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Orzian, engrenages et arcanes
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Orzian, engrenages et arcanes


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Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw)
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyMar 24 Jan - 20:10
10:36 - 27 Maïa de l'An 1999

Lorsque la porte s’ouvrit, le Bourgmestre salua le Grand Sénéchal mais ne l’invita pas à entrer, immédiatement Varsaw savait que quelque chose clochait, et il n’eut pas à chercher bien longtemps pour savoir de quoi il s’agissait. Le chef du village passa immédiatement aux aveux en se confirmant implicitement comme adhérent à la rebellion, il n’était d’ailleurs pas que ça en ce moment même, puisque il était également… mourant. De l’autre côté du masque il était impossible de lire la réaction du militaire sur son visage de métal, il ne disait rien, ne bougeait pas et semblait simplement attendre de pouvoir rentrer à l’intérieur de la demeure.

”Bien des habitants appréciaient ma personne et mon travail, sans savoir la vérité sur qui j'étais réellement. Chose que vous savez désormais, n'est ce pas ? ” dit faiblement le chef.

Varsaw s’avança, rentrant dans Oswald et le poussant sur le côté, le Bourgmestre n’eut pas la force de se rattraper et son corps de plus en plus frêle s’écrasa au sol. Le Sénéchal ne fit même plus attention à ses élucubrations d’homme condamné et pénétra dans le salon, scannant la pièce du regard à la recherche de réponses. Il était inutile de secouer le fils de pute qui vivait ses derniers instants, il s’était suicidé, il n’avait plus rien à perdre, rien avec lequel Varsaw aurait pu faire levier de plus précieux que la vie qu’il s’était lui-même ôté en dépit des enseignements de leur Père et Mère. Le salon était agréablement décoré de manière pittoresque avec des poêles de cuivres qui pendaient au mur, une toile, des poteries simples mais qui apportaient une petite touche de vivant à la maison, ça contrastait puissamment avec les deux corps inertes qu’elle hebergeait actuellement, vu que dans la pièce à vivre Varsaw apercevait aussi le cadavre de la femme du Bourgmestre allongée sur le canapé.
Seul le poing serré indiquait la frustration de l’officier. Il leva l’autre main et d’un signe il appela les unités derrières lui à investir les lieux, aussitôt la moitié de son escorte pénétra dans la grande maison et commencèrent à fouiller frénétiquement chaque recoin. Ses hommes renversèrent les contenus des tiroirs, les brisèrent pour vérifier la présence de doubles fonds, ils toquaient sur chaque cloison pour déceler un mur creux, parcouraient vivement les liasses de papiers ou les livres à la recherche de documents administratifs ou de lettres adressées à la rébellion. Pendant ce temps, Varsaw demeurait debout dans le salon, son masque d’acier regardait fixement la cheminée dans laquelle les braises encore chaudes laissaient s’envoler au grès du vent les fines cendres plates de papier brûlé. Pour une fois, la lueur ardente qui se reflétait sur l’acier noir du visage du Sénéchal n’était pas qu’un tour d’optique. Intérieurement il sentait une sourde rage monter en lui, pas de la colère non, une fureur, un sentiment de haine qu’il ne réservait qu’à quelques uns de ses ennemis soigneusement élus. Ces petits rats étaient menés par un Lieutenant qui était toujours en vie, il se croyait plus malin que lui? Cette vermine de rongeur puante se moquait ouvertement de lui, lui riait au visage de là où il devait être. Dans ses terres. DANS SES TERRES. La frustration de ne même pas pouvoir placer un nom sur son adversaire était insupportable, elle le prenait à la gorge. Il ne voulait plus le chercher, il voulait le trouver. Il allait le trouver. Il ne s’arrêterait pas juste à ce Lieutenant, il retrouvera sa famille. Sa femme, il a une femme? S’il en a alors il retrouvera les enfants aussi. Il les retrouverait tous jusqu’au dernier, les livrerait aux Inquisiteurs, aux geôliers d’Orzus. Il irait les chercher jusqu’au confins d’Eïlynster s’il le fallait.
Dans la cheminée les flammes s’étaient éteintes, mais sur le visage de Varsaw le brasier était rugissant de férocité.

Une vingtaine de minutes plus tard le Sergent qui menait la fouille vint retrouver le Sénéchal qui était assis sur une chaise, devant la tasse de thé vide qu’Oswald de Krùsevàtz avait liquidé moins d’une heure auparavant.

”Nous n’avons rien trouvé Mon Sénéchal. Aucune trace du soldat blessé, pas de document administratif, rien. Il y a seulement une tâche de sang sur la couverture de leur canapé.”

”-Bien.” répondit l’officier d’une voix sinistre.

L’homme au masque se releva et se dirigea lentement vers la sortie de la maison, arrivé au cadre de la porte il s’arrêta, puis son regard se porta sur le corps sans vie du Bourgmestre affalé au sol. Varsaw se pencha et attrapa fermement le col du traître, il sorti sur le perron de la demeure et avança vers la place publique en trainant le cadavre dans la poussière sans un état d’âme. Les paysans désoeuvrés n’avaient pas mit longtemps avant de se regrouper autour de la maison de leur dirigeant quand ils avaient vu la cavalerie débarquer, et lorsqu’ils virent le Grand Sénéchal ressortir de la maison avec le corps de leur Bourgmestre bien aimé à la main, certaines femmes lâchèrent un hurlement d’horreur, des rumeurs commencèrent à courir à travers la foule et les regards étaient tous rivés sur Varsaw. Celui ci était enfin parvenu au milieu de la place centrale et faisait maintenant face à une véritable audience qui grossissait continuellement tandis que la nouvelle se répandait concernant le décès de leur chef. Là, il souleva légèrement le corps et le jeta au sol devant lui, soulevant une gerbe de poussière, puis il appliqua sa bague contre sa gorge et dit solennellement:

”Celui qui était le Bourgmestre de Krùsevàtz, complotait à l’encontre des forces de Teïder, à l’encontre du Roi, à l’encontre du Père de la Souffrance. Il y a quelques jours une patrouille de soldats d’Eïlynster ont pénétré sur nos terres, aujourd’hui nous les avons enfin tous capturé. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous ne délogions chaque rebelle qui se terrent ici et mettent en danger la vie des autres fervents habitants qui ont toujours été droits et juste.”

Il mentait sur la capture, mais il avait juste besoin de répandre la fausse information si ça pouvait lui donner un avantage même temporaire sur les rebelles. Il cherchait aussi volontairement à monter les villageois les uns contre les autres et à semer la paranoïa parmi eux. Sans une personne de confiance à sa tête, Krùsevàtz allait inévitablement devenir bien plus chaotique que les choses ne l’étaient déjà et s’il ne pouvait pas l’empêcher alors Mihkaï comptait bien tirer lui aussi un parti de cet effondrement de pouvoir. Il fit un signe de la main derrière lui et ordonna à ses unités de lever le camp immédiatement, quelqu’un vint lui apporter les rennes de sa monture et il se remit en selle sans plus tarder, une fois sur son cheval il utilisa sa bague une dernière fois pour dire:

”Jusqu’à nouvel ordre, la commune de Krùsevàtz sera désormais sous commandement militaire. Les ressources du village seront la propriété de l’Armée de Teïder. Chop chop!”

***

11:15 - 27 Maïa de l'An 1999

Le Mestre d’Arme Barbu était entrain de surveiller le point de contrôle entre Krùsevàtz et le bocage à l’ouest lorsqu’il vit une petite troupe de cavalerie pointer dans leur direction. Il fronça les yeux d’incompréhension et porta instinctivement la main à son menton pour passer les doigts dans sa barbe comme il le faisait à chaque fois qu’il se retrouvait un peu pensif. Lorsque la cavalcade approcha à plus courte portée il écarquilla les yeux lorsqu’il aperçut le reflet blanc distinctif des rayons du soleil sur le masque d’acier noir.

”Ma parole, c’est le Sénéchal! Hola les gars, soyez un peu présentables par tout les drakes!.” Il alla à la rencontre de son supérieur pour l’accueillir. ”Mon Sénéchal, qu’est-ce que vous faites ici? Je peux vous aider?”

Varsaw ne prit pas la peine de mettre pieds à terre, il intima juste à son escorte de marquer une halte et s’immobilisa près du Mestre d’Arme.

”Salutation Barbu, dis moi, est-ce que Zoj t’as dit hier qu’une escouade était portée disparue?”

”-Ma foi oui Mon Sénéchal!”

”-Et est-ce qu’il t’avait détaillé que l’escouade était revenue avec un blessé qui a été hébergé chez le Bourgmestre?”

”-Quoi donc? Oh! Pour sûr que non Mon Sénéchal, je vous jure sur le Père que non! Qu’est-ce qu-”

”Ce n’est pas de ta faute Barbu, Zoj n’a pas fait preuve de beaucoup de jugeote. Est-ce qu’un soldat blessé a rejoint tes rangs ce matin? J’ai besoin de lui parler pour savoir en détail comment le Bourgmestre les a retrouvé et l’itinéraire qu’ils ont emprunté.”

”Euh… Je crois qu’on a pas eu de nouvelles d’un tel soldat Mon Sénéchal, et j’en suis plutôt sûr, mes gars me disent tout maintenant avec la quarantaine. Y’en a pas un qui peut péter à l’air libre sans que je sois au courant Mon Sénéchal.”

Bon, il se pouvait alors que le soldat désorienté par sa blessure ait fait n’importe quoi mais il se doutait plus ou moins que ça ne devait pas être le cas. Il était peut-être possible que les soldats de l’escouade qui avaient échappé au contrôle de Zoj et que le Bourgmestre rebelle avait ramené hier n’étaient pas les mêmes soldats qui étaient parti en reconnaissance sous les ordres d’Idiotski. Varsaw poussa un râle de frustration.

”HHHAAAAaaa. MMmnhgngngngn. Bon, dépêche un agent de liaison et envoie un message à Slawomir, dit lui que le Bourgmestre de Krùse est mort et que c’est lui qui hérite de la gestion du village tant que Kela n’est pas là.”

”-Encore? Si vous continuez d’envoyer des lettres au Commandeur il va finir par croire qu’il vous manque Mon Sénéchal! Ce sera déjà la troisième ce matin hahaha!”

”-Qu’est-ce que tu viens de dire?” Varsaw affichait un ton distinctement surpris dans sa voix.

”-Pardon Mon Sénéchal la blague était pas à sa place.” Le Mestre pensait à juste titre que c’était sa tentative d’humour qui avait interloqué son supérieur.

”-Non non, je ne parle pas de ça, tu as dit que j’avais déjà envoyé deux lettres à Slawomir ce matin?” Devant l’incompréhension de son Mestre d’Arme, Varsaw avait sa réponse. ”Combien d’agents de liaison sont passés comme ça? Deux? Trois? Deux puis un? Personne ne sort de Krùse jusqu’à ce soir, procède à un contrôle sur tout tes soldats en stationnement.”

Donc les petits rats ne s’étaient pas contentés de vaincre leur escouade, ils avaient subtilisé leurs armures et tentaient de se fondre dans la masse pour leur échapper. Au moins il venait d’obtenir une information capitale, parmi les cinq Estiens encore en vie il y avait un groupe de trois qui se baladait détaché du reste, donc ça signifiait également que deux autres évoluaient seuls ou en couple quelque part ailleurs.

”Qu’est-ce qu’on cherche Mon Sénéchal?”

”-Des dos vierges Barbu.”

Tandis que le Mestre allait mettre en place une vérification des identités de ses hommes, Varsaw était maintenant pensif, assis sur la selle de son cheval il se pencha pour s’accouder sur la croupe de la bête. Réfléchis, qu’est-ce que mes petits rats pouvaient bien être entrain de faire? Et pourquoi donc est-ce qu’ils se seraient séparés? Hypothèse: l’un d’entre eux était réellement blessé et les deux autres sont parti en avance quelque part, donc le troisième les aurait éventuellement rejoins plus tard. Question: si ça avait été le cas, pourquoi ne pas attendre que leur camarade soit de nouveau remit sur pieds? Réponse: il ne savait pas.
Il y avait plusieurs possibilités, il devait d’abord les passer au crible avant de pousser plus loin et de deviner les pourquois et les comments. Deux estiens avaient quitté Krùse ce matin, puis un troisième quelques heures après. Les premiers avaient pu réellement se rendre au camp de Slawomir ou alors ils étaient parti quelque part ailleurs, ensuite le troisième avait pu les rejoindre, ou aller à un endroit différent… Il y avait beaucoup de possibilités. Il y en avait même trop. Quelle était la priorité? Réfléchis Varsaw, réfléchis nom du Père, quel est le plus important?

Capturer ses cibles.
Non, non non non ça c’était depuis sa propre perspective, il devait réfléchir plus ouvertement à ce que ses adversaires pourraient bien décider de faire.
La mine.
Non plus, les estiens n’étaient probablement même pas au courant que la concession était d’un quelconque intérêt et l’endroit n’était pas sensi… et tu sais ça de qui au juste?
”-Oswald.” Le Sénéchal grinça des dents tandis qu’il laissa s’échapper le nom du chien de traître. L’absence de renseignements vis-à-vis de l’activité minière était de son ressort, si ça se trouvait il y avait eu des travaux d’aménagement pour créer un tunnel jusqu’au Mur ou pour empoisonner le Lac Kolkaliev… ou pire… la ligne de ravitaillement. Que faire? Il ne possédait absolument pas les troupes nécessaires pour aller en toute sécurité lancer une recherche dans une putain de mine, entre les éboulements, les glissements de terrains, les poches de gaz… Sa tête commençait à le faire souffrir devant les barrières stupides auxquelles il faisait face…
Le prisonnier.
Le putain de prisonnier.
Il avait oublié de réfléchir comme les petits rats, s’il y avait bien quelque chose d’intérêt pour ces merdes d’Eïlynster c’était ça, ils seraient à la recherche des leurs, Varsaw pouvait visuellement se les représenter rentrer dans le camp, usurper l’identité d’unités de gardes, exfiltrer le Sergent Hadran… Merde.

”Chop chop!” Il tira sur les rennes de sa monture et retourna le canasson en une ruade, faisant signe à son escorte de partir. ”Sergent, prends cinq hommes et va retrouver Slawomir, informe le que deux agents de liaisons ce matin et un troisième un peu plus tard ont dit avoir quitté Krùsevàtz ce matin, c’étaient des usurpateurs, des Eïlynsteriens cachés. Demande lui de m’informer sur la situation par message magique et de procéder à un contrôle d’identité sur les troupes stationnées dans son camp.” Tandis que son Sergent d’Arme se détachait du reste de son escouade et que le reste galopaient tous vers le QG, il eut une idée pour surveiller d’une pierre deux coups le Sergent prisonnier et la concession minière de Krùse. Il était temps pour Valérian de faire une petite promenade.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyMar 24 Jan - 21:55
La monture d'Artane galopait à vive allure. De l'écume moussait sur les parties extérieurs de son mors et ses naseaux frémissaient intensément à chaque respiration rapide. Son cavalier la poussait à ne pas réduire l'allure. Maintenant, c'était une course contre le sablier. L'étau Teïderien se resserrait un peu plus autour d'eux et bientôt... Artane avait en même temps le cerveau en ébullition. Hestel et Sorio avaient-il déjà rejoint la mine ? Quelle entrée avaient-il choisi et quand décideraient-il d'y entrer... et d'y faire quoi. Il cessa de penser à tout cela quand il aperçut le changement de direction de la route. Elle tournait vers l'Est, vers l'avant-poste. Bien ! Il obligea sa monture à ralentir pour prendre à travers la pleine, vrs l'Ouest. Il la laissa ralentir un peu pour qu'elle reprenne son souffle. S'il la crevait avant d'arriver, il aurait l'air fin. Et si ces fils de chiens avaient lancé des cavaliers à sa poursuite.  D'ailleurs, il regardait régulièrement derrière lui, en pivotant du bassin pour évite de trop sollicité son épaule encore blessée.

Rapidement, il reconnut au loin, sur sa gauche, des cultures : les champs de Krùsevàtz. Donc sur sa droite, il aurait les marais. Bien, il était sur le bon chemin. Après s'être assuré une énième fois qu'aucun ennemi ne le poursuivait, il talonna les flancs de sa monture. L'animal broncha un instant, avant d'être rappelé à l'ordre par son cavalier. Il partit au galop, allongeant sa foulée comme il put. Bien vite, des falaises furent en vue.

Gardant les terrains agricoles à main gauche, Artane savait qu'il obliquait doucement vers le Sud. Maintenant, il devait garder les falaises à son côté droit. Et il n'avait toujours pas aperçu le moindre signe de ses subalternes. L'angoisse lui enserrait un peu plus les tripes. Bon sang ! Et son cheval commença à souffler de plus plus bruyamment. Il la laissa ralentir à son rythme, prenant le temps aussi de reprendre son souffle. Durant la cavalcade, tenaillé par la pression de la situation, il avait manqué par moment de respirer. Imbécile, maugréa-t-il contre lui même. Il apposa une main sur sa poitrine pour user d'un de ses sorts. Sa respiration se fit plus riche, et sentit quelques forces lui revenir.

Le canasson avait réduit son allure, passant d'un trop laborieux à un pas un peu chaotique. Se laissant mollir pour que l'animal comprenne qu'il pouvait lui aussi se détendre, une crampe douloureuse saisit l'organe blessé de l'Estien. Artane se crispa quelques secondes, avant de ravaler un gémissent. Le fil qui suturait l'entaille devait avoir sauté. Il porta sa main droite sous l'épaulière. Pas de sang. C'était déjà une bonne nouvelle. Les sutures avaient sauté, mais la plaie ne s'était pas réouverte. S'il s'était trouvé dans de meilleures conditions, elle n'aurait été qu'un souvenir, une cicatrice de plus sur sa peau.

Une fois la souffrance passé, il inspira un bon coup et regarda les environs, pendant que son cheval marchait, la tête basse de fatigue. La forêt apparaissait là-bas. Un élan d'espoir le motiva à s'y rendre au plus vite, pour s'assurer d'y retrouver Hestel et Sorio. Sa prudence repoussa cette motivation soudaine. Sa monture... il devait la préserver. Son estomac vrilla de faim. Il grimaça. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé quelque chose de solide ? Il avait l'impression que cela faisait des jours. Le sac de selle se rappela à lui. Oswald avait parlé de message. Par curiosité, il l'ouvrit et trouva en plus d'une bête enveloppe scellée, un torchon propre, qu'il déplia. Dans l'intérieur de celui-ci, il y avait quelques tranches de pain frais et un peu de fromage. L'odeur était trop alléchante pour qu'il attende plus que de raison. Avec une bouffée de gratitude envers Oswald, il mangea une tranche de pain ; le seul repas... le dernier. Amèrement, à cette dernière pensée, il replia soigneusement le tissu et le remit en place. Hestel et Sorio auront sans doute faim eux aussi. Il regarda l'enveloppe. Il fit sauter le scellé et trouva un message pour l'avant poste.... un bête rapport sur l'état des réserves de grain au moulin... Oswald. Après avoir remis la lettre dans la sacoche, sans la refermer, il ferma les yeux et remercia mentalement son courage. Une fois revenu au mur, son nom ne devra pas être oublié... Comme le reste de la patrouille. S'ils rentraient.... Si Hestel et Sorio rentraientt.

Il sentit comme des larmes de désespoir monter à ses yeux. Ce n'était pas le moment, vraiment ! Il se mordit les lèvres et se secoua mentalement. Tout n'était pas terminé !

Il se figea soudaiement quand une voix cracha en teïderien :

''Sale bâtard ! T'es qui, tu viens d'où ? Parle avant que je te bute !

Sorio ? Oui, il reconnut la voix de Sorio. Il les avait retrouvé. Mais avant même d'ouvrir la bouche, une boule de feu explosa au pied de son cheval épuisé. L'animal se cabra, paniqué par cette attaque. Cela désarçonna Artane, qui tomba à terre, à plat dos. Et forcément, la chute fut lourde et brutale, ravivant la douleur de sa blessure. Le souffle coupé, autant par sa tombée à terre que par la souffrance de sa blessure, il voyait flou. les vibrations du cheval en panique résonnait dans le sol, et s'éloignait.

''Hestel ! Qu'est ce que tu fous !
''On ne discute plus, on tue ces chiens !''

Artane réussit à retrouver un semblant de souffle, restant allongé pour ne pas se faire crâmer la tronche ou de se prendre un carreau en pleine poitrine.

''Quand vous aurez fini vous deux... aidez moi à me relever....''réussit-il à balancer en estien.

Puis le silence... Diantre. Il hallucinait maintenant.

''Bordel... ''
''Lieutenant ?
''Non, le dragon d'Akkaton...''

Ses deux compagnons n'en revenaient pas. Ils s'étaient préparés à tout, mais pas à revoir leur officier. Après l'avoir aidé à se relever  et de s'être mis à couvert dans la forêt toute proche, ils acceptèrent en silence de prendre la maigre ration qu'Oswald avait offert à Artane et qui était tombée hors de la sacoche de selle. Heureusement qu'il ne l'avait pas fermé. Même si le repas sera maigre, les deux là reprendront un peu de forces....

Assis sur un rocher moussu, Artane attendait qu'ils eurent fini de se restaurer. après quoi....

''Qu'est ce qui vous est passé par la tête bon sang ! ''
''C'est que...'' commença avec hésitation l'arbalétrier''vous aviez été blessé et.... avec la Sergente, on a pris la décision de terminer la mission...''
''Votre mission, c'était d'obéir à mes ordres. Mes ordres, c'était que vous sortiez de ce recoin puant, que vous retournez au Mur ! Vous n'avez pas à décider de vous sacrifier pour moi. Même si c'est pour Eïlynster. L'information de cette mine prime avant tout et...''
''ASSEZ ! ''

Hestel regardait le sol, pour cacher les larmes, qui elles étaient visibles quand elles perlèrent vers le sol.

''Assez... vous entendez ?  ''Sanglota-t-elle de plus en plus. Puis, elle releva la tête. Jamais encore Artane ne l'avait vu ainsi. Jamais. La fatigue, la peine, le désespoir... tout cela marquait son regard.
''J'ai pris cette décision, Lieutenant. J'ai pris la décision d'accomplir ce que vous aviez en tête. Oh ne faites pas cette tête là. Nous avions deviné où vous vouliez pousser la mission, maintenant que nous sommes coincés ici !  A quoi pensiez vous en tentant une mission suicide, pendant que nous, Sorio et moi, aurions été en train de fuir vers le Mur ? Il était hors de question de vous laisser derrière nous. Et si nous étions rentré, quelle certitude aurions nous de la réussite de votre entreprise ? Comment être certain que tous nos camarades n'auraient pas sacrifié leur vie pour un échec ? Que Valerian ne se soit pas sacrifié pour rien pour nous sauver ? ''

Artane la regarda un instant, avant d'avoir des crispations à la mâchoire.

''Au lieu de fuir, je veux encore me battre. Pour la patrouille, pour nos frères d'armes. Pour Valerian... Pour Eïlynster  ''poursuivit-elle en ne retenant plus ses larmes. ''Et non pour rentrer en lâche. Si Teïder se met en travers de notre objectif, on les pourfendra. Se ces fils de pute tentent de nos capturer, on les tuera jusqu'à notre dernier souffle  ''

Le Lieutenant avait fermé les yeux et baissé la tête. Il porta une main sur son visage, comme pour empêcher des larmes d'envahir ses yeux. Il la retira, ne cachant pas la brillance mélancolique visible dans son regard. Il ouvrit la bouche pour inspirer un bon coup. Il regarda Sorio. Lui aussi avait les yeux brillants... Artane déglutit. Bordel ! quelle bande de têtus ! Ils avaient pris leur décision.

''Très bien...Allons terminer cette mission tous les trois... Faisons le tout pour le tout pour anéantir cette mine. ''

Plus tard, les chevaux d'Hestel et de Sorio planqués à des centaines de mètres de leur position, ils progressèrent en silence sous le couvert des bois, en direction de la mine. Si les informations d'Oswald étaient exactes, un petit sentier grimpant vers le sommet de la falaise ne devrait pas tarder à être visible. Ce sentier les mènera à l'entrée du tunnel de délestage. Artane avait opté pour cette entrée. Si la chance demeurait de leurs côtés, ils arriveront à pénétrer dans la mine par là... arrivant directement au barrage. Là, ils aviseront sur comment libérer des tonnes et des tonnes d'eau dans l'intérieur des boyaux souterrains...[/b]
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyMer 25 Jan - 18:02
12:26 - 27 Maïa de l'An 1999

De l’autre côté de la région, Varsaw et ses hommes galopaient eux aussi à vive allure sans ménager leurs montures mais ils le faisaient dans la direction opposée. Ils changeraient de chevaux une fois au QG donc ils pouvaient bien se permettre de presser les bêtes. Tandis qu’ils filaient ainsi au vent le plus vite possible pour rejoindre le camp principal, une voix se mit à résonner dans la tête de Varsaw, forcément le messager qu’il avait envoyé à Slawomir serait arrivé plus vite à l’avant-poste en partant de Krùsevàtz qu’eux au Quartier Général.

”Ici Slawomir. Je ne sais pas exactement ce qu’il se passe mais je t’assures que je n’ai pas reçu le moindre agent de liaison depuis Krùsevàtz ce matin. Le dernier qui est arrivé à mon avant-poste est le tien hier soir pour m’informer du cafouillage de Zoj et c’est tout. Je reste sur mes gardes et je campe mes positions en attente d’ordre.”

Parfait.
Il voyait le camp qui apparaissait dans leur champ de vision au loin à la montée d’une colline. Une certaine angoisse saisissait le Sénéchal à la poitrine tandis qu’ils pénétrèrent dans le camp, descendirent de leur chevaux et que l’officier supérieur couru en ligne droite vers la tente au fin fond du campement. Écartant la toile de l’ouverture, Varsaw poussa un soupir de soulagement à la vue des deux gardes qui jouaient tranquillement aux dés tandis qu’à gauche le prisonnier était toujours là, assis par terre face contre le sol.

”Allez prendre l’air.” fit l’officier dans leur direction.

Les deux soldats se levèrent et sortirent, laissant le Sénéchal seul avec sa prise. Le Sergent Hadran leva alors la tête, comprenant qu’il allait à nouveau passer un sale quart-d’heure il déglutit ostensiblement. Varsaw s’approcha de lui, il était déjà agacé par tout les contre-temps qui jouaient en sa défaveur depuis quelques jours et il aurait volontier fracassé le faciès de la merde en face de lui, mais aussi remonté soit-il il devait admettre qu’il avait encore besoin de lui vivant. Il souhaitait non seulement lui soutirer un maximum d’information à propos de son groupe mais il voulait également savoir la raison pour laquelle leur petite escouade avait mit les pieds à Teïder initialement.

”Alors quoi Sénéchal? Vous êtes prit d’états d’âme soudainement? Ça doit être une première pour vous!”

D’un coup toute la colère dont Varsaw faisait l’effort de ne rien montrer lui monta à la tête, il attrapa l’estien par les cheveux et l’aisselle et le releva de force. Quand il le souleva jusqu’à hauteur du regard il le jeta violemment vers l’arrière pour l’écraser contre le poteau auquel il était attaché, chassant l’air des poumons de Valérian. Il le plaqua ensuite en appuyant d’une main contre sa gorge:

”-C’est pas ta journée mon garçon.” Il dégaina son couteau et apposa la pointe de la lame contre la paupière du Sergent. ”Je t’ai déjà raconté comment j’ai perdu un oeil dans une bataille une fois? C’est une histoire vraiment sympathique, mais elle est longue à raconter.”

”-Crève moi les yeux vas-y, j’aurai plus à voir vos sale gueules.”

”-Ça c’est là où tu te trompes.” Sèchement, il enfonça le couteau dans le bois du poteau en transperçant l’oreille du soldat au passage, le clouant contre le pilori.

”-AAH! AAahhh.”

”-D’abord je t’arrache les yeux, je jouerai peut-être un peu aux billes avec c’est toujours très rigolo, ensuite on boira une tisane ensemble mais la tienne je l’ai dans ma poche.” Varsaw sorti une fiole de Don de la Souffrance et en fit sauter le bouchon de liège d’un geste du pouce. À la vue du breuvage médicinal dont il avait déjà goûté le contrecoup la veille, la volonté du soldat flancha sévèrement, ses yeux s’écarquillèrent et il déglutit péniblement sous la pression. ”Ou alors, ou alors tu m’explique ce que ta petite équipe venait fabriquer ici à la base. Qu’est-ce que tu en dis mmh?” Le Sénéchal détacha le couteau, récupérant un nouveau cri de souffrance puis il l’enfonça légèrement dans le visage du Sergent pour dessiner une fine entaille à la base de la paupière inférieure, juste au dessus de la joue. L’enchantement de douleur sur le couteau faisait son effet et l’estien se tortillait plus que ce que l’éraflure et la terreur que lui inspirait le Teïderien ne pouvait le suggérer.

”D’ACCORD! D’accord…” Il haleta brièvement tandis que l’arme du Sénéchal repartait dans son étui, il semblait réfléchir hâtivement du mieux qu’il le pouvait malgré la panique qui le saisissait soudainement.

”-Raisonnable. Met toi à table.”

”-Nous… nous devions venir chercher un rebelle pour l’exfiltrer jusqu’au Mur et lui accorder une protection diplomatique.”

”-En échange de quoi?” Varsaw savourait enfin la première bonne nouvelle de la journée, son captif était plus loquace que la veille, comme quoi un petit coup de bistouri faisait toujours des merveilles.

Valérian Hadran se dégoûtait lui même de céder, mais il préférait tenter d’acheter du temps pour lui même et ainsi de gaspiller aussi celui de l’officier plutôt que de

”-Des informations sur la ville, des détails sur l’administration, la production de la régi-”

BLAM

Le coup de poing avec la garde du couteau de combat fractura une dent à l’intérieur de sa bouche, Varsaw n’avait pas retenu son coup et il souleva à nouveau la tête de l’homme interrogé en le tirant par les cheveux pour le corriger, le Sénéchal lui vociférait dessus tellement fort qu’il postillonnait à l’intérieur de son masque.

”-TE FOUS PAS DE MOI, ON A TROUVÉ VOTRE POTE LE BOURGMESTRE, SI VOUS AVIEZ BESOIN D’INFOS SUR KRUSE VOUS AURIEZ PAS PRIT AUTANT DE RISQUES. POURQUOI?”

”-VA TE FAIRE FOUTRE!”

Un uppercut vint s’enfoncer dans son diaphragme et lui couper le souffle, Valérian tomba à terre mais malheureusement pour lui il senti dans sa chute deux mains lui agripper l’arrière de la tête et son visage rencontra le genou de Varsaw qui lui écrasa le nez, lui fracassant un bout de cartilage dans un craquement étouffé répugnant.

”Geuhrgl daahh” Sa bave se mêlait à son sang.

”Lève toi chien, on va aller se promener.”

Si les rebelles avaient eu suffisamment de levier pour exiger une extraction et une protection de la part d’Eïlynster, ça signifiait que l’information en question en valait le coup, donc inévitablement ce n’était pas les simples petits rapports de production agricoles ou minières qui les avaient autant intéressés. Il redoutait maintenant un peu plus que ses petits rats aient aujourd’hui décidé de faire de la spéléologie.

***

13:24 - 27 Maïa de l'An 1999

L’avantage d’emporter avec lui le prisonnier et toutes les montures disponibles hors du camp, c’était qu’il n’y avait plus besoin de surveiller le QG puisque mis à part les documents classifiés il n’y avait donc rien de suffisamment sensible qui mérite d’être soigneusement gardé. Laissant sur place les unités de réserves pour tout même s’assurer que le camp ne soit pas vide, Varsaw avait levé la centaine d’hommes de la compagnie de garde et ils avaient tous déguerpi en direction de la concession minière le plus vite possible. Pour ne pas s’embêter plus que nécessaire avec le prisonnier il avait demandé à des hommes de l’attacher fermement à l’aide de cordes à la barde et à la selle d’une monture, réduisant fermement son amplitude de mouvement. En plus comme le Sénéchal ne l’avait pas soigné après leur petite discussion conviviale le Sergent Hadran devait certainement être encore sonné et dans les vapes, donc pas en état de chevaucher proprement un destrier quand bien même il parviendrai à en prendre possession. Quant à l’autre estien qu’ils avaient capturé et qui lui n’était que simple soldat, Varsaw ne s’était pas encombré de surplus, il l’avait simplement liquidé avant de partir. Ils arrivèrent bientôt en vue de l’entrée de la concession minière. Un petit point de passage avait été établi à l’aide de petites tranchées, de barricades en bois sommaires et une paire de grandes tentes communes marquaient l’installation militaire qui contrôlait toutes les entrées dans le réseau souterrain. Originairement Varsaw aurait préféré faire une économie d’hommes en limitant uniquement les contrôles à Meokrad et Krùsevàtz mais la présence d’estiens en liberté changeait entièrement la donne, donc ils avaient également posté un contrôle ici. Il mit pieds à terre devant les soldats qui les accueillaient en petit nombre, ceux ci étaient visiblement content de voir autre chose que des animaux des bois ou des mineurs noirs de charbon. Après que certains eurent aperçu le masque d’acier, les visages changèrent du soulagement à la surprise.

”Mon Sénéchal, nous ne nous attendions pas à vous voir ici, que pouvons nous faire pour vous?”

”-Un groupe de trois soldats possiblement séparés sont-ils venu ici se présenter dans la matinée?” Varsaw ne regardait pas son interlocuteur, il descendit de son cheval et fit une ligne droite jusqu’à l’entrée du dédale tandis que le reste de sa petite troupe s’installait.

”-Non Mon Sénéchal, vous êtes la première personne que nous voyons aujourd’hui qui ne soit pas un villageois.” fit le Sergent d’Arme en charge du lieu.

”-Combien sont actuellement présents dans la mine?”

”-Tout juste trente deux Mon Sénéchal.”

Merde, c’était beaucoup trop. Il ne pourrait pas s’en tirer en effondrant l’entrée comme il l’avait initialement prévu. Il aurait aimé pouvoir condamner définitivement l’accès pour éviter que les petits rats puissent s’infiltrer dans les galleries mais visiblement ça n’allait pas pouvoir être possible tout de suite. Il posa une main sur la roche tiède qui constituait le mur sombre descendant en pente raide, comment allait-il s’y prendre? Au moins il était soulagé que… que les rats… n’y étaient pas dé…jà? Lentement le souffle de Varsaw s’arrêta, il pouvait sentir ses pensées se recouper et s’agencer pour se rendre compte d’une possibilité qui se dressait de plus en plus devant lui comme un obstacle titanesque infranchissable. Le Bourgmestre avait brûlé tout les documents administratifs de Krùsevàtz, pourquoi? Dans le fond ça emmerderait plus ses propres paysans qu’il semblait pourtant aimer que l’Armée, alors pourquoi avait-il tout détruit? Il y avait une raison simple, quelque chose se trouvait dans ces documents qu’il ne voulait pas qu’on trouve. Quelques chose mais quoi? Ça devait concerner la mine qui devait être réaménagée en forteresse. Qu’est-ce qu’il ne pouvait pas déjà savoir sur cette putain de mine qui valait le coup d’être caché? Quelle information vallait une immunité diplomatique d’Eïlynster? Une fine brise d’air froid sorti de la mine pour lui caresser le cou et les poignets, là où son uniforme s’arrêtait et laissait place à son masque et ses gants. Mihkaï inspira cet air avec effroi devant la réalisation qu’il était entrain de faire.

Une autre entrée.

Ses petits rats étaient devenus des petites taupes.

Il posa sa bague sur sa gorge, et cria à s’en abîmer la voix:

”ICI LE SÉNÉCHAL VARSAW, J’ORDONNE L'ÉVACUATION IMMÉDIATE DES GALLERIES DE MINAGE. TOUT CIVIL QUI N’OBTEMPÈRERA PAS SERA TUÉ À VUE.”

Il se retourna pour ordonner à une vingtaine d’hommes de l’accompagner, et il s’engouffra dans le néant de l’obscurité. Il n’y avait pas de temps à perdre.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyMer 25 Jan - 21:04
Ils avançaient en colonne. Sorio en tête, arbalète en main. Artane était derrière, à quelques mètres, et Hestel ferma la marche. Chacun avait les sens aux aguets, progressant comme il y avait quelques jours encore, avec prudence et avec le maximum de silence. Il se rapprochaient de leur objectif... Comme lors de leur parcours dans les marécages. Quand ils étaient encore dix...Artane chassa l'abattement qui lui prit le coeur. La suite de leurs devoirs n'était pas terminée. Il tourna un peu la tête pour observer quelques secondes Hestel. Ses yeux scrutaient régulièrement les environs. ils étaient rougies par les larmes qu'elle espérait contrôler. Quelques sillons marquaient ses joues poussières, là où quelques pleurs avaient perlé. Artane baissa la tête, serra les dents et reprit vite sa propre observation, gardant à l'esprit ses sorts les plus offensifs. La moindre erreur de de commandement... la moindre maladresse et la mission échouera. Ses deux subalternes mourraient pour rien... ou pire, seraient capturés. Cela ne devra jamais arrivé ! Tous les Eilysnteriens connaissaient la sauvageries de ces consanguins, de ce qu'ils commentaient pour se vouer à leur sale culte.... Se faire prendre ? Jamais ! Chacun se battra jusqu'au bout, pour mourir dignement, avec fracas ! Même si le Mur n'apprendra jamais leur ultime combat.

Sorio sit un signe. Tous stoppèrent. Puis l'arbalétrier pointa de l'index le pan de la falaise, qu'ils longeaient depuis tantôt sous le couvert des bois. Quelque chose montait vers le sommet de la falaise, creusée à même la paroi. Le sentier ! Ils approchaient. Artane ordonna gestuellement de se rapprocher de l'orée de la forêt. Oui, c'était bien l'accès pour le tunnel de délestage. Des traces d'écoulement luisaient à une dizaine de mètres du parcours taillé. De long filaments verdâtres descendait en cascade depuis le haut de la falaise jusqu'au sol. En regardant avec plus d'attention, de l'eau ruisselait par moment le long de ces brins gluants. Le Lieutenant fut songeur. Le tunnel allait être glissant, rien qu'en voyant cette cascade aqueuse et emplie d'algues vertes. Et cela devait s'écouler comme cela depuis au moins le printemps, quand l'hiver avait cessé d'apporter des températures négatives.

Bien, il était temps de monter là haut.

Artane fit quelques gestes. Sorio partit en premier, scruta les environs à découvert, se mit à courir, à moitié penché en avant, atteignit l'accès. Genoux à terre, il écouta, regarda, leva une main ouverte. Artane sortit un peu du découvert, regarda aussi les parages, rejoignit Sorio, se mettant à deux mètres de lui. Il leva sa main ouverte. Hestel sortit à son tour de la cache forestière. Cela fait, Artane pointa le sentier. Sorio n'eut pas besoin de plus pour prendre le chemin creusé dans le roc et de monter. Artane le regarda escalader. La Sergente surveillait autour deux.

L'arbalétrier disparut une fois arrivé en haut. Plusieurs dizaines de secondes s'écoulèrent. Puis une main se fit voir, gesticulant que tout était bon. Artane tapota sur l'épaule de la jeune femme. Sans mot dire, ils rejoignirent Sorio par l'unique accès. Une fois en haut, creusé dans la falaise même, La bouche béante d'une galerie souterrain se présentait à eux. La lumière s'étiolait vite quand on cherchait à voir les profondeurs du boyau. L'odeur d'eau stagnante, d'algues en train de sécher au soleil ou encore de la lourde humidité cavernicole confirma qu'ils étaient devant le tunnel de délestage.

''Enfin...''murmura à peine Artane.

Il s'approcha de l'entrée, fronçant quelque peu le nez à l'odeur. Puis il écouta... Rien, hormis l'écoulement paisible d'un léger filet d'eau.

Sorioa arriva avec trois lanternes qu'il avait repéré non loin, protégé dans une solide caisse. Un peu de poussière trainait dessus, preuve qu'on n'était pas entrer dans la cavité creusée depuis un petit moment. Artane recommanda gestuellement la prudence. Puis, après s'être assuré que la mèche était prête à enflammer, que le réservoir avait du combustible,  chacun prit une lanterne, allumée avec soin par Hestel. Puis, tour à tour, ils pénètrèrent dans le tunnel, délaissant la lumière du jour pour les ténèbres de la mine. Bientôt, ce ne furent plus que trois points lumineux qui bravaient les profondeurs teïderiennes, où un ennemi pouvait toujours se pointer, et donner l'alerte. Hormis le bruit de leurs bottes dans le filet d'eau et le sol spongieux et glissants à cause des algues vertes... on entendait rien d'autres.

Durant leur cheminement, Artane grinça des dents. Il lui manquait quelques détails importants. Il avait oublié de demander à Oswald la longueur du boyau de délestage jusqu'au barrage, et les tournées d contrôle ou d'entretien.... et comment était construit le barrage. A défaut de ce manque d'information, il ne pourra voir qu'une fois sur place ce qui adviendra.

Seconde après seconde, minute après minutes, ils progressaient toujours, des ombres silencieuses déterminées à atteindre leur objectif, le détruire pour anéantir la mine...Ou du moins l'endommager suffisamment pour qu'elle demande trop de ressources matérielles et humaines pour ce qui était prévu d'en faire dans les mois à venir. Et quand cela sera fait... Le trio verra la suite. Car par une seule fois, les deux hommes d'Artane n'avait demandé où se replier. Les trois Estiens s'étaient fixés sur leur mission et rien d'autres.

Un léger courant d'air fit frissonner la peau d'Artane. Sorio aussi l'avait senti. Hestel s'était redressé, cherchant à voir devant ses deux compagnons. Artane donna l'ordre d'accélérer le mouvement. Une dizaine de mètres furent rapidement parcourus. Les prémices du barrage sortirent du néant obscur.

Les trois soldats avancèrent un peu, débouchant dans une salle immense. C'était à peine si la lumière de leurs lanternes arrivaient à atteindre le plafond et les murs. Ils firent rapidement le tour, repérant un tunnel qui devait rejoindre le reste de la mine. Pas de bruit. Les mineurs devaient être bien plus bas, si loin qu'on ne les entendait guère... Ah si, des coups de pioches... C'était diffus. Le trio était à l'abri. Et si personne ne devait passé pour inspecter le barrage, ils pourront agir

Hestel désigna des lanternes éteintes. Artane lui autorisa de les allumer. Une à une, les ténèbres souterraines reculèrent devant les petites flammes chaleureuses de chaque point allumé par la Sergente. Là, Artane ne manqua pas d'écarquiller les yeux devant l'ouvrage. Bien que fait en bois massif, avec d'ingénieux rivets en bois, le barrage était comme un immense mur de forteresse, faites de planches épaisses. Il vient porter sa main dessus, frotta un peu et sentit... Un genre de bitume ? non, à l'odeur, c'était autre chose, cela ne risquera pas de prendre feu comme du bois sec. Il tapota le bois... Cette matière huileuse avait pénétré l'intérieur du bois, pour l'étanchéifier jusque dans les plus profonde fibre.

De part et d'autres, non loin des parois rocheuses, se trouvaient des systèmes d'ouvertures pour ouvrir une large porte centrale, sans doute le dispositif de délestage...Comment ces dégénérés pouvaient savoir que la pression venait à être soulagée ? Il était vrai qu'il n'avait pas plu ces derniers jours... voir plus. Mais comment pouvaient-ils déterminer que le poids de l'eau du barrage devenait critique ? Il couvrait tout du sol au plafond... Plafond... son regard s'attarda sur un seau au bout d'une corde qui passait par une poulie... et un système de contrepoids.... Comme pour mesurer l'écoulement de l'eau... Là l'écoulement était à pleine lisible. Ingénieux.... dangereusement ingénieux. Avec un tel procédé d'apparence archaïque, ces enfoirés maîtrisaient un des dangers de la mine et....

Tous se figèrent en entendant l'écho d'une puissante voix, qui résonnait tellement dans la mine qu'on aurait cru un début d'éboulement.

''”ICI LE SÉNÉCHAL VARSAW, J’ORDONNE L'ÉVACUATION IMMÉDIATE DES GALLERIES DE MINAGE. TOUT CIVIL QUI N’OBTEMPÈRERA PAS SERA TUÉ À VUE.”''

Bordel ! Varsaw ! Les dernières paroles d'Oswald sonnaient désormais une néfaste prophétie.

Il n'y avait pas de temps à perdre.

''Hestel, Sorio...Vous avez encore la possibilité de sortir d'ici. Si le barrage est détruit, nous n'aurons aucune chance d'en réchapper vivant...''

Ses deux hommes le fixaient silencieusement. Sans mot dire, en parfaite synchronisation, ils se mirent au garde à vue, main fermé posé sur le coeur. Artane ne dit rien, sauf de les imiter.

''Pour Eïlynster.''murmura solennellement. Puis le ton changea. Il était temps de donner à l'opération

''Bien. Hestel. C'est là et maintenant que je vais avoir besoin de toutes tes ressources magiques. Ton feu ne pourra pas entamer le bois comme ça. On manquera de temps pour vaporiser cette huile... Tu vas te rendre sur le bord proche du tunnel de délestage. De ce que j'ai pu voir, les planches de bois ont été soigneusement découpés pour épouser la forme de la pierre taillée, histoire de jointer au mieux entre le roc et le bois. Tu vas employer ta magie du feu pour chauffer la pierre. Il faut qu'elle chauffe pour se dilater, se fissurer, pour qu'elle craque. Moi, je vais me rendre à l'opposé, et exercer de la pression avec le peu d'air qui peut se trouver dans les infructuosités du bois et du roc.''

Ce sera la première fois qu'il tenterait cela. Bien qu'il employait ce sort pour une grande zone, là, il fallait que cela marche sur de plus petits volumes. Si lui ou Hestel arrivaient à endommager ne serait-ce qu'un seul bord latéral du barrage... la nature fera le reste.

''Sorio. Je sais que tu es seul, mais monte la garde à l'entrée du tunnel qui mène à la mine. Si tu entends quoi que ce soit, préviens nous. ''Sorio hocha vigoureusement de la tête et se dirigea pour se mettre en poste

Puis, les deux mages, le Lieutenant et la Sergente, se mirent aussi en place, commençant à user de leur magie élémentaire pour essayer de faire céder au moins des bords du barrage....Artane pria de tout son for intérieur, que cela fonctionne.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 26 Jan - 2:37
13:26 - 27 Maïa de l'An 1999

Il faisait froid, humide, sombre. Ses hommes n’avaient pas l’équipement spécialisé qu’il avait demandé auprès de son Connétable et qui devait arriver avec les renforts dans les prochains jours. Ils progressaient sans connaître les plans de la mine, les points d’accès supplémentaires dont il soupçonnait désormais l’existence et les endroits sensibles des galleries. Ils étaient en asymétrie d’information par rapport à leur adversaires qui pour une fois en savaient plus qu’eux. Il n’était donc pas surprenant que le Sénéchal Varsaw d’ordinaire confiant sur les chances de succès de ses opérations, était actuellement inconfortable, pour ne pas dire nerveux. Lui était nerveux, ses hommes le lisaient dans sa façon de marcher et cela les rendaient également nerveux, c’était un désavantage de plus qui faisait donc un cercle vicieux contribuant à renforcer l’anxiété de leur leader. Pourtant Varsaw ne se sentait pas trembler, il était au contraire comme un lapin dans un terrier, prêt à démarrer au quart de tour au moindre signal d’alarme, le son d’une flèche, un geste brusque sortant d’un recoin, n’importe quoi aurait pu le faire sursauter. En dépit de tout cela il continuait à avancer, il avait des hommes dont il était responsable, une mission dont il était l’instigateur, des petits rats à prendre au piège. Cette détermination à remplir son objectif n’empêchait pas son coeur de battre à vive allure dans sa poitrine à tel point qu’il aurait pu en mesurer le poul au bruit des battements dans ses tympans, mais il tenait bon et avançait pas à pas. Un pieds après l’autre.

Ses troupes avaient eu recours au système D comme ‘Débrouille’ afin de s’équiper du mieux qu’ils le pouvaient pour leur petite expédition. De ce qu’ils avaient pu charger sur les chevaux au QG sans trop se ralentir ils avaient emmené une trentaine de mètres de grosse corde, des piquets en fer initialement destinés à être planté dans la terre pour sécuriser les tentes mais ils feraient l’affaire pour placer des torches dans la mine par faute de mieux, des fusées de signalement nocturne et quelques outils comme des torches, des briquets à amadou, des pioches, des marteaux, un pieu et un pieds-de-biche. Sur la trentaine d’hommes avec laquelle il s’étaient engagé à l’intérieur, il ne comptait qu’une poignée de tireurs à arc courbes et quelques-uns portaient les outils à l’arrière.

Soudainement Varsaw leva le poing signalant à sa troupe de s’immobiliser, par réflexe il s’accroupit et tendit l’oreille en direction du bruit qui résonnait dans le tunnel devant eux. Il entendait des voix discuter, certaines semblaient un peu paniquées. Le Sénéchal tendit l’index et le majeur et fit un signe d’aller retour de la main, la chaîne de soldat se relaya l’indication d’avancer en silence, leur présence trahie uniquement par les bruits de cliquetis des armures et des cottes de maille. Les bruits de parlote se rapprochaient rapidement et visiblement ceux qui les émettaient ne prenaient pas la peine d’être discrets. Au loin Varsaw vit un pan de mur être d’un coup illuminé par une flamme, indiquant qu’une torche était apparue de l’autre côté du tournant. À l’arrière les tireurs brandissaient leurs armes tout en les bandants, prêts à décocher. Bientôt les voix se rapprochèrent suffisamment pour qu’on distingue leur conversation.

”-ême p'us le droit d'travailler tu verras! Moi j’te dis, c’est la faute aux rebelles, ces salauds y nous pourrissent la vie alors qu’o… OH PUNAISE!! Messieurs par pitié nous tuez pas, même qu'on évacue tout comme vous disez pitié!”

Varsaw se rendit compte qu’il avait coupé sa respiration, il expira à la fois l’air de ses poumons et la tension qui bloquait ses épaules en voyant le petit groupe de cinq mineurs qui venait tout juste d’apparaître devant eux. Le Sénéchal se releva et se dirigea vers les villageois plus détendu.

”-Vous êtes sauf ne vous inquiétez pas. Lequel d’entre vous connait le mieux ces galleries? C’est son jour de gloire car il va pouvoir aider sa patrie et la volonté de son Dieu.”

”-Ce serait moi monsieur Vars-”

”-C’est ‘Mon Sénéchal’.” dit-il fermement avec agacement.

Alors que l’officier et ses hommes rejoignirent les travailleurs ils découvrirent au tournant du couloir une grande salle creusée dans la pierre à partir d’une cavité naturelle. Mihkaï siffla, impressionné par la machinerie artisanale qui se trouvait là, il n’avait aucune connaissance en minage ni dans ce genre d’infrastructure et c’était bien la première fois qu’il mettait les pieds dans une galerie minière. Au centre, une énorme roue autour de laquelle plusieurs courroies s’enroulaient faisait tourner une chaine de métal un peu rouillée et affublée à intervalles réguliers de seau. La chaîne courrait à la verticale le long de poulies pour descendre dans le carré de minage qui s’enfonçait en chute libre si profondément qu’en se penchant Varsaw n’aurait pas pû en voir le fond si ça n’avait été pour les mineurs qui montaient l'échafaudage d’échelles et de plateformes et éclairaient l’endroit de leurs torches. La grande roue permettait donc d’écoper l’eau au fond du puit d’extraction minière et de remonter la flotte jusqu’ici, où des mineurs devaient certainement se relayer pour vider les baquets.

”Sacrée installation.” murmura sincèrement le supérieur. Il désigna le couloir qu’ils venaient d’emprunter. ”Mineur, sais-tu si cette mine possède une autre entrée que celle-ci?”

”-Mmh, pas à ma connaissance Mon Sénéchal, peut-être par là, mais je n’y suis jamais allé. Le villageois pointa à l’autre bout de la grande salle, vers un trou d’ombre que Varsaw avait prit pour un recoin sombre de la pièce mais dans laquelle il devinait maintenant un autre couloir.

”-Si la mine s’étends ici en profondeur, vers où mène ce tunnel-ci?”

”-Le barrage mons… Mon Sénéchal.”

Varsaw avait l’air tout bonnement interloqué, et pour le coup si cette expression n’était pas visible de ses hommes ce n’était pas dû à son casque qu’il n'avait pas fait apparaître avec le reste de son armure mais à son masque d'acier noir qu'il avait conservé. L’instant de silence qui suivit la phrase du péon par contre était tout à fait transparente. Lorsque le Teïderien reprit enfin la parole, le début de sa phrase s’étranglait dans sa voix:

”Un barrage? Quel barrage? Pourquoi y’a un barrage dans une mine? Tu te fous de moi mineur?”

”-Non mo-Mon Sénéchal, j’oserai pas Mon Sénéchal, j’vous jure qu’y a un barrage de par là bas. Y’a environ six ans qu’on avait trouvé des veines exploitables vers l’intérieur à l’ouest alors on a voulu percer ici pou’ creuser des puits de minage comme c’ui-ci mais p’us loin. Sauf que bah v’là qu’on a creusé mais qu’on a tapé une grosse poche d’eau par là.” Il montra la grande roue. ”C’est même à cause de ça qu’y-z-on installé le système de drainage à la base, pa’ce qu’on pouvait p’us descendre, là qu’où vous vous t’nez Mon Sénéchal on avait d’la flotte jusqu’la taille, même qu’elle était pas chaude chaude, mon copain y a perdu un orteil c’est vous dire monsieur… Enfin Mon Sénéchal, je suis désolé pardonnez moi.”

Un barrage. Un putain de ‘ba’ plus loin ‘rrage’. En deux syllabes qui s’entrechoquaient et raisonnaient dans la tête de l’homme comme pour le narguer. Un barrage qui depuis vingts secondes n’empêchait plus seulement la déferlante d’une avalanche de trombes d’eau mais aussi celle d’un déluge de problèmes. Pendant un très court instant Varsaw ressenti la colère qui l’avait traversé ce matin le reprendre, l’indignation d’avoir l’impression de se battre contre le complot orchestré de ses adversaires, des villageois sensés êtres de son côté et du monde de manière générale. Il ferma les yeux, il balaya mentalement tout ça derrière un mur d’acier, un mur de lauriers gris comme l'anthracite qui recouvraient les parois de la mine et le visage des mineurs, un mur solide… comme un barrage. Merde. Ça ne marchait pas, ce putain de mur, il fallait toujours que ce soit un mur avec les estiens y’avait pas à faire. Son poing se resserra de frustration autour du manche de son arme, toujours au chaud dans son étui en cuir. En même temps que le barrage lui riait au nez dans sa tête, il s’imaginait la silhouette sombre sans visage du Lieutenant des Rats qui était assis en haut et se moquait aussi de lui. Connard. Il pouvait attendre lui, il allait récolter ce qu’il semait, Varsaw avait beaucoup de patience et des obsessions qui le ne lâcheraient pas d’une semelle. Tandis que le reste des mineurs s’extirpaient de la gallerie verticale, le Sénéchal demanda brièvement à la volée:

”Est-ce que certains d’entre vous auraient vu un, deux ou trois soldats de Teïder se balader dans les galleries? Plus tôt ce matin ou en ce moment même?”

Devant les réponses négatives des civils qui évacuaient, Varsaw avait pouvait établir deux certitudes. Ou bien les Estiens n’étaient pas dans la mine et il s’était planté depuis le début, mais au moins ils seraient toujours quelque part dans le périmètre, ou bien il y avait bel et bien une autre entrée, et les petits rats étaient en avaient après ce putain de barrage de merde. Ou alors… ou alors le type en face de lui était lui aussi un rebelle.

”Montre nous ton dos, exécute toi, PLUS VITE!”

Le mineur confus se retourna et sans se faire prier une deuxième fois ôta son vêtement noir comme la suie, c’était difficile à distinguer en raison de la poussière sale qui lui recouvrait le derme à tel point qu’on aurait pu le croire noir de peau, mais lorsque Varsaw retira son gant et passa ses doigts il pouvait sentir les cicatrices bossues et longilignes de la flagellation. Leur texture encore tendre lui indiquait qu’elles étaient également récentes, datant sans doute du premier du mois comme le faisaient beaucoup de croyants. Bien.

Il poussa le péon sur le côté pour le faire évacuer par ses hommes et se retourna pour faire face à ses troupes.

”Adasièk, cinq hommes en bas, finit l’évac’ et surveille le puit de la gallerie. Le reste avec moi, préparez vous à un éventuel contact hostile.”

Il contournèrent le grand puit de minage et arrivé à l’autre bout de la salle c’est donc plus d’une vingtaine d’hommes qui s’engagèrent dans le couloir qui menait jusqu’au barrage. Le chemin n’était pas droit mais long et sinueux, au fur et à mesure qu’il progressait, il sentait l’anxiété se refermer un peu plus autour de sa poitrine à chaque virage, chaque tournant, chaque long couloir où leurs torches ne venaient pas éclairer le fond et où ils devaient donc avancer vers l’incertitude du néant des ombres.

Alors qu’ils avançaient précautionneusement, Varsaw arriva à un énième coude dans la gallerie, comme toutes les autres fois il s’arrêta juste au bord, comme toute les autres fois il dépassa juste sa tête pour jeter un petit coup d’oeil.

C’était cependant la première fois qu’il voyait de la lumière en face d’eux. Il y avait un dernier virage au fond, mais on voyait clairement qu’une ou plusieurs sources de lumière éclairaient la sortie du couloir. Un claquement sec mais puissant retentit également, raisonnant comme une sentence de mort dans toute la gallerie exigüe, il n’y avait pas que de la lumière, un arbalétrier se tenait également de l’autre côté du couloir. Par chance le carreau l’attrapa un peu trop au bord du masque, éventrant le flanc de l'ornement en ricochant à cause de l’angle d’impact et finit sa course dans le mur derrière lui. Il savait de Slawomir que parmi les fugitifs se cachaient également des mages donc il n’avait pas tant que ça envie de charger tête baissée dans un couloir même s’il c’était pour tirer partie du temps de rechargement de l’arbalétrier, mais là comme ça il ne voyait pas beaucoup d’autre choix. Il eut cependant une idée, mais il allait avoir besoin d’un peu de temps. Après avoir expliqué son plan à ses hommes, il applique sa bague contre sa gorge pour gagner du temps:

”-QUE LE PÈRE DE LA SOUFFRANCE BÉNISSE LE SERGENT HADRAN, C’EST PEUT-ÊTRE UN MAGE DE FEU HORS PAIR MAIS POUR TRAHIR LES SIENS IL N’Y A VRAIMENT PAS MIEUX.” À côté de lui un archer nouait déjà une charge de fusée de détresse à une flèche et allumait la mèche. ”LE BOURGMESTRE EST DÉJÀ MORT, MAIS NE VOUS EN FAITES PAS, VOUS ALLEZ LE REJOINDRE BIENTÔT VOUS AUSSI, ET VOUS POURREZ EMPORTER LE NOM DE VARSAW AVEC VOUS DANS L’AU DELÀ. VOUS VERREZ QU’IL Y EST POPULAIRE.”

L’archer se précipita sur le côté et eu tout juste le temps de décocher avant qu’un carreau ne le frappe en pleine poitrine pour le projeter au sol. La flèche modulée alla s’écraser contre le fond du tunnel et s’embrasa soudainement en libérant une puissante lumière rougeâtre sensée créer un signal lumineux dans la nuit, mais de près sa puissance était aveuglante. Profitant donc de cette couverture improvisée Varsaw se releva et hurla de sa propre voix:

”CHARGEEEEEZ ATTRAPEZ MES PETITS RATS.”

Et à ces mots il s’élança lui aussi au milieu du couloir, débouchant bientôt sur une immense salle éclairée de nombreuses lanternes dans laquelle se dressait un énorme barrage en bois massif…
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 26 Jan - 11:17
Le temps jouait contre eux. Artane avait comme l'impression d'entendre le découlement du temps dans ce sablier oppressant, à chaque gouttelette qui percutait le sol dans un petit son cristallin d'éclaboussement. Concentré sur sa tâche, les temps commençant à être en sueur, il aurait voulu voir le visage de ses compagnons une dernière fois... Il aurait vu Sorio en train de se mordre la lèvres inférieure, dardant un regard acéré dans le tunnel... Il aurait vu la forte concentration d'Hestel sur sa tache. Un remord mordant l'envahit. Ses Sergents, ses hommes... La mort avait déjà pris une grande partie de ses hommes. Restait Sorio, Hestel... Et lui. Il revit le visage de chacun d'eux, pendant qu'ils prenaient leur repas autour d'un feu de camp, discutant en francs camarades... Il ferma les yeux, serrant les dents à s'en faire mal. Il se concentra, il devait imposer sa magie dans les cavités creuses de la roc, du bois, même si elles étaient infimes. Ce n'était pas le moment de flancher !

Sorio de son côté, tel un aigle guettant l'arrivée d'une proie, le doigt prêt à libérer son projectile, crut entendre un léger écho de pas. Les enfoirés étaient déjà là... Il leva son arbalète, Quelque chose se détacha de la paroi englouti dans les ténèbres. En une fraction de secondes, sa ligne de mire s'ajusta dessus et la détente libéra la corde qui émit un claquement sec dans l'air.

C'était un signal de danger sinistre, qui ricocha sur son point d'impact, plus bas dans le couloir. Artane avait cessé d'invoquer sa magie, s'étant retourné au son fouettant de l'arbalète. Ces chiens ! Ils étaient déjà là. Ils n'auront pas la part belle. Sans attendre, il 'était le signal que ces chiens de Teïder était là. Sorio sans trembler de la main, rechargea un autre carreau. Il croisa le regard de son Lieutenant, hocha de la tête et se prépara pour un second tir.

Artane, sans attendre, rejoignit sa Sergente, toujours affairée à agir contre la pierre avec sa magie. La chaleur l'environnait, elle en haletait, elle en suait. Elle se crispa à peine en sentant la main de son supérieur sur son épaule, sentant la vibration de sa magie s'écouler en elle. Elle crut mieux respirer. Chauffer le roc n'émettait pas que des retours d'ondes calorifiques. Artane apposa sa main sur sa poitrine, en inspirant... Les prochaines minutes seront déterminantes. Il ne voulait pas d'échec ! Le barrage devait céder. A nouveau, il fixa Hestel. Tout reposait sur elle. Sorio et lui ,e pourront qu'essayer de gagner de précieuses miettes auprès du temps qui se jouaient d'eux.

Il avait confiance. Elle était capable de réussir. Elle allait réussir !

Une voix puissante retentit, forte et menaçante. C'était cette même voix entendit quelques minutes plus tôt. Cette fois, elle était toute proche; Trop proche !

”-QUE LE PÈRE DE LA SOUFFRANCE BÉNISSE LE SERGENT HADRAN, C’EST PEUT-ÊTRE UN MAGE DE FEU HORS PAIR MAIS POUR TRAHIR LES SIENS IL N’Y A VRAIMENT PAS MIEUX.”

Artane marmonna une injure. Ce Varsaw était venu en personne... Oswald n'avait pas menti sur cet homme à ne pas lâcher....Il se retourna à moitié, vit Hestel trembler.

''Hestel, ne l'écoute pas ! Il cherche à nous déstabiliser ! Il nous aurait chopé plus tôt si Valerian n'avait pas tenu bon ! ''
''Valerian... il était encore en vie quand nous......''
''Tu n'as pas fui, tu ne l'as pas abandonné Hestel ! Il voulait que tu demeures en vie ! ''

Hestel ne put retenir ses larmes. Son frère était peut être encore en vie...! La voie de ce sale porc de Varsaw retentit une fois encore

”LE BOURGMESTRE EST DÉJÀ MORT, MAIS NE VOUS EN FAITES PAS, VOUS ALLEZ LE REJOINDRE BIENTÔT VOUS AUSSI, ET VOUS POURREZ EMPORTER LE NOM DE VARSAW AVEC VOUS DANS L’AU DELÀ. VOUS VERREZ QU’IL Y EST POPULAIRE.”

''Hestel, ne nous lâche pas maintenant....''la supplia-t-il.

La Sergente gémit en se mordant violemment la lèvre, cligna plusieurs fois des paupières pour chasser ses larmes envahissant ses yeux et se raccrocha à sa magie, essayant de le rendre plus brûlant encore. Combien de mana lui restait-il ? Artane n'en avait aucune idée mais il savait que sa sergente donnera tout ce qu'elle avait dans les tripes,

Une flèche siffla et termina sa course au fond de la salle. Un artifice alchimique s'enflamma, libérant une lumière rouge aveuglante. Un TCHAC claqua à nouveau. Un corps tomba.

”CHARGEEEEEZ ATTRAPEZ MES PETITS RATS.”

Le Lieutenant écarta les bras. Sorio s'était reculé, sortant son épée courte après avoir jeté son arbalète. Les Teïderiens chargèrent. Le premier qui posa le pied dans la salle occupée par les Estiens fut immédiatement pris à partie par l'arbalétrier. Les deux autres réagirent en conséquence. et derrière, une silhouette massif, sombre, effrayante et lourdement armurée pénétra aussi à son tour. Il portait un masque, qui dissimulait tous les trains de son visage. Pas de fentes pour les yeux, la bouche ou le nez... Un air terrifiant en émanait Bordel, c'était quoi ce type ! Chose certaine était que cela ne pouvait être que Varsaw !   Artane se campa sur ses positions, appelant sa magie pour saturer l'air de particules de cendres. Il cherchait à gagner du temps, pour Hestel. Dans la nuée cendreuse, Varsaw était comme fantomatique... comme un Ombre affamée de Mort.

''Sale enfoiré''jura le Lieutenant

Ses yeux étaient fixé sur homme dangereux ; un homme à abattre. A voir sa posture, celle d'un prédateur voulant achever sa proie, lui aussi voulait l'occire. Sans attendre, Artane usa de toutes ses forces magiques pour le frapper avec une lame de vent, avant d'enchaîner avec une bourrasque de vent. Tant pis si cela détruisait son premier effet. Gagner du tout primait sur tout, pour qu'Hestel accomplisse la fin de leur mission. On entendit un cri d'agonie, hurlant des insultes en estien

''Sorio ! ''

Les Teïderiens commençaient à les submerger.

On entendit un sinistre craquement. La pierre se fendait là où elle était été la plus fragile, la plus mise à l'épreuve. La magie d'Hestel avait eu raison du soutien minérale du barrage Le bois proche émit un doux gémissement, à l'effort qu'il subissant en plus de la pression quotidienne qu'il subissait. Par les fentes qui s'étendaient sur la paroi rocheuse, quelques petits jets d'eau sous pression jaillirent. un ou deux se rajoutèrent, au rythme irrégulier de l'écho sonore que faisaient du mur souterrain qui céda lentement sous le poids de l'eau qui profita des failles qu'on lui avait créées.

Hestel s'était reculée, apeurée par ce qui allait se produire.

"Hestel, barre toi ! Sors d'ici ! ''

La Sergente s'était figée, les yeux écarquillés.

''C'est un ordre bordel ! ''

Sous cette injonction, elle obéit machinalement, courant rejoindre le tunnel de délestage.

Le barrage gémissait...agonisait. Et céda.

Un énorme mur d'eau se déferla dans la pièce dans la seconde suivante. Affamée de reprendre sa voie naturelle, cette masse d'eau broyait déjà les grandes planches traîtresses, qui l'avaient retenue si longtemps. Artane s'était précipité vers la sortie salvatrice. Un bras aqueux, un parmi toute la multitude qui emportait tout sans distinction, l'emportant brutalement. L'eau glacée le mordit de toute part, le ballottant. L'Estien fut totalement impuissant, essayant de toutes ses forces d'amener ses mains vers sa tête pour s'enrouler sur lui-même et se protéger ainsi le crâne. Peine perdue. Sa course chaotique fut stoppée nette. Sa brigandine s'était accrochée à une fixation métallique dans la paroi, une de celles qui avaient porté les lanternes tantôt.

La déferlante principale était passée, occupée à aller emplir les autres tunnels de la mine. Celui de délestage n'arrivait pas à compenser le volume d'eau libéré qui emplissait toujours la grande salle dans sa totalité. Le courant était désormais moins forte. Artane tentait se libérer de ce qui le retenait. Il tendit un bras au dessus de lui pour espérer sentir le niveau d'eau baissée... Il n'y avait que de l'eau... Sombre et ténébreuse. Il essaya de trouver le point qui le bloquait. Il avait eu de la chance de pas avoir été emporté dans les entrailles de la mine. Mais il était quand même piégé. Il se débattit de plus ferme, Le temps que l'inondation baisse.

Un étau désagréable se raffermit sur sa poitrine. Il commençait à suffoquer. Ne perdant pas espoir, il s'immobilisa, le courant avait un peu perdu en intensité. Bordel, ce barrage avait-il eu à tenir un lac entier ? Il s'échina à nouveau à se dépêtrer de là, cherchant de ses deux mains à se raccrocher quelque part sur la paroi qu'il sentait dans son dos. Il n'arrivait à rien saisir. Il lâcha un court chapelet de bulles, pour soulager un peu ses poumons brûlants par le manque d'air. Diantre, périr noyé... hors de question ! Sa poitrine se contracta douloureusement. Il se cambra dans une dernière tentative désespéré. Sa brigandine se décoinça de la fixation retors. Le courant l'emporta. Il essaya de nager comme il put, mais il ne voyait rien. Et la nage n'était pas du tout son fort. De l'air.... Il porta ses mains à son nez et sa bouche pour essayer d'empêcher l'inéluctable, ses jambes battant en tout seul. De l'air...réclamait son corps.

Il percuta plusieurs fois la paroi pendant que le courant l'emportait. Un coup l'étourdit. Un autre choc, son corps parut glisser dans la vase. De l'air !!. Il ne put lutter, et sa bouche s'ouvrit, inspirant de l'air humide et un peu d'eau. De l'air ? Oui, de l'air. Respirant par à coups, il crachota à chaque expiration, ses poumons chassant le peu d'eau qui avait réussi à pénétrer dans ses bronches. Il roula sur le côté pour aider au processus. Douloureusement il toussa, mais douloureusement il respirait. Chaque inspiration était rauque, mais tellement savoureuse ! Retrouvant un semblant de force, il se mit sur le dos, commençant à grelotter. L'eau était glacée et passé le coup d'adrénaline, le froid se rappelait à lui.  Il devait bouger, ne pas rester là..... Hagard, en tentant manqua de s'écrouler, claquant de plus en plus les dents. Il se figea en voyant quelques corps en tenue Teïderien. il crut son coeur cesser de battre tellement son angoisse était monté d'un cou. Et si Hestel.... Il se précipita auprès du premier corps... Il soupira de soulagement. Un sale fils de pute de Teïderien... Les quelques uns d'autres présents, il s'assura, une boule dans la gorge que ce n'était pas Hestel... Elle n'était pas là. Elle avait donc survécu ! mais pour aller où. Ses yeux s'ouvrirent subitement. Et si elle cherchait à rejoindre l'entrée de la mine ? Nul doute qu'elle cherchera à voir si Valerian était vivant et qu'elle tentera le tout pour le tout de la libérer. Diantre !

*Allez, Artane bouge toi !* .

Mais avant... Il s'assura que les corps demeureront bien morts. Cela fait, sa lame essuyé du sang de ces animaux, il la rangea au fourreau et essaya de descendre le sentier au plus vite, sans glisser. Et là, il se mettra à courir, pour espérer rattraper Hestel avant qu'elle ne commette la pire erreur de sa vie.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 26 Jan - 17:08
13:37 - 27 Maïa de l'An 1999

Varsaw marchait d’un pas lent mais ferme, il se planta devant le tunnel de sortie et admira le barrage qui se dressait devant lui, une énorme fabrication de bois massif qui retenait derrière elle des tonnes métriques d’eau à n’en plus finir. En comparaison de l’ouvrage géant, les deux petits soldats d’Eïlynster étaient ridicules, comment pouvaient-ils espérer un seul instant faire tomber une paroi aussi colossale? Derrière son masque Varsaw souriait d’un air dément alors que ses unités pénétraient une par une dans la salle, se précipitant vers l’arbalétrier à portée qui dégaînait une arme blanche pour se défendre de la horde en reculant. Le Sénéchal pouvait distinguer les deux estiens au fond de la salle qui s’appliquaient sur la cloison mitoyenne au barrage, la femme avait ses mains appliquées sur la roche et semblait restée concentrée dessus, tandis que l’autre homme venait de se lever et s’approchait de l’officier pour se planter devant lui à une trentaine de mètres de distances, prenant une posture défiante. Il s’agissait sûrement du fameux Lieutenant alors, mais pourtant les deux là semblaient être des mages hein? Pas grave, ça ne faisait plus aucune différence maintenant, à un rapport de un pour dix ils étaient cuits, même plus d’ailleurs, parce que Varsaw en cet instant sentait un sentiment de jubilation le saisir devant la culmination de cette traque et un sentiment de puissance l’envahissait, il comptait pour vingt désormais.

Le Sénéchal commença à avancer lentement vers sa proie tant désirée, comme un félin qui se rapprochait doucement, ventre à terre pour ne pas faire fuire un oiseau. Sous un tour de magie de son adversaire l’air autour de celui ci se mit à se parsemer de fines cendres, Varsaw fronça les sourcils d’incompréhension, d’après Slawomir le Lieutenant était le mage de vent, l’autre était une mage de feu non? Ou alors il s’était mépris sur leurs identités et c’était la femme le Lieutenant? Attends une minute… Les cendres ne venaient pas de la magie, elles venaient de la paroi… Mais qu’est-ce qu’ils fabriquaient donc? Si le Sénéchal s’y connaissait en méthode de minage, il aurait immédiatement compris que ses petits rats avaient recours à un choc thermique pour fracturer la roche, mais dans l’absence de ce savoir, il ne comprenait juste pas ce qu’ils tentaient de faire et cela lui paraissait dérisoire. Tout aussi dérisoire que les attaques magiques que l’homme généra, d’abord une lame de vent fila dans sa direction. Le sourire carnassier de Varsaw s’élargit un peu plus devant la futilité de l’attaque, il laissa son armure lourde encaisser le gros du coup et ne sentit rien de plus que l’équivalent d’un violent coup de poing tandis qu’il continuait de marcher, il fallait essayer plus fort s’ils voulaient lui opposer une quelconque résistance. La puissante bourrasque qui suivit fut plus efficace par contre, non seulement le blast du vent qui s’écrasait contre la paroi derrière l’officier suffit à acheter un peu d’espace à l’arbalétrier en faisant perdre l’équilibre aux simples Hommes d’Arme, mais en plus de ça le Sénéchal n’avait nul part où se cacher, il ne pu que se pencher en avant et tenter de s'agripper au sol vaseux mais les chausses de son armures glissèrent lentement vers l’arrière, lui faisant perdre quelques bons mètres de progression. Ces petits jappements d’animal acculé n’étaient que les preuves qu’ils étaient impuissants face à lui, Varsaw se releva et écarta les bras, c’était terminé. Il avait gagné. Il avait retrouvé les misérables rongeurs, mit fin à leurs machination, à leur plans, et bientôt il mettrait un terme à la graine de rébellion qui avait germé dans son jardin. Cependant au moment où il voulut prononcer le glas de ses ennemis à voix haute et mettre en relief la fatalité de leur destin, il fut interrompu par un sourd craquement qui se répercuta avec force dans toute la mine. Qu’est-ce que?!? Dans un tonnerre fracassant, la roche de la paroi dans laquelle le barrage prenait appui se fractura brutalement, laissant progressivement de puissants jets d’eau pressurisés jaillir avec force de l’interstice nouvellement crée. Les yeux de Varsaw allaient sortir de ses orbites. PARDON? Un nouveau craquement, puis un autre, puis encore un… chacun accompagné d’un nouveau geyser qui commençaient à délester des litres de flotte. Il pouvait entendre le bois grincer sous les efforts cédants de l’édifice. Merde. Merde merde merde merdemerdemerdem- L’homme en face de lui intima un ordre à la femme derrière, c’était donc bien lui le Lieutenant. La garce se mit à sprinter vers la droite de la salle, Varsaw n’eut qu’à tourner la tête pour savoir pourquoi, il voyait un deuxième tunnel remonter en pente droite vers la surface. La fameuse autre entrée, sans une once d’hésitation le Sénéchal se rua derrière son ennemie, dégainant son couteau dans la foulée. L’armure lourde du Teïderien n’avait de lourde que le nom, en réalité elle était d’un alliage particulier qui ne pesait qu’une vingtaine de kilos malgré sa qualité de protection, un enchantement magique réduisait ce fardeau de moitié et le reste n’était qu’une formalité pour un homme dont la force physique prodigieuse et l’habitude renforcée par plus de vingt années de services avaient forgé le corps. Il était donc tout aussi rapide que la femme qu’il coursait et lorsque celle ci s’engagea dans l’engoufrure du tunnel, il la talonnait de quelques mètres. Le sol du tunnel était terriblement humide et glissant, Varsaw fut forcé de ralentir et du même marquer une brève halte afin de reprendre son équilibre, regardant vers le haut sa cible gagner du terrain il prit appui pour se jeter en avant.

Hestel Hadran gravissait la pente raide du tunnel de délestage aussi vite qu’elle le pouvait, ses larmes embuaient sa vision et elle entre sa détresse et sa panique, elle sentait ses doigts faiblement agripper le sol pour s’aider à monter. Au dessus d’elle le soleil s’alignait avec l’entrée du tunnel et illuminait la sortie comme l’appelant vers l’au-delà, cependant elle n’était pas encore tirée d’affaire, il lui restait bien une vingtaine de mètres à gravir pour arriver au sentier salvateur. Derrière elle, elle entendit des bruits bien plus proches que ceux de l’écho de la bataille, elle se retourna un instant par réflexe de peur, un seul instant. C’est tout ce qu’il lui fallu pour apercevoir l’horreur en dessous d’elle. Une armure noire s’élançait vers elle, tendant son bras pour la saisir à la cheville, ses yeux terrifiés ne rencontrèrent aucun regard, seulement la simple froideur inexpressive de l’acier qui la contemplait abstraitement. Un vacarme tonitruant se fit entendre et le ciel semblait se déchirer dans un tonnerre orageux, on pouvait même percevoir le grondement sourd rouler au loin et se rapprocher violemment…

Varsaw avait une main sur le pieds de la fuyarde, l’autre se brandissant en l’air prêt à frapper. Alors qu’il goûtait à la frayeur dans le regard pétrifié de la Sergente, il réalisa soudainement que le bruit assourdissant qui venait de derrière lui n’était pas le simple fait de la bataille de ses hommes, non, c’était le déchaînement des eaux retenues par le barrage qui avait finalement cédé. Il n’eut pas le temps d’abattre son arme dans la jambe tendue de la femme qu’il tenait pourtant fermement. Aucune force n’aurait pu lui faire tenir bon ici, le Sénéchal se senti décoller du sol, comme s’envolant sous l’effet d’une main divine… il devait s’agir de celle du Père de la Souffrance alors parce que la main divine le malmena dans tout les sens, le submergeant d’eau, s’infiltrant dans ses vêtements, dans son masque, il se retrouvait complètement emporté se cognant comme un boule de billard contre les parois du tunnel de délestage. Il avait complètement perdu le sens de l’orientation tandis qu’il se faisait propulsé à vitesse grand V, ses membres se heurtaient à des plafonds, des sols, des murs. Il avait tenté de se replier pour limiter les dégâts qu’il subissait mais un choc de plus à l’arrière de son crâne nu le plongea dans le noir et tout s’arrêta.

***

Il faisait sombre, une petite lumière rougeâtre et douce envahissait sa vision mais il ne pouvait rien distinguer, c’était comme si un linceul d’une douce chaleur l’enveloppait. Il ne sentait plus son corps, il tentait de bouger mais rien ne répondait, aucune sensation, aucun ressenti. D’un coup une chape de plomb lui tomba dessus, ça y est il pouvait ressentir quelque chose… et il grogna instantanément sous la douleur résonnante qui irradiait lentement dans son corps, se propageant uniformément à travers chaque fibre de son être. Bordel, il avait l’impression de se faire écraser par un Drake. Il ne parvenait plus à respirer, il avait mal partout, il toussa, l’air rentra d’un coup dans ses poumons et même ça n’était pas agréable non plus, chaque inspiration le brûlait, et il avait une voir deux côtes cassées. Il s’avéra que le doux voile rouge qu’il percevait était la lumière du soleil à travers ses paupières… il se força à rouvrir les yeux et remarqua immédiatement que son masque s’était brisé à moitié, le cadran supérieur droit avait lâché sous un choc là où le carreau l’avait transpercé précédemment, dévoilant le haut de son front, son oeil droit et une partie de sa joue droite. L’autre moitié tranchée archaïquement s’était enfoncé dans la chair du Sénéchal, le blessant au visage. Le rouge n’était pas que le soleil, il saignait abondamment d’une arcade sourcilière, du nez et à la pommette là où le métal avait mordu sa peau déjà meurtrie et défigurée.
L’estienne.
Où était-elle? Un regain d’énergie s’empara du corps abattu de Mihkaï, il se retourna et se releva péniblement, s’aidant de ses mains sur le sol pour soulever le poids bien plus lourd de l’armure trempée et de son corps affaibli. Autour de lui il voyait l’herbe aplatie sur le sol boueux et meuble, au dessus il y avait encore de l’eau qui se déversait modérément de l’embouchure du tunnel. La plupart de la végétation environnante avait été balayée par l’explosion hydraulique. Il regarda frénétiquement partout en quête d’une trace de sa proie, il fut soulagé de la trouver inerte à une dizaine de mètres de lui, allongée près d’un arbre. Titubant encore de douleur, il boita vers elle lentement mais flancha après quelques pas, un jet de souffrance vif le traversa comme un foudroiement. Quoi? Il s’était cassé la jambe? Il baissa la tête et inspecta la source du mal… Ah. Merde. Il s’accroupit lentement tout en essayant de limiter les mouvements de sa jambe gauche, saisissant précautionneusement la poignée de son propre couteau planté dans sa chair. La lame s’était enfoncée d’environ cinq centimètres dans les muscles de son tibia de manière parallèle à l’os, putain fait chier. Il dégustait à son tour l’enchantement de souffrance qui magnifiait les blessures infligées par son arme et même s’il s’amusait parfois à se lacérer avec pendant ses séances d’auto-flagellation, se faire poignarder avec n’était pas du tout la même chose. Il saisit fermement le manche, inspirant rapidement en se préparant au choc. TCHA! ”AAAAAARGHAAAAHHHH”. Il respirait maintenant fortement, épuisé par la perte de sang, les évènements de la journée et la blessure de son propre couteau. Ses épaules se levaient laborieusement, il prit appui sur son genou valide et se déplia à nouveau, s’arc-boutant sur ses jambes pour s’aider, il regardait le sol en haletant pendant qu’il rassemblait ses forces pour continuer.

”Ooh… aaah, aïe, aïïïïïe. Ahaaaa…”

Varsaw releva la tête, il vit la femme reprendre ses esprits et elle s’accoudait contre le tronc d’arbre à côté d’elle quand elle remarqua aussi sa présence à quelques mètres d’elle. Un moment s’écoula pendant lequel ils étaient simplement là à se dévisager dans leur stupeur, chacun anticipant avec inquiétude le premier mouvement de l’ennemi. Hestel fixait Varsaw et son visage tranché par le masque maculé de sang comme le produit d’un cauchemar, Varsaw regardait Hestel en redoutant qu’elle soit dans un meilleur état que lui. Il fit un pas vers elle en se mettant en garde du mieux qu’il pu, lame vers l’avant, l’estienne ouvrit la paume de sa main gauche et la tendit vers l’avant. Le Sénéchal s’arrêta, craignant la boule de feu qui ne surgit jamais, du bras de la soldate ne jaillirent que quelques maigres étincelles. Elle était à sec de mana. Varsaw sourit. Ça signifiait qu’elle était aussi épuisée et vulnérable que lui. Il recommença à avancer tandis qu’elle prenait appuis sur le tronc. ”Non, va t’en!” elle se tenait douloureusement le bras droit qui pendait ballant à ses côtés. ”C’est terminé.” ”RECULE” Il se lança sur elle et frappa tout en perdant l’équilibre, il tomba contre le même arbre où Hestel se tenait une seconde auparavant. ”SALE CHIENNE.” Elle avait esquivé en reculant maladroitement. ”DÉGAGE” sa voix paniquait ”VIENS PAR ICI” ”NON” ”LAISSE... TOI... FAIRE” chaque mot était ponctué d'une taillade qui entamait tantôt la chair tantôt le vêtement de l'estienne. ”MEURT” Hestel tenta une faible riposte ”MÊME PAS EN RÊVE!” ”TU VAS CREVER?”. Elle se ravança, tentant un faible coup de poing, Varsaw essaya de lui attraper le bras dans un geste approximatif mais n’y parvint pas. Leurs mouvements étaient lents et peu précis, ils paraissaient tout les deux à bout de force. ”Salope, tu ah… tu ne comprends pas que, qu-que c’est fini. Tes ca..marades sont mor-” ”TAIT TOI!” elle éclata en sanglot de plus belle mais conserva le brin de volonté auquel elle se rattachait désespérément. ”TAIT TOI, TAIT TOI, TAIT TOI” Hestel se jeta sur le Sénéchal et le martela de plusieurs crochets gauche en poussant avec le poids de son propre corps pour faire tomber l’officier à terre, elle n’avait cependant pas prévu que ses forces la faillirait et qu’elle l’accompagnerait dans sa chute. Roulant tout deux à terre, le Teïderien gémit de douleur mais gardant son couteau en main, il vit le corps faible de l’estienne à côté de lui. Il n’hésita pas une seule seconde et transperça la main valide de son adversaire, enfonçant la lame à travers le métacarpien et dans la terre, la clouant littéralement au sol.

”AAAAAAAAA-Ah-ha-Ah-hahaaaaaa”

Un bras cassé et l’autre immobilisé, elle se retrouvait totalement sans défense. Varsaw était accoudé dans la boue, regardant son ennemie se tortiller de douleur comme une misérable larve. Les sanglots d'Hestel redoublèrent, elle hoquetait de chagrin désormais, son coeur aussi brisé que son corps pendant que son esprit comprenait graduellement tout ce qu'elle venait de perdre. Son frère, ses collègues, ses amis, sa vie... sa liberté. À la vue de son beau visage déformé par le désespoir et la tourmente, Varsaw était satisfait, ça, ça c'était une souffrance qui méritait d'être vécue. Un cadeau du Père.

”Pauvre merde, ah, aaah… je-j-je t’avais dit que… tu était finie.”

Au loin il entendait le galop de la cavalerie qui s’approchait de leur position, le vacarme de l’eau qui avait fait éruption du tunnel de délestage avait dû les alerter, soit ça soit c’était eux qui s’étaient hurlés dessus à s’époumoner. Qu’importe.

Après quelques instants à attendre leur arrivée, Mihkaï épuisé roula sur le dos et laissa ses soldats lui apporter les premiers soins. Il fit disparaître son armure et restait immobile tandis qu’on appliquait des garots à sa jambe et ôtait doucement les fragments de métal de son masque planté dans son visage.

”Mon Sénéchal, que c’est-il passé? Quel sont vos ordres?”

Malgré son état d’abattement le plus profond, il fallait tout de même réfléchir à une réponse à cette question… tant pis… il le ferait plus tard. Rassemblant un peu de courage il murmura entre ses lèvres:

”On rentre au QG, et elle… elle vient aussi… prisonnière.”
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 26 Jan - 19:57
Plusieurs fois il trébucha, jusqu'à réellement tomber. Il peina à reprendre son souffle et sa magie était épuisé. Il essaya de rouler sur le dos pour libérer au mieux son torse et pleinement respirer. La tête commença à lui tourner. Non ! Pas maintenant ! Il ne devait pas perdre connaissance. Il avait Hestel à.... Il se sentit tomber. Il essaya de se raccrocher à la lumière qui s'éloignait, pour reculer face au voile noir de l'inconscience. Il avait envie de hurler son refus de céder, de sombrer. Sa volonté voulait encore réagir, se lever. Mais son corps flanchait, l'emportant lentement. Les derniers jours, éprouvant émotionnellement et physique avait fini par briser son bouclier... Ses yeux papillonnaient. Non.... il ne voulait pas capituler....puis une étrange torpeur l'envahissait. Un genre de béatitude... fermer les yeux quelques minutes, pour récupérer un peu de tout ça... pour ne plus sentir le froid, l'humidité glaciale de cette eau qui lui collait encore à la peau, sous son armure et le tabard très abîmé de Teïder... Il lutta pour ne pas fermer les paupières. Le froid....

Le froid s'emparait de lui... le froid était la mort... La mort qui avait déjà pris ses compagnons, Valerian... et Hestel. S'il rendait les armes... Son corps avoir un léger spasme, ses poumons inspirant le plus d'air possible. Un cri étouffé retentit dans l'air. Une voix masculine... une voix féminine s'en suivit. Hestel. Elle n'était pas partie vers la mine, elle était restée là bas. L'eau avait du l'expulser plus loin. Et lui, qu'est ce qu'il foutait ? A se laisser crever de la sorte ? Il réussit à rassembler ses dernières forces, roulant sur le côté. Il haletait, le souffle court. Il avait l'impression de suffoquer à nouveau. Et avec ce froid.. Diantre... il devait avoir un reste de flotte dans ses poumons. Des hurlements parvint à ses oreilles. Il reconnut la voix désespérée de sa sergente. et l'autre... Un haut le cœur le prit. Ce salaude de Varsaw avait survécu ! Comment... Un spasme plus violent le saisit et toussa...La respiration sifflante, il se força à prendre le plus d'air possible, avant de presque cracher ses voies respiratoires entières, tellement il voulut chasser l'entrave aqueuse qui lui barrait l'intérieur de ses poumons. Ca criait encore. Vite... Bordel ! Hestel !

Il espérait qu'elle s'en sortait, qu'elle réchappait à cette merde humaine.

Arrivant à mieux respirer, la tête lui tournait encore. Il n'avait pas le temps. Il réussit à se remettre debout, tanguant. Il se rapprocha du couvert boisé, pour se tenir... et de tronc en tronc, il progressait, serrant les dents, se mordant l'intérieur des joues jusqu'au chaud pour rester conscient. Il se retint à un dernier tronc, un voile pulsant dans ses yeux, à chacun des battements que produisait son coeur pour compenser comme il pouvait l'appel à l'effort d'un corps ébranlé et à bout de forces, avec le manque d'oxygène et l'épuisement cumulé.

Se redressant faiblement, prenant appui sur le tronc d'arbre, il se figea et blêmit. Bien que l'autre enfoirée était amoché, il était encore en vie ! Et la jeune femme, la main gauche épinglé dans le sol par un grand poignard, était effondrée, en pleurs et totalement brisés. Au loin, un son de cavalcade grossissait. Une troupe de cavalerie teïderienne approchait à toute vitesse, alerté par le bordel de la mine et par le fracas de voix épuisés des deux antagonistes.

Les jambes d'Artane cédèrent. Il tomba à genoux. Ses mains se serrèrent sur les aspérités granuleuses de l'écorce. Il ne pourra rien faire. Pour la toute première fois de sa vie, il était totalement désemparé. Il ne savait pas quoi faire. Jusqu'ici, depuis le début de cette mission, qui avait totalement dévié en mission quasi-suicide, il avait toujours eu quelque chose à l'esprit, pour réagir, pour combattre l'adversité imposé par ces fils de salops de Teïderiens. Et maintenant, même s'il avait atteint son objectif pour cet endroit, il était comme perdu. La mine avait subi de gros ravages, la forteresse souterraine qui devait voir le jour sera énormément retardée dans son édification, voir mieux ! Elle ne verra peut être même pas le jour, au vue de l'étendue des dégâts. Aucune satisfaction ne venait le combler. Aucune joie d'avoir réussi à emmerder ces enfoirés jusqu'au bout ne battait dans sa poitrine.

Les yeux embués de désespoir, il assista, impuissant à la capture d'Hestel, qui n'était plus qu'une jeune femme détruite, apeurée et envahi par un chagrin qui ne lui connaissait pas. Il n'avait pas pu la protéger. Il n'avait pas pu empêcher que ses hommes se fassent massacrer. Un goût amer envahit sa gorge serré quand il suivit du regard, camouflé dans l'orée des bois, la troupe à cheval emmener Hestel et l'autre....La rage serra ses dents, mais que faire ? Il était à bout, plus aucune réflexion ne s'enchaînait dans son esprit. Qu'est ce qu'il avait craché l'autre raclure ? Il entendait encore les mots... rentrer au QG. Et avec Hestel. La cavalerie se mit au petit galop, emmenant deux corps vivants placés en travers de la selle de deux de leurs montures. La jeune femme, ligotée et qui n'était plus qu'une poupée dépourvue de volonté, et Varsaw, qui avait été un minima soigné pour demeurer en vie...

Hestel prisonnière. On la verra comme la seule survivante, l'unique prisonnière, responsable de tout le bordel que lui, aurait provoqué. Ce... varsaw allait la faire souffrir pour passer l'échec de son autorité dans la région. Et lui, qu'est ce qu'il pouvait faire ? La détresse lui tomba dessus comme un couperet et il éclata en sanglots, se mordant les lèvres pour le faire silencieusement. BORDELLLLLLLLLLL! Lentement, des vertiges lui revinrent. Que faire, bordel ? QUE FAIRRREEEE BON SANGGGG !

Tenter quelque chose. Tenter de sauver Hestel.. Oui la sauver, même s'il y laissait sa peau. Que leurs compagnons ne soient pas morts pour le voir s'apitoyer sur lui-même. Ses mains remontèrent le long de l'écorce rugueux, endolorissant un peu ses doigts. Cela l'éveilla un peu. Puis une fois debout, il devait prendre une direction. Il ne pouvait que suivre le chemin emprunté par les cavaliers. Chancelant, il se mit en route. Et soudain, une chape de ténèbres l'engloutit. Il ne se sentit même pas tomber à terre....

Le néant... rien que les ténèbres glacées. Tout était qu'obscurité.... puis des voix... et des mots dans la langue de Teïder.

''Je crois qu'il est mort, il est froid''
''Non, il respire encore...''
''A peine. Et il a les lèvres bleues. ''
''S'il respire, c'est qu'il est vivant...Hé, réveille toi...''

Les voix devenaient de plus en plus audible. Artane sentit une main chaude se poser sur son épaule, le secoua un peu, puis un peu plus fort. Seul un gémissement fut la seule réaction.

''Il est encore mouillé, tu crois qu'il vient de la mine ? ''
''Hormis le Sénéchal et la prisonnière... y a que lui qu'on a trouvé de vivant pour l'instant.''
''Le Père de la Souffrance a dû le bénir pour qu'il ait survécu. Il doit en avoir une belle à raconter... ''
''Une gorgée de ton infect gnôle va l'aider à émerger...''
''Ah non ! ce serait du gâchis ! ''
''Si le Mestre apprend que tu en as...''
''Ca va, ca va ! ''

L'Estien sentit qu'on lui souleva la tête, qu'on entrouvrit ses lèvres bleuies avec l'aide d'un goulot à la texture douteuse. Il essaya de lutter... Mais rien n'y faisant. Un liquide passa sa langue et entra dans sa gorge. Il fut soudainement pris d'une violente quinte de toux, tellement l'alcool lui brûla les muqueuse.

''Tiens, il recrache un peu d'eau on dirait, c'est pas la couleur rouille de ta gnôle... ''

Artane ouvrit quelque peu ses paupières... Où était-il. Diantre... Des soldats Teïderiens ! Sa respiration se fit rapide, devant l'angoisse d'avoir été capturé. Sa poitrine se soulevait avec plus d'aisance et de souplesse. Ses poumons avaient libéré de l'eau résiduelle de la tasse d'eau qu'il avait avalé.

''Ben voilà ! On dirait que cela va mieux. et euh.... allez, mon pote... on te ramène... et où ? ''
''T'as des ordres toi ? ''
''Ben euh... non. On retourne au campement de la mine ? Le Mestre prendra le relais alors. Comme le camarade a l'air d'aller mieux, il n'aura pas besoin d'aller au QG. ''
''J'aimerai pas être à la place de ceux qui sont là bas déjà. Le Sénéchal va être dans un sacré pétard...''

Il n'était donc pas prisonnier... pas encore. On allait le ramener à un campement militaire, près de la mine. Abattu et fourbu, il n'arriva plus à réfléchir et perdit connaissance, pendant que les deux soldats le soulevaient...
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyVen 27 Jan - 11:17
17:02 - 28 Maïa de l'An 1999

En rouvrant les yeux la première chose qui vint à l’esprit de Mihkaï ne fut que l’engourdissement endolori de son corps aussi raide qu’un bout de bois gelé en plein hiver. La lumière du jour n’était pas très forte, il devait être en intérieur… quelle plaie, ooh… il poussa un soupir semblable à un gémissement consterné et fut aussitôt intrigué par l’étrange perception qu’il avait de sa propre voix, c’était comme si elle raisonnait dans sa tête mais pas à la manière d’une vibration nasillarde, là c’était différent. Pas déplaisant, juste… différent. Il sentait son corps si rigide, il voulait gesticuler un petit peu pour essayer de regagner des sensations mais c’était plus compliqué qu’il ne l’avait prévu, une chaleur singulière accompagnait son engourdissement mais elle endormait aussi ses muscles. Il entendait des voix discuter autour de lui et il lui sembla qu’elles s’animèrent un peu plus lorsqu’il se mit à bouger, tentant de se relever.

”Je ne ferai pas ça si j’étais toi. ”

Varsaw distingua le chirurgien de front avancer vers lui et poser les mains sur son épaule et sa poitrine. Le toubib le poussa doucement pour le forcer à se recoucher, lorsqu’il voulu lui demander ce qu’il totalisait comme blessure, il se rendit compte que sa gorge était desséchée, ironique pour quelqu’un qui avait survécu à une chute de barrage. Barrage? Pourquoi il avait pensé à un barrage déjà… Il le savait pourtant, il venait tout juste d’y penser mais à peine avait-il saisit l’idée qu’elle s’était évaporé comme neige au soleil. Penchant la tête sur le côté dans un grognement de douleur étouffé il tendit son bras gauche vers la cruche d’eau qui était posée sur sa table de chevet à côté d’une bassine et de tissus ensanglantés.

”À boire? Oui, attends.”

Le médecin se leva pour saisir un petit gobelet en bois sur la table non loin et revint lui rapporter après l’avoir rempli d’eau. Il se rassit pour regarder le Sénéchal se désaltérer une petite gorgée à la fois. Celui ci porta le verre à ses lèvres mais au moment de plisser ses muscles pour boire, il remarqua la sensation de douleur qui provenait également de son visage. Il se tâta la face et remarqua plusieurs nouvelles entailles sur la peau déjà sensible de son faciès, il réprima un gémissement de souffrance et se contenta d’inspirer un peu fort. C’était surtout une question de douleur, puisqu’il était de toute façon difficile pour lui de s’inquiéter d’être déformé à vie quand c’était déjà fait depuis près de dix ans.

”Pour l’instant on ne sait toujours pas ce qui s’est passé exactement donc je compte sur toi pour me l’expliquer afin de faciliter ton traitement, mais on t’a récupéré dans un sale état, tu te souviens être arrivé jusqu’au camp?”

L’officier fit un non de la tête, regardant son soigneur avec curiosité.

”Plusieurs contusions aux bras, aux jambes et à la hanche. Un sévère traumatisme crânien à la fontanelle, ça va laisser une marque tu avais le crâne ouvert. Deux côtes cassées, ça je ne peux rien y faire il va juste falloir attendre. Une grosse entaille au niveau du tibia mais c’est moins villain que ça n’en a l’air, ça aurait pu toucher une artère ou un tendon mais ce n’est pas le cas. Une vertèbre déplacée au dos mais on te l’a remise.”

”-Ça-MRHHH Raah… keuf keuf… Ça va je vais m’en remettre, j’ai connu pire.”

”Qu’est-ce qu’il t’es arrivé? C’est devenu rare de nos jours de te voir autant dans le mal.”

Très pertinente ça comme question, qu’est-ce qui s’était passé? Il se souvenait être rentré dans la mine et puis… le barrage oui c’est vrai, le barrage était dans la mine bordel. Il y avait eu les soldats d’Eïlynster à l’intérieur, le barrage avait cédé et ensuite? Ensuite… ensuite ensuite quoi? Il s’était battu, c’était encore un peu flou dans sa tête mais il se rappellait s’être battu contre une femme quelque part, à l’intérieur de la mine ou juste devant quelque chose comme ça. Il avait du mal à réfléchir, les pensées ne se connectaient tout simplement pas ensembles.

”Je ne suis pas trop sûr, c’est bizarre.”

”-Ça doit être le relaxant que je t’ai donné, sinon tu ne pourrais même pas rester allongé sur le dos sans avoir mal à cause des ecchymoses.”

Ah.
Ça devait expliquer les sensations bizarres.
Et sa vision trouble.
Et la douleur raisonnable en comparaison du diagnostique.
Mmh, intéressant.

Il redressa la tête pour la garder bien droite par rapport à son corps, expira un bon coup, ferma les yeux et se concentra sur sa respiration. Inspirer, maintenir, expirer. Il répéta le petit exercice plusieurs fois pour essayer de se sentir physiquement un peu mieux. Inspirer, maintenir, il se voyait courser la femme dans un tunnel, il se rappelait d’avoir l’impression de voler et de se noyer à la fois, expirer. Inspirer… Il l’avait battue, elle pleurait dans la boue, expirer… Des doigts de sa main droite il explora tout doucement sa chevelure, et à l’arrière de sa tête il trouva effectivement une zone sensible de sang séché tout fine mais bien présente. Comment il s’était fait ça, il n’en était plus sûr.

”Je vais m’en remettre.”

”-Déjà dit. Tu aurais pu mourir.” Le chirurgien ne lui avait pas fait cette remarque sur un ton de reproche, il s’agissait seulement d’une constatation. ”-Si ton escorte ne t’avais pas trouvé tu te serais juste vidé de ton sang ou tu aurais nourri la faune locale.”

”-Et je ne suis pas mort.” Varsaw écarta les bras comme pour démontrer son dire.

”-Tu joues au con Mihkaï.”

”-Appelle moi Mihkaï encore une fois et tu sors de cette tente dans le même état que j’y suis rentré.” Il ne lui avait pas fait cette remarque sur un ton de menace, il s’agissait seulement d’une constatation.

Le toubib rit avec légèreté et pointa du doigt sa jambe gauche:

”-Pour ça faudra déjà que tu m’attrapes, je t’ai prescrit des anti-douleurs mais tu n’as pas à les prendre c’est comme tu veux. Par contre les coagulants sont obligatoires, et si tu t’avises de courir ou de te battre dans la semaine qui vient c’est pas la peine de me faire venir tu pourras te trouver un magiste ou boire un peu de nectar de douceur parce que contrairement au Père je ne fais pas de miracles.” Le médic renfila sa veste et se leva s’apprêtant à quitter la tente. ”Essaie de rester au lit au moins aujourd’hui, à partir de demain si tu veux te lever tu as une béquille et une atèle là. Pas d’équitation si ce n’était pas évident et évite les gestes brusques pour le dos et les côtes.” Une fois fini, le doc quitta la tente de Varsaw.

Sa vision lui était enfin complètement revenue, il pouvait maintenant apercevoir la table de stratégie dans l’autre pièce qui avait été soigneusement rangée et débarassée, ses affaires étaient posées sur une chaise au pieds du lit et il y avait des rapports empilés sur une petite boîte déposée à même le sol. Le Sénéchal l’ouvrit et y jeta un coup d’oeil mais il savait déjà ce qu’il y trouverait, une flasque d’alcool en métal au milieu d’un peu de paille et une lettre de prompt rétablissement de la part de Slawomir. Ce vieux loup, est-ce qu’il gardait ça tout le temps dans ses bagages en attendant qu’il se retrouve blessé? Un jour il devra lui poser la question. Il dévissa le bouchon mais à l’odeur de la vodka qui parvint à ses narines il hésita une seconde… Oh et puis il peut aller se faire foutre le toubib c’est bon ça suffit! Il avait mérité sa petite lichette. Il entendit des pas se rapprocher depuis l’extérieur et rentrer dans le chapiteau.

”Je suis là.” Une silhouette apparut dans le cadre de la porte. Mestre d’Arme Colslaw. Varsaw n’appréciait guère se montrer à ses subalternes sans masque mais il ne le trouvait pas à ses côtés et il avait un vague souvenir de l’avoir cassé, donc il allait devoir faire sans. ”Oui?”

”-Au rapport Mon Sénéchal.”

”-Met moi au parfum.”

”-Nos hommes ne sont pas encore tout à fait sûrs de ce qu’il s’est passé. La mine est complètement inondée il est impossible de descendre dans la galerie. En fouillant le site praticable et les alentours on a retrouvé que trois survivants, vous Mon Sénéchal, une femme que vous nous avez demandé d’emprisonner et un de nos Hommes d’Arme uqe vous aviez emmené à l’intérieur.”

”Est-ce que quelqu’un s’est approché de la femme Colslaw?”

”-Non Mon Sénéchal. Seuls les unités de gardes sont restées au poste.”

”-Fais passer le mot, le premier qui met la main sur elle, le premier qui la touche du regard, sera envoyé en vacances définitives chez les Inquisiteurs.”

Si le Mestre d’Arme trouvait étrange la soi disante attention de son supérieur envers non seulement un prisonnier de guerre mais une femme qui plus est, Varsaw lui, désirait surtout préserver les informations qu’elle avait à lui donner. Cette chialeuse semblait avoir un mental aussi solide que la paille qui tapissait le fond du colis de Slawomir, il pensait pouvoir la briser et en obtenir ce qu’il souhaitait, en revanche il connaissait aussi les us et coutûmes des soldats de basse classe envers les captifs féminins et le viol avait l’étrange tendance de renfermer ses victimes dans un mutisme profond. C’était la dernière chose dont il avait besoin. Par contre il y avait également autre chose qui lui était d’intérêt:

”Il y avait un barrage à l’intérieur de la mine, les crevards de l’est ont réussi à le faire exploser et on s’est prit le contrecoup de l’eau qui était derrière. Tu dis qu’un Homme d’Arme à survécu à ça?” Le Sénéchal semblait préoccupé.

”Exact, mais il ne s'est pas encore réveillé.”

Varsaw reposa sa tête contre son oreiller, cette fois son air pensif était bien apparent sur son visage mais il s’en fichait, son esprit était ailleurs. Un Teïderien avait réchappé à ce cataclysme, c’était improbable en réalité. C’était carrément impossible même, Varsaw ne voyait donc qu’une seule conclusion logique pour expliquer la survie de cet homme: il avait été choisi par le Père.

”Lorsqu’il en sera capable, dis lui de venir me voir… accompagné du Mestre Sergeï. Aujourd’hui est un bon jour.”
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyVen 27 Jan - 17:52
Artane essaya de se raccrocher à la faible conscience qui persistait. Des Teïderiens le soulevaient. Etait-il capturé ? Non... A ce qu'il entendait, on l'emmèna vers la mine. Il y avait un petit camp là-bas..Tout se bouscula dans son esprit par les récents souvenirs  : le barrage, l'arrivée des forces ennemies, Hestel. Où était-elle. Il crut émettre un léger gémissement quand à vouloir aller l'aider. L'obcurité le happa. Quand il lutta à nouveau pour ouvrir les paupières, le monde virevoltait à lui donner la nausée. Une odeur de sueur équine agressa horriblement son nez. Il sentit une épaisse couverture sur lui. Une couverture de canasson... il devait être encore gelé de son immersion dans l'eau glacé de la mine. Son corps épuisé ne tirait plus assez de force pour se réchauffer... Voilà pourquoi il grelottait à en avoir mal aux musclés déjà à demi-tétanisés par l'hypothermie. Il ne le sentait que maintenant.

''C'est déjà le bordel ici , avec la mine bourrée de flotte et avec ces fiottes de mineurs, on peine déjà à gérer tout ça. Faut le transférer au QC. Y a le doc' là-bas.''
''Mais.....''
''Mais quoi ? T'as des ordres de plus haut ? Non. Alors exécution. C'est le seul de vivant qu'on a trouvé et s'il clasme....''

L'Estien entendit les voix s'éloigner... ou était-ce l'inverse ? Réfléchir devenait trop difficile.Son corps tremblait, le vertige était écoeurant à en vomir. Le soulagement de resomber fut sa dernière pensée.



Des sensations... Des voix.... Encore des voix. On le traînait. Une voix un peu plus autoritaire supplanta les autres. On lui approcha quelque chose à ses lèvres. Il essaya de s'y soustraire. Pour se réchauffer qu'il crut percevoir...Un liquide chaud franchit ses lèvres désobéissantes. Au goût amer, une infusion de plante. Mais c'était la chaleur qui un apaisement bienfaiteur face au froid qui persistait dans chaque fibre de son corps. Sa peau frissonna alors qu'une douce tièdeur l'envahissait. Son esprit s'éveilla un peu plus...Etait-il de nouveau derrière le Mur ? Le monde se reversa à l'horizontal. Il sentait une main chaude appuyer sur son torse. Il se crispa sous la douleur que cela occasionnait, se cambrant à peine. Sa respiration s'était accéléré, pendant qu'une tête se posa sur le milieu de sa poitrine.

''Hum... Cela ne gargouille pas... Voyons le reste. ''

Les paupières d'Artane papillonnèrent. Nouveau flou brumeux. Gris... ou alors blanc... On le basculait sur le flanc droit. Le brouillard de l'inconscience se dissipa assez pour voir un lit vide, et un peu au-là, un genre de table où étaient parfaitement ordonnés du matériel médical. Avait-il été trouvé par d'autres frères du Mur ?

''Entailles dans le dos... peut être une côte fissuré...''poursuivit une voix masculine parfaitement teïderienne.

Il était toujours à Teïder. L'ébullution cérébrale qui commençait à poindre fut comme la dernière fois, un peu trop vive en terme de ressources pour son corps encore affaibli. Doucement, il perdait pied. Il entendait bien des mots, mais ne les comprenait plus. Sans doute était-ce le médecin du camp qui énonçait la suite de son diagnostic On releva sa tête, pour qu'il avale sans s'étouffer une autre mixture chaude. Le goût était différent, un peu âcre en bouche.

*De la Valériane...*arriva-t-il enfin à penser. Lentement, une torpeur s'insinua à lui. Celle-ci était agréable, plus lente... Il ferma les yeux, sans ressentir l'impression de chuter brutalement.



Presque deux jours s'écoulèrent. Au petit matin, une légère brume envahissait les environs du QG déjà pro-actif. Des pelotons allaient et venaient, en fonction des activités dit du quotidien. D'autres avaient entamé toute une série d'exercices sur le terrain d'entraînement. Dans une tente, un homme hésitait à mettre le pied dehors. Après avait littéralement dévoré un bol entier d'une soupe de chou bien alourdie de flocons d'avoine, l'Este Artane regardait tous ces soldats qui se trouvaient sous son nez. Le regard froid, il observait les lieux et les hommes. Deux jours à passer dans leur camp, à se faire soigner par eux ! Quelle putain d'ironie.

Il ferma les yeux et soupira. Le seul point positif était qu'Hestel devait être dans ce même QG. Prisonnière de ces sales chiens depuis la rutpure du barrage. Il ferma les yeux tout en serrant les dents. Il n'avait pas encore trouvé de solutions quand à la sortir d'ici. Le camp était parfaitement agencé, les troupes organisées.. et il était seul. Rien que de repenser à tous ceux qui avaient donné leur vie. Il ravala son début de chagrin. Il ne devait pas se laisser abattre. Il était encore en vie et ses dernières blessures terminaient de se consolider. Il avait eu un sacré coup de bol de pas avoir été plus grièvement blessé.

*J'étais quand même dans un sale état...*

Et pas des moindres.

Quand il avait repris conscience vers la fin de la seconde nuit. Vaseux, la bouche sèche, il s'était d'abord demandé où il se trouvait, avant que des brides de souvenirs l'assaillaient brutalement. Il s'était redressé, non sans gémir face à la réticence de son corps de réagir plus vite que sa volonté et il aperçut une silhouette à ses côtés, il avait reculé face à la surprise, manquant de tomber hors du lit.

''Ah ! Réveillé, enfin. ''

Un Homme d'Arme était présent, paraissant le veiller. Une lanterne émettait une faible lumière, l'auréolant d'une lueur blafarde. Artane avait cligné plusieurs fois des yeux pour s'assurer qu'il n'était pas une hallucination.

''Qui êtes-vous et où on est ici ? ''avait-t-il murmuré en Teïderien, un peu tremblant.
''Je suis Murlu, l'aide-infirmier du Doc. Le Sénéchal en personne a demandé à ce que je ratisfole un peu. ''
Artane avait sentit le dégoût s'instiller dans son estomac. Qu'est que.... Cela s'était présenté idéalement bien, car Murlu, en voyant le convalescent blêmir, avait cru que c'était en réaction avec sa capacité à manipuler un peu de magie de la Terre.
''Je sais ce que tu penses de ma maigre compétence magique. Mais le Sénéchal tient à te voir, en personne. ''
Varsaw... Cet immonde connard ! Il avait porté une main à sa tête devant le nouvel assaut de souvenirs qui lui était revenu. Son corps avait tremblé en réaction de sa propre agression mentale.
''Pourquoi ?avait-il demandé une boule dans la gorge. Tout ce qui s'était passé, tout ce qu'il avait perdu, provoqué... Tout remontant d'un bloc dans son esprit. Et il avait presque oublié qu'on le prenait pour un Teïderien ; Il devait se raccrocher à ça pour le moment, pour survivre.  
''Le Père de la Souffrance a veillé sur toi, comme sur notre Sénéchal. Vous avez votre épreuve dans sa Générosité. Et de ce que j'ai pu apprendre de ton état quand on t'a amené ici, tu as eu toi aussi de la chance. Mais tu as été... Béni ''

Béni... repoussant le pan de toile blanc de la tente, s'était décidé à sortir. Marchant en boitillant un peu, il sentit son coeur s'emballer. Il était entouré de fils de chiens et le pire de tous l'attendait, pensant qu'il était un de ses hommes, préservé de leur immonde entité qu'ils considéraient comme un Dieu. Diantre ! A bien regarder, il était dans un certain merdier ! le  moindre faux pas et il se fera massacrer sur place.

La brigandine ; une qu'on avait sorti des réserves pour remplacer la sienne, lui donnait une légère douleur gênante dans le milieu des épaules. Il avait chopé une longue entaille, quand dans la mine, quelque chose l'avait accroché. Comment n'avait-il pu ne pas sentir le contrecoup quand il s'était retrouvé à l'air libre, quand il avait cru être en état de rejoindre Hestel ? Entre cela, la semi-noyade, les contusions, l'hypothermie, une commotion au crâne. Probablement deux côte fêlée à son flanc gauche...vu sa peine à pleinement inspirer...  et l'effondrement mental et l'épuisement total...et il avait peut être des saignements internes vu comment il avait percuté plusieurs fois la paroi rocheuse du boyau d'évacuation, quand le courant l'avait ballotté en tout seul...  Avec tout cela, il avait survécu. Sa capacité de régénération avait pallier au plus grave... et ce mage avait guéri quelques ''bobos'' pour qu'il soit un minimum apte à marcher.

Pas étonnant qu'on le croit... Béni. Béni... Il eut un haut le coeur. Il se reprit et souffla un bon coup. Avec Hestel et l'autre enfoiré, ils n'avaient été que trois à réchapper à ce désastre. Il réajusta le tabard régimentaire et se gratta le menton dépourvu de sa barbe et de sa moustache. Il avait veillé à se raser...

*Et maintenant ? *se questionna-t-il. L'autre saloperie sa venue. L'occasion de l'occire était tentante. Très tentante... Mais, il y avait Hestel. Elle était dans ce camp. Où avait-on pu l'emprisonner ? S'il tuait Varsaw, il serait tué immédiatement. Et elle, elle demeurerait prisonnière de ces sales enflures...

Marchant lentement il essayait de paraître coutumier de ce QG et de ses activités communes. Il aperçut plus loin une tente aux pans bien fermés. Plusieurs gardents gardaient l'entrée. Et plus loin, il y en avait une seconde. Le recoin des prisonniers. Deux.... Hestel et Valerian ?  Ils étaient là ! Ils ne pouvaient qu'être là. Il s'était tourné vers la direction des deux tentes, cherchant déjà à trouver une solution pou rles sortir de là ! Tout espoir n'était pas encore perdu !

''Hep toi ! ''. Un Mestre l'aborda avant même qu'il ait fait le premier pas vers son objectif. ''Je te cherchais. Ca va bien mieux on dirait. ''
''Oui, Mestre d'armes. ''
''Le Sénéchal est impatient de te voir''fit le Mestre Sergueï non sans un sourire qui paraissait empli d'une petite fierté[/b]

Il était fait comme un rat.... il sourcilla. Un terme qui avait été employé par Varsaw. Diantre !

''C'est quoi déjà ton nom ?
''Homme d'armes Roktan, Mestre...'' Et Artane ne put empêcher de blêmir... Il aura Varsaw en face de lui. Cette saloperie vivante, qui ne l'avait pas lâché... et qui avait refusé de crever surtout ! Il inspira un bon coup et suivit le Mestre d'arme.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyDim 29 Jan - 1:53
06:33 - 29 Maïa de l'An 1999

Si la veille avait été une journée infernale pour Varsaw, contraint à rester inactif tandis que son corps le faisait souffrir et qu’il ne pouvait presque pas se mouvoir par lui-même, aujourd’hui était déjà plus faste pour le Sénéchal. En se réveillant ce matin il n’eut pas la même sensation de sécheresse à la gorge, son corps était très clairement moins raide et douloureux que la veille et il pouvait déjà bouger avec plus d’aisance. Se rendant compte qu’il pouvait déjà se mettre en position assise sans souffrir le martyr était une raison suffisante pour l’officier de bénir le Père pour ses services. Du bout de la canne posée au pieds de son lit il attrapa l’atèle par sa bande élastique et la sécurisa fermement autour de son tibia endommagé en nouant les extrémités avec les ficelles qui entrelaçaient les lattes de bois. Il se redressa tout doucement, écoutant son corps si jamais il ressentait une douleur trop vive qui pourrait le faire chuter, et s’appuyant sur la béquille il pu totalement se lever sans toutefois mettre de poids sur sa jambe gauche. Un heureux sourire lui vint au visage, content de pouvoir passer la journée à travailler plutôt que rester oisif dans son lit à attendre que l’herbe pousse… ou que les estiens s’enfuient. Enfin pour ce dernier problème de toute façon il aurait beau être en pleine forme il n’y avait pas grand chose qu’il puisse y faire, les dernières marges de manoeuvres qu’il possédait avaient été salement touchées par l’effondrement du barrage et la prise de pouvoir à Krùse par Slawomir qui avait nécessité plus de présence militaire que de simples contrôle d’allées et venues. Actuellement ils n’avaient absolument pas de ressources humaines libres et ne pouvaient que se contenter de maintenir le blocage de la région afin de garantir que les trois derniers estiens ne puissent pas s’enfuir. Il fallait patienter jusqu’à l’arrivée de Kela.

Fort heureusement pour Varsaw, il n’eut pas à patienter très longtemps puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seul, et sa capacité à se lever et donc également à pouvoir se laver fut rejointe par celle d’un messager à cheval arrivant à son Quartier Général pour lui délivrer une lettre l’informant que le Commandeur Kela ainsi que les renforts qu’il avait commandé n’étaient plus qu’à une demie-journée de marche de Krùsevàtz. C’était une excellente nouvelle, le temps que Kela s’installe au campement de ravitaillement, qu’il répartisse ses troupes et son matériel et qu’il prenne ses marques dans le coin il sera sans doute complètement opérationnel d’ici tard dans la nuit ou demain matin. En attendant de pouvoir reprendre du service de manière plus active, il restait ne restait donc plus que quelques dizaines d’heure à tuer pour Varsaw. Il soupira.

”Tient tient tient, je me demande bien ce que je vais pouvoir faire pour m’occuper.” il disait cela en zieutant la pile de documents sur la table tactique derrière lui. Il savait parfaitement comment il allait combler ces heures de battement.

S’asseyant précautionneusement sur la chaise il commença donc à signer les derniers ordres de patrouilles de Slawomir puis il jeta un coup d’oeil aux papiers de missions concernant la mine, il ne les parcouru que brièvement puisqu’il n’y avait plus vraiment de grande pertinence à s’y attarder de toute façon dans l’état actuel des choses. Par contre… il allait devoir rédiger un rapport pour expliquer à son Connétable pourquoi la mission avait échoué et ça ça n’allait pas être une partie de plaisir. Varsaw était apprécié de son supérieur, il était peut-être même son Sénéchal favori en raison de son efficacité habituel, même s’il ne cherchait pas à satisfaire son supérieur hiérarchique direct puisqu’il ne servait que le Roi et personne d’autre, il n’appréciait guère rentrer au bercail avec de mauvaises nouvelles. Il soupira une nouvelle fois et repoussa les feuilles de papier vierges dans un coin du bureau un peu plus loin, aujourd’hui était une bonne journée donc il comptait bien ne pas se la gâcher et il réserverait cette tâche pénible pour plus tard. Il reprit donc le cours de sa paperasse en se penchant cette fois sur des trivialité administratives par rapport au matériel d’artillerie qu’il avait commandé plus au sud pour Leszek.

Au bout d’à peine quelques heures, il se sentit un petit peu fatigué à cause de la douleur qui commençait à un peu trop le tirailler. Il y avait toujours les médocs que le toubib lui avait filé mais il tenait grandement à en faire abstraction le plus possible, il n’aimait pas utiliser ces produits, sans raison particulière, plus par principe. Ce n’était pas une question de tricher pour éviter la souffrance car il buvait volontier pour ignorer un peu celle ci, c’était plus l’idée de se soigner via des moyens détournés, le fait que ces remèdes accéléraient les soins naturels du corps étaient un peu une façon de minimiser les enseignements que la souffrance distribuait. Il s’appuya sur la béquille pour pouvoir se relever sans forcer sur sa jambe amochée et passa dans la pièce à l’arrière de sa tente où étaient ses affaires personnelles et son lit, séparée de la partie bureau par un mur de toile qui pendait du plafond. Il souhaitait s’allonger un peu mais avant ça il attrapa la flasque de Cognac et but une paire de lampées, savourant la descente ardente de la boisson dans sa gorge. Il n’eut cependant pas le temps de se coucher puisqu’immédiatement après, son attention fut prise par des bruits de pas qui approchaient de l’entrée de son bureau. Au son, il dirait que deux personnes étaient entrées à l’intérieur, il fit péniblement demi-tour avec sa béquille pendant que quelqu’un prit la parole.

”Mon Sénéchal, Mestre Sergeï, vous êtes là?”

”J’arrive Sergeï.” Varsaw ramassa son masque posé sur son coffre mais en le voyant il se rendit compte qu’il avait oublié que celui ci était cassé. Merde.

”Je vous apporte l’Homme d’Arme qui a survécu à l’expédition d’il y a deux jours.”

Ah oui c’est vrai, il l’avait déjà fait demandé hier mais il ne s’était pas réveillé. Hmm… Le Sénéchal réfléchit un petit peu, hésitant à apparaître comme ça devant un simple soldat, mais après tout ce n’était pas qu’un simple soldat…, c’est vrai ça.

”Laisse nous.”

Il attendit d’entendre les pas du Mestre s’éloigner avant de se montrer dans l’interstice entre la cloison et le mur extérieur. Le masque brisé toujours en main il boita jusqu’à arriver à côté de son bureau, là il posa l’ornement d’acier sur la table et au lieu de prendre la parole il dévisagea son invité pendant un bon moment, l’inspectant des pieds à la tête de manière bien visible. Un homme se tenait devant lui dans la pièce, brun, plutôt grand même puisqu’il devait bien mesurer dix centimètres de plus que Varsaw environ. Sa carrure musculaire était par contre moins imposante, le rescapé étant visiblement athlétique mais surtout plus agile que puissant, et avec de grandes pattes comme ça il devait pouvoir courir vite. Mihkaï souffla du nez et passa devant la table, il posa sa béquille dessus et s’appuya contre le bord presque à moitié assis. Il voyait une émotion mixte dans le regard du militaire en face de lui, mais une fois la première impression passée par rapport à l’apparence du Sénéchal, il lisait une hargne dans les yeux du gaillard, bien. Très bien. C’est un type qui en veux. Ce genre de colère envers le monde il fallait l’utiliser, c’était un cadeau, un don que lui aussi avait obtenu autrefois. Ses doigts tapotaient les lauriers de métal noir de son masque posé sur le bureau, parcourant le bord tranchant et ensanglanté là où l’objet c’était fiché dans son visage. Lui dira-t’on, avec les marques hideuses déjà présentes sur sa tête il n’était même pas sûr que ça laisserait des traces visibles au milieu du bordel qu’était son faciès. Après un moment d’attente interminable à structurer un peu ses pensées il prit enfin la parole.

”Trentes soldats de Teïder sont rentrés à l’intérieur de cette mine. Parmi eux il y avait deux Sergents dont un que j’avais moi-même promu il y a à peine un an après une mission qu’il avait réussi avec brio. La plupart de ces hommes étaient d’ailleurs des cavaliers comme toi, des soldats qui avaient également reçu plus d’attention dans leur formation. Rompu à plus d’expérience. Ça ne les a pas empêché de tous mourir là dedans. Tous sauf toi.” Il pointa hâtivement du doigt la poitrine du soldat. ”Et moi. À ton avis pourquoi?” La question était bien sûre rhétorique mais il marqua tout de même une pause, il souhaitait que son sujet prenne le temps de réfléchir à la question et d’arriver à la même conclusion que lui. ” Pourquoi donc, est-ce que toi? Parmi tout les autres, tu survivrais? Hmm? Et bien moi j’y vois un signe, un signe que le Père de la Souffrance t’as choisi, il t’as passé sur l’enclume de la souffrance et bientôt il va te marteler, tu es un lopin de fer chaud malléable. Tu peux devenir…” Varsaw leva les yeux un bref instant en l’air, semblant chercher ses mots. ”Le glaive de ta nation. Un outil parfait de service. Et ce que tu as vécu il y a deux jours ce n’est que la première étape d’un long chemin, et si jamais tu as le courage d’y résister, de passer au travers, personne ne pourra arrêter ce que tu seras alors devenu.”

Il laissa quelques secondes pour que le soldat puisse assimiler ce qu’il venait de lui dire. Apparemment ça faisait peut-être beaucoup d’informations vu qu’il voyait beaucoup de choses s’entremêler dans le regard, les épaules et l’attitude du type.

”Quel est ton nom? Non ton nom complet.” Il attendit la réponse puis commença à faire le tour du bureau pour aller se rasseoir sur sa chaise en disant ”Désormais ce sera seulement Sergent Roktan. Le Mestre Sergeï qui t’as amené ici sera ton nouveau supérieur hiérarchique, c’est un des meilleurs formateur tu verras. Tu vas aller loin. Je le sais.” Grognant en se rasseyant il ramassa le masque et le fit tourner entre ses doigts puis le brandit en direction de l’homme, l’invitant à le prendre comme pour le soupeser.

”Lorsque j’étais jeune, le Père m’a lui aussi fait affronter un cataclysme comme celui ci, et il m’a choisi, je n’avais même pas dix ans et j’étais le seul survivant de mon village d’un massacre par des étrangers. Ça là” Il désigna son visage. ”C’est un cadeau d’un de ces misérables du Mur. À travers ce genre de douleur, tu croules, ou tu t’éveilles. À partir de maintenant c’est à toi de choisir Sergent. Va voir Sergeï, tu peux lui dire que tu es promu sous ses ordres, il va te montrer les ficelle, t’affecter une unité et te donner un peu de pain sur la planche à partir de demain. Rends moi ça et tu peux disposer.”

***

13:02 - 29 Maïa de l'An 1999

Il se sentait ridicule, mais la bonne nouvelle c’était que dans l’Armée en tant qu’officier le ridicule ne tuait pas, il permettait seulement à ses hommes d’avoir une histoire qui se passerait de feu de camps en feu de camps pendant les cinq prochaines années. Le Sénéchal était assis les jambes tendues dans une charette à suspension normalement utilisée pour le transport de poudre noir. Sa béquille était posée à côté de lui et il portait son masque rafistolé avec un morceau de cuir un peu rigide pour cacher la partie qu’il laissait exposé de son visage. Le voyage n’était pas exactement ce qu’il qualifierai d’agréable mais tant pis, il n’allait pas faire son difficile, c’était toujours mieux que de rester au QG à attendre. Autour de lui il ne faisait pas attention aux Sergents de réserve à cheval qui semblaient le mater du coin de l’oeil de temps en temps et esquisser des sourires ou parfois même réprimer des gloussements en regardant l’officier se faire promener comme une marchandise. Il se fichait aussi des villageois qui les regardaient passer avec curiosité, méfiance ou indifférence tandis qu’il pénétraient dans le village. En même temps, il ne pouvait pas monter à cheval et il était hors de question qu’il se tape les quelques kilomètres à pieds jusqu’à Krùsevàtz avec sa jambe dans cet état, il avait donc trouvé un moyen de locomotion improvisé. Il y a une petite heure le Mestre Sergeï était retourné le voir à la demande des Sergents de l’unité de réserve qui avaient eu vent de la promotion de Raktan ou Roktan… peu importe. Ils avaient souhaité célébrer l’évènement en allant arroser le coup et si Varsaw avait initialement refusé de manière catégorique, parce que ça ne faisait qu’à peine sept jours qu’ils avaient levé le camp d’Orzus, il s’était ravisé pour donner à ses hommes un petit peu d’espace et profiter du jour de battement qu’ils avaient avant la reprise des recherches avec le Commandeur Kela. Par contre ils s’étaient mit d’accord avec Sergeï pour faire ça dans le courant de l’après midi puisque non seulement la réserve devait aller se coucher sans trop tarder mais aussi ils devaient être frais si jamais Kela avait besoin d’aide dans le début de la nuit. Ils étaient donc parti avec quatre Sergents de l’unité de réserve, le Sergent Roktan, Varsaw lui même et le Mestre Sergeï qui était parti devant pour prévenir Slawomir de leur arrivée et l’inviter à se joindre à eux. Incessamment sous peu, ils arrivèrent donc à une taverne où le petit groupe mit pieds à terre et entrèrent s’installer à l’intérieur tandis que le conducteur de la charette aida le Sénéchal à mettre pieds à terre.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyDim 29 Jan - 10:51
Le Mestre avait repoussé un des pans de la grande tente, pour y pénétrer avec l'Estien. L'intérieur était aménagé  pour accueillir un bureau et quelques ameublements, parfaitement adapté pour une mission en campagne. Un mur de toile séparait ce qui devait servir de pièce à coucher.

"Mon Sénéchal, Mestre Sergeï, vous êtes là ?''S'enquit le Mestre qui était aux côtés du ''soldat". Artane sentait déjà les fibres de son être se tendre.
La voix de Varsaw répondit à l'appel de son subalterne. Il était là.... cet enfoiré...

''Je vous apporte l’Homme d’Arme qui a survécu à l’expédition d’il y a deux jours.''

Il allait se retrouver en face devant lui. Son coeur se mit à battre plus sourdement dans sa poitrine. Son esprit peinait à réfléchir devant la hargne qui l'engloutissait lentement. Il peinait tellement que l'Estien ne savait pas du tout comment il réagira une fois son adversaire en face de lui. Le départ du Mestre après l'injonction de son Sénéchal mit un coup de frein à son emballement mental. Dans quelques secondes, il sera seul avec ce salopard... Qu'est ce qu'il fera ?

Les pas du Mestre s'éloignèrent. Une silhouette se mut derrière le mur en toile de séparation. et là, Varsaw apparut aux yeux d'Artane.

L'Estien eut une crampe à l'estomac en apercevant son ennemi. Une saloperie de vision d'horreur ! Bien que diminué, souffrant encore des conséquences de la rupture du barrage, le Lieutenant sut pourquoi il avait immédiatement considéré cet homme plus que dangereux. Quand ils s'étaient brièvement fait face à face, avec son masque qui couvrait alors son visage, il y avait eu cette aura de malveillance et de dangerosité. Un prédateur...Et de le voir là, en face de lui..et en vie ! Une impulsion haineuse commença à s'écouler dans son sang.

*Que faire....*

Des cicatrices  balafraient salement la peau de son visage, parcheminée par le combat et les blessures reçues. Bien qu'il était un peu plus petit que lui, sa carrure était très musculeuse. Un combattant actif, aux muscles prompts à réagir rapidement et puissamment, à la moindre volonté offensive. Et malgré ses blessures, malgré son déplacement hasardeux qui nécessitait l'emploi d'une béquille, ce foutu salopard demeurait toujours un danger potentiel. Cet homme se fichait de la souffrance de son propre corps...Il était l'image du Teïderien même voué à servir jusqu'au bout, corps et âme... L'image d'un foutu salopard. Les muscles du dos de l'Estien se contractaient lentement.

*Il est tout seul...*

Varsaw déposa ce qui restait de son masque d'acier. Etait-ce du sang séché qui restait sur les bords métalliques délabrés ? Sorio aurait-il réussir à fendre la protection ? En repensant à l'arbalétrier, son coeur se serra. Puis, il croisa le regard inquisiteur  L'Estien demeurait immobile, attendant inconsciemment un signal.

*Cet enflure est tout seul...*

Etait-ce là son idée ? Vrai qu'il était seul...Varsaw l'observait toujours et avec une forte intensité dans ses yeux de hyène. Etait-il en train de reconnaître l'Eilynsterien qui avait réussi à noyer sa mine, à tuer ses hommes dans l'inondation glacée des galeries ?

*Il est tout seul et encore en sale état !*

C'était donc cela qui fusait dans son esprit. Il pouvait tuer Varsaw, là, de suite, maintenant ! Son adversaire s'appuya sur la table, lui faisait face. La respiration de l'Estien s'était accélérée. La voix de Varsaw coupa un peu l'amplification de sa rage vengeresse.

''Trentes soldats de Teïder sont rentrés à l’intérieur de cette mine. Parmi eux il y avait deux Sergents dont un que j’avais moi-même promu il y a à peine un an après une mission qu’il avait réussi avec brio. La plupart de ces hommes étaient d’ailleurs des cavaliers comme toi, des soldats qui avaient également reçu plus d’attention dans leur formation. Rompu à plus d’expérience. Ça ne les a pas empêché de tous mourir là dedans. Tous sauf toi.''
*La mort est tout ce qu'ils méritaient ! Y a que toi qui a refusé de crever... *

Lui qui avait provoqué la perte de ses hommes ! Leur mort, leur trépas !

''Et moi. À ton avis pourquoi ?''

Artane eut l'envie de lui sauter dessus, de délivrer toute sa rage sur lui. Il était seul, il était encore ravagé par les blessures récentes. L'Estien pouvait le tuer ! Il suffirait de le prendre à la gorge, de profiter de sa surprise pour rapidement l'occire. Le prendre de court, de vitesse ne pourra que lui donner plus de chance pour le faire passer de vie à trépas. Car même convalescent, d'une taille moins grande que lui, c'était une armoire de muscle, apte à se défendre efficacement après toutes ses années à servir dans l'armée.

''Pourquoi donc, est-ce que toi ? Parmi tout les autres, tu survivrais? Hmm ? ''

Et une fois que cette immonde merde morte, lui ne survivra pas longtemps après coup. Et que deviendront alors Hestel et Valerian ?

''Et bien moi j’y vois un signe, un signe que le Père de la Souffrance t’as choisi, il t’as passé sur l’enclume de la souffrance et bientôt il va te marteler, tu es un lopin de fer chaud malléable. Tu peux devenir...''

Un signe surtout qu'il ne pouvait pas sauter à la gorge de Varsaw. Ses deux sergents étaient en vie et prisonniers dans ce camp. Ecoeuré de sa propre bêtise quand à cette folle envie suicidaire d'agir, il lutta pour chasser son intention première de son esprit. Il ne devait pas devenir un sobre crétin avide de vengeance. Il devait devenir l'homme qui délivrera ses deux subalternes. Mais comment ?

*Déjà, je dois rester en vie. Pour les aider, les libérer !*

Varsaw poursuivait son discours... Artane aurait pu en rire s'il ne se concentrait pas à demeurer attentif, malgré toutes les émotions qui le traversaient dans un douloureux maelström.

Penser que c'était leur foutu divinité qui lui avait sauvé la vie... pathétique !

''Le glaive de ta nation. Un outil parfait de service. Et ce que tu as vécu il y a deux jours ce n’est que la première étape d’un long chemin, et si jamais tu as le courage d’y résister, de passer au travers, personne ne pourra arrêter ce que tu seras alors devenu.''

De ce qu'il avait vécu depuis que ces chiens leur étaient tombés dessus surtout ! Par contre, un frisson d'angoisse le transperça quand aux mots suivants que ses oreilles capta...qui percutèrent sombrement de vérité. Que la première étape d'un long parcours difficile, empreint d'inconnus et des chances moindre de réussir.... La crainte remplaça quelque peu sa rage. Pouvait-il seulement espérer réussir à sauver Hestel et Valerian ? Il eut envie de hurler.

Il était encore en vie ! Il pouvait encore agir ! Mais pour l'instant, il devait survivre. Oui, il résistera ! Il passera au travers des mailles étranglantes de Teïder pour ramener ses deux derniers compagnons derrière le Mur, même si pour l'instant, il était incertain de comment procéder.

''Quel est ton nom ? Non ton nom complet''finit par demander Varsaw
''Homme d'armes Leof Roktan, mon sénéchal...''

Artane ne put se retenir d'écarquiller les yeux quand à la promotion énoncé par Varsaw. Sergent... Mais quel crétin il était ! Pourquoi avait-il oublié ce détail d'importance ? En se perdant dans les tumultes émotionnels qui avaient mêlés colère, angoisse, rage et  début de désespoir, il avait oublié qu'il était aux yeux de ces chiens un soldat, tout comme eux. Voilà un possible point de départ pour échafauder un plan pour libérer Hestel et Valerian. Il essaya de reprendre la maîtrise de son mental. La bataille n'était pas terminée...

''Désormais ce sera seulement Sergent Roktan. Le Mestre Sergeï qui t’as amené ici sera ton nouveau supérieur hiérarchique, c’est un des meilleurs formateur tu verras. Tu vas aller loin. Je le sais''

Il hocha de la tête. Oui, il va aller loin, pour ses deux sergents ! Varsaw lui tendit le masque abîmé. Artane le saisit, sentant le poids de ce dernier. C'était le poids du premier échec qu'il avait infligé au Sénéchal... Bientôt, il lui en fera subir un autre.

Varsaw narra une tranche de son passé, expliquant pourquoi il portait ce masque.

*T'inquiète pas, mon salaud... Tu en auras un autre de cadeau. Et celui, tu vas le déguster...*

Il rendit le masque au Sénéchal, et disposa comme un nouveau promu teïderien qu'il était, ne tardant pas à rejoindre Sergeï. Doucement, ses doutes s'évaporaient, pour reculer face à sa détermination retrouvée.


***

La montée en grade d'un nouveau Sergent était toujours un évènement au sein du corps des sous-officiers bas gradés. Être Nommé à ce rang par le Sénéchal en personne n'était pas rien, surtout après la perte conséquente de tout une troupe et deux de leurs pairs. En plus, le Sergent Roktan, ce n'était pas n'importe qui après tout. Le Père de la Souffrance avait porté sa Main sur lui pour le préserver de la mort, tout comme leur Sénéchal, qui l'avait promu en personne, endurant la souffrance de son corps meurtri de la douloureuse épreuve qu'avait été la mine. En somme, que de bons auspices !  

Quatre des sergents de la réserve, après avoir accueilli et félicité leur nouveau camarade, avaient demandé au Mestre Sergeï une brève permission de se rendre à Krùsevàtz pour fêter ça. Quelle ne fut pas la petite liesse joyeuse quand le Mestre leur apporta la réponse positive du Sénéchal, qui sera de leur compagnie. Quel honneur leur était accordé !

Donc, ce fut une petite cohorte d'un chariot transportant le Sénéchal comme un vulgaire et basique blessé et escorté par quatre sergents, le Mestre Sergeï et Artane, sous l'identité du Sergent Roktan. Il avait la tête qui regardait le lointain de la route, pendant que tout ce petit monde se rendaient vers la bourgade. Son esprit travaillait, analysant tout ce qu'il avait pu collecter comme informations pour l'instant. Il n'avait pas eu guère de temps pour se rapprocher des tentes où étaient emprisonnés séparément Hestel et Valeria, vu que le Mestre Sergeï devait le former. Et puis, il y avait eu la présentation du nouveau promu à ses pairs, des félicitations à écouter, quelques conversations pour savoir ce que faisait... et d'autres choses où il s'était montré qu'un peu loquace. Heureusement, les Sergents n'avaient pas été plus en avant, prenant ce manque de conversation par l'épuisement qui lui restait encore à pallier ; ce qui était en partie vrai.

Mais là, il pensait plus à ses deux camarades qu'à converser plus ''joyeusement'' avec ces chiens...  Valerian, il ne savait pas dans quel état il le trouvera, depuis sa capture. Hestel, Artane savait que Varsaw avait ordonné qu'on ne la touche pas... Il se la réservait personnellement, sans nul doute. Une vague de colère l'avait envahi, avant qu'il ne la chasse rapidement. Il devait rester vigilant et concentré pour réussir sa nouvelle mission. Il était seul, et les chances de réussite étaient très minimes. Car, l'arrivée d'un régiment  de renfort sous les ordres d'un certain Commandeur Kela avait rajouté un certain poids de difficulté. Sans doute parce que  la région était encore en ébullition, suite à l'intrusion de sa patrouille. L'autre enflure au visage tordu de cicatrices avait appelé des forces supplémentaires pour le contrer. Ca ou pour trouver tous les rebelles de la région...Artane demeurera prudent. Un pas de travers, un détail faussé et c'est toute sa supercherie qui tombera à l'eau. Pour l'instant, il ne pouvait que réfléchir sur comment procéder à la libération et comment se barrer a plus vite vers le Mur avec ses deux sergents affaiblis par ces enfoirés. Les Teïderiens étaient des sales bâtards, doués pour briser la volonté et le physique de leurs captifs, les rendant impuissants à se battre s'ils tentaient de s'évader. Il jura intérieurement, n'osant imaginer les sévices de ses deux compagnons

La bourgade arriva en vue. Artane avait eu quelques mots de dialogue avec un des Sergents, qui semblait amusé de voir le Sénéchal transporté comme un vulgaire sac à patate, bien entendu, énoncé en sous entendus... Il devait veiller à ne pas rester fermé comme une huître, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Et cela l'aida à ne pas penser à ce qui avait pu advenir du Bourgmestre....

La petite troupe arriva enfin devant la taverne. Un ou deux sous-officiers marquaient leur impatience de trinquer avec leur nouveau promu. Artane mit pied à terre à son tour. Se retenant d'observer Varsaw, que le cocher du chariot aidait à descendre, il suivit les autres à l'intérieur de la taverne. Bien qu'elle était teïderienne, elle était commune à bien de nombreuses tavernes de campagnes duchéennes ou estiennes. Il ne sentit donc pas si dépaysés. Mais eut une once d'écoeurement. Il triquera avec des ennemis.Quand les verres se levèrent, Il aura la maigre satisfaction de les avoir amputer d'une vingtaine de leurs soldats et de leur avoir laissé une mine détruite, engloutie et inexploitable.

Une fois à l'intérieur, une table fut choisie. Déjà un sergent s'installa, tout rigolard. Un autre l'imita. Artane demeura debout, presque au garde à vous.

''Allez, détends toi un peu''Lui balança un des sergents encore debout, lui offrant une claque amicale dans le dos. Le Lieutenant grogna, se crispant quelque peu. Ce crétin l'avait tapé sur une de ses côtes encore fêlés. Il leva la main pour rassurer que ce n'était rien.
''Pour remercier Notre Père de la Souffrance...''Croassa-t-il en se redressant, avec un léger sourire. ''On s'assoit déjà alors que le Sénéchal n'est pas encore là ? ''Demanda-t-il en changeant de sujet.
Il aurait pu rire de voir les deux assis se redresser subitement hors de leur chaise. Juste à temps visiblement, Car Varsaw entra dans la taverne....
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyDim 29 Jan - 14:54
13:16 - 29 Maïa de l'An 1999

”Le Commandeur et Sergeï ne sont toujours pas là de ce que je vois.”

Passant la porte de la taverne tenue ouverte par le cocher, Varsaw pénétra à l’intérieur de l’établissement, il voyait bien ses Sergents rester debout par respect du galon mais il n’apercevait nul part les deux autres subalternes, ils allaient sans doute arriver d’un instant à l’autre. Il tituba vers le comptoir en faisant signe de se rasseoir à ses hommes.

”Cessez dont les formalités messieurs, nous ne sommes pas ici en service mais en civils, les épaulettes, les fourragères et les médailles ne sont plus que des accessoires de beauté.” Il fit un signe au tavernier d’approcher et se retourna juste pour glisser ”Profitez en, je m’appelle juste Mihkaï ici. Ha! D’ailleurs petite précision mais il est hors de question que vous vous bourriez la gueule. On a potentiellement du travail ce soir.”

Il laissa les gars discuter un petit peu entre eux, ils semblaient s’en donner à coeur joie et chacun s’installa un peu à sa guise. Les quelques clients qui étaient déjà présents avaient eu vite fait de payer et de partir en voyant les militaires en uniforme prendre possession des lieux. Le tenancier ne semblait pas non plus très à l’aise mais lui ne pouvait pas partir, il allait donc devoir faire avec. Varsaw l’approcha et lui demanda à voix basse:

”Deux tiers de gin, secoué avec un sixième de liqueur de griottes et quelques gouttes de jus de citron. Un dernier sixième d’eau de violette.”

En se retournant il vit à ses cotés un des Sergents qui était également venu commander le regarder avec un air de surprise, quoi? Il n’avait pas le droit de se faire plaisir? Il était vrai que Varsaw apparaissait à ses propres troupes en permanence comme un officier, une machine dénuée d’intérêts propres et qui ne servait qu’à accomplir les missions qu’on lui passait. Il était rare que l’homme sous l’armure montre un peu de sa personnalité en dehors de la vie militaire, puisqu’il était rare qu’il sorte de la vie militaire tout cours. Il observait tranquillement le propriétaire préparer sa boisson selon ses instructions et lui servir le mélange transparent dans lequel il rajouta simplement la dose de violette. Le colorant alcoolisé se mélangea en tombant en volutes dans le gin-cerise-citron comme de l’encre dans de l’eau. Varsaw saisi le verre et alla lentement rejoindre le petit groupe qui s’était formé autour d’une table et discutait joyeusement. Il avança lentement pour ne pas renverser de liquide malgré sa béquille. L’ambiance était bonne, les Sergents parlaient avec avidité de tout et de rien, se moquant un peu des ragots qui couraient actuellement au sein de la division, échangeant aussi les potins qui entrain et sortaient entre les différents régiments de la 4ème grâce aux agents de liaison.

”... Et Sabrac est arrivé à ce moment là et il lui a dit ‘Qu’est-ce que c’est que ce bordel’ le mec avait le nez remplis de poudre noir jusque là HA HA HA imagine sa tête quand le Commandeur lui a dit qu’il allait l’allumer!”

”Commandeur Sabrac est un dur mais…” Le Sergent regarda avec hésitation le Sénéchal, ne sachant pas s’il avait le droit de dire le fond de sa pensée.

”-Je ne suis plus officier pour le moment et je ne peux pas te blâmer pour ce que j’entends ici.”

”... mais il peut pas être pire que Kela!”

”-Vrai” La simple remarque provoqua une huée d’admiration de la part des Sergents suivi d’un éclat de rire, ils étaient tous surpris de voir que l’homme de fer avait prononcé son avis personnel sur un de ses subalternes, surtout pour le critiquer.

”Dites Varsaw c’est qui votre préféré parmi vos Commandeurs?” Les Sergents sautèrent sur l’occasion de pouvoir parler librement, ils n’étaient pas mieux que des commères avides de rumeurs au lavoir du village.

”-Imbécile c’est Slawomir c’est sûr, dites nous plutôt quel Commandeur vous détestez le plus?”

Varsaw eut un léger rire à cette question, il se doutait bien que ça intéresserait les soldats. De plus il savait que cette information se propagerait comme une trainée de poudre une fois de retour au camp, alors il devait quand même réfléchir à ce qu’il allait dire.

”Héhé vous voulez savoir hein bande de rapaces. Et bien ce n’est pas Kela, je n’aime pas non plus ce type mais au moins il fait le travail et il le fait bien. Ce n’est pas le cas de tout mes Commandeurs.” À voir l’impatience des hommes il rajouta avec un ton malicieux ”Je n’en dirai pas plus c’est pas la peine de me regarder comme ça.”

Il releva légèrement l’extrémité de son masque pour prendre quelques gorgées de sa boisson et laissa les gaillards continuer de discuter un peu. Le Sergent Roktan se mêlait un peu à la conversation, il n’avait pas l’air d’un type très loquace mais ça ne dérangeait nullement ses camarades ni son supérieur qui appréciait les hommes d’action plutôt que de discours. Il pensait cela et pourtant Slawomir lui-même était son favori alors qu’il avait plus d’intellect que de muscles, d’ailleurs il n’était toujours pas arrivé, c’était dommage sachant que Sergeï était tout de même parti devant pour arriver plus vite mais ce n’était pas si étonnant que ça non plus, il devait certainement être débordé avec le village à gérer et il était sûrement retenu par une affaire quelconque.

”N’empêche ces maudits chiens de l’est ont des âmes bien noires pour venir ici juste pour détruire une mine, ça leur fait quoi à eux à part faire chier la vie d’honnêtes paysans qui y travaillaient? Ils sont vraiment détestable.”

Varsaw rebondit là dessus, prenant l’occasion pendant que les deux autres officiers n’étaient pas encore là:

”Et est-ce que tu sais pourquoi?”

”Pourquoi quoi Varsaw?”

”Pourquoi les Teïderiens et les Eïlynsteriens se haissent-ils autant?”

”Euh… C’est pas évident? Ils sont tous hérétiques pour commen-”

”Ce n’est pas juste ça, regardez les autres nations, toutes aussi remplies d’hérétiques et de non croyants, l’Empire d’Akkaton ont même des technologies qui vont à l’encontre de nos enseignements, l’Empire d’Ikhyld ont des spécialistes de magies impures et interdites. Pourquoi parmi eux c’est le Royaume d’Eïlynster qui constitue notre pire adversaire? Hmm? Parce qu’ils nous ressemblent le plus.” Un silence d’incompréhension se fit autour de la table et le Sénéchal continua son explication, il souhaitait surtout présenter une perspective au petit nouveau afin qu’il puisse mettre un peu plus de profondeur sur sa bénédiction. ”Grâce à nos services de renseignements on a obtenu beaucoup d’informations sur leur mode de vie derrière le Mur au fil des années, et j’y ai réfléchi pendant quelques années pour me rendre compte de ceci: de toutes les nations d’Orzian, ce sont eux qui nous ressemblent le plus. Ils élèvent leurs enfants pour devenir des soldats comme nous élevons les nôtres à servir le Père. Ils pratiquent tous un culte de leur ancêtres, vénérant des gens dont ils tirent leur force, comme nous. Ils ostracisent les brebis galeuses qui ne peuvent pas être utile au pays, comme nous. Les étrangers y sont peu acceptés et mis à l’écart, comme chez nous. Ça ne s’arrête pas là, on pourrait y passer des heures à tracer un parallèle entre nos deux peuples, mais ce qui fait que nos deux peuples sont différents de tout les autres c’est le lien qui nous unit dans la douleur. Le peuple de l’Est connaît la Souffrance, et c’est le seul en Orzian à part nous. Nous avons mangé et bu ensemble à la table de la guerre pendant des siècles, qui d’autre qu’un Eïlynsterien a connu la douleur de la perte d’un frère, d’un parent ou d’un enfant? Les Ikhyldiens bien au chaud sur leur archipel? Les Akkatoniens qui se cachent derrière leurs machines? Les Duchéens qui font plus attentions à la santé de leur porte-monnaie qu’à celle de leur famille? Les gens d’Eïlynster sont les seuls qui nous comprennent comme nous sommes les seuls qui les comprenions.” Il laissa un temps pour que les Sergents puissent le suivre. ”Alors vous pourrez vous faire la remarque qu’au final, ça devrait être plus difficile de les tuer puisqu’ils sont si proche de nous, mais vous auriez tort. C’est justement à cause de ça qu’il ne faut leur montrer aucune pitié. Les Ikhyldiens ne connaissent pas la vraie douleur, ils sont hérétiques par simple ignorance, leurs yeux sont fermés. Les Eïlynsteriens eux sont les pires de tous, puisqu’ils ont vu, ils ont passé eux aussi toute leur vie à célébrer la souffrance, simplement de manière différente de la nôtre, et pourtant malgré cela ils ont décidé de s’en détourner. D’éviter son exacteur dans la figure du Père. On ne peut pas leur faire comprendre, puisque leurs yeux sont déjà ouverts et ils ont pourtant choisi de détourner le regard. Pensez-y la prochaine fois que vous serez face à eux, et vous verrez, vous verrez que votre main ne tremblera pas.”
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyDim 29 Jan - 19:00
Le Sénéchal pénétra dans la taverne, clopinant comme il put pour franchir la porte. Artane comme les Sergents le regardèrent arriver. Il semblait s'étonner de ne pas voir deux de ses subalternes présents. Un détail sans importance pour l'Estien, contraint de jouer un Sergent fraîchement promu et de faire comme s'il était un Teïderien. Ce n'était pas la première fois qu'il endossait une identité ; il le faisait bien dans les Duchés, en se faisant passer pour un simple merco duchéen. Mais jamais, oh combien jamais, il n'aurait imaginé un jour se faire passer pour un des leurs, du moins aussi longtemps. Le temps d'une mission, pour quelques heures, il aurait compris... Cette mascarade, il n'avait pas le choix, il devait la tenir jusqu'au bout. C'était pénible, écœurant même. Mais était-ce si différent que d'être Altahir, le mercenaire ? Oui, cela l'était ! Les Duchéens ne passaient pas à la torture ou sur le bûcher les non-humains, eux au moins !

Il put chasser cette idée quand la réalité vibra de la forte voix du Sénéchal, qui offrit la permission d'être plus en attitude civil que militaire. Cette souplesse de hiérarchie parut convenir aux Sergents, qui s'assirent. Artane les imita, les écoutant commencer à parler de tout et de rien, le temps que leur Sénéchal aille voir le tenancier. Quelques civils partirent avec un pas pressé. L'Estien les regarda discrètement partir. Les clients locaux n'étaient clairement pas enthousiastes de partager la compagnie des soldats. Quoi de plus étonnant quand on connaissait l'attitude de l'armée teïderienne à l'égard de ses propres gens des basses castes. Puis, quand un de Sergents se leva et demanda qui prendra de la bière. Forcément, tous levèrent la main. Même Artane. Il ne pouvait pas s'écarter du groupe. La commande passé, le sergent alla commander, revient quelques instant d'après avec des chopes en étain généreusement fourni en bière. La mousse débordait des rebords arrondis et usés par le passage de milliers de lèvres avides de se désaltérer de son contenu alcoolisé.

Les bières servies, la conversation reprit autour des ragots et des potins de ce qui se disait et faisait chez les autres unités, histoire de bien en profiter pour se moquer d'eux. C'était donc une ambiance un peu détendue qui s'installait Puis, le Sénéchal vient rejoindre leur tablée. Artane regarda quelques secondes le verre de leur putain de supérieur. C'était presque dépitant de voir que même le pire des enfoirés de la région pouvait s'accorder un petit plaisir d'un autre niveau que la bière du coin. Ses doigts serrèrent plus la anse métallique de sa chope.

La discussion continua bon train, malgré un léger doute d'un Sergent sur les risques de médisance apportés sur le dos d'un des Commandeurs. Varsaw avait balayé ce menu détail d'un revers de la main en rappelant que dans l'immédiat il n'était pas officier. Artane de son côté, se contentait d'écouter, portant la chope à ses lèvres. La bière, pour ce qu'elle était, était comme n'importe quelle bière brassée dans une bourgade de campagne. En somme, c'était buvable. Dans d'autres circonstances, il aurait été ravi d'avoir cette boisson. Mais pas aujourd'hui, pas avec ce qui tournait dans son esprit.

Et l'échange entre les Sergents changea de sujets. Le Lieutenant redressa un peu la tête quand il fut mention des gens du Mur. Et là, Varsaw profita de l'arrivée de ce sujet pour rebondir dessus. Là, l'instinct de l'Estien le poussa à écouter avec la plus grande des attention... Car Varsaw, en plus d'être un animal, un homme dangereux, dévoré par son fanatisme, était un être stratégique. La preuve... Il s'était retrouvé face à lui à la mine, avant que le barrage ne vienne à céder à leur gueule. Le Sénéchal Varsaw ne vous lâchera pas...réentendit-il dans un recoin sombre de son esprit. Cette face répugnante ne pourra pas le tenir, ne pourra pas le rattraper.

Il écouta, comme les autres, les paroles de Varsaw. Et plus il écoutait ses dires, plus il avait l'impression que chaque mot devenait du poison qui brûlait dans son sens. Habile ce fils de pute... tout en insultant ses compagnons, ses frères d'armes, son pays. Que pouvait-il réellement savoir de la réalité de derrière le Mur, hormis de se fier qu'à des rapports d'enfoirés endoctrinés ? Lui avait déjà plusieurs fois sur leur terres puantes, assistant bien malgré à des horreurs innommables. Il n'omettait pas que certains Eïlynsteriens n'étaient pas reluisants en terme de crimes abjects. Mais rien ! Absolument rien ne pouvait justifier ces paroles qui n'étaient que mensonges ! A Eilysnter, quand des soldats entraient dans une taverne, les civils eux au moins ne partaient pas en courant ! La colère sourdait, un peu plus à chaque battement de son coeur. Par contre, vers la fin de la prêche du boiteux, ce fut la goutte qui fit débordé le vase.

''Foutaises !''Gronda-t-il en se relevant soudainement de la taille. Merde ! Il aurait dû se contenir mieux que cela ! Bordel ! Tous les regards s'étaient braqués sur lui sur sa soudaine intervention. Bordel de bordel !

''Foutaises, car à mes yeux, ils nous ressemblent en rien ! Ce sont des chiens ! Voir même pire que des chiens ! A vous entendre, il faudrait presque avoir une once d'honneur à leurs égards alors qu'eux même n'en ont pas ! ''

Sa colère s'écoula en lui comme dans les mots qu'il cracha. Il libérait en même temps une tension qu'il n'avait pas pu évacuer depuis la perte dramatique de ses hommes, de cette pression qui pesait sur ses épaules. L'évacuer maintenant était la seule solution. Et encore, il marchait sur une pente raide en laissant libre court à sa rage. Le moindre mot mal prononcé, la moindre illusion évoquant qu'il portait ses mots rageux contre Teïder et non contre Eïlynster et il était foutu ! En effet, après avoir réagi sous le coups des émotions, il avait réussi à tenir fermement les rênes de son impétuosité et l'orienter dans le sens espéré.

''Ils se cachent derrière leur façon de vivre, pensant qu'eux seuls sont sur la voie de la vérité et que le monde entier se trompe. Des siècles qu'ils sont aveugles et ils ne changeront jamais ! Sauf si du jour au lendemain, tout leur univers s'effondre ! Et on sait très bien que cela ne se produira jamais. Il faut les écraser ! ''

Il tremblait, les deux bras tendus sur la table pour se soutenir. Sa rage était à son paroxysme.

''Ils ont massacré des camarades, des gens que je connaissais et on devrait perdre du temps à les regarder droit dans les yeux avant de lever l'épée ? Mais qu'ils aillent se faire foutre ! Ils ne méritent que de crever ! ''

Il serra les dents. Bordel, il s'emportait une nouvelle fois. De ses mots, il allait les haranguer. Et ses deux sergents étaient encore prisonniers.... Il risquait de les pousser dans les bras de la mort par sa connerie ! Il se rassit aussi brutalement qu'il s'était levé.

''Que le Père de la Souffrance les juge ! ''

Il prit sa chope et la but d'une traite, histoire de rincer la souillure qu'il venait de prononcer.

''D'ailleurs, Sé... Mirkaï, la prisonnière du mur là... Vous allez en faire quoi ? Un toutou de compagnie ? Car elle a survécu hein......Notre Divin Père à tous a des projets pour elle alors ? ''

*Pardonne moi Hestel... J'espère ne pas envenimer ta situation.*

Il s'était mordu les lèvres d'évoquer Valerian.....car lui ne s'était pas trouvé dans la mine. Assez de conneries par son inconscience bordel !
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyLun 30 Jan - 18:43
13:24 - 29 Maïa de l'An 1999

Mihkaï regardait Roktan fixement à travers son masque. L’oeil qui était caché derrière le morceau de cuir était pour le coup bien visible par son interlocuteur et quiconque le regardait pouvait y lire un calme stoïque en dépit de la réaction virulente du Sergent. Le Sénéchal semblait d’ailleurs plus se soucier des quelques gouttes de sa boisson qui s’étaient renversées sur la table lorsque le type s’était levé aussi soudainement que du coup de sang qui avait prit son soldat.

”Je comprends que tu aies du ressentiment, je n’exprimais là que mon opinion. Et tu as de toute façon raison sur pleins d’aspects, non ils ne méritent ni honneur ni respect, oui méritent de crever, oui ils ne changeront jamais. C’est justement pour ça que malgré ces traits uniques que notre peuple ne partage qu’avec eux, nous sommes assis là chacun à quelques kilomètres de leur frontière à s’entretuer parce que le moment où l’un de nous décide de s’arrêter, l’autre l’anéantira sans hésiter.”

Le Sénéchal voulu rajouter une légère réprimande à l’égard du Sergent pour avoir perdu son sang froid pour si peu, mais alors qu’il s’apprêtait à rouvrir la bouche c’est la porte d’entrée de la taverne qui s’ouvrit à la place.

”Ah les voilà! Et bien ils ne nous ont même pas attendu ce n’est pas très poli.”

Le Commandeur Slawomir s’avança lentement vers les Teïderiens les mains dans le dos et la tête haute avec un air mauvais exagéré au visage.

”Sachez que vous vous trouvez dans MA ville, vous buvez donc MON alcool et vous êtes assis sur MES bancs et MES chaises.” Ses joues s’écartèrent pour laisser place à un large sourire et sa posture se détendit au même moment. ”Alors j’ai même pas le droit à un petit merci et une place assise? Ha ha haha!” Le Commandeur s’assit sur la chaise qu’on lui apporta ”Pardon on a sûrement coupé quelque chose, de quoi vous parliez?”

Un léger malaise s’installa autour de la table, les Sergents n’osaient pas prendre la parole pensant que c’était à Varsaw ou à Roktan d’expliquer la situation un peu embarrassante. Le Sénéchal décida d’éclipser la gêne en changeant de sujet tandis qu’un plateau de viennoiserie tout chaud et de biscuits secs aux céréales venait d’être déposé sur la table pour agrémenter les boissons. Slawomir chippa un croissant et mordit dedans sans hésiter.

”Sergent Roktan souhaitait savoir ce que nous allions faire de la prisonnière que nous avons récupéré à la mine.” Il tourna la tête pour regarder tour à tour les Sergents attablés. ”Le Père n’a pas de plans pour elle, ce n’est pas lui qui l’a fait survivre mais moi. En revanche j’ai effectivement des plans pour notre invitée, il y a toujours trois estiens sur lesquels nous n'arrivons toujours pas à mettre la main ce qui est un problème. Parmis eux il y a également leur Lieutenant, il est possible que celui ci ait péri à la mine mais il est aussi tout aussi possible que leur petit rat en chef n’était tout simplement pas présent parmi les trois estiens qu’on a surprit là bas.”

Varsaw jouait avec le pieds du verre de son cocktail, en prit une gorgée en relevant son masque et poursuivit:

”Je vais voir ce que j’arriverai à en tirer comme information, tant qu’elle nous est utile il n’y a aucune raison de s’en débarrasser trop hâtivement. De toute façon Kela est arrivé et l’Inquisition est là avec lui donc je vais devoir leur donner quelque chose à se mettre sous la dent tant que je ne suis pas sûr de pouvoir capturer un plus gros gibier. On l’enverra sans doute dans un camp de travail après que les Inquisiteurs aient fait leur boulot.”

”-Tu n’as pas pu récupérer grand chose de l’autre Sergent, pourquoi tu penses que ce sera différent avec elle?” Slawomir avalait sa bouchée de pâte feuilletée tout en regardant Varsaw l’air dubitatif. Le Sénéchal sourit derrière son masque.

”-Et bein, je crois que cette fois ci nous avons un petit avantage tactique dans notre méthode d’interrogation.”

Le Sénéchal fouilla dans la poche intérieur de sa veste et en ressorti un petit collier en chaîne à maille fine, un ornement très simple en argent blanc depuis lequel pandouillait une petite salamandre dans le même matériaux. Varsaw remonta la chaîne avec les doigts d’une main pour en saisir la petite bête en métal et la brandit au nez de Slawomir, lui montrant l’inscription de la lettre H gravée sous le ventre de la salamandre.

”Euh… Oui je m’en souviens c’était dans les affaires du Sergent Hadran lorsqu’on l’a dépouillé, et alors?”

”-Sauf que tu te trompe Slawomir, ce collier là n’appartient pas à notre premier prisonnier mais au deuxième. Je m’en suis aperçu hier quand j’ai fouillé dans le sac qui contenait les effets qu’elle portait sur elle au moment de sa capture. Elle a exactement le même que lui a la différence prêt que la salamandre est tournée dans l’autre sens sur celui de notre petit copain Valérian. Je crois qu’ils sont mari et femme. La prisonnière me paraît déjà mentalement très faible, je pense qu’il sera facile de faire levier avec ça pour obtenir les informations que je veux savoir.”

Son Commandeur retroussa ses lèvres et siffla d'admiration:

”Pfiuuuuuuu t'as vraiment touché le gros lot on dirait.”

”-Sur ce, je vais sortir prendre un peu d’air et retourner au QG, vous pouvez rester encore une heure, après ça retour au camp et si j’en vois un qui aurait trop dosé sur la boisson vous pourrez être sûr que c’est son corps qui fermentera dans les cuves la prochaine fois qu’on passera par ici. File moi un coup de main tient.”

Varsaw se releva péniblement avec l’aide de Slawomir et se dirigea vers l’extérieur.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyLun 30 Jan - 22:17
La plupart des regards portés sur Artane demeuraient fixés sur lui, bien qu'il soit assis désormais. Comme pour marquer une légère confusion, fausse bien entendu, il avait entouré la chope désormais vide de sa seconde main, comme pour l'occuper quelque part. En croisant l'oeil scrutateur de Varsaw, il fit mine de contempler le fond du récipient métallique. Un reste de mousse coulait le long de la paroi intérieure pour s'étaler sur le fond plat. Sur le coup, on pourrait penser qu'il trouvait d'un coup plus intéressant le fond de celui-ci que de fixer son supérieur. En réalité, Artane fulminait. Son coeur cognait durement dans sa poitrine...Sa fureur voulait qu'il se relève pour les insulter, les injurier, les affronter un à un !

Il reprit les rênes de sa rage. Ce n'était pas lui ça. Il n'était pas suicidaire au point de perdre les pédales et de manquer de jugeotte ! S'il lâchait ça, il aura servi à quoi pour Hestel et Valerian ? Il fut dégoûté de lui-même. Mentalement, il tint fermement les aides de ces émotions pour ne pas qu'elles le dévorent. Il était Lieutenant, pas un imbécile ! Il n'avait pas encore trouvé de solution, mais c'est pas en devenant un chien totalement fou qu'il la trouvera. D'ailleurs, pourquoi était-il comme cela ? Cela ne lui ressemblait pas ! Il avait déjà eu à affronter des situations difficiles, mais jamais, oh combien jamais, il n'avait eu un tel comportement ! Il était Lieutenant, pas un taré !

Varsaw exprima son avis suite à son coup d'éclat, après avoir accordé un regard morne aux quelques gouttes qui s'étaient renversées en dehors de son verre de liqueur. Son visage avait quitté la contemplation du fond de sa chope, pour écouter l'éclopé. Tu parlais d'une opinion, maugréa-t-il intérieurement...Les lèvres du Sénéchal s'entrouvirent pour poursuivre son élocution quand la porte s'ouvrit, lui coupant le sifflet.

*C'est donc lui le Commandeur Slawomir...*

Il comprit rapidement pourquoi les autres Sergents le considéraient comme le préféré du Sénéchal. Ces deux là devaient être dans les rangs militaires depuis des années, pour avoir une telle familiarité et ce, devant leurs subalternes. Son entrée enthousiaste ne contamina personne, au contraire, il avait saisi qu'il avait coupé un sujet sérieux.

Un petit silence avait pris place. Personne ne se dévoua à répondre à la question du Commandeur. Artane refixa le fond de sa chope vide. Entretemps, le tavernier déposa un plateau empli de petites viennoiseries encore chaudes de leur sortie du four et quelques biscuits paysans composés de céréales. L'odeur de pain était délicieux à humer. Artane retint une grimace devant la protestation de son estomac. Heureusement qu'il ne grogna pas sa famine. Il veillera à en prendre un quand les officiers se seront servis et de le manger sans se précipiter. Varsaw reprit la parole, cassant finalement le mutisme des Sergents.

Là, le visage de l'Estien se leva à l'énoncé de son nom. Voilà la réponse à sa question qu'il attendait. Il écoutait et.... Bordel, cet imbécile devait avoir de sales idées derrière la tête, vu comment il causait d'Hestel. Et remerde ! il a des doutes quand à son ''décès''. S'il le croit encore en vie, sûr que Varsaw veillerait à ne pas l'oublier. Il ne le lâchera pas.. Ses dents grincèrent. Ah, il reparla à nouveau d'Hestel. Bordel de bordel ! S'il ne trouvait pas rapidement une idée, il ne pourra plus rien faire et elle sera dans les mains de ces chiens, et mourra l'âme brisée.

Ses yeux bruns se tournèrent vers Slawomir. Valerian avait donc tenu bon ? Il avait eu raison dans la mine quand cet enfoiré à la sale gueule avait tenté de les déstabiliser avec ses paroles empoisonnées ! Mais est ce qu'Hestel saura faire preuve d'une telle résistance ? Le doute l'étreignit une fois encore, et là, Varsaw sortit quelque chose d'une poche interne de sa chemise.

Le yeux d'Artane s'écarquillèrent de moitié. Le pendentif argenté d'Hestel ! Valerian avait la même, mais avec l'amphibien représenté dans la forme inverse. Ces deux bijoux symbolisaient leur lien fraternel ! Diantre et bordel, combien de fois ils avait demandé à ses deux sergents de pas partir avec leur collier !  Varsaw avait un point de pivot et pas des moindres maintenant ! La Sergente ayant appris que son frère était encore vie, elle avait été secouée. Et maintenant, cet enfoiré à la face de crapaud usera de la torture si chère à son peuple de fanatiques pour la contraindre à parler. Rien qu'à voir dans quel état elle s'était retrouvée quand Valerian lui avait ordonné de dégager avec le Lieutenant... Et là, il exposait le pendentif sous le nez de son commandeur comment un trophée ! Artane crut se sentir mal

Chaque battement qui tambourinait dans sa poitrine était comme les grains du sablier qui s'écoulaient vers l'inéluctable, amenuisait un peu à chaque fois la petite chance qu'il avait d'agir et surtout, de réussir. Les mâchoires du temps se refermaient lentement, mais sûrement. Artane n'avait plus beaucoup de temps.

Varsaw se releva avec peine, encore sujet à ses blessures qui handicapaient ses déplacement. Soutenu par Slawomir, il lâcha ses dernières consignes avant de partir vers l'extérieur. Artane hésita. Partir maintenant ? Non, il ne pouvait pas se le permettre. Les Sergents avaient demandé à boire ici un coup pour fêter sa promotion. Une heure... Elle sera la plus longue de sa vie celle là.

Le Sénéchal une fois hors de la taverne, Artane fit mine de baisser la têté, avec un air désolé.

''Désolé les gars.... je ne voulais pas pourrir l'ambiance...''fit-il sur un ton désolé.

Les autres sergents ne se gênèrent pas pour le gratifier de quelques blagues salaces et autres moqueries gentillettes, avant que chacun reprenne la conversation joviale de toute à l'heure, son coup de gueule totalement oubliée. Tant mieux avait-il pensé, prenant un biscuit sec de céréales.

***

L'heure fut atroce à supporter. Une fois sur le retour, leurs montures trottinant, les Sergents étaient ravis d'avoir eu cette brève permission. Cela avait fait du bien à ce qu'ils causaient, vu que les choses sérieuses reprendront dès demain. Avec le régiment de renfort, leur rééchapper tiendra du miracle. Artane, toujours plongé dans son mutisme, luttait pour conserver son calme. L'angoisse devenait un point douloureux dans sa poitrine. C'était même un supplice. Il devait trouver quelque chose aujourd'hui même ! La petite troupe entra dans le QG. Une fois les chevaux un peu bouchonnés, nourris, abreuvés, leurs rênes nouées avec les autres équins, prêt à monter en cas d'alerte, chaque sous-officier s'en retourna à ses tâches. Sauf Artane, qui cherchait son ''instructeur''

Ses sourcils s'étaient froncés. Où était passé le Mestre Sergeï ? Il était parti devant pour prévenir Slawomir de l'arrivée du Sénéchal à Krùsevàtz et rejoindre tous les deux le reste de la bande...Il eut comme un mauvais pressentiment. Puis, il porta son attention vers les tentes gardées. Son cerveau ne fit qu'un tour. Peut être qu'il aura la solution ?

Il se rendit passivement vers elles, l'esprit du Lieutenant repoussant celle de l'homme désespéré. Observer le terrain, analyser ce qui s'y trouvait, voir le danger, le quantifier.

*Deux tentes, un peu à l'écart du reste du camp en lui-même, toutes deux ayant une entrée orientée vers le centre du QG. Situées très proche de la palissade, mais chacune suffisamment éloignés pour pas que les prisonniers se parlent.... Des sentinelle présentes. Première tente, pan à moitié ouvert, deux gardes possibles à l'intérieur. Seconde tente, un homme sort. Un garde sûr... Combien à l'intérieur ? Trois soldats approchent...*

Entrer en douce dans chacune des tentes pour en faire sortir ses sergents, dont un qui ne devait pas être en état de marcher seul sera impossible. Il suivit du regard les trois enflures qui se rendaient à la seconde tente. La relève ? Certainement. Il s'arrêta et observa les trois nouveaux gardes se présenter à la tente. Deux autres gardes sortirent. Trois gardes donc. Etait-ce la tente d'Hestel ? Plus que probable. Une pointe d'espoir anima plus encore son attention. Il regarda les six hommes. Ce qui devait être la relève paraissait contrarié. Il se rapprocha.

''Le Sénéchal a donné ordre de pas toucher cette pute du Mur. Alors non, on ne l'a pas lavé. Tu crois quoi ? Que je suis une boniche ? ''
''Le Sénéchal.... ''
''Le Sénéchal a dit qu'on ne portait pas de main sur elle, et qu'on devrait même pas la regarder ! Alors j'oublie...Et je veux pas être souillé ! Vous avez qu'à le faire vous ! ''

A voir la mine écoeuré comme apeuré des trois de la relève, il n'était pas certain qu'un minimum d'hygiène soit accordé à Hestel de sous cette tente.

La voilà l'occasion, qu'il se morfondait à trouver ! Il vint vers les trois gardes qui prenaient le nouveau tour de la surveillance.

''Hep vous trois, c'était quoi ce bordel là ? ''
''Sergent ? Rien du tout, nous...''
''Qu'ai-je entendu à l'instant ? Que la prisonnière n'est pas un minimum lavé ? Que pensera le Sénéchal si elle tombe malade et qu'elle sera incapable de répondre aux questions qu'il lui posera ? ''
''Le Sénéchal a dit qu'on ne devait pas la toucher. ''
''Sombres débiles ! Quelle excuse de merde pour jouer de paresse ! Allez me chercher un seau d'eau clair et un bout de torchon''
''Mais....''
''Et vous resterez dehors, le temps que je me charge de votre boulot ! Le Sénéchal a ordonné qu'on la touche pas pour qu'elle reste intacte physique et mentalement, sinistres crétins. ''

Un des soldats fit un ''o'' de la bouche, comprenant mieux. Un autre lui apporta un seau, qui était déjà prévu à cet effet depuis longtemps.

''Et pas un ne rentre, le temps que je m'assure qu'elle ne soit pas tombée malade par votre négligence. Si c'est le cas, le Sénéchal sera averti et rapidement ! ''

Redoutant de remettre en question l'autorité du Sergent, les gardes acquiesièrent et se mirent en poste à l'extérieur. Artane attrapa la hanse en corde tressée du seau, leur jeta un dernier regard courroucé et pénétra dans le chapiteau. Son coeur manqua de se briser en découvrant le corps prostré d'Hestel. Des menottes de fer enserraient marquaient la peau de ses poignets. Des chaînes y pendaient, pour rejoindre un épais poteau de bois qu'on avait veillé à profondément enfoncé dans la terre. Le corps de la jeune femme, à genoux, était avachi contre ce tuteur d'inconfort.

L'Estien se rapprocha doucement d'elle et posa le seau, avant de s'agenouiller au côté de la malheureuse. Il trempa le morceau de torchon, l'essora et tamponna sa joue, tout en murmurant :  

''Hestel... Hestel, c'est moi...''

Elle sursauta violemment. Son visage se tourna sur l'être qui osait la toucher. Elle tenta de reculer, ayant oublié qu'elle butait déjà contre le poteau qui la maintenait attachée à ses chaînes. Elle se figea en reconnaissant l'homme sous la tenue teïderienne.

''Lieutenant ?''fit sa voix qui trembla déjà de sanglots. Elle se laissa tomber dans les bras de son officier, le corps secoué de spasmes.  
''Parlons tout bas... Hestel... je suis tellement désolé...'', pendant qu'il nettoyait la crasse qui minait son visage fatiguée et marquée par ses dernières épreuves. ''Ecoute moi...Il nous faut sortir aujourd'hui de cette prison. Valerian est à coté. ''Elle trembla en entendant le nom de son frère. ''Il n'a pas parlé. Il a tenu bon. Mais l'autre râclure sait que vous avez un lien très fort tous les deux. Il aura aucune pitié à en user sur l'un comme sur l'autre. Et il vous brisera...et je ne crois pas....''

Il déglutit...Il était déjà amer d'avoir eu que que cette unique solution entretemps

''... que je serai capable de vous sauver tous les deux. Valerian voulait que tu te sauves... ''
''Non.. Je ne...''
''Penses-tu que toute ta magie t'es revenue ? ''

Elle se redressa avant de s'avachir contre le poteau, des larmes coulant sur ses joues.

''Non, Je ne suis pas certaine...
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyMar 31 Jan - 14:43
14:01 - 29 Maïa de l'An 1999

Balloté dans sa charette sur le chemin du retour, Varsaw réfléchissait à la suite des opérations maintenant qu’il ré-enfilait sa casquette de Grand Sénéchal, ce que le Sergent Roktan avait hurlé à la taverne avait amorcé un début d’inquiétude. Kela établissait son campement et bientôt l’Inquisition irait s’occuper des rebelles de Krùsevàtz, c’était une nouvelle à double tranchant puisque même avec son grade il n’avait pas ou alors très peu de contrôle direct sur les agissements des hommes de l’Église, et ce qui le dérangeait surtout c’était l’imprévisibilité de certains d’entre eux. Il avait tout de même un profond respect pour la plupart des Inquisiteurs, c’étaient des hommes de foi d’une volonté extraordinaire et qui savent faire des sacrifices hors normes au nom de leur Père, mais ce n’était qu’une constatation factuelle de dire que la plupart d’entre eux ont tout simplement un pet au casque. Il était crucial que Mihkaï récupère les informations qu’ils avaient à lui livrer avant que l’Église ne les transforme en légume, en viande hachée ou en toute autre allégorie alimentaire. Par contre dans cet état ça allait être difficile à faire, il avait déjà du mal à garder son équilibre et certes, ça allait mieux qu’hier mais il se retrouvait maintenant légèrement pressé par le temps aussi. La réaction violente de Roktan lui avait rappellé que dans cette opération il se battait aussi contre les villageois et contre ses propres hommes, combien de temps encore pouvait-il garder ces prisonniers et les préserver de ses troupes pour les réserver à l’interrogation uniquement? Il ne devait pas hésiter à agir maintenant au lieu de repousser les échéances qui laisseraient plus de place aux évènements imprévus comme la connerie de ses Hommes d’Armes, mais d’abord…

Quand il passa les portes du Quartier Général il ordonna au cocher de s’arrêter là et de l’aider à descendre, laissant donc son conducteur soutenir sa jambe en la gardant bien droite il posa l’autre pieds à terre et se mit debout en s’appuyant sur sa béquille.

”Va me chercher Murlu et dit lui de me rejoindre dans ma tente.”

Il n’aimait vraiment pas avoir recours à la magie mais parfois il se faisait forcer la main par les circonstances, et là il craignait que ce soit le cas alors il n’allait pas prendre plus de risques. Une fois à l’intérieur de son chapiteau il fut rejoins par l’aide du Doc, il soupira devant sa propre résolution et lui dit:

”Aller vas-y, soigne moi. La jambe, les côtes et le dos surtout, laisse le reste tranquille.” Quitte à se débarrasser des cicatrices autant conserver la douleur du reste. ”Tu peux y aller je ne suis pas en sucre.”

”-Oui Mon Sénéchal. C’est un honneur de vous soigner Mon Sénéchal, faut dire que ça n’arriv-”

”-Rends ça moins pénible que nécessaire en fermant ta gueule soldat.”

Le soigneur avait commencé par les côtes cassées, Varsaw pu ressentir un très léger mouvement de sa peau tandis que celles ci se remettaient correctement en place et se fusionnaient à nouveau avec sa cage thoracique, le tout sans douleur. Ça le dégoûtait, il se sentait vraiment sale et honteux comme un tricheur prit la main dans le sac, à peine avaient-ils commencé qu’il souhaitait déjà passer à autre chose ou demander au guérisseur d’arrêter. Le mage passa ensuite à sa jambe et défit l’atèle autour du tibia du Sénéchal, il saisit fermement le membre en postant une main autour de chaque bordure de la plaie et reprit ses incantations tandis que la chair commençait à se trémousser pour se rejoindre. Si ça ne le répugnait pas autant de supprimer magiquement des blessures Mihkaï aurait pu trouver un côté fascinant dans la danse entre les muscles et la chaire qui se refermaient lentement mais là ses pensées n’étaient pas à ça, vite qu’on en finisse bordel. Qu’on en finisse! L’aide-soignant n’avait pas remarqué la gêne du Sénéchal mais il avait tout de même relevé à quel point son patient était nerveux et crispé, Varsaw le su aux regards compatissants et aux petits hochements de tête que celui ci lui adressait de temps en temps en récitant ses formules. Petit con va, tu ne comprends rien à rien. Une fois son tibia comme neuf, il le bougea un peu pour vérifier qu’il pouvait s’en servir correctement, bien, il avait la même amplitude qu’avant et tout autant de force et de stabilité. Le Sénéchal se releva pour faire quelques pas et tester un peu son corps pour voir quelles en étaient ses limites, pendant ce temps Murlu le regardait faire.

”Bien, dispose soldat.”

”-Oui Mon Sénéchal.” Le mage fit quelques pas vers la sortie et au dernier moment il se retourna et pointa du doigt le visage de Varsaw. ”Vous savez Mon Sénéchal je peux aussi réparer ça.”

”Ce ne sera pas nécessaire merci, je préfère garder les blessures qui ne m’empêchent pas de me battre. De même pour les ecchymoses.” Mihkaï commençait vraiment à s’impatienter.

”Je parlais de votre masque Mon Sénéchal.”

Là il se sentit un peu con, mais agréablement surpris.

Une quinzaine de minutes plus tard c’est un Sénéchal désormais un peu énervé mais libre de ses mouvements qui sorti de sa tente pour prendre un peu d’air et se changer les idées, il portait son masque complètement réparé par de la magie de terre et ça pour le coup il ne trouvait rien à y redire. Il se releva en profitant un peu du soleil, de l’air frais, des soldats qui faisaient quelques exercices physiques autour du camp. Son regard balayait le campement et appréciait l’activité qui y prenait place, la petite vie militaire avant la reprise des opérations et un peu plus d’action, enfin il en avait déjà eu un bon quota il y a deux jours mais qu’est-ce qu’il y pouvait, Varsaw n’aimait pas rester oisif. Il le faisait si c’était nécessaire mais quitte à avoir le choix, il préférait agir. En parlant d’agir, il était temps de passer à table mais pas pour lui, pour la dernière arrivante du QG! Le Sénéchal tourna sa tête en direction de la tente en question et remarqua quelque chose qui ne lui plu guère, les trois gardes supposés surveiller la femme étaient postés en dehors de la tente. Il eut un mauvais préssentiment, pourquoi n’étaient-ils pas à l’intérieur? Il marcha à vive allure vers les tire-au-flancs et arriva devant eux non sans percevoir leur malaise à la vue de leur supérieur qui s’approchait d’eux avec une animosité visible dans ses pas.

”Qu’est-ce que vous foutez là soldats?”

Il vit les gardes consternés se regarder mutuellement en se refilant silencieusement la patate chaude pour savoir lequel d’entre eux allait prendre la parole. Bande de débiles. Il n’allait pas
attendre leurs explications, il se faufila entre deux des gardes et rentra à l’intérieur sans plus attendre. Il vit immédiatement le Sergent Roktan entrain de se relever, le nouveau gradé le regardait avec surprise, ne s’attendant visiblement pas à le voir débarquer ni à le voir sur pieds, devant lui au sol, la femme était en pleure, entrain de sangloter à chaudes larmes. Varsaw n’en revenait pas.
Il venait de le nommer, lui même en personne.
Il venait tout juste de trinquer avec lui.
Qu’est-ce qu’il croyait faire?

”Qu’est-ce que tu croyais faire Sergent?” fit-il d’un ton menaçant. Mihkaï s’approchait très lentement de Roktan, pas à pas en trainant un peu du pieds. ”Explique moi EXACTEMENT, QU’EST-CE… QUE TU CROYAIS… FAIRE?!??” Il accéléra soudainement vers le Sergent et l’attrapa par le col, son masque d’acier à quelques centimètres du visage du Teïderien. Il commença à parler mais le Sénéchal le coupa et le plaqua violemment contre une des lourdes colonnes en bois qui soutenaient le chapiteau. Les sanglots de la prisonnière en arrière plan devenaient de plus en plus bruyants

”Nooo-o-onnn ahaaaaha haarrêteeez” Mais Varsaw ne faisait pas attention à ses plaintes, sa fureur ne se détournait pas su Sergent.

”TU ME DEMANDES SI JE COMPTE LA TUER, ET ENSUITE UNE HEURE APRÈS JE TE TROUVE AVEC ELLE ENTRAIN DE PLEURER ALORS QUE TU N’AS RIEN À FOUTRE LÀ?? UNE HEURE APRÈS? EST-CE QUE TU CROIS QUE JE SUIS STUPIDE ROKTAN? EST-CE QUE C’EST ÇA? DÉGAGE DE LÀ. FOUS MOI LE CAMP!”

Il commença à emmener le Sergent vers la sortie, l’empoignant toujours par le col de son uniforme, mais au moment de passer le pan d’entrée et de le jeter dehors, les idées commencèrent à se préciser dans la tête de Varsaw. Il avait peut-être raison en fait. Le Sergent Roktan. Pendant qu’il réfléchissait pendant bien quelques dizaines de secondes, ils restaient là tout les deux, les mains du Sénéchal agrippées au vêtements du sous-officier, tandis que la respiration de Mihkaï reprenait peu à peu un cours normal au fur et à mesure que ses plans se profilaient dans sa tête. Oui, en fait c’était peut-être la solution… Lorsqu’il reprit la parole, sa voix sonnait d’un air malveillant, encore sanguin de son coup de colère tantôt:

”En fait tu sais quoi? Je vais avoir besoin de toi Sergent, tu vas venir avec nous. On va aller faire une petite sortie…”
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyMar 31 Jan - 18:50
Il regarda le bras qu'elle gardait pliée contre elle, malgré sa posture qui dévoilait tout l’accablement qui pesait en elle. Entre la capture de son frère, la perte de leurs camarades… Il se retint de détourner la tête. Car en revoyant tout le parcours qu’ils avaient mené, s’il n’avait pas eu cette idée stupide d’aller à la mine… De base, il avait voulu s'y rendre tout seul, pendant que les survivants eurent tenté leurs chances pour retourner au Mur. Mais ses sergents le connaissant que trop, avaient très vite compris ce qu'il avait eu en tête, quand Oswald avait répondu à ses interrogations sur la mine. Diantre, il aurait dû anticiper. Certes, il avait été blessé durant le combat contre l'escouade de cavalerie mais quand même ! Et puis, finalement, il avait concédé à ce que Hestel et Valerian accomplissent la suite improvisée de la magie. La réussite avait été là... Mais pour quel résultat ? Si Hestel n'avait pas été présente pour qu'il puisse disposer de sa magie, jamais elle ne se serait retrouvée en manque de mana. Elle aurait été capable de cramer la sale gueule de Varsaw.

* Avec des si... on serait tous rentré sain et sauf...*

La culpabilité le minait. Avec tout ça, il se sentait totalement impuissant pour Valerian. Diantre ! Pourquoi !! Ses muscles de mâchoires se crispèrent. Ce n'était nul le moment de paniquer. Il soupira un bon coup et regarda Hestel. Dans son état, il comprenait son doute quand à la récupération de sa magie. Qui sait depuis combien de temps ne s'était-elle pas reposée correctement ? Enchaînée à ce foutu piquet, toute seule sans soutien, sans présence familière... Il se perdit quelque peu dans ses émotions sur ses propres responsabilités dans tout ce qui s'enchaînait et de ses songes quand à parer à un nouveau problème. Il plongea le morceau de torchon dans l'eau claire du seau, le rinça, l'essora, pour ensuite nettoyer doucement le front de la jeune femme encore couvert de quelques tâches de boue séchée. S'il avait eu plus de certitude sur le temps qu'il lui restait, il l'aurait prise dans ses bras. Mais le sablier du Temps se vidait lentement, grain après grain.

Hestel, sentant cette marque d'affection d'un ami à une amie, ne put retenir ses larmes, sanglotant un peu plus. S'il pouvait, il prendrait sa place ! Et celle de son frère, pour qu'ils puissent rentrer tous les deux, en vie, à leur pays ! Ses oreilles captèrent assez rapidement une certaine forme d'agitation. Les trois gardes en faction causaient à quelqu'un. Bordel ! Il commença à se remettre debout quand un individu pénétra dans le chapiteau, dans une arrivée soudaine comme déterminée.

Varsaw !

Artane ne s'était pas tout attendu à le voir débarquer. Il se tenait droit, sans béquille, son masque entier comme s'il n'avait jamais été endommagé ! Hallucinait-il ou était-ce son frère jumeau ? La posture d'un homme sûr de lui, sûr de ce qu'il voulait se dressait devant lui.

Comme à la mine.
Face à lui, lui barrant la route, essayant de l'empêcher d'accomplir sa mission.
Face à face, pour l'empêcher d'agir.

Il manqua de réagir par réflexe en appelant sa magie pour le frapper d'une bourrasque. Le Sénéchal avait retrouvé de sa malveillante superbe et interrogea déjà ce qu'il considérait comme un Sergent au sein de ses rangs, crachant sa question de ce qu'il croyait faire. Artane fit mine de reculer d'un pas, pour donner le change devant l'approche du Teïderien. Au cas où, il avait déjà un sort prêt à lui balancer à sa sale face...Il remarqua brièvement qu'il ne marchait pas totalement d'un pied assuré. Ce salaud avait employé Murlu pour se soigner plus vite.... enfoiré....

D'un coup sans prévenir, en même temps qu'il beugla une fois sa question, Le Sénéchal avait allongé sa foulée pour se mettre à hauteur d'Artane et le choper violemment au col de son uniforme. Artane s'était crispé, se retenant toujours de répliquer offensivement. Car cet homme... Cet enfoiré, restait et demeurerait un ennemi. Mais sa couverture actuelle n'était pas compromise. Il grimaça en voyant qu'il n'était qu'à quelques centimètres du masque qui dissimulait l'horreur véritable supporter les quelques centimètres

''Je...''peina-t-il à articuler..''Je n'ai fait que lui nettoyer le visage, Rien de plus ! Juste pour la remettre en condition  ! Ces putains de gardes la.....

VArsaw le plaqua violemment contre un des montants du chapiteau. L'Estien grogna, ravalant la souffrance de la rencontre violence avec la colonne inerte. Il crut qu'une de ses côtes fêlées se brisa sous la brutalité du choc. Heureusement, elle tint bon, lui laissant une sensation désagréable de tension osseuse sous l'effet à encaisser. Au moins, sa régénération avait presque achevé de guérir ses blessures  

Hestel, qui assistait bien malgré elle, à la violence portée sur son lieutenant par l'être qui l'avait capturé, ne put que tenter de parler, pris dans ses sanglots. Le coeur du Lieutenant s'étreignit en la voyant tenter quelque chose pour lui. Ses plaintes n'eurent aucun effet. Le Sénéchal n'était que pierre froide dans son âme, comme tous les Teïderiens !

Ses yeux écarquillés, Artane s'inquiéta de sa perte de contrôle de la situation. Il n'était qu'un pantin dans les mains de Varsaw, qui le poussa déjà vers la sortie. La voix rageuse et tonitruante de Varsaw pulsa douloureusement à ses oreilles. A l'instant où il savait qu'il sera jeté dehors comme un vulgaire détritus, se préparant à encaisser la chute dure sur le sol en dehors de la tente, Varsaw s'était immobilisé.
La dizaine de secondes qui s'écoula, pendant que les deux hommes se regardaient en chien de faïence, furent presque écoeurante à les sentir s'écouler. Qu'est ce qu'il foutait. Venait-il de se rappeler de son visage dans la mine ?

Varsaw parut un poil, juste un poil se calmer, tenant toujours fermement le col de son ''Sergent''. Quoi, une petite sortie ? Quelle idée sordide venait de franchir son esprit de fanatique ? Artane dut se rendre à l'évidence... Sa réplique à la taverne avait fait mouche.... trop bien mouche. Diantre... Qu'avait-il fait ?

*****

Il fallut peu de temps pour qu'une troupe d'une quinzaine d'hommes à cheval fut composée, sous l'injonction endiablée du Sénéchal. Il avait ordonné que chaque homme soit équipé comme pour affronter l'ennemi. Artane, qui se retrouva compris dans le lot des cavaliers, n'avait pas bronché durant les préparatifs, évitant de croiser le regard de Varsaw. Par contre, cette fois... il eut un pressentiment plus qu'effrayant. Voir terrifiant. Il le chassa rapidement, pour pas se miner le moral sur ce qu'il prévoyait de faire.

Quand les soldats furent prêts, ils étaient déjà tous à cheval. Les deux prisonniers, Hestel et Valerian, avaient été menés séparément hors de leur tente. Varsaw avait exigé qu'ils sortent de là, bâillonnés et un sac en toile de jute couvrant leur tête. Puis, on avait mis chacun des sergents en travers de la selle d'un cheval, les ligotant à la selle si l'idée leur prenait de se laisser tomber pour tenter de s'échapper. Hestel avait crié, tenant de se débattre quand on la menait à sa monture. Les tripes d'Artane se nouèrent  à cet ultime sursaut combatif. Il remarqua que Valerian avait tourné la tête, bien que masqué par le sac, reconnut la voix de sa soeur. Il s'était figé, avant qu'on le bouffe en avant.  Le Lieutenant ne pouvait que trop imaginer l'accablement de Valerian de savoir sa soeur aux mains de l'ennemi... Hestel ne s'était pas débattu longtemps. Mais pas une seule fois, elle n'avait appelé à l'aide son officier, le savant pas loin. Artane passa une main sur son visage, espérant que c'était pour virer quelque chose que le démangeait. Hestel demeurait si brave...alors qu'ils étaient tous les trois sur une pente très raide. Une fois sorti du QG, il n'aura plus grande largesse d'action. Il n'aura qu'une seule opportunité pour agir.

Il ne devait pas faillir.

La troupe à cheval se mit en route. Les deux prisonniers étaient surs leurs montures, l'une attachée à l'autre , un soldat tenant la corde de cette petite colonne. Le trot vut la vitesse maximum permise pour pas que les chevaux se fatiguent trop vite, chargés d'équipement.

A peine sortis du camp, ils prirent la direction de l'Est.

La direction du Mur.
Le Mur.
Varsaw avait équipé ses hommes pour se battre.
Hestel et Valerian étaient présents.

PUTAIN. VARSAW ! FILS DE CHIENNE !  S'il était dans l'idée de se montrer au Mur pour que leurs Frères voient ses deux compagnons se faire tuer sous leurs yeux en bravade.... Car il voyait que cela.. Ou alors c'était pour le faire sortir de son trou ! Puisqu'il cherchait toujours le Lieutenant de la troupe Estien qui avait osé bravé son autorité, le mettre aux yeux de ses hommes en lui échappant plusieurs fois.

La hargne de savoir cela... il peina réellement à la tenir. Il devait attendre. Patienter d'avoir les bonnes conditions. Son esprit de Lieutenant avait repéré la présence de six arbalétriers dans la colonne...Si sa monture ne lui faisait pas défaut, il pourra bousculer celle du garde qui tenait la corde qui guidaient les deux chevaux portant ses deux sergents... Mais pour cela, il devra pour prendre le bon angle vis à vis de la troupe en déplacement... pour que ses sorts soient le plus efficaces possible.

Les marécages furent en vue. Artane se prépara. La troupe entra dans les terres boueuses, suivant un cheminement naturelle de terre plus tassée pour que les chevaux passent sans trop d'effort... Ce fut le moment !

Il talonna son cheval, s'écartant de la troupe, vit virevolter l'animal qui se cabra de moitié sous l'effort demandée, avant de repartir au galop sur... le cavalier qui tenait la corde des deux prisonniers. Juste avant de percuter le canasson de sa cible, il invoqua une violente bourrasque venteuse en direction des premiers arbalétriers, renouvelant l'acte magique dans la foulée pour les suivants.

Son cheval poussa un hennissement quand son poitrail percuta celui visé... Le garde tomba de sa selle. La corde ? Artane la rattrapa à temps, frappant les flancs de son cheval pour partir le plus rapidement vers le Mur. Il appela plusieurs fois à la suite, un vent de sable, pour espérer occulter sa fuite dans les marais, prenant la direction nord est, tenant fermement la corde qui le liaient fragilement à ses eux sergents, ballotés et malmenés dans l'action. D'ailleurs, il balancera en eilyntérien :

''Tenez bon !''

Il aurait pu dire plus pour redonner espoir à ses deux compagnons et amis... Mais l'incertitude de la réussite se faisant tellement croissante...
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 2 Fév - 3:09
14:01 - 29 Maïa de l'An 1999

Varsaw ne bougeait qu’à peine, perché sur son cheval il fixait obstinément l’avant tandis qu’il trottait en tête de peloton. Il fallait forcément que quelque chose vienne pourrir cette journée, et quand ce n’était pas le Lieutenant d’Eïlynster c’était le Sergent Roktan, quel petit imbécile bordel. Si seulement il vivait dans un monde où ses hommes savaient se tenir il pourrait prendre les décisions selon son bon vouloir mais malheureusement pour lui la réalité était tout autre. Quinze hommes, parmi lesquels six arbalétriers montés, deux spécialistes et le reste étaient de simples soldats. Ils faisaient route vers l’Est pour se diriger vers la frontière mais Varsaw n’avait rien expliqué à ses troupes, il souhaitait conserver l’élément de surprise pour les prisonniers et il ne savait pas si ses hommes auraient la langue suffisamment bien pendue pour ne pas gâcher son effet. Ils approchaient des marécages et sans tourner la tête il entendit derrière lui un des chevaux se cabrer, ça arrivait de temps en temps quand un sabot s’enfonçait dans un trou meuble ou un terrier de nuisible qui se trouvait là.

”Conti-” mais il ne put finir sa phrase.

Les cris de surprise de ses troupes lui firent faire volte face, tirant aussi violemment sur les rennes de son cheval ce qui le força à ruer et à s’arrêter abruptement. Il vit de ses yeux ébahis que le Sergent Roktan avait forcé un de ses hommes à terre, s’emparant de la cordée de prisonniers et commençant déjà à tracer en ligne droite vers le nord est. Mais qu’est-ce qu’il… Un vent de sable épais se leva soudainement, un vent de ce qu’on avait pas l’habitude de voir dans les marais humides où la poussière était toujours trop lourde pour voler: de la magie? Varsaw piqua son cheval de ses éperons:

”Allez hue! Taïaut taïaut!” Sa bête se jeta vers l’avant, galopant en sous-vitesse à cause du vent qui les gênait.

Qu’est-ce qui lui prenait à Roktan bordel de merde? À quoi il jou… La magie de veNT, C’EST LE LIEUTENANT, ROKTAN C’EST LE PUTAIN DE LIEUTENANT! Les connections furent soudainement faciles à tracer pour Varsaw, la mine, le type avait survécu au barrage grâce à sa magie, pas grâce à un miracle du Père, il avait demandé après la prisonnière, tout faisait sens… Il était entrain de le perdre, merde! Foutu magie de tricheur DE MERDE! Néanmoins il pouvait entendre les galops des destriers de ses soldats frapper le sol derrière lui à quelques mètres d’écart, il n’avait pas été le seul à prendre le réflexe de courser ce sale rat. Une fois les vents retombés il put apercevoir les trois chevaux qui bougeaient avec difficulté, non seulement l’estien tranchait à travers les marais pour se réfugier dans la tourbière donc les canassons avaient du mal à assurer une course sur le sol trop meuble, mais en plus de ça les prisonniers attachés à leurs selles et les poings liés dans le dos ne pouvaient pas diriger leur montures qui n’avançaient que parce que le Lieutenant les tirait à la corde juste devant elles, ils avaient donc une vitesse bien inférieure à un grand galop.

”Te voilà, imbécile.” Varsaw était furieux, il l’avait enfin sous les yeux ce mécréant, ce vaurien qui l’avait hanté une bonne partie de la semaine.

TCHAC!
TCHAC TCHAC!

Des carreaux d’arbalètes se mirent à fuser dans leurs direction, le Sénéchal les retint:

”NON, cessez le feu, ne leur tirez pas dessus vous risquez de les avoir pour de bon. Je les veux VI-VANTS” En plus, il gagnait du terrain lentement, il était sûr de pouvoir les rattraper au fur et à mesure qu’il les pourchassait mais plus il tardait et plus ils se rapprochaient du Mur…

Aller… aller plus qu’une dizaine de mètres les séparaient maintenant… ALLER BORDEL!

***

Au même moment

Une rainette était une fois de plus en train de gravir la feuille effilée d’un roseau pour trouver un poste où croasser. Sa vision qui couvrait presque les trois cents soixante degrés autour d’elle n’était pas parfaite puisque le petit animal n’était capable de voir nettement qu’en face d’elle, par contre une vision même trouble de sa périphérie et de ses arrières lui permettaient de surveiller les mouvements. C’est pour cette raison qu’elle ne percevait pas la présence du Mestre d’Arme Dojovich qui était accroupi à sa droite, à une cinquantaine de centimètres d’elle. Le soldat ne bougeait absolument pas, il se tenait tapis, immobile entre deux touffes de roseaux, d’ailleurs ce n’étaient pas des roseaux, en réalité aucune plante n’était désignée par cette appellation, on disait des poacées ou des Sagnes, c’est son père qui lui avait appris ça quand il était jeune. Savoir ça ne le faisait pourtant pas se sentir supérieur, c’était du savoir de chasseur. Il était conscient que les cabocheux eux ils savaient des trucs comme… comme euh… pleins de trucs, de la même manière que lui faisait la différence entre une gerbille et une souris à quelques mètres sans avoir besoin de l’attraper. Il s’ennuyait un peu à chasser les estiens quand il n’y avait pas d’estiens à chasser, c’était comme… euh… comme chasser des sangliers quand il n’y avait pas de sangliers. Alors il chassait autre chose, là il essayait tout doucement d’attraper une rainette, à la main, il était sur le côté de l’amphibien alors pour la choper avant qu’elle ne saute ailleurs il approchait tout doucement sa main par derrière l’animal, postant son bras un tout petit peu au dessus de la bête pour pouvoir hop! D’un coup l’empoigner comme ça. La bestiole sauta au dernier moment mais s’y prit trop tard et Dojovich chopa son cul et ses pattes dans sa main gauche, ha! Il l’avait eu! Le Mestre tout content se releva et caressa la grenouille verte du dos d’un doigt, la texture était visqueuse et froide mais c’était rigolo, quoique certains de ses camarades auraient trouvé ça un peu dégoûtant sans doute, eux qui étaient souvent des rabats-joies ou des geignards. Il se demanda quoi faire de la rainette, il pourrait la manger, les cuisses étaient délicieuses si grillées correctement mais… Ses sens de chasseurs se mirent en alertes.
Après avoir tendu l’oreille, ses sens de tueurs se mirent en alertes eux aussi.
À l’ouïe c’était du gros gibier, le genre de gibier qui il en était sûr parlait l’eïlynsterien et qui portait des uniformes de soldats de l’Est… Ce qu’il entendait n’était pas vraiment identifiable pour le moment mais il percevait des cris, des éclats de voix, des hurlements et le galop de chevaux. Il prit une position la plus dégageante possible pour sa vue et chercha la source des galops du regard, émergeant d’un mur de poacées il vit un spectacle surprenant, trois montures harnachées de deux trois besaces, sur la première un soldat Teïderien, sur les deux autres des cavaliers ligotés comme des jambons qui ne pouvaient que se faire trimbaler par leur monture. Dojovich eut à peine le temps de se demander ce que signifiait une telle apparition qu’il vit le Sénéchal à cheval émerger à son tour de la tourbière. Il le voyait tendre la main pour essayer d’attraper le premier étalon à sa portée, apparemment c’était une course poursuite hein? Dojovich arma son arbalète et s’accroupi pour stabiliser sa position, il détacha l’arceau de recharge de l’arme lourde et la braqua en direction du cheval de tête. Plus il visualisait un point particulier et plus il savait que sa précision augmenterait, ses yeux fixaient sa cible avec la redoutable obsession du prédateur qui s’apprêtait à bondir, mais lui n’aurait pas besoin de bouger plus que le doigt sur sa détente… TCHAC Fiuuuuuu… Mouche! Tout juste à la base du cou de la bête, celle ci commençait déjà à galoper de travers, affolée par la douleur et la perte de sang soudaine tandis que son cavalier déséquilibré tentait désespérément d’en reprendre le contrôle. Ce fut inutile, la monture s’écrasa au bout d’une vingtaine de mètres envoyant son cavalier rouler au sol dans la boue. Héhéhé, une belle proie, un beau gibier. Il réenfila son arbalète autour de son épaule et marcha en direction du Sénéchal, c’était son supérieur qui allait être content.

***

Pendant ce temps à une trentaine de mètres…

”TU ES À MOI!”

Pas le temps de se demander d’où venait le carreau, il avait enfin sa proie à sa merci, Varsaw ralentit progressivement sa monture jusqu’à s’arrêter à quelques mètres de l’estien qui se relevait péniblement et descendit promptement de sa selle, mais au lieu de se diriger vers le Lieutenant, il attrapa plutôt la jambe attachée de la Sergente et coupa d’un coup de couteau le lien qui la maintenait assise. Il tira ensuite violemment sur sa jambe pour la faire tomber sur lui et il lui attrapa la gorge sur laquelle il plaqua la lame de son arme. Un sourire carnassier s’affichait sur son visage et Varsaw regrettait presque que le Lieutenant ne puisse le voir à cause de son masque.

”PLUS UN GESTE LIEUTENANT. Sinon je risquerai de glisser.”
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 2 Fév - 11:12
Son sortilège provoqua la cohue. La surprise était générale au sein de la troupe. L'effet de surprise ne durera pas. Et surtout pas suffisamment pour permettre à l'Estien de distancer les Teïderiens dans les marécages. Pourtant, Artane se raccrochait à la force du désespoir. Il enfonçait  ses talons dans les flancs de sa monture pour lui imposer de tenir l'allure. Les sabots s'enfonçaient dans le sol à moitié humide, demandant plus d'efforts à son équin. Derrière, les deux autres destriers sur lesquels se trouvaient Hestel et Valerian, éprouvaient les mêmes difficultés, en plus d'avoir les oreilles tendues se mouvant dans tous les directions, avec les yeux écarquillés. Avec le cri des soldats et la course poursuite lancée derrière eux, les bêtes essayaient tant bien que mal de tenir elles aussi la cadence. La corde qui les liaient l'un derrière l'autre, leur imposait d'arquer leur encolure et leur tête en avant pour suivre l'ordre muet qu'elle leur communiquait de manière très raide et très inconfortable. En conséquence, pour ne pas chuter sur le terrain trop meuble pour permettre un rapide galop, les deux destriers privilégiaient l’équilibre que la vitesse. La nature du terrain marécageuse ne jouait donc pas à la forte volonté désespérée du Lieutenant de s’échapper.

Un carreau manqua de lui frôler le crâne. Les dents serrés, il se retourna. Une bonne partie des cavaliers s’était lancée à sa poursuite. Il les maudit. Plus particulièrement le Sénéchal qui venait d’aboyer de cesser les tirs. Il était en plein galop, à moins d’une dizaine de mètres de lui. La distance se réduisait inexorablement à chaque foulée. Le cheval d’Artane entra dans une zone végétale épaissie de hautes graminées. L’Estien poussait toujours sa monture à maintenir l’allure. Pourrait-il perdre ses poursuivants là dedans ? Merde une trouée ! Peut être la prochaine sera salvatrice. A condition d’en avoir le temps ! L’équin de Varsaw apparut derrière, toujours à sa poursuite.  Artane se positionna sur sa selle, à demi-tourné vers l’arrière, pris par une farouche détermination à ne pas laisser le Teïderien masqué tenter d’attraper la corde qui tirait le dernier cheval. Il tendit sa main dans sa direction, dans la ferme intention de lui lancer une boule d’air et le faire choir ce sale enfoiré. Son cheval trébucha, hennissant de douleur, manquant de le désarçonner.

Se rattrapant comme il put sur sa selle, pris de coup. Il reprit fermement les rênes en main. Sa monture partait de travers.  Artane comprit en voyant la hampe d’un carreau sortir des chairs déchirées sur la base de l’encolure. Le sang coulait en un flot mortel le long de la robe humide de la boue de la tourbière.

*Merde !!*

Derrière, les deux autres chevaux qui portaient ses deux compagnons galopaient toujours, malgré qu’il n’y avait plus de corde qui les tiraient. Sans broncher, ils suivaient le mouvement.

Tentant de garder le contrôle sur son cheval blessé, l’Estien ne put que suivre que suivre la chute du malheureux animal. Projeté de la selle, il roula boula sur plusieurs mètres. Diantre ! il était à terre ! Il était perdu ! Ses deux compagnons aussi. Il lutta déjà contre la douleur de sa chute qui l’avait à moitié assommé. ALLEZ, DEBOUT BON SANG !

Les chevaux qui portaient Hestel et Valerian avait stoppé leur chevauchée, reniflant le cadavre de leur congénère.

Varsaw arriva, stoppa sa monture. Artane avait réussi à se relever. Il manqua de faire un pas en arrière quand la scène qu’il avait en face de lui le mortifia. Ce fils de chien ! Il serra les poings ! NONN ! Il crut que son coeur se figeait d'effroi sur ce qu'il voyait.

Il tenait Hestel, sa lame prête à lui trancher la gorge. Que pouvait-il faire ! Cette saloperie vivante l’égorgera s’il tenait quoique ce soit ! L’accablement et la détresse fit qu’il desserra les poings et ses épaules s’affaissèrent à cette défaite plus qu’évidente. Autour d’eux, les autres cavaliers les encerclèrent. Le Lieutenant ne bougeait pas. L'étau était désormais refermé sur lui. Il ne pouvait plus fuir. Il n'y avait plus d'échappatoire possible. Perdre ainsi... capituler pour pas qu'Hestel se fait tuer par sa faute.... Cela lui laissa un goût horrible dans la bouche. Bordel ! BORDEL ! A cause de ses tentatives, Valerian... Hestel resteront des prisonniers et des jouets pour les Inquisiteurs !

Il était impuissant ! Il ne pouvait plus rien faire pour s'échapper de leur funeste destin !


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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 2 Fév - 15:31
14:24 - 29 Maïa de l'An 1999

La pointe de son couteau s’enfonçait très légèrement dans la gorge d’Hestel au rythme de la respiration de Varsaw. Il serrait la femme contre elle avec fermeté et celle ci avait cessé de se débattre lorsqu’elle avait senti l’acier froid de la lame contre sa peau. Le Sénéchal regardait intensément l’estien au travers de son masque, il surveillait son langage corporel, ses gestes, son expression faciale, il cherchait n’importe quel indice qui lui indiquerait pour quel choix son ennemi opterait.

Les épaules du Lieutenant se baissèrent en même temps que l’expression sur son visage se décomposa, et à cette vue Varsaw se réjouit d'allégresse. Un mouvement à sa droite attira son attention et il vit le Mestre d’Arme Dojovich s’approcher, une arbalète lourdement posée sur son épaule, c’était donc lui qui avait abattu la monture en pleine course, logique. Peu nombreux étaient ceux parmis ses hommes qui étaient capable d’un tel tir et l’officier muet pouvait se targuer d’avoir une des meilleures mires de la 4ème Division.

”Beau tir Dojovich, prends une corde dans une des sacoches et ligote donc celui là.”

Sur le côté de sa vision il pouvait voir le soldat fouiller dans les diverses besaces accrochées aux sanglons des selles et finir par trouver une corde, il attendit patiemment que son subalterne passe derrière l’estien pour lui lier les mains dans le dos, tandis que le Sénéchal le fixait obstinément tout du long, sans jamais dévier une seule fois son regard masqué.

”Tout doux, un geste brusque et tu peux faire tes adieux à ton amie…”

Derrière le Lieutenant son collègue lui fit un signe de la main pour lui signifier que la corde était nouée et bien serrée puis le Mestre frappa du talon le mollet de l’estien pour le forcer à genoux. Parfait. D’un coup brusque de la main il fit tomber Hestel de sa selle sur le sol et la laissa par terre dans la boue, à côté de lui le cheval de Valérian ne bougeait pas et tout autour d’eux, les hommes de l’escorte de Varsaw les rejoignaient peu à peu. Le silence était pesant tandis que tous attendaient maintenant que le Sénéchal prenne la parole, il pensa un cours instant à ce qu’il allait dire, ou plutôt à comment il allait le dire, car il savait déjà ce qu’il avait envie de jeter au visage de son ennemi vaincu.

”Et dire que je t’ai montré mon visage, je comprends mieux ta réaction à la taverne tout à l’heure, ce petit double sens dans tes mots, malin. Intelligent. Les rats n’ont jamais étés connus comme des animaux stupides, j’aurai eu bien tort de te sous-estimer… Ha ha ha!” Il relâcha la pression de sa lame du cou de la Sergente, commençant à avancer vers de quelques pas vers sa nouvelle prise. Arrivé en face il lui décocha une violente droite au visage de la garde de son couteau et le rattrapa immédiatement par le col pour le maintenir debout. ”ÇA! C’est pour t’être cru plus malin que moi! Je comprends mieux maintenant pourquoi tu ne vois pas à quel point nos deux peuples peuvent présenter d’uniques points communs, c’est parce que tu es aveugle, mais laisse moi t’ouvrir les yeux, je vais te montrer un visage de douleur, la vraie souffrance.”

”Dojovich, bâillonne moi cette petite merde.”

Et sur ce, Varsaw mit un uppercut de plus dans le ventre de l’estien à terre pour le forcer à ouvrir la bouche tandis que Dojovich plaqua un tissu sale contre la commissure de ses lèvres pour l’empêcher d’articuler. Satisfait, le Sénéchal recula de quelques pas pour admirer l’homme sans défense à ses pieds avant de se diriger vers la Sergente qui était face contre terre, respirant avec difficulté à travers la toile de jute imbibée de boue qu’elle avait sur la tête.

”Debout!” Il attrapa l’arrière du col d’Hestel et la força à se redresser pour être dans la même position que son Lieutenant, à genoux dans la boue, le cul par terre. ”Et maintenant on va faire un choix madame.” D’un coup il retira la toile de la tête d’Hestel. ”Je n’ai besoin que d’un seul d’entre vous en vie, pour gage de ma bonne foi je vais envoyer un de vous au choix de retour vers le Mur. Donne moi les informations qui m’intéressent… et tu pourras choisir qui meurt et qui vit.” Il tenait la Sergente par les cheveux en forçant sa tête péniblement vers le haut pour qu’elle le regarde, il s’approcha de la monture de Valérian en la traînant après lui et une fois devant, il retira le sac de sa tête. ”Vous êtes quoi tout les deux? Mari et femme? Mmh? Frère et soeur? Amis d’enfance peut-être? Dis moi.”

”Noo-oo-oonn ah hahaaaa noooon pitié…” La femme pleurait à chaudes larmes, comprenant qu’il n’y avait pas de bonne réponse au dilemme qu’on lui proposait. Sa voix déraillait et elle manquait presque de s’étrangler en pleurant.

”-QUI EST-CE?”

”-Mon frère! C’est mon frèèèère.”

”-Aaah!” Il grimaça et émit un son de grincement de dent audible à travers son masque. ”Choix difficile alors, qui sauver? Qui sauver sachant qu’une mort brutale et froide attends celui que tu condamneras à mort?” Le Sénéchal s’accroupissait pour être à quelques centimètres de la Sergente, le visage de sa proie était déformé par l’angoisse, le désespoir et la panique. ”Ton supérieur hiérarchique qui vient de tout tenter pour vous sauver la vie au risque de la sienne? Ou l’homme qui te connaît le mieux au monde, avec qui tu as partagé le ventre d’une mère? T-t-t-t-tssss. Regarde les bien, celui que tu ne choisi pas tu le verras pour la dernière fois.”

”-Nohohohooonn pitiééé.. pit-pitié je vous en supplie… s’il vous plaît…”

Ses mots s’entendaient à peine, ce n’était qu’un gargouilli incompréhensible au milieu de ses pleurs. Le Lieutenant tenta de se manifester en grommelant à travers son bâillon mais un coup de genou du Mestre le rappela à l’ordre. De son côté Varsaw frappa Hestel avec son arme, utilisant cette fois la lame pour créer une entaille dans l’épaule de la Sergente.

”AAAAAAAHH”

”-IL N’Y A PAS DE PITIÉ. TU DOIS FAIRE FACE À LA SOUFFRANCE C’EST INÉVITABLE, ALORS REGARDE LES DANS LES YEUX.”

D’un coup de main il la rattrapa par les cheveux et la contorsionna pour qu’elle voie son supérieur. Celui ci eut un léger hochement de tête. Imperceptible, mais c’est tout ce dont son coeur brisé avait besoin pour ramasser les quelques miettes de courage qui dormaient encore en elle, elle regarda ensuite son frère, les yeux bouffis des larmes de tristesses, des larmes de douleurs, des larmes de chagrin. Son frangin était debout sur son cheval, il regardait avec peine Hestel et elle devinait ce qu’il aurait voulu prononcer si sa bouche aurait pu se débarrasser du tissu qui l’encombrait.

”Pour le Mur.” Les trois syllabes sortirent tout juste de sa bouche. ”Mon frère, je choisit mon frère…”

Sans hésitation le Sénéchal lâcha brutalement la femme qui retomba lourdement contre le sol boueux, vidée de toute force devant la fatalité qui venait de passer ses lèvres. Varsaw se releva et alla fouiller dans la besace de son équin pour en retirer une petite boîte d’allumettes. Il en gratta une, la regarda s’étioler et se consumer avant de mourir, il commença à faire les cents pas en passant derrière le Lieutenant, se payant le luxe d’en écraser une encore brûlante sur la joue de l’estien tout en disant:

”La douleur du deuil, la souffrance de la perte, n’est pas juste la peine de ne plus jamais revoir un proche.” Il alluma une tige de plus. ”C’est aussi le remord de tout ce qu’on aurait voulu dire à cette personne et dont on n’aura plus jamais l’occasion d’en parler.” Passant à côté du cheval de Valérian, il gratta une allumette et caché de l’autre côté de la monture par rapport aux deux prisonniers il la passa dans la besace pour mettre le feu à quelque chose, discrètement. Puis il craqua une allumette de plus et la tendit sous la queue du cheval, embrasant lentement les poils. ”Qu’est-ce que tu aimerais dire à ton cher Lieutenant? Mmh? Réfléchis bien tu n’as plus très longtemps pour te prononcer.” Immédiatement le cheval se rua vers l’avant, disparaissant dans les buissons de roseaux en direction du Mur en emportant le Sergent ligoté à la selle avec lui. Le hurlement déchirant et étouffé de Valérian s’éloignait au fur et à mesure que sa monture s’éloignait, on devinait tout de même le nom de sa soeur malgré le bâillon. La femme était tétanisée, son corps incapable de bouger à cause de la faiblesse qui l’envahissait. Varsaw voyait déjà une profonde douleur, mais ce n’était pas encore son vrai visage de souffrance. Bientôt pensa-t’il. ”Qu’est-ce que tu vas lui dire? Hmm? Fait lui tes adieux.”

Hestel croupissait par terre, elle prit une petite seconde pour atténuer ses sanglots.
Elle prit trois secondes pour lui dire qu’elle était ”...désolée de ne pas avoir été à la hauteur.”
Elle prit deux secondes pour rajouter ”Ni assez forte…”
Elle prit cinq secondes pour s’appitoyer et lui dire qu’elle ne méritait pas qu’il se démène autant, qu’elle ne valait pas la peine d’être sauvée.
Varsaw prit cinq secondes pour dire ”C’est si émouvant, maintenant ça me rend curieux de savoir ce que tu aurais dit à ton frère.”
Hestel mit trois secondes à comprendre.
Elle n’eut qu’une seconde pour écarquiller les yeux.

Vingt.

Le bruit de la déflagration survint à environ une centaine de mètres d’eux, à l’est. Les bombes de poudre noire à mèches longues dans la sacoche du cheval de Valérian avaient enfin atteint les détonateurs et explosé.

”Oups. Quel maladroit je fais. C'est bête il n'en restera même pas un morceau pour le ressusciter”

Pour Hestel, tout se passait au ralenti, le Lieutenant se débattait comme un fou furieux, gesticulant de rage pour essayer de se libérer de la poigne de Dojovich et se jeter sur Varsaw mais sans succès. Le Sénéchal qui se rapprochait d’elle, s’accroupissant lentement pour lui saisir le bras droit. Sa vision était trouble, elle n’entendait plus qu’un sifflement strident tandis que le monde tournoyait autour d’elle à la fois à toute vitesse et à la fois si lentement. Tout était si lent…
Son sang sortait de ses veines ouvertes sur son bras… le Sénéchal essuyait la lame de son couteau, le Sénéchal… le Sénéchal, le Sénéchal!

Mihkaï se releva après avoir exsanguiné la Sergente, et celle ci se mit soudainement crier à ses pieds, hurlant à la mort de douleur mais incapable de bouger tandis que son sang se répandait lentement sur le sol. Il essuya sa lame sur sa manche et se retourna vers l’estien pour dire d’une voix suffisamment forte pour se faire entendre malgré les vocalises de la mourante:

”REGARDE LA LIEUTENANT. REGARDE LA SOUFFRANCE DANS SON VISAGE. OSE ME DIRE QUE VOUS NE CONNAISSEZ PAS CE GENRE DE DOULEUR, C’EST UN FARDEAU QUE NOUS PORTONS TOI ET MOI. NI AKKATON, NI IKHYLD. ET POURTANT VOUS, LÂCHES QUE VOUS ÊTES, VOUS FUYEZ CETTE DOULEUR.” Il reprit d’un ton plus calme et posé à mesure que l’énergie vitale d’Hestel quittait son corps et qu’elle sombrait dans un sommeil languissant ”Pourquoi est-ce que j’interrogerai des Sergents…”

”-Mon Sénéchal.”

”-...Quand j’ai un Lieu-”

”-SÉNÉCHAL!!!”

”-QUOI?”

Varsaw fit volte face pour trouver celui qui l’interrompait avec insistance, il trouvait singulier que tout ses hommes regardaient dans la même direction, mais lorsqu’il en vit un braquer son arbalète vers l’ouest, il suivit du regard ce qu’ils semblaient fixer
Une Grundea.
Elle était énorme, le monstre devait bien mesurer trois ou quatre mètres de haut et ses pattes griffues et solides comme le roc étaient brandies en l’air en signe d'agressivité, à côté d’elle quelques petits Grundea se planquaient derrière leur mère. Merde.
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyVen 3 Fév - 11:52
Artane évita de tourner la tête quand il entendit des pas se rapprocher de lui. Autant éviter de donner un motif à l'autre fils de pute une excuse pour blesser Hestel ! Un nom fut prononcé? Dojovich.... C'était lui qui avait tiré sur son destrier et qui l'avait fait choir ? C'était là un nom qu'il ne devait pas oublier. Ne pas oublier... Pourquoi faire ? pensa-t-il amèrement. Il était fait ! Il était aux mains de ces enfoirés. Il allait connaître une mort lente entre leurs mains. Pourquoi se soucier du nom du salaud qui avait précipité sa perte ? Le regard pétillait encore de rage, et toujours braqué sur le sénéchal malgré la désillusion et l'accablement qui l'envahissait lentement. Cette lueur de combativité qui pétillait dans son regard ne tarderait pas à vaciller. A quoi bon lutter après tout ? Il avait échoué.

Dojovich avait été chercher une corde dans une des besaces de selle d'un cheval proche. Sans douceur, il tira sur les bras du Lieutenant pour les réunir et lui ligoter les poignets dans le dos. Il serra fort, quitte à lui écorcher la peau des poignets. Artane fixait toujours Varsaw. Un coup brutal lui fut décochédans le mollet. Grognant, il tomba à genoux, la posture des vaincus. Pour parfaire le tableau, le Sénéchal jeta Hestel hors de sa selle. Elle tomba à terre, dans la boue. Elle ne bougeait pas, la lame toujours plaquée contre sa gorge ; Varsaw y veillait. La moindre tentative de la part de l'Estien, la moindre réplique et elle y passait..

Les retardataires de l'équipée arrivèrent, rejoignant les autres cavaliers déjà présents. Un lourd silence s'était installé. Les hommes de Varsaw guettaient son sinistre verdict.

*Allez, vas-y, crache ton moment de gloire ! *

L'arrogance de son adversaire était sans borne à ses yeux. Ce n'était pas l'envie de franchement l'insulter qui lui manquait et de lui rappeler sa défaite à la mine. Mais, il n'avait plus cette folle témérité d'asticoter son ennemi. Autant le laisser parler si cela lui faisait plaisir... Il avait toujours ses yeux bruns dardés sur lui de toute façon. Et il le vit approcher. Là, il reçut une violent droite à son visage. Il y avait quelque chose dur qui s'était rajouté à la force du coup... La garde de son couteau. Il s'affaissa quelque peu étourdi. On le redressa de force. Ah oui, cette râclure n'avait pas fini de débiter toute sa frustration. Il garda un regard mauvais à son encontre.

Avant d'avoir un bâillon peu ragoutant en bouche, il eut droit à un nouveau coup, mais un uppercut dans le ventre, lui coupant le souffle. Son corps se plia sous la douleur paralysante. Le tissu avait un goût tellement infâme qu'il préféra ne pas savoir où il avait trainé. Il lutta pour reprendre une inspiration, le diaphragme encore cloué par la souffrance du coup reçu. Il ahana quand il y parvint enfin. Diantre ! Et dire ce n'était que le début...

Varsaw avait reporté son attention sur Hestel, la chopant par le col pour la mettre à genoux. Quand le sac de toile jute lui fit retiré, Artane crut s'effondrer sur lui-même, en voyant le chagrin et le désespoir sans nom qui marquait son visage. L'abattement lui donna l'impression de s'enfoncer dans la boue....Et il ne pouvait rien faire ! Rien ! Le Sénéchal la malmena encore tout en  la menant vers Valerian. Lui aussi fut libéré du sac qui couvrait son masque. de son visage visible, on pouvait observer son nez tuméfié. Il y avait encore du sang séché autour de ses narines et de sa bouche. Le lieutenant mordit dans son bâillon, repoussant le haut le cœur qui le prit au goût dégueulasse qui agressa sa langue. Et il manqua de se figer quand il entendit le compromis sortir des lèvres du Sénéchal.

*Pas ça ! Fils de bâtard ! *

Il grommela vainement. Le Teïderien se délectait de la souffrance qu'il imposait à la malheureuse, mis au pied du mur de devoir faire un choix. Un choix qui lui prit aux tripes et qui tentait de s'insinuer dans son esprit, car le dilemme imposé à Hestel avait quelque chose de néfaste. L'idée voulait franchir les barrières face à elle, mais Artane était trop pris dans le maelstrom d'émotions pour la laisser passer

''Choix difficile alors, qui sauver ? Qui sauver sachant qu’une mort brutale et froide attends celui que tu condamneras à mort ? '' Que ses paroles étaient écœurantes !

Incapable de faire quoi ce soir, Artane assista au jeu morbide de Varsaw, jouant sur le mental brisé de sa sergente tout en la frappant avec sa lame de son couteau. Son épaule morfla d'une entaille sanglante. Artane tenta de se relever, lâchant des syllabes d'insultes en teïderien, qui ne furent de que des mots incompréhensibles grommelés, car stoppé par la frontière en tissu qui lui barrait la bouche. Il geignit en recevant un coup de genou dans les coup. Dojovich venait de le frapper pour l'intimer à se taire. Haletant, l'Estien ne put que redevenir le témoin ligoté, désemparé face à la torture que subissait sa Sergente

La tenant par les cheveux, Varsaw lui imposa de fixer son officier. Artane la regarda. Diantre ! Mais qu'il s'en voulait ! Il n'avait jamais voulu de tout cela. Elle guettait que chose dans le fond de ses yeux. Il la fixa, essayant de la réconforter quand au choix cornélien qu'elle devra faire. Il eut un hochement de tête.

*Ca va aller Hestel... et je suis tellement désolé...*

Etait-ce une once de courage qu'il perçut dans son regard ? Il ne saurait le dire. Le Teïderien la contraignait à fixer Valerian. Ces deux là avaient une façon de se comprendre sans causer....Son frère était peinée pour sa soeur, mais il sut lui transmettre un message qu'elle murmura par après coup. et son choix tomba. Artane ferma les yeux. Il lui avait comprendre qu'il était prêt à perdre la vie pour sauver un des deux au moins.

Maintenant que le choix était fait, il lâcha la jeune femme. Totalement vidé de volonté, après avoir décidé qui devait vivre ou mourir, elle demeurait prostrée dans la boue.  Varsaw palabra encore comme un fanatique, tout en rejoignant un des canassons. Après une courte recherche, il en ressortit un boîte d'allumettes. A quoi jouait-il encore ? Quelle immonde acte préparait-il ? S'assurant qu'elles n'avaient pas pris l'eau par l'essai de l'une d'elles enrobées d'un mélange soufré. Elle s'enflamma une fois qu'il eut frictionné sur une surface sèche et rugueuse. Elle brûla, se consuma et expira dans un fin filet de fumée blanchâtre. Après avoir son petit manège de marcher derrière le Lieutenant, il en craqua une autre, la laisser comburer avant de finaliser son extinction sur le visage du Lieutenant. Forcément, pour renfoncer le clou de la souffrance, il l'appuya là où il l'avait frappé tantôt. Artane ravala un grognement de douleur. L'enflure ne se privera de la suite pour son sadique plaisir.

Et toujours cette sinistre pensée qui cherchait à s'insinuer dans la tête d'Artane. L'angoisse montait avec elle, même si elle avait toujours pas de voie pour s'exprimer. Cette impression croissante l'effrayait de plus en plus... Ne pas arriver  mettre le doigt dessus était une torture.

Il n'avait d'yeux que pour Hestel, elle qui était torturée dans les mains et dans les paroles de Varsaw, qui l'empoisonnait à chacun de ses mots. Pourquoi ne s'en prenait-il pas à lui, plutôt. Lui le Lieutenant qui lui avait échappé, s'était fait passé pour un soldat, avait provoqué la destruction de sa mine et l'avait foutu dans un piteux état, pour ensuite avoir l'audace d'être présent devant lui...Cette face de cauchemar aurait dû s'en prendre à lui ! A moins que. Bordel, il n'arrivait pas à se raccrocher dessus ! Tout son être était accaparé par l'incertitude de ce qu'il vivant avec ses deux compagnons, de toute l’inquiétude qui le noyait. S'il n'avait pas décidé d'aller à cette mine, S'il avait donné ordre de partir vers le Mur.

*J'aurai dû écouter Oswald... Pourquoi ne l'ai-je pas fait !*

Une odeur prenante et sec de poils en train de cramer satura l'air déjà humide et nauséabond des tourbières toutes proches.  Le cheval portant Valerian décampa au galop, la morsure du feu qui avait pris dans ses crins lécha la peau fine de son arrière fessier. Alors pourquoi...il serra les dents et ses yeux bruns se plongèrent dans ceux rougies de désespoir et de chagrin. Valerian cria en essayant de garder sa soeur dans son champ de vision, les yeux s'embuant d'un chagrin qu'Artane ne refera plus jamais. Il tenta bien d'appeler Hestel, son nom étouffé par le baîllon. Et plus sa monture affolé s'éloignait dans les marécages, en direction de l'Est, plus ses hurlements devinrent des plaintes. Puis de vagues murmures dans le lointain. Le Lieutenant lui aussi était paralysé par le départ soudain du Sergent. C'était un déchirement pour sa soeur.

Taisant ses sanglots, elle fixa une nouvelle fois le Lieutenant. Varsaw, ce fils de chienne, était toujours à ses cotés. Son putain de masque empêchait de voir sa laideur, mais aussi de cerner la satisfaction victorieuse sur ses ennemis, en leur apportant une douleur savoureuse.

Artane espérait afficher un visage réconfortant pour sa subalterne... avant d'écarquiller des yeux. Un déclic ; le songe qui le rendait de plus en plus mal à l'aise depuis que Varsaw avait ordonné un choix à la Sergente...Ce n'était pas la jeune femme que ce salaud espérait faire souffrir. MAIS LUI ! Comment ne l'avait-il compris tout de suite ! MAIS QUEL SOMBRE IMBECILE ! Et par son manque de discernement.... Hestel s'était détruite émotionnellement. Une explosion retentit plus loin à l'Est. L'onde de choc fut comme un coup de poignard dans le coeur du Lieutenant. Valerian ! Cet enfoiré l'avait fait explosé !

D'un coup, il s'était redressé sur ses jambes, cherchant à se jeter sur le Sénéchal. La fureur découpla ses forces. Il se démena, se débattit de toutes ses forces. Il avait beau faire, Dojovich le tenait d'une main de fer.

''HESTEL ! ''lâcha-t-il dans un cri désespéré, quasi étouffé par le bâillon.

La jeune femme était comme vide, comme si la lueur de sa volonté s'était éteinte. Elle avait la tête tournée en direction de là où son frère avait expiré violemment ; il ne s'était rendu compte de rien, mais ça, cela ne lui toucha même pas l'esprit. Valerian... mort ? Elle ne réagit même pas quand le tranchant du couteau du Sénéchal se planta dans son bras pour  lui ouvrir profondément les veines. Ses sens captaient des sons, des hurlements. Son nom... Elle ne se sentit même pas tomber. Elle sortit de cette étrange hébétude quand elle comprit que la vie la quittait maintenant. A la douleur d'avoir perdu son frère à tout jamais, y avait la souffrance qui précédait la mort. Et elle hurla..

Son cri était comme un dernier appel à l'aide  celle qui précède la mort. Personne ne le saura, mais Hestel état déjà... partie. Lentement, une torpeur languissant envahissait son corps moribond. Et lentement, ses paupières se fermèrent, pour clore ses yeux déjà ternes de toute vie.

Artane était paralysé par l'horreur de ce qui venait de se passer en même pas une minute. Qu'avait-il provoqué ? Ses deux compagnons, ses deux amis... Il était le responsable de leur mort atroce ! Qu'avait-il fait ! Il se sentit retomber mollement sur les genoux, dans la boue, totalement vidé. La mort avait toujours un risque pour lui et ses hommes, mais jamais donné avec une telle perfidie. Les paroles de Varsaw s'entrechoquaient dans sa tête. Oui, il avait assisté à la souffrance croissante d'Hestel. Elle avait vu son frère partie, croyant qu'il serait sauf, avant de l'entendre lui être arraché à jamais. De contempler la couleur de la mort investir lentement son visage.... Il ferma les yeux et baissa la tête vers le sol.

Sur l'instant, plus rien n'avait d'importance. Il avait mené sa patrouille à la mort. Il avait provoqué la mort de ses deux sergents. Il pensait agir pour le Mur, pour Eïlynster. Il n'avait agi que pour lui, égoïste. Par ses décisions, ses mauvais choix, il les avait poussé à la mort ! Diantre, qu'avait-il fait !

POURQUOI !

Il voulut hurler, expulser ce qui le dévora petit à petit. Il n'y arriva pas. Et maintenant ? Maintenant, il était à la merci des Teïderiens. Il comprenait mieux le sale jeu de l'autre masqué ! Jamais il n'avait eu besoin de ses sergents. Il avait lui, une proie de meilleure choix...

Les Teïderiens s'agitèrent, beuglant autour de lui. Dojovich s'était retourné, prenant déjà dans ses mais sa lourde arbalète. Artane, le regard rivé sur le sol, se foutait de ce qui se déroulait autour de lui. Tout était terminé. Prisonnier des Teïderiens et seul, il n'avait plus aucun échappatoire possible. Quand on tombait dans leurs pattes, il n y avait que la mort au bout du chemin, après avoir longuement subi leurs tortures pour l'obliger à parler... Parler... les Teïderiens tenteront d'avoir des informations sur le Mur. Artane avait des informations, que s'il les dévoilait à ces chiens, d'autres Eïlynteriens mourront. Et par sa faute. Ca, il était hors de question. Se ressaisissant quelque peu, il tourna la tête pour voir une énorme Grundea. D'ordinaire, ces créatures étaient assez peureuse de nature. Mais celle là avait des petits. Il n'y avait pas plus dangereux qu'une mère désireuse de protéger sa progéniture. L'explosion avait dû provoquer son instinct maternel.

Tous les soldats de Varsaw se préoccupaient du monstre, attendant déjà les ordres de leur Sénéchal.

Peut être que c'était là son seul échappatoire. Sa seule chance d'éviter de rajouter la mort de d'autres Frères du Mur à sa macabre liste. Il avait les mains liés dans le dos... tant pis, il fera avec. La Grundea était une opportunité qu'il ne pouvait pas se permettre de négliger. Autant fuir et périr dans les marais que d'être torturé pour céder et tout déballer.

Il se redressa lentement, s'assurant que personne ne le surveillait. Se remettre debout ne fut pas évident. Le temps d'une brève seconde, il regarda le corps inerte et désormais sans vie d'Hestel. Il se retient de détourner les yeux.

*Hestel... Valerian... je suis.....*Il crut qu'il allait défaillir sous le chagrin qui lui tomba dessus comme une chape trop lourde à supporter. Mais s'il retombait à genoux, il sait qu'il se relèvera plus jamais.

Il se mit à courir à l'opposé de la position des ennemis, pour espérer se faire perdre de vue dans la tourbière, dans les hauts joncs... qui s'étendaient de manière touffus et denses sur plusieurs kilomètres, vers le Nord...Courir... courir. C'est tout ce qu'il lui restait à faire. Pour le Mur....[/i]
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyDim 5 Fév - 19:13
14:33 - 29 Maïa de l'An 1999

Le monstre géant fit quelques pas de plus dans la direction de Varsaw et de ses hommes, elle se tenait debout sur ses pattes arrières, affichant le plus possible de hauteur afin de paraître la plus menaçante possible.

”-Reculez! Ne la laissez pas s’approcher au contact et maintenez la formation!”

L’énorme bête se rabaissa et se réceptionna sur ses deux pattes et émit un grondement sourd qui ne manqua pas d’intimider les troupes de Varsaw. Quinze hommes sous équipés c’était un peu maigre pour une Grundea de cette taille.

”Déployez vous en largeur! De l’espace entre chaque hommes, reculez et ravancez avec elle. Maintenez la distance!” Le monstre commençait à montrer de plus en plus de signes d’agitation. ”N’approchez pas des petits.”

S’engageait entre les hommes et le monstre une dance redoutable, les Teïderiens avaient l’habitude de gérer leur faune qui comptais parmi les plus hostile au monde avec celle d’Eïrn mais d’ordinaires ils y seraient soit préparés soit en plus grand nombre face à une bestiole de cette taille là. Il fallait faire très attention, un seul coup de patte et elle pourrait facilement envoyer un homme au tapis, idéalement ce genre de bête formidable ne devait pas mourir, elles faisaient d’excellentes gardes-frontière et si jamais les petits Eïlynsteriens… Varsaw était alerte face au danger mais d’un coup il se rappela de la présence de son captif, il tourna la tête pour regarder Dojov…

”Le Lieutenant? Le Lieutenant! DOJOVICH T’AS LÂCHÉ LE LIEUTENANT!!”

Son Mestre d’Arme se retourna pour voir qu’effectivement l’estien avait profité de la confusion pour se faire la malle. Il ne restait plus sur la scène que le cadavre de la Sergente qui croupissait dans une flaque de sang mêlée à la boue. Merde. Putain de MERDE. Les cris du Sénéchal avaient un peu excité la bête en face d’eux et celle ci se sentant acculée se rua vers l’avant à la stupeur des soldats, ils bondirent sur le côté en réponse mais la patte géante s'abattit quand même sur l’un d’entre eux, le couchant au sol, inerte mais il respirait encore.

”BOUGEZ-VOUS!”

Durant une petite demie-heure les Teïderiens maintinrent une danse mortelle avec la Grundea, les yeux de Varsaw alternaient frénétiquement entre ses hommes et le monstre, ses hommes, les chevaux, le monstre, les chevaux… les besaces… Le Sénéchal sprinta vers les sacoches et les attelages pour fouiller à l’intérieur, vingt secondes. Il avait vingt secondes à partir de l’allumage de la mèche jusqu’à la détonation. Varsaw craqua l'allumette, attendit patiemment que la mèche raccourcisse tout en surveillant la distance qui le séparait du monstre et au dernier moment, il envoya en lobe la bombe vers la Grundea. KABOOM!! une énorme boule de flamme engouffra la bestiole et les hommes de Varsaw purent sentir la chaleur de la déflagration, lorsque la fumée se dissipa ils virent avec stupeur que la bête était simplement un peu amochée. L’espace d’une petite seconde, personne ne bougea, dévisageant le monstre dans l’attente de sa réaction, visiblement la Grundea fut impressionnée par la bombe et décida de ne pas risquer plus que ça sa propre santé, elle grogna fortement tout en commençant lentement à reculer. Dojovich faisait des signes insistants à leurs côtés de tenir leurs positions, il savait sans doute que la bête ne souhaitait pas se montrer plus combative. La tension commençait déjà à redescendre mais Varsaw avait toujours une préoccupation à l’esprit:

”Retrouvez moi le Lieutenant. Il ne peut pas être trop loin.”
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyLun 6 Fév - 17:45
Il avait couru. Couru droit devant lui, ne savant pas du tout s'il prenait la bonne direction ou pas. Il s'en foutait. Tout ce qu'il avait en tête était de s'éloigner le plus possible de Varsaw, cet enfant de putain. Il courait, trébuchant plusieurs fois dans des trous de vase. Plusieurs fois, son cerveau l'assaillait des souvenirs récents, le repassant en boucle. Quand il revoyait chaque scène, dont il était responsable, c'était comme un coup de poignard acéré dans le coeur de son âme. Et chaque coup reçut le vidait un peu de sa volonté de fuir. C'était de sa faute... TOUT ETAIT DE SA FAUTE ! ET SI ...

Sa botte se prit dans une racine immergée. Il chut en avant et coula dans l'eau boueuse. Heureusement, l'eau n'était pas profonde et il sut reprendre appui pour refaire surface. Le bâillon entravant sa bouche, il peina à cracher la boue qui s'était infiltrée dans sa bouche. Serrant les dents, il comprima le tissu et un fade liquide à demi collant agressa sa langue. Il eut un haut le coeur. Non, il devait pas vomir... Entravé comme il était, il risquait fort de pas réussir à tout évacuer et que cela ne retombe dans ses poumons. Il inspira lentement et profondément, pensant à autre chose qu'à ce qui pouvait être à l'origine de la base de ce goût infâme. Penser à autre chose... c'était quasi impossible. Alors il se focalisa à ce qu'il avait devant lui : l'épaisse végétation aquatique. Il n'y avait que cela autour de lui. Il se remit à marcher, droit devant lui. Courir ne lui vint même pas. Pourquoi faire après tout... Chacun de ses pas se collait dans la vase, l'eau lui montait des fois à la taille. Il s'en foutait de où il se dirigeait. Tant qu'il ne retombait pas dans les mains de ces foutus salopards. Un moment, il dut s'arrêter, pour reprendre son souffle. Ce brève arrêt provoqua une nouvelle boucle des événements passés. Ses jambes tremblaient. Se laisse aller serait tellement plus facile. Se laisser emporter dans ce flot de désespoir serait tellement mieux.. Mais ce serait comme se suicider ! Ce serait bafouer la mémoire de ses hommes, de ses amis. Il ferma les yeux, se raccrochant à une brève lueur de volonté, revoyant tous ses subordonnés, ses deux sous-officiers... lui adressant un regard déterminé, comprenant que la mort était le risque...

Il expira comme il put, comme pour chasser cette désespérance croissante. Il rouvrit les yeux et fixait toujours droit devant lui.  Il se faisait dévorer par ses propres émotions, il en avait conscience. Mais tant qu'il serait debout, il devait pas renoncer. Il ne devait pas se faire capturer. Il devait trouver un moyen de pas être une menace pour ses Frères du Mur. Menace dans le sens qu'il possédait des connaissances conséquences, que tenteront par tous les moyens d'avoir les Teïderiens. S'ils venaient à les saisir... D'autres de ses Frères et Soeurs viendront se rajouter aux morts qu'il avait précipité... par sa faute.

Pas après pas, détournant la tête pour ne pas se faire entailler par les bords effilés des joncs qui était son seul univers visuel actuel, il avançait toujours droit devant lui. D'un coup, comme un rideau qu'on venait de lui ouvrir soudainement devant lui. Surpris de ce changement de terrain, il glissa et tomba une fois de plus dans l'eau. En cherchant à se remettre debout, Artane sentit qu'il glissait en s'éloignant de la berge, à cause du fond vaseux. Il cessa vite de se démener, comprenant que s'il persistait, il finirait par perdre pied. En plus d'avoir toujours les bras solidement liés, il était très mauvais nageur. Son coeur tambourinait dans sa poitrine. Une macabre idée chercha à s'insinuer et disparut quand il pivota doucement sur lui même pour faire dos à la berge. Là, il enfonça les talons de ses bottes dans le fond. Et lentement, il se poussa avec la force de ses jambes, pour se retrouver capable de se remettre debout. Cela fait, son regard se porta à peine vers l'eau. Il ne devait pas se laisser aller ! Ce n'était pas lui ça ! Puis, il aperçut au loin les premières mangroves. Il remua ses doigts engourdis par les cordes serrées pour palper le chanvre tressé. Il commençait à gonfler par l'eau que les fibres avaient absorbés durant ses chutes. Il fixa les mangroves. Il s'y dirigea, marchant précautionneusement pour ne pas glisser à nouveau

Il entendit comment une déflagration derrière lui, lointaine comme pas lointaine. Un amer et triste rappel resurgit à son cerveau. Se retenant de trembler, il se concentra sur son nouveau point à atteindre. Et il se fixa dans l'esprit que les Teïderiens étaient toujours là, derrière lui et peut être déjà à sa poursuite.

Il ne sut pas combien de temps il mit pour rejoindre les premiers palétuviers, mais trop longtemps à son goût. Il s’enfonça un peu sous le couvert des arbres noueux, évitant de se coincer ou de tomber à cause de leurs racines. L'eau lui arrivait au bassin. Là, il décida de s'arrêter, se posant contre un tressage épais de racines. Et maintenant ? Qu'est ce qu'il avait voulu faire par là ? Se cacher, ca oui. Mais après ? Il se sentait vidé. Vidé de ses forces, vidé de sa volonté. Ses nerfs s'étaient quelque peu relâchés et il ne put retenir des sanglots qui secoua tout son corps. Autant ne pas lutter sur ce qu'il avait retenu au mieux, pour ne pas s'effondrer. Tout ce qu'il avait fait... et c'est dans un spasme de souffrance et de chagrin que quelque chose lui arracha presque la peau du dos de sa main. Le Lieutenant se retourna vivement, cherchant à voir ce qui l'assaillait. Dans la brume de ses larmes, il ne vit. Après quelques battements de paupières, il aperçut l'objet responsable... Une racine cassée. Elle formait une pointe là où elle s'était brisée. Sans plus réfléchir, Artane se retourna pour essayer d'y frotter la corde qui liait toujours ses poignets. S'il s'y prenait correctement, il pourra se libérer. Et c'est ce qui se produisit après plusieurs dizaines de minutes de lutte et de mouvements répétitifs pour venir à bout de chaque brin tressé du lien en chanvre. En sentant la corde de ramollir, il crut retrouver un peu d'espoir. Après un dernier jeu de mouvement de ses poignets pour écarter l'entrave à sa liberté, il réussit à défaire sa main gauche. Le sang reflua douloureusement jusqu'à ses doigts. ENFIN !

Il attrapa la corde et la jeta dans l'eau, après avoir retiré sa main droite. Puis, il sentit un malaise le prendre. Avec précipitions, il lutta à nouveau mais pour retirer le bâillon. Il réussit à le retirer juste à temps, quand son estomac se révulsa, se convulsa et rendit le peu qu'il avait à l'extérieur. Quand ce fut terminé, l'Estien cracha la salive acidifiée par le vomissement et se rinça la bouche avec de l'eau plus claire, un peu plus loin. Diantre ! Au moins il était libre... Libre le temps d'essayer de sortir de ce bourbier... Ses épaules s’affaissèrent à ça. Pour se changer les idées, il retira ce qui restait du tabard teïderien. Son subterfuge ne fonctionnera plus désormais. Il l'enfonça dans l'eau, s'assurant de bien le coller et l'enfoncer plus encore dans la boue et la vase de la zone. La corde subit le même sort. Au moins, il ne les aura plus dans son champ de vision et on ne pourra pas trouver trace de son passage par ici.

Bon et ensuite... réfléchir... Il devait réfléchir. Soudain, une voix se fit entendre dans l'intérieur de sa tête.

''Lieutenant Nordan. Nous n'avons plus de nouvelles de votre patrouille. Si vous entendez mon message, vous avez un point d'évacuation possible et immédiat. A la scierie du bois de Krùsevàtz. Vous n'aurez que deux  jours pour l'atteindre, avec vos hommes. ''

Message court et concis. Il avait reconnu la voix du Commandant Hern. Une vague d'espérance lui réchauffa la poitrine. Il avait encore une chance de se barrer d'ici ! Une chance de pas provoquer plus de pertes humaines. Deux jours. Il essaiera de se rapprocher de la scierie dès cette nuit. Mais avant, il devait savoir où il se trouvait dans ce marais. Donc, il était dans la mangrove. Il crut savoir où il se trouvait. Mais il devait avancer, pour ne pas se faire repérer. Il devait préparer deux choses avant. Un long bâton solide pour sonder le chemin qu'il prendra, de manière régulière et... Une tige de jonc souple et creuse pour s'en servir comme tige pour respirer. Voilà. Il était paré. Ainsi, il pourrait se planquer sous la surface, entre les racines des palétuviers si jamais les Teïderiens venaient à fouiller la zone.

Il reprit sa progression vers le Nord, pour essayer de se rapprocher un peu de la terre ferme et voir s'il avait  dépassé Meokrad. Si ce n'était pas le cas, il le verra bien assez tôt. Et quand la nuit tombera, ce sera le moment le plus propice pour essayer de traverser tout le recoin qui aura sans doute des patrouilles renforcées sur les routes principales, pour rejoindre la scierie...
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MessageSujet: Re: Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 EmptyJeu 9 Fév - 13:21
19:58 - 29 Maïa de l'An 1999

Patrouille dangereuse.... (pv Varsaw) - Page 2 E0beb2d23743b42ea12eb2a304102826

Trois morts, les soldats déchargeaient les corps tandis que Varsaw regardait le campement du Quartier Général s’activer un peu, il bouillonnait intérieurement de colère. Comment le Lieutenant avait-il encore pu leur échapper? COMMENT? Ce n’était pas possible bordel, ce chien, ce rat, il allait encore s'enfuir devant son nez ô combien de fois? Le Sénéchal commençait même à douter de s’il allait finir par lui mettre le grappin dessus ou pas, avec cette chance de toute façon c’était sûr qu’il allait en chier. Il soupira de fatigue sur sa chaise, il se sentait exténué par tout les évènements récents, c’était une sensation horrible dans qui s'immisçait jusque dans ses muscles, dans ses nerfs, il se sentait tout juste assez fatigué pour avoir envie de dormir mais son esprit était suffisamment agité pour l’en empêcher et demander plus.

Un peu de brouhaha commença à monter en direction de l’entrée du campement. Qu’est-ce qu’il se passe encore? Au moment où Varsaw jeta son regard à sa gauche, il regretta instantanément d’avoir tourné la tête. Un grand homme marchait à pas rapide vers sa direction, ses cheveux grisonnants et impeccablement coiffés portaient quelques reflets blancs grâces aux derniers rayons du soleil tardif. Les yeux du nouvel arrivant étaient rivés sur le masque du Sénéchal et le fixaient comme s’ils pouvaient percevoir son visage au travers du métal, un de ces deux yeux étaient atrophié, la pupille blanche laiteuse était encadrée par trois grandes balafres presque aussi vieilles que les premières cicatrices de Varsaw. Après tout, Mihkaï était bien placé pour le savoir, c’était lui qui les lui avait donnés il y avait bientôt une trentaine d’années. Le Sénéchal se releva pour tout de même accueillir l’arrivée de Kela avec la formalité militaire en rigueur, le Commandeur s’arrêta à quelques pas de son supérieur direct et les deux hommes se saluèrent silencieusement. Ce qui énervait déjà Varsaw c’était de constater l’absence de défiance qu’il lisait habituellement dans le regard de son subalterne, à la place il y voyait simplement une forme de mépris, un air de supériorité qu’il avait envie d’effacer de ses mains.

”Rentre.”

Les deux officiers firent un quart de tour et pénétrèrent à l’intérieur de la tente pour se dissimuler des regards des simples hommes d’armes. Mihkaï fit le tour de la table tactique et s’affala lourdement dans sa chaise, tandis que Kela alla chercher une chaise dépliante pour prendre place en face de son Sénéchal à l’opposé de la carte. Varsaw avait depuis très longtemps abandonné l’idée de maintenir le respect usuel entre les deux gradés de rangs différents qu’ils étaient, il savait très bien que le Commandeur ne courberait jamais l’échine sous son injonction qu’importe le poids des épaulettes qu’il porterait et ça, il pouvait l’oublier tant que l’officier retors accomplissait son travail avec l’efficacité qu’il lui connaissait. Tant qu’il était capable de passer outre, il n’y avait pas de raison pour un homme stratégiquement pragmatique comme Varsaw de se passer d’un bon élément. Ça ne l’empêchait pas d’être quand même agacé par l’attitude du type dès qu’il le voyait, il devrait faire avec. Mihkaï soupira silencieusement en fermant les yeux, ils allaient devoir discuter tactique, ça ne serait pas aussi désagréable que ça aurait pu l’être puisque le Commandeur avait au moins l’avantage d’écouter le bon sens à défaut de l’écouter lui, il serra les dents, se raccrocha à sa détermination à capturer le Lieutenant et se redressa un peu pour voir la carte dans sa globalité.

”Le péri-”

”-Vraiment?”

Le Sénéchal releva la tête, dévisageant Kela pour tenter de décoder l’expression qu’il portait au visage. C’était un mélange de surprise indignée et d’adversité, Varsaw s’appuya contre le dossier de sa chaise, se préparant à mettre carte sur table, ce qui était cocasse sachant qu’il y avait déjà une carte littérale sur la table.

”Vraiment on ne va pas parler de ça là?” Le Commandeur tourna son doigt en l’air pour désigner le QG de manière générale. ”Donc là tu pars, tu reviens sans prisonnier avec trois hommes morts et on ne va pas en parler comme si rien ne s’était passé mmh? Mihkaï j’ai peut-être le droit à quelques explications non?”

”-Tu veux savoir ce qu’il s’est passé? On a capturé le Lieutenant et il s’est enfuit parce qu’on s’est fait attaqué par une Grundea, voilà ce qu’il s’est passé. Tu as d’autres questions pour me casser les couilles ou on peut parler de ce qui est important?”

”-Non non non ça, ça là, ça c’est important! Une Grundea? Tu as perdu trois hommes sur une Grundea et comment le fameux Lieutenant s’est échappé aussi hein? Il n’avait pas les pieds liés?”

”-Kela…”

”-Si le type est dangereux j’ai besoin de le savoir, c’est aussi simple que ça. Tu t’es foiré d’accord, ça ne fera jamais qu’une fois de plus mais-”

”-KELA!” Varsaw avait presque hurlé sur son subalterne pour lui couper la parole. Non mais pour qui il se prenait bordel? Il articula les mots qui suivirent pour bien les décoller et se faire comprendre, son ton était glacial. ”Tu as un travail, c’est de retrouver ce type. Tu gardes tes jugements de merde pour toi.”

Kela souffla du nez, un petit geste qui voulait tout et rien dire. Pour sûr qu’il fermerait sa gueule, mais il ne le fera pas sans bien remuer son couteau dans la plaie du Sénéchal.

”Tu as finis?” Varsaw regarda le Commandeur acquiescer. ”Bien. Le périmètre s’étend sur la totalité de notre quadrant, il nous est possible de le maintenir en utilisant mes hommes et ceux de Slawomir, les tiens sont exclusivement destinés à la recherche. Subdivise tes hommes en deux groupes, un qui va effectuer des raffles de recherche et l’autre qui va opérer à une délimitation d’un périmètre temporaire. On va progressivement l’étouffer en réduisant le périmètre morceau par morceau. ”

”-D’accord. Je suppose qu’il n’a aucune extraction disponible.”

”-Non. Sinon ça ferait longtemps qu’ils nous auraient déjà filé entre les doigts.”

”-Et pourtant tu as encore deux autres fugitifs desquels tu n'as aucune trace non? Il est donc plausible que ceux-ci se soient échappés? Pour ce qui est du Lieutenant, ça fait quatre heures depuis que tu l’as vu en dernier n’est-ce pas? Il peut être n’importe où alors.”

”-À moins qu’il ne se soit à nouveau procuré une monture ça m’étonnerait qu’il ait réussi à traverser jusque Krùse, le bocage ou Meokrad. Pour les deux autres hommes soit ils étaient à la mine mais on ne les y a pas vu et ils ont péri avec le reste, soit ils sont toujours ici. Ma priorité ces derniers jours a été le Lieutenant, la mine et le maintient des contrôles autour du quadran donc ça ne m'étonnerait pas que deux ennemis arrivent à se maintenir cachés dans tout ça pendant quelques jours, d'autant qu'à ce qu'on sait aucun des deux autres ne sont gradés, ça m'étonnerait que le Lieutenant ne soit pas au courant de l'existence d'une extraction alors que deux de ses subalternes le sauraient, donc ou bien le Lieutenant est suicidaire et il existe un point de sortie, ou bien il est rationnel et il n'y en a pas. On va découper la zone à la verticale en commençant tout juste par le lac. Récupère la moitié de tes hommes et dessine un nouveau périmètre ici. Utilise le reste pour d’abord faire des raffles aux points d’intérêts importants, une fois que c’est fait on prendra la journée de demain pour chercher le Lac et l’éliminer de la zone de recherche.”

”-Ça me paraît correct. Quels points tu veux fouiller?”

”-Les deux villages, la mine, le bocage.” Il plaçait des pions sur la carte en même temps qu’il parlait.

”-La mine? Pourquoi la mine? J’ai entendu à la ligne de ravitaillement qu’elle s’était effondrée il y a deux jours.”

”-Il y a des corps de soldats de l’Est là dedans, possible qu’il tente d’y retourner maintenant que les choses s’y soient calmées pour tenter de récupérer les cadavres et de les enterrer, ou d’en prendre un bout pour les ressusciter. Tant que ça fait moins d’une semaine depuis la chute du barrage on devrait s’assurer que ce rat ne se glisse pas la dedans.”

”-C’est pour ça que je me suis trimballé une unité de minage spécialisée du génie? Pour aller repêcher des cadavres?”

”-Non.” Encore il remettait ça, Varsaw grinça des dents. ”Mais maintenant que c’est fait, ça n’a plus d’importance. Bref, tu postes tes hommes là et tu ouvres l’oeil. Il y a un petit avant-poste ici qui sert de point de surveillance pour le carrefour à la croisée des routes principales, tu peux t’y établir temporairement.”

”-Je vois ça. Reste les Pégases et les Maîtres chiens. L’Inquisition ira accompagner les corps de recherche dans les villes. Ceux qui passent par la mine peuvent aller faire un peu de repérage dans ce bois ci dans le même coup et passer au crible la zone pour pouvoir bouger rapidement après demain.”

”-Bonne idée… Dans ce cas il faudra quadriller le bocage du sud au nord et en interdir l’accès aux villageois totalement. Actuellement il y a une quarantaine en place autour de Krùse et c’est Slawomir qui dirige la ville.”

”Les Pégases et les chiens?” Kela demandait avec insistance à Varsaw de répondre à la question mais celui ci avait levé sa main en opposition pour demander un instant de silence.

”-Répartition d’abord, les Maîtres chiens derrières en soutien pour ceux qui iront dans les bois, les Pégases en patrouille aérienne sur les zones clairsemées.” Varsaw prit un instant pour réfléchir, il regardait la carte de haut en bas et restait pensif quant au nombre de troupes disponibles au total. ”Trois?”

”-Trois ça marche, on peut en faire quatre.”

”-Quatre c’est idéal. Quatre corps de recherche, l’Inquisition avec les numéros trois et quatre, Maître chiens avec le numéro un, ils rejoindront le deux ensuite dans le bocage en passant par les bois. Les Pégases en soutient du quatre et en patrouille ici, ici, là et là.” Le Sénéchal se redressa et contempla la disposition des pions sur la carte, satisfait de son plan. ”Je crois qu’on est bon.”

”On l’aurait déjà été sans les déboires de certains de nos hommes.”

Et par certains de leurs hommes Kela désignait son supérieur, celui-ci ne se fourvoyait pas, quel petit connard.

”Occupe toi de ton cul. Parfois à t’entendre j’ai vraiment l’impression que tu veux que je te fasses la même de l’autre côté.” Mihaï passa trois doigts tendus sur son masque pour faire référence à la cicatrice sur le visage du Commandeur, Commandeur qui serra les dents et répliqua:

”Essaie un peu pour voir. Je me suis déjà fait surprendre une fois crois moi que c’est une leçon que tu ne m’apprendras pas deux fois.” Son ton était carrément hostile, Kela ramassa une carte tactique de plus et copia au fusain les instructions du Sénéchal, puis aussitôt fini il quitta la tente.

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