire... » C’était après tout une des craintes des Orzaniens en général, l’idée que l’empire Akkatonien se dise qu’il en avait marre de rester les bras croisés et reprenne les conquêtes. Une croyance valable à sa façon, car personne n’était dupe, Akkaton ne se tenait tranquille depuis si longtemps que parce qu’Ikhyld était présente.

Cela où c’était l’efficace jeu de diplomatie et influence de l’empire rival qui avait apaisé pour le moment l’ogre, difficile à dire, de toute façon ce n’était pas la priorité du mandat d’Otmar. Il était un Deffarès, pas un Draenor, son mandat devait être un mandat d’avancées sociales, de consolidation de l’amitié entre les peuples de l’empire et de galas diplomatiques divers. Après tout ils étaient la deuxième famille la plus tournée vers la diplomatie, après les Finz. Mais bon, tout cela était gêné par la crise actuelle. D’ailleurs il ne manqua pas de préciser.

« Mais ces renforts seraient bien utiles, de quoi doubler les effectifs militaires de la province serait même confortable. Pendant que les préparatifs se font à Aros pour les acheminer ici, je réfléchis avec quelques conseillers à comment faire passer cela auprès des autres pays, je pensai proposer d’envoyer une ou deux légion les aider par exemple. Mais je me demandais ce qu’une Finz et militaire comme toi, penserait du problème. » Après, il pourrait aussi bien s’en ficher royalement et exiger les renforts sans se préoccuper de l’impression donnée aux autres pays, ça aurait été une façon de faire valable, quoique peu subtile. Car elle pourrait nuire à terme au commerce et à la diplomatie de l’empire justement.

Otmar prit le temps au cours d’une pause dans la discussion pour aller chercher le thé une fois qu’il fut terminé, apportant celui de l’elfe à celle-ci et prenant le sien. Il aurait évidemment prit la peine de choisir une essence de thé qui plaisait à son invité sinon, il devait après tout savoir ce qui plaisait ou non à celle-ci depuis le temps.

« Bien entendu, nous avons déjà envoyés quelques soutiens militaires et nous continuerons, mais je note ça comme une piste à accroître. Nous pourrions faire passer la pilule auprès d’eux en soulignant qu’avec nos renforts nous aurons plus de troupes à leur envoyer au passage, ce qui est vrai. Nous pourrions aussi envoyer de l’aide à leur population pour ceux touchés par cette guerre, une manœuvre qui nous donnerait une bonne image, même si leurs gouvernants méfiants pourraient aussi y voir un peu de propagande non subtile derrière. Mais au moins, cela les encouragerait à faire de même. » De l’interventionnisme Akkatonien pur jus en somme.

Et il est vrai sinon que ce qu’il ne dirait n’engagerait que son gouvernement, ce qu’il préférait à sa façon car après tout il préférait ne pas avoir à décider sur le très long terme de la destinée de son peuple. Néanmoins, ça compliquait les choses évidemment pour faire des promesses à très long terme.

« Je suppose que je peux leur promettre un « retrait » de ces troupes au cours de mon mandat en effet, celui-ci ne fait que débuter après tout et j’espère sincèrement que cette crise ne durera pas assez longtemps pour ne pas en avoir finit avec son terme. » Pas mal de Draenör seraient contre un retrait total des troupes supposait-il, mais il pourrait toujours en discuter et sans doute que les autres familles politiques et le peuple seraient plus faciles à convaincre. Sur ce, paraissant réfléchir, il ajouta pensif.

« Mais de la communication nous aidera en effet, nous commencions déjà à le faire, mais nous pouvons pousser encore plus loin. Tout le monde à l’étranger ne sera pas convaincu, mais nous pourrions aussi nous placer comme des défenseurs de la civilisation face à tout ces morts-vivants, fanatiques et entités malveillantes du passé qui reviennent en ce monde. Je pense que ça plairait aux Draenör tiens. Akkaton le « bouclier de la civilisation », ça nous changerait de notre image habituelle. » Après tout une guerre restait toujours une bonne occasion pour exalter l’unité nationale et le patriotisme, ce que la nationaliste Akkaton pouvait apprécier. Inspiré il ajouterait sinon.

« On pourrait peut-être aussi user de ce conflit pour asseoir la légitimité de la technologie par rapport à la magie. Nous sommes toujours un des rares pays le privilégiant après tout, gérer un tel problème grâce à elle rendra notre position à ce sujet plus prestigieux. Si j’étais un Illuminès taquin j’ajouterai même que la technologie contrairement à la magie ne permet pas à ce qu’un seul être contrairement à ces entités, ait un tel pouvoir sur les autres, mais on va éviter de dire cela. » Conclura t-il avec humour. Après tout la magie était plus ancienne et utilisée en ce monde, la technologie restant une voie nouvelle, radicale et des fois « étrange » aux yeux de certains, ne s’était vraiment distinguée de son opposé que depuis deux siècles avec la révolution industrielle qu’a connut Akkaton notamment.

Otmar ne cachait pas évidemment demander son avis parmi tant d'autres, comme il le demandait à pas mal de monde, surtout que de toute façon il devrait plus tard présenter ses idées à l’assemblée ou à d’autres personnes. Ce qui faisait qu’il ne pouvait pas vraiment décider totalement de lui-même de la façon de faire. L’avantage au moins, c’est qu’il y avait peu de chance qu’il prenne une décision stupide sans que quique ce soit puisse y réfléchir au cours du processus. C’était disons l’avantage au moins de ce genre de discussions même si ça prenait du temps.

Mais il n’allait pas après tout décider d’une stratégie diplomatique à la volée, surtout que ce serait lui qui au passage devrait prêter on image à celle-ci, l’empereur d’Akkaton n’était-il pas après tout le grand diplomate en chef ?

« Oui, de toute façon je n’ai encore jamais vu pour le moment, une seule décision prise par l’assemblée du peuple à l’unanimité, sauf des fois quand il s’agit de faire entrer quelqu’un dans une famille, ou les décisions qui ne sont qu’une formalité à faire passer. » Mais c’était l’avantage de leur système après tout, tout le monde avait son avis. Après évidemment c’était irritant pour peu qu’on aime pas de telles procédures ou que l’on se sent des poussées autoritaires, mais bon dans un tel cas, la politique Akkatonienne n’était pas forcément celle dans laquelle il fallait se lancer. Otmar se doutait bien en s’y lançant à l’origine, qu’il n’obtiendrait rien sans persuasion et bon sens.

Quoiqu’il en soit, pour sa part il n’avait pas spécialement envie de débuter une guerre d’invasion de sitôt. Ce n’était pas le moment après tout et il n’était pas un guerrier, même si évidemment sa fibre patriotique lui disait que montrer ses muscles à terme serait bien, en attendant autant aider les autres nations contre la menace qui pesait sur le continent à l’heure actuelle.

« Je pense aussi au fait que l’empire Ikhyldien pour l’instant domine assez le jeu de l’influence, utiliser notre puissance dure pour gagner quelques faveurs ne serait donc pas un mal, vu que l’occasion nous est offerte. Histoire de ne pas être à la traîne. Cela et ça donnera moins le sentiment à certain que la paix, n’est qu’une espèce de jeu perdant pour nous. » Oui, il y avait après tout ce sentiment latent chez certains, pas tous heureusement, que la paix avec Ikhyld n’était qu’en faveur d’Ikhyld, qui était une grande puissance d’influence, diplomatie et prestige, du moins davantage qu’Akkaton. Ce qui pouvait se comprendre, il pouvait être frustrant après tout de se dire que la paix était moins profitable que la guerre… Ce serait donc une occasion de les apaiser un peu, car évidemment un tel sentiment ne faisait que nourrir le désir de guerre latent. Sur ce, il reprit amusé.

« Hum, l’histoire de l’automaton fou est intéressant, dommage qu’aucun de nous deux ne soit écrivain n’est-ce pas ? Mais sinon, tu as raison, il vaut mieux éviter de les brusquer, même si on se sent un peu seul des fois en tant que pays. » Finira t-il pensif, après en vérité il y avait bien quelques autres pays technologistes dans le monde, mais ils n’étaient pas Orzaniens et ça ne changeait pas le fait qu’Akkaton soit le seul grand représentant du domaine. En somme, ils avaient tout de même cette responsabilité d’être un « exemple vertueux » du mode de vie technologiste. Alors que dans le cas de la magie, c’était si ancien que personne ne remettait en doute sa légitimité ou vertu, du moins en dehors des technologistes les plus radicaux. Quoiqu’il en soit, après avoir prit une autre gorgée de thé, il dit avec réflexion.

« Nous réfléchissons aussi actuellement à des façons d’attiser davantage la flamme patriotique, après tout c’est la bonne période pour cela. Et si nous déjà pas mal d’idées, aurais tu des propositions ? Après tout en tant que militaire, tu sais ce qu’apprécient les soldats. » Après tout une bonne guerre, quoi de mieux pour attiser la fierté Akkatonienne ? Otmar même en tant que modéré ne pouvait nier qu’en tant qu’empereur, il ne pouvait pas ne pas profiter de cela pour émuler la nation.

Otmar écouta ce que la seigneur juge avait à dire, avec patience, se demandant d’ailleurs si à l’avenir elle serait du genre à briguer la position impériale... Peut-être, peut-être pas ? Elle était près tout si jeune pour un elfe. On pouvait des fois se découvrir des vocations sur le tard pensa t-il. Et puis elle ne ferait pas une mauvaise impératrice à bien y réfléchir. Quoiqu’il en soit, il finirait par glisser avec réflexion.

« Les Ikhyldiens sont en effet terriblement puissants eux aussi, et puis même s’ils ne partagent pas toutes nos valeurs, nous pouvons discuter avec eux et les traiter comme égaux. En plus, les Arcadia risquent de peu apprécier si une guerre contre eux fait que nous arrêtons de leur exporter en masse nos productions, entre autre et de leur importer en masse leurs produits orientaux... » Après tout même si Akkaton était peu intéressée par les marchandises magiques et inversement, les produits bruts ou non inscrits dans la dualité se vendaient bien. Le sucre et la soie.

« Je pense qu’une grande guerre n’est pas pour bientôt quoiqu'il en soit, après je ne peux pas prédire l’avenir, mais de toute façon l'empire a d'autres choses à faire. » Beaucoup de projets, l’empire n’était pas resté après tout passif ces deux derniers siècles. Soutien à divers alliés, développement de provinces peu développées, intérêt pour les plans élémentaires, prochainement pour l’outre monde… Akkaton continuait à s’étendre quand on y pensait, même si là plus pacifiquement qu’avant. Puis, il acquiesça pensif.

« En effet, même nos Illuminès les plus extrémistes de ce que j’ai pu remarquer, ont rarement tendance à mettre la technologie plus en avant que nos valeurs, souvent ils considèrent au contraire celle-ci comme un outil devant servir les valeurs Akkatoniennes, ou alors un aboutissement de celles-ci, selon les sensibilités. Enfin, après il y a tellement de débats internes et courants au sein des différents familles politiques, que je ne peux pas tout résumer, même pour la mienne de famille... Mais oui, je pense que même chez eux ils considéreront qu’il vaut mieux être entourés d’états voisins magiques, mais partageant nos valeurs, que l’inverse. Personnellement, je n’ai même pas envie de savoir quelle genre d’idées aurait un dictateur sanguinaire s’il dominait un pays technologiste. » Sans doute qu’à l’avenir ça se verrait d’ailleurs, ni la technologie, ni la magie n’étaient gages par nature de valeurs morales justes ou malfaisantes. Du moins si on prenait quand même la peine de considérer que massacrer les opposants politiques en nombre était malfaisant. Ce qu’il, se permettait de faire, après tout si un ethnologue comme lui était du genre à pratiquer un peu de relativisme culturel, il y avait des choses sur lesquelles il ne relativiserait jamais. Il ne relativiserait par exemple jamais sur certaines pratiques du royaume de Teïder.

« Il est vrai que nous réfléchissons à l’après concernant le peuple naga. Car maintenant il est clair qu’ils nous ont laissés nous installer en bonne partie pour lutter contre leurs anciennes divinités. Après ce n'est pas comme si nous n'avions rien fait depuis pour entretenir de bonnes relations, mais il faut quand même réfléchir à l’après… Mais bon ce n'est pas comme si l'empire était à son coup d'essai. Quoiqu'il en soit si tu a des propositions, n'hésite pas, tous les avis sont bons à prendre. Et les Finz ont souvent des avis avisés à ce sujet, paraît-il. » Après tout le but ultime de l’empire concernant toutes les peuplades qu’il englobait était à terme d’en faire des citoyens d’Akkaton. Un processus qui pouvait être rapide selon les populations ou long, et disons que si les nagas ne s’étaient pas opposés à l’arrivée des Akkatoniens et n’avaient pour beaucoup aucune hostilité envers eux. Ce n’est pas pour autant que la majorité de ceux vivant dans la province se sentaient vraiment Akkatoniens. Même si cela progressait petit à petit.

« Je suppose d'ailleurs que ce n'est qu'une question de temps avant que nous ayons un empereur naga, n'est-ce pas ? Ce serait du moins dans l'ordre des choses. » Finirait-il sinon par dire en partie avec humour, mais aussi sérieux, après tout il était probable qu'en effet ils finissent avec un empereur de cette race un jour. Tous les peuples intégrés à l'empire finissaient par y passer après tout. Il y aurait donc bien un jour un naga qui plus que candidat pour l'élection au nom d'une famille, la gagnerait...

Otmar trouvait que les paroles de son amie n’étaient pas fausses et le rejoignaient sur certaines axes, même si évidemment, il avait des différences d’opinions sur certains points, mais devait aussi envisager les choses selon les contraintes de sa position. Néanmoins, il était un Deffarès, donc évidemment son axe politique se voulait autant celui d’une certaine tempérance au niveau diplomatique, mais surtout essayer de parler à l’idéalisme de certains.

« Ce n’est pas faux, mais comme on le dit, un nouveau mandat, de nouveaux projets ? Et je suis d’accord, changer en partie l’axe de notre diplomatie ne sera pas un mal. Après tout nos valeurs peuvent en plus parler à ceux qui manquent de certaines choses. » Dira Otmar pensif, avant d’ajouter avec réflexion. « Les esclaves Duchéens qui n’ont rien, les sujets de Teïder qui sont fatigués de vivre sous les mêmes lois oppressives et bien d’autres, fatigués de la tolérance aléatoire selon les contrées, peuvent apprécier cela. Et l’apprécient déjà d’une certaine manière, donc discourir à ce sujet et le mettre en avant est une bonne chose. Mettre en avant la démocratie, mais surtout ses conséquences positives qui peuvent parler à certains plus, que le système politique lui-même. Qui de toute façon saura les intéresser plus tard, une fois éduqués et formés dedans. » En somme, il fallait brosser large à ce niveau.

« Les nagas sont en effet une peuplade d’importance pour l’empire, notamment au niveau de la province Orzanienne. Ils représentent un tiers de la population provinciale et je doute que cela change. » Disons que de un l’empire n’avait pas de surplus de population à envoyer dans la province, de deux le taux de natalité n’était pas si fort. « Et nous avons des choses à leur dire et offrir. L’autonomie qu’ils ont déjà pour beaucoup, malgré que ces terres soient à l’empire. Comme l’autonomie dont ont pu bénéficier certaines provinces impériales au cours de notre longue histoire. Une autonomie appuyée par l’organisation décentralisée de l’empire, notre forme de gouvernement démocratique et la diversité des peuples vivants sous nos lois. » En somme, des points sur lesquels appuyer pour rassurer, non les nagas ne perdront pas leur culture, à la limite point que Otmar allait éviter d’avancer tout de même, celle-ci allait changer pour s’adapter à certaines choses, comme la vie au sein de l'empire...

« Après, je n’invente pas l’eau chaude, le processus est déjà en cours en soit, et il a quelques succès, mais il est lent. Néanmoins, tu as raisons, il ne vaut mieux pas le ralentir ou stopper par une communication maladroite. De toute façon le choix technologiste de l’empire se fait au niveau des grandes cités et de son armée, mais l’empire est vaste, il y a de la place pour autre chose, que ce soit en dehors des plus grandes cités ou dans des cités comme Nepthys. Il faut juste réfléchir à comment évoluer au mieux à ce niveau et mettre ça en avant. » Après tout, ils ne pouvaient pas mettre une usine dans chaque prairie, donc ils ne pouvaient pas imposer le versant technologiste de la dualité partout. Ce qui laissait de la place pour les mages pour respirer, au moins en dehors des grandes villes ou dans certaines villes précises. « La province de Fondrïell, et celle de l’Ivrië si je ne me trompe pas, sont de bons exemples de provinces assez autonomes qui ne sont pas aussi technologistes que la province d’Akkat ou de Karrenbërg. Cette province désertique, pourrait devenir une autre province de ce genre... » La technologie dans les cités côtières, le reste des terres désertiques, bien plus diverses à ce niveau, voir très différentes. La population locale pouvant ou non avec le temps, finir par adapte la voie technologiste à sa manière par exemple, ou rester plus traditionnelle.

« Il est incontestable que l’empire doit viser à ce que son peuple se considère d’abord comme citoyen de l’empire, et ensuite considère les autres constituant de son identité. Les nagas sont un peu plus difficile que d’autres peuplades à convaincre de cela sur le long terme, et… Il est toujours complexe de savoir doser, entre les procédures plus ou moins directes visant à accélérer leur intégration, sans non plus qu’il aient peur de perdre leur culture. Peur justifiée ou non. » Otmar sembla alors réfléchir à la question, ce avant d’ajouter pensif.

« Je dirais pour ma part, qu'elle n’est pas justifiée, pas vraiment du moins. Leur culture changera, ainsi que leur mode de vie, même si pas forcément drastiquement, avec le temps. Mais une culture est une chose vivante, qui change, pas un monolithe qu’il faut entretenir dans l’espoir que jamais le temps ne l’altère. Néanmoins tout le monde ne pense pas ainsi. Mais par exemple, le cas de ta province natale est plutôt parlant à ce sujet ? L’intégration à l’empire et le temps a changé bien des choses, mais vous n’avez pas pour autant perdu vos particularités. » Il ne fallait après tout jamais sous estimer l’importance que pouvaient mettre certains dans ce genre de choses. D’autant plus que à un niveau plus global, n’était-ce pas cela que faisait l’empire Akkatonien ? Se considérer plus ou moins comme la plus grande civilisation de ce monde, la plus civilisée aussi selon les tendances, impliquait une certaine fierté envers la culture et identité impériale…

« Il faut toujours prendre en compte en effet, le désir et la fierté plus locale, concernant les sentiments identitaires sinon. Hum, par curiosité, toi qui est Finz, aurais tu des propositions à ce sujet ? Bien entendu, en tant que Deffarès je pense aux choses habituelles de ma famille, partager la richesse de l’empire pour améliorer le niveau de vie et communiquer sur les bienfaits d’une société juste et égalitaire. Je pense aussi à d’éventuelles subventions et projets, même si ce n’est pas spécifique à ma famille politique cela, mais même si l’empereur est un Deffarès, les autres familles ont leur mot à dire. » Après, sans doute qu’il aurait déjà entendu certaines des propositions qu’elle ferait, après tout elle n’était pas la seul Finz lui donnant son avis, mais peut-être qu’elle aurait des subtilités dans sa manière de penser. Qui seraient intéressantes à ausculter ? Quoiqu’il en soit, ce n’était pas en soit mal vu de demander son avis à des membres d’autres familles.

C’était même assez encouragé en soit par le système, car certes si l’empereur était membre d’une famille politiques et certes elles étaient en concurrence à un certain degré pour ce poste, ce n’était pas lui le centre du pouvoir, mais l’assemblée du peuple où la répartition était plus diversifiée, de même pour le sénat qui par contre était cantonné à des rôles plus restreints. Cela, le goût pour la démocratie et le débat, ainsi que la forme de spécialisation des différents familles politiques, faisait évidemment que les conseillers provenant des autres familles n’était pas rare pour un empereur venant d’un courant politique donné, voir les ministres aussi...

« Il est vrai que la technologie est récente, et importante, mais l’empire est plus vieux, ainsi que bien de ses valeurs, ainsi que le rêve qui a accompagné nos ancêtres et motive encore beaucoup de nos concitoyens. » Ajoutera sinon Otmar pensif et avec accord. Quel rêve ? Celui d’une civilisation aux prétentions universelles, possédant un destin et tant à apporter aux mondes. De grandes valeurs, de grands accomplissements, la prospérité, la paix ? Et d’autres choses… Le tout avait évidemment évolué depuis le temps, mais un certain fond lui était resté le même.

« Et d’une certaine façon, beaucoup de nos valeurs sont compatibles avec les clans nagas. Je suppose que nous pourrions appuyer davantage notre communication à ce sujet. Sommes nous si différents d’eux ? Les différences divisent, mais j’ai pu constater au cours de mon temps parmi eux, que nous avons aussi des points communs. » Sans doute faisait-il référence à son passé d’ethnologue au sein des tribus nagas du grand désert ?

« Nous sommes plutôt d’accords sur ce point, et il est vrai qu’ils auraient plus d’aisances à intégrer Ikhyld, mais après tout plusieurs provinces très elficisées sont bien arrivées à intégrer l’empire. » Glissera Otmar assez optimiste, ce avant de reprendre. « Mais ce sera le métier d’autres que moi d’élaborer en détail cette stratégie, peut-être le miens de faire quelques discours ou bien d’aller sur le terrain. Après tout, en tant qu’ancien ethnologue qui a travaillé auprès du peuple naga, je pense que je peux user de l’image donnée par mon passé comme atout. » Une idée qui ne lui semblait pas mauvaise, il glissera même amusé. « Je sais parler le naga actuel, avec un accent parfait, sifflements compris. C’était dur à apprendre, mais je gage que c’est une compétence rare. » Après, il savait parlait beaucoup de langues.

Otmar était disons un polyglotte à sa manière, mais c’était une compétence très utile, autant pour la diplomatie, qu’attirer l’appréciation et le respect de divers peuples. Après tout, quand un étranger avait assez fait d’efforts pour apprendre à parler parfaitement la langue de votre peuple, cela pouvait attirer une certaine estime à son égard. Bon, après il savait aussi parler l’elfique, mais ça ferait prétentieux d’avancer cette compétence au vu de la complexité de cette langue...

« Hum, il est vrai que la culture Akkatonienne est un cadre général dans lequel bien des culturelles locales peuvent rentrer. Nous pourrions accélérer ce processus par de bonnes initiatives... » Il lança alors un regard appuyé à son amie, avant de dire. « Et je suppose que ce serait un bon rôle à donner à la famille Finz. C’est votre spécialité après tout, il va falloir que je fasse passer le mot. » Après tout, c’était la famille la plus compétente dans le domaine, après ils n’avaient pas un monopole sur ce genre de choses. Mais disons, qu’il y avait une raison si la plupart des centres de recherches étaient dirigés par des Illuminès par exemple…

« Enfin bon, sinon pour changer de sujet. » Dira t-il pensif, avant de prendre un gorgée de thé, puis de dire avec amusement. « N’est-ce pas amusant quand on y pense, l’empire est né dans un désert et sa dernière province est actuellement un désert… Il y a une sorte de beauté sauvage dans ces étendues de sables, je me demande si celle du désert d’Akkat était pareille. Peut-être faudrait-il aviser aussi, de conserver en bonne partie celui-ci ? Qu’on s’en souvienne encore dans un millénaire ou deux. Je pense en plus, que nos amis nagas préféreront. » Après tout si les environs proches des cités Akkatoniennes étaient irrigués, il n’y avait pas forcément besoin de tout irriguer, au contraire, surtout que l’on pouvait importer la nourriture. Néanmoins inscrire cela dans un cadre de lois, serait peut-être important ?