La moralité générale n'était la règle nulle part, et les Terres du Nord, qui ne connaissaient aucune supervision générale, n'étaient certainement pas plus qu'autre part le foyer de tels sentiments. Il y avait toujours eut des brigands, parfois des tribus aux mœurs carrément contestables, et il y en aurait sans doute toujours. En ce début d'année nouvelle, Altina devait intervenir avec ses hommes non pas pour le bénéfice de quelque marchand du Sud mais sur la demande d'une tribu amie, l'une de celle qui jadis étaient unies à la sienne dans la glorieuse Confédération des Vents du Nord. Formellement, ils n'avaient aucune obligation de les aider, à présent, mais outre les lointains liens du sang, son père caressait toujours l'ambition de parvenir à réunifier un jour la puissante confédération de ses ancêtres, et il n'était guère étonnant qu'il l'ait envoyé intervenir après les célébrations de l'équinoxe et de l'année nouvelle.

Son père était du reste un peu bizarre ces derniers temps, mais Altina écarta cette pensée vagabonde et se concentra sur le problème qui se présentait à elle : son fidèle éclaireur aérien lui avait rapporté qu'une autre troupe de cavaliers approchaient de la zone où se trouvait le camp des bandits. Ceux-ci n'étaient pas extrêmement attentifs, mais tout de même, cela aurait fait beaucoup de compter sur deux négligences à la fois, en supposant qu'il ne s'agisse pas de renforts ou de clients à eux ! Elle avait donc décidé de contourner la zone et d'aller au devant de ces cavaliers inconnus pour discuter et voir leurs intentions. S'ils étaient de simples voyageurs elle devrait pouvoir les convaincre de prendre une autre voie, s'ils avaient les mêmes objectifs ils pourraient s'entraider, et s'ils étaient des alliés des brigands hé bien... autant affronter les deux groupes séparément !

Espérant tout de même ne pas devoir livrer deux batailles coup sur coup, elle vint au devant des cavaliers ennemis ouvertement, et une fois arrivé à distance raisonnable avança seule en ouvrant les paumes en signe de pacifisme – même si derrière elle ses hommes se tenaient prêts à encocher une flèche et tirer en quelques instants à peine en cas de problème, elle était pacifiste mais pas stupide. Elle vit un cavalier se détacher du groupe adverse, signe qu'ils semblaient au moins assez civilisés pour comprendre le concept de discuter avant d'attaquer.

« Salut à vous, étrangers ! Je suis Altina, du clan des Aksungur ! Je viens l'arc au repos et le cœur en paix. »

C'était une formule rituelle, bien qu'elle ne sache pas s'ils la reconnaîtraient. Elle ne connaissait pas du tout leurs équipements, bien qu'ils semblent savoir monter correctement, et elle avait donc parlé dans ce créole d'Akkatonien qui servait de langue vernaculaire dans le Nord, qu'elle parlait fluidement évidemment, et de fait de façon plus compréhensible de quelqu'un connaissant seulement l'akkatonien que beaucoup d'autres, ayant appris la langue enfant avec son cousin.

« Je suis venue au nom du clan des Kheremoï pour libérer leurs enfants prisonniers. Quelles affaires vous amènent dans les vastes landes du Nord ? »

Hors des frontières de l'Empire s'étendait le domaine de la barbarie... si cette vision des choses était sans doute bien simpliste, l'histoire se chargeait hélas souvent de fournir des exemples allant justement dans le sens de ce préjugé, hélas ! Ainsi, des citoyens ikhyldiens qui venaient commercer pacifiquement dans le nord avaient-ils été faits prisonniers par des sauvages nordiques sans foi ni loi. Pour l'heure, Ikhyld n'avait guère de nouvelles de ses ressortissants, et aucune demande de rançon en bonne et due forme n'était venue aux oreilles des autorités impériales. Lesquelles avaient commencé à se lasser et, de crainte que quelques sévices ne soient infligés à ses ressortissants, avaient décidés d'agir. Dans bien des cas, les services diplomatiques auraient été mis à profit mais, dans cette période troublée et en ces lieux, il avait plutôt été choisi de faire passer un message clair sur le fait de ne pas toucher aux citoyens ikhyldiens. Voilà comment Vianola s'était-elle mise en route pour régler le problème en imprimant bien le message dans les esprits...

Pour cette mission dans les steppes du nord orzanien, la Taisho avait décidé d'emmener une colonne de cavaliers légers, des unités originaires pour la plupart et en tous cas entraînées à la mode d'Ashika, comme elle l'avait elle-même été. Si celles-ci étaient plus froides, après tout des steppes restaient des steppes, et des cavaliers rapides seraient sans doute les meilleures troupes pour faire face aux menaces qu'ils y trouveraient. Avant qu'ils n'arrivent au campement qu'ils visaient toutefois, après avoir débarqué sur la côte et cheminé vers la zone où leurs informations situaient les kidnappeurs. La colonne de cavaliers qui approcha ne ressemblait en rien à ceux-ci, toutefois, et la générale les laissa donc approcher, bien qu'en restant sur ses gardes. Et en effet, une fois à portée de voix, une femme à la fois belle et altière se détacha des cavaliers et s'adressa à eux dans une langue qui semblait être de l'akkatonien déformé et enrichit d'autres mots, dont elle compris toutefois le plus gros. Vianola s'avança en retour, les mains ouvertes en signe de paix.

Salut à toi, Altina des Aksungur ! Je suis Vianola, générale de l'Empire Ikhyldien, et je viens en ces terres au nom de l'Empire sans intentions hostiles envers ceux qui ne sont pas déjà nos ennemis !

Ne connaissant évidemment pas la langue locale, la cavalière elfique avait répondu directement en Akkatonien, qu'elle parlait avec un accent ikhyldien marqué, n'ayant jamais rien fait pour le lisser dans la langue d'un empire qu'elle ne portait pas dans son cœur, mais le connaissant évidemment, ne fut-ce que pour des raisons logistiques. Si la guerre revenait avec Akkaton, elle comptait bien comprendre ses ennemis – et les ordres qu'ils pourraient éventuellement intercepter, par exemple – enfin du moins était-ce dans cette optique qu'elle avait appris la langue de leur grand rival occidental à l'origine, même si pour l'heure la guerre n'était évidemment pas à l'ordre du jour.

Je n'ai aucune querelle avec le clan des Aksungur, surtout si vous venez vous aussi libérez des prisonniers. Il y a dans les environs un groupe de brigands qui a capturé des citoyens de l'Empire Ikhyldien, et je suis ici pour les libérer. La coïncidence me semble un peu trop grande pour en être une, aussi dois-je supposer que nous traquons les mêmes ravisseurs. Dans ce cadre, je vous propose de collaborer. Ensemble, nous aurons plus de chance de venir efficacement en aide vous à vos alliés et nous à nos concitoyens.

Sans compter qu'en agissant séparément, ils risquaient de se gêner, mais cela ne sembla pas la meilleure chose à souligner. Vianola ignorait au juste les coutumes et la valeur de ce clan, mais ils semblaient en tous cas savoir monter, et le renfort de gens qui connaissaient la région n'était jamais à négliger pour un bon officier. Et vu que la seule autre option viable aurait été que l'un laisse l'autre agir seul – ce qu'elle ne comptait pas faire, et ne voyait pas cette fière nomade faire non plus – c'était la meilleure voie qu'elle pouvait discerner pour l'instant...  

Visiblement, l'autre groupe de cavaliers ne souhaitait pas se montrer hostile et, suivant le modèle donné par les Heïngs, une cavalière s'avança pour parlementer. Il s'agissait visiblement d'une Elfe, qui tout aussi visiblement savait monter correctement sa monture, mais ne semblait pas être une Naäris pour autant, d'autant que ses hommes, eux, paraissaient être beaucoup plus cosmopolites. De fait, quand elle prit la parole dans un akkatonien marqué par un accent prononcé, ce fut pour s'identifier comme une ikhyldienne. Altina connaissait moins bien Ikhyld qu'Akkaton, déjà parce que cela ne se trouvait sur aucun chemin terrestre, comme c'était le cas pour la Province Akkatonienne, et ensuite bien entendu parce qu'elle n'avait jamais eut de cousin ikhyldien pour lui expliquer en long, en large et en travers la culture de cet empire-là.

Cela ne voulait toutefois pas dire qu'il lui était inconnu, évidemment – les gens du nord n'étaient pas aussi attardés ou isolés que voulaient bien le croire les plus méprisants de leurs voisins sudiens, après tout – et, lorsque l'Elfe se fut présentée et eut exposée le motif de sa venue, en arme et avec une telle troupe, dans les terres nordiques, Altina hocha doucement la tête, répondant elle aussi en akkatonien, du coup, puisque son interlocutrice la maîtrisait visiblement mieux que le créole qui en dérivait et qui servait de langue vernaculaire nordique, parlant elle-même la langue de l'empire occidental d'une façon fluide et, pour le coup, remarquablement dépourvue d'accent.

« Nous n'avons aucune querelle non plus avec Ikhyld, ni avec aucun peuple sudien, tant qu'il ne cherche pas à étendre son emprise sur nos terres ou à attaquer nos gens, ce que n'a jamais fait votre empire. Je ne vois donc aucune raison de verser mutuellement notre sang. »

Bien entendu, du point de vue ikhyldien ils étaient sans doute plus orientaux que sudiens, mais leur province en Orzian se trouvait bel et bien au sud, aussi Altina les classait-elle machinalement dans cette catégorie commode regroupant tous les peuples vivant hors des terres sauvages du grand nord.

« Du reste comme vous le soulignez nous avons un intérêt commun, car il semble que ceux que nous chassons toutes les deux ne fassent guère de discrimination sur les gens qu'ils enlèvent. Châtions-les donc ensemble, et libérons l'ensemble de leurs prisonniers, qu'ils soient vos amis, les nôtres, ou de tierces victimes. »

Après tout, c'était bien pour cela que la nomade était venue à la rencontre de ce groupe, tout d'abord : éviter qu'ils ne se gênent mutuellement, voir ne risquent de s'accrocher dans la bataille. Si en prime ils pouvaient collaborer, elle ne disait jamais non à une aide extérieure ponctuelle, qui pouvait permettre d'épargner les vies des gens de sa tribu autant que de ceux qu'ils venaient sauver, après tout.

« Pour ma part, je commande des archers montés, qui se battent également à l'épée une fois engagés au corps-à-corps. Notre tactique préféré est le harcèlement, même si ici nous ne devrons pas en abuser pour ne pas leur donner envie de sacrifier les prisonniers. Et vous, dame Vianola, quelles sont donc les forces de cavalerie que vous commandez ? Il me semble que pour nous coordonner nous devrions tout savoir de l'assaut que peut mener l'autre partie, après tout... »

Vianola fut heureuse de voir que son interlocutrice, outre le fait d'être assez étrangement capable de parler fluidement l'akkatonien, plus fluidement qu'elle à vrai dire, ce qu'on attendait pas forcément de la part d'une nordique, semblait aussi raisonnable et même relativement débrouillarde. En effet, elle accepta rapidement la nécessité de collaborer, en étant visiblement venue à la même conclusion que la haute officière ikhyldienne de son côté – à savoir que, sauf à voir l'une d'elles renoncer, elles n'avaient guère d'autre choix que d'unir leur forces – et souleva rapidement les bases tactiques nécessaires à une collaboration fructueuse. En sommes, même si elle venait d'une tribu nordique et parlait l'akkatonien, elle semblait ouverte et compétente, ce que Vianola ne pouvait évidemment manquer d'apprécier, et plus encore vu les circonstances !

Je vous rassure, l'Empire Ikhyldien n'est pas du genre à chercher querelle aux peuples pacifiques, et au contraire nous apprécions toujours l'aide des gens de bonne volonté. Je pense donc que nous pourrons collaborer fructueusement, et ainsi libérer l'ensemble des prisonniers retenus par ces tristes personnages.

Même si elle était loin d'être une diplomate, la belle générale elfique savait évidemment, comme tout officier ikhyldien digne de ce nom, que l'Empire appréciait toujours les occasions de renforcer positivement ses relations avec les différents peuples étrangers. Et si, tout en parvenant à ses objectifs, elle réussissait également à nouer de bonnes relations avec les Heïngs, ou du moins une partie d'entre eux, elle savait bien que ses responsables n'en seraient que plus satisfaits... surtout que cela éviterait aussi probablement le contre-coup potentiel de voir une armée ikhyldienne, même de taille modeste, intervenir dans la région. En sommes, elle avait tout à gagner à s'entendre avec la fière Humaine, d'autant que celle-ci semblait savoir ce qu'elle faisait en matière de stratégie !

Pour vous répondre, les troupes que je commande ont été, comme moi, formées à la manière des guerriers nomades d'Ashika, en Ikhyld, qui, bien qu'éloignée de vos terres par la distance, leur ressemble beaucoup par ailleurs, sinon qu'elles forment des steppes sans doutes plus tempérées... mais quoiqu'il en soit, je commande donc également des guerriers légers et rapides, tout comme vos hommes, même s'ils sont plutôt rompus au maniement de la lance que de l'épée, et habitués à d'abord affaiblir l'ennemi à l'arc avant de le charger à la lance.

En sommes, une légère différence d'approche dans les détails, mais une philosophie commune de la guerre – mobilité, recours à l'assaut à distance et aux armes légères – qui se rejoignaient assez, typique sans doute des peuples de nomades steppiques, qui faisaient la guerre dans la lignée de leur façon de vivre, tout simplement.

Voici ce que je vous propose : nous formons deux groupes qui arrivent en deux fronts sur nos ravisseurs et les harcèlent de flèches, pour les forcer à se regrouper et à nous affronter, tout en les affaiblissant autant que possible. Une fois qu'ils viennent au combat, s'ils ont le courage de le faire plutôt que de fuir, mes hommes engageront le combat de contact les premiers si nécessaires, et vous nous soutiendrez, tout en vous tenant prêt à engager également le combat en les prenant à revers une fois qu'ils seront engagés contre nous, si cela s'avère nécessaire... de la sorte nous nous coordonneront tout en gardant chacun notre façon de faire propre. Cela me semble la meilleure façon de faire, vous convient-elle, Altina des Aksungur ?

Si elle sembla légèrement surprise par sa maîtrise fluide de l'akkatonien, l'officière sudienne ne commenta pas ce fait, mais se concentra plutôt sur les éléments concrets, ce qui évidemment n'était pas pour déplaire à Altina, qui aimait cette façon d'aller directement aux choses importantes. De fait, elle eut un sourire quand la belle guerrière elfique expliqua qu'elle et ses hommes étaient visiblement originaires, ou du moins entraînés à la manière, de ce qu'elle compris, d'une vaste région de steppe ikhyldienne, ce qui, se dit la farouche nomade, expliquait sans doute au moins en partie leur efficacité... même si c'était certainement un préjugé de sa part que de conclure cela, mais bon, personne n'avait dit qu'elle était parfaite, n'est-ce pas ?

« Ma foi... on m'a toujours dit que les ikhyldiens avaient beaucoup de sagesse, et je constate que cela est vrai puisque vous et vos supérieurs avez choisi d'envoyer ici des troupes rompues à combattre dans les plaines. C'est une bonne chose, je pense, autant parce que vous serez bien plus aptes à combattre ici que si vous étiez à la tête d'un régiment en armures lourdes que parce que, en effet, cela nous aidera sans doute à collaborer plus facilement. »

Altina se permit un léger sourire, signe sans doute que l'attitude de son interlocutrice, autant certainement que le fait qu'elle semble connaître les manières d'agir et de combattre de la steppe – même si elles avaient été apprises dans une autre steppe, cela ne faisait guère de différence - avait quelque peu dégelé sa méfiance initiale. De fait, elle écouta le plan d'action proposé par l'Ikhyldienne, qui semblait à la fois simple et efficace, adapté pour coordonner deux groupes de cavaliers qui après tout ne se connaissaient pas, et collaboraient ensemble pour la première fois.

« Votre tactique me semble bonne... j'ajouterais que s'ils essayent de se retrancher, nous devrons sans doute donner l'assaut tous ensemble, mais j'espère que nous n'en arriveront pas là ! Je possède un puissant cors de guerre enchanté, que voici, je vous propose donc de donner le rythme de l'assaut. Une sonnerie sonnera l'attaque, deux l'assaut au corps-à-corps et si je sonne à nouveau une fois, vous saurez que nous nous préparons à prendre l'ennemi à revers... enfin, si nous étions débordé la retraite serait sonnée de trois coups, mais je fais confiance à notre valeur combinée pour que le cas ne se pose pas, bien entendu. »

La belle nomade avait désigné son puissant Cor du Nord tout en parlant, sachant que ce signal non seulement serait facile à comprendre mais en plus serait audible facilement par tous, en plus de sans doute donner du cœur à la bataille au moins à ses hommes, et pourquoi pas également à leurs alliés Ikhyldiens. Après avoir écouté les réponses de la belle lancière, en tous cas, Altina eut un dernier sourire, accompagné d'un léger signe de tête.

« Hé bien, je propose que nous allions nous mettre en place puis que nous donnions l'assaut ! Libérons donc ensemble ceux qui sont injustement tenus prisonniers, et que le vent porte vos flèches et celles de vos hommes, Vianola d'Ikhyld ! »

Et, sur ces paroles, Altina regagna donc sa troupe, partageant rapidement la stratégie convenue avant de se mettre en route vers le point d'assaut prévu. Une fois cela fait, et confiante dans la professionnelle que semblait être Vianola pour être en place également, la fille de chef sonna dans son puissant cor de guerre et partit à l'assaut, lançant l'attaque par l'ouest pendant que les Ikhyldiens le feraient par l'est, lardant les ravisseurs de flèches jusqu'à ce qu'ils se décident à agir !

La cheftaine nomade avait accepté sans problème le plan de Vianola, qui semblait correspondre à sa façon de voir l'art de la guerre, si l'on pouvait le dire ainsi, et avait même apportée quelques précisions et autres éléments qui semblèrent pour le coup tout à fait sensé à la belle générale elfique, qui hocha donc la tête en réponse à ceux-ci. En soit, elle ne voyait rien de mauvais là-dedans, que du contraire, et elle savait bien que permettre à un allié de mettre sa petite touche personnelle à un plan d'action, de se l'approprier en quelques sortes, produisait souvent de très bons résultats, puisqu'on se battait souvent mieux, particulièrement quand on avait déjà l'habitude de commander, quand on avait l'impression de contrôler ce qui se passait !

Cela me convient tout à fait, ma foi. Je préviendrai mes hommes que votre trompe de guerre rythmera les assauts, et j'espère que nous saurons nous montrer à la hauteur de nos peuples respectifs en évitant que la retraite n'ait à être sonnée !

Les deux commandantes se séparèrent donc, entrant chacun dans leurs lignes, et comme annoncé Vianola présenta rapidement le plan à ses troupes, en précisant bien le rôle des sonneries de trompes. Il fallait bien avouer que c'était une idée pratique, surtout si le son était puissant et audible... ce qu'il se confirma rapidement être quand Altina en sonna pour lancer la charge ! Sentant son cœur se remplir de l’allégresse du combat, la générale ikhyldienne mena donc ses troupes à l'assaut avec fougue, arc à la main tout comme ses cavaliers. Son puissant Arc d'Argent fit rapidement pleuvoir les traits à flots sur les forces adverses, qui plus qu'une véritable tribu ou une armée digne de ce nom semblait quelque part entre les deux, comme si des bandes d'errants et de brigands avaient formés une sorte de tribu de fortune, avant d'avoir la mauvaise idée de s'en prendre à toutes sortes de voyageurs, y compris ceux qui profitaient de la protection de l'Empire !

En tous cas, la première partie de son plan se déroula comme prévu, et ils firent même un bon nombre de victimes dans les rangs de leurs adversaires ! Cela aurait pu mener à une débandade de ceux-ci, leur évitant des morts inutiles et écartant la nécessité d'un long combat pour les forces ikhyldiennes, mais les ravisseurs ne semblaient pas prêts à rendre les armes si facilement et se mirent en scelle pour la poursuite. Reculant face à eux en les criblant de flèches, Vianola attendit le signal de son alliée, pour découvrir avec une certaine surprise que celle-ci le déclencha presque au moment exact où elle l'aurait fait elle-même, preuve à ses yeux de sa sagesse tactique. En tous cas, alors que le corps sonnait, elle remisa rapidement son arc dans son dos et convoqua d'une pensée sa puissante lance de guerre.

Pour Ikhyld et l'Impératrice-Phénix ! Chaaaaaaaaargez !

Inversant leur mouvement, les cavaliers impériaux fondirent sur les rangs adverses, qui avec de la chance n'en attendaient pas tant, Vianola ciblant directement le puissant Orc qui semblait être le chef adverse, monté sur son lourd cheval de bataille, histoire de finir de désorganiser leurs adversaires en décapitant directement la menace !

La générale ikhyldienne avait acceptée les ajouts d'Altina à son plan sans problèmes, ce qui était là encore la preuve d'une certaine sagesse aux yeux de la nomade, puisqu'elle était visiblement capable d'accepter les remarques sans problèmes, ce qui n'était généralement pas le cas des officiers les plus orgueilleux. De fait, elle était loin de l'image parfois un peu hautaine qu'on pouvait avoir des Ikhyldiens, et pour l'instant la princesse nomade devait bien avouer qu'elle l'aimait bien ! Restait à voir si ses prouesses martiales seraient à la hauteur de ses paroles, mais vu que de toute façon Altina avait prévu d'écraser cette tribu sans honneur et de sauver les prisonniers, avec ou sans aide, cela ne changerait pas grand chose même si l'Elfe farouche se révélait finalement ne pas être à la hauteur de ses propres paroles, même si à dire vrai la jeune femme ne pensait pas que ce serait le cas.

Quoiqu'il en soit, une fois que le cor de guerre eut fait retentir son chant, ils passèrent donc à l'assaut, et les Ikhyldiens se révélèrent à la hauteur des attentes de la nomade au moins dans la phase de tir, rivalisant avec ses hommes dans les assauts qu'ils portèrent à leurs adversaires ! Ceux-ci tombèrent en nombre sous leurs traits, ne s'attendant visiblement pas à un tel assaut, ce qui révélait l'inefficacité de leur système de guetteurs du point de vue de la princesse nomade ! Ce n'était clairement pas une vraie tribu, mais plus un rassemblement hétéroclites de guerriers et de vagabonds qui tentaient de se faire une place dans les steppes. En soit, des tribus honorables étaient déjà sorties de tels rassemblements, mais en choisissant de donner dans le rapt et le brigandage, ceux-ci s'étaient clairement sortis d'une telle catégorie !

En tous cas, ils étaient au moins assez disciplinés pour monter une riposte, et, une fois qu'ils furent en route pour frapper de front leurs forces, Altina fit sonner à nouveau sa trompe, et vit les Ikhyldiens se retourner comme prévu pour couper court à la contre-attaque adverse ! Décidément, cette Vianola était à la hauteur de ce que la belle nomade avait imaginé de ses capacités durant leurs discussions ! Mais alors qu'ils se mettaient en place pour prendre l'ennemi à revers en lui décochant quelques flèches, un puissant monstre sortit du camp adverse comme pour les charger à son tour. Poussant un grognement, Altina fit signe au guerrier qui lui servait de second.

« Mène l'assaut comme prévu, je vais neutraliser cette créature ! »

Hors de question, après tout, de faire faux bond à leurs alliés à cause de cet imprévu ! Tout en faisant de nouveau sonner sa corne de bataille deux fois, Altina se tourna donc elle-même vers le Cerbère, laissant ses hommes jouer leur rôle en écrasant les forces adverses en tenaille avec les ikhyldiens, tandis qu'elle-même décochait une puissante flèche en direction du monstre tricéphale !