Leto, l’esclave d’Andro Von Kaufman, se tenait devant le tribunal de la cité de Vinche, le bâtiment majestueux, témoignait de la grandeur de la duchesse. Cependant le jeune homme était un état d’esprit ou la beauté de l’édifice glissait sur les rails de son indifférence. La raison de sa présence en ces lieux était extrêmement sérieuse et il ne pouvait pas se permettre de laisser des détails futiles le déconcentrer. Il avait une tache à accomplir, et il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour la remplir. La défaite n’était même pas une option envisageable. S’il perdait, il n’imaginait pas le sort que son maître allait lui réserver. Rien qu’y penser, des frissons parcoururent l’ensemble de son enveloppe charnelle.

En effet. Andro avait mandaté l’esclave d’une mission très précise, celle de gagner un duel judiciaire. Ainsi un différend opposait le propriétaire de Leto à un noble bourgeois du duché de Vinche. La question qui devenait être réglée en ce jour, était celle de la propriété d’une mine de charbon. Récemment, au sud de la cité, un gisement de la précieuse matière avait été découverte par des audacieux géologues, cependant l’emplacement des filons se trouvaient au chevauchement de deux propriétés foncières, de telle sorte que les deux réclamaient la possession du précieux minerais. Le tribunal ne pouvant pas trancher ce litige, il fut décidé pour départager les deux parties, d’organiser un duel judiciaire. C’est là, que Leto entra en scène, son rôle étant de représenter son maître lors de cet affrontement et d’arracher la victoire. Peu importe la manière, le jeune homme devait gagner. Ce n’était pas négociable.

Leto pénétra dans l’enceinte bâtiment. Il devait y retrouver son maître, ce dernier s’y étant rendu plus tôt que lui pour régler des affaires liées à la gestion de son immense empire financer. Le Kitsune regarda l’ensemble de la pièce, à la recherche de celui qu’il devait appeler son grand maitre. La salle était plutôt luxueuse, le sol fait de marbre blanc comme la neige du mois décembre, donnait malgré cette opulence, un coté plutôt épuré à l’ensemble. Un somptueux lustre fait d’une matière ressemblant fortement à l’or, brillait sur l’ensemble du grand hall.  L’effervescence qui caractérisait ce haut-lieu de l’administration rendait toutefois, la recherche de la « lumière de sa vie » plus que compliquée, et l’esclave s’agitait fortement dans le but de le trouver.

Finalement après une longue enquête qui dura une bonne minute, Leto trouva l’elfe, ce dernier entouré de ses gardes du corps semblait grandement s’impatienta. L’esclave souhaitant, faire une excellente impression à celui qui avait un pouvoir de vie ou de mort sur sa personne, s’agenouilla devant Andro et dit d’une voix grandiloquente :

- Ô grand maître, lumière de ma vie, feu de mes reins. Je suis ici pour vous apporter la victoire lors de cette bataille et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous contenter.
- Cesse donc, pour aujourd’hui, tes afféteries, je ne suis pas là pour t’entendre clamer ma grandeur mais pour obtenir des résultats, tu sais, ce qui va se passer, j’espère, si tu ne réussisses pas à combler mes attentes ?

Cette intervention confirma grandement ses impressions. Il ne pouvait, il ne devait pas perdre. Sans aucun prétexte. Jamais, au grand jamais.

Sans une phrase de plus, Andro se levait de sa chaise, accompagné par ses protecteurs, il se dirigea vers le lieu où devait se dérouler le duel. Docilement, Leto suivit son propriétaire. Sur l’ensemble du trajet, il se répétait, dans son for intérieur, cette litanie pour se donner du courage : « Je vais gagner, je vais gagner, je vais gagner ». Le petit Kitsune se demanda aussi, qui pourrait bien être son adversaire. Surement un homme ou une femme ayant de nombreuses années de maîtrise des arts martiales devant elle/lui. Un combat qui s’annonçait rudement serrer.

Les deux compères arrivèrent enfin dans un terrain vague à proximité de l’emplacement du tribunal.  Un juge, y était déjà positionnée, attendant l’arrivée de celle et de ceux, qui en ce jour, combattraient pour l’honneur de leurs employeurs. Leto regarda autour, de lui mais ne vit pas son adversaire. Il devait surement encore se préparer pour cet affrontement. Andro, soucieux du respect des normes juridiques, se présenta à l’arbitre de la rencontre et d’un air faussement joyeux, il déclara :

- Je suis Andro Von Kaufman, humble marchand de la cité de Vinche, voici mon esclave Leto . C’est lui qui me représentera durant ce duel.
- Bien, monsieur Leto, votre adversaire ne devrait plus tarder, vous pouvez attendre avec nous, sa présence.

Finalement après une courte attente, son adversaire arriva enfin. Leto, soucieux de mettre toutes les cartes de son côté, la scruta attentivement afin de déceler toutes les informations possiblement utiles pour le combat à venir. La femme ne lui fit pas grande impression, elle était tout à fait classique, ni maigre ni grosse, ni grande ni petite, ni belle ni moche. En somme rien qui ne sorte de l’ordinaire. Mais comme on le dit si bien, l’habit ne fait pas le moine et lui-même avec sa corpulence frêle et sa petite taille ne semblait pas impressionner grand monde. Les compétences au combat de cette dame ne pourraient s’exprimer librement que quand l’affrontement commencera et là, il saura enfin si cette personne est une adversaire redoutable ou si au contraire, il pourra la briser aisément.


Le juge-arbitre voyant que tous les protagonistes étaient arrivés, prit avec emphase la parole :

- En ce jour, nous réglons la question de la possession de la mine de Kalgan lors d’un duel judiciaire. Ce litige oppose monsieur Von Kaufman représenté par monsieur Leto à Monsieur Halleck, représenté par Madame Benedetti. Les règles sont plus que simples, la magie est autorisée tant que cette dernière ne blesse pas fortement votre ennemi. Les armes blanches ne sont pas autorisées, les coups aux parties sensibles, aussi. Pour gagner, il suffit simplement soit d’éjecter votre adversaire lors de l’arène soit de le mettre dans un état ou il ne peut plus continuer le combat. L’arène fait 4 mètres de diamètre et ses limites sont indiquées par les marques rouges sur le sol.

De la magie non létale ? Leto dans son for intérieur se dit que ce combat serait grandement à son désavantage et ce pour une raison simple, plus le combat durait plus ses réserves de mana s’épuiseraient et une fois qu’il n’en aurait plus, ce sera impossible pour lui. Décidément, les chances de victoire s’amenuisaient peu à peu.

- Bien je vous laisse prendre position, j’annoncerai le début du combat quand tout le monde sera prêt.
Leto obéit donc à l’injonction du juge et sans une phrase pour son adversaire, il se mit en place prêt à combattre celle qui le temps d’un instant serait son ennemie.

Halleck regarda fièrement sa combattante et comme pour provoquer son rival, il commenta d’un air détaché :

- C’est cela ton champion ? Au vu de sa prestance, il aurait bien fait de rester dans un salon de beauté.
Ce à quoi, Andro irrité par cette audace, déclara simplement :
- On verra cela à la fin du combat, ton audace n’a d’égal que ta couardise, je serai tellement heureux une fois que mon leto aura rétamé ton petit bout de femme.

Le combat avait enfin commencé, les deux adversaires se faisaient face. Seuls le sang et l’acier pourraient faire basculer le cours de cette rencontre. Vittoria était d’un calme olympien, rien ne semblait pouvoir la faire perdre sa quiétude naturelle. Leto se dit dans son for intérieur, qu’elle ne risquait pas grand-chose à échouer à sa mission, peut être un peu d’argent mais dans la vie, il n’y a des choses bien plus importantes que les sous.

Invoquant un bouclier de vent, la moniale put éviter de recevoir en plein foire, la plupart des lances de Leto. Seule une, réussit malheureusement pour la jeune femme à lui érafler la jambe, plus de peur que de mal, puisque cette dernière ne provoqua sur la peau de la « jeune fille » qu’une modeste éraflure. Elle était bien sur toujours capable de se battre et même de gagner ce duel.

Finalement, la vampire n’osa pas attaquer de front le Kitsune, elle se contenta de créer des clones d'elle-même, pour peut-être déstabilisé le jeune homme par leur présence, pendant ce temps de répit, Leto en profita pour essayer d’invoquer un sable mouvant sur le terrain. Si son incantation réussit, il aurait un grand avantage sur son adversaire, ses mouvements seraient plus aisés alors que celle de la moniale plus lent. Toutefois 6 secondes c’est long et si son ennemi qui s’occupait de créer des clones, décida de l’attaquer durant ce laps de temps, Leto se tiendrait prêt à se transformer en renard et à esquiver l’assaut dévastatrice de Vittoria.

Le subterfuge de la jeune femme ne prit pas avec Leto, sa perception avait eu raison de sa tentative de semer le trouble dans son esprit et il put alors discerner avec précision laquelle des Vittoria était l’originale et laquelle était la fausse.

Spoiler:

Le combat entre les deux guerriers continua, Vittoria, elle toujours aussi sereine semble bien déterminer à faire mordre la poussière à Leto. Ce dernier eut toutefois le temps de finir son  incantation, le terrain de l'arène devint alors boueux. Seul le Kitsune pouvait aisément s'y déplacer. Quoiqu'il en soit, la moniale, elle, fut toujours aussi combative, l'abandon ne devait surement pas faire partir de son vocabulaire. L'adversaire de l'esclave s'élança donc dans l'air, prête à atterrir près de Leto, et ce, afin de lui asséner un coup fatal. Cependant tout ne se passa comme prévenu pour Vittoria, puisqu'au moment de se réceptionner, elle se coinça la jambe dans la terre malléable de l'aire de combat.

Une opportunité en or pour l'esclave d'Andro puisque s'il arrivait à placer une bonne attaque, il pourrait plier le combat et remporter fièrement cette bataille. C'était donc pour lui le moment de frapper. Sans afféteries, il décida de se transformer en Renard Patriarche, pour affronter  la moniale cela serait beaucoup plus simple, sa forme normale n'étant que très peu adaptée pour le combat au corps-à-corps. Il donna ainsi, sans sortir les griffes, un coup de patte à la jeune femme. Son objectif était clairement de la pousser hors des limites du terrain, sachant que Leto était à la limite de l'arène si Vittoria avait atterri à proximité de lui, elle ne devait pas se trouver très loin des bords de l'aire de combat.

Victoire pour Leto ! Au prix d’un effort surhumain, il avait su triompher de son adversaire féminin. Relâchant la plupart de ses muscles, il s’effondra comme un poids mort sur le sol. Le soulagement et la joie qui découlaient d’un tel triomphe envahirent son esprit. Il semblait si heureux d’avoir mené à bien sa mission. Échappant ainsi à une possible sanction, le kitsune avait montré à son maître qu’il était un esclave dans lequel il pouvait avoir confiance.

Fatigué par ce combat rude et intense, Leto mit quelques instants à se relever. Le temps de reprendre son souffle et de reposer un peu ses jambes. Son maître lui aussi était comblé par le déroulement d’une telle rencontre. Il avait réussi à fermer son claquet à son rival Halleck et avait pu acquérir une mine de charbon, source potentielle de très nombreux profits.

Finalement, le kitsune se leva. La gloire que lui apportait une telle victoire, n’était pas vraiment le moteur de sa rage. Pour le dire de façon assez prosaïque, il s’en fichait royalement et ne souhaitait pas se pavaner. Il allait donc tout de suite vers celui pour qui, il avait mené ce combat, c’est-à-dire Andro Von Kaufman. Le marchand l’accueillit alors avec un sourire à peine voilé et quand il fut à proximité, il lui tapota délicatement la tête, comme pour le féliciter de sa réussite. Puis l’elfe s’exclama d’un air joyeux :

- Bravo Leto, aujourd’hui tu n’auras pas pu me faire plus plaisir. Etant particulièrement charitable par nature, je suis disposé à t’offrir une récompense pour ta victoire lors de ce combat.

- Ô grand maître, lumière de ma vie, feu de mes reins. Votre gentillesse ne semble point avoir d’égal sur cette terre et c’est avec une profonde modestie que j’accepte votre glorieux présent.

Andro regarda un instant Leto puis réfléchit. Il ne semblait pas avoir d’erreur dans sa litanie. Son éducation avait particulièrement réussite sur ce point. Elle avait su lui ôter l’ensemble de sa dignité et il ne lui restait plus une once d’amour-propre.

- Bien, je suppose que l’on pourra parler de cela une fois rentrer à la maison. Je t’accorde une heure trente de repos. Pas une minute de plus. Fais ce que bon te semble dans la ville pendant ce temps mais n’oublie pas de rentrer à temps, tu as un tour de garde cette nuit
- Ô grand maître, lumière de ma vie, feu de mes reins. Je vous remercie grandement de l’offrande que vous me faites.

Leto sait déjà comment il allait occuper ce temps libre. L’esclave flânerait surement dans l’un des rares espaces verts de la cité de Vinche, à regarder les passants et à se reposer de ce combat. De toute façon, étant de condition servile, il manquait grandement d'argent. Dans une cité aussi luxueuse et riche que Vinche, c'était un problème notable. Car dans les duchés, tous s'achètent et tous se vendent. Rien n'est jamais gratuit.

Leto sortit donc de l’arène, se fondant dans la foule. Il avança rapidement vers le lieu qui l’accueillerait en son sein pendant les une heure et demie qui allaient suivre. Ce dernier s’avérait être un petit espace vert au milieu de cette jungle urbain qu’était la cité de Vinche. Le Kitsune s’assit au pied d’un arbre surement millénaire. Ses longues branches touffues fondaient vers le sol, si elles étaient plus grandes de quelques centimètres, elles auraient pu toucher la pointe des cheveux de Leto. Son tronc fait d’un amas marron informe n’était pas très confortable au toucher mais cela, le jeune homme pouvait bien sur passer outre.

L’euphorie de la victoire s’était clairement escomptée chez le petit kitsune. Certes, il était bien heureux de recevoir une récompense mais cela ne changerait pas fondamentalement sa condition servile. Il était esclave et il le resterait. Du moins si les choses n’évoluent pas dans le bon sens.

Le jeune homme fut cependant surpris par l’arrivée d’une personne qui ne pensait plus jamais revoir de sa vie. Ce n’est pas forcément qu’il la détestait, disons plutôt que la vie est faite de nombreuse situation dans lesquelles on ne fait qu’apercevoir sans jamais apprendre à les connaitre moult individus. Vittoria, si elle ne s’était pas pointée en ces lieux, aurait surement pu être pour Leto, de cela.

Minutieusement, il la scruta et se demanda ce qu’elle pouvait bien faire en ces lieux. Peut-être voulait-elle se venger de l’affront qu’il lui avait fait subir en la battant. Chez les individus bouffis d’orgueil et extrêmement confiants en leurs capacités c’était bien fréquents. Ou peut-être voulait-elle le recruter pour le compte de son maître. C’étaient différentes possibilités à envisager.

Finalement, son intervention mit fin à ses interrogations, la jeune dame disait souhaiter le connaitre ! Et bien pour une surprise ; cela en est une ! Le problème étant que Leto n’avait vraiment, mais alors vraiment aucune envie de parler de lui.

Timidement, il lui sourit et puis s’exclama simplement :

Apprendre à me connaitre ? Mon existence n’a pas la moindre once d’intérêt, je m’excuse par ailleurs ne pas pouvoir combler votre curiosité et votre soif de connaissance, madame…..Ah oui ou sont passées mes bonnes matières, je ne me suis meme pas présenté, je m’appelle Leto et vous ?

La jeunesse ! Selon les critères en vigueur chez les humains, Leto était à un âge bien avancé. Cependant pour les gens de son engeance, il était encore un jeunot, ne connaissant rien des expériences de l’existence.  La temporalité était quelque chose de bien relative, qui dépendait de la subjectivité de chacun. Elle prenait tout son sens dans les attitudes du quotidien. Entouré par une horde d’humain, le jeune Kitsune ne se considérait pas comme étant jeune, il avait vécu bien plus de choses en l’espace de 55 ans que la plupart des hommes de cette contrée. Etait-ce une forme d’arrogance de sa part que de penser connaitre les rouages du monde. Peut-être ! Mais au vu de la faible opinion qu’il avait de lui, il pouvait bien se permettre ce petit excès.


- Vous pensez que je suis jeune ? Les Kitsunes gardent la même apparence durant toute leur vie, je suppose que vous avez vu cela à mes attitudes, ma combativité peut surement passer pour de la fougue, je suppose. Cependant vous allez totalement raison, selon les critères de mon espèce, je suis encore aux balbutiements de ma vie. J’ai 55 ans. Si je ne meurs pas durant un affrontement, je pourrais peut-être atteindre l’âge de 500 ans. Le temps de voir défiler au moins 5 générations d’humains. Le temps n’attend décidément personne.


Quant à ses aptitudes au combat, les louanges de Vittoria rencontrèrent l’indifférence de Leto. La force n’était pour lui, jamais une fin en soi. Seulement un moyen d’atteindre un objectif plus noble et l’usage de cette force ne pouvait se juger qu’à l’aune de cet objectif. Cependant malgré le total désintérêt de l’esclave vis-à-vis des compliments, il ne laissa rien paraître et arbora même un sourire de façade. Leto avait pris l'habitude de camoufler ses vrais sentiments, pour ne laisser transparaître que ce qui l’arrangeait. Le jeune kitsune n’était qu’une apparence dans laquelle se cachait l’esprit d’un homme.

- Vous êtes trop bonne avec moi, madame Benedetti. Vos glorieux éloges me touchent particulièrement, ils sont pour moi comme une magnifique médaille, que fièrement j’arbore.

Leto ne répondit pas de tout de suite à la question de la moniale, il fit un énorme détour rhétorique.

- J’aime voir les passants vaquer à leurs occupations. Du plus modeste pâtre au plus riche des marchands. Tous ont une existence qui les distinguent dans la masse dans laquelle on peut les observer. Cependant, dans cette fourmilière qu’est la cité de Vinche, leur individualité est niée, ils ne sont plus que le rouage d’un système qui les dépasse. Alors moi, j’essaye de leur redonner une part d’humanité, en scrutant chacun de leurs gestes et chacune de leurs tenues d’imaginer ce que peut être leur existence.

Il ajouta rapidement :

- Un passe-temps bien futile mais dans la vie, on fait ce que l’on peut pas ce que l’on veut. Alors Madame Benedetti, je suis bien heureux de connaitre un peu plus votre subjectivité. Croyez-moi ma vie n’est guère intéressante. Mais la vôtre doit être infiniment plus riche. Dis-moi qui êtes-vous ?

Leto scruta un instant la femme qui lui faisait face. Il remarqua alors son visage particulièrement pale pour un être humain. Couplé au fait qu’elle affirme être plus vieille que lui, il put alors émettre l’hypothèse que Vittoria était une vampire. Créature qui inspirait crainte et terreur à moult peuplades d’Orzian. Le Kitsune s’en fichait bien de savoir à quelle espèce appartenait la moniale. Il n’était pas du tout du genre à juger les autres à l’aune de caractéristiques biologiques abstraites.

- Si vous êtes vraiment ce que je pense que vous êtes, vous devriez éviter de le crier sur tous les toits. N’y voyez nulle offense Madame Benedetti. C’est juste un conseil d’ami. Nous sommes certes dans les duchés, un lieu où le fracas des pièces d’or qui s’entrechoquent peut faire taire la complainte craintive de la superstition. Mais on ne sait jamais sur qui on peut tomber, une rencontre avec un fanatique qui ne daigne point se conformer aux normes de la moralité est vite arrivée.

Pompeux ? Leto l’était en effet ! Cependant il s’en fichait bien que l’on l’affuble d’une telle qualification. L’esclave jouait un rôle et comme tout bon acteur qui se respecte, il essayait de l"interpréter de mieux possible et de mettre tout son âme dans cette prestation. Peu de personnes pouvaient se targuer de l’avoir vu sous son vrai jour. En vérité, une seule personne et elle était bien loin d’ici.

Malgré le fait que Leto était grandement agacé par l’insistance prononcée de la moniale, il ne laissa rien paraître, son visage resta placide et ses gesticulations ne trahirent aucune forme de trouble. Le Kitsune sourit alors à Vittoria.

- Vous pensez qu’il y a un intérêt à me connaitre que vous en tirez une forme de bénéficie ? Je veux bien vous croire, Madame Benedetti. Cependant j’aimerai vous proposer un petit jeu. Vous m’avez en face de moi, vous savez que je suis un combattant et un mage d’eau et transformiste. A partir de ces informations, quelles autres vérités pouvaient-cous découvrir sur moi ? Si grâce à la puissance de vos déductions, vous trouvez des renseignements exacts sur le Kitsune que l'on nomme Leto. Je suis disposé à vous fournir de plus amples informations.


Leto était joueur ? Non, il souhaitait juste que l’on laisse la paix et la meilleure façon de faire cela, c’était de satisfaire la personne en face de lui. Si elle réussissait à découvrir des secrets, grâce à la seule force de son intelligence, Vittoria aurait la sensation d’avoir accompli quelque chose et Leto n’aurait plus qu’à bredouiller un mensonge dont il avait le secret pour se tirer de ce pétrin.

- Je m'excuse, si ce jeu vous offense. Nous ne sommes guère obliger d'y jouer. C'était juste une allégation qui  m'ait passée par la tete. Les rouages de la psychée sont décidément impénétrables

Et bien que dire de la petite tirade de la jeune moniale ? Beaucoup de choses et pas que des choses positives. Elle avait su percer à jour les petites manigances de Leto. Mais cela n’avait pour lui, plus aucune importance. S’il avait été découvert, il n’avait plus aucune raison de jouer ce rôle. Le Kitsune pouvait alors laisser libre cours à sa véritable nature. Sans un mot, son visage changea d’aspect, il arborait maintenant une expression assez froide voire mélancolique.

- Et bien, on ne vous dupe pas finalement Madame Benedetti. Vous avez raison sur un point, je ne désire pas votre présence ! Peut-etre aurais-je du jouer franc-jeu avec vous, dès le début mais enfin ce qui est fait est fait. On ne peut malheureusement pas revenir en arrière. La flèche du temps ne va que quand dans un seul et unique sens. Et crois-moi quand je vous dis que cette réalité s’impose à moi plus que je ne l’impose.  Alors partez, laissez-moi je suis occupé par une activité des plus importante. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous apporter la compagnie que vous désirez.  Mais dans la vie, on fait ce que l’on ne peut pas ce que l’on veut.

Vittoria pouvait effectivement choisir de ne plus déranger et de le laisser en proie avec sa mélancolie. Une décision des plus raisonnable si l’on en croit, Leto. Mais enfin malheureusement pour lui, il ne pouvait pas faire mouvoir la Vampire au gré de ses envies, le choix de ses actions continuèrent à lui appartenir, et ce, jusqu’à son dernier souffle. On ne pouvait pas en dire autant de Leto. De toute façon, on verra bien la suite de cette histoire.