Grand Palais, Cité de Jade
4 Junon 2000 de l'Age d'Acier








Voilà une journée qui s'annonçait des plus joyeuse.  La veille, j'avais vu Xin Nahalëm et son accueil m'emplissait d'un bonheur indescriptible. Peut être un peu comme un enfant qui retrouve un parent après de longues et interminables vacances. Réveil des plus matinaux, je m'étais prélassé longuement dans mon lit. Ma première nuit dans ce dernier depuis deux longues années.  Bon... Ce n'était pas encore cela mais il y avait pire. En effet, Yôko, m'y avait tenu compagnie à un moment de la nuit où je devais être endormi profondément, à moins que l'habitude ne m'ait en fait, même pas fait réagir... Toujours était-il que cet amour de petit démon avait dormi avec moi. Si nombre d'hommes qui la connaissaient auraient voulus être à ma place, pour ma part, en fait, non, rien ! Attendant que la dame ne se réveille et daigne ne plus se servir de moi comme une partie de matelas ou d'oreiller, je ne savais même plus vu les positions improbables qu'elle adoptait, je m'étais alors dirigé à la salle d'eaux, prenant un bain.  Calme, relaxant, cet instant n'avait appartenu qu'à moi seul. Pas de Yôko essayant de venir me taquiner, pas d'Araki venant me jouer un de ses tours et pas d'irruption fracassante de Kurogane m'intimant l'ordre de sortir car il y avait un emploi du temps chargé et très serré à respecter. Le pied ! S'en suivit une longue heure de bichonnage de mes belles et précieuses petites fierté Kitsune Les brossant avec minutie, j'éliminais jusqu'au dernier poil mort, patiemment, inlassablement, l'une après l'autre avant de les parfumer.  J'en fis de même pour les oreilles et me brossais ensuite les  cheveux.  Apprêté, j'étais fin prêt à affronter le monde. Un peu moins l'Impératrice, mais tout de même confiant. Mon rapport en mains, je me mettais en route.

« YÔKO ? JE V... »


« OUAIS OUAIS GRAND SEIGNEUR ! JE PRENDS MON BAIN, ON SE VERRA PLUS TARD  SI TU SURVIS. BON COURAGE !   »


Coup de massue sur la tête, pieux en plein cœur... J'avais pu sentir son clin d’œil en fin de citation, le cœur qui allait avec. Toute sa malice et son sarcasme en un simple phrase simple mais ô combien assassine. Je fermais alors la porte et me rendais vers ma destination.

Il y avait de nombreuses têtes que je connaissais, tout autant que de nouvelles. On me saluait, cordialement, formellement, chaleureusement, bref, toute sorte de saluts. Parfois, on m'arrêtait pour parler, parfois non. J'étais dans l'ensemble assez satisfait de  savoir que certaines personnes étaient ravies de me retrouver. Mon cheminement avait donc était plutôt long mais j'étais arrivé. Toquant à la porte, j'attendis. Nulle réponse. Une nouvelle fois. Même résultat. Cependant... Le hasard faisant bien les choses, non une divinité vint guider ma voie. Oui, elle avait fait s’entrebâiller la porte. Le bureau était ouvert. J'y entrais alors, avec le plus grand sérieux du monde. Marchant droit vers ce grand meuble, j'y déposais mon rapport écrit, me disant qu'elle me convoquerait certainement à son retour pour une explication orale. J'étais quelque peu déçu mais en même temps soulagé. Fêter mes retrouvailles avec l'Impératrice par des remontrances...  Mes yeux se posèrent sur son fauteuil. Vide comme la pièce... Elle n'était pas là ! Et deux années s'étaient écoulées.... J'avais dû lui manquer, en particulier...

Un petit gloussement malicieux, un glapissement et me voilà qui me léchais les babines, me frottant les mains avec malice, un visage emprunt du même qualificatif. Quelques instants plus tard, on pouvait lire




J'avais bourré le tout de cœur. Kitsch et vantard au possible.  Va l'agacerait mais ça m'amusait. Non loin, une statuette glacée d'un renard assis.  Sortant alors du bureau avec gaieté, je me retournais, fermais la porte et m'apprêtais à rentrer lorsque. me retourna, je m'encastrait dans quelque chose. Je tombais sur mon séant. Horreur,  angoisse, Panique !

« Sa... Sa... Sa Sa Saeki, ce n'est pas ce que tu crois !!! Je je peux tout t'exp... »

...

« ...»

Le vent sembla souffler alors. J'ouvrais de grands yeux ronds, la bouche ouverte, le regard agard au début, fuyant par la suite. Je me sentais stupide... Cet être que je venais de percuter n'était point la Sommité de notre Empire mais une kitsune et pas des moindres...

Depuis que Miyako avait obtenu sa promotion, celle-ci avait de nouvelles responsabilités, rien d’étonnant. Dernièrement elle et sa troupe avaient passé du temps au sud de la cité de Jade, là-bas, plusieurs villages avaient réclamé de l’aide à la capitale, visiblement il s’y passait quelque chose, c’est pour cela que Miyako y avait été dépêché avec sa troupe. Apparemment un important groupe de bandit s’était formé, Miyako avait donc mobilisé ses troupes pour les trouver eux et leur campement, la manœuvre leur avait pris plusieurs semaines, les bandits étaient très prudent et avaient en fait plusieurs cachettes. Alors que Miyako pensait sa tâche terminée, un dernier problème pointa le bout de son nez et après enquête et discussion, il fut décidé que Miyako allait tout de même se retirer pour laisser cela à des spécialistes, le problème était d’ordre magique et cela sortait du champ de compétences de la troupe de Miyako.

Miyako avait donc dû, dès son retour faire un rapport complet sur les événements que ça concerne la mission ou les actions de ses hommes, un travail barbant, mais auquel il fallait se plier. Le supérieur de Miyako décida ensuite de lui confier pour mission d’apporter ce dossier, ainsi que d’autres documents au ministre de l’armée de terre, c’est-à-dire l’impératrice, d’autant plus qu’étant impératrice, la Cité de Jade et ses environs lui appartenait, ainsi que Miyako et sa troupe qui techniquement faisait partie de son ban. Miyako avait dit qu’elle le ferrait, mais avait tout de même demandé pourquoi c’était à elle de s’en charger, on lui avait alors répondu qu’ainsi, vu que ça concernait les terres personnelles de l’impératrice, si elle avait des questions à lui poser, elle pourrait lui faire directement. Après avoir pris congé se ses supérieurs, Miyako était rentré chez elle, il était déjà tard, alors autant y allé le lendemain, de plus, elle avait grandement besoin de se reposer.

Après une nuit reposante, Miyako avait passé du temps à se préparer, faire sa toilette, se coiffer, bref, être présentable, surtout devant l’impératrice et sa cour, car même si elle n’allait qu’à son bureau, il y avait fort à parier qu’elle croiserait de nombreux nobles, alors comme Miyako était également noble, autant le paraître, du moins plus que d’habitude, son apparence guerrière n’avait pas besoin d’être présente aujourd’hui. Une fois fin prête, Miyako se mit en route, elle portait son cher Kimono, en temps normal, elle ne devrait pas prendre son sabre, mais vu qu’il s’agissait du Sabre de Jade et qu’elle en était la gardienne, Miyako ne put que le prendre avec elle et il était donc dans son fourreau à sa ceinture. Elle croisa plusieurs connaissances qu’elle prit le temps de saluer, mais arrivées au niveau du bureau de l’impératrice, alors qu’elle regardait une magnifique statue au loin, Miyako n’eut que le temps de se retourner avant qu’on la bouscule, elle recula, mais parvint à rester debout.

Surprise, Miyako observa la personne qui l’avait bousculé et sa surprise fut encore plus grande lorsqu’elle reconnut la personne dont il s’agissait. Miyako ne comprenait pas les paroles de l’Arcane qui lui faisait face, enfin si, mais elle n’arrivait à comprendre ce qu’il voulait dire. Dans tous les cas, celui-ci semblait l’avoir confondu avec quelqu’un d’autre, mais il finit par la reconnaître visiblement, alors Miayko s’inclina à l’Ikyldienne pour le saluer.

« Seigneur Ishizuki, cela faisait longtemps. », puis Miyako lui tendit la main, « Permettez-moi de vous aider. »

Ishizuki ? J'avais alors grimacé puis j'avais saisi avec plaisir cette main qui m'était tendue, non sans gêne. Pourquoi avais-je tiqué ? Tout simplement parce que je détestais que l'on m'appelle par ce nom qui était celui hérité de mon père. Et pourquoi ne lui volais-je pas dans les plumes ? Tout simplement par ce qu'il s'agissait de ma petite Dame Shizumi. Venant de sa bouche, ce nom n'était pas aussi dégoûtant. Et puis je l'aimais bien. nous avions un passé commun, basé sur la collaboration. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais fait appel à ses services par le passé. Une soldate ikhyldienne comme je les aimais. Elle était fiable et efficace. Peut être dans le top trois de mes collaborateurs militaires fétiches. Elle avait tenu la dragée haute à Yôko au katana, que rajouter d'autre ? Alors que je m'étais remis sur pieds, je m'inclinais avec politesse et courtoise.

« Dame Shizumi, quel bon plaisir de vous revoir après tout ce temps, toutefois, mille excuses. Je m'en veux que nos retrouvailles se fassent de la sorte, par une malencontreuse bousculade. De plus, je vous force, vous, une noble dame, à me tendre la main pour extirper mon séant de ce sol où je devrais songer à m'installer pour cet affront et ce manque de délicatesse.»

Je lui souriais alors après m'être incliné une fois de plus. Déformation professionnelle autant qu'habitude de kitsune farceur et espiègle, j'avais d'un seul coup d’œil, passé au crible ma consœur.  J'avais alors noté son accoutrement. C'était la première chose qui sautait aux yeux, puis son maquillage et son sabre, entre autres choses. De mémoire, je ne l'avais jamais vue autrement qu'en guerrière et aussi loin que je me souvenais, j'avais pour habitude de la taquiner, prenant plaisir à la voir rougir. Elle était mignonne lorsqu'elle rougissait. J'aimais ce contraste entre la Lame des vents, terrible et froide et la petite Miyako, mignonne et timide.

« Tant de beauté et de grâce ! Je ne vous avais jamais vu dans pareils atours. Voilà la Kitsune que je voyais en vous. Je ne m'étais pas trompé, vous êtes une créature d'un exquise beauté. Si vous n'aviez pas ces dossiers en main, en ce lieu, je suppose... » je plaçais deux doigts sous mon menton, méditant à voix haute. Je tournais la tête vers la porte du bureau de grande soeur Saeki avant de me tourner de nouveau vers la ravissante Miyako. « ...que c'est pour notre grande Impératrice que vous êtes soldate et elle votre ministre, et ce katana à la taille, j'aurais cru que vous étiez de sortie galante aujourd'hui.»

J'eus un petit rire taquin comme elle en avait l'habitude.

« Par contre... Ce katana, serait-ce le fameux... Enfin... Vous savez ? LE Seul et unique, le vrai ? »

Ma curiosité était piquée au vif. J'aimais ce qui était beau, oui, mais c'était surtout l'érudit, l'amoureux de l'Histoire d'Ikhyld, de ses mythes et trésors qui était en extase. Je l'observais alors, dubitatif.