Un beau jour de 1987; Duchés du Sud, quelque part en ville.

Je trépigne d'impatience. Pourquoi... ? Euh, oui, je sais Naghi, je sais pas ce qu'est cette mission, j'vais p't-être... Ok, ok, je me calme. On verra de quoi il s'agit avant de trépigner...

Je suis enfin arrivée dans la demeure de... Euh... C'est quoi déjà son nom à lui ? Bref, on s'en fiche. De toute façon, je le retrouverai bien sur le tas. J'entre donc dans sa grande maison, et une fois dedans, je vois des gens qui m'observent bizarrement.

« Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?
- Hum... J'ai rendez-vous... Avec le maître de maison.
- Vous êtes ? »

J'observe l'homme qui vient d'arriver et je souris. Je pense que c'est mon homme. Richement habillé, droit comme un "i", petites lunettes rondes et un air... Je ne saurais même pas décrire son air avec mes mots. Peut-être un mélange de regard richeton - si tant est qu'il en existe - avec un soupçon de... Hé, mais c'est moi où il a l'air de me regarder de haut ??? Bon, certes, j'suis pas très grand. P't-être que c'est lié aussi...

« Karma O'Barai.
- Suivez-moi, mercenaire. »

Hm. Je crois que c'est pas que lié à ma taille en fait. Il imaginait sûrement un gros orc baraqué comme une armoire à glace. Ou un grand elfe gracieux et svelte. Mais à la place il a... Un chat qui marche debout. C'est cent fois mieux, j'vous l'dis !
Je suis donc l'homme dans la demeure, observant les décorations sur les murs, au sol et sur les espèce de poteaux. C'est... Riche ? Bah ouais, un peu quand même.

« Prétentieux. Faut étaler sa fortune dans les Duchés. Si t'es pauvre, t'es naze, si t'es riche, t'es cool. Sans thune, t'es à la ramasse. »

Je souris à la remarque d'Arezu. L'homme ne l'a pas entendue, puisqu'elle ne se montre pas à lui, mais elle a raison.

« Hé Karma... J'suis sûre que si tu lui pique ce joli œuf d'or, il va même pas le voir... »

Ouais, mais voler les gens qui me payent ne va pas jouer en ma faveur. Ceci dit, j'avoue que l’œuf devant lequel elle s'est arrêté est très joli. Et qu'il serait du meilleur effet dans ma poche. Mais... Non ! Je dois suivre ce type, sans écouter Arezu. Zara est d'acco-... Mais qu'est-ce qu'elle fiche devant cet œuf ? Rha, je suis entouré de rapaces !

Finalement, l'homme s'est arrêté devant une porte, me faisant signe d'entrer. J'ai réussi à ne rien voler, sans céder aux divers arguments d'Arezu. Et j'ai appris que le type que j'avais suivi n'était pas le chef, ce qui m'a fait le détester un peu plus. Le maître de maison était un homme tout aussi chiquement vêtu mais... Peut-être plus simple dans ses manières ? Enfin, comme s'il revenait de loin. Bref. Il m'a donc parlé de ma mission, me demandant donc de "m'occuper" d'un homme-poisson. Il voulait que Reol Aquila perde son plus beau trophée. Un truc de jalousie ou quelque chose dans le genre, je crois. Enfin bon. Il m'a dit que je pourrais faire ce que je voulais du trophée, le tuer, le manger, - sans doute parce qu'un poisson peut jouer le rôle d'un casse-croûte pour un chat - le libérer... Bref, j'avais carte blanche. Il m'a dit également que je pourrais faire ce que je voulais dans la demeure d'Aquila. Que de choses intéressantes !
C'est pour tous ces "faites ce que vous voulez" que j'ai accepté la mission, quasiment sans réfléchir. Et me voilà désormais devant la maison de ce Reol. En train de réciter une incantation.

« Retrouve la lune sombre,
Viens, Ô demoiselle des ombres.
La lumière n'existe pas sans obscurité,
Alors efface les ambiguïtés,
Dans les cœurs les plus froids,
Mets-y un peu de chaleur, juste une fois.
Âmes sans but, âmes noctambules,
Laissez place aux somnambules... »

La transformation de Zara prend ensuite quelques secondes avant de s’exécuter, et j'observe finalement le gros lézard ailé devant moi. Je rappelle Naghi et Arezu dans ma tête, afin qu'ils ne dérangent pas, puis je pose ma main sur la tête de la dragonne noire. Après quelques nouvelles secondes, on se retrouve dans les ombres, alors que la demoiselle trace son chemin dans les couloirs.
Elle essaie pas mal de chemins aléatoires sans quitter les ombres, avant de réussir à trouver la salle où les esclaves sont enfermés. Je sors de l'ombre avec la dragonne à mes suites, et une dizaine de regards tombent sur moi. Je tente un sourire rassurant, observant chaque personne ou créature dans la salle. La plupart se contentent de me dévisager sans rien dire, comme s'il s'agissait de poupées. Certains se demandent probablement qui je suis et ce que je fous ici, alors je demande :

« Hm, bien le bonjour ici. Veuillez pardonner mon arrivée soudaine, mais je cherche hum... C'est quoi déjà son nom, Zara ?
- Miraëlis Aquila. C'est bien vous ? »

Elle a les yeux fixés sur le gros poisson à moitié humain, et je tilte à peine son existence. Zut, si j'avais su et vu, j'l'aurais direct embarqué.

« Je... Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? »

Le petit - gros - poisson semble effrayé. Erf. C'est vrai que Zara doit faire assez flipper. C'est un petit dragon, voire un petit cheval, carrément, mais elle est quand même assez intimidante. Que ce soit pour sa noirceur ou bien pour le simple fait que ce soit une dragonne, elle n'est pas banale. Je souris en imaginant sa réaction face à Naghi enragé. Gain de quarante centimètres, passage d'un mètre vingt à un mètre soixante. Gabarit qui augmente aussi, épaisseur des muscles et tout le tralala. 'Fin bref, arrêtons là pour l'explication.

« T'inquiètes, petit poisson, ni Zara, ni moi te ferons du mal. J'ai été payé pour te sortir de ta merde. Enfin, de ce bocal au moins. »

J'observe le truc en verre qui enferme le triton. Soit on casse tout, soit j'passe par l'entrée qu'on doit trouver quelque part. Faut bien le sortir des fois. Je suppose. Il va bien me l'expliquer, de toute façon. Faut juste que je réussisse à l'apaiser. Et apaiser aussi tous ces énergumènes qui s'excitent. Je fais un signe à Zara pour qu'elle retourne dans l'ombre, afin d'avoir un problème de moins. Quant à moi, je me serais bien changé en poiscaille pour pas trop déranger les autres différentes bébêtes, mais faudrait rentrer dans l'aquarium de Mira. Et pour ça, faudrait d'abord qu'il se calme. Je veux pas risquer de me prendre une baffe si jamais il s'énerve. Mais cela dit, j'ai quand même quelque chose à faire pour ne pas continuer à exciter les gens - animaux - qui m'entourent.
Aussi, je me transforme en mouche et vole jusqu'au bassin du triton, ce avant d'envoyer un Murmure - pour ceux qui ne savent pas, il s'agit d'un son, choisi par l'invocateur, que l'on créée quelque part - dans l'aquarium de Miraëlis Aquila :

« Je suis toujours là, petit poisson, juste moins visible. J'aimerai éviter de rameuter tous les gardes du coin. Donc autant éviter d'exciter tes compagnons d'infortune. Tu peux parler normalement, je t'entends sans soucis. »

Voici une bonne chose de faite. Plus qu'une chose.

« Appelle-moi Karma, et dis-toi que je viens t'aider. Tu voudrais voir le monde de dehors ? »

J'ai dit ça comme ça, et j'entends le rire d'Arezu dans ma tête. Tu crois qu'il sait ce que c'est ?, me demande-t-elle. J'en sais rien, mais bon, si c'est une carte à jouer, autant le faire. Je ne souhaite pas m'éterniser ici.

Woa, je pensais pas qu'une telle flippe, ça pouvait exister. S'il avait pu, je suis sûr qu'il se serait transformé en microbe pour ne pas à voir ce qu'il venait de voir. En soit, c'est assez amusant, mais ma forme de mouche ne me permet pas de faire un sourire amusé, ce que j'aurais volontiers fait en d'autres circonstances.
Mais finalement, l'hybride prit de grandes inspirations avant de marquer une pause, puis de me demander.

« Très bien Karma, tu dis vouloir m’aider, mais comment puis-je être sûr de ta bonne foi ? Qui me dit que ce n’est pas un piège ? Qui t’a payé ? »

Je souris. Enfin, j'aurais souris si j'avais pu. Mais une mouche n'ayant qu'une trompe à la place de la bouche, je ne peux pas. Stupide forme. T'as de la chance d'être utile sinon je... "Tu te rends compte que tu parle à une forme ? C'est toujours toi qui choisis." Chut Arezu, tu me déconcentre. "Oh l'autre, hé." Parenthèse terminée, je finis par envoyer un second Murmure pour répondre au demi-poiscaille :

« Tu ne pourras jamais être sûr de la bonne foi d'un mercenaire. Je sais que ça ne m'aide pas, mais c'est la vérité. Cela dit, si ça peut te rassurer, te sortir de là me fera gagner de l'argent ainsi que de la réputation. Et c'est ce dont j'ai besoin. »

Oui bon, d'accord, la première partie ne m'aide pas vraiment. Mais à dire vrai, j'ai une mission, et je me contrefiche d'avoir son accord ou pas. Je veux ma réputation et mon argent, moi, c'est tout. Je n'ai aucun réel intérêt à me trouver une excuse, puisqu'en soit, j'ai l'intention de le ramener, dans tous les cas. "Même si tu devais le tirer par la peau du c... De la nageoire ?" Parfaitement Arezu.

« Quant au "piège", ce n'est pas mon intention. Tendre un piège à ton maître, peut-être, mais pas à toi. J'en aucunement l'intérêt. »

Et c'est l'entière vérité. Je ne vois pas pourquoi je devrai lui tendre un piège. Le type m'a dit d'en faire ce que je veux, tant qu'Aquila ne remette plus la main dessus. J'aurais pu le tuer, mais je ne veux pas. Savoir que mon nom circule comme étant un assassin sans scrupules ne me convient pas. Je ne suis pas un tueur ! Voler ne me dérange pas, kidnapper, comme là, pas forcément, mais tuer... Disons que c'est loin d'être la chose que j'aime le plus au monde. Je le ferai à condition de ne pas... "Et blablabla, et blablabla. T'as une autre réponse à lui donner, abruti." Hm, oui, pas faux.

« Et pour savoir qui m'a payé, désolé mon grand mais secret professionnel oblige, je ne peux pas te répondre. Puis de toute manière, je doute que tu le connaisse. Mais lui ne veut pas le bonheur de Reol Aquila, en tout cas. Sans doute comme un paquet de gens. »

C'est comme le secret médical, c'est professionnel ! Un médecin n'a pas le droit de parler de ses patients, et un mercenaire ne donne pas gratuitement les noms de ceux qui l'ont payé. Enfin, en général. "Avoue que tu te rappelles plus de son nom." Oui aussi, Arezu, mais tais-toi. J'ai une autre carte à jouer pour attirer sa confiance. En toute logique, du moins.

« D'ailleurs, mon employeur m'a demandé de faire de toi ce que je voulais. Si j'avais eu l'intention de te tuer, tu le saurais déjà. »

"Tu es le serviteur de la vérité Karma. C'est beau." Rhaaaa, je me demande si j'ai bien fait de te garder...

HRP:

À ma dernière phrase, un sourire plutôt ironique apparaît sur les lèvres du poisson. Je suppose qu'il se rend compte que j'ai raison, et qu'il se dit qu'il peut me faire un minimum confiance.

« Ok Karma, je vais te suivre, fais-moi sortir d’ici. »

Je souris. Parfait, le gros poisson mord à l'hameçon. "C'est une phrase qu'on utilise quand on tend un piège, ça, Karma." Ah oui... Euh, regarde ce qu'il observe, Arezu !

« Il y a une traque d’accès là, dans le grillage, tu pourras peut-être la forcer. Seul mon maître en a la clé à l’heure actuelle. Sinon tu peux toujours briser les parois, je ne sais pas de quoi tu es capable. Mais attention, trop d’agitation ici pourrait déclencher les surveillances magiques. De même, on ne pourra pas passer la porte sans déclencher l’alarme. »

J'opine du chef. Pour la porte, il n'y a aucun problème, Zara est toujours cachée dans l'ombre, et elle attend mes ordres. Il me suffira d'un peu de temps pour qu'elle nous avale avec elle, mais pas assez pour déclencher un surplus d'agitation. En théorie. Quant à la trappe, il n'y a aucun problème. Aussi, je m'envole afin de me placer à côté d'elle, alors que le poisson ajoute :

« Ne t’inquiète pas pour moi, je peux respirer hors de l’eau et je pourrais aussi me déplacer, je ne serai pas un poids mort pour toi. »

Je hoche encore une fois la tête, en me disant que je n'y avais jamais pensé. Puis je reprend ma forme originelle, le plus discrètement possible, afin de ne pas trop attirer l'attention des bestioles autour de moi. J'invoque alors le nécessaire afin de crocheter une serrure, ce en ignorant superbement les possibles alarmes que ça pourrait activer. On verra bien.

« Zara, on aura peut-être pas beaucoup de temps. Prépare-toi aussi, le poisson. »

Je sais que Zara est prête à sortir de l'ombre, mais elle ne le fait pas. Elle n'a pas envie d'attirer l'attention des autres poissons, elle non plus. Et sa forme étant plus remarquable que la mienne, elle a tout à fait raison. En moins d'une minute, la trappe est ouverte. Zara sort alors de l'ombre, juste à côté de moi. Je tends la main au poisson, l'aide à remonter, et dès qu'il est bon, je pose la main du poisson sur les écailles de la dragonne, avant d'en faire de même. Ainsi, dès que Zara peut, elle rentre dans les ombres avec nous.

« Contact avec Zara de dix secondes, désolé si ça te dérange, mais on a pas le choix. Zara tu bouge pas dès qu'on est dans l'ombre. »

Sur ces mots, je décide d'en rajouter une couche. J'imite le cri du singe, quatre fois, avant de rentrer dans l'ombre. Les quatre créatures invoquées n'ont pas reçu énormément de puissance, mais suffisamment pour ne pas être spectrales, et elles attendent mes ordres. Je ne leur en donne pas encore, mais invoque encore trois singes, avant de leur donner l'ordre mental de faire un maximum d'ennuis.
Puis je me reconcentre sur la demoiselle des ombres et le poisson, qui ne doit plus sentir son corps devenu immatériel, avant de lui expliquer :

« On est dans une ombre, tout ce que tu diras pourra être entendu par les gens de l'extérieur, donc s'il y en a, évite de parler. Sauf si je te dis le contraire. J'vais essayer d'attirer les gardes et compagnie le plus loin possible, afin de permettre une évasion tranquille. Pendant que j'y pense, tu dois récupérer quelque chose ou pas ? »

Certains singes se mettent à embêter les poissons, alors qu'un groupe de quatre sort de la pièce, activant l'alarme au passage. Ceux qui embêtaient les bestioles finissent par les rejoindre, et des cris commencent à résonner dans les couloirs.

HRP:

Je vois l'homme-poisson qui réfléchit une seconde, et Zara ne se déplace pas. Elle attend patiemment de savoir si l'on doit emmener quelque chose d'autre, afin de savoir quelle direction prendre. Et puis de toute façon, on a le temps. Pour l'instant, les singes gueulent et cassent des choses, aux sons qu'on perçoit ici, et les gardes arrivent en courant. C'est tout ce dont a besoin.

« Est-ce qu’on pourrait emmener quelqu’un de plus ? Si on pouvait retrouver mon mentor et s’échapper avec lui… »

J'opine du chef. On est que deux. Y a largement la place pour quelqu'un d'autre. Au maximum quatre personnes en me comptant. Plus énergivore, mais parfois utile. Reste plus qu'à trouver ce "mentor" et le tour est joué. Je n'ai pas le temps de lui demander où est-ce qu'il se trouve puisque je le vois serrer des points en se mordant la lèvre.

« Je sais que je t’en demande beaucoup… Mais si tu voulais bien m’accorder ce service, s’il te plaît Karma, ordonne à tes singes d’ouvrir le plus de cages possibles. Certains arriveront peut-être à retrouver forme humaine… »

Je souris avant d'hocher la tête. Je laisse deux nouveaux cris de singes s'échapper de ma gorge, cette fois de gorilles. Plus d'énergie, mais plus intéressant pour ce qu'il me demande. Les gorilles ont certainement plus de force que des saïmiris - puisqu'il s'agit là du premier groupe de singe invoqué. J'ordone à mes deux nouveaux compagnons noirs de détruire les aquariums et de libérer un maximum de poissons et créatures marines, avant de me concentrer à nouveau sur Miraëlis.

« Bien, ces gorilles vont les libérer, mais la suite ne dépendra que d'eux. J'ai été payé pour TE libérer, pas eux. Et puis je ne peux pas tous me les trimbaler. Magiquement c'est impossible, Zara ne tiendra pas le coup. »

J'en ai peut-être trop dit, mais bon, tant pis. Chose faite, chose inchangeable. On ne revient pas sur ses paroles comme on veut. Puis de toute manière, ça ne lui sera sûrement jamais utile.

« Je veux bien emmener ton mentor, mais lui et uniquement lui. Cela dit, rien n'est gratuit. Je te rends ce service, tu m'en rendra un autre, lorsque je ferai appel à toi. Et n'aie pas peur, je saurais m'en souvenir. C'est d'accord ? »

Zara attend toujours aussi patiemment les ordres. Elle sait qu'il s'agit encore de l'endroit le plus sûr, mais si jamais des gens venaient à venir, je lui fais suffisement confiance pour s'éloigner. "Cette mission va nous mener loin." Oui Arezu, mais tais-toi s'il te plaît.

Je jette un oeil en direction de l'oiseau qui nous survole, avec un sourire. D'un certain côté, il ne pourra que rendre notre fuite plus simple. Qu'il attire les gardes si ça lui chante. De la même manière que pour les poissons ! Je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité en en voyant certains se tordre dans tous les sens pour essayer de retourner dans l'eau. Sûrement que certains vont mourir. Par ma faute. Certes à la demande de Miraëlis, mais également par la mienne. Si j'avais dit non, il serait certes encore comme des zombies, mais vivant. "Tu préfère quoi ? Être esclave au paradis ou libre en enfer ?" C'est vrai Naghi, t'as pas tort sur ce coup-là. Personnellement, je choisis sans hésiter le second choix. Cela dit, ça m'ennuie de tuer des poissons sans vie. C'est un peu du meurtre gratuit, si tu veux. "Tu leur offre l'occasion de s'enfuir et d'avoir une vie meilleure, bouffon. Ils avaient qu'à essayer de garder leur partie humaine intacte quand ils en avaient l'occasion. S'ils meurent, c'est autant ta faute que celle de Mira, de ces bestiaux et de leur geôlier." Tu marque aussi un point Arezu. Mais bon, de toute manière, on a d'autre chats à fouetter.

« Bien sûr, c’est ainsi que cela fonctionne n’est-ce pas ? Un prêté pour un rendu ! »

J'opine du chef. Parfait. Au moins il comprend la valeur des choses, et c'est un bon point.

« Par contre, je dois t’avouer que je ne sais pas où mon mentor se trouve actuellement, je ne l’ai plus vu depuis des semaines à vrai dire… Et je ne sais même pas où il loge habituellement… »

Je marque une moue. Ce détail ne va pas nous aider, ni nous faire gagner du temps. Mais bon, on a pas vraiment le choix. Zara semble le comprendre puisqu'elle se met alors en route, défilant rapidement entre les salles de la demeure. Le voyage dans les ombres est rapide, et c'est tant mieux. Lorsqu'on croise des gens, la demoiselle des ombres ralentit, comme pour attendre une réponse positive de la part de Miraëlis. Mais personne. Personne ne semble répondre au doux nom de "mentor". Au bout d'un temps qui me semble être une éternité à rechercher ce type, Zara finit par s'arrêter dans un coin en solo, et je demande au poisson :

« T'es sûr qu'il est ici ? Il peut pas être sorti ? »

Non pas que chercher m'ennuie, mais plutôt que j'ai pas forcément l'impression qu'il est là. Ou alors, il a changé de tête et a profité de la cohue pour s'échapper sans que Mira' ne le voie. "Mais bien sûr." Hé, ça se tient ! S'il a des pouvoirs transformistes ? "Certes."

Le petit gars semble être secoué par le trajet, puisqu'à peine stoppé, il respire plus bruyamment. Je souris en attendant qu'il reprenne son souffle, et lorsqu'il me répond, il a les yeux fixés sur le sol.

« Je ne sais pas, peut-être… J’espère. »

J'opine du chef. C'est plutôt logique, il n'avait pas l'air de savoir au début, ça n'a pas changé. Est-ce qu'on essaye encore de chercher ou est-ce qu'on se tire ? La solution la plus intelligente consiste évidemment à s'en aller. Mais est-ce également la meilleur pour ce type ? Aucune idée. Mais après tout, on ne sait pas où il est. "Le gamin l'a pas vu depuis des semaines, qu'il a dit... Tu crois qu'il pourrait être mort ?" Je ne sais, et à dire vrai, tu soulève un excellente question Arezu. Peut-être que Aquila s'est débarrassé de lui, de n'importe quelle manière possible ou imaginable. Mais je n'ose en parler à Miraëlis, afin de ne pas causer plus de soucis psychologiques qu'il n'en a déjà. "J'ai toujours aimé regardé des nouveaux dans les ombres. C'est une situation très amusante !" Aussi drôle que toi, miss.

« J’espère qu’il est parti oui. Ce qu’on va pas tarder à faire aussi je suppose ? »

Il a relevé la tête avant de finir sa phrase, et je souris. Son excitation est palpable et je réponds immédiatement après lui :

« Oui, on va suivre la voix de la sagesse et s'en aller ! Mieux vaut éviter de se faire chopper si près du but. En plus, mes singes vont sûrement se faire attraper. Ils disparaîtront lorsqu'on sera sortis, pour ceux qui n'auront pas déjà été éliminés. Et Zara, s'il n'y a personne, éjecte-moi à l'entrée et tire-toi avec Miraëlis. Je vous rejoindrai. »

J'aimerais laisser un petit quelque chose de moi. Histoire de montrer que je suis là, que j'existe. Enfin, c'est peut-être mal dit, mais c'est plus ou moins ça quoi. "Qu'est-ce que tu dirais d'un joli petit mot affiché sur un mur ?" C'est une bonne idée. Je le laisserai sur la porte d'entrée. Ce sera bien là. Enfin, si y a personne, évidemment.
Sur ces mots, la dragonne me répond affirmativement puis elle s'éloigne rapidement, afin de rejoindre la sortie. Elle s'arrête à l'entrée, et comme le couloir nous semble vide, pour le moment, elle fait ce que je lui demande. Enfin, elle semble vouloir le faire mais se ravise. Elle sort hors de la maison, se place dans un endroit à l'abri, et nous sort tous les trois de l'ombre.

« Mieux valait éviter de rester à l'intérieur et se faire chopper. Tu retourne là-bas si tu le souhaite, mais au moins tu seras prêt à agir. »

Après les dix secondes de rematérialisation, que je compte, je m'éloigne directement, avant de me stopper devant la porte.

Jolis poissons, beaux oiseaux...
Saumon fumé et poule au pot !
Mes singes vous ont causé des soucis,
Pour vous ça sent le roussi.
J'embarque votre trésor,
Afin qu'il vive au-dehors...
Mais pas de panique,
Il est unique !
Ne le cherchez pas,
Vous ne lui manquerez pas.
Il saura se rendre invisible,
Ce poisson n'est pas comestible !
Un chat vous laisse ce mot,
En profitant du chaos.

Le mot apparaît après quelques secondes, et je fais demi-tour afin de rejoindre Miraëlis et Zara. Enfin, plutôt de passer devant eux en lançant joyeusement :

« On se tire ! »

Mieux vaut s'éloigner au plus vite !

Je vois que l'homme poisson me suit et je souris. C'est qu'il est libre maintenant ! Je ne sais pas ce que provoque cette sensation. J'ai toujours été libre, moi, je n'ai jamais été esclave. Jamais été enfermé dans un prison, même en or. Mais bon, on s'en fout après tout ! Ma mission est réussie, je vais gagner ma somme, un peu de réputation aussi. Et ce petit poisson est en vie. En espérant qu'il survive maintenant, ahah !
Finalement, je l'entraîne dans une ruelle sombre de la ville et tourne entre les passages. Ce n'est pas des plus accueillant, mais ça nous évitera d'être repérés trop facilement. Zara nous suit, et je sais qu'elle veille. "Elle a intérêt, elle est là pour ça !" Exact miss, mais je faisais que soulever ce point. "Tourne à gauche." J'exécute l'ordre de Naghi, et remarque qu'on est dans une impasse. Je me stoppe et me cale dans l'angle, avant de sourire en direction du poisson qui s'arrête. La dragonne se poste à l'entrée, afin de surveiller le passage. Elle veille au grain, c'est ce que je disais !

« Bon, alors j'avais pas vraiment prévu de suite. Mis à part d'aller chercher mon argent. Disons que tout dépend de comment se passe la mission, tout ça tout ça. Je prévois toujours un plan de base, mais la fin est toujours susceptible de changer, tu vois. M'enfin. Tu sais où tu vas aller, ce que tu vas faire ? J'peux t'accompagner jusqu'à un endroit où tu devrais être à l'abri d'Aquila, si tu veux. Mais d'abord j'irai chercher mon argent, comme ça ce sera fait. »

je souris encore. J'connais pas mal d'endroits où il sera à l'abri, mais le mieux c'est sans nul doute chez moi. En plus il pourra y faire un bon repas avant de partir à l'aventure ! Puis j'pourrais lui donner quelques conseils de survie et... "Tu te prends pour une nounou maintenant ?" Hein ? Euh, non Arezu... C'est juste que ça m'embêterait qu'il meure parce que je l'ai libéré. T'imagines la mauvaise réputation après ? Porter la poisse aux gens ? "C'est ça ouais. Cause toujours, j'te crois pas. Tu prends cette histoire à cœur, avoue ! Tais-toi Arezuuuu...

Lorsque l'hybride me répond, je ne cache pas mon sourire.

« Oui, je ne serai pas contre encore un peu d’aide de ta part. Si cela ne te dérange pas trop. Je ne t’en serais que plus redevable encore. »

On voit bien qu'il est perdu. Il ne sait pas vraiment quoi faire et il est comme une rainette dans la mer. Complètement paumé. J'opine du chef, toujours souriant. Je pose ma tête contre le mur, observant le ciel.
Bien, donc on va d'abord aller chercher mon argent. Personnellement, ça m'arrangerait, et pour le poisson ça ne changera rien. Mais y a plusieurs problèmes. Primo, les gens. La rumeur va vite se faire entendre, si trop de gens le voient. "Le poisson d'Aquila s'est échappé" et na na ni et na na na. Deuzio, les copains d'Aquila qui risqueraient de nous prendre en chasse. "T'as qu'à l'habiller." Pas bête.
J'ouvre alors la main devant moi, après m'être redressé. J'invoque un grand manteau à capuche qui, j'espère, devrait convenir à la taille de l'homme-poisson. Une fois ceci fait, je lui tends l'habit, avant de lui dire :

« Bien, alors tu mets ça sur ton dos, tu devrais passer plus ou moins incognito. Oublie pas la capuche. On va aller chez le gars qui me doit mon argent, tu viendras avec moi. Et là-bas tu touche à rien, ok ? Et ça vaut pour toi aussi Zara. »

La dragonne sourit, de son étrange sourire reptilien, mais elle ne dit rien. Elle sait parfaitement que je fais référence à ce très bel œuf sur lequel elle et Are-... "Admets au moins qu'il était beau et que t'aurais voulu le prendre." Chut Arezu ! Je secoue brièvement la tête, afin d'enlever les idées d'Arezu de mon crâne, avant de reprendre :

« Bon, inutile de préciser qu'il va falloir se fondre dans la masse. Les Duchés, c'est pays rempli de mercenaires, et ils sont pas tous comme moi. Pour l'argent, y a aucun de ces types qui rechignerait à mettre la main sur toi. Surtout qu'Aquila vient juste de te perdre, il va pas hésiter à mettre un sacré paquet de pièces sur ta tête. Tu fais ce que je te dis, et tout ira bien. »

Précision certes pas des plus agréabls, mais utile à donner. Mieux vaut prévenir que guérir. Et enfin, avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, je termine :

« Après avoir récupéré mon argent, on va faire un aller direct jusqu'à Vinche, et je t'apprendrai deux-trois trucs pour pas que tu te refasse chopper. Avec un peu d'argent pour bien débuter. Enfin, on verra tout ça sur place. »

"Il veut pas lâcher le petit poisson, le gros minet, hein..." Chut Arezu... Mais dis-toi qu'après tout ça, il aura une dette envers moi ! Profit ma vieille, pense profit ! "C'pas faux."

Pouvoirs utilisés :

Avant d'enfiler le manteau que j'avais invoqué pour lui, Miraëlis changea tout simplement de forme. Je souris alors que l'elfe à la peau brune me surplombe d'au moins deux têtes. Certes il est plus grand, mais j'ai l'habitude de ça. "Minus." Certes. Et puis bon, le principal est qu'il reste caché. On devrait pas trop se faire voir par les gars d'Aquila. Je suis resté hors de leur vue et il cherchent un homme-poisson, dont ils connaissent le visage. Et puis aux duchés, on s'intéresse toujours à son voisin, ça ne sera pas une exception.

« Je serai moins reconnaissable comme ça ! »

Je lui souris en réponse, son sourire fier étant plutôt contagieux. C'est amusant quand même, toute cette histoire.
Lorsque l'on prend la route, je garde un oeil sur mon nouveau compagnon. Il serait un peu bête de le perdre . Surtout vu comment il regarde tous ce qu'il y a. Les gens, les bâtiments, les étals du marché... On voit que tout est inconnu pour lui. C'est peut-être ça qui pourrait nous faire repérer. Son air ahuri, comme s'il venait d'ailleurs. Au pire, je dirai qu'il a été élevé par un ermite. C'est que ça se tient en plus ! J'l'aurais trouvé en forêt, et avec le temps, j'aurais réussi à le faire venir en ville, malgré ses réticences. Bon, voilà au moins un plan de secours si besoin est. "Et t'sais que ça te sera peut-être utile ? Regarde à droite." Je suis les ordres de mon amie avant de remarquer, du coin de l'oeil, ce qu'elle veut me désigner. Effectivement, deux hommes abordant le blason d'Aquila avancent rapidement. Sûrement à la recherche de leur poisson chéri. Ils surveillent les gens, les visages, discutent entre eux... Je n'entends pas ce qu'ils disent, mais lorsque le regard de l'un passe sur moi, il ne s'arrête pas. Il se pose vite fait sur l'elfe émerveillé, mais comme il s'éloigne finalement, je pense qu'il nous a enlevé de sa tête. Bien. Je sais qu'Arezu et Naghi les surveillent tout de même, mais mieux vaut que je me reconcentre. Je n'alerte pas Miraëlis de la situation, simplement pour ne pas l'inquiéter. "Sauf que ça pourrait l'aider à se forger le caractère." Et éventuellement le paniquer et le rendre plus visible. "Admettons." Mieux vaut prévenir que guérir.

Finalement, Zara, Mira' et moi arrivons sans encombre à la demeure de mon employeur. Je n'ai pas le temps d'atteindre la porte que celle-ci s'ouvre, laissant apparaître un portier. Il me salue et je reconnais alors l'homme qui m'a ouvert. Il observe étrangement l'elfe et, d'un signe de tête de ma part, il comprend qu'on est ensemble.

« Mercenaire, le maître vous attend. »

J'observe le majordome qui semble complètement immunisé à caque émotion puisqu'il ne semble rien ressentir en voyant Miraëlis. Pas même du dégoût. Ni même de la curiosité. Si on me disait maintenant qu'il s'agissait d'une simple enveloppe comprenant un automate, je n'aurais aucun mal à y croire.
Je suis alors le majordome dans la demeure, le poisson et le dragon sur mes talons. Je suis quasi certain que son regard dévie sur tout ce qu'il peut voir et son envie de toucher en est presque palpable. Mais je sais que Zara se fera comprendre rapidement si elle le voit dévier.
Une fois arrivé dans le salon du patron, ce dernier a un sourire jusqu'aux oreilles.

« Monsieur O'Barai, je suis ravi de vous revoir ! Mais dites-moi, qui est cette personne ? »

J'opine du chef, avant de désigner le poisson :

« Miraëlis Aquila, en personne. Je pouvais pas le tuer, j'avais jamais vu de sirène de ma vie ! »

J'ai dit ça avec un sourire, légèrement amusé. Soit ce type s'en doutait mais voulait juste en être sûr, soit il ne savait pas. Mais j'opterais plus pour la première option.