25 Janvier de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

Peu après un certain bal, Amset avait put apprendre certaines choses, dont que son amie moniale avait l’usage de la magie de l’âme, mais désirait aussi améliorer sa maîtrise. Chose qui l’avait assez surprit, mais ne l’avait guère rebuté au contraire. Après tout, il estimait qu’elle en était plutôt digne, cela et puis lui aussi la maîtrisait, et à un plus haut niveau aussi…

Il avait donc convenu d’un rendez-vous avec elle le lendemain du bal, au sein de la cité d’Inveïs, autant pour passer un peu de temps ensemble, après tout ce n’est pas forcément tous les jours qu’ils se croisaient, Amset étant un grand voyageur après tout, mais il avait aussi quelques propositions à lui faire.

Il l’avait invitée, non pas dans un bar, ni dans une auberge, ni dans un restaurant, mais dans un de ces cabarets duchéens où l’on peut boire, manger, consommer de la drogue aussi car les duchéens n’avaient aucune législation à ce sujet, tout en regardant un spectacle, qu’il soit de nature visuelle, musical et magique. Elle n’aurait qu’à l’y retrouver en début d’après midi, pour pouvoir y discuter.

Et visiblement le spectacle dans ce cabaret où le naga était attablé, en train d’attendre son ami, lové qu’il était sur plusieurs coussins posés au sol. N’était rien d’autre qu’une sorte de pièce de théâtre improvisée. Pas de celles qu’on pouvait voir dans les théâtres duchéens officiels et plus ou moins huppés, mais un de ces spectacles plus ou moins burlesques et comiques, fait aussi bien pour un publique voulant se détendre, que des mercenaires qui composaient, une grosse partie de la clientèle locale on allait dire…

Et la pièce jouée était une sorte de pièce moqueuse sur un ancien duc d'Inveïs, un azurien malchanceux et incompétent, mais qui était arrivé par un abus de chance, à mourir de façon accidentelle, avant d’être déposé, en avalant un os de travers. Donc le ressort comique de la pièce jouait pas mal sur les intriguant qui rataient tous leurs complots, les coups d’états maladroits et autres gaffes en tout genre, alors que le personnage de la pièce semblait vaquer à sa vie de façon insouciante et sereine. Actuellement il mimait le fait de peindre un tableau pendant qu’une foule d’assassins se bagarrait derrière lui pour savoir qui allait le poignarder… De l’humour noir à la duchéenne typique.

C’était légèrement bas de plafond, mais ça amusait assez Amset.

Peu après leur dernière entrevue aux Duchés, Vittoria se vit l’agréable surprise de recevoir une invitation de la part de son tendre ami pour se retrouver et discuter. Il fallait dire que les conditions de rencontre de la dernière fois n’étaient pas propices aux discussions plus ou moins privées ni au plaisir de passer son temps en très bonne compagnie. Elle ne se fit pas prier pour accepter l’invitation -il serait très étonnant de sa part qu’elle refuse- et se prépara
pour rejoindre son ami au lieu en question.

C’était de ces cabarets Duchéens où il y faisait bon vivre de consommer et boire devant un spectacle plus ou moins huppé selon les moeurs. Le spectacle en tant que tel n’était pas intéressant de toutes manières, il ne sert que de bruit de fond pendant que chacun prendrait le temps de s’apprécier mutuellement. Elle arriva alors au lieu en question, vêtue de son habituelle tenue de voyageuse, sobre et pratique, ainsi que son bâton de marche. Elle observa calmement les places avant de finalement poser son regard sur le Naga qui l’attendait. Elle étira un large sourire intérieurement, qui se traduisait par un léger sourire pour le public - et un regard des plus pétillants à la destination du dit Naga.

Elle s’approcha donc, rangeant son bâton qui se rétracta magiquement afin de prendre moins de place. Elle s’installa donc simplement sur les coussins aux côtés du Naga en brisant son masque pour lui laisser le bonheur d’un visage illuminé et rayonnant de joie. Elle se contenta de le regarder, calmement, assise en tailleur, alors qu’elle reste toute vêtue.

Amset… Me voilà. Un réel plaisir que de se retrouver face à facec, à nouveau.

Elle était sincère et tendre dans ses paroles, venant accompagner ses mots d'un simple geste ; celui de venir chercher sa main calmement comme pour le saluer, à sa manière, dans l'étroite relation qu'ils partagent

Son amie était visiblement de bonne humeur et témoignait d’une expressivité égale à la sienne, ou ce qu’un naga pourrait désirer exprimer, ce qui lui allait parfaitement, après tout, nagas, vampires, ils étaient des êtres à sang froid, donc faits pour s’entendre ? Enfin, ce n’était pas vraiment aussi simple que ça, sinon tous les sang chauds seraient amis, ce qui n’était absolument pas le cas, mais il s’amusait du fait qu’ils aient cette ressemblance…

Avant de paraître plus expressive lorsqu’elle s’assit à ses côtés, eh bien il fallait croire qu’il lui faisait de l’effet. Il fallait dire, ils avaient une bonne relation et aucun raison de ne pas apprécier la compagnie de l’autre. Il la laissa donc prendre sa main,  geste qu’il associait plus à l’amitié guerrière, quoique sous la forme d’une franche empoignade, qu’à l’amour, mais dont il comprenait en partie le sens. Avant de glisser avec amusement.

« Et sachez que cela est réciproque mon amie, j’espère que vous allez bien. Comment se porte votre monastère ? » Demanderait-il alors calmement, pas que les histoires de moines étaient sa passion, mais comme c’était l’objectif de son amie, il espérait sincèrement qu’elle l’accomplisse, mais aussi faisait l’effort de s’y intéresser. Ensuite, il lui glisserait un verre en disant.

« J’ai demandé à ce qu’ils servent du vin mélangé avec du sang, pour une amie vampire. N’hésitez pas. » Dirait-il alors amusé, avant de boire lui-même une forgée du breuvage pas trop fort, qu’il avait commandé pour lui. Il était très large à ce niveau donc, après tout un fils d’Eïlysnter comme lui pouvait ingurgiter une quantité importante d’alcool avant de sombrer, habitué qu’il avait été à la chose, car ayant participé à de nombreuses festivités, où la boisson coulait à foisson…

« Je me demandais sinon, récemment, si nous ne pourrions pas prochainement voyager un peu ensemble mon amie, du moins si votre emploi du temps et vos projets le permettent ? » Finira t-il sinon par aborder direct et franc. Oui, il n’était pas du genre à beaucoup tourner autour du pot… Cela et puis le projet lui faisait envie, et il se disait que les probabilités que ce soit son cas à elle aussi, étaient fortes ?

Vittoria gardait sa main dans celle d'Amset quelques instants, avant de se retirer calmement. Elle déposa ses affaires encombrantes à ses côtés pour trouver une position confortable, alors qu'elle revient l'admirer quelques instants.

Son regard croisant le sien, elle s'attarde sur ses traits alors qu'il parlait, comme pour se remémorer son visage en cet instant et en faire un souvenir indélébile. Elle resta ainsi un court moment, pourtant long du point de vue de la vampire, pour répondre calmement aux paroles de son partenaire.

Je me porte très bien. Mes journées sont toujours aussi solitaires que mes nuits, mais il arrive des moments où j'ai à faire. Mon monastère est en bonne voie de reconstruction et abrite actuellement trois familles réfugiées qui participent au quotidien, sans compter les villageois alentours qui viennent aider. Les champs ont été restaurés et nous aurons notre propre nourriture ici l'été suivant. Il y a encore à faire, cependant, des bâtiments à restaurer, le clocher n'est pas encore concerné... Et je privilégie le développement et la stabilité économique avant la restauration pure. Enfin, ça avance bien et nous attirons des volontaires, alors voilà.

Elle sourit paisiblement, légèrement mais suffisamment pour dire qu'elle était en confiance. Elle se saisit du verre de vin arrangé par Amset pour le lever à son égard avant d'y tremper les lèvres pour en apprécier le parfum. Elle reposa délicatement son verre pour revenir au beau Naga lui faisant face, ne semblant pas montrer d'expression particulière à sa proposition, si ce n'est un éclat dans le regard...

Mon emploi du temps et mes projets me permettent tout le temps qu'il est possible de passer avec vous, n'ayez crainte. Ce sera un plaisir que de vous accompagner, et la gestion de mon monastère n'en ser à pas impactée. À quoi pensez vous donc ?

Vittoria prenait son temps pour lui répondre, mais soit Amset n’était pas de nature pressé ou à considérer qu’une conversation devait être un flot constant et ininterrompus de propos divers et variés. Surtout que soyons sincères les sang chaud avaient souvent des sujets de conversations non pas indésirables, mais assez dispensables.

Quoiqu’il en soit, il sentait bien sinon que leur relation avait bien changée depuis le départ, la vampiresse ne cachant pas une certaine chaleur à son égard quoique modérée et inversement, elle ne cachait pas aussi qu’il lui faisait de l’effet. Ce qui était réciproque même si évidemment chez les nagas cela se manifestait souvent de façon assez subtile, un ton de voix serpentin légèrement plus chaleureux ou doux, un peu plus de loquacité.

« Eh bien, je gage que si nous voyageons ensemble, vos journées et nuits seront moins solitaires un temps, les miens le sont aussi, et même si je sais apprécier une confortable solitude, il est bon de changer ses habitudes de temps en temps. » Quoiqu’il en soit, il sentit que sa proposition intéressait la vampiresse avant même qu’elle ne confirme, mais ses propos ajoutaient une agréable certitude à ce sujet, à laquelle il réagira avec amusement.

« Je suppose que votre monastère ne souffrira pas d’une absence temporaire de votre personne, surtout s’il est déjà bien lancé dans sa reconstruction. De plus il est toujours bon de ce tenir informé concernant le monde extérieur je suppose. » Il faisait l’effet de lui rendre visite de temps en temps, mais ses obligations et occupations faisaient que ce n’était pas non plus très fréquent. L’avantage de voyager c’est qu’ils pourront rester ensembles un temps. Amset glissera d’ailleurs avec réflexion.

« Eh bien je pensai faire de vous mon élève le temps d'un voyage commun, comme vous le savez je pratique la magie de l’âme et vous aussi, mais pour ma part d’un niveau plus élevé. J’ai des choses à vous enseigner donc et je pense que vous êtes digne d’en apprendre davantage. Ce serait en tout cas un plaisir de vous instruire à ce sujet mon amie... » Puis prenant une gorgée d’alcool avec fluidité, le naga ajouterait ensuite.

« Cela et la vie au monastère doit vous paraître un peu spartiate même si vous appréciez cela, mais changer un peu d’ambiance fait toujours du bien et pour ma part j’ai fais quelques économies, nous pourrions certains partir à l’aventure ensemble, mais aussi profiter de la vie en chemin ? Spectacles, emplettes luxueuses, festivités et je suppose... » Il utiliserai alors la télépathie offerte par sa magie, pour glisser avec douceur et suggestion.

*Des nuits moins solitaires.*

S’il y avait bien quelque chose d’appréciable de la part du Naga, pour la vampire, était sa capacité à aller droit au but sans pourtant ne jamais manquer de nuances et de formes appréciables. Ses phrases étaient simples, directes, et pourtant un régal à entendre malgré leur apparente simplicité. La vampire n’était guère Nagate, mais elle se surprit à penser qu’elle pouvait comprendre la subtilité émotionnelle de ce peuple qui l’intéressait maintenant tout particulièrement, et surtout de son ami. Elle le regarda dans les yeux, non sans remuer délicatement son vin pour en apprécier le nez, cherchant à déceler la moindre pépite émotionnelle au coeur d’Amset, qui serait, pour sûr, le plus beau des trésors.

Ses paroles, tout autant, apportèrent de la chaleur au coeur si glacial de Vittoria. Elle était un peu comme les Nagas, au final, sans pour autant les égaler, froide et fermée d’apparence, et pourtant capable de beaucoup de chaleur et d’émotion par de petits indices et attentions. C’est donc aux paroles suscitant toujours plus d’intérêt et d’envie auprès de la vampire que cette dernière répondit tout en reposant son verre de vin, avec son calme et sa sérénité habituelle, ne laissant qu’un regard pétillant et un discret sourire pour son ami.

En effet, voyager davantage ne me sera pas pénalisant. Oublions donc ces détails ; je suis prête à voyager avec vous.

Par la suite, Amset apporta un élément qui semblez surprendre Vittoria, en toute subtilité, ce à quoi elle répondit.

Voilà une proposition qui m’honore… Si vous me sentez capable de progresser à vos côtés, j’accepte.

Elle joignit ses mains sur la table à ces mots, poursuivant, tandis que les dernières paroles envoyées dans son esprit changea quelque chose dans son regard, une subtilité favorable à cette idée.

Quant aux activités liées au voyage, je suis amatrice de ce que vous me proposez, ce serait un plaisir que de les partager avec vous...

En réponse à son ami, elle murmura quelques mots, incompréhensibles, et pourtant parvenant aux oreilles du Naga grâce à la magie du vent que la moniale maîtrisait.

Et d’échauffer nos coeurs mutuellement.

Amset acquiesça avec un accord qui dénotait une certaine satisfaction lorsque Vittoria confirma le fait qu’elle voudrait bien voyager avec lui. Il pouvait après tout se permettre un temps de voyager en duo, cela ne serait pas trop gênant. Il avait bien quelques missions à remplir pour sa nation, mais pas le genre qui dévoilerait aisément son allégeance. Et au pire, s’il devait rentrer urgemment au pays, il trouverait bien une excuse. Quoiqu’il en soit, en attendant il aurait le loisir de profiter de la compagnie de son amie.

Quant à sa proposition d’enseigner la magie de l’âme à la vampire, cette dernière sembla apprécier la chose et accepta, Amset glissa alors d’un ton qui dénotait d’un léger amusement serpentin.

« Je ne suis pas le meilleur professeur qui soit par contre, mais je gage que vous êtes une élève sérieuse et attentive ? » En tout cas elle ne lui faisait pas l’effet de quelqu’un de distrait et dissipé, donc aucune raison que l’enseignement ne se passe pas bien. De toute façon ils auraient du temps devant eux.

Quant au reste, comme d’habitude Vittoria était intéressée par certaines activités et se faisait chaleureuse à cette idée de partager la chose avec lui. Après cet échange qui confirmerait qu’en effet il partagerait de temps en temps leur intimité, Amset conclut par un acquiescement satisfait qui voulait tout dire avec lui sans qu’il n’ait besoin de beaucoup développer. Le naga n’était pas après tout de ceux ayant besoin de longues tirades, l’implicite était là et d’un accord tacite, cela lui suffisait. Là où un sang chaud aurait besoin de longuement développer ou de se rassurer, lui percevait la situation et son flux. Il reprendrait d’ailleurs calmement, en changeant de sujet.

« Néanmoins, si je n’ai rien contre de vous enseigner mon art magique, je ne sais pas encore quelles sont vos limites actuelles ? Pourriez-vous me dire les dernières capacités de mage de l’âme que vous avez appris ? » Avant de finir par dénoter avec un calme amusement serpentin, ou un fond de gravité brillait tout de même. « Je dois aussi, même si je vous fais confiance mon amie, vous demander ce que vous comptez faire de cet art une fois maîtrisé ? Il est de mon devoir après tout en tant que mage naga, de n’enseigner cette magie qu’à ceux de bonne intention. » Les nagas étaient après tout prudents avec cette magie qu’ils n’acceptaient d’enseigner que depuis peu.

La vampire vida son verre de vin avec parcimonie, prenant le temps de l’apprécier sans pour autant se détacher du beau Naga qui lui proposait d’être son professeur. Elle prit néanmoins le temps d’observer les alentours, brièvement, avant de se concentrer à nouveau sur les mots de cet être serpentin qu’elle aimait tant.

Elle inclina donc la tête, traitant chaque mot dans son esprit avant de constituer une réponse simple et claire, sur un ton calme, posé, réfléchi.

Oui, je le conçois. Vous avez besoin de savoir dans quoi vous vous engagez. Eh bien, pour commencer, les dernières choses que j’ai apprises consistent à user de son esprit pour amortir les attaques physiques et magiques. Un exercice fort technique, mais j’ai su m’y plier. Ce qui est plutôt plaisant, au final, moi qui suis une combattante privilégiant le calme spirituel et sa rigueur, c’est une manière de l’appliquer concrètement. J’ai aussi apprit à défaire des entraves retenant une âme prisonnière, mon enseignement était rigoureux concernant le respect des âmes.

Elle joignit ses mains sur la table avant de reprendre, doucement.

Je souhaite maîtriser cette magie pour renforcer la synergie entre mon corps et mon esprit, atteindre un état de paix spirituelle par la pratique martiale et l’exercice de l’âme. Quant à l’utilisation concrète, je suis consciente que cette magie a ses sombres parts, et que l’utilisation principale sera à des fins personnelles. Rien qu’à voir les sorts que j’ai apprit jusque là, il s’agit de renforcement, de protection, et d’offensive, des choses fort utiles en combat…

C’est là que la véritable intention de l’utilisation de la magie de l’âme réside dans les fins martiales de son utilisateur. J’ai pour dogme de ne jamais tuer inutilement, et de ne combattre qu’en dernier recours. La magie que je maîtrise est soumise aux même règles, et je me sens capable, avec l’apprentissage de l’âme, de prendre en charge la protection et la régulation des activités de l’âme. S’il existe un certain code concernant la libération d’âmes ou certains sorts interdits, c’est avec conscience et volonté que je m’y plierai.

Amset faisait évidemment aussi attention aux alentours, car bien entendu il ne tenait pas à être espionné par un indiscret, même si heureusement la possibilité était faible. Autant parce que sa couverture était solide, que parce qu’en soit la magie de l’âme serait une raison peu valable de le surveiller.

Ce en écoutant attentivement et avec réflexion les propos de son amie, qui expliqua ses intentions quant à l’apprentissage de la magie de l’âme. Elle expliqua alors ce qui l’intéressait dans cette magie et ce qu’elle désirerait en faire.

Ainsi elle considérerait que la chose allait avec le fait qu’elle était une combattante devant aussi bien maîtriser son esprit que son corps, mais aussi car la chose serait d’une forte utilité en ce sens. Il est vrai, que c’était une magie qui demandait une certaine patience et volonté, mais aussi réflexion. Pas la plus simple à utiliser donc, mais pouvant avoir bien des utilités pourtant…

Et il est vrai qu’en tant que moniale cela irait bien à son style martial, mais aussi à son mode de vie. Elle avoua aussi connaître les sombrent penchants de la magie de l’âme, comme toute magie en vérité, après tout celle du feu pouvait servir à faire griller quelqu’un sur place par exemple. Mais que, c’était plus les penchants martiaux et personnels qui l’intéressaient ? En tout cas, Amset acquiesça alors avant d’ajouter calmement.

« Les règles ne sont pas si nombreuses et obscures que cela, je peux les résumer en trois principes que vous n’aurez aucun calme à respecter je pense. » Il énoncera alors plus ou moins pédagogue.

« Toute âme a le droit au repos, tu n’emprisonnera pas une âme avec l’intention de ne jamais la libérer, aucun crime aussi terrible soit-il ne mérite un tel châtiment.
Tu es responsable d’une âme que tu crées, si tu possèdes cette capacité, comme un père ou une mère, est responsable de son enfant.
Jamais tu n’useras de tes pouvoirs pour asservir une âme ou la remodeler totalement selon ton bon plaisir. » Amset qui dit cela avec gravité, ajouterait alors amusé, comme s’il disait l’évidence.

« Néanmoins, les deux dernières fautes pour êtres commises exigent d’être de très haut niveau, archimage même. Autant dire que vous aurez le temps de voir venir ou jamais cette possibilité. Cela et se sont déjà les règles auxquelles n’importe qui de censé se conforme déjà, ne pas asservir son prochain, le tuer, ou jeter un enfant qu’on a fait naître dans un feu de camp. » Autant dire que ça allait de soi. Il reprendrait alors pour dire.

« Vos buts et raisons sont nobles sinon, la magie de l’âme peut s’utiliser de bien des manières, soigner et apaiser l’esprit, pour se battre, accorder le repos, aider à la conception d’artefacts ou golems puissants pour les âmes désireuses d’y concourir. Ce sont les possibilités évidentes… Mais, nous allons donc observer un apprentissage conforme à la manière dont vous voulez l’employer d’abord. » Amset finirait alors son breuvage, avant de demander songeur.

« Je propose que nous commencions un peu plus tard ? J’ai disons loué une demeure de la classe moyenne louée souvent aux mercenaires, avec de quoi s’entraîner à l’intérieur, je pense que ce sera un bon cadre pour s’exercer. Surtout que soyons sincère, ce n’est pas avec ce genre de magie que l’on risque de déclencher un feu. » Achèvera t-il alors avec humour, en pensant aux difficultés que pouvaient avoir les mages de feu pour s’entraîner en ville justement.

Vittoria restait silencieuse, attentive, à l'écoute. S'il existait bon élève, c'était bien elle, captant chaque parole du Naga pour l'enregistrer. Ainsi il fut énoncé quelques règles au sujet de l'utilisation de la magie de l'âme, chose qui somme toutes ne déplaisait pas à la vampire et correspondait à l'idée qu'elle se faisait de l'exigence de cette magie. Il fallait bien une raison pour justifier des années de secret bien gardé par les Nagas, autre que les traditions.

C'est donc en assimilant ces principes que la vampire inclina doucement la tête, en signe de compréhension. Elle reposa son verre, vide depuis un moment, avant de reprendre avec Amset.

Je comprend, et j'intègre. Ce sont des préceptes qui me conviennent, j'ai l'intime conviction que les respecter ne sera pas un problème. Autrement, je tiendrais à m'entraîner, le travail paie et régit les esprits.

Elle marqua un petit temps avant d'ajouter à la remarque encourageante d'Amset.

Et je vous en remercie. Entre ce que l'on fait, ce que l'on souhaite faire et ce que les autres perçoivent, il y a souvent tout un gouffre. Je suis plutôt satisfaite que vous voyez mes convictions comme de nobles objectifs.

Par la suite, Vittoria acquiesça avec entrain, prête à partir si Amset le voulait.

Oui, de toute évidence il serait dommage de ne pas s'entraîner alors que nous sommes face à face. Une demeure donc ? Eh bien, il faut croire que votre carrière aux duchés se fait florissante, mais je n'en doutait, pas pour sûr. Ce serait en effet une bonne idée, surtout si vous avez un lieu conçu pour cela. Quant à mettre le feu, il est vrai que notre objectif n'en provoquera pas, mais si vous souhaitez à tout prix maltraiter votre demeure, je peux toujours y former un ouragan ou la plonger dans les ténèbres.

Elle souriait finement, avec son humour particulier, cherchant à déceler les émotions de son comparse.

Amset se disait que si elle n’avait jamais énoncée le fait qu’elle était moniale, il n’aurait sans doute pas eut beaucoup de difficultés à le deviner étant donné les nombreuses déclarations de son amie qui mettait plus au moins en avant son statut à ce sujet. Elle était belle et bien une moniale et adhérait à des valeurs propres à ce genre d’activités, apprécier le travail de soi, mais aussi le travail en général, pas un travail salarié ou indépendant comme artisan, mais un travail comme discipline et façon d’agencer son existence.

Il comprenait ce genre de valeurs, sans y adhérer pleinement, n’était-il pas Eïlynsterien après tout ? Fils d’une nation ou le dévouement national et la sacrifice de soi étaient exaltées et où tous devaient concourir au bien être commun ? Néanmoins si là aussi c’était un idéal de dévouement et de surpassement, il avait des relents bien plus guerriers et militaristes…

« Des fois on ne sait même pas vraiment ce que l’on veut soi-même, mais ce n’est pas votre cas je pense. » Glissera t-il sinon avec humour et du tac au tac aux paroles emplies d’esprit de son amie à ce sujet. Ce avant de reprendre d’un amusement reptilien en se levant, alors qu’il laissait de quoi payer les consommations.

« Je préférerai éviter de ravager cette demeure étant donnée que je la loue et qu’elle ne m’appartient donc que « temporairement ». Vous connaissez les duchéens, ils sont proches de leurs sous… C’est encore plus le cas quand ils sont assez aisés pour avoir une telle demeure et la louer à des gens comme moi. » Puis avant de reprendre plus sérieusement en ouvrant la marche, ou plutôt  « serpenter » le concernant… « Je me suis toujours demandé sinon mon amie. » Il finirait alors avec une étincelle de curiosité, alors qu’ils avançaient dans les rues modérément animées de la ville.

« Pourquoi la vie de moniale plutôt qu’une autre ? Avec de bons talents guerriers et magiques vous auriez put avoir une existence plutôt « facile » ou « hédoniste » ou bien viser un peu de pouvoir. Je ne doute évidemment pas de votre choix de vie, il est aussi valable qu’une autre, je me demandais juste ce qui vous a motivée à persister dans cette voie. » Il doutait après tout qu’elle soit du genre à continuer dans un chemin de vie par défaut, donc les raisons de celui-ci l’intéressait.

Vittoria se levait donc et laissa Amset payer, avant de le suivre à pieds. Elle avançait d'une démarche souple, simple, silencieuse, ni lourde ni lente, en soulevant son bâton de marche d'une main sans le poser au sol. Elle restait donc aux côtés de son ami en l'écoutant calmement parler, non sans émettre un léger sourire à son encontre sur certains mots ou moments qui avaient le potentiel d'être partagés, d'un simple regard, d'une simple émotion subtile. Une ambiance somme toutes agréable, un lien entre les deux rendant leurs échanges propres et intimes, d'une certaine manière.

Alors, elle acquiesça à la mention des duchéens. Ça oui elle connaissait l'attrait pécunier et matérialiste de cette nation, et oui il valait mieux respecter son engagement dans une location. Après tout, c'était assez exceptionnel qu'un duchéen accepte de céder sa demeure à un inconnu.

Puis elle prit un temps, répondant avec son calme imperturbable à la question d'Amset

Eh bien, la réponse est simple. C'est mon éducation. Lorsque je me suis éveillée, j'était perdue, mais ce qui m'a été instruit dans mon passé est resté, et j'ai inconsciemment suivit ce précepte. Maintenant que je sais, que je connaît mon passé, c'est l'héritage d'un homme qui m'a élevée, bien qu'il ne sois pas mon père. Un homme et une communauté mortes à l'heure actuelle, que j'efforce de faire revivre.

Elle prit un temps, puis tourna le nez vers son ami.

Et vous donc, pourquoi la vie de champion ?

L’éducation ? C’était une raison assez simple, mais qui pouvait se comprendre, ainsi elle vivait avec l’héritage de ses premières années de vampire et tâchait de faire revivre certaines choses ? Cela pouvait se comprendre, certains auraient sans doute fait d’autres choix, mais une certaine constance dans l’existence pouvait être bien, surtout quand on avait la capacité de vivre plusieurs siècles, supposa t-il.

Puis elle lui renvoya la question, pourquoi être champion, duelliste et mercenaire ? Supposa t-il, après tout il y avait certaines choses pas encore sut. Il répondrait donc en partie sincère, même si évidemment il ne dirait pas tout, mais tel était la vie d’un agent Eïlynsterien, surtout qu’évidemment si elle savait, ça présenterait aussi bien des risques pour elle, que pour lui.

« Je suis un guerrier doué et j’ai toujours été passionné par les arts du combats, pas par la violence en elle-même, du moins pas dans le résultat sanglant que peut avoir un affrontement, mais dans la danse des épées, l’état de transe que peut atteindre le maître épéiste quand son talent est poussé à bout par un duel ou un affrontement difficile. Quant on ne fait qu’un avec sa lame, son bouclier et qu’on agit autant par instinct, que par réflexion. Ainsi courir le monde pour des duels et combats difficiles et un moyen de me surpasser et apprendre. » Tout simplement et ce n’était pas faux, même si en vérité ce n’était pas uniquement pour devenir meilleur qu’il faisait ainsi.

Quoiqu’il en soit ils arrivèrent donc à la demeure qu’ils louaient, une petite résidence luxueuse avec un grand jardin dans lequel ils se rendirent. Un jardin aménagé pour s’y entraîner, donc ne croulant pas sous les décorations fragiles et précieuses…

« Bon, je pense que nous pouvons commencer dès maintenant mon amie ? Nous allons faire un peu de pratique avec un sort simple, que vous ne maîtriserez qu’avec de l’entraînement, mais ça ne peut pas empêcher de faire un essai. Le sort de duel de volonté, pour tenter de sonner un adversaire en usant de votre esprit comme une massue mentale... » Il s’enroulera alors autour de sa propre queue comme pour s’asseoir, ce avant de dire calmement.

« Asseyez-vous, concentrez-vous, comme si vous méditiez… Prenez votre temps. » Il laissera alors la vampire faire, puis dirait. « Sentez votre magie, celle qui vous parcoure, canalisez là vers votre âme, lentement, puis concentrez là… Ouvrez les yeux, regardez moi et projeter moi brutalement cette magie dessus. Ne vous inquiétez pas, je ne risque pas à votre niveau de sentir grand-chose. Cela et puis, ce sort n’est pas mortel. » Il attendrait alors qu’elle le fasse.

Sort utilisé:

Vittoria souriait finement aux paroles de son allié, lui donnant quelques idées qu'elle gardaient secrètes pour le moment. Tout en le laissant parler, elle parcouru son regard aux alentours pour apprécier le paysage, non sans prêter une oreille attentive aux paroles de son compagnon Naga. Alors qu'ils arrivèrent à la demeure du serpentin, Vittoria répondit, avec un ton très légèrement motivé par une certaine excitation enthousiaste à l'idée de s'exprimer de cette manière.

Ainsi donc vous vous voyez comme un danseur martial, échangeant avec son partenaire de manière vive, intime, les lames s'entrechoquant de manière telle qu'un balet élégant. Mhh. C'est assez attrayant comme idée, je dois dire, vous avez pour sûr plus de finesse que la majorité des mercenaires de bas de gamme sachant tenir une épée comme un couteau à beurre. Une fois cela dit, je serais curieuse de m'engager dans une de ces danses avec vous, à l'occasion, mais nous en reparlerons.

Elle finit par acquiescer au Naga, prête à passer à l'entraînement. Elle prit une inspiration, se calmant sans grand mal, pour respecter les directives du Naga.

Ainsi, elle s'asseya au sol, sur ses jambes à genoux, en reposant ses mains sur ses cuisses. Son bâton tenu en travers, elle ferme les yeux pour se laisser aller à un état de calme spirituel, tentant de ressentir sa magie. Inerte, sans un bruit, elle resta là quelques secondes pour s'essayer à exercice et canaliser l'énergie magique qui affluait en elle.

Ainsi, elle se concentra sur son âme, prenant le temps de l'approcher, de mêler cette énergie avec la force qu'elle représentait. Ouvrant alors les yeux pour relâcher cette énergie concentrée, elle fixa Amset en cherchant à percevoir l'énergie affluant de son esprit.

Amset écouta avec une calme appréciation son amie faire part de sa curiosité quant aux pratiques martiales du naga et son désir, de peut-être un jour, certainement sans doute pensa t-il, de pouvoir se mesurer à lui en terme martial. Pourquoi pas en effet, pensa t-il ? Leurs armes étaient bien différentes, mais ce n’était guère une gêne bien au contraire, on pouvait beaucoup apprendre d’un style de combat différent du sien, en s’y confrontant, ainsi il répondrait avec doux amusement reptilien à cette idée.

« Si danse vous désirez exécuter avec moi, je n’ai rien contre mon amie, au contraire, mais en effet nous en rediscuterons. » Après tout ils avaient d’autres choses à faire, comme mener à bien une leçon que devait offrir le naga à la vampiresse ! Ce à quoi ils s’exécutèrent avec une certaine, application dira t-on ?

Bien entendu on voyait que c’était un entraînement sur les bases de ce sort, car en situation réelle, Vittoria devrait convoquer la magie, même sans pouvoir prendre le temps de méditer, en un instant, mais comme on ne maîtrisait pas un sort en claquant des doigts, il fallait évidemment y aller étape par étape. Et bien entendu, après ces exercices si, une période d’exercice de son côté…

Et Amset aurait de quoi être légèrement satisfait du premier essai de son amie car il sentit en effet quelque chose picoter son esprit, ce qui était un début et qu’il énoncera.

« Hum, c’est un bon départ, la suite consiste à arriver à éjecter plus de magie d’un coup contre mon esprit, sans qu’elle ne se disperse, mais cela va nécessiter un certain nombre d’essai... » Ils travaillèrent donc là dessus, inlassablement et avec application, jusqu’à ce qu’Amset estime que son amie ait fait des progrès suffisants, avant de demander, un peu philosophique, en se relevant, ce alors qu’il devait sans doute réfléchir à la suite.

« Sentez vous en usant de vos sorts, votre magie qui s’écoule dans votre corps, pour qu’ensuite vous le modeliez comme bon vous semble ? Ce flux obéissant à votre volonté seule ? Car n’est-ce pas cela l’un des principes essentiels de la magie, le contrôle de l’énergie magique par sa volonté ? »

Vittoria était calme et posée, apte à répondre aux entraînements et sollicitations de son ami. C'était une bonne élève, calme et rigoureuse, elle avait la volonté de s'investir dans ces exercices et donner le meilleur d'elle même, à juste mesure, pour simplement s'endurcir et se perfectionner. Elle prit alors le temps de s'exercer, inlassablement, ce qui de la part d'une vampire n'était guère étonnant, et finit par s'arrêter à la demande d'Amset, se redressant à son tour. Elle restait sans respiration, ne prenant pas la peine de le simuler en la présence de son ami, avant d'acquiescer légèrement, comme compréhensive aux paroles du Naga.

Oui, je le comprend. C'est un concept que je maîtrise par le combat, et que je m'efforce de perdurer. Un enseignement propre au monastère, sans aucun doutes, qui consiste à... Sentir le flux de sa force pour asséner ses coups. Le mouvement, l'élan, l'allonge, tout réside dans la manipulation de cette énergie, chaotique à l'origine, mais extrêmement efficace si bien dirigée.

Elle se mit alors à doucement fermer les yeux, entamant une chorégraphie martiale avec son bâton, d'une élégance propre à ce genre d'art. Glissant un pied sur le sol, elle ramena son bras le long de son corps avec fluidité pour une position initiale, avant d'entamer une série de postures s'enchaînant dans le plus grand des calmes, une sorte de rituel fluide et sans interruption, si bien que l'on peut deviner la masse d'énergie que la moniale emporte dans le moindre de ses mouvements, avec précaution.

Tout réside... Dans le calme absolu... Une patience, maternelle. Le mouvement, emporte l'énergie... La concentre, la manipule. Elle peut être lourde, ou aussi légère qu'une goutte d'eau, et lorsque l'on sait faire ça, il suffit...

Elle laissa échapper un soupir pour accompagner son effort, avant de subitement ouvrir les yeux pour relâcher son énergie accumulée qui, sous la forme de l'art spirituel que Vittoria maîtrisait, s'était bel et bien concentrée sous la forme de magie, et projeta la force de son esprit contre celui d'Amset avec une certaine vélocité, brute mais maîtrisée.

Parler d’un concept quotidien ou presque pour la moniale semblait plutôt une bonne idée, car cela l’inspirait. Bien ! Car la magie était autant de l’entraînement, de la connaissance des théories, que de la volonté pure, la volonté d’imposer à la réalité un résultat par son esprit et la manipulation de l’énergie magique. Faire de la magie était bien des choses, dont un exercice de volonté constant et exercé, par sa volonté on imposait au monde un résultat.

Et il y avait des manières d’intégrer le nouvel exercice mental que représentait le lancement d’un sort, selon la dit sort, le domaine magique concerné et l’individu. Sans doute que pour un sort de nécromancie visant à convoquer une entité gardienne sépulcrale, il n’aurait pas du tout fait le même genre d’exercice, mais là il laissa donc Vittoria entamer une certaine gestuelle.

Bon, plus tard en situation réelle il faudra se passer de toute cette gestuelle, mais là ça convenait parfaitement et Amset regarda donc calmement faire, avec le stoïcisme propre à beaucoup de nagas, n’étaient-ils pas après tout le peuple au sang froid ? Du moins aussi bien littéralement, que métaphoriquement parlant, après tout ils restaient des reptiles.

Il laissa donc faire, écouta ce que Vittoria aurait à dire et fut légèrement surprit, sans doute en partie intentionnellement, quand après avoir bien canalisée la magie, elle la projeta soudainement sur lui. Probablement pour plus d’effet ?

En tout cas, le choc fut plus éloquent que la précédente fois pour le naga, même si ce dernier se sentit seulement brièvement secoué par cela, mais c’était très encourageant ! Le sort était mieux maîtrisé et l’effet plus efficace, bien… Restait peut-être maintenant à faire un peu de théorie ?

« Bien, bien c’est un bon progrès. Maintenant abordons un autre sujet… Selon vous, quel genre d’utilité à un tel sort ? Il ne fait pas de véritable dégâts, mais peut sonner un adversaire voir le neutraliser très courtement, en plus il est rapide à lancer. » Il voulait voir quelle imagination elle pouvait avoir à ce sujet, même si les idées les plus évidentes restaient bien aussi.

Vittoria semblait satisfaite, et plutôt contente d'avoir rapporté, avec succès, la magie à cette pratique qu'elle maîtrisait plus que suffisamment. De toute évidence, il lui faudra davantage d'entraînement pour lancer des sorts rapidement sans avoir besoin d'incanter plus que nécessaire, mais c'était un bon début que de réussir à palper ces énergies, même en prenant le temps. Alors, elle était plutôt confiante, motivée à l'idée de rendre fier son professeur et de perfectionner sa pratique, ses connaissances. L'apprentissage était un divertissement fort agréable pour la vampire, qui voyait déjà une opportunité de passer de longues et passionnantes journées.

Puis, elle se redressa, calmement, alors que la fin de l'exercice fut marqué. Elle avisa Amset pour saisir ses paroles, ses intentions, l'air plutôt encouragée à l'idée qu'Amset puisse apprécier sa petite performance et l'encourager en ce sens, alors qu'il embraie directement sur une question qui ne semblait pas particulièrement anodine pour le moment. Elle l'écouta, comme avec son habitude écoute, acquiesçant légèrement avant de répondre.

L'utilité d'un tel sort ? Outre ce que vous venez de citer, j'imagine qu'il peut servir à projeter son propre esprit hors de son corps, dans un objectif de perception. Après tout, si l'on arrive à faire ça, on pourrait temporairement parvenir à se détacher du monde réel ? Voyager telle une âme errante l'espace de quelques instants, pour mieux apprécier son environnement et capter ce qu'une âme peut capter. Qu'en pensez vous ? Les âmes ont elle une perception meilleure ou moindre de celles habituelles ? J'imagine qu'il y a moyen de creuser à ce sujet. Sinon j'aurais dit que la projection peut être aussi utile pour étreindre l'esprit de l'adversaire, cherchant à l'apaiser, le conforter. Quelque chose somme toutes utile pour semer une certaine confusion sans pour autant étourdir, et se faire passer pour une alliée, comme une intuition suggérée.

Amset était évidemment plutôt satisfait des bons débuts de son élève qui avait du potentiel, il n’avait donc aucune inquiétude à ce sujet pour l’avenir. Resterait donc au cours de leur voyage en commun, d’aider Vittoria à faire éclore davantage ce potentiel, ensuite il lui ferait confiance pour en user au mieux. Après tout, avoir un grand pouvoir impliquait de nombreuses responsabilités souvent, car on attendait dans la plupart des sociétés que les mages contribuent au bien commun ou mettent leurs pouvoirs au service de la collectivité.

Quoiqu’il en soit, il posa une question et eut une réponse qui lui donna doucement à réfléchir… De la part de la moniale évidemment, celle-ci avait une certaine imagination en effet.

« Ce n’est pas vraiment l’application première du sort, mais ça peut être une évolution de ce dernier que vous pouvez tenter de développer à votre usage personnel. La maîtrise de la magie de l’âme permet après tout une certaine maîtrise de sa propre âme. » Ce avant de dire pensif.

« Je ne pense pas que les âmes ont une perception particulièrement meilleure que celle d’un corps physique, mais elles sont immatérielles et éthérées, ce qui a un avantage. » Avant de semblant réfléchir à la dernière.

« L’idée d’éteindre un autre esprit est sans doute possible, mais je ne sais pas si ce sort ci est la meilleure piste à emprunter pour arriver à ce résultat, néanmoins c’est un usage possible de cette magie. » Amset sembla, alors réfléchir, ce avant de dire pensif.

« Si vous désirez, affecter une autre âme, il y a un autre sort que vous devrez apprendre à maîtriser prochainement, qui peut être utile. Laissez moi faire une démonstration... » Le naga incanterait alors calmement, pendant un temps, puis libérerait la magie accumulée d’un geste. Ce alors qu’il tentait de diffuser un très léger sentiment « d’apaisement » dans les environs, il dirait alors.

« Qu’en pensez vous ? Ce n’est pas très subtil ou discret, mais un sort pouvant affecter de multiples cibles dans un rayon assez large, donc ça ne manque pas d’utilités... » Selon son imagination évidemment.






Sort utilisé :

Spoiler:

La vampire écouta attentivement les avis et réactions de son partenaire sur ses propositions, qui lui permettaient très facilement de saisir les tenants et aboutissants de cette magie, comme elle fonctionne et en quoi elle ne peut pas fonctionner. Il y avait donc une certaine logique, comme tout, que Vittoria commençait à apprécier sur tous ces petits détails qui la constituait. Alors, l'oreille précautionneusement tendue aux paroles de son ami, elle acquiesça brièvement, de temps en temps, pour appuyer sa compréhension.

Ce n'est que par la suite que les choses se renforcent, alors qu'Amset semble vouloir embrayer sur la démonstration d'un nouveau sort. Observant, avec détail, les gestes et l'énergie affluant autour du Naga, elle constata avec un certain plaisir les effets bénéfiques de la magie de son mentor. Lui générant un tendre et agréable sourire, elle acquiesça de nouveau avec tranquillité.

Eh bien... Voilà une agréable surprise. Donc on peut altérer l'âme, autant de manière négative - ce que j'imaginait sans soucis - que de manière positive et bienveillante. Une facilité, je n'en doute pas, bien que j'imagine que l'utiliser à outrance poserait un problème... Conséquent. Ce même s'il est utilisé de manière positive. Généralement, altérer sur les âmes et esprits, d'une manière ou d'une autre, a forcément des conséquences. J'imagine que le centre névralgique de notre expertise réside dans l'utilisation juste et à bon escient de la magie de l'Âme.

Ce qui me fait poser cette question ; comment réagir lorsqu'il y a une mauvaise réaction ? Y a-t-il un moyen de neutraliser une situation, une procédure de sécurité pour stabiliser et limiter les conséquences aggravantes ? Que ce sois provoqué par nous même - ce que je ne souhaite pas - ou un mage malfaisant. Après tout, je pense que ce serait utile en ce sens.

Après l'utilisation de son sort, Amset écouta calmement son amie faire part de ses pensées au sujet de tout cela et du thème de la magie de l’âme, ce sur quoi le naga embraya d’un air pensif.

« La magie transformiste permet d’altérer le corps comme si c’était un argile que l'on modèle de sa main, cela n’a souvent que des effets temporaires, à quelques exceptions. La magie de l’âme fait un peu de même, mais avec un autre matériau. Un matériau très intime à chacun, tout comme son corps je suppose. Il peut y avoir des conséquences à l’altération des âmes en effet, même si souvent temporaires et très souvent indirects. Par exemple si on inspire la colère à quelqu’un, que ce dernier frappe... » Dira Amset pensif, avant de glisser simplement.

« Un mage peut toujours aisément annuler ses propres sorts, plus ou moins rapidement selon la complexité de ce celui-ci, mais il n’y a quasiment aucune conséquence que vous ne pouvez annuler par quelques efforts, sauf celles funestes. Par contre, il est plus complexe même si faisable, de neutraliser les effets du sort lancé par un autre mage. » Néanmoins, le naga ajouterait rassurant.

« Néanmoins, il y a toujours moyen de compenser, tant que les conséquences n’auront pas été trop définitives. Je pense donc que vous en serez fort capable mon amie, si la nécessitée que vous agissiez en ce sens arrivait. » Ce avant de reprendre pragmatique.

« Après bien entendu, en respectant une certaine retenue, vous pouvez user de cette magie pour imposer la paix, plutôt que de devoir recourir à la force. Par exemple si quelqu’un s’en prend à vous, imposer votre volonté à lui par cette magie pour empêcher que le sang coule ne pose aucun problème. Cela reste plus souhaitable que de faire couler le sang, surtout si les conséquences sont temporaires. » Après tout, même si une retenue s’imposer, certains sorts gardaient leur utilité.

« C’est un outil, comme votre corps quand vous vous battez je suppose. Votre corps étant un outil que vous maîtrisez bien au niveau martial ? » Une intéressante perspective qu’il soulevait là ?

Amset était, de toute évidence, un professeur efficace et intéressé. A partir du moment ou son élève, comme Vittoria, était investie dans son apprentissage et présentait une curiosité enthousiaste, il n'y avait aucun doutes sur le fait que le Naga ait envie de poursuivre ses explications et même d'approfondir davantage certaines notions. Le parallèle entre la magie de l'âme et la magie transformiste était avisé de la part du partenaire de la vampire, vampire qui acquiesça longuement en saisissant d'autant plus l'essence même de cette magie somme toutes unique.

Fort intéressant. Il y a donc des utilisations communes et brèves, mais je perçois tout de même un intérêt pérenne à user de la magie avec souplesse. Je pense qu'avec de la pratique je m'intéresserait à la complexité de ce qu'il est possible de faire, et peut être même être capable de moduler la magie avec aisance et lui donner autant de facettes qu'une âme peut faire montre... L'idée me plaît en tout cas. Quoi qu'il en soit, je reste motivée à apprendre à vos côtés, et curieuse de repousser les limites de mes capacités pour explorer celles de la magie.

Elle acquiesça pour elle même, de nouveau. C'est que ses paroles étaient sincères, sans aucun doutes, et qu'elle était véritablement motivée de s'investir corps et âme dans la magie de l'âme.

Je prend note, considérer les options pacifiques ne sont pas des plus faciles pour quiconque, mais je pense parvenir à apprendre à repérer les opportunités. Quant à cette idée... Oui, je comprend. Mon corps est un outil permettant de focaliser la force et l'esprit, et maintenant j'apprends à user de l'âme comme un outil. Un exercice que j'ai usé il y a de cela quelques années pour mon corps, en effet... Vous avez raison, cela me correspond bien.

Le naga appréciait enseigner à quelqu’un d’intéressé par ses leçons, d’autant plus quand c’était une amie qui ne le payait pas pour cela ! Après tout il offrait souvent ses services de maître d’armes à de riches marchands duchéens contre argent comptant. Par contre, il n’offrait quasiment jamais, même depuis peu ses services d’instructeur dans l’art de la magie de l’âme, après tout c’était un art magique qui était resté pendant fort longtemps secret et connut seulement de son peuple. Et maintenant qu’il avait été révélé, il importait évidemment de ne pas l’enseigner à la légère aux non nagas, qui finiraient de toute façon par s’y intéresser et en apprendre davantage...

Amset se fit aussi la réflexion que c’était là un héritage plus ou moins ambigu de leurs anciens maîtres, c’était eux après tout qui avaient créés cette magie, puis enseignés celle-ci aux nagas. Et si jamais la race serpentine arrivait à se débarrasser pour de bon de ses anciens maîtres… Cela resterait avec eux, aussi bien comme don et savoir leur étant utile, qu’héritage d’une époque bien moins libre. Mais qu’importe, l’heure n’était pas à la réflexion sur ces temps anciens…

« Vous avez de la discipline en tout cas, c’est une bonne chose pour une mage de l’âme, car il faudra toujours vous en souvenir, quelque soit la manière dont vous usez de cette magie c’est cela qui compte aussi, votre discipline d’esprit et la force de votre volonté. Que ce soit pour que la magie fasse ce que vous désirez ou quand nécessaire, imposer votre volonté à vos adversaires. » Finira t-il sinon par dire amusé, avant d’ajouter sérieux.

« Il faudra que vous continuiez ce travail mon ami, celui visant à renforcer votre esprit et votre mental, ce par des entraînements fréquents et solides, je suppose qu’une moniale comme vous le fait par des exercices physiques et diverses méditations de toutes sortes ? » Ceci dit, le naga sourirait pour ajouter finement.

« D’ailleurs une fois cela fait, que diriez-vous d’une petite sortie à deux en ville ? » Après tout ils avaient encore bien des choses à se dire à partager avant leur voyage commun.

La vampire faisait montre d'un sérieux dévolu dans l'exercice, chose qui n'était même plus à prouver lorsque l'on la connaissait. Rigoureuse, attentive, intéressée, toutes des qualités qui représentaient l'attitude de la moniale quand elle était dans ce genre de situation, en apprentissage. L'atteinte de la perfection par le travail tout en restant modeste et motivée... De l'exercice, long et régulier, pour toujours acquérir de nouveaux réflexes, connaissances et méthodes tout en renforçant celles acquises.

Un mental d'acier, probablement pas cependant. La moniale faisait preuve d'une force d'esprit plutôt supérieure, mais il était sans aucun doute possible de trouver des personnes pouvant passer outre. Mais cela faisait, bien entendu, partie des risques, et seul le travail pouvait permettre, peut-être, de mieux le renforcer et se préparer à ces situations.

Quoi qu'il en soit, l'exercice du jour avait été fort fructueux pour la moniale, qui en sortit avec une satisfaction non dissimulée. Le moment avait été plutôt agréable, formateur, tout ce dont Vittoria pouvait apprécier. Puis, son ami l'encouragea dans cette voie, ce à quoi elle répondit par un hochement de tête respectueux, et lui proposa de sortir en ville.

Un tendre et fin sourire apparut sur les lèvres blafardes de la vampire, très discret mais réel, alors que son regard pétillant et désireux de connaître la suite se plongea dans celui de son partenaire.

C'est une proposition que j'accepte volontiers. Le verre de tout à l'heure était très appréciable, pour sûr, mais je dois avouer que cela manquait... Davantage.

Elle fit disparaître son bâton, enfila son fidèle manteau de cuir et fit prête à sortir. Toujours habillée de manière pratique et sobre, elle ne changeait pas, mais se permit d'ajouter.

L'on pourrait visiter la ville, et puis se trouver un endroit ? Peut-être de l'amusement, de la musique ou de quoi découvrir les spécialités culinaires locales. Qu'en pensez vous ?

L’entraînement était terminé et avait été plutôt satisfaisant, aussi bien pour le maître que l’élève, après tout y avait-il de satisfactions plus grandes que celle de voir les graines de l’enseignement que l’on avait offert, déjà commencer à germées ? Non, quoiqu’il en soit le naga n’avait aucune raison d’être lassé, et sans doute que ce ne serait que la première leçon étant donné qu’il comptaient commencer voyager de temps en temps ensemble. Sans doute qu’il pourrait aussi demander quelques enseignements en retour d’ailleurs, mais au pire cela attendrait...

Maintenant, après l’effort, le réconfort ? Du moins, c’est-ce qu’il entendait de la part de pas mal de mercenaires après leur contrat. Pour sa part en tant qu’Eïlynsterien il appellerait plutôt cela le repos du guerrier avant la prochaine bataille, mais il avait sans doute une façon de penser un peu trop martiale de bien des manières.

Et il vit rapidement sinon que sa proposition intéressait son amie qui sut comme d’habitude à la fois montrer le fait que l’idée lui plaisait, avec une certaine affection et un certain calme qui le mettait à l’aise. Après tout en tant que naga, même si Amset était plutôt bavard et faisait l’effort de ne pas paraître froid, il n’était pas à l’aise avec les réactions soudaines et très émotives. Quelque chose de calme, sincère et affectueux lui convenait parfaitement. Et correspondait sans doute en partie à ce qu’il aurait put attendre de la part de bien des femelles de sa propre race.

« Les spécialités culinaires locales ? Vous désirez boire mon sang après que j’ai bu ? » Dira t-il sinon légèrement amusé, après tout les vampires ne pouvant pas manger de la nourriture, la seule manière de profiter de ça pour elle serait à la limite par son intermédiaire de consommer un peu d’alcool. Ce avant de reprendre plus sérieusement et avec une douceur serpentine. « Il y a des théâtres, des foires et des monuments à découvrir dans ce genre de ville, nous n’aurons qu’à y aller un peu. Nous pourrons au passage discuter un peu et vous me dire comment ça se passe pour votre monastère, mon amie ? » Après tout c’était devenu le grand projet de son amie ces derniers temps, donc il supposait qu’en parler lui ferait plaisir, vu que par nature ça lui tenait à coeur.