Il y avait des avantages et des inconvénients à toutes les situations, y compris les situations géographiques, et le fait d'être voisins des Duchés du Sud n'échappait pas à la règle. La grande nation composite était un formidable partenaire commercial, toujours ouvert aux échanges, sans compter qu'ils composaient un terrain idéal pour l'extension de l'influence ikhyldienne, notamment, justement, de par son morcellement – même si en cela l'égale proximité d'Akkaton compromettait certainement en partie les choses également – sans compter les nombreuses ressources qu'on pouvait en attendre. Mais en échange, des fléaux divers, comme la piraterie et la contrebande, étaient hélas l'autre face de la pièce. Et si aucun chef brigand ou même le plus hardi des Ducs n'aurait tenté de capturer des citoyens ikhyldiens pour l'esclavage ou ce genre de choses, hélas, les animaux inspiraient moins de crainte, ajoutant à ces maux le fléau régulier du braconnage, surtout que la politique ikhyldienne de croissance libre de la magie aidait sa faune exotique, mutée ou magique à se développer harmonieusement, ce qui tapait souvent des l’œil des braconniers, justement !

Bien entendu, Araki était parfois concerné par la question en tant que Ministre et membre du gouvernement, mais cette fois-ci, il l'était à titre plus personnel, par l'appel d'un ami de longue date, qui se trouvait être responsable d'une des régions concernées par les assauts des braconniers, et qui, en place depuis peu, avait fait appel personnellement à lui pour régler la question sans remonter directement la voie officielle, ne souhaitant guère qu'un rapport sur les désordres dans sa région soit la première chose au sujet de son mandat que vienne à lire l'Impératrice-Phénix ! Bien entendu, le malicieux Kitsune ne pensait pas une seconde que Saeki puisse méjuger son ami sur une telle question, mais il n'était pas du genre à refuser d'aider un ami, encore moins quand cela pouvait permettre de régler plus rapidement une question de ce genre, et ainsi éviter que de nombreux monstres ne se retrouvent tués ou emprisonnés, sans parler des éventuelles victimes parmi les populations civiles prises dans la tourmente ou devenues victimes collatérales. Si cela devait se faire un peu à côté des règles normales hé bien... ce ne serait pas la première fois qu'il le ferait, et sans doute pas la dernière non plus !

Voilà comment l'Arcane de la Magie Transformiste avait donc rapidement filé vers la côte septentrionale de la Province... en esquivant au passage une tâche administrative pourtant urgente, mais qui à ses yeux passait évidemment complètement au second plan dans ce genre de cas ! Il s'était contenté de laisser une note à sa secrétaire en chef pour signifier qu'il s'absentait pour régler une urgence, et la laissant gérer les choses pendant ce temps, ce qui était une marque de la confiance qu'il portait à la belle Elfe – même si on aurait sans doute pu postuler également que le fait que ce genre de tâche le fasse fuir l'avait aussi poussé à accepter cette mission de dernière minute ! Une fois sur place, il avait rencontré son ami au palais local, que celui-ci occupait donc depuis peu, récoltant les informations nécessaires sur les braconniers et la l'endroit où ils opéraient. Il s'apprêtait à se mettre en route, après avoir quitté son ami, quand un serviteur vint l'informer qu'on le demandait, Araki tiquant sur le nom de la visiteuse qu'on amenait à lui.

« Nefari ? Ne me dis pas que tu m'as suivit jusqu'ici ?! »

Araki était pour le moins surpris, car même si la belle archimage qui était sa belle secrétaire générale était un modèle d’opiniâtreté – c'était en partie, au-delà de ses compétences administratives, ce qui faisait sa valeur pour compléter le fantasque Kitsune – mais il n'imaginait pas qu'elle aurait fait la route jusqu'ici pour le traquer administrativement tout de même ! Ceci dit, bien que surpris, il ne semblait pas mécontent de la voir, un sourire flottant sur son visage, même si d'aucuns auraient dit qu'il était toujours content de voir une jolie fille se presser à sa rencontre !

« Comme je te l'ai dis dans ma note, j'ai une urgence de braconnage à traiter, j'ai bien peur que la tâche pour laquelle tu m'as poursuivit jusqu'ici ne doive malgré tout attendre. »

Et de faire un geste vers la table où se trouvait encore étalée la carte de la région, où étaient représentées les lieux où avaient frappés récemment les braconniers en question, comme pour prouver qu'il ne tentait pas, pour une fois, un ultime coup de bluff !