Ouvrir !fermer !
Orzian, engrenages et arcanes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Orzian, engrenages et arcanes


Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

 :: Mémoires d'Orzian :: Sujets périmés :: Rps terminés
MessageSujet: Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] EmptyDim 4 Aoû - 20:52
Demeure du Kitsune de Saphir – Cité de Jade
29 Augustus de l'an 2000 de l'Âge d'Acier - fin de journée


"Orphelin, mes amis sont ma famille, une famille dont je choisis les membres. Voilà pourquoi,
aussi grisé par ma liberté que je sois, rien ne me réconforte ni me sécurise autant que ma famille."
OSAGAWA-ISHIZUKI Aoyuki


Cette journée était toute précieuse pour moi, en particulier, cette fin de journée.  Plus tôt, j'avais rendu service à Xin et avais fait la connaissance d'un personnage fort intéressant en la personne d'Uahbra. Son nom ne m'était pas tant inconnu que ça mais je ne savais plus d'où. C'était un bretteur de légende. Peu importait que je sois une poussière en maniement d'armes, j'avais l’œil exercé. En plus de deux siècles de vie, j'en avais croisé des tonnes d'experts martiaux, alliés ou ennemis. Je pouvais donc parler d'un point de vu objectif et d'une parole assurée. J'avais de la comparaison et lui, il sortait du lot. Comment pouvais-je en être si sûr ? Tout simplement parce que je l'avais vu à l'oeuvre et diantre ! Il était fichtrement doué. Rapide et précis, tout bonnement mortel ! Oh ? Ça ne répond pas à votre question ? Eh bien alors... Vous voyez ma  chère Yôko, cette sœur kitsune que j'aime tant et sur laquelle bon nombre de mâles salive sans que je ne comprenne vraiment trop pourquoi en fait mais bref, passons. Vous souvenez-vous ? Elle est une fine lame elle aussi. La magie de feu n'est qu'un renfort. Elle est douée mais son niveau est des plus basique en matière d'arcane. Elle est plus du genre de la Lame de Vent vous voyez ? Une manieuse de Katana de haut rang. Ambidextre de surcroît. En comparant leurs styles, oui, elle aurait ses chances mais lui, il en avait tout bonnement plus.  

Détour par chez le Ministre des Renseignements, j'avais fait mon rapport, lui faisant part de mes propres observations et avis personnels. Fort de tout ceci, je pouvais enfin vaquer à mes occupations personnelles et c'était avec joie et empressement que je traversais la ville, l'allégresse se lisant sur mon visage, les cheveux portés par le vent, courant comme un enfant qui sait qu'une pâtisserie faite main de sa mère l'attend à la maison. Les gens ne m'arrêtaient pas aujourd'hui. De toute manière, je ne me serais pas stoppé sauf cas d'extrême urgence tel que des pleurs d'enfants. Non, ils se contentaient de me saluer au passage, me gratifiant de quelques paroles que je pouvais capter à mon allure de course. Souvent des boutades. Voilà qui me grisait de plus belle. Ce lieux était vraiment mon chez moi. Ici, on m'appréciait à ma juste valeur, ici, j'étais un membre de famille et pas simplement un Arcane ou un Ministre.  

Il ne m'avait pas fallu longtemps pour regagner ma demeure et ouvrant les portes à la volée, je me figeais après avoir fait une irruption fracassante. Mon accueil ? Les regards de Yôko et de Kurogane, ma secrétaire nécromancienne de cousine. Elles s'étaient figées elles aussi, me regardant de haut en bas, les yeux ronds puis s'étaient remises à leurs affaires, préparant la maison pour les invités. Il allait y avoir beaucoup de monde. Énormément. Pour l'occasion, les portes donnant sur la moité de maison de mon père seraient ouverte. La maison allait donc de nouveau n'en être plus qu'une, si on faisait fit du mur séparateur dans la cour avant et le jardin arrière.

« Ils ne sont pas encore arrivés ?  » J'avais une moue boudeuse de dépit.


« Je crois que ça se voit non, petit bleuté bien aimé. Je sais que tu te faisais une joie de les voir mais ça va, rassure-toi, tu n'es pas en retard, tu vas pouvoir faire le pitre comme d'habitude. Nous avons bien travaillé en ton absence.  » Yôko avait raison. J'étais soulagé, je tenais particulièrement à les recevoir donc j'étais heureux. Toutefois un peu inquiet. Je me demandais s'ils n’étaient pas retenus à l'entrée de la Cité par les gardes ou s'ils n'avaient pas rencontré d'autres problèmes. Une caravane de cette taille... J'eus un petit sourire en demi-teinte, une goutte de sueur fictive perlant sur ma tempe.

« Hors de question vieux gamin ! Tu as été imprudent, je peux le voir. Tes queues... Enfin... Tu as fait ton travail et tu es rentré en un seul morceau. Va donc te laver et te pouponner. Tu ne veux quand même pas avoir l'air d'un clochard devant notre famille du désert ? A moins que tu ne prétendes qu'ils ne soient que des bouseux ?  »  Kurogane dans toute sa splendeur. Sa parole avait été acérée, aussi froide et mordante qu'une lame plongée dans la chair jusqu'au cœur. Implacable !  Toutefois, nulle méchanceté. C'était là son humour et j'avais noté aussi son inquiétude. J'avais beau la taquiner et l'affubler de cornes démoniaques, je l'aimais profondément et c'était réciproque. J'étais son seul cousin de cette branche de la famille et elle, ma seule famille de sang. Elle avait lu en moi. Encore une femme redoutable. Entre Yôko et elle, j'avais l'impression d'évoluer nu en permanence. J'en eus un frisson.

« Je me disais aussi... Môssieur a fait bobo ? Il a fait des folies de son corps afin que sa grande soeur sexy vienne prendre soin de sa magnifique personne ? Hmmm ? » Avec souplesse et rapidité, l’Incandescente s'était glissée à mes côtés, faisant de la distance qui nous séparait plus tôt, une simple chimère. Elle avait passé son bras autour de mon cou, m'attirant à elle. Elle m'avait alors ébouriffé les cheveux avant de s'enrouler pour finalement se retrouver blottie contre moi, la tête contre mon torse, les bras autour de ma taille.

« Tu... Non, pas du tout, arrête de dire n'importe quoi et puis... nous n'avons que quelques heures de séparation. Et... Tu es trop collé là... » J'avais une moue boudeuse de dépit.

« Oh ? Se pourrait-il que ma poitrine t'incommode ? Ca y est ? Mes charmes opèrent et tu me vois comme une femme maintenant ? Tu es mignon quand tu rougis, tu sais ? »

« Oui, tu me le dis tout le temps et non... Enfin si ! Non ! Enfin c'n'est pas ce que tu crois !

« Oh ? Voyez-vous cela. Et c'est quoi alors ? »

« C'est juste que nous sommes une famille. Oui, c'est ça ! C'est bizarre, euh... que ma sœur se colle comme ça à moi ! Voilà ! » J'avais souri, fier de ma parade.

« Oh ? Tu pues la sérénité et la conviction. Dans ce cas, laisse-moi venir te frotter le dos sous la douche... » Son sourire était des plus lubrique et ses doigt s'agitaient pareillement. Je reculais, peu rassuré.

« Ca suffit vous deux ! Toi, à la douche ! Ils peuvent arriver à tout moment. Et toi... Cesse tes lubricités indécentes je te prie ! »

« Rabat-joie ! C'est pour ça qu'il dit que tu vas finir vieille fille, tu ne sais pas t'amuser. Les plaisirs de la chair, ce n'est pas si mal tu sais ? En plus tu es mignonne, tu veux que Grande sœur prenne soin de toi aussi ? Tu es jalouse, c'est ça ? » Elle avançait en agitant ses doigts, dans sa direction.

« Vi..V...v.VIEILLE FILLE ?! Non ! Ne m'approche pas ! Nous ne sommes pas comme toi nous, nous avons des valeurs et des principes.» Après m'avoir tué un nombre incommensurable de fois de par son regard assassin, la binoclarde s'était mise à rougir, battant retraite jusqu'à être stoppée par le mur. Elle était mignonne quand elle rougissait. C'était rare mais ça la rendait attachante. J'éclatais alors d'un rire amusé et chaleureux, un rire de bonheur.

« TOI... »

« DOUCHE ! »

Elles se complétaient. Elles avaient vociféré, me pointant du doigt la direction, sans même me regarder puis elle avaient repris leur dispute amusée, amusante. Un petit moment de bonheur, un avant goût de ce qui m'attendait. La famille ! Souriant, je m'étais alors éclipsé et m'étais exécuté. Douché, pouponné, j'avais agis à l'habituel et c'était en tout apprêté que je refaisais surface. Coquet comme je l'étais, j'vais pris mon temps et ils n'étaient toujours pas là. Je faisais les cents pas devant la porte et à y regarder de plus prêt, je ne voyais ni n'entendais plus les filles. Le hall était désert, silencieux comme le reste de la demeure.

« Euh... Les Filles ? Il y a quelqu'un ? »
Invité
Anonymous
Invité
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] EmptyDim 4 Aoû - 23:35
Au-dehors, quelqu'un rit. Ah, on l'aurait reconnue entre mille, cette voix, un peu brisée aux entournures, qui s'élevait avec l'allégresse d'un chant d'oiseau et la vivacité d'une hirondelle. Ce rire, il faisait trembler les murs, il éclairait le ciel, et il semblait pouvoir se communiquer même aux âmes les plus chagrines. Et, pareil aux visiteuses vespérales dont le retour annonçait les beaux jours, le son de cet éclat de joie présageait quelque chose qui s'était tu depuis bien longtemps.

Une hirondelle ne fait peut être pas le printemps, mais lalla Sahar, elle, semblait faire l'été plus ardent encore partout où elle allait. Oh, le voyage avait été rude, car il l'était toujours quand il fallait franchir toute une mer et tout un pays pour s'en aller dans ces confins du monde, mais rien n'aurait pu ralentir la hardiesse opiniâtre de la négociante, non plus que la retenir bien longtemps dans ce périple qui la ramenait auprès de son vieil ami. Au sein de la compagnie, les mines était lasses et les traits tirés, les yeux cernés par des nuits trop courtes et les lieues avalées sans coup férir depuis leur départ de Nephtys des semaines auparavant. Mais enfin, cela n'importait plus, maintenant qu'on avait touché au but et que l'on mettait pied à terre dans une des cours qui séparait les demeures jumelles : c'était comme si soudain le poids qui leur pesait si lourd s'était un peu envolé, comme si l'écrin des hauts murs et de leurs ombrages parfumés pouvait à lui seul soulager les voyageurs fourbus.

Ah, qu'elle était douce, la musique de la brise dans les feuillages, et le son des sabots sur les pavés : tout faisait un peu silence, ici, comme si un calme souverain avait pour toujours étendu son emprise sur les pans de bois et les tuilages d'ardoise qui élançaient leurs faîtes aigus à l'assaut du ciel à son couchant. Le soir tombait, tout calmement, et pour un temps encore, tout demeurait en paix. Tout était si calme, oui, mais cela avait toujours eu comme une note amère au cœur de Sahar qui savait trop bien le goût de solitude qui s'embusquait derrière le mutisme des fenêtres closes. Alors, comme l'on fait grands cris et musiques pour chasser le mal et les esprits chafouins, comme l'on conjure les ombres qui s'amassent, elle se faisait toujours un plaisir d'y apporter la plus intense pagaille et d'envahir chaque recoin de la présence de ses gens et de leur tumulte joyeux.

Sahar mit pied à terre avec un soulagement certain, dépêtrant sa fine silhouette du flot de son caftan et de son manteau encore tout froissés du voyage. Autour d'elle, déjà l'on s'affairait à décharger les marchandises, à défaire les harnais, à aller entreposer leurs biens dans ses quartiers. On parlait fort, on riait un peu plus, malgré la fatigue : la meute pépiante des akkatoniens y mettait d'autant plus de cœur qu'on savait qu'une fois cet ultime labeur achevé, il y aurait foison de vin et de douceurs pour se délasser de l'éprouvante traversée. On avait l'âme en fête, et Sahar un peu plus quand elle salua avec chaleur les femmes venues l'accueillir, et leur fit grâce de quelques vigoureuses accolades.

– Et où est-il, sidi Shibi ? Qu'avez-vous donc fait de votre parent, diablesses de renardes ? S'exclama Sahar en ne voyant pas l'ombre d'une queue bleutée.

L'intonation moqueuse ne laissait aucun doute sur la plaisanterie dans ses paroles, mais quelque chose comme un éclat fugace au fond de son regard fit poindre un soupçon d'inquiétude.

– Il se pomponne pour tes beaux yeux, lalla, lui fut-il répondu. Il est impatient comme un petit enfant, si tu l'avais vu !

De nouveau, le rire perça, et Sahar se hâta d'aller ouvrir tout grand les portes de la maison, pour tomber nez à nez avec son hôte.

– Et te voilà donc, dit-elle en écartant les bras. Où te cachais-tu, coquin de toi ?

Le sourire de Sahar aurait bien valu, à cet instant, tous les joyaux du monde. Sa mince figure brune, creusée par la fatigue, ses yeux cernés sous le fard qui avait filé sur ses pommettes en disaient long sur l'épuisement qui la guettait, mais rien de cela n'aurait pu entacher sa gaieté. Elle s'inclina, portant le bout de ses doigts à son front, avant d'administrer une de ces solides embrassades dont elle avait le secret : elle avait beau être bien plus petite que lui, c'était une de ces étreintes vigoureuses comme un étau et dont on ne pouvait pas vraiment se défaire si aisément. Il y avait toujours quelque chose de maternel, là-dedans, dans le flot des étoffes de laine imprégnées de poussière et de crin de cheval, dans l'odeur sourde des cheveux au parfum de santal, dans ce mélange indiscernable qui l'entourait comme un faible halo.

– Puissent tes ancêtres garder leurs yeux sur toi, mon ami. Je suis heureuse de te trouver en bonne santé.

Cela fut dit un ton plus bas, un rien plus doucement, aussi, et avec toute la sincérité du monde au fond de la voix. Déjà, les yeux verdoyants guettaient, signe par signe, ce qui avait changé et ce qui demeurait identique : depuis dix ans, Aoyuki était devenu le miroir de son propre vieillissement, lui qui ne prenait aucune ride, non plus que le plus petit cheveu blanc. Rien ne semblait avoir prise sur le kitsune, comme si l'onde fluide ne gardait jamais nulle empreinte de ce qui pouvait l'affecter : dans une vie de voyages en perpétuel changement, c'était comme une ancre, à la toute fin, quelque chose qui, sans doute, demeurerait encore pareil jusqu'au seuil de sa propre mort. Elle trouvait quelque chose de rassurant, en cela : où que le mènent ses affaires et ses péripéties, au fond, il serait toujours capable de s'en tirer sans dommages.

Elle se tint un moment silencieuse, et puis lui donna une tape entre les omoplates, faute d'atteindre l'épaule.

– Allons, nous avons fort à faire et à dire, toi et moi. J'ai eu le loisir d'accumuler toute sorte de choses pour toi, ces deux dernières années, tu excuseras le retard des livraisons. Quelle idée tu as eue, aussi, de t'en aller courir si loin ? Diable, tu as manqué à mon commerce, j'espère que tu sauras te racheter.

Ce disant, elle lui fit un regard en coin, l'ocre verdoyante perçant avec malice à travers ses longs cils.

– Je t'ai rapporté un peu de vin et les dattes que tu aimes tant, il y en a peu, mais tout est pour toi. L'oncle Salif et la tante Seshat te saluent, et ils m'ont chargée de te demander, ou plutôt, de t'ordonner, de leur rendre visite avant qu'ils ne quittent ce bas monde. Ah, j'ai bien des nouvelles à te dire, en vérité, hâtons-nous, akhi, la nuit est encore jeune, et je la veux longue et belle.


Il y eut dans ces derniers mots comme un délice suprême qui lui fit légèrement ployer les paupières, ainsi que le ferait un félin ravi. La perspective des musiques et des contes, et de tous les récits qu'ils avaient à se faire était bien le plus doux des remèdes pour faire oublier les tracas et les fatigues du voyage.
Invité
Anonymous
Invité
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] EmptyLun 5 Aoû - 17:17
Une rire. Mes oreilles s'agitèrent. Véritables détecteurs, elles s'étaient orientées en direction de la source potentielle de ce dernier, agissant comme le stéthoscope d'un de ces médecins akkatoniens. Tressaillements. J'étais aux aguets. Après quelques instants, je me décidais à avancer vers la porte, lentement, prudemment comme si j'avais craint qu'elle ne soit piégée ou que l'inquisition teïderienne soit de l'autre côté. Bon, si tel avait été le cas, mes pas auraient plutôt poussé ma sublime personne dans la direction opposée. Alors que je touchais au but, il y eut de nouveau ce rire et avant même que l'information ne parvienne à mon cerveau et que l'allégresse ne s'empare de quelque partie de moi, les portes s’ouvrirent à la volée et la chaleur d'un soleil impérissable m'enveloppa, me dévorant entier. Irradiation incandescente, le désert akkatonnien était chez moi, l'aridité en moins.

Nous étions nez à nez, elle et moi. Le temps s'arrêtait. Je n'entendais plus rien, plus rien ne semblait bouger, les sons avaient péris et le monde ne se résumait plus qu'à ce que mon champ de vision pouvait percevoir : ELLE ! Un battement de cœur, oui, c'était CE battement de cœur là, le seul et unique, celui qui donne le signal et provoque un chamboulement d'ordre cataclysmique, celui là même qui avait relancé la machine, me renvoyant la réalité en pleine figure avec la force d'un troll enragé et doppé à la magie de terre. Violent. Mon cerveau avait du rebondir une bonne vingtaine de fois contre le mur le plus éloigné de ce hall avant de venir reprendre sa place initiale.

« Nour c'est toi ? » Evidemment que c'était elle triple buse ! Qui d'autre ? C'étaient pourtant là les seuls mots que j'avais pu prononcer, la fixant, interdit.  Les yeux embués, je n'arrivais plus à bouger. Je le savais, je l'avais désiré et tout ceci était convenu, pleinement acté et pourtant, maintenant que nous y étions, j'étais là comme un petit garçon faisant face à la plus belle des surprises de sa vie, devant un rêve réalisé par un être aimé et aimant. J'étais ému, oui, comme une fillette. L'émotion me submergeait tant qu'une goutte de ma magie perla avant de se glisser lentement, avec grâce et délicatesse, le long de ma joue pour venir mourir sur le sol blanc marbré.

La créature des sables, chaleureuse et débordante de vie, m'avait attiré à elle, m’entraînant bon gré mal gré contre elle dans une étreinte digne d'un serpent constricteur. A dire vrai, cela ne me déplaisait guère. Au contraire, j'étais aux anges. Une embrassade comme seule elle savait les faire. J'avais l'impression de revoir une tante adorée après des années de séparations. Je m'étais laissé guidé, la singeant mécaniquement, mon âme semblant avoir quitté mon corps afin d'adopter un point de vue externe, plus omniscient. Oui, je voyais tout d'en haut, comme un voyeur. Ce n'était plus moi mais lui, eux. Là, plus bas, l'enveloppe vide s'étaient animée. Ses narines, oui, ses narines avaient senti quelque chose et mon âme fut happée, rappelée dans son corps, mon corps. Ce parfum si particulier de santal emprunt d'on ne savait trop quoi exactement mais qui vous transportait invariablement vers une destination de rêve emplie de joie et de gaieté, de chaleur et d'amour, ce parfum... C'était le sien. Entre tous, je le reconnaîtrais fusse-t'il mêlé à la puanteur de cadavres en décompositions et autres aberrations de nécromanciens. L'allégresse était là. Elle avait embaumé mon coeur et sa tape dans le dos m'ancra définitivement dans mon rôle en ce monde.

« Tante Nour ! Quelle joie de te revoir, tu es ici chez toi, je t'en prie entre. Toute la famille est ici chez elle en soi.», avais-je lâché en parcourant l'assemblée derrière elle, dévoilant mes canines de renard dans un sourire large et chaleureux. Comblé de bonheur, tel étais-je.

« Ton parfum est toujours aussi enivrant et exaltant. Euphorisant même, une drogue douce dont je ne me passerai volontiers plus. » Un éclat de rire cristallin. « Des choses pour moi dis-tu ? » J'avais alors l'air d'un de ces renards de fables ou autre contes dont la curiosité avait été piquée au vif. Me frottant les mains, ma langue humidifiant mes babines, les modelant et les immortalisant en un sourire de goupil, mes saphirs se confrontant à ses émeraudes. « Précisément ? Ca brille ? C'est bleu ? Violet ? Ça instruit ? Ça se lit ? Des savoirs anciens ? C'est magique peut être ? Cela se porte-t'il ? A moins que ce ne soit exposable ? Dis moi tout, je veux tout savoir, absolument tout. » Une pose théâtrale, comme à mon habitude. « Quant à l'oncle et à la tante, je suis un peu peiné de ne pas les voir mais soit. Tu pourras leur dire que ce fieffé coquin de kitsune s'en viendra leur infliger leur peine et elle sera capitale ! Hmmm... voyons voir...oui, je sais ! Elle devra prendre soin de mon pelage comme elle sait si bien le faire avec tous ses merveilleux produits naturels pendant que lui me régalera de ses histoires. Telle est la volonté cruelle et impitoyable du terrible Kitsune de Saphir ! Après... Abstiens-toi de leur dire qu'ils me manquent hein ? Je ne veux pas qu'ils se croient trop importants. » Un petit clin d’œil entendu et j'éclatais de nouveau de rire.« Tout le monde est habitué alors je les laisse agir à leur guise. Disposez de la maison comme bon vous semble, vos quartiers sont toujours les mêmes, les bains sont vôtres mais les morveux là, le vieux renard vous a à l’œil, ma chambre, elle est sacrée ! Celui qui n'est pas sage, je le change en troll ou alors... peut être que pire que tout, il ne pourra plus jamais monter sur mon dos et me chevaucher au vent.» Je leur fis un clin d’œil en leur tirant la langue avant de me centrer sur celle que je désirais revoir plus que tout.« Pour le reste, pour toi, allons dans la grand salle, les filles se sont surpassées aujourd'hui et promis, Kurogane n'a pas eu le droit de cuisiner, simplement d'assister. Il n'y aura donc aucunes toxines ou autres expérimentations morbides farfelues. Personne ne sera malade si ce n'est d'avoir trop mangé, trop bu, trop ri ou d'avoir été trop aimé. » Je l'avais saisie contre moi, la faisant tournoyer avant de la reposer au sol. De mon pas aérien, avec la grâce propre aux miens, je m'étais enroulé autour d'elle, mes cinq queues venant la chatouiller et la taquiner avant de me diriger vers ladite salle. « Qui m'aime me suive et toi en particuliers, Regard Envoûtant du désert. Allons nous conter fleurette en nous sustentant. Tu as l'air épuisée, je ne suis pas habitué à ce genre d'expressions sur ton visage si gracieux. Viens donc te prélasser et jouir de notre amour à la kitsune Ikhyldiens. »


Bavard ? Ca oui je l'étais. D'autant plus que j'étais vraiment heureux. J’étais en famille, qu'y avait-il de plus beau ? Même s'il avait été cinq jours plus tôt, c'était là un deuxième anniversaire pour moi. Aérien, j'avais alors pris les devants, gagnant une porte que j'ouvris avant de m'incliner avec déférence à la manière d'un majordome.

« Si mes hôtes veulent bien se donner la peine... »

Une grande table était dressée, emplie de victuailles diverses et variées comme on savait les faire par chez nous. Des fruits, des pâtisseries ou confiseries faîtes maison, des boissons, il y avait de tout. Peu importait l’abondance, nul gâchis ne serait fait. Ca et là, des alcôve parsemaient les murs de la pièces mais une en particuliers, la plus grande de toutes, face à nous, était digne de l'intérêt de Lalla Sahar. J'avais personnellement pris soin de sa décoration et y avait intégrée bon nombre de ces cadeaux que son clan m'avait offerts. LA décoration était proche de ce qui se faisait par chez elle et sur un buste, on pouvait y voir une précieuse étoffe dont elle m'avait fait présent. Ce n’était pas aménagé juste pour l'occasion mais bel et bien ancré dans le lieu. Je gardais la pause attendant qu'ils daignent entrer, espérant que mon agencement lui plaise et qu'elle y prenne place. Une pointe d'anxiété vint poindre quelque part en moins, soucieux de son jugement.
Invité
Anonymous
Invité
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] EmptyMer 7 Aoû - 23:30
Il y avait des choses qui changeaient, en ce monde. Des choses passagères, fluides, inconstantes, qui se mouvaient d'une forme à l'autre, d'une nature à l'autre, et puis il y avait les autres. Celles qui, fut-ce par la force, ne pouvaient s'altérer en rien, qui traversaient le temps sans osciller d'un pas de leur course fugitive à travers le monde : le kitsune en faisait partie. C'était parfois rageant, quand Sahar regardait ce haut front lisse et ces traits pâles qui ne montraient pas la plus petite ridule au bout de deux cent ans, mais à la toute fin, elle n'aurait voulu pour rien au monde qu'Aoyuki ne change. Pareil à lui-même, il explosa, comme si après le bref instant de surprise, il avait lâché la bride à son exubérance qui se trouvait nourrie par la joie de ces retrouvailles. La voix qui s'éleva, bredouillante au premier mot, se déploya comme un chant d'oiseau qui répand ses trilles et ses pépiements : elle avait sa force, elle avait sa propre mélodie, elle prenait tout l'espace et les emportait dans ses bras bleus d'allégresse et d'émoi. C'était se laisser porter un peu, et Sahar demeura silencieuse, le laissant poursuivre, reprendre, parler encore et encore, à toute vitesse, comme si le temps lui manquait.

Alors qu'elle relâchait d'autour de lui l'étreinte de ses bras empressés, Sahar se tint face à lui pour le couver d'un regard amusé. Il parlait, il parlait, il parlait encore, il bougeait et prenait la pose comme un acteur de théâtre, il faisait de chaque mot, de chaque geste, de chaque chose le spectacle éclatant de ses états d'âme qui pour l'heure auraient éclipsé le plein soleil du mitan du jour. Le regard de la caravanière s'était fait très doux, et le sourire suave comme un fruit d'automne alors qu'elle le contemplait, le rire embusqué au creux de la gorge, juste sous la langue, prêt à l'envol. Ils étaient doux, ces yeux las, avec toute la tendresse du monde en dedans : chaque fois, elle s'étonnait et s'émerveillait de cet enthousiasme sincère pour toutes chose belle et brillante, de cette sorte d'innocence sans cesse renouvelée qui le poussait à étendre sa curiosité sur tout ce qu"elle pouvait dénicher de nature à lui plaire.

Qu'elle était belle cette âme-là, qui brillait de mille feux dans le crépuscule qui refermait son emprise sur eux tous. Qu'elle était belle, cette lumière-là, limpidité d'azur toute trempée de soleil, et si le monde les avait faits si différents, on ne pouvait douter que parfois, le miroir de l'eau faisait bon mélange avec le sable et sa brûlure. Alors de nouveau, le rire de Sahar résonna comme une réponse, et se perdit dans un éclat sans souffle alors qu'il la soulevait pour la faire tournoyer, comme si elle ne pesait presque rien.

- Ah tu sauras et verras tout, curieux renard, répondit-elle, en reprenant sa respiration, chassant d'un revers de main la fourrure céruléenne dont il lui chatouillait les narines. Tu auras tout loisir de voir et de goûter et toucher et faire tout ce que tu en voudras, des choses qui brillent et de celles qui se lisent et de celles qui s'exposent, à ton bon gré. Tu me connais, allons, tu sais qu'il n'y a pour toi que du meilleur. Laisse-nous donc le temps d'arriver et de toucher le sol, pressé que tu es !

Du meilleur, oui, et du bleu. Les nuances de l'azur s'étaient épuisées en palettes innombrables, mais chaque fois Sahar mettait soigneusement de côté ce qui pouvait lui plaire. Deux années lui avaient laissé amplement le temps de ceci, autant que de fomenter ses contes et de fourbir ces belles histoires qu'elle lui vendait tout en même temps.

- Pour le reste, ne t'en fais donc pas, reprit-elle en lui emboîtant le pas. Mes neveux et nièces sauront se tenir sages, tes menaces feront leur bon effet : ils ne veulent courir le risque de ton ire, c'est que le kitsune se fait cruel quand il est contrarié.

Derrière elle, les mines des petiots de la compagnie se firent rieuses, mais feignirent une innocence maligne. Les enfants étaient à cet âge où leurs parents les confient à d'autres, et pour certains d'entre eux, c'était leur premier voyage aussi loin du désert : les plus hardis souriaient à cet oncle et demi qu'ils avaient toujours plus ou moins connu dans la vaste galaxie de relations entretenues par la tribu, les autres se contentaient d'observer, les yeux grands ouverts, avec des mines de jeunes chats déboussolés, courant après leurs maîtres pour défaire les montures.

- Je dirais à la tante Seshat de te préparer ses onguents pour ta prochaine visite, car je te trouve le poil bien terne, pauvre de toi : elle sera bien aise de savoir que tu t'en viendra bien tôt la voir, et Salif fera tuer un agneau rien que pour toi. Mais tu sais, je suis certain qu'ils savent déjà que tu leur manque, tu es bien vénérable, mon très cher, mais pas au point d'outrepasser l’œil sagace de nos anciens. Ils sauront, mon ami, ils sauront avant que tu le saches ! Et je ne t'en dis point plus long des autres, sidi Yahya mourra de chagrin si tu ne reviens pas. Ta famille t'attend, ukhti, le désert chante encore ton nom depuis que tu es parti.

Elle avait reprit avec malice, brandissant un index bruni de henné, allant à grands pas un peu raides qui faisaient flotter les pans de son burnous maculé de poussière. Les yeux brillaient comme des étoiles, sous la bordure du turban dont elle avait abaissé le voile sous son menton : elle exultait l'ultime énergie qui la faisait tenir comme un fil invisible, par la seule force de sa gaieté.

Seule Sahar s'autorisa à se délester du dernier labeur du jour : eut-elle cherché à s'y plier, sans doute que les plus proches de ses gens l'auraient chassée immédiatement de la cour, et puis Aoyuki ne l'aurait pas permis. Alors, même son garde du corps se contenta de saluer à distance le maître de maison et resta avec les autres pour mettre la main à la pâte. La tête plein de choses à dire, traînant un peu la patte derrière son ami, la marchande avait disparu déjà dans les entrailles de la maison et oublia aussitôt ce qu'elle allait dire quand il la fit entrer dans la salle du banquet.

La dame demeura là un instant, parcourant des yeux l'endroit et les mets chargés sur les tablées et leurs nattes bien alignées, les lampes qui dansaient dans la brise, et cette atmosphère feutrée que tamisaient les baies de papier qui filtraient les derniers feux du jour. Du bleu, toujours du bleu, et quelque chose lui attira l'oeil : celui-là, on ne le vendait pas, parce qu'il n'avait pas de prix, et qu'il n'existait rien en ce monde d'assez précieux pour l'acheter. Si l'âme des Mahjtani avait une couleur, c'était sans doute celle de ce grand voile de laine indigo, qui ruisselait en plis légers sur le buste d'une statue. Sur les boucles noires de Sahar, le long de ses joues, il y en avait une identique, quoique plus fatiguée, décolorée par le soleil et sablée de poussière, froissée par les ans sous le murmure des bijoux.

- Tu as fait les choses en grand comme à l'ordinaire, ukhti, dit-elle enfin avec un sourire qui se passait de paroles. Seigneurs, que les ancêtres et la lune te regardent, c'est un havre de paix ! Que voilà de belles choses, et comme elles sont soignées, je retrouve des trésors, à croire que tu en prends le plus grand soin.

On ne pouvait en attendre moins de sa part, après tout. Il ne pouvait être l'un des leurs, avoir mérité sa place par le seul fait de ce qu'il était, sans un rien d'attachement au détail, et surtout un penchant très net pour l'agrément des yeux.

- Je ne pensais pas trouver comme un goût de chez moi, si loin d'Orzian, reprit-elle en posant tendrement sa longue main usée sur l'épaule du kitsune. Elle sera belle, cette nuit, je l'aime déjà.

Un ultime sourire lui vint, et elle frappe dans ses paumes, faisant cliqueter ses bracelets.

- Mais je ne peux me présenter à ta table avec sur le cuir trois semaines de poussière de voyage ! S'exclama-elle. Je veux bien m'asseoir un moment avec toi, mais il m'en faudra repartir un peu, je voudrais profiter de tes bains pour gratter un peu tout cela. Tu t'es fait tout élégant juste pour moi, mon renard, il me faut bien te rendre la pareille, il ferait beau voir que Lalla Sahar s'en aille banqueter en tenue de voyage.

Et sans plus attendre, parce que ses jambes la faisaient souffrir d'avoir trop chevauché, elle se fit apporter de l'eau pour ses mains et son visage, rinça sa bouche pleine du sel de la mer et de la terre du sentier, et alla s'asseoir à la place qu'elle devinait être la sienne, parce que les murs de l'alcôve étaient tout pleins des trésors qui avaient traversé l'océan pour le kitsune. Très vite, ses gens la rejoignirent : Ayis, son secrétaire et homme de confiance, ne tarda pas à lui faire son rapport, et elle prit un moment pour l'écouter et y répondre, parce qu'elle pouvait s'étourdir de joie, Lalla Sahar, mais elle ne perdait jamais le nord. Elle distribua quelques ordres, veilla à ce que leurs bêtes soient bien nourries, s'enquit de l'état de chacun, et l'homme décampa dans le claquement de ses sandales pour aller achever les dernières volontés de sa patronne.

La femme s'assit, repliant sous elle ses jambes en tailleur, remuant légèrement sur son séant pour s'installer le plus confortablement possible sur les coussins qui lui faisaient un trône. Elle décrocha de son ceinturon une blague de tabac façonnée de cuir ciselé, sortit sa longue pipe de buis et une pincée d'un tabac odorant comme du vieux caramel, et débuta ce long petit rituel qui lui faisait clore chaque journée. C'était une cérémonie en miniature, celle qui décidait que le jour était fini : la première pipe de la journée était toujours celle du soir. Les doigts agiles détachaient les longs brins ensuqués de résine, les tassaient dans le fourneau, craquaient une allumettes pour y faire monter la flamme attisée d'un souffle sûr, et enfin, la première bouffée, voluptueuse comme le baiser d'un amant, s'envola de sa bouche entrouverte pour la noyer jusqu'aux yeux.

Sahar sourit, fermant à demi ses longues paupières noircies, comme un chat qui s'alanguit dans un instant de silence, et puis les rouvrit tout grand et posa sur Aoyuki l'un de ces regards brillants où l'espièglerie se disputait à la malice.

- Je devrais peut-être attendre avant de te faire présenter tes cadeaux et tes marchandises. Peut-être pour le dessert, mh ? Comme pour les petits enfants à leur anniversaire. Après tout, nous l'avons manqué par faute de beau temps pour naviguer, alors, un peu plus, un peu moins...
Invité
Anonymous
Invité
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar] Empty
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Ma tumultueuse famille du désert. [PV Lalla Sahar]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» Inauguration et Negociation, Les Manticores du Désert. [Pv Lalla Sahar]
» Lalla Sahar
» Le désert environnant (Pv Artane)
» La caravane du désert [PV. Sahar]
» Les secret de la famille Tamashimoru

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Orzian, engrenages et arcanes :: Mémoires d'Orzian :: Sujets périmés :: Rps terminés-
Sauter vers: