Aux rougissements d’Aria, la dame ne semble pas spécialement surprise, plutôt habituée. Cela n’atteint cependant pas la cervelle de la jeune ingénieure, sinon, elle se serait sûrement retrouvée plus rouge encore, songeant à une « normalité » presque effarante. Lorsqu’Aria se met à plaisanter sur sa condition, elle le fait avec tellement de cœur que sa gêne semble disparaître un instant, alors qu’il s’agit surtout d’une façade pour la masquer. Quoiqu’il en soit, la Seigneure-Juge ne semble pas non plus surprise et se contente tout d’abord d’un doux sourire qui fait fondre le regard en coin que lui porte Aria.

Sa réponse la fait doucement rire, sachant déjà sans mal que l’huile et la graisse sont pas les meilleurs mets existants. Puisque oui, avec autant de temps passé à huiler et graisser des choses, les accidents arrivent vite et sont bien désagréables, avouons-le. Quoiqu’il en soit, la jeune femme se retrouve à devoir chasser expressément le doute qui l’assaille face aux propos de sa camarade : est-elle vraiment si sale pour que l’Amirale le fasse remarquer ?

Ces pensées ne tardent cependant pas dans son esprit puisque, déjà, la Seigneure-Juge lui propose d’améliorer ses capacités de conductrice, ce qui fait réagir Aria de manière qui pourrait presque paraître excessive, tant elle est enthousiaste. La première se met une nouvelle fois à sourire, tout en révélant ne pas être du genre à proposer des choses dans le vent. Elle semble par ailleurs accepter l’enthousiasme de la jeune femme, ce malgré l’impression d’exagération que celle-ci en tire. Elle ne laisse pas son sourire, se retient de sautiller de joie et tente de calmer ses ardeurs en terminant la réparation de la mitrailleuse, tout en écoutant les paroles suivantes de l’elfe.

Elle se met à rire, replace deux-trois boulons et termine une dernière réparation, tout en étant persuadée que la modestie de son hôte ne saura pas mettre son enthousiasme à rude épreuve.

« Même si vos leçons étaient banales, le fait d’apprendre de vous a largement assez de charme pour que cela soit toujours fantastique, ahah ! »

Et même si ces paroles peuvent sembler très lèche-bottes en dehors de leur contexte, ce n'est pas le cas d'Aria, qui est juste telle qu'elle est habituellement. Quoiqu'il en soit, elle finit par se redresser et ramasser son matos tout en expliquant à la Seigneure-Juge.

« J’ai graissé un peut tout ça, changé quelques pièces usées ou qui vont bientôt l’être, mais elle m’a l’air bien entretenue à la base, ce qui a diminué quelque peu l’usure qu’elle aurait pu subir. Du coup je pense que ça devrait aller assez vite pour les mitrailleuses, si elles sont dans le même état que celle-ci ! »

La jeune femme se frotte les mains, avant d’attendre la suite des directives de son employeuse du jour.

Aux propos concernant le fait que certains puissent aisément croire que les manières de la jeune femme ne sont que flatteries, Aria se met à rougir bêtement. Elle se rend compte, certes un peu tard, que le ton léger et le sourire de la Seigneur-Juge ne sont là que pour la rassurer, semblant ne pas se compter dans ces personnes. Son visage perd alors de sa teinte écarlate, alors qu’elle se redresse prestement pour féliciter le bon état global de la machine. L’elfe semble tout aussi ravie de l’apprendre, avant de confirmer que les autres doivent à peu près être dans le même état. Aria hoche la tête, et toutes deux se mettent en chemin pour aller s’occuper de l’entretien des autres.

Et tout en continuant à discuter, Aria peut observer, qu’en effet, les mitrailleuses du navire de la belle elfe akkatonienne sont toutes sensiblement en bon état. Même si certaines pièces usées se doivent d’être changées afin d’éviter certains problèmes, que certains graissages ont été oubliés et que, parfois, la rouille commençait à faire son œuvre, la jeune femme semble plutôt ravie de voir cela. Ce n’est pas comme si elle avait déjà vu pire… Et à dire vrai, à part lorsqu’il s’agissait de son travail à elle — puisque les autres grands inventeurs faisaient rarement appel à elle, bien qu’elle se doutait que leur travail était soit mieux, soit aussi bien que le sien — elle trouvait terriblement rarement un état global d’entretien de qualité supérieur à celui qu’elle avait actuellement sous les yeux.

Mais finalement, les mitrailleuses, une fois toutes en meilleur état, laissent place à… Un engin sensiblement plus gros. La thérianthrope penche la tête en posant la main sur la lance Tesla, tout en écoutant les paroles de la dame. Un léger sourire apparaît sur le visage de la jeune dame alors qu’elle répond :

« En l’occurrence, c’est une technologie plutôt avancée, et c’est sûr que l’étudier n’est pas fréquent ! Mais ça va, je sais encore comment fonctionnent des Teslas, même si j’observe rarement ce genre d’engin sur un navire. Bon en même temps je monte rarement sur les navires. »

Sur ces mots, la thérianthrope se décide à ouvrir les entrailles de la bête, qu’elle commence à soigneusement inspecter. Elle fait une légère moue en remarquant quelques pièces à changer, d’un premier et rapide coup d’œil, ainsi que, visiblement, des choses à faire, qui n’ont pas été faites depuis un certain temps. Quoiqu’il en soit, rien qui ne soit dangereux pour la sécurité de la personne utilisant la lance, bien que le faire ne fera jamais de mal.

« Effectivement, les mitrailleuses sont des armes plus communes et simples à entretenir. Il y a certains entretiens qui manquent sur cette lance et qui ne pourraient certainement pas faire de mal. Certains sont assez simples à exécuter, d’autres demandent un peu plus de connaissances, mais je peux vous montrer certaines choses, si vous le désirez ? Cela augmentera la durée de vie de votre lance et évitera qu’elle ne se retrouve à puiser inutilement dans ses ressources. »

Sur ce, et si l’elfe accepte de voir lesdites choses, Aria commencera à les expliquer. Rien de bien sorcier, comme elle a pu le prévenir, et surtout, rien qui ne pourrait se révéler dangereux pour qui que ce soit. Après tout, elle est là pour aider, pas pour risquer de mettre quelqu’un en danger. Elle ne montre que quelques légères choses, utiles à savoir et pour la machine, mais certainement rien de trop technique ou qui impliquerait de toucher quelque chose qui pourrait se révéler risqué.

Lorsque la jeune femme propose de montrer certaines choses à son hôte, celle-ci se montre tout d’abord légèrement surprise, avant qu’un nouveau sourire n’orne son visage. Elle demande confirmation à la thérianthrope, qui hoche tout d’abord la tête en souriant. L’affirmation suivante lui tire une moue de réflexion, très brève. Non, en effet, elle ne sera pas capable de la réparer, seulement de l’entretenir un peu mieux, ce afin d’augmenter la longévité de son bien. Ce n’est pas tout à fait la même chose, mais sans doute n’était-ce pas clair.

« Disons que je parlais surtout de moyens d’entretenir la machine, ahah ! Je ne peux pas vraiment vous expliquer comment cela fonctionne exactement ni comment la réparer, ce serait bien trop long et ça ne vous servirait pas forcément. Non, c’est surtout pour l’entretenir, vous montrer les choses importantes à faire, qui peuvent permettre à votre lance de vivre plus longtemps ! »

Et sur ces mots, la jeune femme commencera à expliquer certaines choses. Les pièces importantes dont il faut surveiller l’état régulièrement, les endroits qu’il ne faut pas oublier de graisser, les zones à surveiller, les pièces à ne pas toucher… Surtout des choses que l’on pourrait qualifier de « petite volée », mais qui détiennent toute leur importance sur ce genre de machine.

« Peut-être que ça semble moins prestigieux que ce que vous vous attendiez à voir originellement, et je m’en excuse. Après, on peut toujours se dire que, sur ce genre de machine, chaque pièce est importante et aucune ne sert à rien ! C’est pour ça que l’entretien concerne un peu toutes ces choses, et soyez sûre que votre lance s’en portera mieux ! »

Et après avoir montré toutes ces petites affaires d’entretien à l’elfe, Aria se décide à passer aux choses sérieuses et à attaquer le gros des réparations. Car dans son inspection de la machine, la jeune dame a remarqué des changements à effectuer. Elle les explique vaguement à la Seigneur-Juge, si celle-ci le souhaite, mais sans forcément développer. Elle attaque ici des choses plus difficiles, à faire avec le matériel et les connaissances nécessaires, que l’on ne peut pas vraiment confier à un.e néophyte. Et bien loin d’Aria l’idée de considérer Aelfwyne comme telle, bien qu’elles se rendent toutes les deux bien compte qu’elles n’ont pas étudié les mêmes choses pour atteindre leur niveau actuel dans leurs métiers respectifs…

Quoiqu’il en soit, une fois les réparations et l’entretien de la machine terminés, la jeune femme se redresse, s’essuie les mains dans un chiffon, avant d’épousseter ses habits.

« Bon hé bien il me semble que tout est bon ! »

Elle semble heureuse, souriante. Mais la question qui se pose devrait être « quand ne l’est-elle pas ? », après tout. Quoiqu’il en soit, elle semble attendre les directives de la dame en face d’elle.

Certes, il faut dire que, comme la charmante dame elfique le pense, la situation, d’un point de vue extérieur, semble assez cocasse. Qui pourrait se vanter d’user d’un Seigneur-Juge, quel qu’il soit, comme d’un assistant ? Certainement pas Aria, car, comme l’a remarqué dame Finz, cette dernière ne s’en est simplement et innocemment pas rendue compte. Et sans doute que, si un jour elle vient à y songer, le rouge lui montera jusqu’aux oreilles de honte, mais nous n’en sommes pas encore là. Aria se contente donc, de la manière la plus pure qui soit, d’étaler son savoir dans l’idée de faire apprendre, d’aider et surtout, de se montrer utile, aimable et efficace. Et c’est tout aussi innocemment qu’elle explique à la dame elfique qu’elle ne peut pas tout lui apprendre, alors que celle-ci lui répond aimablement et intelligemment qu’elle n’y avait même pas songé. Aria a tout d’abord un rire gêné pour son incompréhension, mais finit toutefois par se mettre au travail.

Et s’il n’est pas foncièrement intéressant de développer toutes les actions de la jeune dame et de son acolyte improvisée, où cette dernière réalise un grand nombre de choses qui n’avaient même pas germé dans l’esprit de la première. Après tout, les deux ne vivaient pas dans le même univers, quelque part, elles ne faisaient pas les mêmes choses, n’avaient pas la même importance… Et l’esprit simpliste d’Aria aurait pu rencontrer le grandiose de la haute société, si Aelfwyne n’avait pas été celle qu’elle était.

Et lorsque la lance semble avoir retrouvé son éclat initial — ou tout du moins son état — les deux jeunes dames se relèvent, observent rapidement leur travail, avant de s’échanger un sourire éclatant de fierté. Et alors qu’elles essuient leurs mains, la thérianthrope se lance dans une exclamation enjouée tandis que son patron du jour la félicite de son travail. Cette tirade tire un sourire humble et gêné chez la demoiselle, qui la remercie chaleureusement, mais sans fioritures, pour laisser son hôte continuer ses propos. Elle rougit graduellement durant ces quelques mots, de gêne, de peur, lais également d’excitation. En elle se battent ces trois émotions et elle se met à trépigner sur place, avec une moue difficile à comprendre.

« Je- oui, bien sûr ! Enfin, je crois… Bien évidemment, on peut aller dans un endroit avec un peu plus de place, n’est-ce pas… ? »

La crainte de faire une bêtise et de heurter quoique ce soit, ou simplement d’abîmer le navire sur le port, semble finalement se détacher des autres émotions de la jeune dame, qui finit même par ajouter :

« Je ne voudrais pas risquer de casser quelque chose avec un faux mouvement. Et non pas que je craigne d’en faire un, mais je crois qu’il vaudrait mieux éloigner ce risque, au cas où. »

Pourtant, il serait un peu étrange de dire qu’Aria n’a aucune connaissance en conduite, puisqu’elle a déjà pris quelques cours, qu’elle utilise parfaitement ses ailes — bien que ce ne soit pas pareil — et qu’elle possède déjà quelques essais. Ce qui cause cette crainte, finalement, touche plus le fait de devoir piloter ce navire en particulier que de piloter un quelconque navire.

La jeune femme semble à peine remarquer le sourire de l’elfe lorsqu’elle réclame des mesures de sécurité, mais sans doute n’est-ce pas plus mal. Dans sa condition gênée actuelle, en effet, elle aurait pu se demander si son hôte se moquait gentiment d’elle, ce qui n’aurait malheureusement fait qu’augmenter la gêne de la jeune dame. Et d’ailleurs, sans doute faut-il préciser que son excitation précédente était probablement présente parce que la situation n’était pas aussi avancée, et que, sans doute, elle ne pensait pas vraiment en arriver là. Quoiqu’il en soit, Aelfwyne salue le souci de la sécurité de la thérianthrope, qui ne cache pas un sourire gêné, tout en tirant une mèche de cheveux derrière son oreille. La dame émet alors des suppositions — sans doute largement véridique, par ailleurs — sur Aria, mais les accepte néanmoins pour ne pas mettre trop de pression sur ses épaules. Elle lui propose ainsi donc de sortir le Gardien du golfe, ce qui permettra en plus à Aria de voir comment il se dirige. Cette dernière se met à opiner vivement du chef lorsque son hôte lui demande si elle est d’accord.

« Oui, ce serait beaucoup mieux, merci beaucoup ! »

Aria semble se détendre légèrement, ce qui doit probablement faire plaisir à l’elfe au vu de son envie. Elles se dirigent donc toutes les deux vers la barre, pendant qu’Aria souffle doucement, tentant de reprendre le contrôle sur ses émotions en utilisant une sorte de méditation rapide. Elle salue l’orc lorsqu’il la salue, mais n’écoute que d’une oreille la discussion entre celui-ci et l’elfe, cherchant à tout prix à reprendre ses esprits. Et une fois à la barre, Aelfwyne émet de nouvelles suppositions concernant la gêne de la thérianthrope. Cette dernière semble par ailleurs plus calme, le rouge de ses joues commençant à disparaître. Elle sourit à la plaisanterie — du moins, elle espère que ce soit une vraie plaisanterie — de l’elfe, ne sachant pas vraiment comment la prendre autrement.

« Je préfèrerais quand même ne pas tomber sur des pirates, ahah… »

Et finalement, la dernière demande de la Seigneur-Juge tire un sourire sincère d’Aria. Sans doute qu’il se change en gêne rapidement un temps, mais cela ne dure pas suffisamment longtemps pour être réellement gêné. Il faut dire qu’Aelfwyne a su s’expliquer assez rapidement pour ne pas laisser la jeune thérianthrope se refaire happer par ses émotions… Quoiqu’il en soit, celle-ci lui répond, tout en attendant la suite des choses :

« J’ai piloté de plus petits navires, pas de guerre. Des dirigeables, aussi, mais pas les plus gros. Je connais une partie de la théorie pour le reste, mais je n’ai pas encore vraiment de pratique, ahah. »