L’humain-renard eut ce qui ressembla à un sourire, d’amusement ou de méprit, en tout cas le prix qu’elle avait proposé était purement ridicule.
“Je comptais le mettre aux enchères dans les duchés, ils se vendra bien. Je suis au regret de t’apprendre que cela me rapportera bien plus las bas.”
Une idée, une idée, il lui fallait absolument une idée sans quoi il allait partir. Apparemment, l’inquisiteur était connu comme le loup blanc jusqu’aux duchés. En aucun ce n’était étonnant, en une heure, il s’était fait haïr par la moitié de l’élevage, l’autre moitié était un peu crédule ou un peu fanatique, la population fanatique n’existant pas dans les duchés, il devait juste rendre tous les gens qu’il croisait dingue. Surtout qu’il était plutôt agressif envers les non humains, enfin, c’était un bel euphémisme.
Qu’est ce qu’elle pouvait bien avoir qui valait aussi cher que la montagne d’or qu’un riche parait pour voir détruire Sigismond Bonnenfant ?

“Bien, je te souhaite bon courage, et bonne continuation. Tu pourras remettre ce crétin de Dimitri à qui tu voudras, il m’a mis dans de beaux draps en me faisant miroiter qu’il savait ou était ma petite fille… Quel sal menteur, qu’il pourrisse la il peut bien finir. » et il commença à partir.
« Libère moi ! » tonna le jeune inconnu qui était toujours maintenu au sol par des liens enchantés. « Je vais t’aider à le récupérer libère moi ! Feula-t-il. Dépêche toi ! Moi non plus je n’ai pas intérêt à ce que l’inquisition vienne buter le gérant de l’élevage ! »
La jeune fille fut surprise mais le temps pressait, elle n’avait pas le temps de le questionner, elle se pencha sur ses liens : ses bras étaient bien abimés tant il s’était débattu pour essayer de les ôter seul. Elle fini par les faire céder et le gamin s’enfui en courant après un coup d’œil rageux à Dimitri. Vu la direction où le jeune était parti il devait sans doute compter suivre l’étranger pour lui couper la route à un moment où un autre. Ou bien il s'était juste sauvé.

Ceci fait Mora se remit à réfléchir à ce qu’avait dit le drôle d’humain : il cherchait sa petite fille ? Tout à l’heure le renard la cherchait, enfin il cherchait la fille de Joalina des Marteaux de Givre pour s’assurer qu’elle allait bien et maintenant il parlait de sa petite fille à lui ? Bizarre, il avait dû craquer psychologiquement, ou se tromper car il n’y avait pas d’hybride dans sa famille, il y en avait peut-être dans les bas-fonds d’Androk Kram cependant. Elle n’avait cas faire comme Dimitri et dire qu’elle la connaissait, même si le renard ne tomberait sans doute pas deux fois dans le même piège, peut être que l’envie de retrouver sa famille serait la plus forte. A sa place, elle aurait tout fait pour retrouver sa famille.
« Dimitri n’a pas menti ! Cria-t-elle à l’adresse de l’étranger qui était assez loin maintenant, elle courut vers lui pour le rattraper. Il y a vraiment une famille de Marteau de Givre à Androk Kram. J’en fais partie et je connais vraiment bien Joalina. Je ne l’ai pas dit car je ne vous connaissais pas. Vous cherchez Joalina Sovyan. » Lâcha-t-elle pour tenter de donner une vague crédibilité à son mensonge.

*Amos*

De son côté, le jeune nommé Amos que Mora avait laissé fuir s’était arrêté et, dissimulé dans les fourrés, il les écouta bavacher. La naine était fort mal partie et bien qu’il eu préféré ne surtout pas faire ce qu’il s’apprêtait à envisager, il su qu’il n’avait pas le choix s’il ne voulait pas que son territoire se change en lieu de non vie quand l’inquisition débarquera. Amos se dit qu’il avait deux choix, un particulièrement culotté et dangereux puis un plus simple, qui n’engendrait pas de risques pour lui. Mais si la prise par les sentiments ne fonctionnait pas avec la fille, il eut été stupide d’user de la même technique : restait le choix dangereux.

Douloureux après son passage à tabac par les deux gardes de l’inquisition, il ôta ses vêtements trempés et déchirés puis commença une transformation, des brins de soie grise tombèrent de sa peau et commencèrent à se tisser pour réaliser une sorte de bure. C’était classique et tout individu un peu averti démasquerait tout de suite sa réelle nature au vu des vêtements qu’il venait de synthétiser. Mais il était trop épuisé pour faire mieux, il n’aurait pas le temps de s’immerger dans l’eau pour se soigner et n’avait absolument pas eu le temps de gouter au Teïderien qu’il avait capturé tout à l’heure, ce qui lui aurait redonné des forces. Il créa également un foulard qu’il apposa sur sa tête et se coucha sur le flan pour se métamorphoser.
Tout en initiant une transformation il se demanda qu’est ce qui pouvait bien manquer à ce renard étranger dont la vue l’attendrirait ou lui briserait le cœur ? Cela le rendrait ainsi plus vulnérable afin qu’il puisse récupérer la cage avec le dangereux humain prisonnier. Le kitsune faisait toujours une tête de dix pieds de longs, fait rare pour un individu de son espèce. Allez, il devait bien avoir eu une peine de cœur ou quelque-chose du genre, une compagne ou ancienne compagne devrait être de nature à le toucher.

Le transformiste opta alors pour se changer en un humanoïde femelle typée d’Ikhyld, dissimula ses cheveux à l’aide du foulard car il ne savait pas quel était la bonne longueur ni de quelle race était supposée être la personne qui compterait le plus pour son interlocuteur. Dans le doute, il valait mieux cacher les oreilles. Il ensuite opta pour des yeux sombres, il modifierait subtilement ses traits selon la réaction du renard. Depuis 20ans qu’il chassait sur son territoire, Amos était particulièrement doué pour créer les bons yeux en une ou deux secondes et trouver la bonne morphologie qui le ferait ressembler à une personne en qui ses proies auraient confiance, il était moins rapide pour trouver le reste mais cela était généralement amplement suffisant pour séduire ses victimes.

*Mora*

« D’accord ! d’accord je vais vous y conduire ! » céda Mora, commençant à sentir l’urgence, s’apercevant qu’elle risquait de voir disparaitre l’inquisiteur et d’être le seul témoin de cela. « S’il vous plaît, ne partez pas. L’inquisition sait qu’il était en dans ces marais. Il y a une douzaine de gars à travailler ici. S’ils n’ont pas de coupable, ils les tueront… S’ils ont de la chance bien sûr.
- Je t’en prie, tu ne peux pas faire ça ! » Une jeune femme Ikhyldienne venait d’apparaitre, elle avait une longue robe de soie grise et un voile lui dissimulait les cheveux. Elle avait de grands yeux en amande comme le renard et le même teint que lui. La jeune fille eut l’impression que l’Ikhlydienne changea légèrement, mais, cela ne devait être qu’une illusion d’optique.

Furieux, il se retourna vers elle. La naine lui rendit un regard incrédule. Elle n’avait pas la moindre idée de ce que fabriquait leur interlocutrice. Il ressorti la cage, Mora jeta un coup d’œil au monstre transformiste, elle avait mis du temps à comprendre mais supposait maintenant que c’était une kelpie. La femme leva un regard flamboyant vers elle et se reconcentra sur sa cible. Mora s’avança un peu, l’inquisiteur semblait bizarre dans son bas de robe. La Kelpie s’était approchée doucement du demi-renard d’un air lassif, langoureux et aussi de plus en plus triste.

Hors de lui, L’étranger l’attrapa violemment, faisant tomber sa capuche et libérant de longs cheveux sombre et soyeux. Elle poussa un cri d’angoisse et tomba en arrière et il la plaqua au sol. Face contre terre, elle se retransforma en la forme qu’on lui connaissait plus tôt : un adolescent humain. Enfin, plus ou moins humain. Il avait la gueule entre ouverte et humait l’air, apeuré. Mora ne comprit pas trop sa réaction, le renard avait seulement eu un coup sang. Mais le monstre semblait déceler une odeur qui ne lui plaisait pas du tout, il avait des petits mouvements légèrement spasmodiques comme pour se débattre.
« Excuse-moi ! J’ai eu peur je ne savais pas comment te demander la cage. J’habite ici, si tu le fais disparaître, tu condamnerais aussi ma mère. Elle ne mérite pas un sort aussi horrible. S’il te plait, je t’en prie, laisse-moi la cage. Si tu le fais, je te promets que je t’aiderai à le capturer une autre fois, quand il perpétra ses forfaits loin d’ici. »

Mora le fixa d’un air dubitatif. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’était le lien entre lui et Dimitri, elle commençait à se demander si ce petit homme était aussi innocent qu’il voulait le faire croire. La naine n’en dit cependant rien au cas où son numéro serait susceptible d’attendrir le renard.
« Oui. On te donnera les moyens d’accomplir ta vengeance, c’est promis. Mais pour l’instant s’il te plais, laisse nous la cage. Les miens non plus ne méritent pas ce qui les attend si cet homme disparait. »

Le fléau de l’inquisiteur tomba hors de la cage, reprenant une forme normale. C’aurait été amusant si la situation ne commençait pas à presser. Mora le regarda d’un air dubitatif, il ne pouvait pas essayer de se libérer plus efficacement celui-ci ? C’est fou ça de devoir tout faire tout seul, entre l’inquisiteur qui lâche son arme et le drôle de transformiste qui était particulièrement inutile. Il avait parlé de sa mère, mais il n’y avait pas de femme sur l’élevage, il avait forcément menti, mais comme l’autre, il aurait pu faire mieux tout de même. Franchement, elle n’était pas aidée. L’inquisiteur ouvrit la bouche, cela lui avait manqué ça aussi, horripilée elle n'écoutait même pas son réquisitoire ; Sigismond Bonnenfant, qui faisait un cours de morale, présentait de trop grand risques de provoquer de douloureuses plaies aux tympans.

“Approche.” intima le renard. La jeune fille détourna brièvement les yeux, l’air peu concernés, elle n’avait absolument pas envie de venir vu le traitement qu’avait subit le kelpie. S’apercevant qu’appart elle, plus personne ne pouvait bouger : le renard était sur le kelpie, le kelpie était immobilisée au sol et l’inquisiteur enfermé. Désireuse de débloquer la situation, elle s’avança :
“Prouve-moi que je peux avoir confiance en toi, et je te laisse la cage. En échange, tu ne l’ouvres que ce soir, et je reviendrais la chercher. Je ne te dis pas quand, mais je reviendrais. Et tu as un grand intérêt à avoir les informations que tu m’as promises.” Mora soupira profondément, ne sachant pas quoi dire. Que faire pour que le mensonge ait l’air réel?

“La personne que vous cherchez est très certainement une naine appellée Mora Sovyan.” Murmura-t-elle. “Quand vous reviendrez, je vous la présenterai. Mais ne revenez pas ici, je n’ai pas confiance en mes collègues, allez directement à Androk Kram et restez à la taverne des "Tonnelets D’or". J’ai des contacts avec ces gens, je leur demanderai de me prévenir lorsque vous viendrez, vous êtes plutôt reconnaissable et je vous rejoindrai là bas. Vous n’êtes cependant pas obligé de revenir, je vais vous donner une cage vide sans doute de meilleure facture que la vôtre. Mais je tiendrais ma promesse.”
Finalement, cet individu commençait à l’intriguer, elle voulait comprendre pourquoi il cherchait à tout prix à la retrouver.

HRP:

"Je m'appelle Merla." Répondit la jeune fille. Elle lui aurait bien dit la vérité, un peu curieuse de ce qu'il comptait lui dire pour expliquer son étrange comportement et le détromper sur ses origines. Mais actuellement, le plus important était de récupérer l'inquisiteur puis que le renard parte vite et loin. La naine tendit sa propre cage et attrapa avec soulagement celle de l'étranger qu'elle regarda s'éloigner. La créature transformiste fila dès qu'il le pu.

"Désolée monsieur, je ne peux pas vous laisser sortir maintenant. Vous allez le courser. Imaginez que cette fourbe créature réussisse à nouveau vous piéger. Je ne peux vous laisser disparaître sur ces terres." Mora décidée à ne pas céder aux ordres de l'inquisiteurs, marcha vivement quelques minutes pour retrouver son cheval et rejoignit l'élevage. L'humanoïde devait avoir prit assez d'avance depuis le temps, il allait être temps de lâcher le fauve.

La naine couru dans une zone reculée de l'élevage, contourna une sorte de lac et arriva devant maison de pierres gris anthracite. Mora posa la cage sur un des murets et saisit l'anneau de fonte qui y pendait le claqua à plusieurs reprise contre le bois de la porte.
Ne recevant pas de réponse, elle toqua de nouveau, bien plus fort en criant pour annoncer sa présence. "mais il est complètement sourd" s'énerva-t-elle. La porte s'ouvrit subitement.

"Tu n'as pas le droit d'être ici." énonça gravement son employeur. "Dégage." lui ordonna-t-il en Drawnien.
- Je t'ai sauvé la vie! A plus tard! " Répondit Mora avec un grand sourire avant de fuir en courant. Elle n'avait aucune envie que l'inquisiteur passe ses nerfs sur elle sitôt sorti de sa cage. Sans compter qu'elle avait réalisé tout le travail, Josef pouvait bien gérer l'aspect social du problème. Quoique, il avait une sale tête, lui reprocha-t-elle mentalement sans se rappeler des petits soins délicats qu'elle avait administré sur ses os brisés plus tôt dans la journée.
La jeune fille aurait été tentée de se dissimuler quelque-part pour regarder ce qui allait se passer mais jaugea qu'il valait mieux qu'elle retourne travailler avec les autres.

Josef la regarda détaler sans rien dire. Mora ayant laissé la cage quelque part sur la droite de la maison, la laissant du côté de son oreille sourde, il n'entendit pas dans un premier temps la voix rendue aigue de l'homme de foi. Faisant demi-tour pour retourner chez lui, son regard fini par tomber dans celui de Sigismond et il réfréna un sursaut de surprise. Le rejoignant en deux enjambées, il souleva délicatement la cage du muret et ouvrit la porte. Il éloigna l'objet de lui d'un geste lorsqu'elle reprit sa forme mais ne la lâcha pas avant qu'elle ait touché terre, puis ouvrit plus largement la porte à l'adresse de l'inquisiteur. Plus dubitatif que désolé il ne dit mot, se doutant qu'il allait très vite apprendre ce qui était arrivé.