Histoire :La vie :Je naquis et fut élevé pour devenir roi de la plus grande nation du continent à l’époque. Enfin, une nation ? Un empire plutôt, dirigé par mon père qui était un empereur sévère mais plutôt juste envers son peuple. Selon notre conception des choses de l’époque. Les minorités restaient à leur place, mais n’étaient pas particulièrement maltraitées, tandis que les sujets humains l’appréciaient. Pour ma part, j’aspirai rapidement à l’égaler.
Voir le surpasser, car je fus aussi élevé pour être ambitieux. Autant un administrateur, qu’un guerrier. Je fus aussi élevé en bon fidèle du père de la souffrance, même si à cette époque, l’importance que prenait l’empire rendait ses dirigeants fiers et orgueilleux. Ils ne dirigeaient pas un simple royaume, mais un vaste empire, et déjà en son temps, mon père considérait que le culte de la peine avait trop de pouvoir par rapport au sien.
Pas que nous manquions de foi, au contraire même, mais le seigneur de la souffrance s’il pouvait parler à ses sujets, semblait se satisfaire surtout qu’on croit en lui et respecte ses dogmes, pour nous si le culte avait donc son importance au niveau du ciment social… Et moral. Il était clair et net, que le pouvoir temporel était la meilleure manière de servir notre dieu et ne devait pas pour cela être gêné par celui spirituel.
Déjà à l’époque Kavriëil était à mon côté, membre fidèle de la garde royale, il avait été élevé à mes côtés, ce pour devenir mon meilleur ami et protecteur. Cela avait fonctionné et déjà à l’époque il était le seul après mon père, à qui je vouais une confiance absolue. C’était un homme évidemment, avec ses défauts, ses qualités, part lumineuse et sombre. Mais, sa loyauté envers moi était absolue et c’était tout ce qui m’importait vraiment. Car très tôt j’appris la valeur de la véritable loyauté.
Mon père finit évidemment comme tout mortel, par mourir justement. Néanmoins ce fut « au bon moment » dira t-on. Quand je fus jugé assez éduqué selon lui pour être roi et que j’exécutai déjà diverses tâches qu’il m’offrait, mais pas assez tard pour risquer un règne court à cause de l’âge. Je devais avoir le trentaine et lui la soixantaine à ce moment. Et à bien y réfléchir, il m’avait eut assez tard, en tant que fils unique, chose qui avait généré quelques ragots à son égard à la cour… Et beaucoup de filles aussi, mais les femmes ne régnaient pas à l’époque à Teïder et ne règnent toujours pas aujourd’hui. Ce fut donc un soulagement à l’époque lorsqu’il eut enfin un fils digne.
Un fils qui désira ouvrir son règne par une bonne guerre, contre nos ennemis de toujours, les Eïlynsteriens.
Il n’y avait pas encore de muraille à cette époque et nous purent donc arriver sur leur territoire avec aisance, mais ce ne fut pas pour autant que la suite aurait été simple. Elle ne l’a pas été d’ailleurs.
Il y eut des batailles, des escarmouches, des pillages, des offensives et contre offensives. Au début l’armée progressait bien, je mena quelques belles victoires et eut même la tête d’un général de l’est, mais inexorablement nous nous fîmes peu à peu repoussés… Ce non sans lutter durement et piller avec cruauté.
Mais finalement vint l’heure de la retraite final, où je décida de ne pas attendre d’être y forcée, pour me retirer, après tout il valait mieux une défaite honorable, avec du butin, qu’une débandade...
La guerre fut donc un échec, mais un échec glorieux à sa façon, nous avions pillés, infligés des pertes et nous sommes replié sans grande catastrophes. Je me retira quoiqu’il en soit en Teïder et passa les années de règnes qui suivirent à bâtir mon pays et le faire prospérer, que ce soit par divers projets de construction et de réforme, dont certaines très ambitieuses…
Trop peut-être car j’avais eu l’ambition, peut-être par frustration, de m’attaquer à un ordre que peu de roi de Teïder jusque là avaient pris d’assaut. L’église, à qui je désirais prendre du pouvoir donc, ce pour le bien de l’état…
Étant un danger aux yeux de l’église, mais aussi du seigneur que de la souffrance, car mon désir de réformer l’état en leur défaveur était visible. Ils finirent sur le long terme par décider que ne pouvant pas me convaincre, ils devaient m’éliminer. Peut-être n’auraient-ils pas pris cette décision si la guerre avait été victorieuse et que j’avais été auréolé de la gloire du vainqueur...
Je me rappelle exactement de quand ils décidèrent de frapper, ce fut au Sud de l’empire, à la frontière de la grande province qui constituent les duchés du Sud aujourd’hui, lors d’un de mes voyages au sein du pays pour discuter avec les hauts nobles et me faire voir de la population. Je ne me souviens pas par contre de comment je suis mort, juste qu’il y eut une attaque, que je fus écarté de mon escorte et que ma vie cessa. Je pense que je m’étais bien battu, mais ils avaient prévus leur coup, même si j’imagine que les assassins commanditaient ne survécurent pas bien longtemps à leur forfait. Après tout, ils avaient suite à cela, le sang d’un empereur sur leurs mains...
La non vie :Je mourut donc, mais pourtant ce ne fut pas la fin...
Mon cadavre fut abandonné là sans sépulture, ils imaginaient évidemment que mon corps serait bien assez vite dévoré par les bêtes du marais, ils n’avaient pas forcément tort. Mais il arrive aussi que certains corps se relèvent, comme ça… Dans des lieux où la magie est assez présente, et ce fut le cas pour le miens.
Mais au lieu d’un stupide zombie, ce fut une ombre qui se releva. Ma chair se délita et abandonna ma carcasse comme si elle était dégoûté par les os même auxquels elle était attachée. Ce fut au final un squelette en armure qui se releva au milieu de ces marais humides et sinistres, une petite partie de l’empire qui fut le miens.
Ma surprise fut évidemment de taille en constatant cela, je perdus de longues minutes, peut-être une heure à réaliser mon état et à décider. D’instinct, que je devais partir et continuer à vivre, par delà la vie même. Car bien entendu n’ayant pas encore perdu toute foi à l’époque, je ne voulais pas mourir pour me retrouver face au dieu m’ayant rejeté…
Je pensa néanmoins avant cela à m’intéresser au cadavre de mon vieux serviteur, Kraviël. Que je relevas, en lui demandant s’il désirait renaître pour me servir par delà la mort ou goûter au repos éternel… Il avait choisit la renaissance. Il n’avait eut besoin que d’une courte réflexion pour cela. Même moi je ne compris pas pourquoi il avait fait ce choix, du moins pas exactement.
Mais j’ai présumé que l’honneur et la loyauté comptaient plus que tout pour cet homme. Je n’ai aucune raison de toute façon, de démentir cette supposition là. Quoiqu’il en soit, peut-être lui suis-je aussi loyale à ma façon car j’ai toujours veillé à ce que son être survive aux siècles que nous avons traversés côte à côte.
Beaucoup d’ombres, surtout les récentes ont tendance à souffrir du manque de sensation de leur corps dit-on. La douleur est absente certes, mais le plaisir n’est plus là. Ne plus ressentir la chaleur du corps de l’être aimé contre soi, la douceur du breuvage dans la gorge, la délicatesse des mets sur les lèvres ou le bien être d’un corps sain. Dépossédées de cela, elle sont perdus et souffrent de ce manque de repères, des fois elles peuvent même haïr ces vivants, qui ont encore le droit de ressentir eux
Pour ma part, je m’en accommoda parfaitement, je n’avais jamais été un hédoniste ou amoureux des plaisirs de l’existence, tant par caractère, qu’éducation. Puis le temps passant, les sensations ne furent que de lointains souvenirs m’indifférant. Les plaisirs de l’esprit quant à eux perduraient et les faiblesses de la chair mortelle, disparurent.
Néanmoins, il me fallut du temps pour m’y adapter et me faire à cette nouvelle vie, emplie de périls et nouveaux buts. Une nouvelle vie que je débuta en errant en direction d’Eïrn, seul territoire que sur l’instant, me paraissait ne pas grouiller d’ennemis… Et avec comme seul et unique allié, le fidèle Kavriël.
Et mon savoir de nécromancien, qui me dévia jamais de la voie blanche...
Pourquoi avais-je choisis au final de me consacrer à la voie blanche pour le reste l’éternité ? Par désir de ne pas me faire plus d’ennemi que nécessaire ? Par préoccupation morale ? Par praticité ? Peut-être pour tout cela, mais aussi car pour moi il y avait diverses façon de devenir un grand nécromancien, seigneur de la non vie. Un être dominant la mort, alors que tous les autres mortels lui sont soumis.
Et j’appréciai cette voie noble, le soutien de morts volontaires et fidèles tel Kavrieïl, dont la mort et l’immortalité, n’ont guère altérés la fidélité. La respectabilité que cela m’apporterait et puis cette voie aussi était prompt aux bouleversements et aux innovations. La nécromancie ce n’est pas que le fait de savoir relever des cadavres et de les dominer, c’est l’art de dominer la mortalité...
Quoiqu’il en soit, j’arrivai à Eïrn et n’y resta pas forcément très longtemps, même si j’y revins fréquemment, tout comme je revins fréquemment dans le nord sauvage et le grand désert. Eïrn avaient beaucoup de trésors enfouis, ruines et savoirs à offrir, ainsi qu’une certaine solitude agréable. De plus, les bêtes sauvages n’avaient pas vraiment faim de ma chair, étant donné que je n’en avais plus.
Les terres sauvages furent aussi une retraite agréable, de plus le savoir faire de certains shamans ne devait pas être sous estimé. Quand au grand désert, les nagas et autres peuplades du désert n’avaient rien contre les ombres en général. Surtout les nagas, tant que je leur fichais la paix ou était respectueux. Je crois que c’est pour cela que j’ai une assez bonne opinion d’eux…
Quant aux duchés, il m’arrivait de m’y rendre des fois, y compris après la fameuse sécession… Qui me fait honte encore aujourd’hui même si je n’étais déjà plus Teïderien. Une bonne terre pour apprendre certaines choses, mettre son talent en valeur, mais aussi gagner de l’argent. Je n’ai jamais aimé les duchéens, mais je sais apprécier leur argent encore aujourd’hui… C’est la seule chose fiable qu’ils ont à offrir j’aurais tendance à dire.
Je fis bien des choses évidemment pendant cette vie qui débuta et se poursuivit, explorations de ruines, études diverses, écriture d’ouvrages, découverte de ce continent que je ne connaissais pas forcément tant que ça. Sans doute parce qu’au début je cherchais un but, ensuite parce que je l’avais trouvé. Le savoir… Et le pouvoir y étant associé.
Pendant un bon millénaire j’errais ainsi, cachant en bonne partie mon identité. Ne me risquant pas dans ma terre natale, encore moins près des Eïlynsteriens. Toujours avec des projets en tête et buts que je me trouvais. Fricotant avec un groupuscule de mage par ci, étudiant les secrets du passé par là, servant un grand être de temps en temps. C’est ainsi par exemple que je me trouva un temps au service d’Ilfrido, quelqu’un de très respectable en comparaison du reste des ses compatriotes. Dommage qu’il soit mort ainsi.
Cesario ? J’aurais sans doute aimé me mêler de cette histoire, mais je ne me préféra pas m’immiscer dans un problème d’Eïlynsterien… Une telle puissance nécromantique, un tel savoir faire pour dominer la non vie, voilà qui aurait été stimulant à étudier...
Puis vinrent les deux grands empires et les choses changèrent pour le continent et moi aussi. Pas vraiment pour mon fidèle suivant, qui se contentait depuis déjà plus d’un millénaire de me suivre à la trace, et de se divertir quand il estimait pouvoir relâcher sa garde éternelle, des manières que sa non vie permettait. Il avait à vrai dire les même passe temps que moi, lecture, écoute de la musique ou contemplation de l’art… Il avait aussi développé quelques passions étranges, notamment la collection de pierres précieuses, œufs fossilisés de différentes espèces et… l’élevage de créatures bizarres, totalement inutiles mais dont il appréciait la compagnie. Des chiens mutants, des chats, des lézards aux écailles multicolores… Je soupçonne aussi que c’était parce qu’il appréciait l’affection que pouvaient lui témoigner ces bêtes. Une fois qu’il les avais convaincus qu’il n’était pas une menace pour elles.
J’aidai sinon pendant deux bonnes décennies, les universitaires Akkatoniens à l’époque, sans être le seul érudit de mon genre à le faire, à peaufiner l’art de la chirurgie et compréhension des corps. Ils avaient déjà beaucoup découverts avant, que ce soit par les expériences, recherches ou la consultation d’anciens ouvrages nécromantiques. Mais moi aussi j’avais des savoirs dans le domaine. Nous nécromanciens étions bien avant les technologistes et médecins, les premiers sans doute, à nous pencher sur l’anatomie des morts et le fonctionnement des corps ! Même si des fois les recherches faîtes en ce sens ne furent pas toujours très propres ou morales. Il était donc logique que notre savoir soit apprécié et estimé.
Quand à Ikhyld, j’y fréquentais tantôt les universités pour partager ou obtenir du savoir, même si j’appréciais moyennement la mentalité locale, comme celle d’Akkaton d’ailleurs. Mais aussi en partie les lieux de savoirs et quelques membres de l’élite pouvant m’aider de diverses façons. J’évitais toujours évidemment de me mêler de la politique locale et des intrigues de cours. Surtout que j’avais vite compris, que celles d’Ikhyld était d’un haut niveau même assez pacifiées dans les faits.
J’en profitais aussi pour explorer d’avantages des territoires anciennement assez barbares que j’évitais à l’origine, notamment à cause des superstitions de maintes peuplades envers les ombres.
Jusqu’à assez récemment j’alternais donc depuis la venue des deux empires, entre l’étude des peuplades nagas et leur savoir ancien qu’ils étaient jaloux d’offrir, plus pour me divertir, que par espoir d’obtenir quelque chose et... La visite d’universités et mages Ikhyldiens intéressés par mon savoir et qui me laissait accéder au leur. Visiblement les deux grands empires n’ayant pas grand hostilité à mon égard. Je suis peut-être un ancien empereur de Teïder, mais exclut et rejeté, d’une époque plus tolérante et étant passé à autre chose.
Et quand je n’étais pas occupés à tout cela j’avais évidemment d’autres occupations comme la recherche d’artefact et divers expérimentations sur le terrain...
Je m’intéressais aussi aux modèles de société proposés par ces empires, leur philosophie et leur histoire, tout cela étant intéressante. L’histoire de deux nations fière et forte… Mais je me rappelle aussi la frustration que je ressentis lorsque je m’imaginai ce qu’aurait pu devenir Teïder si l’histoire n’avait pas été cruelle… Même si celle ci passa aussi vite qu’elle débuta. Car j’avais appris depuis le temps à surtout penser à moi-même. Car tant que j’existerai, tout est encore possible pour moi et peut-être pourrais-je aspirer à terme, à concrétiser un héritage plus glorieux ?
Quand aux évènements, vraiment récents, ils m’intéressent assez mais je les observe de loin. Assez curieux en vérité des trésors de savoirs qui pourraient surgir de l’étude de tous ces phénomènes. Tel que la magie de l’âme, ces anciens dieux naga, Cesario et la venue en ce monde du seigneur de la souffrance. C’est divertissant dirons-nous et au pire, si tout dégénère, je quitterai le continent dans la première embarcation Ikhyldienne ou Akkatonienne que je trouverais, même si ce n’est pas vraiment une crainte m’étreignant à l’heure actuelle.
Et qui sait, si tout se passe bien. Peut-être pourrais-je profiter de tout cela pour poursuivre mon œuvre et peaufiner mon art, celui de maître de la non mort.
Liens : https://i.pinimg.com/564x/af/ef/e7/afefe7114b0073e425b9fe4cd1b7d777.jpgKavrieïl : Mon fidèle gardien, un homme dévoué qui m’a suivit jusque dans la mort et qui a désiré rester à mon service après celle-ci. Toujours conscient et à la loyauté qui ferait passer les chiens pour des traîtres en puissance, il est le seul en qui j’ai réellement confiance à l’heure actuelle.
Statistique d’ombre liée par pacte :
-Attaque : Prodige
-Défense : Maître
-Constitution : Champion
-Malignité : Prodige (intelligence d’être pensant)
-Taille : Confirmé