10 Janvier de l’An 2001 de l’Âge d’Acier

Du temps était passé depuis la dernière entrevue entre Otmar et une de ses vieilles amies. Otmar avait proposé entre-temps à celle ci une sortie ensemble dans le désert, enfin dans une partie assez sûr du désert et donc proche des centres urbains Akkatoniens, après tout il valait mieux être prudent à l’heure actuelle… Car avec les serviteurs de l’ancien empire naga qui émergeaient des sables ou des anciens temples et cités, il valait mieux ne pas trop se promener en région sauvage.

Mais même si des villes étaient proches, on ne voyaient pas trop celles-ci à l’horizon et il restait encore possible de trouver une étendue de sable assez vaste. D’ailleurs c’était aussi un de ces territoires où pouvait se trouver divers clans nagas, aussi bien nomades que sédentaires… Et c’était justement son intérêt, car Otmar avait invité son amie à cette petite excursion justement pour découvrir davantage la culture naga…

Et lui avait donné rendez-vous à l’entrée d’un village naga sédentaire habitué à fréquenter les étrangers, à tel point qu’il commerçait beaucoup avec ces derniers et qu’une partie non négligeable de la population du village, n’était pas purement naga, même si elle s’accoutumait peu à peu aux coutumes locales.

Un village gardé par quelques sentinelles, dont des soldats Akkatoniens, sans doute des renforts dépêchés il y a quelques temps par prudence, mais aussi des nagas tribaux qui semblaient s’en accommoder. Avec la passivité naga coutumière pour tout ce qui n’était pas pour les irriter au plus haut point… C'était disons un peuple aux tendances plutôt stoïques et patientes après tout.

Et lorsque son amie arriva, évidemment Otmar glissa avec bonne humeur.

« Comment allez vous très cher ? J’espère que la journée sera bonne pour nous deux. » Il lança un regard en direction du village avant de glisser. « Vous qui êtes plutôt citadine, une excursion en dehors d’une cité va peut-être vous faire un peu étrange, je me trompe ? » Ce avec amusement et une pointe d’humour. Il est vrai qu’il ne l’avait pas connut bien souvent en dehors d’une ville...

Au matin d’une journée qui s’annonçait chargée, Kheizhidji se présenta au rendez vous proposé par Otmar. Elle était joliment vêtue, couverte pour le désert et ne laisser aucune chance au sable de s’introduire, du moins concernant sa partie elfe, et légèrement pour ne pas avoir chaud. Un moyen aussi de se protéger du soleil agressif qui a de quoi abîmer la peau. C’est donc vêtue entièrement de blanc, et de quelques dorures, qu’elle s’approcha de l’homme qui se tenait, son ami si cher à ses yeux qui lui souriait d’une manière qu’il avait et qui faisait fondre le coeur de la femme d’affaires. Elle s’approcha de lui, souriante à ses paroles de bienvenue, en lui tendant la main par réflexe de courtoisie, et surtout en gage de confiance.

Je vais très bien, merci. Je le souhaite, bien qu’une journée en votre compagnie offre déjà une perspective des plus agréables. Il m’arrive de voyager, seule, pour affaires principalement. Mais je dois dire que je n’ai jamais pris le temps de me balader en dehors d’une cité, il est vrai.

Elle observa calmement les environs, élégante dans sa tenue et sa posture, bien que ce soit probablement nouveau de la voir aussi belle et aussi couverte pour qui a l’habitude de la voir aussi belle qu’elle est peu couverte dans le cadre de son travail, comme la majorité des tenues qu’elle possédait. Elle qui n’avait pas de problèmes avec sa pudeur, tout en restant digne, elle avait néanmoins dans sa garde robe des vêtements élégants pour sortir en toute beauté et réhausser sa prestance, sans mettre spécifiquement ses attributs en avant. Elle vient à nouveau croiser le regard de son compagnon, restant tout de même très professionnelle et courtoise avec lui.

Alors, mon destin est entre vos mains. Je suis prête à vous suivre et ravir mes yeux de cette balade que vous me réservez. Je dois dire que se tenir ici est déjà quelque chose pour moi, l’appel du désert est comme un agréable et lointain souvenir.

Otmar prit la main que lui tendit son amie, avec l’élégance qui était sienne, ce pendant que son autre main tenait une canne, qui avait l’air davantage de servir à lui donner un style quand il était debout, que de véritable soutien à la marche. Un style qui devait autant servir d’image politique à Otmar quand il était en public que de façon de faire bonne impression en général. Même si, le naturel avec lequel il en faisait preuve témoignait aussi que c’était aussi naturel pour lui et ce depuis fort longtemps.

« Vous êtes une fille de la ville mon amie, cela se comprend. Après tout la vie rurale peut paraître ennuyeuse et un peu lente quand on est habitué à l’activité et l’intensité de la vie urbaine. Même si des fois, on peut aussi avoir envie de souffler un peu. » Dira t-il sinon avec amusement à ce sujet en contemplant les environs d’un regard. Puis, jetant un regard poli et courtois à son amie il dira.

« Vous êtes fort élégante d’ailleurs, mais je gage que ces propos doivent devenir un peu trop communs depuis le temps pour vous. » Glissera t-il amusé, mais il est vrai que de toute façon qu’elle devait connaître depuis le temps l’homme. C’était le genre à remarquer la beauté, sans avoir jamais de regard téméraire. Sans doute trop maniéré et contenu aux yeux de certains, mais ça pouvait aussi avoir son charme. Beaucoup de dames préféraient tous les hommes élégants, prévenants et aimables aux brutes mal dégrossies tenant à montrer leur virilité comme s’ils avaient peur qu’on ne la perçoive pas.

« Dans ce cas allons y, je pense que la marche vers le village sera agréable en elle-même, les étendues de sables ont quelque chose de, relaxant, quand on sait las apprécier à sa juste valeur. Et qu’on supporte la chaleur. » Conclura t-il avec amusement avant de la suivre et de reprendre alors qu’ils commençaient à marcher.

« Ne vous est-il jamais arrivé de vous dire que vous aimeriez être quelqu’un d’autre de temps en temps ? D’une façon fugace. Cela m’arrive des fois, ayant vécu auprès de beaucoup de peuplades il m’arrive d’imaginer ce que j’aurais pu devenir si j’étais resté parmi eux ou à l’origine un des leurs. Cela enflamme l’imagination on va dire. » Après tout il en aurait eut l’occasion. Se faisant accepter de ces tribus, populations urbaines ou rurales plus ou moins modernes pour ses travaux. La porte lui avait souvent été ouverte à ce sujet, même si jamais il ne l’avait passée.

La Nagate était des plus heureuses de se retrouver ainsi avec son ami. Alors qu’il se saisit de sa main, elle posa son regard d’émeraude sur son visage avec une tendresse des plus agréables. Elle resta silencieuse, laissant le chant du désert et les paroles de son ami ravir ses oreilles tandis qu’elle se joignit à ses côtés. Elle observa au passage les dunes de sable, glissant sur le sol à une vitesse similaire que celle de l’empereur, pour l’accompagner dans cette balade. Elle sourit doucement à ses compliments, ne manquant pas d’y répondre.

Oh, détrompez vous. Vos paroles me seront toujours des plus agréables, et s’il est commun pour moi d’en avoir dans le cadre de mon métier, personne n’égalera celles que vous me faites, soyez en sûrs.

Elle ria doucement, joyeuse, avant de reprendre tout en marchant à ses côtés.

En effet, j’ai hâte de passer ces instants avec vous. Je suis habituée au climat tempéré d’Ikhyld, mais la chaleur m’est supportable. Bien que ma peau non Nagate reste exposée et sensible, mais j’ai appris à faire avec, je dois dire.

Le calme et la tarnquilité avaient des effets positifs pour elle, c’est sûr. Et l’air du changement, aussi. Depuis qu’elle gravitait entre Ikhyld et Akkaton, certes elle n’arrêtait pas et le voyage constant pouvait être épuisant, mais elle se sentait bien et était heureuse, à moins que c’était depuis les retrouvailles avec son empereur ? C’était sûrement le cas. Quoi qu’il en soit, si on a pu la voir fatiguée et se faisant violence chaque jour, là elle était heureuse et pleine d’énergie.

Être quelqu’un d’autre ? Oui, j’y ai bien pensé. Mon travail me tient à cœur, je ne peux pas le nier, mais peut-être vivre dans la tranquillité ? De mon art,dans une petite communauté. Un peu comme le village de mon enfance, suffisamment riche mais loin des centres ville. Et comme j’ai toujours la manie de faire toujours plein de choses à la fois, peut-être que je profiterai de ce temps pour développer de nouvelles compétences ? Travailler le bois, les tissus, une artisane aux multiples talents. Je pense que je serai ce quelqu’un d’autre, tout en restant attachée à mon passé et mon vécu, cela dit.

La dame était toujours d’aussi excellente humeur, il fallait croire décidément qu’Otmar avait un charme indéniable Cela l’étonnait-il vraiment ? Pas forcément, il avait une certaine expérience avec les nagas et elfes après tout, deux peuplades qui représentaient l’hybridation de son amie. Il se disait d’ailleurs qu’il faudrait peut-être qu’il reprenne quand il ne serait plus empereur, son travail d’ethnologue, cela lui manquait un peu. Ou alors, demander une position officielle de diplomate, après tout son passif d’empereur le lui permettrait. Cela permettait toujours de faire des rencontres intéressantes, surtout qu’Otmar appréciait fréquenter l’altérité au quotidien.

« Je suppose que le désert vous reste plus agréable, que si nous nous étions baladés dans le nord, près de là où je suis né. Mais bon, pour le peu que j’y suis resté, ce n’est pas comme si ça avait vraiment une importance affective pour moi. » Glissa t-il amusé sinon, mais il est vrai que pour lui il ne suffisait pas de naître quelque part pour qu’un endroit assez spécial. Il pouvait comprendre la symbolique, mais pour lui il importait plus d’avoir un vécu par rapport à des terres et une culture, pour décider que l’on y appartenait. Même si dans son cas, il était très souple à ce sujet dirons-nous.

« Eh bien, cela me surprend, mais pas tant que cela au final. » Glissera sinon Otmar songeur quand il entendit ce que son amie aurait aimée faire de sa vie aussi, même si elle était satisfaite de l’actuelle, ce avant de glisser. « Vous avez le temps de faire ce genre de choses malgré tout actuellement ? En dehors évidemment de ce qui est utile à votre travail. » Ou de rajouter pensif. « Après, je suppose que personne ne vous empêcherait de prendre quelques jours de temps en temps à vous pour cela. Même moi j’arrive à me dégager un peu de temps libre après tout. » Pour conclure en percevant le village naga qu’ils voulaient rejoindre. De façon un peu taquine, car peu sérieuse.

« Vous souvenez vous de comment parler le naga ? »

Kheizhidji était tranquille et heureuse en la présence de son ami. Elle frissonna même à ses dires concernant le Nord, parcourant son regard dans le désert.

Brr, le Nord. Rien que d’en parler me fait froid dans le dos. En effet, même si ma peau en est plus vulnérable, je préfère le désert. Autrement, non, je n’ai guère le temps de faire quoi que ce soit. Entre gérer l’administration de mes établissements, établir des stratégies commerciales, gérer les comptes… Voyager, commercer, se renseigner. Mes activités de renseignement, aussi, et passer du temps avec mes amis et clients fidèles. Participer à des réunions semi publiques de noblesse Ikhyldienne pour récolter des informations, au passage en se faisant inviter par un ami ou un client souhaitant se faire valoir par ma présence. Enfin, avec tout cela, je n’ai jamais touché à un ciseau ou une aiguille. Si peut-être à la réalisation de mes costumes, mais je n’ai fait que participer et essayer brièvement, ce n’est pas moi qui m’en occupe d’habitude. Même le shamisen, je n’y joue presque plus qu’en représentation, et mes nuits sont courtes. Je tiens bon, néanmoins, c’est difficile pour beaucoup de monde, mais j’ai la volonté de continuer dans cette entreprise.

Elle prit un petit temps, avant de sourire tendrement à son compagnon.

Je pourrais m’accorder quelques jours, je le fais de temps en temps. C’est pour passer du temps avec vous, ou bien accomplir des missions et objectifs supplémentaires. Au final, ça ne change pas grand chose, les seuls moments où je ne travaille pas, c’est lorsque je bois, que je fume et que je dorme.

Elle ricana ironiquement à sa remarque, avant de finalement passer à autre chose sans grand soucis, ne s’attardant pas à ce sujet.

Mon père m’a appris le Naga, mais c’est lointain pour moi. Je ne l’utilise pas, l’Ikhyldien et l’Akkatonien sont les langues les plus parlées ces temps ci. Si je parle le Naga, je saurai me faire comprendre, j’imagine, mais il me faudra plus de pratique.

Son amie visiblement n’avait pas tant de temps libre que cela, en vérité ça n’étonnait pas vraiment Otmar, même s’il trouvait cela assez dommage, après tout viendrait peut-être un jour le moment où celle-ci en aurait assez ou commencerait à fatiguer. Néanmoins, il ne savait pas si des conseils à ce sujet seraient de bon goût, mais il le fit quand même avec une parfaite bienveillance.

« Il n’est pas un mal des fois de s’accorder un peu de temps pour soi et seulement pour soi, ne serait-ce que quelques heures, même si cela empiète un peu sur vos autres objectifs. Certes cela fait que pendant un temps l’on est pas productif, mais ça peut permettre à l’esprit et au corps de se reposer. Après bien entendu, ce n’est que mon avis. » Disons que lui-même n’était pas un prophète du travail acharné, même s’il faisait son devoir évidemment et que son métier était prenant. Disons, qu’il considérait tout de même que si un individu ne passait sa vie qu’à travailler ou à œuvrer d’une façon ou d’une autre, peut-être y perdrait-il plus au change qu’il ne l’imaginait… Puis il reprit, avec amusement.

« Ainsi, le temps passé avec moi est du travail ? Eh bien, je pense que vous devriez vous détendre davantage mon amie, oublions un temps nos responsabilités communes. Je ne suis qu’un humain d’âge mur et plutôt charmant et vous une jeune lamia très charmante, cela vous va ? » Il faisait un peu d’humour évidemment, ce avant d’ajouter en naga, un naga parfait, ce qui était étrange à entendre de la bouche d’un humain.

« Pour ma part je le parle parfaitement, vivre au milieu d’une peuplade en refusant de parler la langue commune, peut faire des miracles pour apprendre à comprendre leur langage. » Et en disant cela, ils passèrent l’entrée du village, qui était typiquement naga même s’il n’y avait pas que des nagas, dans le sens qu’il n’y avait par exemple que des rampes, pas d’escaliers. Qu’ils ne semblaient pas savoir ce que c’était qu’une chaise, par contre il y avait des coussins pour s’asseoir, un temple en hommage au soleil au centre du village et des habitats faîtes de grès. D’ailleurs, rapidement un naga, visiblement centenaire aux subtilités que les experts des nagas pouvaient deviner, ce qui en faisant un adulte en milieu de vie, finit par les aborder.... Pour leur dire, en Akkatonien.

« Ce n’est pas souvent que l’empereur d’Akkaton nous rend visite et une de ses invitées... » Il parlait d’un ton visiblement aimable, il était d’ailleurs fort charmant, la teinte de ses écailles était d’un bleu profond, il était paré de quelques bijoux et devait être un guerrier à son équipement. Quoiqu’il en soit Otmar répondit.

Par une étreinte qu’il offrit au naga et qui la lui rendit, avant de dire avec bonne humeur.

« Akil ! Cela fait du bien de te revoir, je n’ai pas eu ce plaisir depuis les élections… J’espère que toi et ton clan allez bien. » Et au vu de l’affection avec laquelle il le disait et celle avec laquelle le naga lui glissa. « Nous allons bien, pour le moment, je suis heureux de te revoir Otmar, tu es toujours le bienvenu et tes amis aussi. » Ils devaient êtres amants ou l’avoir été… D’ailleurs le naga finit par glisser. « Venez tout deux, nous allons discuter un peu chez moi, le clan sera heureux de te revoir et j’espère que ton amie. Comment se nomme t-elle ? Appréciera la visite. » Il les mena alors dans sa demeure, de grès et décorée en tapis, et pans de tissus, faiblement meublée, mais dotées de quelques sculptures ou il demandera après les avoir priés de s’installer. « Désirez vous à boire ? Je sais faire du thé. » Avant de finir par demander à la lamia, après que Otmar ait dit oui d'un petit hochement de tête. « Étant donnée que nous sommes les deux ne se connaissant pas ici, je vous propose que nous nous présentions, mutuellement ? » Visiblement il était amical, se doutait-il de la relation entre Otmar et elle ? Si c’était le cas, ça ne semblait pas le gêner.

Kheizhidji resta silencieuse aux paroles de son compagnon, ayant bien compris qu’il fallait savoir lâcher le travail en pareil moment. Chose qu’elle tenta de faire, d’ailleurs, en prenant un temps pour se faire à l’idée avant de reprendre la suite de son ami avec un simple sourire.

Elle arbora néanmoins une expression de surprise au Naga parfait de l’humain, avant de finalement rire de bon coeur.

Eh bien, il me reste beaucoup à apprendre, de toute évidence.

Par la suite, ils pénétrèrent dans un village Naga fort chatoyant, avant de finalement être accueillis par un sympathique et charmant Naga, expérimenté de toute évidence. Kheizhidji y réagit, d’ailleurs, portant un regard respectueux envers lui en s’inclinant très légèrement dans un salut serpentin. Elle suivit calmement leur guide pour pénétrer dans la maison, s’installant en enroulant sa queue de manière à pouvoir être confortable. Elle reporta son attention au Naga, acquiesçant à la proposition.

Je prendrai un thé, volontiers. Quant aux présentations, je me nomme Kheizhidji Qinyarus, j’ai hérité d’un prénom Naga tandis que mon nom est elfe. Je suis une citadine d’Ikhyld, et je suis en Akkaton pour...

Elle prit un temps avant de poursuivre, étirant légèrement davantage son sourire par la suite.

Pour me ressourcer. La ville est agréable, mais j’avais besoin de changer d’air.

Elle releva son regard vert en direction de l’empereur, avant de revenir au Naga.

Et Otmar s’est gentiment proposé de m’accompagner un petit temps. Et vous donc, comment vous présentez vous ?

Elle resta dans sa position assise, ramenant ses mains sur l'emplacement de ses cuisses pour simplement les croiser, tranquillement installée. Son regard examina le visage du Naga pendant ses explications, avant d'aviser le décor ambiant. C'est qu'elle était confortablement installée, et loin de se sentir mal à l'aise, au contraire elle avait plutôt l'impression d'être rentrée chez elle.

« Pourtant ce n’est pas si étonnant au vu de mon passé. » Glissera Otmar avec amusement au sujet du fait qu’il savait parler le naga, avant qu’ils n’arrivent ensuite dans le village et disons qu’une fois un vieil ami retrouvé, ils purent se ressourcer à trois dans une modeste mais assez confortable demeure nagate, où pendant qu’Otmar sirotait un thé qu’il avait apprit à faire par le passé à l’autre, ses deux amis se présentèrent mutuellement.

Akil qui semblait amusé et qui s’était installé sur ses queues enroulées, comme un naga voulant se mettre au repos, dira alors de sa voix serpentine charmante et assez profonde. Disons qu’on pouvait comprendre en partie quand il s’exprimait et se mouvait, ce qu’Otmar avait trouvé chez lui à l’époque… Et sans doute vu que les nagas vieillissaient lentement, qu’il n’avait pas dû beaucoup changer, physiquement du moins, depuis le temps, pour sa part.

« Pour ma part je ne suis qu’un humble guerrier de mon clan. Protégeant les miens des bêtes du désert et d’éventuels brigands même si ces derniers se font très rare. J’ai même servis un temps dans l’armée Akkatonienne. » Glissera le naga, avant d’ajouter avec compassion.

« La vie par ici est paisible, en temps normal. Et cela nous satisfait, ainsi vous êtes la fille d’une nagata étant parti en Ikhyld ? J’espère qu’elle ne se sent pas trop seule, cela peut être dur des fois pour nous de nous retrouver séparé de notre clan. » Après tout le lien du clan pouvait être important pour beaucoup de nagas. Quoiqu’il en soit, Otmar en profita pour reprendre la parole avec amusement.

« Nous nous sommes connus, lorsque je suis venu mener une enquête anthropologique dans le village, nous avons finis par sympathiser. Enfin, j’ai dû faire le premier pas on va dire... » Les nagas purs n’étaient pas vraiment connus pour êtres du genre à faire le premier pas avec les non naga on allait dire. Quoiqu’il en soit, le dit naga finit par reprendre avec amusement.

« Comment est la vie à Ikhyld ? » Sans doute n’avait-il pas trop quitté le désert, tous les nagas n’étaient pas du genre grands voyageurs on allait dire, même si cela le rendait assez curieux pour le coup.

Kheizhidji était tranquillement installée, donc, écoutant attentivement le Naga face à elle. Elle était captivée par sa prestance, sa beauté et ses paroles, chaque détail l’instruisant sur cette culture si proche et pourtant lointaine pour elle. A la mention de ses parents, elle prit l’initiative d’en parler sans grand problèmes, éclaircissant le sujet pour son semblable.

Eh bien, en réalité c’est mon père qui est Naga. Il a été très attaché à ses valeurs et était un Naga exemplaire, pour sûr. Seulement l’appel de l’aventure l’a appelé, il voulait découvrir les cités et voyager par lui-même. Ma mère aussi, voyageait, et son groupe a été toléré le temps d’une nuit. Le lendemain, mon père est parti avec eux pour découvrir du pays, donc. Il est revenu au clan après un temps, gardant un contact régulier avec ma mère, et ils ont finit par tomber amoureux et ma mère enceinte. A partir de là, ils sont partis s’installer en Ikhyld, dans un petit village non loin de la Cité de Jade, où j’ai grandit, avec quelques autres Nagas dans le village. Cela fait bien des années désormais, et mon père s’affaiblit. Il est sur ses dernières années, et ma mère veille à ses côtés, ayant abandonné ses responsabilités pour cela.

Elle marqua un temps, souriant simplement en gardant sa posture simple.

Je vous parle de ça car je ne peux vous cacher la fierté que j’éprouve pour mes parents. Ils ont été là pour moi, leur histoire est fascinante et ils m’ont permit d’aller de l’avant. Alors, je leur rend hommage à ma manière, en parlant d’Assedha le Placide et de Lyeecia Qinyarus.

Elle continua ensuite concernant la vie à Ikhyld, visiblement contente de parler d’elle sans prise de tête.

Eh bien, une vie on ne peut plus normale. La tête de la Cité se mobilise concernant la crise mondiale, la vie à la Cité de Jade poursuit son cours comme si de rien n’était. Il y a toujours une mafia pour dépasser l’autre, l’aristocratie est toujours aussi imposante et bien des fois imbue d’elle même alors que les plus modestes tentent de leur ressembler. Autrement, je ne nie pas la puissance de la nation et ses progrès quotidiens, simplement que je n’y suis point directement impliquée.

« Je vois, il a donc mené une vie intéressante à sa façon. » Acquiesça le naga avec amabilité, se disant après tout que si son congénère avait fait un tel choix, c’est qu’il avait ses raisons, après tout on ne partait pas de son village ou on ne se séparait pas de façon un peu définitive de son clan sans bonne raison en général. Disons que pour les nagas c’était ce qui remplaçait la famille, le clan. Il fallait disons une petite adaptation culturelle pour qu’un naga ait des rapports familiaux ne seraient ce qu’un petit peu proche de ce que connaissaient les autres peuples, c’était une pratique quand même assez atypique pour eux, et surtout un peu trop restreinte. La famille concernant un nombre un peu trop réduit de personnes et surtout n’avait pas forcément une forme très égalitaire, contrairement à leur « clan ».

« Si vous êtes fière d’eux c’est pour le mieux, je vois en tout cas que vous héritée de l’esprit de famille des elfes. » Glissera sinon le naga avec amusement et sympathie, car les elfes étaient connus pour êtres très familles aussi, du moins ceux à la culture traditionelle, si famille qu’ils se définissaient souvent d’abord par elle, ensuite seulement par ce qu’ils étaient en tant qu’individus.

« Vous donnez une image bien ordinaire de ce qu’est la Cité de Jade, tant de propos émerveillés sont ébruités à son sujet souvent de ceux revenant, son immense palais, ses grands artistes et la magie qu’on y croise à chaque coin de rue. Après, je suppose que c’est normal pour une grande cité Ikhyldienne. » Ajoutera sinon le naga amusé, avant de reprendre, un peu moins subtil.

« Et comment avez vous connu Otmar par curiosité ? » Ce dernier lança alors un regard amusé en sirotant son thé, avant de glisser. « Visiblement du n’as pas perdu la main concernant le thé. » Ce à quoi le naga répondit par une légère inclinaison de la tête censé signifier de la satisfaction par rapport à ce qu’il entendait.

Kheizhidji reconcentra son regard sur son interlocuteur pour assimiler ses commentaires et questions pour y répondre à la suite. Elle était plutôt tranquille, posant son regard de temps en temps sur Otmar, sur le thé qui lui a été servit, puis sur le Naga, avant de revenir se perdre sur la décoration de l’intérieur qu’elle investissait. Elle étira un aimable sourire ensuite, calme et polie.

Lorsque l’on habite la cité, il est plus facile de déceler les failles et déprécier certaines choses que la vie mondaine révèlent. Cela dit, je ne peux démentir que cette cité a de quoi émerveiller par ses palais et ses artistes, après tout je suis plus ou moins dans le milieu artistique. Seulement, elle a ses difficultés et ses mauvais côtés, comme toutes les grandes villes et capitales.

Elle se replaça doucement sans vraiment trop bouger, reposant ses mains sur les coussins un instant avant de revenir saisir sa tasse de thé pour en déguster quelques gorgées moins brûlantes. Elle vint par la suite croiser le regard amusé d’Otmar à la question du Naga, lui rendant presque un regard similaire, avant de revenir au Naga.

Comment j’ai connu Otmar… Je n’avais jamais vraiment quitté Ikhyld à l’époque si ce n’est pour quelques voyages d’affaire. Enfin, je gérais mon unique établissement en ce temps, je montais mon affaire depuis peu et me faisait connaître. Otmar était de voyage, comme il voyageait souvent pour lui même à l’époque, et était un client parmi tant d’autres dans mon établissement. Si ce n’est qu’il était de toute évidence assez curieux à mon sujet et au contexte de mon métier. Alors, nous avons discuté une nuit entière autour de produits de consommation de bonne qualité, et comme il restait quelques temps sur place, alors, nous avons pris le temps de mieux nous connaître. Ce sont des souvenirs dont je me séparerait de peu, et je doute qu’Otmar n’en ai laissé beaucoup que l’on oublie vite.

L’intérieur était plutôt décoré sobrement, quelques vases, tapis, draperies sur les murs, cousins aux sols et meubles. Rien de surmeublé, mais en même temps une peuplade tribale comme celle-ci ne devait pas non plus trop être attachée à posséder beaucoup de meubles. On pouvait sinon percevoir du coin de l’œil une statuette sur une sorte de petit pupitre, faîte de bronze et représentant le soleil. Visiblement, le naga vivant ainsi devait pratiquer un certain culte mineur…

« Je vois, je suppose en effet que la vie citadine a ses problèmes. Pour ma part elle ne m’a jamais attirée, mais c’est car je me vois mal vivre et mourir ailleurs qu’au sein de ma tribu et de mon clan. Mais les nagas ne sont pas par nature uniquement ruraux et nomades sachez le, les ruines que l’on peut percevoir des fois dans le désert en témoignent bien. » Dira le naga un peu neutre, comme si au final il n’en était pas tant affecté. Après tout c’était un passé lointain. Certes, pas oublié, mais aucun naga vivant n’avait connut ce temps et c’était peu de le dire. D’ailleurs, lui et Otmar furent amusés par la réponse de la lamia, réponse à laquelle le naga répondit amusé.

« Ah, les relations d’un ethnologue n’est-ce pas ? Je me demande si c’est une habitude pour ceux qui pratiquent cette profession ou... » Otmar glisserait alors amusé.

« Non, non la plupart des anthropologues ne font pas ça, après quand on fréquente des gens sur le long terme, des amitiés peuvent des fois se créer, voir aller plus loin, c’est comme ça en tout cas que mon père et ma mère se sont connus. » Oui, après tout quand on y réfléchissait, l’empereur Akkatonien avait aussi du sang Heïng, même si bon Akkaton était un empire cosmopolite si massif, que ça ne signifiait pas grand-chose… Puis il reprit à l’égard de la lamia.

« Quoiqu’il en soit, si vous avez des questions au sujet de la tribu de mon amie très chère, ou sur les nagas du désert, n’hésitez pas. » Après tout, elle avait peut-être envie d’en savoir plus, d’ailleurs le dit naga finira par dire. « Nous avions une petite festivité qui a lieu aujourd’hui quand j’y pense, dans la soirée, voudrez vous y assister ? » Cela pouvait être une opportunité en effet.

Kheizhidji était calmement souriante, appréciant le moment d’échange entre le Naga et son ami l’ethnologue. C’était comme apaisant de se retrouver dans une telle ambiance… Et ce thé, un breuvage merveilleux comme jamais Kheizhidji n’en avait goûté. Elle avait déjà goûté du thé au long de sa vie, notamment par une certaine présence en Ikhyld, mais celui-ci était comme différent, unique et excellemment bien préparé. Peut-être une question de méthode, de température de l’eau et d’un temps d’infusion maîtrisé. Quoi qu’il en soi, le Naga était resté modeste pour coller à la qualité de son produit, chose que Kheizhidji apprécia grandement en vidant son thé de moitié, tel un régal, avant de le reposer.

Elle dirigea son regard de pomme sur Otmar, puis sur le Naga, acquiesçant doucement à leurs sollicitations.

Eh bien, des questions… Je serais ravie de participer à cet événement dont vous me parlez. Ma première interrogation se pose alors ; en quel honneur cette fête va tenir lieu ? Est-ce une question de traditions, ou simplement d’apaiser les moeurs et passer du temps ensemble ? Qu’est-ce qu’il y est organisé, est-ce qu’elle est organisée en activités, lesquelles ?

Son regard analytique mêlé à son sourire figé ne quitta pas le Naga des yeux, se replaçant doucement pour trouver une nouvelle position assise.

Quoi qu’il en soit, mes questions viendront avec le temps. Je ne voudrais prendre d’initiatives maladroites, alors je vous le demande ; seriez vous mon guide pour nous permettre de nous rapprocher, nous et notre culture à laquelle je suis peut-être désormais une étrangère ? Je ne voudrais pas non plus vous imposer quoi que ce soit, néanmoins.

Elle laissa un temps, calme, avant de reprendre.

Merci pour votre accueil, votre thé est merveilleux. Je dois dire que je n’en ai jamais bu un aussi bien fait que le vôtre, d’autant plus qu’il reste unique en son genre à mon avis. Je doute que les méthodes de préparation d’Ikhyld soient les mêmes que les vôtres, alors je suis époustouflée.

Le thé était très bon en effet, sans doute une recette locale. Après, peut-être pas forcément le meilleur qui soit, mais il était en effet exotique et agréable aux sens à sa manière. Quoiqu’il en soit, le cadre de discussion entre les deux visiteurs et le guerrier naga, était des plus agréable. On comprenait tout à fait pourquoi d'ailleurs, Otmar entretenait une amitié avec ces deux êtres à écailles. Par contre, depuis quand remontait cette amitié concernant le guerrier tribal ? Sans doute à assez longtemps, après tout s’ils s’étaient connus pendant la période où Otmar était ethnologue, ça faisait au minimum dix ans et sans doute bien plus en fait. D’ailleurs le guerrier répondit avec plaisir aux questions de la lamia.

« Cette fête est en l’honneur des ancêtres, ceux qui nous ont précédés et ont fait survivre et prospérer la tribu au cours des millénaires. Apaiser les mœurs ? Non, pas vraiment, plutôt par tradition, après peut-être Otmar a t-il un autre avis à ce sujet. » Celui-ci esquissa un sourire et fit un léger « non » de la tête. « Quant aux activités, un festin, des danses et des offrandes. Rien de bien exceptionnel, bien entendu vous n’êtes pas obligés de danser ou faire des offrandes si vous préférez éviter. » Avant de glisser avec un sobre amusement.

« J’accepte sinon d’être votre guide dans la découverte de notre culture, ce n’est pas la première fois que je suis le « guide » de quelqu’un à ce sujet l’on va dire. » Ce avant de reprendre d’un air appréciatif.

« Je suis content que vous appréciez mon thé, quant à vos méthodes de préparations. Je serais curieux de les connaître, je n’ai jamais croisé d’Ikhyldien par ici et même si je pourrais demander à Otmar, rien ne faut le fait de demander ce genre de savoir aux plus adeptes de celui-ci, n’est-ce pas ? » Avant de glisser avec amusement.

« Ce sera votre paiement pour mes services en quelque sorte. » Puis de souligner avec esprit. « Je comprend sinon en vous observant, ce qui doit plaira à un certain humain chez vous... » La trouvait-il lui aussi charmante ?

La commerçante happa les paroles du Naga avec une attention toute particulière, semblant de toute évidence intéressée par le sujet. La moindre information, le moindre mot révélateur ne lui échappait pas, et elle éprouvait un plaisir singulier à en apprendre davantage et se rapprocher de cette culture qui l’attire étrangement. Elle aqcuiesca doucement lorsqu’il eut fini de répondre aux questions concernant la fête, avant de conclure qu’il sera volontiers son guide, la lamia répondant par la suite.

Tant de questions que quelques instants ne suffiront pas à combler. Vous serez mon guide, et j’en suis honorée, je suis sûre que j’apprendrais vite à vos côtés.

Elle marqua un instant, laissant son interlocuteur s’exprimer au sujet du thé, se contentant de sourire, charmante, avant de lui répondre.

Eh bien, je le pense sincèrement. Ce serait donc avec plaisir d’échanger sur le sujet, et de vous préparer un thé à l’Ikhyldienne, une chance pour vous que je sache le préparer convenablement.

Elle souriait gentiment, légèrement taquine et surtout bienveillante, ajoutant rapidement.

Si avec cela, nous serons quittes, j’accepte volontiers.

Elle laissa un petit temps avec cette petite réponse pour laisser le Naga s’exprimer de quelques mots à son sujet, le regard de la Lamia venant directement soutenir celui du Naga, une expression au début simple et neutre, avant de finalement répondre en un petit sourire, son regard analytique devenant doucement pétillant, comme espiègle.

Je dois avouer n’avoir jamais douté de la clairvoyance de ce dit humain, mais vous avoir face à moi confirme certains attraits… Affriolants.

Avait-elle répondu tout en saisissant son thé pour en vider tranquillement le contenu restant, soutenant le regard avec le Naga quelques instants avant de finalement le détacher pour regarder ailleurs. Elle s’attarda un temps sur une tenture de l’endroit où ils se trouvaient, puis un instant sur Otmar avant de se concentrer sur la tasse dans laquelle elle avait bu, la détachant de ses lèvres une fois le contenu vidé pour le déposer sur la table, avec toute la délicatesse et le panache dont elle dispose naturellement, sans jamais en faire de trop.

« Nous serons en effet quittes. » Glissera le naga sympathique au sujet du thé et du petit échange de faveurs, en tout cas il semblait du genre assez xénophile pour ainsi vouloir apprendre d’une autre culture, comme si c’était là somme toute naturel pour lui. Peut-être qu’Otmar avait déteint sur lui ? Ou peut-être l’était-il déjà à la base et c’est ainsi que les deux ont sympathisés ? En tout cas, sans doute que la population de ce village, sans forcément être aussi ouverte que lui, devait pas mal l’être au vu de ce qu’ils avaient observés en chemin. Qu’il n’y avait pas que des nagas dans les environs, même si c’était clairement la majorité forte de la population présente dans cette localité.

Quoiqu’il en soit, visiblement le naga s’était lancé dans un petit jeu séducteur à laquelle la lamia répondit par l’affirmative, ce qui sembla doucement amuser l’humain qui contemplait ceci du regard. Un humain qui resta silencieux pour ne pas casser leur élan, alors que le naga pour sa part glissa avec amusement.

« Après vous ne faîtes que commencer à me connaître, mais j’espère que ce que vous découvrez continuera à vous plaire. » Avant de glisser en semblant se relever. Enfin plutôt, en arrêtant de se lover sur lui-même et en se soulevant à l’aide de sa queue écailleuse.

« En attendant, que diriez-vous de débuter la visite ? Pour contempler le village de plus près, mais aussi pouvoir mieux observer les festivités qui se préparent. » Après tout… Autant profiter de cette occasion maintenant, en tout cas Otmar pour sa répondrait avec appréciation.

« En effet, notre amie pourra ainsi voir comment les nagas vivent au quotidien dans un tel village. » Avant de s’approcher d'elle et de tendre la main pour l’aider à se relever galamment tout en lui glissant avec amusement. « Prochainement, vous n’aurez sans doute jamais parlée aussi longuement en naga de votre vie, qu’en ce jour. » Après tout, elle avait dû croiser bien moins de nagas en Ikhyld, même s’il y en avait quand même.

Kheizhidji souriait simplement, son regard revenant porter son attention sur le charmant Naga qui lui faisait face. Ses paroles étaient mesurées et bien placées, chose qui avait de quoi satisfaire la Lamia dans son petit jeu. Elle se contenta alors de joindre ses mains sur sa queue d’écailles en esquissant un sourire de satisfaction, la tête légèrement penchée de côté, avant de finalement se concentrer sur la suite des propos. Le temps était venu d’aller visiter de plus près le village et de s’initier aux coutumes locales. Ne disant rien de spécifique, simplement prête à partir sur ces mots.

Otmar, toujours aussi galant à ses heures perdues, lui tendit une main qu’elle saisit volontiers pour se relever, lui esquissant un sourire reconnaissant et charmeur en sa direction, son regard transmettant peut-être un peu de complicité, la Lamia se sentant particulièrement à l’aise en ces lieux. Elle rit doucement aux dernières paroles d’Otmar, concernant le fait de parler de Naga, venant lui répondre avec un certain amusement.

Je n’en doute pas. Ma langue, si médiocre soit-elle, aura de quoi s’exercer. Et je ne recule jamais devant un obstacle.

Elle était particulièrement satisfaite de la suite des événements, curieuse et motivée à aller de l’avant, se contentant de suivre le beau Naga et l’Empereur galant pour une visite dans le village du premier. Rien de tel qu’une balade dans ce village plongée dans la culture ambiante de ces individus pour s’y intéresser et apprendre, vivre l’expérience de vivre au sein même des activités locales plutôt que de les potasser dans un bouquin. Sans compter un point très positif dans cette situation, autant une question de fond qu’une question de forme, en étant aussi bien accompagnée par ces deux hommes de fort bon goût pour la Lamia commerçante, au comble du bonheur.

La visite put donc débuter peu après qu’ils furent sortit de la petite demeure de leur hôte. Ce pour découvrir plus avant ce village naga, qui n’était pas forcément si excentrique que ça à deux ou trois détails prêts, par rapport aux autres villages du désert. Du moins ceux tribaux, non les villages que l’empire Akkatonien avaient bâtit depuis son arrivé et qui par nature étaient forts différents donc.

Celui-ci devait sans doute abriter dans les quelques centaines de personnes tout compte fait. Il y avait un temple en son centre, de forme circulaire et au toit largement ouvert. Des demeures et visiblement quelques lieux de réunions pouvaient se voir un peu partout sinon. Il y avait aussi un puit évidemment et quelques autres bâtiments, dont un que présenta le naga avec amusement quand ils s’arrêtèrent devant.

L’édifice, fait de grès du désert parfaitement poli ressemblait à une sorte de rectangle au sommet arrondis. Sa porte légèrement surélevée par une rampe, car les nagas n’étaient pas très amateurs d’escaliers, il fallait le dire… Donna, lorsqu’ils y entrèrent.

Sur une sorte de grande salle décorée de tapis, d’une multitude de coussins et de teintures. Visiblement un grand lieu de réunion pouvant accueillir c’était certain, la quasi totalité de la population des environs. Le naga glisserait alors avec amusement.

« C’est ici que nous nous réunirons lorsque l’astre solaire ce sera couché, pour célébrer avec nostalgie sa gloire momentanément disparue. C’est aussi l’occasion parfaite pour se réunir, et ouvrir nos sens pour certains. » Entendait-il par là, la consommation de drogues douces ? Après tout, c’était une tendance chez certaines peuplades tribales lors de cérémonies, de consommer de telles substances après tout… Puis ils sortirent et le naga désigna alors la grande place du village se trouvant juste en face du bâtiment. Une grande place au sol en grès poli, vide en dehors d’un pilier se trouvant en son centre. Idéal sans doute pour s’y installer en nombre.

« Nous nous rassemblerons ici au cours du midi pour les premières festivités, commencerons alors les réjouissances. Dîtes moi donc, quel genre d’instrument employez vous habituellement ? Je sais en tout cas qu’Otmar sait parfaitement jouer de la flûte pour de telles occasions. » Disons que ça serait sans doute plus approprié pour une telle cérémonie, qu’un violon ? Sans doute n’envisageait-il pas un seul instant que l’un des deux visiteurs sache jouer d’un instrument traditionnel naga...

La Lamia se laissa alors aller à la visite, suivant son guide dans le village avec un certain intérêt et une attitude des plus calmes et attentives. Kheizhidji se fit donc mener dans le village pour directement entrer dans un bâtiment en particulier, à la fonction de s’y retrouver le soir et partager un certain moment. Elle acquiesça, simplement, laissant son regard parcourir le moindre détail de ces lieux. Elle n’en manquait pas l’occasion de s’arrêter sur le moindre objet ornant les lieux, décorations ou morceaux d’architecture singulier qu’elle pouvait trouver, appréciant à sa manière le fait d’être ici.

C’est en sortant que la place du village lui fut présentée, là où les festivités débuteront. Une sorte de parcours entre la place et le bâtiment présenté plus tôt ? Quoi qu’il en soit, l’on parlait d’instrument. La Lamia vient planter son regard de jade dans celui de son guide, le gratifiant d’un sourire intéressé avant d’accompagner cela de sa voix pour y répondre.

Eh bien, j’ai l’habitude de jouer du shamisen, dirais-je, mais c’est bien parce que c’est en Ikhyld que j’en joue. Sinon, je dirais que je sais jouer un peu de tout. Si rien ne me l’interdit, peut-être pourrais-je me faire la main sur quelques instruments Nagas ? Je suis sûre qu’il en existent propre à votre culture, et je suis très curieuse de vouloir les essayer. Ne vous inquiétez pas concernant ma vitesse d’apprentissage, laissez moi seulement quelques instants pour apprendre à connaître l’instrument et j’ai confiance sur le fait que je saurais m’en débrouiller. Qu’en pensez vous ?

Elle semblait assez motivée et intéressée par cette idée de jouer de la musique, apprendre un nouvel instrument, et surtout apprendre davantage de cette culture qui lui ouvre les bras. Elle ne manqua donc pas de manifester son envie de découvrir et d’apprendre, le tout dans le respect simple et sincère dont elle témoigne, assez humble et volontaire.

Le naga sembla réfléchir, du moins au silence qu’il laissa s’installer, ce avant de répondre aux paroles de la lamia et aux demandes diverses de celle-ci, notamment concernant les instruments de musique naga traditionnels. Il répondrait alors sur un ton sympathique et calme.

« Je peux vous montrer quelques instruments traditionnels en effet et vous laisser vous y essayer, tout en vous donnant quelques conseils. Après, en général il faut du temps pour maîtriser vraiment un instrument, mais si vous êtes déjà une musicienne accomplie, sans doute serez vous capable de vous débrouiller bien assez vite. » Après tout même si on ne devenait pas un excellent joueur d’un quelconque instrument, sauf peut-être les plus simplistes en seulement quelques heures, quelqu’un qui avait la fibre musicale pouvait sans doute assez vite savoir jouer quelques accords corrects. Surtout qu’on ne lui demanderait pas forcément de jouer tout un concert après tout.

« Suivez-moi. » Dirait-il donc à la lamia et l’humain qui le suivirent donc alors que les autres villageois vaquaient à leur occupation. Ce jusqu’à une sorte de petit entrepôt où visiblement des instruments en surplus, probablement vendus aussi à des visiteurs se trouvaient. C’était un bâtiment plutôt propre et sobre fait de grès, mais décoré tout de même de quelques tentures. Il y avait même d’autres objets stockés ici tel de la poterie et des épices, sans doute donc qu’en effet c’était l’entrepôt des biens commerciaux que pouvait vendre le village...

Ils purent alors voir quelques instruments en effets, un kemângeh, une sorte de petite viole se jouant avec un archet. C’était en quelque sorte un instrument à corde assez fin et long. Le naga leur expliquerait alors que l’une des astuces pour faire varier le son de cet instrument ci était l’inclinaison de l’objet. Ensuite il y avait diverses sortes de flûtes aux aspects plus ou moins exotiques, mais c’était des flûtes donc… Sans doute qu’elles étaient sculptées néanmoins de manière à émettre diverses sonorités. Divers instruments à percussion classique et… Des luths ? Un peu différents de ceux se trouvant dans certains pays comme les duchés, mais bon... Le naga glisserait alors avec un calme amusement.

« C’est mon peuple, les nagas qui ont inventés le luth, même si les autres peuples ont tendance à l’oublier comme nous ne nous en vantons pas beaucoup. Quoiqu’il en soit, lequel de ses instruments vous plairait-il d’essayer ? » Sans doute n’y avait-il pas toute la panoplie possible d’instruments traditionnels nagas, mais il y en avait quand même beaucoup...

Kheizhidji restait calme d’apparence, intègre et parfaitement posée dans son attitude. Mais il n’était pas difficile de voir que son regard exprimait tout autant de l’excitation et du plaisir au fait de découvrir de nouveaux instruments. En fait, depuis le début de cette visite, elle est comme quelqu’un découvrant les beautés du monde et ne s’en lassant jamais pour autant. Elle écouta donc les dires du Naga, l’écoutant en acquiesçant doucement avant le suivre. Elle ne manqua pas, au passage, de laisser son regard parcourir les courbes du dit Naga avec une certaine rapidité et discrétion, comme appréciant le physique d’un esprit si intéressant et vivant à ses yeux.

Une fois arrivés à l’entrepôt, elle observa le Naga faire puis le contenu de la pièce avec un certain intérêt, calme et patiente, attendant qu’il fasse les présentations, probablement, ou faisant très attention au détail des dits instruments. Elle s’approcha alors un peu plus, souhaitant voir de plus près les instruments à leur présentation sans pour autant les toucher, souriant en détaillant le bois, leur courbes, leur cordes… Comme intéressée et impressionnée par le travail effectué, le plus mondain soit-il. Elle releva son regard de jade vers le Naga, maintenant le contact quelques secondes avant de lui répondre avec un tendre sourire.

Je veux les essayer, tous.

Elle lui décocha un regard amusé, imaginant déjà sa réaction face à cette déclaration. Quoi qu’il en soit, elle était sincère dans ses propos, motivée à vouloir les essayer un à un jusqu’à ce qu’elle se débrouille avec. Alors, pour commencer, elle s’empara du kemângeh le plus proche, ramassant l’archet associé. Ca ressemblait au luth d’une certaine manière, et elle ne pris que quelques instants pour deviner comment l’instrument se tenait avant de se mettre à essayer quelques notes.

L’essai ne dura que quelques minutes à peine. Quelques minutes où la lamia pris le temps de faire sonner les cordes, unes à unes, retenant le point de vibration, avant de faire des notes au hasard. Au hasard, certes, mais avec un doigté expérimenté. Alors, seulement après des essais de variation et de notes, elle se lança dans un morceau qu’elle avait apprit avant de se lancer dans une improvisation mélancolique et doucement triste. Bref, les notes qu’elle arrivait à tirer de l’instrument au bout de quelques minutes étaient déjà joliment chantantes et agréables à l’oreille.

Le naga ne sembla pas remarquer que la lamia le détailla du regard, ou bien laissa faire volontiers sans le noter outre mesure. Après, était ce une pratique bien courante chez les nagas de détailler quelqu’un du regard ? Peut-être, mais comme ces derniers étaient souvent tout en subtilité, ça pouvait être dur à deviner. Quoiqu’il en soit, il semblerait tout de même très sympathiques aux deux sang chaud et un peu intéressé, même si pour le moment le conversation était située sur des choses plus légères.

Naga qui sembla amusé sinon lorsque le moment venu, la lamia demanda à essayer tous les instruments. L’être serpentin s’écarta alors un peu avec un doux sourire, ce pendant qu’Otmar observait la scène avec amusement. D’ailleurs, ce dernier se permit de glisser avec bonne humeur.

« Je suis sûr que ce sera intéressant. » Puis ils s’installèrent tous les trois dans un coin de la pièce où se trouvaient quelques coussins pour s’asseoir et un tabouret. Rapidement utilisé par l’humain, après tout les nagas et les lamais n’avaient pas vraiment utilité de chaises…

« L’astuce avec cet instrument, c’est de faire varier l’angle, pour modifier les sons. » Dirait sinon le naga quand la lamia prit d’abord l’instrument à archet de style oriental. Ceci dit, les deux mâles écoutèrent calmement la musicienne, faire résonner une douce mélodie.

Et ce fut plutôt convaincant, largement de quoi être joué à une fête de village sans faire honte aux autres musiciens. Otmar se permettrait alors de glisser.

« J’avais parfaitement raison mon amie quand je disais que vous aviez la fibre musicale. Quoiqu’il en soit, je sens que ce sera un bon moment à passer… Hum, et si nous essayions de voir ce que cela donne à trois ? » Demanderait-il alors au naga, qui hocha de la tête, ils prirent alors tous les deux un instrument. Otmar une sorte de flûte élégamment taillée à la sonorité douce et aiguë, tandis que le naga prit un tambourin avec élégance. Ils purent alors commencer à jouer à trois, au signal de la lamia… Du moins, si l’idée tentait cette dernière.

Installée au sol, enroulée sur elle-même, Kheizhidji était dans son monde musical. L’instrument dans ses mains, Otmar commentant gentiment à son égard et le Naga lui donnant un conseil des plus précieux, elle se plongea dans sa transe artistique pour tenter d’apprendre à connaître cet instrument, comprendre ses mécaniques, ses nuances, ses sons et apprendre à le maîtriser pour ne faire qu’un avec lui. Quelque chose qu’elle faisait assez instinctivement, naturellement, laissant ses doigts glisser sur la surface lisse et boisée de l’instrument avant d’y faire glisser le archet. Elle fit sonner quelques notes, brèves, courtes, presque muettes, la Lamia fermant les yeux en ne laissant que son ouïe travailler. Ses doigts de sa main libre soutenaient l’instrument en lui donnant les subtiles inclinaisons nécessaires pour modifier le son produit, mémorisant chaque angle et chaque note, avant d’enchaîner sur des petites mélodies.

Devant le regard intéressé des deux, elle finit par ouvrir doucement les yeux sans pour autant arrêter de sitôt ses petites mélodies, avant de finalement hocher et leur répondre, son regard croisant respectivement celui d’Otmar puis celui du Naga. Elle étira un large sourire à l’empereur, ses mots lui allant droit au coeur.

Je suis bien d’accord avec cela, profitons de cet instant pour mêler nos notes et sensibilités un instant. Après, je compte bien les essayer tous, gardez cela en tête. Que prendrez vous comme instrument, mhh ?

Une question purement pour la forme, de toutes manières elle le verrait bien lorsqu’ils s’en empareront. Elle se prépara alors à jouer avec les deux autres musiciens, pratiquant encore un peu sur cet instrument nouveau et pourtant déjà si familier avec elle. C’est donc en relevant un peu le nez et laissant ses partenaires se préparer, qu’elle attendit le moment où ils pourraient partager cet instant mélodique tous ensemble.

Arriva donc vite le moment où les trois amis du jour jouèrent ensemble de leur instrument pour faire résonner une mélodie somme toute, appréciable. La lamia était évidemment la musicienne la plus douée des trois, cela ne faisait aucun doute, mais les deux mâles savaient visiblement se débrouiller. Le naga guerrier donnait un rythme entraînant et appréciable à son jeu, quoique un peu martial, tandis qu’Otmar jouait avec précision et patience de sa flûte, signe que l’homme avait une certaine compétence dans le domaine.

Après, est-ce que cela étonnerait quiconque concernant ce dernier ? Son amie Ikhyldienne l’avait sans doute déjà entendu jouer du violon à l’époque, un instrument qu’il maniait bien même s’il n’était point un virtuose. Quant à l’enfant du désert, qui sait ce que lui aussi avait pu savourer dans l’intimité de l’homme ?

Quoiqu’il en soit la musique se fit donc un temps puis cessa… Alors, le naga finit par reprendre avec amusement.

« Nous savons jouer, cela ne fait aucun doute et vous avez encore des instruments à essayer mon amie. Une question se posera néanmoins, savez vous danser ? Je suppose que je peux vous faire une démonstration des danses traditionnelles de mon clan pendant que vous essayerez le reste ? » Une proposition visiblement autant pour donner une idée de ce qui se ferait, que peut-être pour offrir un spectacle assez agréable ? Après tout ils étaient en privé tous les trois…

« C’est le genre de danse qui nécessite d’avoir une longue queue, ce que ma condition d’être bipède compromet un peu dirons-nous. » Glissera alors Otmar avec humour pour information, ce avant de préciser avec bonne humeur.

« Mais c’est assez agréable à voir, peut-être pourrait vous vous inspirer de ce genre de danses, pour vos futurs spectacles ? Du moins, en y ajoutant une certaine sensualité. » Visiblement l’homme était appréciateur des danses serpentines, en même temps son amour du genre naga et lamia n’était pas un mystère. Quoiqu'il en soit, comme c'était jour de fête, sans doute qu'en effet danser de la part de lamia, serait appréciée le moment venu.