Quelque part sur les routes, Duchés du Sud
20 Junon 2000 de l'âge d'Acier,



Ah ! C'est bons vieux Duchés... Combien d'années s'étaient écoulées depuis ma dernière visite ici ? Je ne les comptais plus. Ce n'était pas non plus ma première journée en ces terres depuis que j'étais revenu en Orzian. Ca faisait déjà plusieurs jours. J'avais eu une mission, donnée par mon Impératrice, à mener et je l'avais déjà accomplie. Oh ! Je n'ai pas envie d'en dire plus, ce n'est pas le sujet. Et puis, de toute façon, c'est moi qui raconte ! Si vous voulez des histoires où vous pouvez influer, aller suivre une histoire d'un être lambda. Ici, c'est le Kitsune de Saphir qui raconte, on se tait, on écoute et on admire, on fantasme.
La mission étant menée à bien, là, c'était du bonus et aussi... un petit peu une prolongation de séjour aux frais de Saeki ? Oui, Carrément. Mais j'avais tout de même une bonne raison, un raison valable. Toujours est-il que j'ai choisi cette date pour une raison particulière, une qui mérite d'être mentionnée. Pour moi en tout cas. Reprenons.

C'était une belle journée, une de celles où la Nature est en fête. Vous savez ? Les oiseaux chante, les feuillages dansent, encouragés par de petits vents taquins et le soleil brille. Oh aue oui il brillait et peut être un peu trop à mon goût. Encore une fois, c'était mon point de vue personnel. Il est de notoriété publique que je n'aime pas la chaleur et là, j'avais chaud. Trop chaud. En quoi est-ce important ? Eh bien parce que... Tout simplement, lorsque j'ai chaud, j'ai cette fâcheuse manie de me mettre torse nu, surtout lorsque je ne fais pas usage de la magie pour réguler ma température. Ca et le fait de me sentir plus à l'aise. Et tout ceci allait jouer son rôle dans à peu près...

"Mais v'la c'que nous avons ! C'est ti pas un beau specimen de Kitsune perdu sur nos routes ça ?

"C'pas fô ! Vu son minois, y a moyen d'en tirer un bon paquet."

"Ouaip, tu l'as dit. Il est plutôt beau le sal** ! Tu crois que c'est un de ces nobles d'Ikhyld ? "

"Pouah ! A moitié à poil comme ça, ce doit être un gigolo. C'est peut être un esclave en fuite, on peut se le faire"

" Euh... Excusez-moi mais je vous entends et...."

"Et alors ? Cours mon lapin, on va bien s'occuper de toi. On va prendre notre temps et après, on te revendra à un gentil acquéreur qui les aimes comme toi", se gaussa-t'il.

" Comme moi ? C'est difficile, il n'y a pas plus beau que moi et je suis un renard, ce serait plutôt à vous de courir, non ? Les lapins courent plus vite que les renards parce qu'ils courent pour leurs survie."

Mon regard s'était fait menaçant. Je les fixais avec animosité, comme un renard prêt à bondir sur deux petits lapins, se demandant lequel allait y passer en premier. Ces deux mercenaires me semblaient un peu imprudents mais je l'étais peut être moi-même. Je me ravisais, continuant tout de même de concentrer mon mana pour une éventuelle porte de sortie en fanfare. Ils me les fallait vivants pour mener mon projet à bien, si possible, en confiance.

"Ce qui veut dire ? "

"..."

Ils se regardaient perplexes.  Des lumières ! Chouette !


"Je me rends, ne me faîtes pas de mal, je vous prie, j'ai juste tellement peur, on m'a volé mes vêtements et un homme a essayé de me violer. Il disait que j'étais à son goût. J'ai eu si peur mais vous, vous avez l'air plus gentils. Je ferai tout ce que vous voulez."

"Il nous prend pour des cons ?"

"Bah demande-lui !"

"Eh le bleu ! Tu te payes nôt' tête là!? "

" Bah oui !" avais-je lâché, haussant les épaules, la tête inclinée sur la droite, les paumes vers le ciel. "Et donc ?"

"On le bute ! non... on le ramène au chef, ne l'abîme surtout pas."

Les deux mercenaires qui m'avaient barré la route s'étaient mis en mouvement. Gardant la pause, l'air ingénu, je les observais alors qu'ils glissaient lentement, épées en mains, de part et d'autre de moi. Leur chef, voilà ce qui m'intéressait. En espérant qu'il soit plus futé que ça. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander comment des Kitsune pouvait se faire avoir par ça. Peut être la peur. A coup sûr c'était la peur car ils ne pouvaient décemment pas tomber dans un piège tendu par ce genre d'individus.

"Tu vas nous suivre, d'accord ? Si tu fais le malin on risque de te faire un gro' bobo !"

Un gros bobo ? Sérieusement ? Quel cliché de bandits * J'avais tellement envie de rire mais je me retenais. J'avais alors hoché la tête. Je levais les mains en guise de reddition. En apparence. Ils n'étaient plus qu'à quelques pas de moi, hésitants, prudents, à l’affût du moindre geste suspect. Ils n'étaient peut être pas si bête après tout...

Leur mission à Sarrasi terminée, Osonia et les siens s'étaient bien entendu remis en quête de diverses contrats. On avait déjà portée à l'attention de la Tacticienne Céleste les premiers contacts qui devaient l'amener finalement une nouvelle fois vers le nord, traquer un thérianthrope zeta particulièrement dangereux et sa meute, mais pour l'heure ils accomplissaient une petite mission de protection plus routinière pour un bourg d'ordinaire tranquille, mais soumis en ce moment à des attaques d'une bande de pillards Azuriens. L'idée était de dissuader durablement ceux-ci de s'en prendre au dit village, et pour l'instant cela ne se passait pas trop mal, à la grande satisfaction d'Osonia, d'ailleurs. C'était une mission routinière, mais payée correctement – même si rien d'affolant – et qui avait le mérite de les maintenir en forme entre deux engagements plus importants... après tout la vie d'une mercenaire n'était pas faite que de grandes batailles !

Quoiqu'il en soit, Osonia était ce jour-là en patrouille, et visait donc majoritairement les cieux, non tout ce qui pouvait se passer au sol. Après tout, on était dans les Duchés, et des ennuis de toutes sortes pouvaient toujours survenir, impliquant toute sortes de gens ! En général, quand elle n'était pas payée pour ça, elle se gardait bien d'intervenir, mais il y avait des cas néanmoins ou cela n'était pas possible. Une ferme ravagée par un groupe qu'elle pouvait mettre en fuite, par exemple, des gens qui s'en prenaient à des enfants innocents, ou ce genre de choses. Comptaient aussi dans celles-ci l'idée de voir deux bandits s'attaquer à un Kitsune sans défense, et qui les avait sans doute attiré pour la couleur particulière de ses cheveux et donc sans doute de ses poils une fois transformé.

Si la mercenaire aimait bien des choses de sa patrie d'adoption, l'esclavage n'en faisait pas partie, et quelque chose au plus profond de l'Ikhyldienne de naissance qu'elle était se révoltait contre l'idée du rapt de Kitsune seulement pour leur beauté et leur exotisme. Alors qu'ils s'approchaient de plus en plus de lui, l'un d'entre eux vit alors une flèche se ficher entre ses pieds, le faisant reculer de quelques pas avec un cri de surprise... cri auquel l'autre ne fit guère attention, car un cri bien plus puissant vint du ciel : celui d'un Griffon qui fondait sur lui. Il recula beaucoup plus pour le coup en se mettant en garde, si bien que finalement la bête ailée pu se poser devant le renard bleu, barrant la route aux brigands s'ils voulaient revenir à la charge, la demi-elfe en armure draconique, belle et terrible, sur son dos.

" Je hais l'engeance esclavagiste de votre espèce, sales chiens, mais je ne tue pas pour le plaisir. Allez-vous en maintenant et vous aurez la vie sauve, sinon vous serez le prochain repas de ma monture ! "

La voix d'Osonia avait tonné, belle et claire. Les brigands pouvaient la reconnaître, ou non, avoir peur de son arc elfique qui tenait déjà une autre flèche encochée, ou non. Dans tous les cas, ils seraient encore plus stupides qu'ils n'en avaient l'air s'ils tentaient de braver son Griffon...

Les hommes ne semblaient pas décidés à passer à l'action. Maintenant qu'ils étaient de part et d'autre de moi, ils s'étaient mis à avancer prudemment, lentement, leurs épées en main. Ils avaient beau être stupides, leurs postures trahissaient leur excellente maîtrise de leur art. Ils n'étaient pas idiots en maniement de lames. Je tiquais. Loin de les avoir sous-estimés, je me disais simplement qu'il n'y avait rien de plus dangereux que deux idiots experts dans un art martial. Toutefois, c'était à double tranchant. Je ne pouvais pas attaquer de front mais ne pouvais pas non plus les laisser prendre l'initiative. Je ne voyais qu'une seule chose à faire qui puisse me permettre de prendre un léger avantage.


Un son fin et aiguë vint chatouiller mes oreilles renardes. Une fraction de secondes plus tard, même pas le temps de cligner des yeux qu'une flèche s'était plantée aux pieds de celui sur ma gauche. Il avait bondit en couinant et s'était mis à reculer comme un beau diable. Reculer n'était pas tout à fait le terme mais l'idée était là. Il s'était décalé puis avait reculé, repassant devant moi et donc, revenant d'à peu près d'où il venait. Je poussais un soupir de soulagement même si je n'en étais, pour l'heure, pas totalement rassuré non plus. Cette flèche ne m'avait pas été destinée. Peut être le fait d'un bon samaritain qui passait pas là ou si la malchance s'en mêlait, un plus gros prédateur encore. Je n'avais toutefois pas le temps de me perdre en cogitation intempestive puisque dans la même foulée, un cri bien plus aiguë et plus fort encore, strident même, retentit, me faisant grincer des dents.

*Un Griffon !?*

Je m'en extasiais tout seul, oubliant presque où j'étais alors qu'il se posait devant moi, faisant barrage de son corps majestueux. Mes agresseurs d'un côté,  moi de l'autre, je commençais à jubiler lorsqu'une voix me rappela sur terre. Féminine et plutôt belle. Une voix claire mais ô combien autoritaire et sûre. Je grimaçais. Mes prunelles célestes semblant enfin accepter de me laisser transparaître la propriétaire de cette voix. Non, je ne grimaçais pas parce qu'elle était moche. Non, vraiment, je vous assure. De toute manière, comment aurai-je pu en juger bande de petits malins ? Elle me tournait la tête. A part ses beaux cheveux de jais à reflets bleutés, aussi longs que les miens à priori... Je ne pouvais pas vous dire grand chose de sa beauté. J'avais fais la moue car je réalisais qu'un griffon ne tirait pas de flèches et qu'il avait donc un propriétaire. Ce qui me rendait un peu jaloux. Oui, juste un peu. En fait, envieux. Donc, je reprends...  Ah oui ! L'inconnue faisait face aux deux zigotos et ne pouvant les voir, je parvenais tout de même à les entendre, ce qui donnait ceci :

" Purée, c'est... c'est Tu-Sais-Qui ! "

" La chef ? "

" Ouais la cheffe !  "

" Bah on fait quoi alors ? "

" J'sais pas pour toi, mais moi, j'veux pas clamser ! "

" Ouais, t'as raison, il a beau poil mais ça ne vaut pas nos vie, on se casse ! "

" Oui, c'est juste dommage parce que sa couleur est rare mais des beaux et belles kitsune ça ne manque pas. On ne vous veut aucun problème madame, vous en faites ce que vous voulez, on ne savait pas qu'il était à vous. On pose les armes et s'en va, ne nous tuez pas ! "


Je ne voyais pas mais ce que j'entendais me faisait frémir. Lorsqu'ils avaient parlé de déposer les armes, je m'attendais à leurs épées en mains. Au troisième, je m'étais dit que par précaution, celui qui avait prononcé les dernières paroles, avait décidé de jeter celle à sa ceinture. Puis il y eut ces bruits, plus légers mais tout aussi métalliques. Des dagues ? Je ne savais pas et ne voulais pas savoir. Des Klings, il y en eut pendant un long moment, plus que je vous en ai énoncé. Je grimaçais de nouveau, frémissant. Étaient-ce des bandits ou des armureries ambulantes ? Combien d'armes pouvaient-ils porter sur eux et surtout, d'où les avaient-ils sorties ? Les poils de mes queues s'étaient hérissées avant que ces dernières ne tombent, en berne. Je capitulais. Lorsque toute l'agitation se fut apaisée et que j'estimais qu'ils étaient déjà bien loin, je m'approchais un peu plus, d'un pas léger et dénué de malice quelconque. Je ne voulais pas offenser la majestueuse et fière créature ailée, ni même faire peur à sa cavalière.

" Je suppose que je vous dois une fière chandelle, à moins que vous ne désiriez vous aussi me mettre la main dessus.  Dois-je vous remercier et vous aduler en tant que ma sauveuse, ma noble Dame, ou dois-je y voir un tour de passe-passe d'un vilain transformiste qui tenterait d'endormir ma vigilance et dans ce cas précis, prendre la fuite même si face à une aussi belle et divine créature, il en va de soi que c'est perdu d'avance, n'est-ce pas Madame la Cheffe ?"

J'avais les bras levés en signe de reddition, un sourire aux lèvres mais je restais alerte. J'étais prêt à déployer ma magie, n'ayant pas encore déterminé la nature de cette inconnue.  Les paroles des deux hommes étaient trop vagues. Leur cheffe ? J'en doutais mais ce n'était pas impossible. Une rivale ? Possible. Autre chose ? Fort probable. Les possibilités étaient nombreuses...

Osonia ne s'attendait pas vraiment à ce que les deux bandits opposent une réelle résistance. Il fallait bien dire qu'ils étaient dans une position très désavantageuse, et n'avaient pas vraiment l'air d'être de cette étoffe dont on fait les héros capables d'affronter un Griffon les armes à la main, surtout avec un arc elfique plus que mortel pointé sur eux, une flèche déjà encochée. Toutefois, ils en opposèrent moins encore que prévu, et au lieu de cela se livrèrent à une réaction assez comique, devant laquelle la belle Demi-Elfe dû se retenir pour ne pas sourire ouvertement. Il était vrai que les brigands venaient souvent des couches les plus modestes de la société duchéenne – surtout les brigands bas de gamme comme eux – et avaient donc parfois des parlés et des réactions assez... uniques. En tous cas, elle resta impassible le temps qu'ils aient décampés.

Elle ne s'attendait pas forcément non plus à ce qu'ils abandonnent un petit monticule d'armes diverses derrière eux, et en fut presque mal pour eux vu le prix que représentait tout cet équipement pour des petites frappes de ce genre. En d'autres temps, la douce guerrière aurait pu faire preuve de mansuétude, mais en l'occurrence leurs paroles sur les Kitsunes ne l'y incitait guère, et elle les laissa donc détaler en ayant perdu un beau petit pécule en équipement, même s'il ne fallait sans doute guère espérer que la leçon leur profite. Ce fut à ce moment que le Renard qu'elle était venu sauver se rappela d'ailleurs à son souvenir en se rapprochant de sa monture et en prenant la parole. La majestueuse créature se retourna à moitié vers lui, assez pour se présenter de flanc et ainsi poser un œil sur lui mais sans totalement tourné le dos à la direction d'où étaient partis les voleurs, tandis que sa cavalière, qui avait légèrement bougé et surtout tourné la tête pour en effet continuer à regarder fuir les brigands jusqu'à ce qu'ils soient hors de vue, commençait déjà à répondre.

" Ne vous en faites pas, comme je l'ai dit je hais toutes cette engeance esclavagiste... c'est pour moi une maladie qui infecte ce beau pays. Enfin... et je ne comprend pas vraiment vos histoires de Kitsune. Je suis une Demi-Elfe, et vous pouvez m'appeler Osonia. "

Sur ces derniers mots, elle se tourna vers lui tout en ôtant le casque de cuir léger qui protégeait son front au combat, révélant son beau visage aux traits doux et purs, dans un mouvement ondulant de ses longs cheveux sombres, et cependant que son beau regard d'améthyste s'abaissait pour se poser sur le Kitsune. Elle était à la fois belle et impressionnante vue ainsi, la lumière du soleil la baignant doucement sur le dos de son Griffon, et elle lui sourit doucement en le voyant les mains levées, comme attendrie, tout en déposant son arme devant elle en signe de paix – un signe de paix relatif bien sûr, mais on ne survivait pas aussi longtemps en faisant son métier sans savoir se montrer prudente en toutes occasions.

" Allons vous pouvez baiser les mains, rien ne sert ni de vous rendre ni de m'aduler, ahah ! De simples remerciements suffirons... d'autant que je vous avoue que j'ai agit simplement sur l'impulsion du moment en voyant ces deux imbéciles sur le point de vous capturer. Vous ne m'avez pas engager pour cela, donc vous pouvez me payer d'un simple merci, ahah ! "

Les mains levées, prêtes à lancer un sort, tout autant que j'étais prêt à me transformer pour fuir, au mieux, pour me battre, au pire, j'observais ces deux êtres qui se trouvaient devant moi. Prudent, je n'avais toutefois pas le sentiment qu'ils eussent représenté une quelconque menace pour moi mais ne savait-on jamais. Combien de fois m'étais-je retrouvé dans des situations où mon pire ennemi était l'être auquel on s'y attendait le moins ? La vie d'espion autant que celle d'Arcane aventurier m'avaient marquées, me laissant quelques mécanismes de défense automatisés, profondément inscris en moi. Le temps me paraissait long, de plus en plus. Je ne savais pas pourquoi, sur le moment, mais j'avais une étrange sensation, un indescriptible pressentiment. Le griffon venait de légèrement pivoter, me faisant ainsi frissonner, non pas de terreur mais d'admiration de sa majestueuse existence. Une belle créature, à n'en pas douter. C'était un très beau griffon, un des plus beaux que j'avais vu jusqu'ici. A son attitude, on sentait qu'elle avait une certaine expérience et je sentais qu'elle restait sur le qui-vive. Ces deux là ne devaient être des vétérans du combat, c'était à parier, d'autant plus que sa cavalière persistait à ne pas vouloir me faire montre de son faciès toujours rivé sur le point de fuite potentiel des deux hurluberlus qui avaient décampés, comme si elle tenait à s'assurer de leur fuite totale.

Elle avait alors pris la parole et sa voix semblait plus douce qu'auparavant. Délicieuse, agréable à l'oreille, mes oreilles ne purent que s'agiter, enthousiasmées par ces sont que produisaient cette bouche que j'imaginais attirante. Envoûté ? Oui car c'était une belle voix et qu'en tant que kitsune, non, en temps que moi, je n'étais pas insensible à tout ce que je trouvais beau. Toutefois, non, je ne l'étais en même temps pas totalement, juste que mon imaginaire s'emballait autant que sa voix affolait mes oreilles. L'inconnue qui n'en était plus une puisqu'elle m'avait gracieusement donné son prénom, Osonia, se retournait enfin, ôtant par la même sa protection et libérant sa chevelure sombre en un mouvement ondulant qui me paraissait magique, captivant et fatal. Piégé ? Non, on ne pouvait pas me piéger ainsi. J'avais de la ressource, vous savez, le maître de la retraite évasive... Mes yeux céruléens se détachaient de ce spectacle et se plongeaient alors dans une mer aux reflets d'améthyste. Beau, captivant, envoûtant. Piégé ? Oui je l'étais ! Une beauté simple et complexe à la fois. Des traits sculptés par l'association des plus expertes mains d'artistes, une bouche bien au-delà de ce que mon esprit avait bien voulu me présenter et des yeux... A croire qu'elle avait été faite sur commande. J'étais statufié, le monde s'était arrêté.

"Une... Demi-sonia ? Hmm hmm ! Oui, c'est... C'est... très jolie... non, belle... Euh.... Oui... Enfin... si ! Euh... Non ! Merci ! Enfin, je crois...", avais-je balbutié. Je bafouillais, me perdant dans mes propos ainsi que dans mes pensées et ce, tout autant que je perdais en contemplation admirative. Je ne la dévorais pas des yeux comme un homme le ferait d'une femme qu'il désire, non, c'était plutôt le regard d'un être touché par la grâce artistique, saisi par la beauté de l'oeuvre qu'il contemplait.

Comme saisi par ma stupidité, frappé de plein fouet par ce qui se déroulait, mon esprit s'était remis en route, mon cerveau tournait à plein régime et la preuve ? Mon visage devint écarlate, tant et tellement que même Grande Sœur Saeki se serait incliné devant moi. Pourquoi ? Parce que je devait avoir le visage tellement en feu que je paraîtrais pour un élémentaire de feu, pour peu que mon pelage soit raccord. Je baissais les mains vivement, les arrêtant en route afin de me gifler les joues à quatre reprises avec vitesse et sans réelle force avant de secouer vivement la tête comme si j'expulsais tout ce qui s'y passait. Je ne pouvais effacer ce qui m'avait échappé mais ce n'était su'un détail.

"Mille excuses pour cet égarement passager Dame Osonia. Aoyuki, touché par votre grâce et vous remerciant pour votre aide mais ce n'était pas réellement nécessaire vous savez. Enfin... C'st fait alors nous n'allons pas nous plaindre. Savoir qu'il existe encore de pareilles âmes est un motif valable en somme... " Je me perdis quelque peu dans mes pensées avant de surgir à nouveau. " Ne vous ai pas payé ? Hmmm... Une mercenaire ? Une gentille mercenaire et si j'en crois les mots de deux charmants messieurs qui tentaient de me charmer, vous êtes une cheffe mercenaire, c'est cela ?"

Mon index et mon pouce gauche vinrent épouser le bas de mon visage afin de souligner et appuyer ma méditation. J'avais résonné à haute voix. Mes queues dansaient derrière moi, gracieuses et coordonnées, bougeant à l'unisson, comme si elles étaient contrôlées par ma respiration. Les yeux rivés sur Osonia, j'évitais toutefois son regard, ayant pris un point précis pour cible, son nez. Oui, son nez si... ERREUR FATALE ! Je sombrais de nouveau, mon esprit, mon âme et je ne savais trop quoi encore, en fait, tout ! Oui, Tout ! Tout était aspiré. Elle prenait le dessus et ce, même si c'était involontaire, ce que j'en convenais.