17 juin de l'an 2000; Akkaton, Petitmont.

Ah, qu'il fait bon de vivre dans un pays où il fait ni trop chaud, ni trop froid ! C'est sur ces pensées ironiques que la jeune fille s'échappe de son groupe. À l'arrière du troupeau, elle sait que ses amis ne la voient pas, ou presque pas. Alors pourquoi s'en priver ? La charrette avance lentement et Aria sait très bien qu'elle arrivera avant à - c'est quoi déjà le nom ? Piemont ? Ah nan ! – Petitmont avant eux. Et elle aura même le temps de revenir. Alors, pourquoi s'en priver ? Et donc, c'est sur ces jolies pensées que la jeune fille s'échappe le plus discrètement possible, fuyant l'espèce de chemin qui se prétendait être une route et ses occupants.

« Ariaaaaa ! Reviens ici ! »

Même pas en rêve Arlequin ! La jeune fille court désormais entre les « mini-montagnes » ou encore « la caillasse d'Akkaton », comme elle aime si bien le dire, entendant les bruis de pas d'Arlequin derrière elle, accompagnés de pierres roulantes. Puis les pas s'arrêtent lorsque la voix de Griff' les rattrape :

« Aria, on s'rejoint à P'titmont ! »

C'est avec un sourire que la jeune fille continue sa route, heureuse comme pas deux. Elle ralentit, sachant qu'elle n'a plus besoin de courir, puis s'arrête. Elle sait qu'elle a largement le temps de voler. Elle peut donc planer jusqu'à Petitmont et commencer à découvrir la ville ? Au moins, ça lui permet de faire une analyse de la meilleure auberge avant que ses amis n'arrivent. Ce qui, en soit, est une bonne chose. Mais pour cela, il faut trouver un endroit dégagé pour pouvoir voler. Il a beau commencer à se faire tard, - nos amis n'étant pas suffisamment bêtes pour marcher en plein cagnard, sous un soleil de plomb -, la chaleur règne tout de même.

« Bon, va falloir monter là-haut !»

Elle regarde le haut d'une grosse mini-montagne, qu'elle pense être un bon endroit pour décoller. Elle sourit en voyant l'une des rares touffes d'herbe remuer sous un vent léger, qui souffle dans la bonne direction.

« Trikiss, on monte !»

L'oiseau n'en attend pas moins et s'élève dans les airs. À sa suite la jeune fille attrape une prise improvisée. Puis, ni une, ni deux, elle se glisse jusqu'en haut, où se trouve déjà son oiseau. À mi-parcours, la voix de sa sœur se fait entendre.

« GRIFFYYYYYYN !!! LÂCHE-MOI !!!»

De là où elle est, Aria ne voit pas la scène, mais elle devine sans peine que son ami est en train de porter Aerin sur l'épaule, comme un vulgaire sac à patates, sous les éclats de rire amusés de ses compagnons de route. Et Aerin, loin d'être dans une position de force, a beau essayer de se démener, elle n'arrive pas à se libérer. Aria retient un fou rire à cette image, ne souhaitant pas glisser, et elle se contente d'un petit rire crispé, s'imaginant chuter. Certes, vu la hauteur, elle ne risquerait pas de se faire mal, mais qui sait, peut-être que quelqu'un l'entendrait tomber et qu'il l'empêcherait de faire un tour ? C'est hautement probable. Elle continue alors de monter jusqu'en haut de la plateforme, et, une fois en haut, elle observe le bas.

« Youhooooouuuuuu ! Je vous vois !»

Eïce lui adresse un signe de la main, suivi par Hebi. Griffyn ne lui fait qu'un signe de tête, ses deux mains étant déjà occupées à maintenir Aerin, qui, effectivement, est portée comme un sac à patates. Elle tape le dos de Griffyn avec ses deux poings, mais celui-ci ne semble pas y prêter attention.

« T'inquiète, tu peux filer Aria, je la garde !»

La jeune fille sourit, avant de siffler. Il s'agit d'un appel simple pour l'oiseau, que celui-ci ne reconnaît qu'à la condition d'être bien fait. Et puis aussi d'être sifflé par sa maîtresse. Il s'envole pour la rejoindre, mais à cet instant, la jeune fille déploie ses ailes et s'élance. Elle court sur à peine un mètre, puis saute dans le vide, sans crainte. Ses ailes ouvertes lui permettent de s'envoler directement, sans chuter.
Les sensations, le vol, tout plaît à Aria lorsqu'elle est dans les airs. Elle aime le vient dans les cheveux, elle aime sentir les courants, elle aime... Tout ! C'est aussi simple que ça. Et quand elle vole, elle se sent libre. Cette sensation toute particulière est importante au bien-être d'Aria. Ses amis le savent. N'importe qui connaissant un tant soit peu la thérianthrope pourrait vous le dire, par ailleurs. Aria sans sa liberté, ce n'est pas Aria. C'est donc dans cette joie et cette bonne humeur que la jeune fille plane tranquillement.

« Trikiss, montée-piquée !»

L'oiseau pousse un cri strident pour signifier qu'il a bien compris. Il se met donc à monter rapidement, aussitôt suivie par l'Oiseau de Métal. Et une fois très haut dans le ciel, ils s'arrêtent tous deux brusquement, synchronisés. Du moins, s'il est possible de dire qu'ils « s'arrêtent ». En vérité, ils replient simplement leurs ailes et plongent en piquée pour prendre un maximum de vitesse.

« YAHOOOOUUUUUU !!!»

L'adrénaline de la chute plaît à Aria. Bien sûr uniquement lorsqu'elle est maîtrisée. C'est tout de suite moins agréable quand on sait qu'on va s'écraser beaucoup plus bas. La jeune fille rouvre ses ailes un peu en dessous de la couche la plus basse des nuages, afin d'observer les alentours. La chute lui donne une grande vitesse, et, en regardant le paysage défiler sous ses yeux, elle sait qu'elle va beaucoup plus vite que la plupart des animaux terrestres à pleine vitesse. Ainsi, elle peut parcourir les 120 kilomètres la séparant de Petitmont en à peine une journée, alors que ses amis n'arriveront que dans quatre jours. Ce qui me laisse tout le temps pour découvrir l'endroit ! Parfait !, se dit-elle.
Il fait déjà nuit lorsque la jeune file et son oiseau atteignent la ville.

« Regarde Trikiss ! C'est Pie... Petitmont !»

L'oiseau pousse un cri, ce qui fait sourire la jeune fille. Oups, erreur qui aurait pu lui coûter la vie. En réalité, c'était un cri de mise en garde. L'oiseau avait repéré l'énorme oiseau qui l'avait pris pour cible, et, lorsque ce dernier avait foncé sur lui, toutes serres en avant, Trikiss avait jugé bon d'en avertir sa maîtresse. Il avait été créé pour prévenir lorsque quelqu'un arrivait trop vite dans le champ de détection de ses capteurs thermiques, mais sa créatrice n'avait pas pensé à faire un cri différent du cri normal. Ainsi, lorsque l'oiseau poussa son cri, Aria crut qu'il s'agissait simplement de sa réponse. Erreur puisque, au moment où le rapace atteint sa cible, celle-ci l'esquive souplement, forçant l'oiseau à changer brusquement de direction. Malheureusement pour lui et Aria, pas assez rapidement. SCRATCH ! Le craquement fait sursauter Aria qui ne s'y attendait visiblement pas. La jeune fille, après avoir rapidement analysé la situation, - ce qui n'est pas vraiment difficile, une fois que les courants sous son aile droit disparaissent complètement, faisant brutalement changer la direction – tente de se rattraper du mieux qu'elle peut. Mais en sentant le tissu se déchirer encore plus entre ses mains, Aria comprend le proverbe disant que « la peur vous prend aux tripes ». La seule chose qui lui reste à faire lorsque le tissu termine sa vie, c'est de se replier en boule en attendant le choc. Sans oublier de crier. Comme si ça allait la sauver.
En réalité, c'est le cas. Attiré par le cri de la jeune fille, un magicien en herbe maniant le vent comprend qu'il y a là un sacré problème. Et en utilisant toute sa source de magie, après avoir localisé Aria, il lance tout ce dont il est capable pour, au moins, freiner sa chute. Mais malgré cela, le choc est suffisamment rude pour assommer la jeune fille et réduire une bonne partie de son labeur en miettes.

Si vous demandez à Aria, suite à cet événement, ce qui a le plus marqué son esprit, elle vous répondra probablement que ce sont les « jolies couleurs devant le noir ». Car en effet, à l'instant où la rouquine et le mage se sont approchés d'elle, c'était la seule chose qu'elle voyait. De jolis cercles rouges, se changeant en belles étoiles bleues... Et ainsi de suite. La seconde chose qu'elle vous répondra sera sûrement « le sifflement », car, à peine une seconde après cela, elle entendit le sifflement de plus en plus fort dans sa tête. Le genre de sifflement désagréable qu'on a seulement envie de faire arrêter.
L'avantage avec les thérianthropes, c'est qu'ils ont une grande capacité de régénération. C'est ce qui permet, sans aucun doute, à la jeune fille de serrer la main de la demoiselle qui lui parle. Si Aria entend plus ou moins bien les paroles de ladite demoiselle, elle entend clairement les cris de l'oiseau. Sans aucun doute car ce son lui est familier. À moins que ce ne soit que sa tête qui lui joue des tours.
Lorsqu'elle ouvre les yeux, la première chose qui lui saute aux yeux c'est... Rien en fait. Le peu de luminosité ambiant ne lui permet pas de voir la fille qui se tient au dessus d'elle. Elle risque néanmoins un sourire, certes petit, mais vrai, au moins.

« A-... Aria. »

Sa toute petite voix hésitante la fait sursauter légèrement. C'est vraiment moi qui ai dit ça ? Mais la vérité est claire comme de l'eau de roche. Aussi claire que le mal qui la prend d'un coup. Elle grimace de douleur, sans avoir à se retenir. Si la douleur se répand dans tout le côté gauche du corps d'Aria, ce n'est, en réalité, que ses côtes et son bras gauche qui sont touchés, ainsi que la cheville, mais tellement peu que son corps et ses dons de régénération n'aura aucun mal à la réparer.
Un cri perçant, réel cette fois, - contrairement aux autres qui se faisaient entendre seulement dans le crâne d'Aria - se fait entendre. L'oiseau rejoint sa créatrice, mais son système lui interdit de s'approcher trop près de la rouquine et du mage. Ses yeux de métal fixés sur la fille penchée sur Aria, il semble observer la scène comme un guetteur surveillerait un prédateur trop proche.

Aria se sent alors déplacer sur le côté, ce qui la fait grimacer légèrement. Allez vieille, t'es pas une poule mouillée... Faut te montrer forte ! Du moins, la thérianthrope essaie de se rassurer ainsi. La jeune fille entend également la voix de la rouquine parlant au mage. Puis celle, adressée à elle. L'oiseau crie de nouveau, et, en l'entendant, Aria grimace. Cette fois pas parce qu'elle a mal. Moi... Moi ça va guérir vite. Mais... Si Trikiss ou mon casque est cassé, va falloir réparer vite.
Elle ouvre alors les yeux, répondant en même temps à la deuxième question de la fille. Elle ne voit toujours rien au début, mais petit à petit, des formes se dessinent devant elle. Elle voit le visage de la fille, certes vaguement, mais tout de même.

« Vous en faîtes pas pour moi... J'suis solide, juste un peu sous le choc, mais... Mais c'est qu'une question de temps... »

Elle risque un nouveau sourire à la fille, cette fois moins hésitant. Dans ses côtes, la douleur s'amenuise petit à petit, et sa cheville en fait de même.

« L'oiseau... Il a... Il a attaqué Trikiss. L'au-... L'automate... Il... Il a quelque chose ? Le touchez pas, juste regardez... M-... Merci. »

Ce n'est pas qu'Aria ne s'intéresse pas à sa propre santé ou aux questions de la demoiselle. Elle sait très bien l'âge qu'elle a, elle sait ce qu'il s'est passé, mais elle sait aussi qu'elle n'est pas en danger. Loin de là. Contrairement à ses ailes, qui, elle s'en doute, sont sûrement très mal en point. Après tout, elles se sont pris un sacré choc. Mais réparer ses ailes, ce n'est pas comme réparer Trikiss. Le moindre défaut, la moindre tonche sur sa "carapace", et l'oiseau ne pourra plus voler. À moins d'être quasi entièrement refait. En bref, elle s'inquiète plus pour un automate que pour elle.
Mais au finale, est-ce que ça change de l'ordinaire ? Absolument pas. C'est dans les gênes d'Aria de s'inquiéter pour les autres, même quand il ne s'agit que d'automates, avant de s'inquiéter pour elle. Il suffit juste de s'y habituer.

Les yeux ouverts en grand à présent, la jeune fille voit de mieux en mieux. Elle voit très bien que la rouquine tourne le regard vers l'oiseau en l'examinant. Et lorsqu'elle retourne le visage vers elle avant d'opiner du chef, Aria voit le sourire qui s'est dessiné sur ses lèvres. En écoutant les paroles de la demoiselle, Aria sourit également. S'il n'a rien, c'est parfait. Mais ça veut dire que mon casque a sûrement pris un sacré coup. Effectivement, Aria sait plus ou moins reconnaître les piaillements de l'oiseau. Même s'il faudrait s'arranger pour les modifier et leur donner tous une fonction différente. J'y réfléchira plus tard, se dit-elle, comme un mémo pour le futur. En tout cas, le cri de l'oiseau était lié à un dysfonctionnement. Ou lié à lui-même, ou lié au casque. Si l'oiseau n'avait rien mais qu'il sifflait ainsi, c'était que le casque était touché. En soit, c'était logique, vu la chute, mais pour l'oiseau, moins. Toutefois, la dernière phrase de la rouquine fait sourire une nouvelle fois Aria. Elle aime bien ce genre de compliments. Comme toute personne normale, non ? Après tout, Trikiss était son oeuvre.
Néanmoins, la thérianthrope n'a pas le temps de remercier la jeune fille qui l'aide, puisqu'elle s'éloigne. Elle entend alors sa voix, parlant à d'autres. Aria suppose donc qu'il s'agit des secours qui viennent d'arriver. Elle entend également la rouquine qui prévient les secours de ne pas toucher à l'oiseau, puis, cette dernière la rejoint et lui demande si l'oiseau pourrait mal réagir. Aria sourit, puis lui répond :

« Trikiss n'est pas... Pas un oiseau de combat. Il va... Vous suivre et piailler, mais... Mais il ne fera rien. Vous n'avez rien... Rien à craindre de lui. Mais le touchez... Le touchez pas. S'il-vous-plaît... »

Aria risque un autre sourire et, comme pour confirmer ses dires, l'oiseau pousse un nouveau cri. Il avance avec un petit saut, fixant toujours la rouquine.

La jeune fille sourit en entendant la phrase de la rouquine. Effectivement, le sol n'est pas des plus confortables. Ceci étant dit, elle et ses amis étant voyageurs, elle a l'habitude dormir à même le sol. Certes, avec un sac de couchage, mais tout de même sur le sol.
La jeune fille enlève alors les ailes d'Aria - ou ce qu'il en reste, du moins. Puis, suite à ça, les deux personnes chargées de l'aider la soulèvent délicatement la jeune fille afin de la déposer sur le brancard. Cette dernière ferme alors les yeux, se laissant sombrer dans la noirceur. Trikiss s'approche encore une fois, un saut, puis un second. Il se met à piailler en penchant la tête sur le côté, comme s'il était inquiet. Il voit très bien la chaleur d'Aria s'élever sans qu'il ne sache pourquoi, et il sait que quelque chose ne va pas dans les circuits des lunettes de la jeune fille. Ceci dit, n'ayant pas la parole, il ne peut rien expliquer.
En l'entendant crier, la thérianthrope se demande si le problème est si grave que ça. Impossible. Ce n'est pas ma tête qui a pris le plus gros. Peut-être qu'il ne s'agit de pas grand chose, juste une déconnexion entre Trikiss et mon casque... Ceci étant dit, tout de même assez gros pour que le faucon de métal soit inquiet. Si un automate pouvait éprouver une réelle inquiétude, évidemment. Aria sent alors le brancard se déplacer, et entend l'oiseau crier une nouvelle fois.

« Trikiss... Chut. »

L'oiseau pousse un nouveau cri qui déclenche un nouveau sourire sur le visage d'Aria. Elle ouvre les yeux et voit la fille qui marche à ses côtés. Elle sourit encore plus, puis elle lève la main pour attirer son attention.

« Merci... À vous et au mage. »

La jeune fille voit le sourire de la rouquine et sent sa main dans la sienne, ce qui la rend encore plus souriante. Sa réponse ne change en rien le choses, puisque le visage d'Aria garde la même expression ravie. Cela dit, elle souffre toujours, et même si la douleur s'amenuise, elle n'en reste pas moins importante. En même temps, vu la chute, il n'y a rien de moins étonnant. La thérianthrope rit un peu lorsque la fille lui dit qu'elle est contente de voir qu'elle est encore en un morceau, et ce rire la fait ensuite grimacer à cause d'une douleur dans les côtes. Allez Aria, fais pas ta chochotte !
Quelques instants plus tard, alors qu'Aria s'habitue tout juste aux secousses du déplacement du brancard, les quatre personnes pénètrent à l'intérieur du dispensaire. Aria entend les gens parler, en voit même certains, en penchant légèrement la tête sur le côté, et sait que tout cela sera bientôt terminé. Soudain, elle sent quelque chose sous son dos, puis les deux brancardiers la déplacent afin de l'allonger sur un lit. Wow... Ça fait un sacré bail que j'ai pas eu le droit à ce genre de confort ! Il faut que je me blesse pour l'avoir ! La jeune file écoute ensuite les paroles de la rouquine, assise sur une chaise près d'elle. Elle hoche la tête avec un sourire et, quelque part, elle est ravie de savoir que la fille reste avec elle. Aria aime la compagnie, ce n'est une nouvelle pour personne. L'oiseau s'envole afin de se poser sur le lit, près des jambes d'Aria. Il pousse un petit cri en observant la rouquine, mais cette fois, comme Aria n'est plus déplacée, il se tait. Aria siffle un petit air et l'oiseau se met au repos.
Puis, lorsque la jeune fille commence à s'exciter sur le fait qu'Aria puisse voler avec ses ailes, et non pas une machine, la thérianthrope se remet à rire. Nouveau rire déclenchant, encore une fois, une douleur dans les côtes. Ceci dit, elle sent que ça travaille et, effectivement, elle ne devrait pas rester ici très longtemps. Au moins, j'aurais le temps pour réparer mes ailes !

« Non... Non. Mes ailes sont pas automatisées... Y a pas de vapeur dedans. C'est de la mécanique très simple et... N'importe qui avec un minimum de connaissances pour-... Rait le faire. Y a que de la toile et un peu de métal... Elles agissent sur le même principe que les ailes des oiseaux. »

Aria sourit à la fille en la regardant, puis elle reprend :

« J'ai fait mon premier prototype à dix ans... Vous imaginez que j'avais pas suffisement de... De connaissances pour faire plus, à cet âge là. »

Elle sourit toujours lorsqu'elle se tait. Ceci dit, pas pour longtemps puisqu'elle reprend juste après :

« Ceci dit, voler en... Montgolfière et avec mes ailes, c'est très différent... Même un Azurien apprend plus vite à... Utiliser ses ailes qu'un humain avec des ailes comme les miennes. »

Aria sent de moins en moins la douleur dans ses côtes. Toutefois, assez pour en avoir encore mal. D'ici dix, quinze minutes, je pourrais marcher... Ou presque. Je crois. Elle voit que la fille croise les bras en écoutant ses paroles, et la thérianthrope sourit pour cette raison. C'est qu'elle est intéressée... Peut-être une future amie ?
Lorsque la rouquine se met à parler, expliquant son point de vue, Aria écoute en continuant de sourire. Je suis peut-être la seule à fabriquer des ailes. Sans doute parce que c'est plus long et difficile à utiliser qu'un dirigeable, justement. Ou que personne n'en a jamais eu l'idée. Puis la jeune fille commence à parler de garage, de travailler ensemble et d'apprendre à se connaître, avant de parraître gênée par sa proposition. Ce changement fait sourire la thérianthrope qui lui répond :

« Je pense que... C'est une bonne idée. n pourrait peut-être... Devenir amies. »

Ce n'est pas avec Aria qu'on peut se trouver gêner de demander à se connaître. Si elle le pouvait, la jeune fille deviendrait amie avec le monde entier. Cela dit, ce n'est pas l'une mission des plus faciles.

« Cela dit, ça ne sera pas pour maintenant. Je me rends à Airain pour améliorer Tri-... Kiss. »

Enfin ! Faudra quand même rester ici pour réparer mes ailes ! Parce que sinon, ils vont s'inquiéter ! "Aria, il s'est passé quoi ?" "Pourquoi tes ailes sont dans cet état ?" Et na na ni, et na na na... Elle sourit encore une fois, puis elle reprend :

« Mais... Va falloir réparer mes ailes... Avant de reprendre ma route. Mes amis reviennent dans... Quatre jours à peu près.Ce qui me laisse... Autant de temps pour les réparer. »

La proposition n'est pas invisible. N'importe qui peut comprendre que, en ce moment même, par ces phrases, Aria propose à la jeune fille de l'aider. Après tout, si Aria peut se faire des amis, elle ne va pas dire non !

La rouquine - ou plutôt Abigale - répond aussitôt après les mots d'Aria, ce qui fait sourire la jeune fille. Elle a l'air vraiment pleine d'entrain et complètement passionnée. Elle se met à parler, les mots suivant les mots, phrase après phrase et sans s'arrêter. La thérianthrope sourit complètement en écoutant la fille. Effectivement, si avec ça, elle n'aime pas la mécanique, je crois que j'ai plus qu'à aller me jeter du haut d'une falaise, ahah ! Les pensées d'Aria sont loin d'êtres pensées méchamment, au contraire. Elle est ravie de rencontrer quelqu'un qui partage la même passion qu'elle et le rire est probablement une manière de vaincre la douleur. Du moins, quand il ne fait pas souffrir encore plus.
En tout cas, Aria sourit lorsqu'elle entend la fille dire qu'elle a probablement ce qui lui faut pour réparer ses ailes. Elle sourit toujours quand Abigale lui dit qu'elle pourra peut-être trouver une faille ou des trucs pouvant les améliorer - cela dit, Aria sait qu'il est toujours possible d'améliorer quelque chose, après presque vingt-cinq de travail sur ses ailes, elle en est même convaincue. Et elle sourit encore plus lorsque la rouquine lui dit qu'elle est tombée sur "quelqu’un qui a créé une chose presque unique au monde".

« Aria Zeim' Finlok... Enchantée Abigale. »

Se présenter est d'abord le plus important. La jeune fille connaissait son prénom, qu'Aria lui avait donné plus tôt, mais pas son nom de famille. Ni son surnom, mais soit. Ce n'était pas important. Donc, après s'être présentée, l'Oiseau de Métal continue :

« Et tu connais déjà Trikiss... Trikiss, dis bonjour à Abigale. »

L'oiseau se lève et ouvre ses ailes - celles-ci étaient pliées et l'oiseau s'était placé en mode repos, donc en soit, il était allongé comme un oiseau normal - avant de piailler un "bonjour" tonitruant. Aria laisse échapper un petit rire, avant de répondre au long monologue de la jeune fille.

« Et pour les matériaux, il me faut surtout de la fibre de carbone et... Du tissu. En grande quantité. T'en fais pas pour les fabriquer, j'ai tout noté dans ma tête. Quand on bosse depuis vingt-cinq ans dessus, on finit par se faire un... Mémo mental. »

Elle a tout de même le plan dans ses affaires, dans la charrette. Elle n'a cependant pas pensé à les prendre. Merci mémo mental !

Lorsque le rire de la jeune femme retentit, Aria sourit de joie. Il est vrai que le cri de l'oiseau de métal doit être assez étonnant pour qui n'y est pas habitué. Mais il sera encore mieux si je fais ce que j'ai dit. Un cri de salut, un de détresse... Et puis le reste on verra plus tard. C'est une merveilleuse idée ! J'ai hâte de la réaliser ! Elle sourit toujours en se disant que, certes, cet oiseau est fascinant aux yeux de certains, pour elle il y a beaucoup de choses à améliorer. Trikiss n'est pas encore opérationnel. Enfin, si on peut dire ça ! J'ai l'impression que, dit de cette manière Tri' est une machine de guerre ! Ce qui n'est évidemment pas le cas. Bien sûr, il servira à la défense, mais c'est tout ! La jeune fille hoche ensuite la tête avant de se reposer sur le dossier et d'observer le plafond. S'ensuivent les paroles d'Abigale, en pleines questions. Aria hoche la tête en écoutant, avant de répondre :

« Pour en finir avec les ailes, on avisera sur le tas. Je pense qu'on pourra récu-... pérer des restes sur mes ailes cassées. Pour l'achat... J'ai ce qu'il faut, t'en fais pas. Et pour le temps... Je sais comment faire, on a pas besoin de gros bras. Mais si on peut récupérer des parties, on ne devrait... Pas mettre trop de temps. Et si on a tout ce qu'il faut. En s'y mettant à deux, on devrait finir dans les temps. »

Aria sourit ensuite. Si vous demandez à ses amis, ils pourront vous le dire : Aria est une acharnée têtue. Quand elle veut quelque chose, elle finit toujours par l'obtenir. Et elle veut ses ailes avant l'arrivée de ses amis. Quitte à travailler jour et nuit. Il me reste des trucs dans la charrette. On est pas obligées de finir complètement avant qu'ils ne viennent. Il suffira de bricoler un petit bobard vite fait. J'ai pas envie qu'ils m'embêtent avec ça. Surtout Aerin. Puis la jeune thérianthrope tourne un regard plein d'étoiles vers la rouquine.

« Serait-il possible d'avoir des pommes ? »

Ah... Entre Aria et les fruits, c'est une longue histoire d'amour !

La rouquine lui dit qu'il est possible d'avoir quelques outils en attendant, et qu'elles pourront s'y mettre dès qu'Aria sera sur pied. Je pense que ça ne devrait plus tarder. Ma chute a suffisamment été freinée par ce mage, donc je n'ai rien de grave. Puis Abigale se redresse, toujours souriante, et hoche la tête lorsque la thérianthrope lui demande une pomme. Elle disparaît alors dans une autre pièce et Aria sourit en regardant le plafond. Elle est gentille Abigale. On se connait à peine, mais elle est déjà prête à m'aider ! Si tous les gens pouvaient être comme elle, il n'y aurait pas autant de problèmes dans le monde ! Mais bon, ce serait trop demander à certaines personnes. La jeune femme se redresse sur son lit, ne grimaçant que très peu lorsqu'une légère douleur lui traverse les côtes. D'ici peu, je n'aurais plus rien. C'est génial d'être une thérianthrope ! Au moment où Aria s'installe convenablement, la rouquine revient avec un panier de fruit. Dedans, les belles pommes rouges ont l'air de sourire à Aria. Du moins, l'imagination de la jeune femme lui fait croire cela. Elle regarde attentivement la fille déposer le panier puis prendre une banane et Aria attrape rapidement une pomme. Ses doigts effleurent la peau du fruit et elle sourit en se souvenant des fruits que l'un des amis de son père faisait pousser. Les pommes avaient toujours été les fruits préférés d'Aria, et elle se souvient encore des moments passés où elle se cachait derrière la maison de son père pour manger les fruits volés à son voisin. La première fois, Aerin était contre. Elle voulait pas se faire punir. Heureusement que c'est Arlequin qui nous a attrapé. Sinon, on se serait fait taper sur les doigts. Et cet abruti qui est allé nous en cher... Les paroles d'Abigale font sortir Aria de ses pensées. Elle regarde la jeune fille avec un grand sourire avant de lui répondre rapidement un "toi aussi". Aria croque alors dans le fruit, ferme les yeux en se rappelant les souvenirs d'antan et cale sa tête contre le mur. Elle écoute les paroles de la jeune fille dans cette position, mâchant tranquillement sa pomme. Elle ne répond qu'une fois la bouche vide, comme l'enfant bien élevée que son père avait forgé.

« Moi et mes amis, on vient de loin. D'Akkaton, mais d'une Akkaton tellement lointaine que je doute que tu la connaisse ! On voyage énormément à travers le territoire, mais on compte voyager hors d'Akkaton un de ces jours ! »

Puis elle rigole en réfléchissant à la dernière question.

« Pour ce qu'il en est de me plaire à Petitmont... C'est la première fois que je viens ici, et je n'ai eu que l'occasion de voir que le sol et le dispensaire ! Cela dit, les gens ont l'air bien sympathiques ici ! »

Elle sourit en regardant Abigake, puis d'un geste nonchalant, elle croque une nouvelle fois dans sa pomme.

HRP: