30 mars 2001 de l’Age d’Acier…

Le Havre d’Emeraude…La plus grande ville fortifiée du Comté au Nord ou marchands, voyageurs et mercenaires peuvent venir se reposer en toute sécurité et y faire du commerce. Les prix y sont chers voir exorbitants parfois, car la sécurité a un prix, mais Le Havre et en permanence animé par des patrouilles de mercenaires du Comté veillant au grain au bien être des habitants et des voyageurs.
La population y est surtout bourgeoise et militaire. Au centre du Havre, se trouve la Grand Place du marché. Une zone très animée du matin au soir où se font de nombreuses transactions entre commerçants locaux, commerçants extérieurs assez courageux pour avoir atteint la ville et résidents. Elle est dotée d’une caserne militaire et de hauts murs d’enceintes.

Mais aujourd’hui est un jour particulier pour le Comté d’Emeraude. Car comme chaque année à cette date précise, toutes les bourgades du Comté organisent une fête appelée « Le Grand Banquet ». En cette journée particulière, de grands banquets sont organisés, on chante, on mange, on boit, on danse bien sûr, mais il y’a aussi de nombreux concours de poésie, de chants, de musique… l’art y est mit en avant dans une ambiance festive.

Et Le Havre d’Emeraude de part son statut de « Capitale » du Comté, est bien la plus magnifiquement décorée de toutes et aussi la plus animée. La Grand Place du marché est toujours animée bien sûr mais point de camelots aujourd’hui. De longues tablées ont été installées ainsi que de nombreuses estrades où Ménestrels, chanteurs, poètes s’adonnent à leur art, alors qu’entre les tables des braves gens dansent et s’amusent tout en buvant leurs chopes. Tout autour de la Grand Place, des artistes peintres ou sculpteurs s’affairent à réaliser ou peaufiner leur œuvre sous les regards approbateurs de certains passants amateurs d’art. D’ici la fin d’après midi, car à l’heure actuelle le soleil est à son zénith, le grand concours prendra place comme décrit sur quelques affiches placardées dans les rues adjacentes. Cette année la musique est mise à l’honneur et l’un des nombreux ménestrels présents sera sacré artiste du Grand Banquet, remportant une somme rondelette en émeraudes et ce prestigieux titre .

Mais qu’en est il du banquet en lui même alors? Et bien non loin des tables, de belles pièces de viandes tournent sur de larges broches sous le regard vigilant de cuisiniers les arrosants fréquemment de leur propre jus récupéré dans une grosse coupelle juste en dessous prévue à cet effet avec une grosse louche en bronze dégageant un fumé des plus appétissants dans toute la Grand Place. Des fûts d’alcools sont eux aussi disposés non loin des tables où sont servis vin Duchéen et Vipérine, ainsi que de la bière naine. Sur les tables, l’on y trouve divers fruits et autres mets variés des plus appétissants eux aussi. Tout ce petit monde est encadré par une belle brigade de mercenaires lourdement armés portant des armures lourdes aux armoiries du Comté d’Emeraude. Un Lion rouge sur fond vert…

D’ailleurs à une autre table, sur une estrade surplombant toutes les autres, se trouve une jeune femme visiblement de noble naissance, à la chevelure noire de jais et aux yeux verts émeraude portant une longue robe noire aux délicats liserés verts accompagnés de quelques convives et entourée non seulement d’une belle escorte de mercenaires portant le même type d’équipement que les autres mais aussi et surtout entourée de deux majestueux Néméïdes qu’elle caresse de temps à autres au niveau de la crinière avec un sourire tout en discutant et offrant de charmants sourires à ses invités. Non loin d’elle un bâton orné d’une grosse émeraude est appuyé contre son siège qui semble bien plus confortable que les bancs des tables de bois massif du centre de la Grand Place. Tout le monde rit, chante, boit et s’amuse…

Artane était arrivé peu après l'ouverture officielle des festivités. Dans ce Comté qu'Artane ne connaissait que de nom, que de mieux de le découvrir que lors d'une de ses grandes fêtes, qui réunissaient bien du monde, laissant la population locale s'égayer dans la joie, la bonne humeur, la bonne chair et la bonne boisson ? Mais si le Lieutenant était venu par ici, ce n'était pas que pour profiter de cette belle journée festive tout en grandeur et en candeur. Il avait un but précis et pour le moment, il n'était là qu'à être d'observateur. Il cherchait une cible et pour le moment, il ne l'avait pas repéré.

Aujourd'hui, il n'était pas le mercenaire duchéen Atvar. Il était un simple bourgeois qui avait un peu vendu sa lame dans sa prime jeunesse avant de se ranger dans les petites affaires commerciales. Vêtu dune tenue élégante, parfaite pour le Grand Banquet, il se tenait droit, comme tout prétentieux nobliau de son espèce savait le faire. Vous savez, ces petits combattants qui, une fois embourgeoisés, se croyaient être devenus de grands nobles à la forte ambition. Cette attitude était parfaite à afficher dans les Duchés, mais à condition de ne pas en faire trop non plus.

Ses cheveux étaient coiffés en arrière et retenus par un petit ruban bleu, s'accommodant parfaitement à la nuance bleu cobalt des vêtements portés du moment. La barbe et la moustache étaient proprement taillées et peignées, renforçant la petite touche bourgeoisie. Seul bémol qui contrastait avec tout cela était les traces visibles sur son visage. Il était marqué par une vieille et fine cicatrice qui lui barrait horizontalement une partie du visage, à hauteur de son nez. D'autres plus fines encore se discernaient à peine. Cela laissait deviner son passé de petit mercenaire.

Profitant d'approcher d'un des banquets bien fournis en boisson, Artane décida d'entamer sa recherche en toute discrétion. Tout en prenant un petit verre de vin sucré, il ne put guère louper la présence de la maîtresse des Lieux. La Comtesse en personne participait aux fêtes. Et elle était bien entourée. À voir ses mercenaires, mais surtout ses deux monstres velus. Et il ne loupa pas non plus la brève observation faite sur un certain bâton qui demeurait dans un équilibre parfait contre le siège de la Duchéenne. D'un premier coup d'œil, Artane sut immédiatement que ce joyau avait une valeur hors norme... Mais il n'était pas là pour s'en emparer. Il pouvait être un peu trop téméraire, mais de là à choper un tel bien... La facilité était toujours plus intéressante pour lui. Et puis, une pierre de cette taille, même sur le marché noir, ne pourrait pas s'écouler comme cela. Car, il ne doutait pas que la Duchesse, avec pareil bâton, devait employer un bon niveau de magie...

Il porta le verre à ses lèvres et goûta le vin. Hm... pas mauvais, même s'il n'était guère friand de ce genre de boisson. Bien... et s'il cherchait un peu sa cible ?

Qu’ils aient une grosse ou petite importance, Ausilio avait tendance à apprécier ce genre d’évènement où on pouvait profiter de la vie et ce pas de manière trop solitaire… Certes, sans doute que ce festival du comté d’émeraude n’était pas le plus spectaculaire ou le plus richissime qu’il était habitué à fréquenter dans l’ensemble de ces contrées et ce d’assez loin, mais il appréciait l’ambiance environnante et le fait qu’il n’y avait pas que des bourgeois comme lui qui en profitaient. Même si évidemment, il n’avait rien contre les fêtes seulement en bonne compagnie ! Disons juste que là l’ambiance un peu populaire et accessible du tout n’était pas désagréable en soit, même si bien entendu il ne comptait pas du tout boire comme une barrique.

Il y était venu assez « discrètement » sinon, seulement accompagné de deux mercenaires azuriens d’élites lui servant de garde du corps quand il était sous forme bipède… Et ce sous la forme d’un homme lézard aux écailles blanches et aux plumes bleutées reconnaissables. Assez en tout cas pour que tout ceux le voyant sachent à qui ils avaient affaire, ce qui fit que rapidement soit les badauds l’évitèrent respectueusement, soit l’observèrent avec une certain respect ou une certaine fascination. C’était disons la rançon de la gloire, personne dans les duchés n’ignorait qui était le général après tout, mais il faisait avec...

Et ce fut en soit aussi un grand avantage pour pouvoir accéder à tout ce qu’il voulait, que ce soit une bonne conversation, les meilleures boissons ou meilleurs plats, ainsi notre général mercenaire qui était de court passage avant de retourner en vole auprès de son armée privée… Se retrouva rapidement avec un verre de vin dans la serre écailleuse lui servant de main droite. Ce pendant que ses gardes du corps en restant vigilants faisaient un peu de même aussi, après tout eux aussi avaient le droit au réconfort après l’effort…

Il n’était sinon pas vêtu du tout pour sa part, il faut dire son corps bipède actuel sous cette forme n’avait rien à cacher, il était par contre agrémenté de plusieurs bijoux sublimes et pans de tissus élégants allant avec la teinte de son corps. En somme il ne dépareillait guère même s’il devait être plutôt fort exotique d’allure. De toute manière soyons sincère, ce n’était pas la modestie qui étouffait le dragon, donc être aisément reconnu lui allait tout à fait !

Quoiqu’il en soit un bout d’un moment et voyant la maîtresse des lieux qui semblait assez libre, Ausilio décida donc de la rejoindre, ou plutôt de tenter de la rejoindre. Il arriva à portée de voix et vue, après tout il serait impoli de trop s’approcher sans autorisation, avant de dire.

« Dame Pandora ? C’est de belles festivités je dois vous dire, mais je n’en attendais pas moins évidemment, me feriez vous un temps l’honneur de votre compagnie ? » Ce d’un ton polit et raffiné, comptant sans doute sur le fait qu’elle devine qui il était. Après tout s’il n’était pas sous sa forme de dragon, un apparent homme lézard aux airs dragonnifiées, au plumage bleuté et aux écailles blanches et aux airs de haut bourgeois raffinés… C'était assez atypique disons !

Et il était aussi connu comme quelqu’un de très raffiné et cultivé, un duchéen dans l’idéal de ce que pouvaient êtres les bourgeois et mercenaires de haute volée aux yeux de la mentalité typique de ces contrées… Autant dire, absolument pas un guerrier rustre sans éducation.

La petite fête continuait de battre son plein. Non loin du lieutenant, un ménestrel chantait les louanges du Comté d’Emeraude et ses magnifiques paysages. Il put alors apprendre de la bouche du chanteur que la belle Comtesse aux yeux verts toujours accompagnée de ses deux puissants Néméïdes était aussi une puissante nécromancienne bienveillante qui faisait prospérer le Comté depuis son arrivée et il remerciait son hôte du jour pour lui avoir permis de s’émerveiller devant sa grande beauté. Sans doute espérait il s’attirer les faveurs du public ou des jurys lors du concours. Ou alors il y avait un peu de vrai qui sait? Non loin de lui, il put aussi remarquer que des enfants jouaient et riaient en courant autour des tables. De jeunes enfants encore innocents et bien loin des réalités de la vie martiale… d’ailleurs trois d’entre eux, s’étaient rapprochés de la personne servant les boissons avec une chope vide à la main et semblaient lui désigner un homme. Sauf qu’une fois leur verre remplit de vin duchéen, ils partirent dans cette direction avant de bifurquer pour aller se planquer sous une table afin de savourer leur méfait. Le premier qui prit une gorgée grimaça et toussa longuement.

Du côté d’Ausilio qui arriva un peu après, il put relativement faire les mêmes observations qu’Artane précédemment, une force militaire bien présente aux couleurs du Comté d’Emeraude et lourdement armée, des gens buvant et chantants. De bien belles danses et chansons de ménestrels et quelques artistes peignant ou sculptant sur de petites estrades. A son approche, la Comtesse posa son regard émeraude sur lui inclinant légèrement la tête. Mais plus il s’approchait et plus les gardes de la Comtesse s’approchait d’elle en mettant la main sur le pommeau de leur épée ou resserrant leurs arbalètes dans leurs mains sans le lâcher du regard. Arrivé à distance respectable et une fois qu’il eut salué Pandora cette dernière agita sa main derrière elle pour que ses mercenaires lui fassent un peu d’air. Ces derniers reculèrent d’un pas, retirèrent leurs mains des pommeaux des épées et reposèrent leur arbalète au niveau de leur jambe. Avec un sourire aimable elle accueillit le nouvel arrivant.

« Général Ausilio? Enfin je présume ? C’est un réel plaisir de vous voir dans mon humble Comté d’Emeraude… enfin… si bien sûr votre visite est courtoise? »

Car tout le monde savait dans les Duchés que le Général Mercenaire disposait d’une force impressionnante. Mais n’ayant pas eu d’altercation avec lui, elle doutait que sa présence ne soit pour autre chose que de profiter du Grand Banquet.

« Si tel est le cas comme je le pressens, ce sera avec plaisir que je vous accueillerai à ma table. »

Ajoute t’elle courtoisement en lui désignant un siège à ses côtés avant de claquer des doigts pour que son Néméïdes rejoigne l’autre de l’autre côté afin de lui laisser un peu plus de place.

Artane, toujours son verre en main, observait les convives présents. L'orchestre présent entama une danse bien rythmée et qui invitait déjà à venir dessus au rythme des cordes et des sons flûtés, joués avec brio et dans une parfaite synchronisation. Plusieurs convives s'étaient déjà élancés sur ce qui servait de piste pour commencer à s'adonner au plaisir de s'enivrer avec cette mélodie entraînante. Le faux bourgeois devait bien se l'avouer, ça donnait envie de taper du pied pour battre aussi la mesure. Mais il n'était pas là pour s'amuser. Il y avait sa mission et avec tout ce monde présent, en plus des mercenaires et de la Comtesse en présence, les choses ne seraient pas faciles. Rien n'était aisé quand un Teïderien jouait les espions et qu'il fallait abattre. Et pour l'instant, cette enflure se dissimulait bien... ou alors n'était pas encore présente. Cela était une hypothèse. 

L'Estien joua un peu avec le contenu de son verre, faisant quelques petites mini-vagues avec son vin. Il devait éviter de se soûler... oh et puis zut, ce n'était pas ce breuvage duchéen qui mettrait à mal son attention et ses réflexes. Il but d'une traite ce qui lui restait comme contenu liquide et posa son verre sur une table de victuailles toute proche. Il en profita pour prendre un petit friand à la viande, prenant le temps de le savourer, tout en baladant son regard dans la foule dansante, puis parmi les spectateurs. Il se retint d'avoir le regard trop attentif sur certaines damoiselles présentes, qui conversaient entre elles. La fine fleur de la jeunesse locale était un délice à dévorer du regard. Il n'aurait pas dit non pour leur offrir une petite aventure, si une d'elles avait lancé un appel dans ce sens. Il croisa bien le regard d'une jeune brunette, au regard en amande et qui avait l'air de rougir en croisant le regard d'Artane. Il lui accorda un petit regard et inclina la tête pour la saluer. Et comme toutes les jouvencelles, elle ne manqua pas d'affirmer sa timidité souriante, sous le rire gloussant de ses amies. Bien, sa mission avant tout. 

Il s'était rapproché des spectateurs, pour faire mine de contempler les joyeux danseurs en la belle compagnie de leur cavalière.  D'un œil discret, il observait les musiciens en attente de passer à leur tour, dès que l'orchestre en cours aura fini sa partition endiablée. Et là, il remarqua sa cible. Tenant un luth joliment décoré, son propriétaire terminait de l'accorder. Ses gestes étaient brutes aux yeux de l'Estien... et sa posture un peu trop raide... mais il n'était pas musicien, il ne pouvait pas se fier à cela. La description qu'on lui avait fait avait eu de quoi le surprendre, avant de se ressaisir à l'information reçue et de répondre à ses devoirs du Frère du Mur. Pas de pitié pour l'engeance quand celle-ci servait la cause guerrière de leur putain de faux dieu. Il avait grincé des dents, avant de se détendre. Il ne devait pas pourrir sa couverture. Car mine de rien, à Teïder, on avait donné son signalement... C'était un risque à courir. Bien, il était temps de passer à l'action non ? 

Il se rapprocha de sa cible, un sourire courtois à ses lèvres. Puis, il s'inclina devant, tout en lui tendant la main. 

''Noble Dame, pardonnez-moi de vous importuner… Je sais que votre tour pour le prochain morceau est pour bientôt, mais j'ai ressenti le besoin de vous inviter à danser… m'accordez-vous la fin des notes jouées par vos frères musiciens en seulement quelques pas ? ''

Le propriétaire du luth était une jeune femme à la chevelure auburn bouclée. Bien qu'elle était d'allure quelconque, il y avait quelque chose qui aurait pu la rendre plus joli... un sourire plus vrai que celui qu'elle lui faisait sans doute ? Elle s'était crispée à l'arrivée d'Artane, le regardant comme s'il sortait d'un cauchemar. Puis, elle lui avait accordé un sourire un peu trop étiré. Elle accepta de danser, mais pas trop longtemps, avait-elle précisé. Car même si elle jouait d'un instrument à cordes, elle ne devait pas s'épuiser. 

''Vos désirs sont des ordres, Noble Dame... ''

Ainsi, rejoignit-il les danseurs, demeurant à la périphérie de ceux-ci. Pour l'instant, l'espionne ne paraissait pas l'avoir reconnu.. ou alors n'avait-elle pas connaissance de son signalement... ou bien jouait-elle son faux rôle jusqu'au bout des ongles. La confondre discrètement ne sera pas aisé....

« En effet, c’est purement par courtoisie, ou alors mes soldats ont appris à se cacher à la perfection car je ne les vois pas dans les alentours. » Glissera le dragon sous forme bipède amusé à ce sujet, mais bon joueur. Disons qu’il pouvait comprendre que sa présence puisse des fois rendre nerveux. Après soyons sincère, il n’irait pas faire un coup d’état sur un comté, déjà qu’il n’avait pas pour ambition de faire de coups d’états… Disons qu’au vu de l’immensité des effectifs qu’étaient les siens, sauf s’il se décidait à licencier fortement après coup, il vaudrait mieux s’attaquer à un duché.

Cela et puis ces temps-ci, Teïder au Nord et depuis le début de la guerre était un problème plus important à gérer pour l’immense majorité des duchéens, que les habituelles querelles entre gouvernants ou avec les gouvernés. En somme, sans parler de sa grande réputation de fiabilité, il y avait encore moins de raison de craindre de lui des désirs de coup de force, ou simplement de pillages…

« Merci à vous, je suppose que si votre tablée est aussi agréable que vos festivités, j’en serais fort aise. » Ajoutera t-il sinon en la rejoignant avec une certaine grâce et prestance, le dragon était après tout un être digne et élégant aussi bien sous sa forme originelle, qu’une plus modeste. L’incarnation même de ce que certains appelleraient l’officier mercenaire riche idéal. Un haut bourgeois très martial certes, mais raffiné et policé.

Ceci fait et installé avec une certaine classe il fallait le dire, le dragon qui n’était vêtu que de quelques pans de tissus et bijoux se mariant parfaitement à la teinte blanche de ses écailles et aux bleu des plumes dispersées dans son dos, glisserait avec une certaine amabilité et courtoisie.

« Je dois dire que je suis fort occupé ces temps-ci avec la guerre contre Teïder, comme souvent quand ces derniers ont l’idée saugrenue de nous envahir. Je n’ai certes pas pu participer à la dernière bataille majeure, mais je compte bien être là pour les prochaines. Et vous ? Je suppose que l’effort coalisé a dû vous coûter en finances et mercenaires à envoyer pour soutenir l’effort commun, mais c’est une manière comme une autre d’acquérir un peu de prestige après tout. » Cela et puis, il supposait que ça ne ferait guère les affaires de la comtesse si Teïder s’enfonçait plus au Sud et atteignait les portes de son Duché...

La Comtesse acquiesça avec un sourire aux premières paroles du général. Oh elle n’avait pas spécialement été nerveuse en le voyant. Si il était effectivement venu avec des intentions belliqueuses à son égard, ses propres auraient rapporté des mouvements suspects de troupes depuis longtemps. Et elle doutait qu’il aurait prit la peine de venir la prévenir qu’il allait attaquer le Comté. Stratégiquement parlant, cela aurait totalement idiot. Et elle savait très bien que le Général Ausilio était loin d’avoir une telle réputation. Elle le laissa donc s’assoir à sa table et ce dernier fut bien entendu saluer par les courtisans de la Comtesse. Les principaux Barons du Comté et quelques nobles triés sans doute sur le volet. Et alors qu’il était à peine assit, il entama la conversation sur un de ses sujets favoris sans doute. A savoir la guerre. Cependant, mine de rien, parler de tout cela fournissait bien des informations à un rival. Car dans les duchés malgré les réceptions courtoises et les pseudo alliances commerciales ou militaires, tout le monde était rival… toutefois une absence de réponse de sa part aurait été bien impolie. Et dire que ce n’était pas les mercenaires qui manquaient aux Duchés et ne montrer aucune empathie à l’égard de ceux qui protégeaient son royaume aurait pu être plutôt mal pris. Elle devait donc emballer sa phrase dans un jolie paquet de soie, lui même enrouler d’un joli ruban rouge. C’est donc avec une légère moue embêtée qu’elle répondit finalement.

« Je ne peux cacher que les guerres impliquent toujours des pertes… fort heureusement pour nous, les mercenaires duchéens sont très compétents au combat… ce qui nous assure une protection efficace et une hardiesse au combat des plus appréciables… »

Puis elle se sert un verre de vin duchéens et interroge du regard le général pour le servir à son tour avec bien entendu le même pichet. Ainsi ils auraient tous deux la même boisson dans leurs verres. Ceci avant de continuer.

« Je ne peux dire que je suis une grande guerrière. Mais mes compétences magiques et mes deux amours sont visiblement fort utile au combat. J’essaye de participer à… l’effort de guerre, autant que faire se peut. »

Et alors qu’elle venait de terminer sa phrase, les ménestrels changeaient pour laisser place à un autre groupe qui bien vite relancera la sarabande, sur un rythme festif et enjoué. Beaucoup de gens dansait à présent que les estomacs commençaient à être un peu pleins et que l’alcool avait des inhibé les plus timides restants encore à table. Vieux, jeunes, hommes, femmes, enfants, tout le monde dansait dans cette ambiance des plus festives. Ce Grand Banquet était vraiment très réussi cette année se disait la Comtesse qui observait un peu la foule avec un sourire satisfait en écoutant les gens à sa table échanger ensemble.

Pendant que les hauts rangs invités à ce Banquet s'en donnaient à cœur joie en termes de discussion ou de négociations, Artane était occupé à danser avec sa possible proie. La donzelle, bien que raide dans ses mouvements, arrivait à suivre les pas de danse de son cavalier. Artane, sous ses faux airs de bourgeois, gardait un sourire charmant et ne quitta pas la jeune femme du regard. Il y eut bien quelques échanges durant le morceau interprété par l'orchestre, mais rien qui trahissait ou pas l'appartenance honnie de la jeune femme à Teïder. Peut-être que ce n'était pas elle... Déjà qu'il avait été étonnant que sa cible soit une femme, quand on connaissait les mœurs à Teïder. Mais ces perfides étaient prêts à tout. 

Comment être certains que ce n'était pas elle ? Dans le doute, il préférait étendre encore ses recherches. Elle avait son instrument de musique... c'était encore là quelque chose de trop artistique pour un Teïderien... Et encore, cela ne voulait rien dire. 

L'orchestre entonna son dernier refrain entraînant et quand la dernière note se perdit dans le brouhaha des gens rendus joyeux par l'alcool et les danses,  sa cavalière s'excusa de devoir prendre congé, car son tour arrivait bientôt. Artane s'inclina devant elle et lui adressa un remerciement sincère et un sourire ravi. Au moins, s'était-il un peu amusé, durant cette mission qui ne pouvait pas échouer. Mais avec tant de monde, comment pourrait-il espérer se débarrasser de l'espion -ou de l'espionne ? 

Tout en quittant la piste de danse, pour céder la place aux prochains duo de danseurs, il tourna la tête pour repérer de quoi manger, afin de poursuivre un peu l'agréable à l'utile. Et là, il croisa le regard d'une servante au regard dur et froid. Il ne put détourner ses yeux des siens.  Les deux individus se jaugeaient. Elle paraissait le reconnaître. Lui, son instinct hurlait dans son esprit : il l'avait trouvée. Et cela se confirma quand elle déposa assez précipitamment un plat qu'elle tenait dans ses mains. Elle avait pris les atours d'une serveuse. Cela fait, elle fit demi-tour, comme pour s'en retourner vers les cuisines. Ni une, ni deux, Artane se mit à la suivre. Il était repéré, elle aussi. Tous deux s'étaient reconnus. Tout en esquivant les invités et les autres membre du personnel duchéen mis en place, il se mit à la suivre.... 

Ausilio qui était habitué à entendre des propos policés de gouvernants, hochera la tête d’un air compréhensif et entendu au sujet des paroles aimables de la comtesse concernant les courageux mercenaires duchéens… Et il acceptera évidemment volontiers un verre aussi au passage, se doutant qu’elle ne comptait pas l’empoisonner et que… Au pire disons que quelqu’un de très haut placé le ressusciterait rapidement si cela arrivait, ce qui faisait qu’il n’avait pas à être paranoïaque concernant tout verre de vin se présentant à lui ?

« Je ne doute pas quoiqu’il en soit que nous finirons par repousser ces opportuns. » Glissera t-il sinon d’un air entendu sans nourrir davantage le sujet… Puis voyant que le spectacle alentour changeait et prenait des alentours de danse, le dragon glisserait ensuite amusé.

« La recette pour passer un bon moment paraît des fois si simple, à manger et à boire, une ambiance agréable et de la musique douce aux oreilles… » Ceci dit, sans doute pour philosopher légèrement sur la facilité à satisfaire ceux n’étant pas habitué à vivre dans le luxe et l’opulence, il prendra une gorgée de vin qu’il sembla apprécier, puis laissant un peu de temps couler et regardant la foule du regard, plus par curiosité, que par réelle vigilance... Et ne voyant rien ne méritant qu’il attarde longuement son regard dessus, il ajouterait cordialement.

« Il a l’air en tout cas de faire bon vivre en vos terres, c’est mieux que sous certains de vos prédécesseurs. Je me demande si vous êtes aussi bonne danseuse que dirigeante, mais ce n’est pas vraiment le genre de festivité appropriée pour vous inviter à cela. » Conclurait-il donc avec un peu de complicité amusée, glissant suite à un compliment méritée un peu d’humour… Sachant aussi que danser avec un dragon même sous forme bien plus petite pouvait intimider certains…

Quoique, il s’attendait à ce qu’une nécromancienne soit moins impressionnable que bien d’autres !

« C’est un fait. »

Répondit la Comtesse avec un hochement de tête entendu et un léger sourire. S’il y’avait bien un moment où les Duchés montraient leur puissance militaire, c’était en temps de guerre quand tous étaient réunis dans un seul et même objectif. Essentiellement celui de défendre leurs terres contre un envahisseur commun. Les querelles étaient mises de côté dans une trêve parfois fragile, les alliances temporaires se formaient pour le bien de la nation, puis reprenaient de plus belle quand la situation de crise avait été maîtrisée… quant à la remarque suivante du dragon, Pandora esquissa un nouveau sourire.

« Il y’a plusieurs façons de gouverner un royaume messire Ausilio… une main de fer dans un gant de fer, ou bien une main de fer dans un gant de velours… pour ma part je pars du principe qu’un peuple satisfait et festif est moins prompt à se rebeller contre son souverain. Surtout lorsque la guerre est à nos portes. »

Certains gouverneurs instauraient la peur et la tyrannie quand d’autres préféraient se montrer juste quand il s’agissait d’abattre le marteau de la justice et bienveillant envers ceux qui savaient faire preuve de la déférence qu’ils méritaient à leur égard. Pandora était de ceux là. Du moins elle se définissait comme telle. Sévère mais juste. Car si les sanctions étaient parfois lourdes a l’encontre de ceux qui bafouaient la loi de son Comté, pour les autres, ils avaient une vie tout à fait agréable pour peu qu’ils respectent les consignes établies. Elle rit ensuite à la demande en le cachant élégamment du dos de sa main.

« Serait ce une invitation messire Ausilio? »

Dit elle avec un regard pétillant de malice, quoiqu’amusée par l’audace du Général mercenaire en portant son verre à ses lèvres doucement son regard émeraude se plongeant dans le sien.

Elle avait regardé deux trois fois par-dessus son épaule, pour voir si l'Estien la suivait toujours. Elle serra ses lèvres quand elle vit que c'était toujours le cas. Leurs regards se croisèrent une énième fois. La froideur et la haine marquaient la surface de ses yeux, dans un très bref éclat.

Artane était déterminé comme jamais à ne pas lâcher. Même si elle était une femme, elle servait les causes de Teïder. Même si la situation des femmes au sein de ce royaume boueux n'était pas très avenante, il arrivait que l'espionnage en employait quelques-unes pour parfaire certaines missions. Qui de base connaissait un peu les mœurs de Teïder serait loin de se douter qu'une donzelle puisse servir leurs services de renseignements. Mais pas Artane. Pas les Frères et Sœurs du Mur. Et même si elle était femme, il accomplira ce qui devra être fait. L'envie de tuer lui serrait les tripes. Mais au vu du contexte actuel, elle possédait sans doute des informations qui pourraient être des plus utiles pour les Duchéens... Donc, non, il ne devait pas la tuer, mais la neutraliser... Sauf s'il n'avait pas d'autres choix.

Il accéléra sa marche, imitant la fausse servante, qui cherchait déjà une voie par laquelle s'échapper. Elle ne paraissait pas avoir prévu de chemin de fuite. Un instant, elle hésita à rejoindre les cuisines. Il y avait des hommes en armes, surveillant les aller et venues des serviteurs, amenant des mets tout juste prêts hors des cuisines pour les mener aux tables de banquets, pendant que d'autres en ramenait des vidés pour les faire nettoyer et recommencer un nouveau culinaire. Artane serra les dents. Si elle décidait à passer par là, il serait bon pour attendre des heures… Ah ! Elle décida de partir vers ce qui servait de jardin. Ses mains se serrèrent quelques instants et il la suivit.

C'était un début de chat et de la souris. Si elle venait à quitter la propriété, ce sera tout bénéfique pour lui... et il n'oubliait pas que la demeure de la Comtesse qui organisait les festivités était au sommet d'une haute colline. Et une fois entouré de la magnificence végétale des Jardins, il regarda vivement autour de lui. Personne. C'était trop beau... Du moins, un ou deux promeneurs avaient terminé leur balade pour retourner auprès des autres convives.

Il porta un index à sa gorge, invoquant sa magie. Puis, il énonça en teïderien.

''Rends-toi... Tu es démasquée. ''

L'espionne avait ralenti sa vive marche, prise dans l'effet du sortilège. Elle se retourna, les yeux un peu écarquillés de l'ordre. Elle fixa l'Estien. Son sourire se fit vile…

''Raté ta magie… par contre, tu n'es pas très malin… Étonnant qu'un déchet comme toi ait pu réchapper à nos inquisiteurs... ''

Son sourire se fit moqueur.

''Tu aurais dû rester à ta place. ''Puis d'un coup, elle se mit à hurler en duchéen : ''À l'aide ! On veut me tuer !

Garce ! se retint de balancer Artane. L'envie d'user une nouvelle fois sa magie pour lui sauter dessus et la neutraliser lui vint. Il n'aurait qu'à invoquer vent véloce. Mais comme elle avait hurlé sa fausse agression, il devait à tout pris éviter de tomber dans ce piège grotesque. Vite une idée ! Avant que les hommes de la Comtesse ne leur tombent dessus ! Il incanta et visualisa pour son nouveau sort un homme sombrement vêtu, en train de courir le plus rapidement possible, dans une tenue assez typique de Teïder, afin de simuler une rencontre entre cette espionne et un faux autre Teiderien... comme pour un apport de rapport d'espionnage... il n'était pas certain que cela marche… mais qui ne tente à rien...

Spoiler:

La situation actuelle des Duchés quoiqu’il en soit n’était pas pour déplaire à Ausilio, non pas la guerre actuelle, quoique la guerre permettait de récolter gloire et prestige, deux choses que le général appréciait… Mais car la division des Duchés du Sud hors du cadre d’une invasion étrangère, était autant garante d’une certaine liberté au niveau global au sein de ces derniers, après tout il n’y avait pas une espèce de dirigeant suprême pouvant imposer sa volonté de façon unilatérale… Que parce qu’évidemment cela permettait aux mercenaires comme lui de ne jamais vraiment manquer de travail !

« Je pense qu'heureusement cette manière de voir les choses est assez partagée par la plupart de nos compatriotes, même si les intentions derrières et les méthodes peuvent différer. » Glissera quoiqu’il en soit le dragon approbateur, amusé et assez connaisseur de la politique duchéenne suite aux paroles de la comtesse… Pour savoir qu’en général les comtes, ducs, doges et autres évitaient d’être des tyrans détestés. Pour la simple raison que sinon ils finissaient leur vie avec un poignard entre deux côtes suite à un quelconque complot, aidé ou non d’une révolte populaire. Néanmoins, cela indiquait aussi que c’était en général une bonne façon de faire dans les duchés où votre place dépendait d’un jeu d’équilibriste permanent, là où les Teïderiens étaient sans doute plus habitués à une certaine dureté ?

« C’est à vous de décider si ça en est une. » Ajoutera sinon le dragon complice et légèrement audacieux à la question de la comtesse, n’en faisant rien d’obligatoire, mais certain que l’humain serait curieuse de la chose… Puis…

Il entendit une femme hurler en duchéen que l’on désirait la tuer et le dragon prudent devint tout à coup assez vigilant et chercha du regard la source du cri… Ne serait-ce que pour ne pas être pris au dépourvu ?

Une source qu’il trouva évidemment, sous la forme d’une jeune femme, dont l’agresseur était en train de fuir la présence. Le dragon qui évidemment n’était pas stupide au point de tenter un combat sous une forme diminuée ou bien de prendre sa forme titanesque ici au risque de gâcher la fête… Projettera alors une de ses mains écailleuses en avant, projetant alors une boule de glace en direction du fuyard. Le but n’étant pas de le tuer évidemment, mais de stopper sa course et permettre aux gardes d’aisément le rattraper.







Sort utilisé :

Spoiler:

« Je pense que c’est la meilleure méthode en effet Messire Ausilio. Un peuple heureux, vivant dans un Comté prospère est plus prompt à se tenir tranquille. »

Sourit la Comtesse qui derrière des mots savamment choisis se doutait bien que le Général mercenaire en comprendrait aisément le sens caché. La vie au Duchés pouvait s’avérer étonnamment courte quand était le dirigeant d’un Comté ou d’un Duché. Il fallait savoir faire preuve de diplomatie et de clémence autant que d’une autorité ferme parfois. C’était des plus complexes dans certaines situations, mais cela faisait aussi partie du jeu. Et la Comtesse a ce jeu était plutôt douée. Elle fit ensuite mine de réfléchir un instant avec un fin et charmant sourire à la proposition du dragon avant de finalement lui tendre une main pour qu’il l’invite à danser.

« Je sais apprécier l’audace lorsqu’il est maîtrisé messire Ausilio. »

Mais malheureusement cette danse devrait attendre puisque le cri d’une de ses servantes lui fit attraper son bâton de mage bien rapidement. Un Teïderien ici?! Elle venait de le repérer, fuyant à toutes jambes! Elle pointa alors son bâton vers lui et incanta rapidement un sort de Nécromancie. Qu’elle ne fut pas sa surprise de la voir s’évaporer sous l’effet des deux sorts cumulés du Général mercenaire et du sien. Elle écarquilla alors les yeux mais par acquis de conscience, elle ordonna tout de même à ses Néméïdes d’y aller.

« Diamant! Rubis! Retrouvez le moi! »

Dans un grondement sourd, les deux Néméïdes se jetèrent dans cette direction. La foule qui s’était alors arrêtée de danser observait la scène avant que des cris de peur ne viennent couvrir la musique au passage des deux lions. Certains s’enfuirent, d’autres chutèrent en se prenant des tables qui se renversèrent, pendant que les énormes lions esquivaient les convives à toute vitesse cherchant à retrouver le fuyard. Pendant ce temps, des gardes armés d’épées et d’arbalètes arrivèrent en courant. Leurs talons ferrés battant le sol.

-Qui y’a t’il servante! Ou est il!

Demandèrent les gardes sur un ton autoritaire cherchants du regard l’objet de son cri.

Spoiler:

Le banquet était devenu un véritable bazar, autant par la pseudo apparition d'un Teïderien dans les parages, que par l'emploi d'une magie de glace qui la réduisit à néant, et de l'intervention de deux puissants Néméïdes. Des gens couraient hors de la piste de danse pour ne pas se retrouver sur le passage des deux félins, là où d'autres trébuchaient ou s'étalaient carrément par terre. Les festivités étaient devenues un lieu de fuite et de cris.

Artane pestait et voyant le chaos que cette garce avait provoqué en criant son faux appel à l'aide, tout partait de travers. En même temps, il avait en partie provoqué tout ce bordel. Il ne s'était pas montré assez patient. Profiter du chaos présent pour la tuer une bonne fois pour toutes ? L'idée était tentante, son cœur pulsait de cette envie de l'occire. Mais ce serait courir au suicide. Il jeta un regard froid et meurtrier à la Teïderienne et chercha à s'éloigner le plus discrètement possible, avant d'être un peu bousculé par les soldats du Comté

Ne perdant pas de temps à observer leur promptitude à être intervenus pour répondre à l'appel à l'aide, Artane chercha du regard les deux gros et puissants félins. Leurs présences n'étaient pas à négliger pour se carapater.

*Et ce foutu mage de glace aussi ! *

Il ne doutait pas que cela devait être l'invité avec qui la Comtesse avait discuté. Entre gens de la haute hein… et puis quel crétin il avait été ! Encore une fois, à ne pas demeurer concentré quand il était question de buter un Teïderien !

Profitant d'avoir été un peu écarté de sa cible par l'arrivée des hommes d'armes, il louvoya vers les autres invités. Entre ceux qui s'égayaient et ceux qui se regroupaient après s'être éloignés de ce qui pouvait être dangereux... Juste à temps, car la Teïderienne déguisée avait mis un petit moment à réagir, se rappelant de parler en duchéen et non en teïderien. Elle voulut montrer de l'index où se trouvait Artane. Ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit qu'il n'était plus là.

Le Lieutenant, essayant de pas courir, avait rejoint un flot d'invités qui s'étaient réunis, presque les uns contre les autres et pas trop loin de la sortie des lieux des festivités, se tenant sans doute prêt à dégager si le danger non encore identifié venait à s'étendre. Artane, les dents serrées, espérait se casser d'ici avant que tout soit bouclé... et employer un de ses sorts n'étaient pas possibles, faute à trop de témoins....

La comtesse avait acceptée l’idée d’une danse, mais avant qu’ils ne puissent possiblement s’y essayer, un incident survint, le genre qui n’était point désirable. Oh pas qu’Ausilio n’avait pas déjà vu des festivités duchéennes êtres troublées par quelque chose de soudain et imprévu, mais disons que c’était plus rare dans ce genre d’évènement à portée populaire… Néanmoins, quand Ausilio se rendit compte que le contrevenant avait tout l’air d’un Teïderien, il se doutait qu’il valait mieux aider de son mieux, plutôt que de juste laisser les gardes locaux agir !

Autant dire que les festivités reprendraient quand les choses se seraient calmées, surtout que lui aussi vit que son sort avait visiblement frappé une illusion… Ils avaient donc affaire à un mage ayant au minimum des dons légers, cela compliquerait évidemment les choses.

Et non, il n’ordonna guère à ses gardes du corps de participer aux recherches, parce que ce n’était pas leur rôle et car s’il était obligé de rester sous cette forme pour ne pas ajouter à la panique, autant que les deux combattants d’élites chargés de sa protection restent à ses côtés, après tout un général mercenaire était sans doute la cible qui aurait été la plus tentante dans les environs pour un quelconque agent malveillant du royaume central !

« Comtesse, désirez vous pendant que vos braves soldats et vos néméides font leur office, que nous allions en un lieu plus sûr ? Il vaut mieux être prudent avec les agents de Teïder, qui sait si c’est le seul se trouvant dans les environs et s’il n’a pas des projets funestes à votre égard. » Proposera alors le dragon courtoisement et avec une certaine prévenance à la comtesse humaine, soulignant sans doute une possibilité à ne pas sous estimer… Cela et puis il supposait plus important de s’assurer que tous les deux n’étaient pas en danger, que de juste capturer un espion en maraude, même si ce dernier point restait aussi fort important !

Un beau bazar s’était immiscé dans cette fête pourtant si joviale il n’y avait pas cinq minutes. Et quand les sorts avaient touché le fuyard, la Comtesse eut la désagréable surprise de s’apercevoir que ce n’était qu’une illusion. « Un mage… il ne manquait plus que cela… » songea t’elle.

« Servante! Décrivez le nous! A quoi ressemblait il! »

Lui ordonna un des chefs des mercenaires. Pendant ce temps alors que quelques ménestrels étaient invités à reprendre leurs chansons d’un signe de tête de la Comtesse, elle répondait au Général Mercenaire d’un ton assuré.

« Je ne suis pas femme à me cacher du danger Général Ausilio. Et encore moins à me contenter d’un échec! »

Se tournant vers les gardes elle cria alors.

« Gardes! Que personne ne quitte la ville! Envoyez les patrouilles volantes survoler les alentours! Ramenez moi toute personne suspecte non loin de la ville ! Il n’a pu aller bien loin! »

Acquiesçant rapidement, les cors d’alerte se mirent à sonner et les portes de là villes se mirent à se fermer, pendant que dans le ciel s’élevaient des troupes sur pégases qui filaient vers les extérieurs de la ville. Si un Teïderien tentait de fuir, alors il aurait bien du mal à passer inaperçu. Elle devait agir vite si elle voulait attraper cet homme. Et elle ne comptait pas laisser de place au mépris de la sécurité de son comté.

« Diamant! Rubis! Venez à moi mes chéris! »

Dit elle avant de siffler pendant que ses Néméïdes revenaient à elle. Plus personne ne semblait oser bouger, ni même rejoindre la piste de danse, pendant que les gardes arpentaient la fête à la recherche du potentiel assassin. Toutefois, Pandora avait des doutes. Pourquoi tenter d’agresser une simple servante? Cela faisait bien peu de sens… elle gardait donc un œil sur elle pendant tout le temps qu’elle donnait des ordres…[/color][/b]

Artane pesta contre lui-même. Il n'avait pas été assez rapide. La voix de la Comtesse couvrait déjà de ses ordres les notes timides des musiciens qui essayaient de trouver la bonne relance pour essayer de redonner un semblant de fête à la situation. L'Estien n'avait l'oreille pour ce qu'il y avait à entendre et comprendre dans les injonctions de la Maîtresse des lieux. Ses muscles maxillaires se contractèrent. Les cors d'alarme claironnaient partout pour répandre l'ordre de fermer les portes de la sortie. La retraite était coupée désormais. Puis, des chevaux ailés prirent vivement la voie des airs, en formation, pour couvrir la zone depuis les hauteurs. 

Le Lieutenant les suivit du regard, fronçant un peu les sourcils. Il était coincé, bel et bien coincé. Mais, il ne devait pas céder à la fureur ou à la panique que cela pourrait engendrer. De toute façon, cela ne servirait à rien hormis le mettre plus encore dans la merde. Fuir ? l'idée aurait pu être bonne, s'il n'était destiné qu'à une dernière et ultime mission au sein des Duchés avant de retourner définitivement au sein de sa Patrie. Voué à continuer à être le mercenaire duchéen Atvar dans les Duchés et les régions avoisinantes, il devait jouer autrement. Il ne devait pas perdre sa couverture et en même temps, il ne devait pas laisser cette espionne s'en tirer à si bon compte ! En jouant la place d'une simple servante, elle avait sans doute acquis des informations capables de mettre à bas le Comté. Savoir les forces en présence, comment était structurée la région, la fortification des lieux... ça et autre chose qu'Artane ne sont pas forcément. En résumé, cette sale garce de Teïderienne ne devait pas quitter les lieux. 

Se trouvant encore parmi un groupe d'invités qui discutaient vivement de ce qui se tramait, il tendit son regard vers la servante. Elle devait être en train de donner sa description. Elle était hésitante en même temps. Sans doute avait-elle du mal à énoncer clairement les traits de son "agresseur''. Son manque possible de vocabulaire pourrait aisément passer pour un début d'état de choc. Bon, il était temps d'agir, même si ce qu'il avait en tête ne lui plaisait guère. 

Il s'avança d'un pas serein, quittant le groupe d'invité où il s'était mêlé, repérant d'emblée où se trouvaient l'invité saurien de la Dame des lieux et la Dame elle-même. On ne pouvait pas la louper, avec ses deux énormes et terrifiants lions qui se dressaient à ses côtés. Tiens tiens... La noble paraissait regarder la servante. Il continua d'avancer. La servante avait levé la tête, croisant son regard. Les deux adversaires se fixaient froidement. La servante eut pendant quelques secondes une lueur de triomphe dans son regard. Elle pointa Artane de son index, faussement effrayée de revoir son dit agresseur

''Il est là, c'est lui ! ''

Artane demeurait calme, se contentant d'écarter les mains pour bien marquer qu'il n'était pas armé et disposé à se rendre. Par contre, il n'omettait pas la suite de son action. 

''Cette servante est une espionne Teïderienne...''dit-il d'une voix suffisamment forte pour se faire entendre des gardes, des mercenaires et surtout de la Comtesse. Le ton était sûr. Il savait ce qu'il disait. Maintenant, la suite ne dépendait plus de lui.

Le général hocha la tête poliment mais sans conviction quand la comtesse lui dira qu’elle ne comptait pas se cacher du danger. Soit, après il considérait différemment une tentative d’assassinat d’un assaut militaire, mais si elle préférait prendre des risques, tant que c’était calculé ce n’était pas plus mal et lui donnera l'image de quelqu'un de courageux… Disons que sinon son comté devra se soucier très prochainement de trouver une remplaçante comme elle n’avait pas d’héritier désigné !

Pour sa part il n’allait pas décamper non plus, mais il comptait rester prudent. Après tout sous cette petite forme bipède il était bien moins dangereux que sous celle dragonique. Le souci étant que prendre sa véritable forme risquait de déclencher un certain chaos, ne serait-ce qu’à court terme, alors autant éviter !

Il fera donc signe à son escorte de le suivre alors qu’il accompagna calmement la comtesse. Au pire s’il devait se battre, il maîtrisait la magie de l’eau et était dotée d’excellents réflexes. Et au pire du pire, possibilité improbable, si quelqu’un profitait de son état actuel pour l’occire… Il connaissait une impératrice qui le fera volontiers ressusciter, même si évidemment il préférera éviter cette déconvenue.

Et au bout d’un moment il semblerait qu’ils trouvèrent leur intrus, ce après que les recherches aient été rapidement organisées… Ausilio fut alors curieux de ce qu’il entendit, l’assaillant accusait une servante d’être une espionne Teïderienne ? C’était plutôt grave comme accusation, surtout si ça s’avérait faux et ils n’avaient pas de haut mage de ténèbres sur l’instant pour obtenir des réponses…

« J’ai des connaissances qui pourraient vous aider à tirer cela au clair comtesse, si vous prenez les accusations de cet homme au sérieux. » Dira alors le dragon pragmatique, laissant de toute façon la comtesse choisir, mais signifiant qu’il pouvait aider. Après tout le général Ausilio connaissait beaucoup de monde, quelqu’un capable d’extirper des informations et sans faire crier les gens de douleur, c’était largement dans ses moyens…

Cela et il ne donna pas son avis sur la situation, après tout peut-être que la comtesse faisait une confiance aveugle à sa servante et n’accepterait pas l’idée qu’elle soit mise en cause. Au pire sinon, elle pourrait juste faire arrêter le contrevenant comme elle comptait le faire à la base...

[i] Alors que les portes se fermaient et que les troupes volantes prenaient leur envol, La Comtesse elle observait la foule avec attention pour repérer une personne suspecte, ses Néméïdes à ses côtés. Il allait être difficile de retrouver qui que ce soit parmi cette foule et sa servante semblait quelque peu choquée. Mais toutefois, une question subsistait pour Pandora. Pourquoi voudrait on tuer une simple servante? Prendre sa place pour l’atteindre elle même? Peu probable… elle connaissait ses servants parfaitement et tous étaient là depuis longtemps à son service. Cependant elle garda cette réflexion pour elle pour le moment. Les gardes l’interrogeaient alors que les autres arpentaient la foule à la recherche d’un éventuel fuyard. C’est alors qu’elle sembla repérer elle même l’assassin. Mais là encore ce qui se produisait sous ses yeux était improbable. Il devait très bien savoir ce qu’il encourait à se rendre ainsi? Et ses révélations à lui furent encore plus perturbantes. Fronçant les sourcils elle claquant des doigts et tendit son index vers lui, ce qui eut pour effet de faire courir Diamant vers lui les crocs dehors. Ce dernier s’arrêta devant lui les poils du dos hérissés et menaçant. Elle fit de même pour sa servante pendant qu’elle écoutait les mots du Général à ses côtés. Après une légère réflexion elle acquiesça puis d’un geste impérieux du menton ordonna aux ménestrels de reprendre leurs musiques et chants un peu plus fort.

« Je vous remercie Messire. J’ai des méthodes quelque peu douloureuses pour les interrogatoires mais je ne suis sûre de rien à présent. J’accepte donc votre offre. »

Dit elle dans un premier temps avant d’ajouter à l’intention des gardes.

« Gardes! Mettez les aux arrêts tous les deux! Qu’ils soient bien traités le temps que la fête se termine! Il y a un innocent dans le lot qui ne mérite pas de mauvais traitement! Je viendrais les voir après! »

Les arbalètes se levèrent alors vers les deux suspects pour les accompagner aux geôles alors que la fête reprenait. Ils seraient enfermés mais pas encore interrogé. De l’eau et de la nourriture leur seront fournis le temps que la fête prenne fin. Et aucune sévices ne leur sera infligé pour le moment. De son côté elle les regarderait partir avec attention et aussi un peu d’agacement les sourcils froncés.