Cité de Jade – 7 Janus de l'an 2000 de l'Âge d'Acier.

Les pas d'Hatsuka l'avaient une nouvelle fois ramené vers la Cité de Jade, où elle habitait depuis plusieurs années maintenant. C'était un point de chute idéal pour son exploration d'Orzian et de ses mystères archéologiques, après tout, en plus d'être la capitale régionale et aussi, au passage, l'endroit où elle avait perfectionné ses études dans la magie du Feu, donc un endroit où elle logeait déjà ! De plus, elle devait bien assurer de temps à autre ses cours, plus ou moins selon le planning prévu, ce qui était une raison de plus pour faire du lieu où elle enseignait son lieu de chute également, au final ! Et enfin, si elle avait grandit dans une campagne reculée, et savait apprécier les plaisirs de la nature, on n'avait pas encore rendu possible, hélas, le fait, tout en y restant, de se trouver connecter à toute l'information qu'on pouvait trouver dans un centre culturel comme la Cité de Jade, et c'était peut être là l'élément le plus important.

Ce jour-là, elle menait d'ailleurs des recherches dans la bibliothèque de l'Université où elle donnait une bonne partie de ses cours, cherchant à se documenter sur la période pré-teïderienne dans les Duchés du Sud, pour un contrat qui venait de lui arriver et qu'elle irait probablement accomplir le mois suivant. Après tout, un archéologue ne débarquait pas sur un chantier sans rien en connaître pour mettre les pieds dans le plat sans réfléchir... en tous cas, pas un bon archéologue. Et même si ces contrats indépendants étaient une rentrée très secondaire d'argent, ils étaient de bons moyens de découvrir de nouveaux endroits et de gagner en réputation en Orzian – ce qui pouvait plus tard lui ouvrir les portes de chantiers et de sites plus secrets et plus délicats, donc plus intéressants – ce qui expliquait qu'elle prenne chacun au sérieux, sans compter sa propre conscience professionnelle, bien entendu.

La jeune femme se trouvait donc dans la bibliothèque, et puisqu'elle ne donnait pas court, portait sa tenue plus familière... quoique cela arrive aussi en cours. Ses étudiants savaient à quoi s'en tenir, après tout, et avaient appris à ne pas forcément juger leur professeur à sa tenue... quant à ceux qui arrivaient tout juste, hé bien ils apprendraient. En général, on ne dérangeait guère Hatsuka quand elle était plongée dans les livres, noircissant un de ses carnets de nombreuses notes, et cela lui allait parfaitement, du reste. En l'occurrence, elle avait fini de compulser certains ouvrages et, après avoir été les déposer dans l'étagère de transition d'où les bibliothécaires pourraient les remettre en place, et se tenait devant un rayonnage en... insultant à voix basse lesdits bibliothécaires. En effet, elle n'était pas spécialement petite, mais le livre qui l'intéressait était beaucoup trop haut, et hors de question de descendre un ouvrage aussi ancien en équilibre précaire. Alors qu'elle regardait autour d'elle, elle aperçu justement une sorte de colosse humain qui passait dans l'allée principale et, sans réfléchir, le héla.

« Et, vous ! Le grand chauve là ! Vous pouvez venir m'attraper ce livre ? »

Cela faisait déjà quelques jours que le haut juge se trouvait dans la cité de Jade pour assurer la protection d’envoyés de l’assemblée du peuple à Ikhyld, mais aussi faire décorum soyons sincère, lui qui après tout avait une petite réputation héroïque à Akkaton. Et il se trouvait que cette situation lui offrait pas mal de temps libre en dehors de la paperasse à remplir et la revue de temps en temps des quelques unités l’ayant accompagnées ici, de bon soldats qui étaient stationnés à l’ambassade. Après tout ça aurait été étrange qu’on laisse des troupes Akkatoniennes se balader au petit bonheur la chance dans les environs, sauf peut-être en cas de mission collaborative.

Quoiqu’il en soit, il occupait donc son temps de diversions manières et profitait un peu de la vie. Que ce soit parce qu’il était curieux et que même si ce n’était pas exactement sa première fois avec la société Ikhyldienne, il n’avait jamais vraiment disposé d’autant de temps devant lui pour l’étudier et de deux car… Il avait déjà prévu à cette époque de finir un jour par remplacer la chair composant son corps par des aciers et de l’engrenage. Donc autant profiter que son corps n’ait encore que quelques implants pour interagir avec une société encore assez magique.

Après de ce côté là, ça pouvait allait actuellement car ses pas aujourd’hui l’avaient mener à une université où on enseignait l’histoire, curieux qu’il était de lire les ouvrages Ikhyldiens à ce sujet. Bien entendu à Ikhyld vous trouviez forcément des trucs magiques un peu partout, comme des meubles enchantés qui servaient au confort ou à l’égayement, comme à Akkaton vous trouveriez aisément des appareils électriques, mais c’était plus circonscrit aux meuble, les gens qui n’étaient pas tous des hauts mages et quelques objets. Ainsi ça ne dégageait pas activement une quantité massive de magie.

Et bien entendu il ne portait pas son armure actuellement, mais s’était habillé plutôt classement car il se disait qu’il fallait faire un effort pour un endroit peuplé d’érudits et nobles. Rien de bien fantastique après, des vêtements Akkatoniens de style Arosiens, de couleurs un peu sombres, bien coupés et qui ne gênaient pas trop les mouvements. Bon, du coup il se démarquait un peu de pas mal de personnes dans les environs, mais ce n’était sans doute pas rare pour eux de croiser des étrangers dans les environs.

Et alors qu’il observait les rayonnages et marchaient entre ces derniers, une jeune femme lui demanda de l’aide. Particulièrement belle il fallait dire, ce détail qui le perturba un peu quand il croisa son regard, lui fit oublier que la demande qu’elle formula fut sans politesse. Quoique, il ne se serait pas formalisé pour ça, ainsi sortant cela de sa tête, il hocha la sienne et attrapa avec facilité l’ouvrage qu’elle voulait obtenir avant de lui tendre en disant d’un air observateur en regardant ce dernier.

« C’est un peu difficile de savoir par où commencer dans ce genre d’endroits, tout a l’air tellement intéressant... » Ce d’un Ikhyldien assez passable, avec un accent Akkatonion à trancher au couteau. Ce avant d’ajouter à vois basse, car on était dans une bibliothèque. « Si cela ne vous embête pas, auriez-vous quelques conseils à me donner s’il vous plaît mademoiselle ? » Dit-il aimable et agréable, ce qui compensait un peu avec sa carrure d’armoire à glace. Clairement il avait plus l’air si on était du genre à juger les gens au physique, à faire des bras de fer avec des orcs, qu’à lire beaucoup. Même s’il est vrai que pour entretenir une telle musculature, il fallait certainement un minimum au quotidien, même si dans son cas ça avait l’air aussi assez naturel.

Hatsuka n'avait pas été des plus courtoise, il était vrai, mais elle était parfois ainsi quand elle était concentrée sur un problème et avait besoin de quelque chose pour l'aider à résoudre un obstacle y étant lié, hélas ! De plus, il fallait bien dire qu'en ces lieux elle était plutôt habituée à croiser des gens qui, soit, étaient habitués à ses petits travers de caractère et les acceptait comme tels mais en sachant à quoi s'en tenir, soit étaient ses élèves et donc habitués à ce qu'elle leur parle de façon quelque peu autoritaire. Certes en soit ce n'était pas vraiment une excuse, mais bon, on pardonnait généralement assez facilement ses petits écarts à la belle damoiselle au si vif caractère. De fait, l'inconnu qu'elle héla de si cavalière façon ne sembla pas lui en tenir rigueur, et s'exécuta avec une facilité presque vexante.... il y avait décidément des gens beaucoup trop grands, mais ce n'était pas une raison pour mettre des livres importants à des endroits où ils seraient les seuls à pouvoir les attraper, tout de même !

« Hé bien, merci... ça m'aura éviter de sautiller pour tenter de l'attraper ! »

Il était vrai que la chose aurait été un peu ridicule, en plus d'être plutôt risquée par rapport à la valeur culturelle des livres entreposés ici, et notamment du livre en question. En tous cas, Hatsuka n'en avait pas été réduite à de telles extrémités, et elle en était donc plutôt heureuse. Elle en profita pour jeter un coup d’œil à celui qui était ainsi venu à son aide, et qui ne ressemblait pas vraiment à un compatriote, comme son accent vint du reste assez rapidement le démonter quand il prit la parole à son tour.

« Des conseils sur l'endroit où commencer... dans cette bibliothèque ? Hé bien, voilà une vaste question... »

Bien entendu, la belle damoiselle n'aurait pas balayée sans y répondre la question de quelqu'un qui venait de l'aider, et elle laissa son regard balayer le rayon de livres qui leur faisait face en semblant réfléchir à une réponse. C'était après tout une question très générale, à laquelle il était bien difficile de donner une issue précise, surtout de but en blanc !

« Hé bien, je dirais que tout dépend de ce qui vous intéresse. Nous avons ici des ouvrages parlant de toute l'histoire de l'Empire, ainsi que de celle d'Orzian, et bien entendu nous avons la collection la plus complète sur l'histoire de cette Province... mais c'est après tout sans doute bien naturel ! Je vous conseillerais si c'est pour une découverte de choisir une période qui vous intéresse et de découvrir un ouvrage généraliste à ce sujet. »

L'histoire était après tout un très vaste sujet, surtout quand on se rapportait à de si grandes étendues. L'université était sans doute moins exhaustive que d'autres du continent principal sur l'histoire ikhyldienne, mais d'un autre côté elle ouvrait bien plus sur l'histoire connue des différentes régions orzaniennes. Ramenant son regard sur son interlocuteur, Hatsuka se dit qu'il semblait y avoir quelque chose d'étrange avec lui, sans vraiment parvenir à mettre le doigt dessus.

« Mais dites-moi, d'où nous venez-vous, si ce n'est pas indiscret ? Le sachant, je pourrais peut être mieux tenter de vous aiguiller ! »

« Content d’avoir aidé. » Répondit Anton de bonne grâce quand la jeune femme le remercia en disant qu’il lui avait épargné le fait de devoir sautiller. Sans doute qu’il aurait pu faire une plaisanterie à ce sujet, mais il jugea que soit la dite blague serait de mauvais goût, soit il n’aurait pas d’idée. Quoiqu’il en soit, il fut plutôt attentif lorsque finalement elle se montra disposée à l’aider, ce qui n’était vraiment pas plus mal pensa t-il.

Et il est vrai qu’il n’avait été très précis. Après, c’était sans doute car il ne savait pas à la base si elle aurait acceptée ou non son aide. Pas qu’il doutait de la serviabilité des gens en général, mais bon les érudits travaillant ici n’avaient pas forcément beaucoup de temps devant eux, donc il aurait compris si cela n’aurait pas été possible pour elle. Après, c’était peut-être aussi parce qu’il n’avait pas vraiment d’idée précise à la base de ce qu’il voulait lire, s’étant peut-être dit un peu rapidement qu’il pouvait se laisser guider par quelqu’un s’y connaissant, chose qui avait peut-être été naïve de sa part. Mais bon, peut-être que le concept de naïveté était moins périlleux pour un colosse tout en muscle que pour un gringalet, allez savoir ? D’ailleurs, lorsqu’elle demanda d’où il venait, il répondit tout naturellement.

« Je suis un Akkatonien, né à la capitale de l’empire située à deux continents de là. On ne manque pas nous même en soit d’ouvrages sur Ikhyld et sa province Orzanienne, mais moins détaillés et un peu différents des vôtres. » Notamment car même en étant objectif, les auteurs des ouvrages Akkatoniens avaient des biais plus ou moins Akkatoniens, même s’ils restaient de qualités. C’était donc bien de consulter ceux Ikhyldiens, qui si certes si on extrapolait, pouvaient aussi s’acheter en Akkaton pour certains, mais pas tous, surtout les ouvrages spécialisées qui n’intéressaient vraiment que certains érudits. Surtout qu’il est probable qu’Hatsuka devait croiser de temps en temps des Akkatoniens dans l’université, ne serait-ce qu’à cause de possibles échanges internationaux ou de collaborations entre érudits de divers pays, donc elle avait probablement une bonne idée des biais des divers pays. Donc elle saurait probablement efficacement conseiller en ce sens.

« Et j’avouerai chercher des ouvrages un peu pointus sur l’histoire de la province, mais aussi d’Ikhyld. Après tout c’est une culture assez différente de ce à quoi je suis habitué et plutôt intéressante. » Même si bien entendu comme toujours parler de « culture » pour ces melting-pots pots énormes qu’était les deux gros empires était assez ambiguë. Mais cela rendait sans doute la chose d’autant plus riche et intéressante à aborder.

Ce n'était évidemment pas la première fois que la damoiselle conseillait quelqu'un dans une bibliothèque, ni même dans cette bibliothèque-ci... après tout, il lui arrivait assez souvent de guider ses étudiants, par exemple, mais aussi d'autres, tout comme parfois c'était elle qui pouvait être guidée également par certains de ses collègues. Au fond, c'était aussi cela le plaisir de la découverte d'une si vaste bibliothèque, pouvoir s'aiguiller l'un l'autre et découvrir des choses, même si avec le temps la belle commençait à plutôt bien connaître les lieux. Il était rare toutefois d'avoir une question aussi générale, pour ne pas dire vague, pour commencer à aiguiller, il n'était donc pas très étonnant qu'elle pose aussi quelques questions, de son côté, pour essayer de cerner un peu mieux ce qui pouvait intéresser son interlocuteur de ce côté ! Et, de fait, plusieurs éléments lui furent apportés en réponse par ledit interlocuteur, lesquels ne manquèrent pas de faire réagir l'érudite.

« Un Akkatonien, hein ? Hé bien on peut dire que vous êtes venus de loin pour trouver votre lecture, ahah ! Même si je me doute bien que ce n'est pas la raison principale de votre visite... quoique cela arrive parfois aussi. »

Après tout, quand on faisait des recherches particulièrement poussées ou prenantes, on pouvait parfois déployer des efforts considérables pour trouver l'endroit où on pourrait découvrir les informations-clefs qui feraient avancer les recherches, après tout ! Ceci dit, quand on en venait à ce genre de recherches, on savait généralement plus précisément ce que l'on venait chercher, tout de même, aussi ne prenait-elle guère de risques en écartant l’hypothèse.

« Enfin, comme je le disais nous sommes largement fournis sur le sujet qui vous intéresse, aussi cela tombe-t-il bien ! Après tout, nous sommes dans la plus grande bibliothèque historique de la province, aussi est-il naturel que nous soyons plutôt exhaustifs sur l'histoire de celle-ci, sinon ça aurait tout de même été dommage. »

La belle damoiselle se permettait un « nous » en parlant de la bibliothèque et de l'université, tout simplement parce qu'en tant que chercheuse et enseignante elle se considérait comme faisant partie de ce double ensemble.

« Nous avons très clairement un grand nombre d'ouvrages sur le sujet, mais il faut dire qu'il est vaste... »

Après tout, on ne parlait pas seulement des deux siècles d'histoire ikhyldienne de la province, ou en tous cas Hatsuka ne l'entendait-elle pas comme cela, mais bien de l'histoire de l'archipel en général, entre la chronique des différents royaumes, tribus et autres ensemble qui se l'étaient partagés, la tentative conquête eilynsterienne et bien d'autres choses encore. Après quelques instants de réflexion, elle proposa à son interlocuteur plusieurs noms d'ouvrages balayant un peu tout cela.

« Voilà qui devrait vous donner de la lecture... mais bon, cela reste très général, vous me posez tout de même un champ de recherche plus qu'énorme, ahah ! Après si un sujet vous intéresse particulièrement dans cela vous trouverez sans doute nombre d'ouvrages le creusant un peu plus concrètement. »

« En effet, je suis aussi dans les environs pour quelques raisons professionnelles. Enfin, la politique, ce genre de choses... » Dit-il de l’air de la personne qui supposait que ce n’était probablement pas trop intéressant à entendre actuellement pour son interlocutrice. Après tout la politique pouvait être un sujet complexe et prise de tête en plus de ne pas avoir trop de rapport avec ce qu’ils faisaient actuellement.

Il se permit d’ailleurs de sourire amusé concernant le commentaire que ce serait dommage que cette bibliothèque ne centralise pas une grande partie du savoir concernant la province Orzanienne d’Ikhyld et son histoire vu que dans les faits, elle y était établit. En effet se dit-il, les ouvrages généralistes ou pas trop pointus on pouvait certainement les trouver un peu partout, pour grossir le trait, mais ceux très spécialisés et spécifiques sur ce genre de sujet, avaient tendance à être plus rares et restreint à des bibliothèques de connaisseurs...

Quoiqu’il en soit il sembla réfléchir à la chose alors, et sans doute qu’en vérité il avait envie de pas mal diversifier son champ de lecture à ce sujet, il reprit quoiqu’il en soit avec un air intéressé.

« Eh bien, pour commencer, pourquoi pas sur la tentative Eïlynsterienne de conquérir la province ? Après tout je ne peux pas trop accéder aux archives Eïlynsteriennes à ce sujet et plusieurs détails sont d’intérêt. Comment les Eïlynsteriens ont organisés la chose, les batailles gagnées, les populations qui ont été chamboulées par la chose, les raisons de cette conquête ? Et puis, aussi car il faut l’avouer c’est un sujet singulier. Cesario l’empereur éternel, je suppose qu’un être tel que lui a dû déchaîner les passions au cours des derniers siècles auprès de tout mages et nécromanciens. Même si personne n’a eu son corps à étudier je crois, les théories à son égard et les études sur sa vie et ses actions doivent êtres nombreuses... »

Que ce soit lui à son armure, car on pouvait se demander comment il était possible qu’un mortel ait pu outrepasser les limites de puissance auxquels sont astreints les mages, même du plus haut potentiel ? Surtout que Anton même s’il n’était pas mage, suppose que si ça avait été possible de le faire en temps normal, les mages ne s’en seraient pas privés pour certains.

La jeune femme avait donc aiguillé de son mieux le colossal visiteur vers les ouvrages qui pouvaient le mieux lui convenir, d'une manière assez générale, vu le sujet assez général qu'il lui avait fournis, non sans entendre ses brèves explications sur ce qui l'avait amené jusqu'à la Cité de Jade, à priori bien loin de son propre pays. Ladite explication, autant que sa brièveté, amena un léger sourire sur le visage de la belle archéologue.

« Hé bien, au moins la politique vous aura-t-elle permis de découvrir des choses intéressantes, alors tout ne fut pas perdu dans l'affaire, n'est-ce pas ? »

Hatsuka n'avait pas une grande connaissance de la politique à l'akkatonienne, mais de ce qui lui semblait elle avait l'air d'impliquer beaucoup de discussions, de vote et tout le côté plus ou moins malsain des concours de popularité constant que supposaient des élections, surtout au niveau de tout un pays, surtout un pays aussi vaste qu'Akkaton ! Elle n'en avait donc pas une image spécialement positive – quoique pas spécialement négative non plus, après tout c'était toujours mieux que de garder une seule lignée parce qu'elle aurait été choisie par un dieu ou une autre bêtise du même genre ! – ce qui expliquait peut être en partie sa remarque, quoique celle ci ne soit pas particulièrement insultante non plus.

Quoiqu'il en soit, après qu'elle lui ait indiqué quelques ouvrages généraux, son interlocuteur se décida à lui demander un sujet un peu plus précis, tout en développant sur ce qui l'intéressait dans celui-ci, ce qui amena un sourire sur le visage d'Hatsuka, à l'évocation du nom de Césario, notamment – ce qui pouvait paraître étrange de prime abord quand on réfléchissait au personnage, mais qui n'était guère étonnant au fond pour qui exerçait sa profession.

« Césario, hum ? En effet, on n'a jamais pu retrouver son corps... vous imaginez quelle découverte ce serait ! Enfin, je suppose que si cela arrivait jamais, les Arcanes auraient tôt fait de mettre cette armure sous scellées... en tous cas je l'espère vivement ! »

Pour tout dire, elle faisait confiance à la sagesse de leurs dirigeants en la matière ! Après tout, en corrompant un homme comme Cesario qui, tout ambitieux qu'il était, était un homme fidèle à son pays, fruit d'une formation rigoureuse, l'artefact qu'était son armure avait prouvé tout son énorme pouvoir corrupteur ! Tout intéressant qu'il soit, il semblait donc bien hasardeux de vouloir que de nouveaux mages puissants l'étudient, au risque de se laisser corrompre à leur tour...

« Enfin quoiqu'il en soit oui c'est bien sûr un sujet bien documenté dans cette bibliothèque. Nous avons des ouvrages généraux faits à posteriori aussi bien sur la conquête que sur Césario, ainsi que des ouvrages plus anciens traitant du point de vue de divers royaumes existants à cette époque dans l'Archipel sur cette conquête... »

Une nouvelle fois, après une brève réflexion, la damoiselle indiqua à son interlocuteur plusieurs références qui, se trouvant en plusieurs endroits de la bibliothèque, pouvaient éclairer différents angles de la question de l'invasion eïlynsterienne, et ouvrir possiblement sur de nouveaux sujets.

« Hé bien, je pense que vous avez de quoi lire, avec tout ça ! Je pense que je peux vous laisser le cœur léger à vos lectures, et repartir dans mes recherches... après tout, si je vous avais demander de descendre ce livre à la base c'était bien pour avancer dans celles-ci, ahah ! »

« Oh ce n’est pas que je n’apprécie pas ça, la politique en général, mais je suppose que ce n’est pas le genre de tout le monde. Cela et puis je ne suis pas non plus un politicien de métier, juste membre d'une des cinq grandes familles impériales. » Il pouvait comprendre après tout que ça n'intéressait pas tout le monde, surtout que c'était en soit tout un univers avec ses règles. Règles qui variaient selon les pays évidemment et celles d'un pays démocratiques devaient disons êtres assez particulières en soit au vu d'autres standards plus courants en Orzian.

Quoiqu’il en soit, oui il supposait que ça ne devait pas forcément beaucoup intéresser des gens étant tournés vers l’histoire passé, quoique cette histoire des temps anciens pouvaient expliquer les temps présents à leur façon. Anton était bien conscient qu’ils étaient tous les héritiers de ceux les ayant précédés, pas que toutes leurs décisions dépendaient uniquement de celles de leurs ancêtres, mais leur mode de vie, leur culture, leur tradition et leur pays devaient beaucoup à ces derniers.

« Je suppose que l’empire d’Ikhyld saurait le mieux comment s’occuper d’une telle chose, ou bien celui Akkatonien. Après tout la technologie pourrait être utile pour neutraliser ne serait-ce que passivement ce genre de magies. Dommage que les Eïlynsteriens ne soient guère du genre à faire confiance aux étrangers. » Car eux savaient sans doute où se trouvait le corps…

Après était-ce gravissime ? Il ne saurait dire, il n’avait pas le sentiment que si l’autre revenait, certes ce serait grave, mais il voyait mal une armée de mort vivant suffire à triompher des légions d’Akkat. Ils avaient tellement affrontés d'ennemis après tout… Après peut-être offrait-il trop de confiance à son pays natal à ce niveau même si bon, on pouvait comprendre la confiance en l’armée d’un homme natif d’un empire recouvrant deux continents…

« La seule chose qu’il vous manquerait je suppose c’est certaines archives Eïlynsteriennes, mais il est certain que la collection ici présente reste très complète même sans cela. Quoiqu’il en soit je suppose que je pourrais apprendre beaucoup de choses intéressantes grâce à tout ça. Sans doute pas de quoi égaler une experte comme vous, mais ça restera bien pour un amateur... » Oui, après tout il y avait tout de même une différence de niveau envers un particulier aimant l'histoire, mais n'y consacrant pas sa vie et un véritable historien... Cela il en avait bien conscience, c'était même le propre des sociétés civilisées n'est-ce pas ? Beaucoup de travailleurs intellectuels extrêmement spécialisés et des gens lambdas qui pouvaient être touche à tout à la limite, mais rarement maîtriser totalement un sujet.

Quoiqu’il en soit lorsqu’elle eut finit de lui indiquer certaines choses et avant de s’y pencher, Anton ajouta avec sympathie et sans doute pour la remercier de cela. Peut-être aussi car il appréciait l’idée de proposer ce qu’il avait à proposer.

« Merci à vous. Quand j'y pense, si jamais vous avez un peu de temps plus tard ou un autre jour, je pourrais éventuellement vous parler de personnes avec qui je pourrais vous mettre en contact si à l’avenir vos pas ou votre intérêt archéologique vous mènent dans les terres de ma nation... Cela ne me dérangerait point, vous m'êtes sympathique, et puis je suppose qu’il y a de quoi faire rien qu’avec l’ancien empire naga ? Ce serait un bon remerciement pour votre aide je suppose. » Et il le disait du ton de la personne qui n’avait pas spécialement d’idée derrière la tête en proposant cela, sans doute que ce n’était guère son genre de toute façon. L’homme était direct et clair dans ses pensées après tout.

Bien qu'elle ait hâte, dans une certaine mesure, de retourner à ses recherches, la Demi-Elfe n'en écouta pas moins la réponse de son interlocuteur, bien entendu, n'étant après tout pas une impolie. Elle nota donc qu'elle avait visiblement affaire à un personnage important, puisqu'il faisait partie de ce qui tenait lieu de noblesse à Akkaton, et qui si elle ne fonctionnait pas sur le même modèle que la noblesse classique, ni même que la noblesse ikhyldienne, corrélait tout de même, et peut être plus encore, ce statut de « noble » à une certaine influence. Non que cela la trouble particulièrement, après tout elle avait l'habitude de fréquenter des gens de pouvoir, et même si le contexte des deux pays était en soit très différents sur ce point, elle était elle aussi membre de la noblesse, après tout !

Elle nota aussi dans ses réponses ce qui lui semblait une certaine inconséquence... après tout ce n'était pas parce que les civilisations du passé étaient plus anciennes qu'elles étaient plus stupides ou même moins avancées, comme le prouvaient les grandes réalisations des vieux Empires orzaniens, par exemple. Il lui semblait donc bien arrogant de croire que, parce que l'on arrivait plus tardivement, on avait forcément les sommets de connaissance magiques ou technologiques pour réussir là où les anciens eïlynsteriens avaient échoués, dans la possibilité de contenir un tel artefact sans finir également corrompu par lui. Il était des secrets du passé qu'il valait mieux laisser sommeiller plutôt que de tenir de toutes forces à les exposer, et Hatsuka trouvait toujours un peu inquiétants que des responsables semblent ne pas le comprendre, mais elle ne jugea pas utile d'allumer ici et avec cette personne un débat sur le sujet.

De fait, elle n'avait globalement plus grand chose à répondre dans la conversation, et s'en serait probablement allée sur une dernière salutation sans l'ultime proposition de son interlocuteur qui, pour le coup, la surpris plutôt. Il ne semblait en effet guère avoir d'arrière pensée en disant cela, mais en soit cela ne faisait que rendre la proposition plus surprenante encore.

« Hmmm hé bien je dois dire que me voici un brin surprise... je ne doute pas que mon aide fut efficace, mais je ne m'attendais pas à une telle proposition en retour. Après tout le fait que je sache vous aiguiller dans une bibliothèque ne vous renseigne guère sur mon niveau d'application ou de compétence en fouilles, ahah ! »

La jeune femme eut un doux sourire à cette remarque, sans être moqueuse pour autant... après tout cela aurait été quelque peu malvenu de sa part, vu la situation, et puis elle ne pensait tout simplement guère à se moquer en la matière.

« Enfin, ceci étant dit je ne refuse jamais d'aide, bien entendu. J'ai déjà mené des fouilles en Akkaton, mais un peu de soutient n'est jamais malvenu. Je serai heureuse d'en discuter avec vous plus tard, en effet. »

Après tout elle n'allait pas dire non à de nouvelles aides en ce qui concernerait de futurs chantiers de fouille, même quand elle ne comprenait pas trop d'où celles-ci venaient.

« Enfin, pour le moment j'ai des recherches à finir, sinon il est certain pour le coup que je n'aurai pas de futurs chantiers ahah ! Je vous souhaite donc une bonne découverte de notre bibliothèque ! »

D’une certaine façon, il devait être logique pour un technologiste de considérer que plus on avançait dans le temps, plus le savoir ambiant à disposition des divers pays était important. Du point de vue technologiste ça avait du sens, car en effet aucun pays du passé n’avait jamais été aussi avancé technologiquement qu’Akkaton ou même que ce qu’on pouvait trouver rien que dans les Duchés et Eïlynster. C’était discutable au sujet de la magie évidemment, mais ça pouvait être cohérent comme schéma de pensée, chez un homme proche des milieux technologistes dans une nation centrée sur ce domaine. Anton n’était donc sans doute pas le premier Akkatonien de bonne foi à potentiellement penser ainsi qu’elle croisait.

Cela ou juste qu’Eïlynster n’était guère connue pour être aussi versée dans le domaine magique qu’Ikhyld, y compris il y a trois siècles de cela, vu que c’était un pays tourné vers l’ente-deux, ce qu’on pouvait difficilement nier et il était probable que beaucoup de hauts mages Ikhyldiens de ce côté là diraient qu’Ikhyld était capable que l’Eïlynster d’il y a trois siècles. Après à ce niveau où commençait la bonne foi et la mauvaise foi patriotique, difficile à dire.

Quoiqu’il en soit, quant à la proposition que fit Anton, ce dernier se contenta répondre calmement par rapport à ce que soulignait son interlocutrice. Après tout autant être sincère sur ce qu’il pensait à ce sujet.

« Si vous œuvrez dans cette université prestigieuse, vous devez sans doute avoir certaines compétences, de plus davantage de collaboration entre les érudits de nos deux empires, ce n’est jamais perdu. » Pour maintes raisons, peut-être en faveur de la paix ? Peut-être… Peut-être d’ailleurs préférait-il aussi de l’occasion pour mettre un avant un domaine dans laquelle il aimerait aider dans la mesure de ses moyens, même si pas très subtilement.

« Bonne recherches à vous. Et merci encore ! » Dit-il sinon aimablement quand l’érudite Ikhyldienne finit par prendre congé. Pour sa part il alla donc se pencher sur la lecture concernant son centre d’intérêt du jour, se disant qu’il allait sans doute pouvoir apprendre certaines choses intéressantes. Pas vraiment utiles car il y avait difficilement de quoi employer ce genre de savoirs pour quelqu’un lui, mais intéressante...