Cela faisait un moment que Vittoria parcourait les terres des Duchés. Pour diverses raisons, la recherche de son passé, des amis, des contrats, et la prévention face aux invasions Teïderiennes et Césariennes. C’était donc en transition entre deux villes qu’elle se retrouva encore à marcher dans les plaines des Duchés, seule avec son bâton en main. Alors qu’elle traça son chemin sans grande difficulté, ses pas la menèrent à croiser la route d’un individu somme toutes intriguant. Cornu et écaillé, et visiblement bien vêtu, il haussa la parole à la moniale sans se retourner en portant la main à son épée. Il semblait se méfier de Vittoria, mais Vittoria se méfiait de lui. Après tout, elle avait un mauvais pressentiment, et elle ne pouvait se résoudre à lui indiquer qu’elle n’était pas hostile. Du moins pas directement.

L’individu s’était arrêté, et la moniale maintint une distance de trois mètres avec l’individu en esquissant un cercle autour de ce dernier pour se retrouver face à lui, ou du moins dans son champ de vision. La femme portait son long manteau de cuir sobre à la capuche qui la protégeait du soleil étrangement intense en cette journée d’octobre. Ses yeux de soufre étaient visibles, et tenta de croiser le regard avec l’individu. Elle tenait son bâton dans sa main droite, et avait légèrement fléchit les genoux, comme en position de défense ou de combat, prête à riposter. Le cornu avait légèrement dénudé sa lame de son fourreau, geste qui tendit davantage la moniale. Dissuasion ou volonté d’attaquer ? Elle ne pouvait le savoir, et était de toutes manières suffisamment sûre d’elle pour ne pas prendre la fuite face à cette personne. Elle prit alors la parole à sa réponse.

Je dois dire n’en avoir rencontré aucun de votre genre. Que faites vous seul dans les duchés ? Vous risquez d’attirer les bandits des grands chemins de par votre allure atypique. Ce serait regrettable, ne pensez vous pas ?

La situation était des plus tendues et la moniale, malgré son air totalement calme et impartial, était soumise au doute. Devait-elle attaquer, ou parlementer de manière moins musclée ? C’était le genre de situation difficile à désamorcer, où l’un et l’autre parti se confrontaient mutuellement sans réellement savoir quelles étaient les intentions de l’adversaire. C’était bien là le point clef de cette tension, là où la prudence prenait la place du doute, prudence se traduisant souvent en défense.

C’est lorsque que le dragon attaqua qu’il n’y eut pas de doute. La moniale ne fut guère surprise par l’attaque de son adversaire et c’était même plutôt à son avantage ; défendre en premier était là sa qualité. Alors, tandis qu’une boule de glace fonça en sa direction, elle misa sur sa vivacité pour tenter une esquive du projectile en premier lieu. Sa vivacité conséquente mais aussi sa tenue qui avait quelques enchantements lui étant utiles dans cette situation.

Une fois fait, son objectif était de se rapprocher de son adversaire. Il sembla surtout s’attaquer à elle à distance, et elle était plus efficace au corps à corps. Alors, qu’elle ai réussit ou non à esquiver l’attaque, elle usera de sa magie pour filer instantanément dans un angle mort du mage afin de le surprendre. Elle eut bien évidemment la nécessité de fixer le lieu d’arrivée qui l’intéressait avant de, par la suite, cligner des yeux pour conclure le sort.

Par la suite, arrivée dans le dos du dragon, si elle y parvient, elle se tiendra prête à lui asséner un coup de bâton au niveau des flancs de manière à l’atteindre là où ses protections sont le moins efficace. Elle espéra simplement que son attaque sera efficiente, et sa stratégie suffisante pour ne pas périr bêtement entre les pattes potentiellement mortelles du dragon.

Spoiler:

La combattante s’était laissée porter au gré du vent à une vitesse incroyable, pour se retrouver derrière son adversaire. Comme escompté, elle parvint à lui donner un coup de bâton, l’arme se cognant contre les protections lourdes de l’homme. Ce devait être très certainement un chevalier, ou quelque chose du genre au vu de sa prestance, en tout cas il avait la constitution nécessaire pour supporter de telles protections et devait être sacrément bien résistant. Quoi qu’il en soit, dans le feu de l’action, la moniale était désormais à proximité de son adversaire qui avait plus d’un tour dans son sac.

La proximité était un atout pour Vittoria, et le dragon était sûrement en défaut, du moins jusqu’à ce que sa tentative fut réussie. Esquissant un rapide pivot sur lui même, il dirigea sa main en direction du buste de la moniale, une attaque qu’elle n’eut le temps d’éviter de par l’ampleur de cette dernière ; un puissant et large jet d’eau se vit propulsée de la main de l’assaillant pour repousser de plusieurs mètres la moniale. Elle fut projetée, perdant pied pour faire un vol plané, mais réussi à retomber sur ses pattes sans grand problèmes. Il ne fut pas bien difficile de remarquer que la chute de la moniale était comme… Ralentie, comme si elle avait tout le temps de se préparer à la réception et une potentielle contre-attaque.

Tout à coup, le combat était en position de temporisation. La moniale, trempée de la tête aux pieds, adopta une posture de défense, prête à riposter, en étant bien campée sur ses jambes, de trois quart, en tendant face à elle son bâton. Elle ne fit cependant rien de spécifique, tendant l’oreille aux paroles de l’individu sans le quitter des yeux de son regard de soufre. Elle prit donc la parole après de rapides secondes de silence.

Je suis Vittoria Benedetti, et je suis une simple voyageuse qui ne cherche pas à laisser sa vie. Je vous retourne la question.

Sincèrement, messire, je ne me souviens pas vous avoir vu où que ce soit. Et indépendamment de votre particularité physique, je ne recherche en aucun cas la confrontation. J’ai bien cru avec votre comportement que c’était vous qui vouliez m’agresser.

La moniale ne quitta pas son regard de soufre de celui du dragon face à elle et reculant d’un pas pour sortir de sa position de défense. Posant son bâton de marche pointe au sol, posture droite et simple, elle secoua légèrement la tête.

Je pense qu’il y a eu un malentendu, tout simplement. Je n’ai guère envie de me risquer à des combats aujourd’hui, ces brefs échanges m’ont suffit. Vous vous battez drôlement bien pour un bandit des grands chemins. Ce qui me confirme que vous ne l’êtes pas. En tout cas, gardons notre calme, voulez vous ? Je suis sûre que l’on trouvera plus intérêt à discuter qu’à se confronter.

Elle s’avança vers lui d’un pas tranquille lorsqu’il aura baissé sa garde, s’il le fait, restant à sa place le cas contraire. Quoi qu’il en soit, son ton restait calme et neutre, suffisamment pour que ça paraisse simple et non teinté d’intentions néfastes. Loin de là l’idée de la moniale, et elle ne se laissa pas aller aux émotions, chose qu’elle a toujours su faire.

Que faisiez vous, alors, pour être aussi méfiant que cela ? Vous craignez pour votre vie ou pour vos biens ? Je n’ai vu que peu de gens habillés comme vous, mais jamais seuls. J’imagine que vous ne devez pas manquer de ressources pour se balader seul dans les Duchés. Généralement il vaut mieux faire partie des organisations locales ou être bien réputé.

Elle laissa le silence ensuite, laissant le temps à son interlocuteur d’ingérer l’information et d’y répondre proprement. Après tout, Vittoria ne voudrait en aucun l’oppresser et risquer de voir la situation dégénérer davantage.

La moniale étira un sourire en baissant définitivement sa garde. Ca y était, ils s’étaient simplement malentendus sur leurs intentions, et s’étaient imaginés être un danger l’un pour l’autre alors qu’il n’en était rien. Un peu plus détendue, la moniale se rapprocha du combattant en restant à distance respoectable pour l’accompagner s’il décide de reprendre la route, sinon parler tranquillement.

Elle inclina la tête vers l’avant avec respect, tout autant, lui répondant ensuite.

Je vous comprend parfaitement, j’ai été aussi fautive dans ce malentendu. Enfin, quoi qu’il en soit, voilà qui est arrangé. Comme je vous l’ai dit, je suis Vittoria Benedetti. J’imagine aisément que les Duchés ne peuvent pas rassurer, ce à quoi je peux vous proposer de vous accompagner un moment sur ces routes, si vous n’en voyez pas d’inconvénient ?

Elle était donc à ses côtés en lui proposant cela, pouvant potentiellement continuer à marcher à ses côtés jusqu’à sa destination ou après un certain temps de marche. A voir ce qu’il était prêt à accepter ou s’il souhaitait parler un peu. La moniale ne le laissa pas dans le silence en tout cas, et continua aimablement la discussion.

Je n’ai guère de destination urgente pour le moment, je peux bien vous accompagner pour un temps, en tout cas cela ne me dérange pas. J’ai une enquête en cours, mais elle n’est pas prête de se résoudre, j’ai encore du temps à ce sujet là. Et vous alors, quelle est votre profession ?

Elle la regarda avec un intérêt simple, voulant simplement apprendre à le connaître tant qu'ils se côtoyaient. Elle l'observa sans se montrer insistante, simple et sans prise de tête, à l'écoute de tout ce qu'il pourrait lui dire et les sujets de conversation qu'il pourrait aborder, ce avec le plus grand calme dont elle témoigne.

Le dragon se présenta à son tour, et Vittoria esquissa un léger sourire cordial. Elle se joint à lui pour la marche, jusqu’à son bon port, l’argument de l’inconvénient de voyager seul s’appliquant en cet instant. Elle s’engagea donc à le suivre, tout en maintenant la conversation, simplement.

Enchantée, Zei’. Je suis d’accord avec cela, il serait dommage que l’on vienne vous importuner. Autant s’accompagner mutuellement. Les terres du nord, donc ? Voilà une destination atypique, cela vous rend davantage respectable à mes yeux, sans compter votre allure.

Par la suite vint la mention d’une mission, et de se présenter elle même. Elle maintint la marche à ses côtés, son fier bâton en main, s’apprêtant à lui parler un peu d’elle.

Eh bien, je suis une moniale itinérante, voyageant depuis plusieurs années entre les nations. Je vis de contrats, aussi, même si je déteste ce mot, cela fait de moi une mercenaire, haha. Mais je préfère le qualificatif d’enquêtrice ; les missions concernant une personne disparue ou la recherche d’un objet volé sont parmi mes préférées. Même s’il m’arrive souvent de devoir capturer vif un pauvre malfrat. Enfin, je me débrouille avec ce que j’ai. Parlez moi donc de cette mission, si vous le voulez bien ? Cela est peut-être dans mes compétences.

Elle se porta curieuse quant à cela, vaut mieux demander que laisser passer une occasion comme ça. Alors, elle s'apprêta à écouter les explications de son interlocuteur afin de déterminer si oui ou non elle est capable de réaliser cette dite mission, et ce sera un contrat de plus qui ne sera pas fait par un mercenaire de pacotille. Elle avait confiance en sa qualité, et puis ça restait un job de plus qui lui permettrait d'avoir une occupation à court ou long terme, dépendant du contrat.

La moniale restait assez indifférente concernant la véritable identité de l’individu, ou pas, quoi qu’il en soit elle n’en était pas spécifiquement dérangée et se contenta de l’écouter simplement sans rien ajouter de spécifique. Une piste pour travailler à sa solde, de toute évidence, afin de réfler une affaire familiale. Il faudrait sûrement davantage de détails pour pouvoir se décider à ce sujet, mais la moniale ne rejeta pas directement l’idée, curieuse d’en savoir davantage.

Mhh ? Eh bien, il faut croire que vous êtes bien tombé. Il semblerait que ma profession, si ce n’est être mercenaire, est d’enquêter sur certaines affaires. A voir toutes les informations que vous pourrez me donner à ce sujet, mais je pense être capable de récupérer ces informations pour vous. Après tout, cela fait partie de mon métier. Qu’avez vous à en dire à ce sujet, qu’est il mieux à faire ? Comment vous souhaitez procéder, quels risques sont à encourir… Si vous souhaitez louer mes services, cela fera partie des choses importantes à discuter, sans compter le prix, bien sûr. Mais j’aime rester honnête tant qu’on le reste avec moi.

Elle étira un sourire léger et tranquille, détachant son regard du dragon pour observer la plaine. Il y avait sûrement plein de choses à prendre en compte dans cette problématique, tout autant de choses qui vont diriger sa manière d’agir et d’intervenir au moment. Prise d’informations à la discrète, espionnage, approche plus visible mais efficace ? Elle devrait avoir des yeux partout pour savoir ce que compte faire ce dragon à la moindre seconde où il a un doute. Et qui dit dragon, potentiellement hostile, dit dangereux, pour sûr. Il était sûrement mal interprété que quelqu’un se coltine dans le dos pour espionner lâchement chaque faits et gestes.

Quoi qu’il en soit, la moniale releva son regard sur son interlocuteur pour espérer avoir des réponses, ramenant son bâton contre elle pendant qu’elle marche.

La moniale écouta attentivement le dragon au sujet de l’autre dragon à surveiller. Juste une surveillance digne d’une espionne ? Elle devrait pouvoir faire ça, même avec les risques encourus. Une histoire de famille de toute évidence, et la crainte d’une représaille. Donc une prise d’informations en toute discrétion et une surveillance à distance afin de prévoir toute attaque. Elle acquiesça à ces dires avant de répondre.

Je comprend les enjeux, cela semble faisable néanmoins, malgré les risques. Cela dit, si jamais ce dragon tente de m’attaquer, je pense pouvoir m’en sortir, et je vous en ferai part si cela survient. Enfin, j’aviserai au moment. Concernant les détails, savez vous de quelles ressources dispose-t-il ? Pratique-t-il la magie, des arts martiaux, ou est plutôt du genre à user de charisme pour rallier des troupes à sa cause ? Collaborer avec les orques dépend de leur clan et leur idéologie, mais c’est une information que je prends volontiers en compte.

Elle marqua un temps, réfléchissant activement à la situation. Elle devrait ratisser le nord et prendre quelques informations, et ce serait un travail à plein temps. Elle soupira doucement avant de poursuivre.

Ce ne sera pas facile, je devrait investir beaucoup de mon temps sur cette affaire, et je ne vous cache pas que mes journées sont bien occupées ces temps-ci. Je ferai en sorte d’économiser mon temps en empruntant quelques portails, mais je ne vous garanti pas des résultats immédiats, c’est une entreprise de grande envergure. Voilà ce que je vous propose, je me penche sur le sujet, on convient d’un moyen de se contacter, et je mène cette enquête à mon rythme. Dès que j’ai des informations, vous me donnerez l’état de votre satisfaction et nous pourrons parler de paiement. Qu’en dites vous ?

Elle resta à ses côtés en l'avisant un instant, attendant sa réponse.

La moniale acquiesça sans grand problème, réfléchissant à la mission comme à chaque fois qu’elle s’apprête à entamer un contrat. Elle avait de plus en plus d’informations utiles sur la manière de procéder du dragon, ses habitudes, ses dangers à prévoir ou à fuir. De toute évidence, elle n’ira pas le confronter en face à face tant que ce n’est pas demandé, le but étant de jouer les informatrices pour son employeur.

Elle prit un temps de réflexion suite aux paroles du dragon, le laissant exposer ses idées et suggestions avant de finalement y rebondir. Il y avait de bonnes idées et un bon plan d’attaque, recoupant avec les idées que la moniale avait commencé à développer suite à cette opération.

Bien, je vois. J’éviterai toute confrontation directe avec lui, et je profiterai sûrement de la nuit pour m’en approcher. Est-il capable de détecter la magie? Sans cela ce sera plus compliqué, étant donné que je peux m’infiltrer dans les ombres ou me rendre invisible. En tout cas, je trouverai une solution pour ne pas me mettre en danger et vous permettre de vous prévenir contre ses tentatives. Le plus compliqué reste comment le trouver. Une fois fait, je devrais recommencer sans savoir où il se trouve. A moins d’un moyen qui sera très pratique, mais délicat à mettre en place… Je pourrait lui appliquer une marque d’ombre, à un endroit où il ne le verrait potentiellement pas, mais cela voudrait dire que je devrait l’approcher durant son sommeil pour l’appliquer. Une fois fait, je saurais où il se trouve où qu’il soit à n’importe quel moment. Qu’en pensez vous ?

Elle marqua une pause dans cette proposition d’approche avant d’embrayer ensuite sur la question des compte-rendu.

Mh, cela sera possible. J’aurai sûrement des projets à mener et qui me prendront mon temps, mais en se mettant d’accord pour un point de rendez-vous avec un portail de téléportation à proximité, cela m'arrangerait. Je n’aurais qu’à réserver quelques heures dans une journée plutôt qu’un voyage de quelques semaines. Dépend de votre localisation, si d’habitude vous êtes dans les Duchés ou dans d’autres pays ? Quoi qu’il en soit, je sais quels lieux pourraient être favorables à une telle rencontre, et souvent il y a de quoi discuter autour d’une boisson.