Son cheval renâcla. Il commençait à en avoir assez de marcher et maintenant qu’il faisait nuit, il voulait s’arrêter. La nuit, c’était fait pour dormir, pas pour marcher dans de vieux chemins boisés emplis d’herbes folles, faute de passage régulier dans cet endroit. En plus, en forêt… rien de tel pour manquer de croiser des prédateurs, même si l’odeur des bipèdes était encore relativement forte dans les parages… D’ailleurs, il stoppa, pour marquer sa volonté de stopper cette marche nocturne. Il en fut quitte pour un fort serrage de jambe qui le rappela à l’ordre. Il secoua sa tête avant de la hocher de haut en bas, mécontent de se remettre en route.

’’Allez, encore un petit effort. ‘’

l'animal lâcha un petit hennissement plaintif. Facile à dire, ce n’était pas lui qui marchait et qui portait le cavalier. Une chouette passa soudainement devant lui, silencieusement mortelle. L’équin sursauta en la voyant passer dans son champ de vision. Il manqua de se cabrer, avant d’être de nouveau rappeler à l’ordre.

’’Hé. Diantre, tu veux me faire tomber, ma parole ! ‘’

A entendre le ululement de la chouette dérangée, l’humain comprit ce qui avait provoqué la réaction de sa bête et lui tapota l’encolure pour le rassurer. Puis, il descendit. Marcher ne lui fera pas de mal et vu la tension qui montait chez son canasson, il préférait ne pas à se retrouver sur son dos s’il venait à prendre le mors aux dents. Tirant les rênes, il prit les devants et ouvrit la marche. Il était tel un chasseur nocturne, encapuchonné comme il était. Déjà que la nuit n’était pas très clair, à cause du ciel nuageux, mais en prime, on était sous les épaisses branches des arbres, qui, bien dépourvus encore de feuillages, imposaient une sombre obscurité par endroit. Et lui, avec sa capuche et sa cape qui le couvrait, il était presque.... intimidant, comme une ombre, un spectre de ces bois. Bon, ca c'est pour les gens qui pourraient croire aux fantômes. Artane lui, ne croyait qu'au confort d'un bon lit, qui devait l'attendre dans la cabane visée.

D'ailleurs, il devrait pas tarder à la voir. Il l'avait repéré des semaines auparavant. Elle ne payait pas de mine, mais elle était régulièrement réapprovisionner par les chasseurs locaux, qui s'en servaient le temps de traiter ce qu'ils avaient pu choper comme gibier, ou encore pour se reposer une nuit. Elle avait même une remise suffisamment grande pour servir d'écurie pour deux montures. Bien entendu, Artane avait veillé à se faire connaître pour avoir le droit d'en profiter. Il avait aligné une petite compensation généreuses aux usagers de cette cabane, lui permettant de passer une nuit de temps à autres, tant qu'il ne mettait pas le bazar.... D'ailleurs, ah ! De la lumière. Y avait du monde ce soir. Avec de la chance, il pourra partager une bouteille ou deux, si le locataire avait de quoi boire avec lui. Sinon, il irait pêcher lui même dans la cachette du plancher. Et oui, il avait de suite repéré ce genre de détail très appréciable.

Bien, plus qu'à espérer qu'il ne tombe pas sur un ronchon ou un taiseux...

''Allez, on arrive !''

La nuit tombait peu à peu, avalant les derniers rayons du soleil et bientôt, Aerin ne verrait pas plus loin qu'à trois pas devant elle. La fatigue se faisait ressentir d'autant plus qu'elle avait marché pratiquement toute la journée. Ou plutôt errer toute la journée. Sans but, sans destination, elle allait là où son instinct lui disait. Pour l'instant, la chance lui souriait, elle devait avoir pitié d'elle puisqu'elle n'avait fait aucune mauvaise rencontre. Heureusement d'ailleurs puisqu' Aerin n'avait envie de croiser personne. De ne voir personne. Elle voulait que le monde lui fiche la paix. Elle voulait un peu de répits, mais elle savait que c'était impossible. Quand les gens n'étaient pas contre elle, c'était ses démons qui revenaient. Ils hantaient ses pensées, la hantait elle. Ils l'avaient prise pour cible et la thérianthrope savait qu'elle allait devoir s'habituer à leur présence envahissante, car ils n'avaient aucune intention de partir.

La nuit avait fini par chasser toute la lumière, laissant la noirceur prendre le contrôle sur l'horizon. Même la lueur de la lune était discrète, camouflée par les nuages et la forêt. Mais malgré l'obscurité du paysage, Aerin remarqua quelque chose. Elle s'arrêta net et observa le paysage. Une cabane était là, perdue au milieu des bois. C'était tentant d'y aller, de voir ce qu'elle cachait, s'il y avait à manger, à boire ou même un bon lit. Oui c'était tentant et c'était bien pour cela que la jeune femme voulut faire demi-tour, elle avait envie de l'ignorer, de l'oublier. Après tout, peut-être qu'elle appartenait à quelqu'un ? Peut-être qu'un inconnu dormait déjà à l'intérieur ? Et puis, une cabane comme ça, perdu au milieu de rien devait forcément cacher quelque chose de plus sombre ?

Aerin secoua la tête, comme pour chasser toutes mauvaises idées et tourna les talons, avança de trois pas avant de s'arrêter de nouveau. En même temps, peut-être qu'elle possédait quelques armes utiles ? La jeune femme soupira, elle devait avouer que la tentation était trop forte. Après tout, cela ne coutait rien d'aller au moins vérifier ?

La jeune thérianthrope prit en main son revolver et avança doucement vers la fameuse cabane. Elle n'était pas extravagante et n'avait pas l'air jeune au vu de sa dégaine, mais en même temps, l'apparence n'était pas importante si ?

Quoi qu'il en soit, à son grand étonnement, la porte était ouverte et personne ne se trouvait à l'intérieur. En revanche, il y avait de la lumière, un lit, un fauteuil et quelques meubles histoire de combler le vide. Elle se laissa tomber sur le fauteuil qui était bien plus confortable qu'il ne le faisait croire et profita alors du calme et d'un peu de confort tout en gardant un œil ouvert et l'arme entre les mains.

Loin de se douter qu'une tierce personne faisait déjà son entrée dans la cabane, Artane pressa le pas pour la rejoindre au plus vite, avide de se reposer et surtout... de se rincer le gosier. Tirant un peu plus sur les rênes, il fut heureux de voir que sa monture accepta sans broncher d'accélérer. Elle aussi avait reconnu les lieux et savait qu'ils arrivaient. La première chose qui fut fait fut de se rendre dans ce qui servait d'écurie.

Il n'y avait pas de lumière, et pour cause, pour éviter de faire flamber la réserve de foin toute proche. Mais connaissant les lieux par coeur, il n'avait pas besoin d'éclairer l'intérieur. il attacha les rênes dans un nœud savant, apte à être retiré d'un coup s'il avait besoin de les prendre rapidement en main. Il dessella ensuite sa monture, qui se secoua, ravie de plus avoir le poids de sa selle. Puis, prenant une bonne poignée de paille, Artane frictionna les parties poilues et humides, pour épargner le froid. Cela fait, il prit une dose généreux de picotin qu'il mit dans ce qui ressemblait plus à un tronc creusé qu'à une large mangeoire. Il tapota le dos de son cheval, plus occupé à se nourrir copieusement que de son cavalier.

*Allez, à mon tour d'être aux petits soins*

Il sortit de l'écurie et rejoignit l'entrée de la cabane, qu'il voyait ouverte, par la lumière qui passait par l'ouverture de la porte non fermée. Tiens tiens... s'il ne se trompait pas, il savait qui laissait souvent la porte ouverte quand une envie pressante le prenait. Il se permit un sourire moqueur. Toujours le même celui là.

Alors, sans méfiance, il se pointa à l'entrée et qu'elle ne fut pas sa surprise de voir une parfaite inconnue assise dans le fauteuil. La première chose qu'il remarqua fut l'arme à feu qu'elle tenait dans ses mains. Il grimaça intérieurement. Ca, c'était pas prévu au programme... et en plus, il ne l'avait jamais vu. Sur le coup, cette donzelle n'était pas une habituée de la cabane... La première chose qu'il fit fut de lever doucement ses mains, pour montrer qu'il n'était pas armé et qu'il n'avait pas d'intention belliqueuse.

''Euh... bonsoir... je présume que vous n'êtes pas Firnand ? ''

Oui, il trouvait le moyen de répliquer ça, alors qu'il avait affaire à une parfaite inconnue armée. Firnand était le gugusse qui avait tendance à avoir les intestins dérangés et qui devait partir en coup de vent pour aller se soulager dans les bois durant un bon moment.

''Je m'attendais pas à ce qu'il ait une invitée ce soir....''

La lumière était douce et la chaleur, bien que peu présente, était agréable. Installée dans son fauteuil, Aerin contemplait le silence. Mais ce n'était pas parce que l'ambiance y était agréable que la cabane était sûre. Loin de là.

Mais pour une fois depuis bien longtemps, l'esprit fou de la jeune femme avait réussi à se détendre rien qu'un peu. Cela était certainement dû à la fatigue accumulée et le fait d'être installé dans un abri n'aidait pas à garder ses sens en éveil.
La jeune thérianthrope se rendit alors très vite compte de son erreur quand elle entendit une présence entrer dans la salle.
Elle avait laissé son esprit se calmer un peu trop longtemps et n'avait donc pas entendu les bruits de pas allant dans sa direction. Elle n'avait pas fait attention aux bruits extérieurs qui pourtant auraient dû alerter ses sens.

De ce fait, elle fut soudainement envahit pas l'inquiétude et se leva en sursaut à la vue de l'homme. Automatiquement, elle braqua son arme en direction de l'inconnu en retirant le cran de sureté. Elle sentit alors tous ses membres se crisper, oubliant très vite la fatigue qui pesait encore il y a quelques instants. Au moindre faut pas de sa part le coup partait.

Mais Aerin remarqua le mouvement de ses mains, il n'avait pas l'air bien menaçant et heureusement pour lui il ne possédait aucune écaille ou tout autre attribut ressemblant de près ou de loin à ces maudits nagats. Elle inspira un bon coup, ordonnant à son âme de se calmer. Il n'y avait pas de raison d'être aussi tendue d'autant plus que ce comportement n'annonçait jamais rien de bon. Un accident arrivait beaucoup plus vite que ce que l'on pouvait croire, et franchement, elle avait déjà assez de morts sur la conscience pour en rajouter une.

Elle sut alors retrouver un semblant de calme. Assez en tout cas pour récupérer le contrôle de ses membres et réfléchir correctement. Son visage ne lui disait rien tout comme le prénom de son ami, c'était déjà une bonne nouvelle. Peut-être qu'il était le propriétaire de la cabane ? Dans ce cas, il était étrangement calme pour quelqu'un qui découvrait une inconnue chez lui.

- Qui es-tu ?

Étant donné qu'elle était probablement chez lui, la thérianthrope décida de la jouer plus cool en baissant son arme. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle avait baissé sa garde et qu'elle n'était plus prête à agir en cas de besoin.

Artane ne pouvait que demeurer calme devant la menace qu'était la jeune femme. Elle était armée, son arme avait la sûreté abaissée, le doigt sur la détente. Le moindre geste et il était bon pour se prendre une balle... Et en plus, il avait déjà eu à se retrouver dans des situations critiques ou perdre son sang-froid était plus dangereux pour l'existence qu'autre chose. Qui sait si l'inconnue n'en viendrait pas à cette déduction et le maintiendrait en jeu. Mais pour l'instant, de ce qu'il voyait était que la visiteuse impromptue était tendue. Elle avait été prise par surprise. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne tire par sous la pression de ses doigts, pris dans le stress de la situation.

L'Estien gardait bien ses mains en évidence, toujours bien déterminé à montrer qu'il n'était pas une menace pour la jeune femme. Et en même temps, il demeurait prudent et alerte, car il ne la connaissait pas et n'avait aucune idée de ce qu'elle était. Elle était peut être d'une apparence humaine, mais elle pouvait être une dangereuse combattante, une mercenaire renégat.... ou simplement être une fillette qui recherchait un coin tranquille où se reposer avant de poursuivre son voyage. Mais comme Artane n'était sûr de rien... Et surtout qu'il ne tenait pas à se voir criblé d'une balle dans la poitrine....

Quand elle abaissa doucement son arme, Artane veillait à maintenir ses mains levées. Un rien suffirait que cela dégénère, car elle avait toujours son index sur la détente de son arme, vu qu'elle demeurait aux aguets. BOn, et s'il répondait à sa petite question ?

''je me nomme Altahir, un pote à Firnand, qui est le proprio de cette cabane. Vu que vous êtes là, c'est qu'il est encore au petit coin... "

Il ne pouvait qu'être sorti se vider de ses tripes, dans la mesure où la maison était en ordre et sans trace de combat. Si la gamine s'était débarrassé de lui et qu'elle avait eu pour but de rester dans la cabane, elle se serait barricadée ; en toute logique non ?

''Et vous ? Vous êtes une amie ? Un membre de sa famille ? ''

Il se tut, avant de prendre un ton légèrement plus sérieux.

''Quelqu'un qui s'est égarée ou qui fuit quelque chose ? ''

En apparence et au vu de sa réaction plutôt calme, l'homme ne semblait pas être une réelle menace aux yeux d'Aerin. Bien qu'elle avait baissé son arme, celui-ci gardait toujours les bras levés, sans doute avait-il remarqué que malgré que l'arme n'était plus braquée sur lui, la jeune femme était toujours méfiante. Et elle se disait qu'il avait bien raison de se méfier d'elle, mais il allait sûrement avoir vite mal au bras s'il les gardait levés comme ça.

Alors il s'appelait Altahir et il n'était pas le proprio de la cabane, en revanche c'était un ami de l'autre gars qui, selon ses dires, était encore dans les parages. Elle sentit une tension parcourir son corps, est-ce que le second inconnu était aussi relaxe que le premier ? Où était-il caché quelque part, prêt à défendre son ami si la situation venait à dégénérer ? Cela semblait improbable, mais sa paranoïa l'incitait à ne pas ignorer cette hypothèse. Après tout, de nombreuses espèces pouvaient se rendre invisibles ou étaient douées de discrétion. Cela expliquerait aussi pourquoi le dénommé Altahir était aussi calme.
La jeune thérianthrope fit tout son possible pour garder son calme malgré la situation douteuse. Après tout, cela n'était qu'une hypothèse nourrie par la paranoïa.

- Nan, on ne se connait pas. Et je ne me suis pas perdu et encore moins en fuis !

Elle fronça les sourcils face aux mots de l'inconnu. Pourtant il n'avait pas complètement tort, elle était complètement paumée. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle était. À vrai dire, cela lui était bien égal tant qu'elle était loin des autres et surtout loin de ces nagats. Et même si elle avait du mal à l'avouer, cette folle envie de ne voir personne était en soi une forme de fuite.

- j'avais juste envie d'un endroit un peu plus confortable que la forêt pour me poser quelques instants. Mais rassurez-vous je n'avais pas l'intention de m'éterniser ici. Si ma présence vous gêne, je peux repartir.

Artane, les mains toujours ouvertes et écartées, restait serein. Garder son sang froid était la seule chose qu'il pouvait faire pour le moment, tout en demeurant dans un échange oral posé. Car, il ne tenait à se prendre une balle et vu comment la donzelle demeurait encore tendue et sur le qui vive... Au moins, répondait-elle à ses petites questions. Bien, au moins, elle ne paraissait pas chercher à gagner du temps pour réfléchir et trouver une excuse de aube... sauf si elle était championne en comédie...Mais elle paraissait sincère dans ses dires.

''Ca se comprend. La nuit, cette forêt est un peu effrayante et en plus, il caille un peu pour ce soir...Bon, vous ne connaissait pas Firnand et vous cherchiez juste un coin pour vous reposer au chaud....''

Est ce que Firnand était à portée de voix ? D'ordinaire, il se retrouvait le cul vissé sur ses commodités extérieures, mais des fois, il s'éloignait plus loin encore....

''Votre présence ne me dérange pas, mais c'est à Firnand qu'il faudrait demander. Je vais l'appeler, être certain qu'il est là pour m'entendre parler et le prévenir. Après on verra s'il n'y voit pas d'inconvénient... Je vais juste l'appeler, pas chercher à jouer d'entourloupe, ni vous piéger. D'accord ? ''

Oui, car elle avait beau avoir abaissé son arme, un rien suffirait à appuyer sur la détente....

Artane tourna légèrement la tête vers la porte d'entrée

''FIRNAND ! T'es là ? ''
'' Quoi !!!! Ah c'est toi Altahir... Je m'attendais plus tôt à ton arrivée. Qu'est ce que tu as foutu. , railla une voix plus caverneuse que celle d'Artane, un peu étouffée par la distance et par le fait que Firnand était vraiment occupé à vider ses intestins...
''Petite Baie a encore fait des siennes.... et toi, toujours coincé, une fois de plus.... tu sais que tu devrais cesser de manger ce fromage...''
''Oh la barbe... Ce sont mes boyaux, pas les tiens....''
''Dis, nous aurons une invitée pour ce soir, ca te dérange pas qu'elle reste pour la nuit ? ''
''Quoi ? T'aurais pu prévenir ! j'ai rien rangé moi.....Bon, laisse moi terminer... euh... mes affaires et j'arrive.....''

Artane reposa son regard sur la jeune femme et lui adressa un sourire ravi.

''Et bien voilà, vous pourrez terminer de vous reposer pour ce soir. Rassurée ? Vous m'autorisez à baisser les bras ? Non, car ca commence à tirer là....Après, si jamais vous voulez manger un morceau ou boire un peu d'alcool, c'est Firnand qui invite''

Aerin fronça les sourcils à l'idée que l'inconnu puisse croire qu'elle avait peur de la forêt. À vrai dire, c'était le cadet de ses soucis, ce n'était pas la première, ni la dernière forêt où elle passait ou passerait la nuit ça c'était certain. Mais même si elle avait un peu l'habitude, il était vrai que c'était loin d'être aussi confortable qu'un endroit plus chaud. Bien qu'en même temps, c'était dans la situation comme la sienne qu'elle se demandait s'il n'était finalement pas préférable de dormir à la belle étoile plutôt que d'être accompagnée par deux purs inconnus, dont un caché.

Finalement, Altahir appela son ami avec prudence, et bien qu'il lui assura ne pas jouer les suicidaires, Aerin surveillait le moindre de ses mouvements. On était jamais trop prudent. Mais son regard quitta d'instinct l'inconnu pour se diriger droit vers la porte quand la voix du second homme résonna. Sentant ses doigts se resserrer autour de son arme, la thérianthrope fit un pas en arrière fixant toujours la porte. Bien que cela pouvait être perturbant pour Aerin, elle était au moins certaine que le second homme n'était pas caché dans la cabane. Mais cela ne voulait pas dire non plus qu'il n'était plus un potentiel danger. Après tout, il était quand même absent à sa vue et bien que le jeune homme en face d'elle ne semblait pas menaçant, elle savait parfaitement que certaine personnes étaient douées pour la manipulation et la comédie.

Par chance, Aerin n'était pas du genre à donner sa confiance et encore moins à se laisser envahir par la chose horrible que le commun des mortels appelé "la naïveté". Sa sœur pouvait le témoigner d'ailleurs, la méfiance et la paranoïa étaient ses seules "amies". C'était bien pour cela qu'Aerin pouvait se permettre de calmer ses nerfs afin de paraitre plus détendue même si ce n'était pas le cas. Ainsi, ce sera potentiellement moins inquiétant pour l'inconnu tout en sachant que ses "amies" ne la quittaient pas.

- Parfait ! Oh, bien sûr allez-y. Ça ira, je n'ai pas faim.

Bien que cela était évidemment faux, Aerin préférait refuser après tout, elle ne savait pas d'où provenait la nourriture et ne connaissait en rien les intentions des deux hommes.

- Oh ! Heu... Vous ne m'en voudrez pas si je garde mon revolver sur moi ? Ne vous inquiétez pas je ne suis pas une des ces inconscientes, c'est juste que j'apprécie le garder près de moi. Mais je sais que les armes à feu peuvent être intimidantes pour certains ou rappeler de mauvais souvenirs alors je demande, au cas où.

Évidemment, Aerin n'avait aucune intention de se séparer de son arme et de toute manière, son revolver n'était pas la seule qu'elle possédait sur elle.

Artane soupira légèrement d'aise. Au moins, il put baisser les bras. Il le fit, mais lentement, toujours dans le but de marquer ses intentions pacifiques. Car la fillette paraissait toujours tendue. Bien entendu, il ne lui demanderait pas les véritables raisons. Un rien suffirait à ce qu'elle se ravise et le remette en joue.

''Merci beaucoup''dit-il simplement. Puis il tourna la tête vers le porte, à nouveau.
''Firnand, préviens quand tu auras fini, pour pas nous surprendre, d'accord ? ''
''Humf... d'accord. Mais je vais en avoir pour un moment encore je crois.....

Artane leva les yeux au ciel. Décidément, quand ses propres de tripes le prenaient... Bon, s'il en avait pour des heures, l'invitée de ce soir aura le temps de se détendre un peu... Et peut être qu'il pourra en apprendre un peu plus sur elle. Toute information, minime était-elle, avait sa valeur un jour ou l'autre. Bon ! S'il reprenait la raison de sa venue ici ? A savoir se reposer et surtout se restaurer. Se mettre une bonne dose d'alcool dans le nez était loupée avec la présence de l'inconnu.

''Vous pouvez garder votre arme avec vous, ca me dérange pas. ''

Si ca, c'était pas faire preuve d'un petit gage de confiance... mais notre homme ne baisserait pas la garde pour autant.

''N'oubliez pas de mettre la sureté dessus. ''conseilla-t-il avec un léger sourire. Puis, il retira sa capuche et sa cape, qu'il alla accrocher à côté de la cheminée. Il prit totalement ses aises. Cela fait, il tourna sa tête vers un petit placard qui avait tous les aspects d'un petit garde manger. Il sourit et s'y dirigea. Il en sortit un plateau de bois emplis de quelques biscuits secs, quelques saucissons et deux morceaux de fromages.

''Je vais prendre un couteau, mais ce sera juste pour couper ce qu'il y a sur le plateau. ''Dit-il en en prenant un qui traînait dans le placard. Et au vue de la taille de ce dernier, on voyait que ce n'était clairement que pour couper de la charcuterie et encore.....

Artane se posa sur un tabouret tout proche de l'âtre et déposa le plateau sur un autre, commençant déjà à couper quelques rondelles de saucisson.

''Vous êtes sûre que vous n'avez pas faim ? Ce saucisson est une tuerie en terme de saveur. Par contre, le fromage, il est bon, mais je vous le déconseille si vous avez la digestion fragile. ''

Il ricana et regarda brièvement la porte.

''Suffit de voir ce que cela provoque pour Firnand. ''

Il se délecta d'une tranche de sauciflard.

''J'espère ne pas me montrer impoli, mais comment vous nommez vous ? ''

Elle connaissait déjà son nom après tout. Restait à voir si elle accepterait de le dire....en vrai ou en mensonge.

Aerin n'appréciait pas vraiment que le dénommé Firnand reste loin d'elle. Le fait de ne pas pouvoir le surveiller comme elle surveillait Altahir l'angoissait puisque, comme toute personne normale, elle aimait garder un œil sur le potentiel danger.

Cependant, elle avait bien compris que même si elle le voulait, cela n'allait rien changer. Firnand n'était pas là et même si ce n’était pas forcément bon, elle n'avait pas bien le choix d'accepter.
Mais alors qu'elle était centrée sur cette porte, Altahir la fit détourner le regard, il accepta sans broncher qu'elle garde son arme à condition qu'elle n'oublie pas de mettre la sureté. Mais ce n'était pas lui qui allait lui dire ce qu'elle devait faire quand même ? Après tout, elle n'était pas assez bête pour oublier de la mettre en sachant qu'en ce moment elle s'emportait très vite. De plus, ce n'est pas parce que le cran de sureté était activé que le jeune homme ne risquait plus rien.

Quoi qu'il en soit, une fois le cran activé, l'inconnu se mit soudainement en mouvement, déposant ses affaires d'un côté, cherchant de la nourriture de l'autre, sans oublier de prendre un petit couteau visiblement inutile avant de finir par enfin se poser sur un tabouret. À chacun de ses mouvements, Aerin le regardait perplexe et refusa à nouveau sa proposition. Elle avait faim, mais visiblement pas assez pour accepter la nourriture de deux inconnus. Et même si elle voyait que l'un d'entre eux était en train de le savourer, et qu'il y avait donc que très peu de chance qu'il soit empoisonné, elle n'avait pas envie de leur devoir un autre service, déjà qu'elle leur en devant un en restant ici pour se reposer...

En revanche, elle prit tout de même le soin de s'assoir sur le fauteuil en face de la porte. Ce n'était pas debout qu'elle allait récupérer des forces. Sur ce, elle hésita à lui donner son nom. Après tout, elle ne savait même plus si elle en était encore digne. Elle avait tout de même détruit sa propre famille, elle l'avait mise en morceau avant de se détruire elle-même. Ce nom lui remontait des souvenirs bien trop difficiles à affronter. Beaucoup trop douloureux pour l'instant.
Elle soupira avant de s'adosser au fauteuil ne sachant trop quoi lui répondre.

- Finalement, je veux bien du saucisson...

Elle avait fini par tenter de lui faire oublier sa question en acceptant une tranche, étant donné qu'elle n'était elle-même pas sûre de la réponse.

L'Estien fut intérieurement ravi de voir la jeune femme mettre la sûreté sur son arme. Il se doutait bien qu'il ne faudrait que très peu de temps pour la retirer et tirer... ou se de prendre l'arme en pleine poire. Mais, il n'avait aucune animosité envers la donzelle. Donc, que risquait-il vraiment. Sauf si elle finissait par chercher la misère. Mais courait-elle vraiment le risque de provoquer des heurts ? Elle l'aurait fait bien plus tôt, en tirant sans aucune sommation à la tronche d'Artane. Là, elle avait consenti à ne pas le menacer plus de raisons. Et même si elle avait encore son arme avec elle, et qu'elle demeurait sur le qui-vive, Artane n'avait pas de raisons de craindre pour sa santé.

Bon, ce saucisson, il n'allait pas se couper tout seul ! Il avait coupé quelques tranches, mais il en faudra d'autres. Car mine de rien, il avait faim maintenant que la petite pression de toute à l'heure était passée. Et la fillette ne l'avait pas quitté une seule seconde du regard. Peut être voulait-elle s'assurer qu'il ne cherchait pas à l'amadouer par un calme apparent et la tromper, pour mieux la prendre en traître. Allons bon, c'est lui qui allait devenir parano, songea-t-il. Elle avait espéré être un peu tranquille et elle se retrouvait avec un inconnu dont elle ne savait rien. Y avait de quoi justifier de la méfiance et garder un oeil sur lui non ?

Il ne prit pas la mouche à l'absence de réponse quand il lui avait demandé son nom. Si elle n'avait pas envie de le dire, ce n'était pas grave. Il avait déjà d'autres sobriquets à lui offrir si besoin était.

Pendant qu'elle prit le temps de s'asseoir bien en vue de la porte, pour garder un oeil attentif à toute personne venant à la franchir, Artane avait déjà pris une tranche de saucisson. Son fumet salé lui chatouilla délicieusement le palais. Diantre, il avait d'un autre morceau tellement qu'il était délicieux. Il devrait demander à Firnad où il se procure ce genre de charcuterie, histoire d'avoir une petite douceur à portée de main quand il venait à voyager dans les Duchés. Ah tiens, la fillette reprit la parole, pour accepter finalement de prendre une part de saucisson. Artane sourit, termina de mâcher son morceau et attrapa le plateau où on retrouvait encore une dizaine de tranches coupées

Il le tendit en direction de la jeune femme.

''Voilà, Princesse. Prenez autant de tranche que vous le souhaitez. Il est tellement bon que vous allez en salivez de plaisir. ''

Allait-elle s'offusquer d'avoir eu le surnom de princesse ? Il avait été dans l'idée de l'appeler miss saucisson, mais il ne la connaissait pas pour se permettre ce genre de familiarité. Et surtout, qu'elle était trop tendue encore pour être ouverte à ce genre de gaminerie.....

L'ambiance semblait bien plus calme et les tensions entre les deux inconnus atténuées depuis qu'Aerin avait sécurisé son arme avant de s'assoir sur le fauteuil. Cela semblait être des petits détails, mais ils avaient leur importance pour que la cabane devienne un lieu plus agréable. Après tout, la jeune femme savait qu'elle était un élément perturbateur, Altahir n'avait pas prévu qu'elle soit là et avait sûrement d'autres choses en tête avant de se retrouver nez à nez avec une sauvage, mais il avait tout de même accepter sa présence et celle de son revolver, chose assez surprenante il fallait le dire. Aerin n'aurait jamais accepté ça si elle était à sa place.

Quoi qu'il en soit, elle avait réussi à calmer ses nerfs malgré la situation délicate, l'emplacement du fauteuil devait sûrement aider un peu puisqu'il était parfaitement placé. De là, elle pouvait garder un œil sur l'inconnu, mais aussi sur la porte au cas où le second arriverait. Il n'y avait donc aucune raison pour qu'elle s'énerve ou ne panique si ni l'un ni l'autre ne faisait de mouvements brusques ou ne dirait des mots déplaisants.

En parlant de mot déplaisant, le surnom de "princesse" était assez détestable à son goût. Elle trouvait ce surnom humiliant puisqu'à ses yeux les princesses n'étaient rien d'autre que des chochottes, riches et sans cervelle.

- Princesse ?! J'ai vraiment l'air d'une princesse ?

Bien qu'elle avait horreur de ce surnom et qu'elle aurait préféré être sourde plutôt qu'entendre ça, elle avait apprécié son audace. C'était plutôt rare que les gens lui donnaient un surnom ou soyons honnête, qui osait avoir une pointe d'humour envers elle. Cependant, Altahir pouvait sentir à sa voix que cela ne lui avait gère plus pourtant elle restait étonnement calme.

Quoi qu'il en soit, elle ne le fit pas attendre et prit plusieurs tranches de ce fameux saucisson.

- Merci bien. Je n’en attends pas moins en effet.

Sur ces mots Aerin en goûta une tranche. La thérianthrope ne savait pas si c'était le saucisson qui avait un si bon goût ou si la faim y jouait beaucoup, mais en tout cas, le jeune homme avait raison, il était vraiment bon ! C'était étrange, mais cela lui rappelait son enfance. Les moments calmes avant la tempête.

- Je crains que vous n'ayez raison, ce saucisson est incroyable ! Et sinon, si ce n'est pas chez vous ici, pourquoi êtes-vous là ? Pour une simple visite chez votre ami ?

Aerin voulait simplement connaitre un peu plus cet homme, bien qu'elle savait parfaitement qu'il pouvait mentir, elle se disait que cela empêcherait au moins un potentiel silence bien plus désagréable.

Ah ! Elle ne paraissait pas ravie du petit sobriquet qu'il lui offrait. Elle ne l'exprima pas sur ses traits, mais le faisait comprendre dans le ton de sa voix. Artane ne manqua pas alors de sourire.

''Non, en effet. Vous n'avez pas l'air d'une princesse. Mais qui dit qu'une princesse doit toujours être en robe, jouer la petite sainte nitouche ou d'être juste une jeune fille naïve qui aura juste appris à sourire bêtement ? ''rajouta-t-il toujours en gardant le sourire ? Et puis ils étaient dans les Duchés, il y avait bien des Duchesses qui combattaient, arme à la main à la tête de leurs troupes.

''Duchesse alors ? ''Demanda-t-il ? Bon, certes, Duchesse ce n'était pas un rang comme celle de princesse. ''Non, on va éviter aussi....fit-il en anticipation, pour ne pas se faire plus fortement houspiller. ''Fillette ? ''et là son sourire s'élargit, plus plaisantin dans le ton. ''Non c'est bon. Promis, je ne vous affuble pas d'un sobriquet. ''

En attendant, elle paraissait apprécier le saucisson, au vue de sa réaction gourmande. Il sourit différemment cette fois, ravi de lui avoir partagé l'excellence gustative de ce saucisson.

''Vous pourrez reprendre d'autres tranches si vous le souhaitez. Je m'arrangerai avec Firnand. ''

Bien qu'elle avait toujours son arme à feu avec elle, comme pour se rassurer, la jeune femme semblait être plus à l'aise désormais. Car elle commençait à lui demander les raisons de son passage ici.

''Quand je passe par ici, je fais une halte chez Firnand. Je suis mercenaire, et les Duchés, vous avez comme c'est. Les contrats ne manquent pas, mais il faut bouger pour varier et ne pas être toujours dans les mêmes coins. Ca permet d'étendre la zone de travail. Et puis de se faire un peu connaître un peu partout permet une certaine garantie d'être embauché. En plus, je cherche que des petits contrats. C'est pas très cher payé des fois, mais ca reste facile à faire et cela remplit la bourse comme l'estomac. Je demande pas plus. ''

Il prit une tranche qu'il mit de suite en bouche. Ahhh, cette saveur ! Le saucisson invitait à se faire dévorer entier avec pareil goût sur la langue !

''Et puis, quand je passe, c'est rendre visite à Firnand en même temps. Imaginez vous un peu, qu'on s'est rencontré dans des circonstances un peu similaire à la vôtre. La première fois que je suis arrivé ici, la maison était vide....Imaginez la tête de Firnand de voir un parfait inconnu terminant de mâcher son sauciflard, assis devant le feu comme s'il était tranquille peinard dans son propre chez soi...''

Aerin avait toujours eu un jugement fixe sur les princesses, mais pas que, sur tout le petit monde né avec une cuillère en argent dans la bouche. Elle possédait depuis toujours une mauvaise image envers eux au point que son amie lui disait que c'était parce qu'elle était jalouse. Mais franchement, Aerin trouvait qu'elle n'avait rien à leur envier, de plus, si elle devait écouter tout ce que ses amis lui disaient, elle n'aurait plus qu'à se mettre une balle dans la tête pour en finir. Cela pouvait paraitre violent, mais c'était ce que pensait la thérianthrope.

En attendant, le jeune homme lui avait proposé deux autres surnoms tout aussi déplaisants l'un que l'autre. Quoique "fillette" était encore pire en faite.

- Oui en effet, c'est une bonne décision si vous ne voulez pas avoir affaire à mon fidèle ami.

Aerin parlait bel et bien de son revolver dont elle prit soin de bouger pour bien lui faire comprendre. Mais ironiquement, Altahir pouvait remarquer un petit sourire au coin de ses lèvres. Était-ce une réelle menace ou juste de l'humour noir ? Difficile à dire, après tout c'était peut-être les deux en même temps ?

Quoi qu'il en soit, Aerin le remercia concernant le saucisson avant d'écouter son histoire.

-Oh je vous comprends, de nos jours on se contente de rien pour survivre. Et puis, mercenaire c'est pas le pire des métiers.

Aerin le savait bien puisqu'elle l'était aussi avant. Cependant, elle trouvait ça amusant que la rencontre entre Altahir et Firnand soit la même que la leur. Elle imaginait donc très bien la réaction de ce pauvre Firnand quand il trouva un inconnu chez lui.

- J'imagine parfaitement. Personnellement, si j'aurais vu un inconnu chez moi, il n'aurait pas eu la même chance que vous. Mais en même temps, j'avoue que je suis plutôt contente de voir que vous et lui n’êtes pas comme moi, après tout, je suis chez vous.

Aerin disait cela avec une pointe d'humour dans sa voix. Si là elle était plutôt sympathique, c'est parce que c'était elle qui était chez eux, mais à l'inverse la situation aurait été différente. Mais de toute manière cela ne risquait pas d'arriver puisqu'elle n'avait plus de chez elle.

Artane n'avait pas manqué de porter ses yeux bruns sur le léger mouvement que fit la jeune femme avec son arme à feu, pour gentiment rappeler son existence. Il la regarda, faisant semblant d'être circonspect. Il leva la tête pour fixer la propriétaire, puis il re-regarda l'arme. Puis, de nouveau la dame. Et là, il eut un large sourire, presque amusé. Il avait été loin d'avoir été effrayé par la pseudo menace, avec le doux rappel qu'elle avait toujours le révolver avec elle. Car, voyez vous, il avait remarqué le petit rictus aux commissures des lèvres de la donzelle. Chose certaine était qu'elle paraissait se détendre un peu. C'était bien. Autant pour elle, que pour lui... et pour Firnand surtout. Bon, revenons au sujet.

Il fit un mouvement du menton, comme pour désigner l'arme à feu, toujours avec son petit sourire malicieux.

''Non, en effet...''Il fit une petite grimace souriante, tout en baissant la voix''Sinon, il va être jaloux, c'est cela ? ''

Puis il libéra un petit rire. Ah ! Cette soirée était agréable. Il n'en attendait pas moins. Ca changeait un peu de la présence de Firnand, qui ressortait toujours les mêmes blagues pourries. Laissant le saucisson, il prit un biscuit sec. C'était un simple gâteau rond, un peu granuleux, avec un léger coût salé.

''Servez vous aussi. Vous verrez, ces biscuits sont aussi une tuerie''Et hop, il le mit en bouche, savourant le goût qui envahissait déjà le palais. Simple, légèrement salé comme décrit tantôt, sans excès. Si jamais elle n'avait pas l'occasion de manger quelques aliments avec du sel rajouté dessus pour renforcer la saveur, elle n'allait pas être déçue !

Et après avoir narré sa petite histoire, il ne manqua pas à nouveau de rire de la réplique de l'invitée pour la soirée.

''Non en effet, mercenaire n'est pas si mal à bien y regarder. On voyage, on fait de nouvelles connaissances...et c'est largement que d'être récureur d'égouts à Akkaton''

Quand à la suite... Il s'installa totalement relax, sur sa chaise.

''Prudente comme vous l'êtes, si je me gourre pas, vous auriez fermé la porte à clé.

Firnand lui, était quelqu'un d'ouvert, comme sa baraque, tant qu'on lui cherchait pas les noises. Il n'en donnait pas l'air, mais c'était quelqu'un capable de mettre une bonne râclée à tout intrus qui ne se montrait pas courtois avec lui. D'ailleurs, puisqu'on parlait de lui.

''Altahir, t'es toujours vivant... Je peux revenir chez moi sans manquer de me faire massacrer ou cramer ? ''
''Ca y est, tu as donc fini tes commissions ? Je ne sais pas, cela va dépendre du bon vouloir de la demoiselle, si elle accepte de te laisser rentrer''dit-il en gloussant

- Ou on peut simplement dire qu'il n'aime pas qu'on se foute de ma tête.

Aerin hésitait à savoir si Altahir se moquait d'elle ou s'il voulait juste répondre à sa "blague" par une blague. Elle ne connaissait pas le personnage, mais pour le bien de tous, il valait mieux qu'elle se dise qu'il rigolait lui aussi. Elle lâcha alors un autre petit sourire, bien qu'il fallait être assez attentif pour le remarquer, cela faisait bien longtemps que personne ne s'était montré aussi agréable avec elle. Tellement, qu'elle en avait oublié ce que ça faisait.

Il finit ensuite par gouter au biscuit du plateau avant d'en proposer à la jeune femme. Elle hésita un instant avant de se laisser tenter. De toute manière, qu'avait-elle a perdre si au cas où ils étaient empoisonnés ? Et franchement, il n'avait pas du tout mauvais gout ce Firnand, ces biscuits étaient aussi excellents que le saucisson ! Un régale pour les papilles.
En ce qui concernait le métier de mercenaire, Altahir avait ri face à la remarque d'Aerin, pourtant, ce n'était pas une blague à la base.

- Ah bah c'est sûr, si vous comparez à ça, ça attirera beaucoup de monde !

Sérieusement, qui avait envie de devenir récureur d'égout ? Personne ! Personne en sa connaissance en tout cas. Et par la suite, il avait raison sur un point, Aerin n'aurait effectivement jamais laissé sa porte ouverte.

- Mmm, vous avez raison en effet. Il faut être fou pour laisser sa porte ouverte, on ne sait jamais sur qui on va tomber à son retour.

Il était sûr qu'elle ne pourrait jamais dormir sur ses deux oreilles si la porte n'était pas fermée à double tour. Il fallait être fou pour penser le contraire d'ailleurs. Fou, ou totalement inconscient du danger.
Soudain, Aerin se releva d'un bon de son fauteuil, sourcils froncés, son regard fixant la porte. La porte ou plutôt la direction de la voix qui s'était incrustée dans sa tranquillité. Elle voulut braquer son arme, d'ailleurs son bras fit machinalement le geste avant de se rappeler que ce n'était que le fameux Firnand. Le Firnand dont Altahir était proche et même s'il avait l'air sympathique comme ça, Aerin était la mieux placée pour savoir qu'il valait mieux se méfier des apparences et qui sait comment il pourrait réagir s'il voyait son ami menacé par une inconnue ? Une inconnue qui avait l'air déséquilibrée et plutôt tendue. Elle inspira comme pour reprendre le contrôle avant de rebaisser son bras, il fallait dire qu'en réalité si elle n'était pas contente de sa venue, elle n'avait qu'à quitter cet endroit. Elle ne s'assit pas pour autant et ne desserra pas ses doigts autour de son arme, mais le fait que son bras soit de nouveau baissé et la sureté toujours enclenchée prouvée qu'elle acceptait que le second inconnu rentre chez lui. Mais Altahir pouvait remarquer que le calme de la thérianthrope l'avait très vite abandonné laissant place à la méfiance, pourtant, elle faisait un gros effort avec elle-même pour ne pas paraitre pour une folle à lier.

''Aussi''répondit Artane en gloussant légèrement. Autant marquer le coup de l'humour jusqu'au bout, pour pas qu'elle se fasse des idées, vu qu'elle ne connaissait pas le loustic qui se tenait toujours assis en face d'elle et qui termina de mâchouiller la dernière part de son biscuit. Etonnant qu'il prenne son temps d'ailleurs, alors qu'il aurait pu se jeter allègrement sur ce qui était encore sur le plateau. Mais autant il était poli qu'il savait l'importance de manger correctement pour être rassasié... Bon, il ne rentrera pas sur l'art et la manière de mâcher ce qu'on retrouvait des fois dans les rations de combat, sec au possible, pour les avoir plus digeste pour l'estomac. Car ce n'était pas le sujet de conversation, mais surtout que ce ne sera pas un point très intéressant à partager avec l'invité du soir.

Puis quand Firnand avait pris la précaution de s'annoncer avant même de se pointer devant le palier de sa propre baraque, la jeune femme avait bondi hors de sa chaise, pointant déjà son arme à feu vers la porte. Artane s'était figé, portant déjà la main en direction de sa dague, celle planquée dans sa botte. Heureusement, il ne la sortit pas, ce qui aurait manqué de rajouter de la tension inutile à ... ben une situation déjà bancale. Et vu le bruit de pas précipité qu'avait entendu le propriétaire des lieux, on entendit pour l'instant que sa voix.

''Ah, je dirai que la réponse est non ? ''

Artane se retint de se mettre debout, et quand il vit la donzelle rabaisser son bras, il demeurait prudent, la gardant à l'oeil, prêt à bondir sur elle pour protéger Firnand au cas où.

''Tout va bien, Firnand, juste un petit dérapage. T'inquiète pas. ''

Il regarda la jeune femme. les deux mains levées comme pour essayer de l'apaiser. Bon, ce n'était pas une pouliche, mais elle était tendue et elle avait besoin de comprendre à nouveau qu'elle ne risquait rien.

''Firnand ne vous fera rien. Il n'a pas cherché à vous prendre en traître. Vous avez été juste un peu surpris. Il aurait du dire qu'il avait terminé de loin avant de se rapprocher pour s'annoncer aussi abruptement ! '' termina Artane en haussant la voix pour faire un léger reproche à son ami
''Qu'est ce que j'en savais moi, qu'elle serait tendue comme une vieille corde à linge, la nouvelle venue ? Et puis, c'est chez moi quoi !  ''

Des pas se rapprochaient. Firnand allait faire son apparition. Puis, doucement, on vit une corne torsadée apparaître dans l'embrasure de la porte. Puis une partie de visage. A voir ce début de tête, on devinait un jour d'homme bouc. L'oeil visible s'était plissé en voyant la jeune femme. Puis il se montra. A nul douté, il s'agissait d'un thérian, avec des cornes de bouc, à l'épaisse chevelure brune et fort sombre, malgré son visage bourriné par la vieillesse. Il était juste plus qu'un nain, et était vêtu comme un chasseur se plaisant à vivre en ermite. Il avait juste des vêtements vers en fibre végétal. Point de peau de bête sur lui.

''La donzelle me permet-elle d'entrer dans m'esquinter la trogne ? ''

Le regard d'Aerin était pointé vers la porte, mais son attention était partout et elle put remarquer que les pas de Firnand s'étaient arrêtés nets avant d'entendre le son de sa voix. Le pauvre homme avait bien compris qu'il ne pouvait même pas rentrer dans sa propre maison. L'ambiance dans la cabane avait changé du tac au tac laissant place à une atmosphère plutôt tendue. La thérianthrope avait fait le choix de baisser son arme avant que la voix du premier inconnu ne résonne dans la pièce. Il essayait de se montrer rassurant, de calmer la chose. Il prétexté que c'était la faute de son ami, mais Aerin savait que c'était la sienne. Elle perdait pied, son esprit était fou, déséquilibré et sa raison si fragile. Elle déraillait et ça ne datait pas d'aujourd'hui. Elle voyait le danger partout même là où il n'y en avait pas. Sa sœur lui disait toujours qu'il fallait qu'elle fasse gaffe sur ce sujet, car dans ces cas-là, le danger n'était rien d'autre qu'elle-même. Aerin le savait, mais elle pensait vraiment que la paranoïa qui brûlait en elle était une alliée, mais en réalité c'était elle qui détruisait tout.

Elle avait fini par réussir à calmer la bête en elle et le petit Firnand montra le bout de son nez. Aerin put enfin connaitre son visage et au vu de son physique, elle pouvait même deviner sa race. Fort heureusement peur eux, il n'avait rien de naga. En effet, tout comme elle, il était un thérianthrope, mais ses caractéristiques étaient apparemment toujours visibles et visiblement, il aimait la vie sauvage pourtant, il n'avait pas l'air aussi sauvage que ça, mais dans le fait qu'il laissait toujours sa porte ouverte prouvée qu'il avait une grande confiance en lui et peut-être qu'il avait raison de l'être ?

Quoi qu'il en soit, le petit homme voulait bien évidemment rentrer chez lui, mais il le fit avec beaucoup de prudence. Demandant avant à la demoiselle si elle n'allait pas se montrer violente envers sa pauvre âme. Aerin soupira, elle était consciente qu'elle avait échappé de peu à un combat, Altahir semblait lui aussi bien plus tendu. Il était prêt à tout pour protéger son ami même à se ruer sur elle. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle était pire que lui à une époque puisqu'elle n'aurait pas attendu que la situation ne dégénère pour protéger sa sœur.

- Pardonnez-moi, je... J'avoue que je me suis un peu laissé emporter.

Sur ses mots, elle s'éloigna du fauteuil pour se caler autre part dans le but de laisser la place au malheureux, elle en vint même à ranger son revolver dans son Holster accroché à sa taille. Dans une situation comme celle-ci, cela voulait dire beaucoup pour la jeune femme.

- Evidemment cher Firnand. Mais... Ne m'appelez pas donzelle s'il vous plait !

Elle finit par tourner le regard vers Altahir. Un regard respectueux, mais avec une pointe d'étonnement.

- Vous êtes surprenant Altahir. À votre place, je n'aurais pas attendu que le coup parte pour éliminer la menace.

En effet, elle n'aurait jamais attendu, mais c'était sûrement pour ça que sa chère sœur l'avait laissé tomber. Étant donné que pour elle, un geste trop brusque était une menace...

Firnand demeura quelques minutes encore dans l'entrebâillement de sa propre porte, le regard quelque peu plissé par l'incertitude de la situation. La jeune femme paraissait moins tendue, mais il préférait encore patienter un peu avant de pénétrer chez son petit chez soi. Un instant, il regarda son ami l'humain, qui avait été prompt à réagir, si les choses en étaient venus à dégénérer. Ah ce garçon, il avait le coeur sur la main, prêt à aider ses potes. Cela lui provoquera quelques soucis, un jour prochain, foi de sa barbe !

Artane avait gardé le silence, toujours en analysant la situation. Prêt à bondir, il avait réussi à ne pas se relever brutalement, demeurant assis. Car cela se trouvait, il aurait quitter sa place, la jeune femme aurait pu tourner son arme contre lui et se prendre une balle. Et vu la courte distance...Il préféra ne pas y penser.

La donzelle se reprit, baissant son arme, s'excusant, avant de commencer à s'éloigner de sa place, pour laisser de l'espace à Firnand ; à moins qu'elle se punissait d'elle-même pour épargner sa proximité envers les deux hommes à cause de sa réaction ? En tout cas, l'humain se détendit, en soufflant discrètement pour passer sa petite montée de pression.

Firnand, après avoir entendu les mots de la jeune femme, sortit de son recoin et se présenta dans toute son épaisse silhouette. On pourrait facilement le prendre pour un sacré Nain s'il avait pas eu les preuves physique d'un Therian Bouc. Il alla se mettre prêt du feu, pour se réchauffer les mains. Vu le temps qu'il avait passé dehors, il songeait plus à se réchauffer qu'autre chose.

''Merci, vous êtes bien aimable et vous êtes pardonnée. Et promis, je ne dirai plus ce mot. Promis promis !

Il claqua des dents, satisfait et surtout, il était chez lui maintenant. Ah et cette chaleur apaisante de ce feu !

Artane s'était un peu redressé, pour paraître moins en vrac dans son fauteuil. Il ne manqua pas de sourire à la remarque de leur invitée du soir.

''Ah ? Merci du compliment. Vous savez, je l'aurai su tout de suite si vous aviez été une menace. Dès le premier instant''

Il garda son sourire, non sans un rictus un peu amusé qui accentuait le coin de ses lèvres.

''vous m'auriez tiré dessus sans aucune hésitation. Et vous ne l'avez pas fait. Donc au fond, vous n'êtes pas aussi malveillante que vous pourriez le croire. ''

Firnand se retourna, renifla une ou deux fois.

''Je vois que vous avez dévoré mes réserves vous deux. Heureusement que j'ai encore du saus' planqué dans un autre hors de ta portée, Altahir. Ma dame, j’espère qu'il vous a chatouillé agréablement le palais et la langue, car je veille à le faire sécher d'une telle manière, que seul les Thérians, comme vous et moi, puissions en goûter toutes les subtilités. ''

Artane gloussa à coté.

''C'est bon Firnand, arrête ton numéro. causer à la nobliaute ne te va pas... et elle ne veut pas qu'on la considère comme une princesse. ''
''Hum.... pouvais le savoir comment moi. Oh et rassurez vous, je sais que vous êtes Thérian, par l'odeur.... Y en a très peu qui ont cette capacité.... et pour cela que je préfère vivre dans les bois.... comme cela j'ai la paix.....Vous passez la nuit ici ? Vous êtes la bienvenue.

Il fallait dire que le petit groupe avait esquivé de peu à une baston, fort heureusement, la jeune femme s'était reprise avant suivit alors d'Altahir. La cabane avait retrouvé son calme et Firnand avait fini par rentrer et s'installer près du feu. Aerin le suivait du regard, étonnée qu'il ne la dégage pas de chez lui. Bien qu'elle savait qu'apparemment il laissait toujours sa porte ouverte, elle ne pensait pas qu'il serait aussi fou pour la laisser chez lui. Au moins qu'il ait une totale confiance en lui et à son ami. Et son étonnement ne la quitta pas quand le bouc la remercia en disant qu'elle était aimable. Il fallait avouer que pour le coup, elle ne les comprenait pas vraiment.

Quoi qu'il en soit, Aerin baissa la tête face à la remarque d'Altahir. Certains arrivaient mieux que d'autres à cerner les gens. À savoir si pendant ce laps de temps, ils étaient des menaces ou pas. Aerin n'avait jamais réussi à le faire, à savoir comment différencier le bien du mal, alors c'était donc plus simple pour elle de tous les mettre dans la catégorie danger pour mieux analyser ensuite. Mais fallait croire que certains étaient moins prudents.

- Comment pouvez-vous en être sûr ? Il est difficile de prévoir les actes d'un fou.

Bien qu'elle avait apprécié croire en l'espace d'une seconde qu'elle n'était pas aussi mauvaise qu'elle le croyait, elle savait que c'était totalement faux.
Finalement, la voix du thérianthrope résonna dans la salle, la ramenant à la raison. Elle leva la tête et observa l'homme bouc d'un regard interrogateur. Au début, elle se demandait comment il pouvait savoir qu'elle était comme lui puis finalement, elle lâcha un petit sourire amusé face au discours des deux hommes. C'est vrai que certains thérian pouvaient faire ça, et si au départ cela pouvait être stressant, avec une explication ça passait mieux.

- Alors c'est pour ça que je l'ai trouvé aussi bon ? Ma foi, vous auriez de quoi être jaloux Altahir.

En effet, puisque cet homme-là avait l'air d'adorer le saucisson, ce devait sûrement être un peu décevant de ne pas pouvoir le gouter comme le faisait son ami.

-Je vous comprends totalement, il n'y a rien de mieux que la paix. Elle marqua un temps d'arrêt avant de reprendre Oh, a vrai dire, je ne pensais pas que vous m'accepteriez quand même. Après ce que j'ai fait, ça aurait mis un froid à n'importe qui de raisonnable... C'est vraiment aimable et étrange à la fois. Mais... Si vous y teniez tant... Merci.

Aussi étrange que cela puisse paraitre, Aerin n'avait pas tellement envie de repartir et eux non plus apparemment.

Artane regarda la jeune femme, sourit et s'affala presque dans son chaise, plus détendu désormais. Puis, il écarta un peu les mains de manière un peu innocente.

''Peut être parce que je suis un peu fou, moi aussi ? ''
''Plus que fou des fois, aha''rajouta le Bouc

L'Estien comprenait le doute qu'avait posé la jeune femme. Il ne savait pas ce que, elle, elle avait pu vivre pour se montrer prudente à un tel extrême, que tout devenait danger pour elle. Mais chose certaine était qu'elle avait totalement confiance en elle, reportant cela sur la méfiance qu'elle exprimait. Bien entendu, ce n'était qu'une hypothèse qu'il émettait pour lui. Cela se trouvait, elle était vraiment comme cela de caractère et rien ne pourrait y changer.

''Il est difficile de savoir réellement ce qui est bien et mal, quand on se retrouve confronté à des choix... ou quand le Destin nous fait payer le prix fort de certaines témérités..''Il avait pris un air plus sombre. Triste l'espace d'une seconde ?

''Et puis, tout le monde n'est pas mauvais ! ''dit-il retrouvant son ton enjoué. ''Sauf l'odeur peut être... avant de regarder Firnand
''Quoi ? J'ai pris mon bain mensuel la semaine dernière !

Artane gloussa. Entretemps, d'avoir appris que la jeune femme était thérian n'était pas un choc en soi, vu qu'il n'avait pas de grief envers les races qui peuplaient Orzian. Ah si les mordeurs de cou, mais c'était une autre histoire. Chose certaine était qu'elle était plus avenante, car elle causait plus. Preuve que sa méfiance retombait un peu vu qu'elle se trouvait dans un cadre guère menaçant.

Il fit la moue quand Firnand eut sa petite pic que le fait que son saucisson dévoilait ses saveurs insoupçonnées aux papilles des Thérians et non des hommes. Petit moment de revanche pour le Bouc, qui rendit son sourire à Artane. L'Estien, pour rentrer dans le jeu, croisa les bras, faussement boudeur.

''En effet, je suis jaloux. Savoir que Firnand saura mieux apprécier ce sauc'que moi..Pour la peine, je trouverai toutes tes caches !
''Tu peux essayer. Je peux te garantir qu'il y a des cachettes que tu trouveras pas ! ''

Artane en avait une petite idée, mais bien entendu, il disait cela pour taquiner son ami.

''Parce que vous avez eu plusieurs réactions provoquées la crainte ? Bahhhh. C'est déjà oublié. Et étrange ? ''

Il se gratta un peu la barbe.

''Elle veut dire par là que tu es guère revanchard. ''

''Ahhhhh... ah bon ? Bahhh. Parce que je sais que j'ai rien à craindre avec les personnes qui ont un bon fond. Bon ! si vous acceptez, y a une piaule à l'étage. C'est pas le luxe, mais assez confortable pour dormir. Artane...''

Artane roula des yeux, connaissant déjà la réponse.

''Non, Firnand, tu prends ma place. Ce soir, je dormirais à côté de Petite-Baie. Je puerai juste le cheval demain matin''

Si Altahir disait vrai, il y avait donc deux fous minimum dans cette cabane. Deux fous, oui, mais étaient-ils comparables ? Ou était-ce deux folies complètement différentes ? Aerin avait très bien senti qu'il y avait une part de vécu dans la phrase du jeune homme, cela signifiait que sa folie à lui était liée à la témérité, une chose dangereuse pour lui ainsi que son entourage, mais ça, il le savait déjà.

- Il y a toujours un prix à payer quand on va trop loin.

Et ça, Aerin le savait parfaitement. Il n'y avait qu'à regarder son bras gauche pour le comprendre.

Quoi qu'il en soit, Aerin lâcha un petit sourire face à la remontée d'humour des deux hommes. Firnand se moquait d'Altahir qui ne pouvait sentir pleinement les saveurs du saucisson et celui-ci imita un boudage exagéré. Mais malheureusement pour lui, l'homme bouc n'avait pas l'intention de lui révéler ses cachettes.

Et apparemment, en plus d'être ouvert à tout le monde, Firnand pardonnait très rapidement. Décidément, il était étrange et étonnant à la fois ce petit homme. De plus, tout comme son ami, lui aussi disait qu'elle ne devait pas être si mauvaise que cela au fond. Ces mots étonnés grandement la jeune femme. Après tout, elle entendait rarement ce genre de phrase de la part d'inconnu. Mais... S'ils disaient ça, c'était parce que ni l'un ni l'autre ne la connaissait réellement.

- Un bon fond ? Décidément, ne vous vexer pas hein, mais personnellement, que ce soit l'un ou l'autre, je trouve que vous avez trop vite confiance aux autres ou... peut-être que vous voyez seulement le bon côté des gens aussi infime soit-il.

En effet, Aerin venait même à penser qu'ils étaient peut-être un peu naïfs. Bien qu'Altahir semblait pourtant lucide, à l'évidence, s'il n'était pas crédule, il savait faire semblant. Peut-être qu'il aimait jouer avec les sentiments des autres ?

- En tout cas, merci beaucoup pour la chambre. Et ne vous en faites pas, ce sera toujours mieux que rien !

À ses mots, Aerin ne tarda pas plus et aller rejoindra la petite chambre qui l'attendait. Elle n'avait l'air de rien comme ça avec son sol grinçant, son lit au milieu et quelques meubles par-ci par-là, mais pour la jeune femme c'était déjà le grand luxe. Après tout, elle venait de passer plusieurs nuits à la belle étoile ! Sans tarder, elle quitta ses chaussures avant de s'affaler sur le lit. Bon sang ! Elle avait oublié à quel point un simple lit pouvait faire autant de bien !

Oui, il y avait toujours un prix à payer. Artane ne put qu'acquiescer à cette évidence. Et il ne rajouta rien de plus. Remuer le trouble de chacun vis-à-vis de cette réflexion ne fera que casser la bonne ambiance qui s'était instaurée ; et ce, malgré la petite tension.

Par la suite, la jeune femme ne paraissait pas convaincue de la confiance que lui portaient Artane et Firnand. Firnand regarda un instant son ami humain, qui préférait garer le silence, puis il darda ses yeux dans ceux de leur invitée de la soirée ?

''Hum... vous avez peut-être un peu raison, mais un poil. Mais vous ne serez pas la première personne qui croit ne pas avoir un petit bon fond au fond d'elle. On a toujours une part sombre en nous, et des fois, on croit qu'on n'a qu'elle. Alors que ce n'est pas vrai. Je ne sais rien de votre histoire et je ne cherche pas à la savoir, mais là, maintenant, tout de suite, vous avez un bon fond et vous ne le ferez pas changer d'avis. Même Artane, je ne sais rien de son passé et je m'en fous. Il a montré à notre première rencontre que je ne risquais rien. ''

Il lui jeta un regard suspicieux.

''Sauf ma réserve personnelle de bonne boisson, qui est menacée à chacune de ses venues''dit-il bassement, non sans une petite touche amusée. Artane fit mine de regarder le plafond. Firnand gloussa.
''Heureusement, j'ai de bonnes cachettes. Mais bref. Je prends peut-être trop vite confiance, mais j'ai largement la capacité de me défendre. ''

Puis, devant l'enthousiasme de la jeune femme d'avoir la chambre, il se contentera d'un sourire.

''Mais de rien''

Artane s'était, quant à lui, levé de sa chaise. Il avait salué tout le monde avant de sortir pour rejoindre l'écurie.

Au petit matin, le soleil à peine levé, Firnand était déjà réveillé. Une bonne odeur de lard en train de griller au feu se mélangeait délicieusement à celle qui ressemblait à du café ; en fait, c'était un substitut, à base de racine de chicorée. Le Thérian avait déjà préparé la table, coupant quelques tranches dans un épais pain campagnard. Il se demandait qui arriverait le premier. Connaissant Artane, il savait que celui-ci pourrait dormir encore une heure ou deux. Il profitait toujours de son passage à sa cabane pour se reposer ; comme une retraite reposante de quelques jours, entre deux contrats de mercenaire

- Vous avez peut-être raison au fond...

Aerin ne semblait pas complétement convaincue de son explication mais en réalité, elle savait que l'homme bouc n'avait pas complètement tord. Après tout, si elle était aussi mauvaise que ça, elle n'aurait jamais été aussi "sympa" avec les deux hommes. Mais peut-être que c'était trop difficile pour elle de l'avouer ?
Et de toute manière, il était toujours plus simple d'accorder facilement sa confiance quand on avait les capacité de se défendre et ce, sans risquer de perdre les pédales par la suite.

Quoi qu'il en soit, Aerin remercia son hôte avant de rejoindre la chambre. Une chambre qui avait l'aire d'un grand lux pour la jeune femme. Confortablement installé sur le lit, Aerin se demandait ce qu'elle faisait là. Elle n'aurait jamais cru qu'un jour elle se retrouverait à se reposer chez de sérieux inconnus. A vrai dire, elle s'étonnée elle-même.

La thérianthrope fut réveillé par une douce odeur de... Mais qu'est-ce qui sentait aussi bon comme ça ? C'était difficile à dire, mais en tout cas, cela lui donnait faim ! Aerin se leva, enfila ses chaussures et suivit la bonne odeur.
Elle arriva alors auprès de Firnand qui devait sûrement être debout depuis quelques heures déjà. La table était prête et franchement, ça donnait vraiment envie !

- Mmmh, ça sent rudement bon ici !

La jeune femme s'approcha de l'homme bouc, un petit sourire aux lèvre.

- Bonjour Firnand. Comment allez-vous ?

Le thérian pouvait aisément remarquer que la jeune femme était de meilleure humeur que la veille. Bien qu'elle eu beaucoup de mal à fermer l'œil, ce petit repos sur un bon lit douillet lui avait fait beaucoup de bien.

Le gras du lard grésillait sous la chaleur des flammes qui léchaient la poêle servant à les cuire. Firnand souriait. Son estomac bondissait de faim dans sa bedaine et de voir les tranches devenir délicieusement croustillants avaient de quoi le faire saliver. Et il n'avait pas été de main morte sur la quantité, prévoyant assez de tranches pour ses deux invités. Là, ce n'était que la première fournée. 

Une oreille se tendit. Ah, la jeune fille se réveillait. Il attendit qu'elle descende, surveillant la cuisson du petit déjeuner. 

Quand elle vient le rejoindre, sourire aux lèvres, il l'accueillit dans un joyeux accueil matinal. 

''Bonjour ! Je vais bien, tellement bien que j'ai hâte de dévorer ce lard qui chante son croquant ! On dirait que vous avez bien dormi, non ? Vous êtes plus éblouissante que le soleil de ce matin''

Puis, il lâcha un léger rire.  Quel flatteur il était ! Il profitait qu'Altahir n'était pas encore là

''Vous pouvez déjà vous installer. Pas la peine d'attendre Altahir, qui doit être en train de ronfler comme une scierie. Je termine la cuisson parfaite et je vous donne déjà plusieurs tranches''

Elles étaient presque cuites comme il le souhaitait de toute façon. Quelques secondes après, il plaça trois belles tranches de lard, ondulés par la cuisson. Il en remit des fraîches et remit sa poêle au feu. Puis, il se permit de servir une tasse de chicorée fumante à la jeune femme. 

'Si vous souhaitez dévorer encore d'autres tranches de lards, dites le et je vous ferai d'autres. ''

Firnand était de très bonne humeur, il n'y avait pas à dire. Son oreille se tendit à nouveau. 

''Ah, on dirait que notre dernier dormeur va nous rejoindre. ''

Quelques minutes plus tard, effectivement, Altahir vient les rejoindre ; À voir sa tête, lui par contre, n'avait pas passé une bonne nuit. Il avait encore des cernes sous le visage et se frottant encore les yeux, comme pour chasser les dernières brides du sommeil pénible qu'il avait. Il entra dans la maison, et salua les personnes présentes. 

''Bonjour à tous''se retenant de bâiller. 
''T'en fais une tête. C'est Petite-Baie qui a fait des siennes. ?''
''Oh non, elle, pas de soucis. Non... j'ai… Je n'ai pas vraiment réussi à dormir. ''
''Un cauchemar ? ''
''Hum... ''
''Ça t'arrive jamais ça... ''

Altahir prit place à la tablée. Firnand lui servit deux tranches ben fumantes. 

''C'est passé non ? Allez, mange, ça te revigorera un peu. Et interdiction de tout manger de ce que je cuirai, priorité à la jeune fille !''

La bonne humeur de Firnand était vraiment contagieuse. Il sourit légèrement, ce qui chassa un peu la morosité et la fatigue qui marquaient son visage et regarda leur invitée. 

''Il dit cela, parce que je sais où est son cellier où il fait sécher son lard… ''
''J'ai entendu ! Un jour, je mettrai un piège et tu auras l'air malin ! ''

L'humain lâcha un léger rire avant de se servir une bonne grosse tasse de chicorée, à son tour.