23 Juillet de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

Ausilio était très actif dans la vie mondaine duchéenne, ce qui n’était en soit guère étonnant pour un général mercenaire. Après tout les rares mercenaires arrivant à atteindre ce rang et ne faisant pas partie de quelques uns entreprenant un coup d’état et le réussissant, ce qui n’était guère la norme, faisaient partie sans mal des atamas les plus influents des duchés du sud. Que ce soit car ils étaient richissimes évidemment, parce qu’ils possédaient une véritable armée personnelle et car c’est l’élite des duchés qui faisaient partie de leur clientèle, en plus de ceux qui louaient fréquemment une partie des effectifs de la compagnie pour diverses missions.

Ainsi le féroce fléau de givre avait les moyens de mener une vie faste et luxueuse, ce à quoi il s’adonnait fréquemment quand sa compagnie se reposait ou s’adonnait à des missions de faibles intensité et dispersait un temps ses effectifs. Bien entendu, il continuait à la superviser et surveillait que les choses allaient dans le bon sens… Mais disons que cela servait aussi son travail de mener un train de vie fastueux et de fréquenter non pas la bourgeoisie duchéenne, mais sa haute bourgeoisie…

Et comme beaucoup de riches duchéens, Ausilio aimait les artistes, autant car il aimait l’art pour la beauté qu’il pouvait faire naître, que car évidemment son égo n’était jamais mécontent de voir des œuvres qui le concernaient de près ou de loin… Cela s’étendait à presque tous les domaines, dont la poésie à laquelle il trouvait une certaine beauté, et à laquelle il avait même tenté de s’adonner à une époque, mais ses performances moyennes mais estimables l’avaient découragés d’insister.

Et il y avait une poète elfique, une jeune prodige qui avait attirée son attention depuis déjà un certain temps, que ce soit car elle était aussi appréciée par certaines de ses connaissances, Aukheperu notamment, que parce qu’il aimait beaucoup ses poèmes… Il avait donc décidé au cours d’un de ses arrêts à Inveïs et en apprenant qu’elle s’était de passage, de l’inviter à une soirée qu’il avait faite organisée.

Ainsi, pendant que le reste de sa compagnie se détendait de diverses manière dans la cité des mercenaires en profitant d’une prime pour cela, lui, ses officiers et divers bourgeois mercenaires, marchands, notables et autres, mais heureusement aucun esclavagiste, des environs, se réunirent dans une riche propriété foncière voisine de la cité… Celle-ci appartenait au duc, qui la louait à certains des amis et avait la forme d’un assez imposant manoir entouré d’un encore plus imposant jardin décoré sobrement mais élégamment de divers buissons, arbustes taillés, parterres de fleurs, statues et du nécessaire pour s’asseoir et se réunir en bonne compagnie… Il y avait aussi quelques bassins décoratifs et un imposant labyrinthe de haies que certains curieux s’amusaient à arpenter.

Et lorsqu’Adronia arrivera, la soirée avait débutée depuis bien peu et pas mal de monde était présent dans ce jardin. Du beau monde selon les standards duchéens et pas que des duchéens d’ailleurs, occupés qu’ils étaient à discuter, planifier divers projets ou profiter des divertissements artistiques offerts. Pour sa part, Adronia serait rapidement guidée par un personnel poli vers le maître de soirée, l’imposant dracosire blanc et partiellement plumé, qui était installé à côté d'un bassin et allongé sur le flanc gauche à la manière des dragons et qui lui lança un regard bienveillant et curieux alors qu’elle s’approchait. Ce avant de finir par dire avec amabilité et politesse.

« Dame Adronia, c’est un plaisir de vous voir ici. J’aspirai depuis le temps que je lisais vos écrits à vous rencontrer. » Il ferait alors un geste poli de la pattes à un domestique et ajouterait aimablement. « N’hésitez pas à goûter le vin proposé aussi, c’est un grand crû. Sinon le jus de raisin est issue du même vinage est à l’avantage de ne guère enivrer. » le dragon lui-même avait à disposition une imposante coupe en étain aussi grande qu’un humain dans lequel du vin pouvait être versé… Visiblement Ausilio ne dédaignait pas de consommer le breuvage sous sa forme naturelle et à son accent parfaitement duchéen et marqué d’Inveïs et aux gestes polis qu’il pouvait faire… N’importe qui devinerait que certes c’était un dragon, mais très duchéen dans les manières et donc sans doute fort différents des dragons plus sauvages... Il faut dire, Ausilio était aussi un nom duchéen et non dragonique, qu’un humain ou azurien pourrait porter sans que cela paraisse étrange.

« J’espère que vos voyages à travers les duchés vous apportent satisfactions et inspiration sinon. » Glissera t-il sinon pour conclure avec une pointe d’intérêt, se disant sans doute qu’elle voyageait en partie aussi pour alimenter son inspiration artistique, ce qui à ses yeux était une noble cause... Mais pouvait aussi lui permettre de relancer à ce sujet si elle désirait.