8 Février

Le plan qu'avait élaboré Otmar était très… Audacieux disons, probablement trop aux goûts de certains, mais pour sa part il avait confiance. Car quand il fut au courant que l'engrenage avait prévu de l'assassiner et ce depuis peu, du moins une des cellules les plus extrémistes de ce mouvement déjà extrémiste, il aurait certes pu attendre que les prétoris s'en occupent par exemple, ce qui aurait prit un peu de temps sans doute et aurait été compliqué probablement, surtout s'ils voulaient capturer le terroriste vivant rapidement, mais il avait décidé plutôt d'aller au devant du danger. En se rendant à une soirée que l'assassin ne pouvait pas manquer et en faisant mine d'ignorer ces informations confidentielles. Ce dans l'espoir de pouvoir au passage faire capturer cet homme qui devait sans doute être le genre à ne pas vouloir être prit vivant, ce au moment où celui-ci sera le plus vulnérable…

Où se déroulerait donc cette soirée ? Dans le manoir d'un riche membre de la famille politique Deffarès qui avait disons invité beaucoup de membres de cette famille à s'y rendre. Et comme beaucoup d’événement Deffarès… On y voyait un peu de tout, il y avait des gens aisés certes, mais bien plus de condition moyenne ou modeste que dans les autres familles. Comme des professeurs, des agriculteurs, des ouvriers, des ingénieurs et des médecins, ce même s'il y avait aussi des militaires et gens plus riches même si en portion réduite, mais tous des gens méritants d'une manière ou d'une autre, c'est en tout cas ce qui les avait fais entrer dans cette famille politique qui se targuait d'idéaux philanthropiques et proches du peuple…

Pour sa part Otmar était comme dans son élément ici, l'ambiance était très fraternelle à a manière et tout le monde se parlait ouvertement et sans aucune gêne, que ce soit de ses opinions politiques ou bien d'autres sujets. Par contre, même s'il était dans son élément, ce alors que la soirée débutait, il était au fond de lui prudent, tout autant que les deux personnes qu'il avait amené avec lui. Lähm et Lydie qui devaient veiller à sa sécurité disons, car il était probable que l'assassin potentiel se cache parmi les convives et il comptait bien sur eux dans les faits pour trouver ce dernier. En attendant, il devait donc faire comme si de rien n'était en se comportant normalement. Comme actuellement où après s'être courtement entretenu avec le maître des lieux, un vampire lié à sa famille politique, il alla rejoindre Lähm qui essayait lui aussi de disons se comporter comme si de rien n'était et surtout comme s'il n'était pas un prétoris, du moins jusqu'à ce qu'il soit tant d'agir. D'ailleurs, il était probablement prêt à protéger l'empereur à tout instant si nécessaire, du moins cela n'étonnerait pas Otmar...

« Alors Tristan ? Comment se passe cette belle soirée pour vous ? Visiblement à ce que je vois vous avez de la charmante compagnie... » Il le regarda dans les yeux courtement comme pour lui demander silencieusement s'il avait découvert quelque chose pour le moment et où en était Lydie, car même si la soirée n'avait débutée que depuis 30 minutes, on ne savait jamais, puis il ajouta aimablement sinon à l'égard du prétoris. « J'espère que la soirée est à votre goût mon ami, notre hôte a toujours su être généreux, aussi bien envers ses employés que sa famille politique. » Oui, le dit homme étant entré dans la famille Deffarès pour ce côté généreux justement, cela et car il avait adopté une politique sociale innovante concernant la gestion de ses employés dans son usine qui fabriquait des rails de chemins de fer, mais bon ce n'était pas un détail qui devait vraiment intéressé l'espion dans les faits, Otmar l'évoquait juste pour entretenir la comédie disons. Après tout Lähm n'était pas officiellement là en tant que prétoris, mais en tant qu'ami ingénieur en armement qu'Otmar avait tenu à amener avec lui, chose acceptée ici et que ce n'était pas priver de faire pas mal des invités originels. Probable sans doute que l'un d'entre-eux ait ramené l'assassin et soit son complice d'ailleurs, mais cela ils le découvriront en temps voulu bien entendu. Otmar avait demandé d'ailleurs à un de ses amis d'inviter Lydie, histoire ainsi qu'on ne fasse pas le lien entre elle et eux deux.

La salle principale du manoir:

Lydie était à peine revenue d’une chasse qu’elle avait dû repartir. Elle était rentrée dans sa taverne habituelle, celle qui lui servait de quartier général et elle y avait trouvé encore une fois quelqu’un assis à sa place habituelle. Elle aurait bien voulu toucher deux mots au tavernier pour lui demander que ce genre de chose cesse, sachant parfaitement que c’était déplacé de demander ce genre de chose à un commerçant, mais la jeune femme n’avait que faire des convenances. Elle allait le faire si elle n’avait pas reconnu immédiatement la silhouette assise. Elle fut surprise de le voir là, surtout à attendre. La dernière et première fois qu’ils s’étaient rencontrés, sans paraitre impatient, Lähm avait paru être un homme pressé. Ou plutôt un demi-dragon pressé.

Pourtant ce soir-là, il était assis à la table de la Chasseresse, comme s’il savait qu’elle allait rentrer bientôt. Ou peut-être venait-il tous les soirs attendre le retour de Lydie ? Son esprit esquissa un sourire malin alors que son visage lâchait un soupir. Elle était partagée entre la lassitude, car après une chasse, elle aimait bien se reposer et boire, l’intérêt, car les missions du Prétoris n’étaient jamais paisibles et surtout rapportaient de l’argent en quantité non négligeable. La récompense de sa dernière mission n’était toujours épuisée et la femme en avait accepté d’autres pour continuer à s’entrainer et se faire un nom. De toute manière, l’argent n’était plus un problème depuis quelque temps. Et puis un autre point, le jeune homme était assez séduisant et musclé, il était intéressant en lui-même.

Elle s’était alors assis et Lähm lui avait proposé sa nouvelle mission. Après l’avoir envoyé bouler, prétextant qu’elle n’était un chien de l’empire et que son boulot à elle était de chasser les bêtes et quelques fois les hommes, pas de faire de la protection rapprochée ou du contre-espionnage, ce qui était le boulot du Prétoris. D’autant plus que travailler pour l’empereur n’était pas forcément bon pour sa réputation, puisqu’elle se retrouvait alors avec une étiquette politique et que les ennemis de l’empire pouvaient alors la considérer comme cible. Or, elle préférait se choisir elle-même ses ennemis et éviter qu’ils soient trop puissants et nombreux. Mais le demi-dragon avait dans sa main deux excellents arguments : l’argent et lui, le second argument n’étant connu que de Lydie.

C’est ainsi que la jeune femme se retrouva inviter à une soirée mondaine, où cet imbécile d’Otmar allait se pavaner pour servir d’appât et qu’elle allait devoir trouver les assassins potentiels avant qu’ils n’atteignent leur cible. Ce n’était pas son boulot. Mais bon, c’était largement dans ses cordes. Ainsi la jeune femme avait dissimulé sa Franquiste et son arbalète, ainsi qu’un paquetage contenant sa tenue de chasseuse dans les bois à proximité du manoir et avait enfilé sa tenue rouge et élégante, longue robe mettant en avant ses courbes. Elle avait laissé tomber ses cheveux en une cascade blonde et ondulait, chose qu’elle ne faisait que très rarement. Elle s’était même maquillée légèrement mais suffisamment pour être méconnaissable pour ceux que ne la connaissait pas personnellement, autrement dit tous les vivants. Ainsi, elle était ravissante et incroyablement féminine, une touche qui ajoutait à son déguisement, elle qui est une garce en temps normal.

Sur sa cuisse, dissimulé par un pli savamment étudié, était attaché son couteau de chasse, pour qu’elle ne soit pas complètement désarmée. Elle était alors entrée dans la salle. Pour pouvoir surveiller tranquillement, elle s’était faite discrète, et si elle ne peut pas disparaitre d’une salle sous les regards ébahis du publique, elle peut, si elle le désire passer inaperçu. Seul un observateur attentif noterait sa présence et ne verrait en elle qu’une jeune femme sans compagnie, intimidée par tout ce monde et ne sachant pas trop comment s’intégrer. Ainsi, elle pouvait surveiller sans être surveillée. Et tout ce qu’elle voyait était une fête ennuyeuse avec des gens ennuyeux et un verre désespérément plein qu’elle se forçait à ne pas vider. Quel gachis.

Elle avait remarqué depuis longtemps l’empereur et son chien de garde mais rien d’autre de suspect. Elle connaissait tous les accès à la salle, au manoir, et presque réussi à dresser une carte complète du bâtiment en se « perdant » au hasard des couloirs. Rien de suspect ni d’impossible à surveiller. Et surtout, pas de personnes suspectes dans les parages. Mais la Chasseresse saurait-elle reconnaitre un assassin si elle en avait un devant elle ? Elle cherchait un comportement étrange mais comment le savoir ? Pourrait-elle localiser une arme dissimulée par un assassin ? Elle cessa les questions. La réponse était oui car elle le devait, sinon elle ne serait pas la meilleure. Mais voulait-elle vraiment protéger cet empereur ? Lähm semblait lui faire confiance mais elle espérait bien que non pour la survie d’Otmar, car à aucun moment elle n’avait montré une quelconque allégeance à Akkatorn.

Dieu que Lähm pouvait détester ce genre de mission. Les mondanités étaient très loin d’être sa tasse de thé, mais si, en plus, il fallait simplement se contenter d’observer en espérant qu’un incident survienne… Le demi-dragon savait d’ores et déjà qu’il allait sans doute s’ennuyer dans un environnement qui était tout le contraire d’être le sien. Ainsi, il ne comprenait pas vraiment le choix d’Otmar. Le jeune homme tirait son efficacité de sa précision et de sa capacité à abattre rapidement et méthodiquement des cibles à très longue distance. Aussi, suivre l’empereur dans un manoir afin de le protéger ne possédait, pour lui, aucun fondement logique. Non, décidément, il n’était pas à son aise avec ce genre de mission. Mais il n’avait, de toute façon, pas vraiment le choix. Afin de s’assurer de sa propre sécurité, l’empereur avait également tenu à ce que Lydie l’accompagne, ce qui était un nouveau défi pour le demi-dragon.

Il fallait avouer que la jeune femme n’était jamais très facile à convaincre pour exécuter des missions liées à l’empire, même lorsque c’était parfaitement son domaine de compétence. Là, il ne s’agissait pas de traquer un quelconque ennemi, mais bien de surveiller purement et simplement l’empereur, sans rien faire d’autre qu’attendre en pleine soirée mondaine. C’était donc totalement nouveau pour le duo. Mais, les ordres étant les ordres, Lähm se mit en route vers la taverne où avait l’habitude de séjourner Lydie. Il y apprit rapidement que la jeune femme était en chasse et ne serait de retour que dans quelques jours, aussi, il ne perdit pas son temps à l’attendre, ne revenant que le soir que lui avait indiqué le tavernier. Comme la première fois, il s’installa à sa table, l’attendant patiemment, jusqu’à ce que la Chasseresse ne daigne se montrer. Cette dernière ne tarda pas, et, malgré un premier refus catégorique, elle ne tarda pas à accepter à la grande surprise de Lähm. Mais ce dernier n’en fit pas une histoire, et rentra se préparer aux baraquements des Prétoris.

Le soir venu, il était habillé avec une tenue de noble facture qu’il n’appréciait pas vraiment. Certes, le contraste entre la tenue et ses ailes obscures et bleutées était particulièrement seyant et élégant, et raccrochait beaucoup de regards, notamment ceux de la genre féminine, vers lui, il trouvait cet accoutrement peu pratique pour l’exercice de ses fonctions. Surtout qu’il n’avait pas été autorisé à conserver une arme sur lui, bien que son équipement soit discrètement entreposé dans une pièce voisine. Il se contentait donc de se balader, ne lâchant pas l’empereur des yeux malgré certaines irruptions d’invités qui semblaient vouloir lui parler. Il jouait ainsi la carte de l’ingénieur peu loquace, se contentant simplement de remplir sa mission.

Lorsqu’il vit Lydie, il esquissa un léger sourire en coin. Il aurait été bien vaniteux de ne pas avouer qu’elle était, dans sa robe et les cheveux détachés, particulièrement séduisante. Mais elle était venue, à la demande de l’empereur, seule et séparée du demi-dragon, afin qu’aucun doute ne soit fait sur leurs fausses identités respectives. Mais quoi de plus normal qu’ils jouent la comédie et restent à présent proches l’un de l’autre, si Lydie devait être celle qui donnerait l’alerte. Alors qu’il se dirigeait vers elle et arrivait à sa hauteur, l’empereur vint à sa rencontre, utilisant son faux patronyme pour couvrir les pistes. Le demi-Dragon répondit alors.

« Et bien oui, monsieur, tous les convives de cette soirée sont vraiment particulièrement intéressant, et cette jeune femme ne fait en rien exception à la règle. » Se força le demi-dragon à répondre sur un ton différent de celui qu’il utilisait d’habitude, indiquant d’un geste de la tête que rien n’avait été repéré pour le moment.

« Et la soirée vous est-elle agréable, à vous ? Retrouver vos pairs doit être un véritable plaisir. Oh, mais je perds mes manières, laissez-moi vous présenter Dame Blanche Belmont, l’une de vos plus fervente admiratrice… » Le dragon n’était pas sans ignorer la légère aversion, et c’était un euphémisme, que Lydie portait à l’empereur d’Akkaton. Aussi, il se permettait, puisque, jusque-là, la soirée était plutôt ennuyeuse, de la taquiner légèrement, lui adressant un sourire malicieux.

Otmar avait souvent réfléchit ces derniers temps à la possibilité de financer un garde du corps automate pour le protéger jour et nuit, mais bon actuellement il n'était pas un technologiste assez doué pour se permettre cela, par contre c'était une tout autre histoire sans aucun doute pour l'achat d'une araignée mécanique. Néanmoins, il faudrait encore pour cela qu'il s'entraîne un peu à faire combattre une telle créature mécanique, mais du coup c'était une idée à sérieusement étudier, surtout qu'il ne pouvait pas décemment toujours compter sur ses gardes du corps non mécaniques pour le protéger, surtout que dans les faits Otmar avait pour sa part fait appel au prétoris en bonne partie parce que ce dernier était aussi un excellent tireur au pistolet, arme évidemment bien plus pratique qu'un sniper en une telle situation. Mais il ne pourrait pas tout le temps se permettre d'ainsi réquisitionner un prétoris pour ce genre de choses, donc autant se montrer prévoyant à terme.

D'ailleurs Otmar lui-même avait son brombas sur lui, brombas qu'il ne dissimulait même pas étant donné qu'il était la seule personne ici ou presque à être autorisé à porter une arme. Après tout il était l'empereur d'Akkaton, il avait tout à fait le droit si nécessaire et même si aux yeux des convives c'était invraisemblable, en cas de situation dangereuse pour lui, d'avoir toujours une arme à disposition. De plus, c'était une invitation visible adressée à Lähm à prendre l'arme si nécessaire en cas de situation critique. Ce n'était certes pas aussi pratique que le fait que le prétoris ait lui-même une arme sur sa personne, mais ça pouvait toujours s'avérer pratique, cela et la dague que l'empereur portait aussi à sa ceinture...

Dans tous les cas en dehors de cela sinon, il y avait une petite surprise qui devait faire son entrée ce soir, une petite surprise qui de ce que savait Otmar, devait donner un autre ton à la soirée en dehors de la présence d'un assassin potentiel. Une petite surprise qui devait arriver bientôt et dont seul le maître des lieux de ce qu'il savait connaissait la nature. Mais sachant que ce dernier était un homme de confiance, il n'avait pas cherché à en savoir plus à ce sujet, de toute manière ce serait trop gros comme couverture pour un assassin, cela et ça aurait probablement des teintes diplomatiques que martiales de ce que le vampire lui avait affirmé.

Mais bon en dehors de cela sinon, il avait finit lui aussi par remarquer la chasseresse et… Même si elle était très belle, disons que ce n'était pas son genre de femme malheureusement. Quand le caractère n'y était pas après tout à ses yeux, autant éviter, d'autant plus qu'il était plus habitué aux standards mâles elfiques et nagas, une toute autre histoire en somme. Le prétoris à ce sujet serait donc sans doute plus à son goût, mais bon lui-même n'était pas vraiment dans les standards d'Otmar… Pas tant du point de vue beauté que caractère, pas que c'était un mauvais bougre, mais il préférait davantage les hommes sensibles et romantiques, m'enfin de toute manière il avait bien d'autres préoccupations en cet instant, comme entretenir la couverture de l'autre.

« Je vois, nul doute que cette dame est intéressante en effet. D'ailleurs, notre hôte vient de me prévenir disons qu'il avait prévu un invité surprise, je suppose que ce dernier aussi sera intéressant à sa manière. » Ne manqua t-il pas d'ailleurs de répondre cordialement en sous entendant par ses propos qu'il avait compris le message, ce avant d'ajouter aimablement quand le demi dragon lui présenta Lydie, dont il connaissait certes l'aversion pour lui, mais c'était là une aversion qui l'indifférait totalement.

« Ah, bienvenue à vous madame. Un véritable plaisir de vous rencontrer, je me demande bien qu'est-ce qui me vaut l'honneur d'une telle admiration d'ailleurs de la part d'une si agréable compagnie. » Il sourit doucement, puis ajouta avec humour au faux ingénieur. « Vous savez, ayant fréquenté assidûment au cours de ma vie nombre de tribus elfiques et nagas entres autres, je n'ai jamais été très pointilleux sur les conditions d’accueil tant que celui-ci est aimable. D'autant plus quand le manoir où je me trouve actuellement possède un chauffage au gaz, un confort qui est mine de rien plus rare qu'on ne le pense. » Il prit une gorgée de vin, puis reprit de fil en aiguille après avoir légèrement regardé sa montre à gousset. « Mais bon, en parlant de cela, je crois que notre invité surprise va bientôt arriver, de ce que m'a dit notre hôte, hôte qui m'a affirmé que c'est une sacrée exclusivité qu'une telle personne vienne en ces lieux... » Et ceci dit, la porte du manoir s'entrouvrit légèrement pour laisser place à une personne encadrée par deux gardes…

Un homme, un peu basané et fort en carrure au regard légèrement méfiant qui semblait avoir eut une vie dure… Ses vêtements étaient typiquement de style Teïderien et la manière dont il marchait témoignait que c'était un vétéran habitué à se battre et survivre dans des conditions difficiles pendant de longues période, et l'homme après avoir salué l'assemblée d'ailleurs, s'avança donc vers Otmar et celui-ci l'accueillit avec de gros yeux surprit et mal à l'aise, ce avant de se reprendre et de dire avec une sincère estime alors que le Teïderien le regardait bizarrement tout à coup.

« Dimitri Batrenko ! Vous êtes l'un des héros de la rébellion démocratique opposée régime tyrannique de Teïder je crois ? Que nous vaut ce bon plaisir ? » L'homme le regard longuement tout à coup, Otmar lui tendit donc la main et le Teïderien la lui serra avec enthousiasme tout en disant en le détaillant…

« Vous…. » Il semblait réfléchir et reprit. « Bon sang j'ai déjà vu votre visage... » Otmar un peu gêné par la manière dont l'homme le fixait dit alors. « Sans doute que vous avez dû voir une photo de moi, rien de bien... » Puis l'homme l'interrompit en s'exclamant avec vigueur apr_s avoir écarquillé les yeux. « Non ! C'est vous bon sang ! Vous qui m'avez sauvé la vie ce jour là ! Je n'oublie jamais un visage et croyez-moi que j'ai bien mémorisé le votre... » Otmar alors qu'il faisait un geste à Lähm et Lydie de ne pas s'inquiéter de cela, vit l'homme reprendre à voix haute à l'assemblée.

« Votre empereur est un héros ! Un inquisiteur nous traquait moi et mes compagnons rebelles il y a bien des années de cela, nous étions au bord du gouffre et alors que nous nous croyions perdus... Tout à coup j'ai vu cet homme sortir du rang des Teïderiens et égorger notre bourreau d'un coup de dague. Par la peste ! J'aurais tant voulu pouvoir le remercier en personne ce jour là, mais il avait suite à cela disparu sans laisser de traces… Et voilà... Que je le croise aujourd'hui et c'est l'empereur d'Akkaton bon sang ! » Tout à coup l'empereur semblait grandement embarrassé alors que les gens autour semblaient pour beaucoup impressionnés ou étonnés par cela, voir même choqués pour certains ou ayant du mal à y croire, en somme il y avait de tout, néanmoins il finit par dire modeste.

« Vous savez, c'était le passé, ça et puis. Tout le monde aurait fait pareil je suppose, allons... » Puis il reprit d'un ton plus ferme. « Cela et je ne veux pas me vanter du fait d'avoir tué un homme, même pour une bonne cause. » Le rebelle le regarda alors gravement puis ajouta. « Cet inquisiteur avait tué des femmes, des enfants et beaucoup d'innocents, sauvagement et douloureusement, plus que les venger vous avez sauver d'autres vies en faisant ainsi et contribué à la lutte contre la tyrannie. Méditez sur cela mon ami, aux grands maux, les grands remèdes… Quand votre ennemi ne fait preuve d'aucune pitié, vous avez rarement le confort de faire de même. » Otmar sembla alors pensif, car en vérité il ne l'avouerait pas mais tout cela avait été causé par une question de vengeance à l'origine, surtout qu'il aurait préféré que ça ne se sache jamais... Et d'ailleurs, le Teïderien dit en remarquant Lähm et Lydie et alors que les conversations reprenaient à bon train aux alentours et avaient sans doute pour sujet le passé tout à coup obscur de l'empereur, passé qui allait sans doute donner lieux à des rumeurs plus ou moins invraisemblables. « Puis-je savoir à qui ais-je l'honneur sinon ? Les amis d'un ennemi de la tyrannie sont mes amis naturellement. Et c'est toujours agréable après tout de passer une belle soirée en une terre où les assassins de Teïder ne sont pas à l'affût. Vous ne pouvez pas vous douter à quel point ça me change, surtout qu'il faudra bien que j'y retourne bientôt... Alors autant profiter du séjour. » Concluait le Teïderien d'un ton déterminé, mais un peu sinistre en prenant un verre de vin et en le vidant d'une traite avant de se servir de grosses poignées de petits fours à plein main. Visiblement l'homme ne semblait pas très raffiné, mais bon par politesse ou bien un mélange d'empathie et pitié, personne ne disait rien. D'ailleurs, on pouvait remarquer en dehors de cela qu'Otmar semblait toujours assez embarrassé de son côté en plus d'être pensif, comme s'il se serait bien passé de cela.

Lähm l’avait vu. Rien de surprenant venant du demi-dragon. Plus surprenant, surtout stupide et complètement énervant, il se dirigea vers Lydie. La Chasseresse conserva l’expression neutre et réservé qu’elle arborait depuis le début de la soirée, et fit comme si elle ne l’avait pas vu, jusqu’à ce qu’il soit à une portée suffisante. D’un autre côté, vint l’empereur. Rien que sa présence horripilait la femme. Heureusement que c’était Lähm qui était venu la chercher et qu’il promettait une somme plus qu’intéressante pour cette mission. Mais en revoyant le visage, la démarche, enfin bref, Otmar, Lydie se promit de ne plus travailler pour la défense de cet homme. Ça n’allait lui apporter que des ennuis, son instinct était formel.

Lydie ne put retenir un regard assassin sur le Prétoris, lorsqu’il la présenta comme étant une grande admiratrice de l’empereur. Son expression montrait clairement que le demi-dragon était au courant de l’inimitié de la Chasseresse envers l’Empereur. Et la jeune femme s’étonnait toujours du hasard qui faisait que son prénom d’emprunt était en réalité son deuxième prénom. Elle n’avait pas voulu le mettre en avant, gardant le secret sur ce hasard, mais là encore, le doute était permis. Que savait Lähm à propos d’elle ?

Finalement, elle fit un sourire factice et timide en faisant une révérence. Les paroles mielleuses d’Otmar firent légèrement bouillir le sang pourtant froid de Lydie. Ta tête sur une pique aura toute mon admiration. Ou alors ta capacité au faux-semblant qui est bien l’une des plus grande de tous les temps. Pensa la jeune femme. Elle garda aussi pour elle les remarques sur la stupidité du comportement de ce demeuré d’empereur et de son crétin de Prétoris. Quelle meilleure idée que celle d’attirer l’attention sur elle, alors qu’elle se fondait parfaitement dans la foule. Maintenant, plusieurs regards se portaient sur elle, se demandant ce qui lui valait d’être présentée à l’empereur, alors qu’elle était une illustre inconnue. A son soulagement, personne ne paraissait l’avoir reconnue. C’était déjà ça.

Elle allait s’excuser et chercher encore une excuse pour s’éloigner de cet homme, lorsqu’un troisième protagoniste fit son apparition. Et Lydie retint un soupir d’agacement devant cette mise en scène et cette fausse modestie de l’empereur. Maintenant, tout le monde portait son regard sur cet étrange quatuor et la jeune femme baissa les yeux, jouant la timide et la gênée. Soudain, une valse commença. Voilà l’occasion rêvée pour s’évader et pourquoi pas avoir une discussion avec le Prétoris. Sans laisser le temps à quiconque de répondre à la question du nouveau venu, elle offrit sa main au demi-dragon. D’une voix douce d’alto, elle l’invita donc à danser.

Monsieur, accepteriez-vous de m’emmener danser ? Elle essaya de faire comprendre à Lähm la nécessité de l’accompagner sur la piste de dance. Alors qu’ils dansaient, et tout en menant la danse et surveillant les environs, elle parla à voix basse. Je vous hais. Je tiens à ce que vous le sachiez. Et vous êtes un abruti. Qu’aviez-vous besoin de venir me chercher ? D’ailleurs, votre empereur va être empoisonné. Il y a tout ce qu’il faut en cuisine. Le poison sera foudroyant et aura des séquelles fortes. Il est peut-être même déjà trop tard. Personne à part lui ne porte d’arme. Elle garda son silence son propre couteau dissimulé. Personne n’aurait osé fouillé une dame. Maintenant, à vous de voir comment l’empêcher. Attendez.

Alors qu’ils tournaient, Lydie remarque un serveur, circulant avec un plateau de coupe. Il semblait naviguer entre les gens et se rendait par un mouvement dissimulé vers l’empereur. Sur son plateau, des coupes de champagnes semblaient installer normalement, à l’exception d’une qui était légèrement excentrée. Chaque fois que quelqu’un prenait une coupe, le plateau tournait pour mettre cette coupe le plus loin possible de la main avide. Ça c’était un comportement suspect.

Le serveur, là-bas. Je crois que c’est votre client.

« Faîtes attention, à bien y réfléchir je n'ai aucun souvenir d'avoir croisé cet homme le jour qu'il vient d'évoquer…. » Finit par dire Otmar sombrement et discrètement à Lähm quand il arriva peu après à se libérer de son admirateur. En effet, passé la surprise l'empereur venait de se rappeler de cela. Oui, la seule témoin de ce qu'il avait fait c'était une certaine demi dragonne et des soldats Teïderiens… Après peut-être que cet homme était vraiment un rebelle, mais dans ce cas il ne prétendrait pas l'avoir vu faire littéralement... Par la peste, tout ceci était bien étrange…

Et peut-être là pour le distraire pensa t-il, alors qu'il se disait qu'en effet les choses devenaient complexes maintenant pour lui si ça avait été en effet un stratagème pour attirer son attention à lui et à une bonne partie de la salle. Sauf s'il faisait erreur et que ça n'avait aucun lien avec tout ceci, à voir... La soirée ne faisait que débuter après tout.

Dans tous les cas la réception se poursuivit et évidemment après une danse, vint le moment des apéritifs, Otmar qui se méfiait d'à peu près tout ce qui pouvait être dangereux dans cette soirée pour tout avouer ne savait pas comment prendre le fait de se faire servir une coupe de champagne. Alors au lieu de tenter de la boire tout de suite, il se dit qu'il valait mieux temporiser et ne rien risquer de consommer tant que la soirée n'était pas terminée. Le problème était juste de ne pas paraître impoli maintenant, mais surtout de voir comment il pouvait faire en sorte de passer à autre chose… Hum soit, autant se contenter dans tous les cas de faire comme si de rien n'était.

Vint donc un autre moment important de la soirée, celui du dîner où tout le monde devait se réunir autour d'une table et festoyer. Bien pensa Otmar… Ce qu'il redoutait le plus, car si on devait l'empoisonner, ce serait le moment idéal, sauf s'il trouvait une excuse imaginative pour ne pas trop manger… Il espérait bien en tout cas que l'enquête de Lähm et la mercenaire avançait, car il était tout de même dommage de devoir se faire à l'idée de devoir se priver d'un bon repas uniquement par pure prudence...

Le repas débuta donc et l'empereur qui faisait attention à ce qu'il se passait finit par remarquer quelque chose d'étrange par rapport à un invité assit non loin de lui, celui-ci se mit à tousser étrangement et de manière répétée, si répétée que cela en devenait inquiétant, d'autant plus quand vers la fin il cracha du sang...

La Chasseresse finit par délaisser son cavalier et la danse, presque avec regret. Elle avait oublié à quel point elle aimait ça. Danser, c’était comme chasser. Le monde est simplifié à son maximum. La musique, le cavalier et la cavalière. C’était tout. Et puis, les pas s’enchainaient avec aisance, toujours être prêt à réagir à la moindre sollicitation, réussir à faire passer un message par la simple pression d’un doigt. Tout était semblable à la chasse, ou bien était-ce l’inverse ? La chasse n’était-elle pas une danse mortelle, où deux individus se tournent autour, s’entremêlent, se déchiffrent, et se découvrent. Mais la danse avait aussi un petit plus. Là où la chasse donnait une excitation sauvage liée au danger, la danse y apportait en plus celle de l’envie, une autre excitation encore plus forte. Comme un double jeu, profondément enfui.

Le serveur qu’avait remarqué Lydie n’atteignit jamais l’empereur. Lorsque la coupe qu’il essayait habilement de ne faire boire à personne se retrouva seul sur son plateau et que quelqu’un s’approchait pour s’en saisir, l’homme simula parfaitement la chute. Le plateau pencha, la coupe glissa et son contenu se vida sur le sol. Quel malheur, un accident bête mais qui fut vite réparé. Les réflexes de l’homme avaient empêché de faire des bris au sol et de perturber l’ambiance générale par un bruit gênant. Quel savoir-faire. Lydie fouilla la salle du regard à la recherche d’une autre personne qui semblerait déçue, fâchée. Rien, personne, pas même un maître d’hôtel pour froncer les sourcils. Etrange. Personne n’aurait remarqué ce raté ? Vraiment très étrange.

Avec qu’elle ne s’en rendit compte, Lydie s’était prise au jeu de l’enquête. C’était intéressant de traquer une proie semblable au reste du troupeau. Un loup déguisé en mouton. Un menteur au milieu des faux semblants. Elle sourit à cette idée. Un homme se présenta à elle pour lui proposer une danse, la dernière avant le repas. Lydie aurait volontiers refusé, mais craignit de paraitre suspect. L’homme était habillé sobrement dans une tenue blanche semblable à un uniforme. Il avait les tempes grisonnantes et les yeux gris assez. Sec et droit, il transpirait une confiance en lui et une force sereine. En posant sa main sur son bras, Lydie sentit un corps musclé qu’elle n’avait pas réussi à déceler au regard.

Alors que leur étrange couple tourner au rythme de la musique et que cette dernière touchait à sa fin, l’homme se pencha délicatement à son oreille. Sa voix était neutre, un murmure à peine perceptible. Dame Kolas, je sais qui vous êtes et pourquoi vous êtes là. Prenez garde. Il y a bien plus d’un ennemi qui en veux à Otmar ce soir. Et certains en auront après vous très bientôt. Gardez votre couteau à porter de main.

La musique s’arrêta et l’homme s’écarta pour saluer sa cavalière. Lydie allait répondre à ses allégations lorsque deux silhouettes se placèrent de part et d’autre de l’homme. Monsieur, le ministre, il faut y aller. Je sais. Bonne soirée Dame. Veillez sur mon ami, je vous prie. L’homme partit de la soirée sans un regard en arrière, sans même attirer un regard. Etrange. Vraiment étrange comme soirée.

Des tables furent dressées avec prestance, les buffets disparurent pour laisser place à des nappes et des chaises sur la piste de danse. Lydie se retrouva installé bien loin de l’empereur, pour son plus grand plaisir car elle n’aimait vraiment pas cet homme. Pourtant les paroles du danseur lui revinrent à l’esprit. Allait-elle se faire des ennemis à travailler pour l’empereur. Sans aucun doute mais ça n’avait pas vraiment d’importance pour elle, puisqu’elle n’était personne.

Le repas se déroula paisiblement, Lydie veillant à ce que rien de suspect n’échappe à son regard. Le serveur étrange ne réapparut pas. Etait-ce déjà fini ? Non, probablement pas. Un homme se mit à cracher du sang non loin de l’empereur. Un empoisonnement. Puis soudain. Il y a plusieurs groupe qui en veulent à Otmar.

Tout le monde est concentré sur l’homme qui convulsait maintenant sur sa chaise. Tout le monde sauf Lydie et un domestique qui marchait d’un pas décidé vers l’empereur. Quel était cette lumière sous la table d’Otmar. Il n’en fallut plus pour que la chasseresse ne réagisse.

Elle se leva brutalement et marcha droit vers la table de l’empereur. Alors que tout le monde était stupéfait par l’homme agonisant, seules deux personnes ne semblaient pas s’en soucier : le domestique et Lydie. Je suis clairement la plus suspecte avec lui mais tant pis. .

Lydie arriva à la table de l’empereur, juste en face de lui. La table se dressait entre eux et c’était tant mieux. Bousculant les gens assis face à Otmar, Lydie saisit la table et dans un sublime effort, la renversa. Toute la vaisselle tomba sur l’homme qui dirigeait l’une des deux plus grandes nations du monde, si ce n’était la plus puissante, et qu’elle était cessée protéger et les convives la regardèrent, éberlués.
La table renversée révéla à la Chasseresse et à une partie des convives ce qu’elle avait déjà vu. Le froufrou de sa robe et de ses volant furent la dernière chose qu’ils virent alors que Lydie bondissait de l’autre côté de la table, prenant Otmar dans ses bras et faisant tomber à la renverse sa chaise, plaçant son corps comme un bouclier. Qu’est-ce que je suis en train de faire. .

Une inconnue renversant une table et se jetant sur la table. Ce fut le dernier spectacle que certains virent avant le puissant flash de lumière et la déflagration qui accompagnait toujours les bombes. La table épaisse atténua le choc et contint en partie l’explosion mais vola en éclat tout de même. L’objet avait fait sa tâche, en protégeant partiellement Lydie, mais la jeune femme fut tout de même méchamment secouée et sentie la chaleur des flammes sur son dos. Toutefois, Otmar était protégé.

Lydie n’en tira aucune joie pour plusieurs raisons. La première était qu’elle n’avait que faire de la vie de cet homme, mais la seconde et principale était qu’un autre homme, armé celui-ci marchait vers eux voulant probablement profiter du chaos causé par l’explosion pour finir le travail.

Ignorant la douleur et ses vertiges mais ne réussissant pas à dissimuler une grimace de souffrance, la Chasseresse se redressa d’un bond. Ses oreilles sifflaient à cause de l’explosion et elle ne percevait rien d’autres que cet horrible sifflement strident. L’odeur de poudre, de sueur et des plats perturbaient complètement son odorat. Il ne lui restait que la vue, mais le flash de lumière lui avait là encore fortement blessé ce sens. Sa sensibilité à son environnement qui faisait sa force se révéler être sa grande faiblesse à l’instant.

Son esprit tournait à plein régime, essayant de comprendre et de remettre toutes ses idées dans l’ordre. La danse, le ministre qui parle de plusieurs tentatives ce soir. Une au poison, une à la bombe. Quoi d’autre… Le serveur ! Lydie tira son couteau, déchirant sa robe par le trou aménagé pour lui donner accès à son arme. Elle se tourna vers la direction supposée du serveur.

Lydie voyait trouble, et sentait la panique autour d’elle qu’avait causé l’explosion. Et sans son instinct, elle serait sans doute morte.

Sa main droite saisit le poignet du serveur qu’elle n’avait que vaguement identifié, mais elle glissa, ne faisant que la ralentir. Sa main gauche, armée de son couteau de chasse, se dirigea vers le bras de l’assaillant. La main du serveur vint frapper le bas ventre de Lydie qui ferma les yeux, attendant une douleur déchirante qui ne vint pas.

Rouvrant les yeux, elle vit que son coup avait mieux porté que celui de son adversaire. Le bras ballant, celui-ci regardait hébéter son bras pantelant, qu’une longue ligne rouge rendait non fonctionnelle. Lydie avait sectionné à la perfection les tendons du coude, rendant la main et une partie du bras complètement incontrôlable. Le couteau de l’assassin gisait à ses pieds.

Lydie se permit un sourire moqueur en se tournant vers celui qu’elle supposait être Otmar. Ses sens revenaient doucement à la normale. Juste à temps pour lui signaler que la grosse masse sombre qui se dirigeait à pas lourd vers elle n’était pas Otmar. Juste à temps pour que son sourire disparaisse juste avant l’impact.

Le choc de l’acier, la force du guerrier et la surprise contusionnèrent la Chasseresse bien plus qu’elle n’osera jamais l’admettre. Ses poumons se vidèrent de leur air alors qu’elle se retrouvait écraser par le poids de ce nouvel adversaire. Elle commença à esquisser un geste mais un violent coup au visage l’arrêta net et il lui fallut un effort de volonté surhumain pour garder connaissance.

Tout lui paraissait étrange. Le poids sur sa poitrine, sa position allongée sur le dos, cette chose qui s’enfonçait doucement dans ses reins, deux dans sa cuisse, une douleur dans son bras et cette sensation que de l’eau lui coulait sur la moitié du visage. Un instant encore et elle était sur le point de retrouver tous ses sens et maintenant, tout était encore plus flou. Ne pas perdre conscience, rester lucide.

Otmar évidemment commençait à s'éloigner de l'homme qui convulsait quand soudainement dame Lydie ne trouva rien de mieux que foncer vers sa table pour une fois y être arrivée, la renverser quasiment sur l'empereur qui arriva néanmoins à reculer assez rapidement pour ne pas se prendre toute cette vaisselle sur le coin de la figure… Par contre, il ne vit pas venir ce qu'elle fit ensuite quand elle le planqua au sol, mais fichtre qu'est-ce qu'elle fichait ? Et soudainement, il devina immédiatement qu'un tel comportement était celui d'un garde du corps qui protégeait son employeur, même si là de manière un peu radicale il fallait le dire…

Et cela se précisa d'autant plus quand une violente explosion retentit, allant même jusqu'à tuer quelques malchanceux. Fichtre, comment avaient-ils pu introduire des explosifs ici ? D'ailleurs, où s'étaient-ils procurés des armes à feu pensa t-il en voyant qu'un homme armé s'avançait vers eux... Soit, tout ce qui se passait aujourd'hui était probablement planifié depuis longtemps, mais aussi bien organisé. Le genre de complot qui mériterait bien qu'il ordonne au prétoris de débusquer les coupables, du moins quand il aurait le temps de peser le pour ou contre et donc quand il serait sortit vivant d'ici...

Otmar roula donc sur le côté quand la chasseresse fit mine de se séparer de lui et dégaina son pistolet, mais d'abord il chercha un couvert non loin, car se retrouver à découvert face à une arme à feu était du suicide. C'est là quelque chose qu'il fit heureusement sans trop de mal malgré le fait qu'il avait été secoué par l'explosion, en même temps l'adrénaline qui coulait dans ses veines à cause du fait que sa vie étant en jeu devait jouer…

Analysant la situation ensuit et se rendant compte que le temps qu'il se soit mit à couvert les choses étaient allées très vite, trop sans doute à son goût… Surtout qu'il voyait que la chasseresse était dans de sales draps… Celle-ci était au prise avec un guerrier qui visiblement n'allait guère tarder à l'achever à ce rythme et qui avait visiblement décidé qu'elle était une menace prioritaire à gérer à la manière dont il commençait à passer à tabac dame Lydie…

Otmar qui désactivait les différentes boucliers énergétiques qu'il avait déployé pour se protéger d'éventuelles attaques à distance ou tirs, ce pour économiser leurs batteries, profita alors du fait qu'il n'était courtement plus au centre de l'attention pour faire autre chose…

Otmar arma donc son bras d'arme, visa le guerrier avec son brombas et tira 2 coups. 2 fléchettes vinrent alors se figer dans le dos de celui-ci qui était dépourvu de véritables protections… En même temps il ne s'était pas vraiment équipé dans l'optique de devoir se protéger des attaques dans le dos, mais probablement aussi pour pouvoir entrer ici sans problème…

Ainsi, au bout de quelques secondes le guerrier s'effondra, Otmar qui constatait alors qu'il n'y avait quasiment plus personne dans les environs, entreprit de tirer la dame pour se mettre avec elle à couvert. Le temps de quoi ? Que l'armée arrive évidemment, après tout les gardes impériaux n'allaient guère tarder à venir. Evidemment, il se doutait que s'il se dirigeait à la sortie principale avec elle, il y aurait un possible piège qui les attendaient, il avisa donc en l'aidant à se relever à l'aide de son bras mécanique pour passer par une porte dérobée comme celle de la cuisine vers laquelle il entreprit de se diriger, ce de manière vigilante et pistolet en main.

Elle était sous l’eau. Non puisqu’elle arrivait à respirer, difficilement, mais elle y arrivait. Quelque chose comprimait sa poitrine et ce n’était pas son corsage. Son esprit était flou et elle n’arrivait pas à avoir une réflexion correcte et fluide. Pourquoi était-elle sur le dos ? Sa bouche était pâteuse et elle n’arrivait pas à ouvrir un de ses yeux entièrement.

Nouveau choc.

Des étoiles illuminent le flou de sa vision tandis que son cerveau essaye désespérément de lier toutes ses idées. Un bal, un couteau, une danse, une explosion et une discussion avec un ministre. Un homme qui saigne, sûrement à cause du couteau du ministre qui danse. Non, ce n’est pas ça. Un repas, le repas dansé ? Non. Lahm ? Qu’est-ce qu’il foutait là déjà lui ? L’empereur. Lydie était là pour protéger l’empereur, durant un bal, et ils étaient attablés lorsqu’un homme avait commencé à suffoquer. La Chasseresse avait vu une bombe sous la table d’Otmar, l’avait renversée, protégeait l’empereur, désarmé un autre assassin.

Nouveau poids sur tout le corps de la Chasseresse.

Un homme s’était écroulé sur elle et l’étouffait. Ce n’était pas juste. Elle avait toujours fait attention à ne pas être en première ligne et elle faisait un faux pas et elle était punie. Son corps se rappelait à elle en un torrent de douleur. Le sifflement dans ses oreilles ne s’estompait pas et lui vrillait les tympans. L’odeur de feu mélangée à celle de la nourriture lui emplissaient les narines et tout ce qu’elle voyait n’était rien d’autre qu’un grand flou.

Quelque chose la trainait mais elle n’avait même plus la force de résister ou de se débattre. Quelque chose la porta. Elle eut envie de vomir. Rester consciente. Cet écho revenait sans cesse dans son esprit. Alors qu’on la portait elle prit conscience de son sauveur. Elle grimaça. Tout ça c’est ta faute. Où est Lahm quand on a besoin de lui ? Son râle était faible, difficilement audible. Mais elle avait besoin de se plaindre pour rester consciente.

Ils entrèrent dans la cuisine, étrangement déserte. L’ouïe de Lydie était revenue, si pas sa vue et que son touché était toujours oblitéré par la brûlure de ses souffrances. Elle sentit qu’on la posa et retint un cri de douleur alors que sa main se posa sur sa cuisse. Quelque chose de dur et qui n’avait rien à faire là était planté dedans. Vertige et vision de plus en plus trouble. Bruit de pas. De nombreux pas.

Otmar, porte de droite. On vient. Noir, inconscience.

« Si vous êtes en état de vous plaindre, c'est je suppose que vous pouvez être tirée d'affaire. » Se contenta de répondre l'empereur pensif à moitié sympathique et à moitié sérieux aux râleries de la chasseresse lorsque cette dernière arriva à en placer une.

Il fut en tout cas obligé de poser la dame sur une chaise une fois arrivé dans la cuisine, car il vit que le passage qui permettrait de sortir par celle-ci était fermé à clef et c'était évidement mieux de débloquer une porte les deux mains libres quand on avait pas les bonnes clés sur soi... Il fit donc ceci, mais avant qu'il ne puisse ouvrir cette porte de sortie, la dame le prévint qu'on venait les déranger. Otmar dû donc réfléchir à toute vitesse pour trouver une solution. Se préparer à leur tirer dessus avec son brombas ? Peut-être, mais peut-être eux aussi était-il armés avec des armes à feu, on était à Akkaton après tout… C'était donc une donnée à prendre en compte lors d'un affrontement.

Se doutant qu'il n'avait pas le temps de se cacher, il fit donc ce qui lui semble le plus logique s'il y avait plusieurs personnes qui voulait les déranger… Il laissa la chasseresse se cacher sous la table si elle le désirait, puis pour sa part se cacha derrière la porte pour quand celle-ci s'ouvrirait. Logiquement s'ils venaient chercher un empereur fuyard et une blessée lourde, ils ne s'atteindraient pas après tout à ce que ces derniers aient l'idée de tendre un embuscade mais plutôt de fuir…

Et cela fut en effet le cas car les deux agresseurs équipés de masques à gaz et de carabines entrèrent en trombe dans la cuisine. Otmar en voyant cela et devinant qu'il avait peu de temps pour agir, fit donc au mieux à ses yeux. Tout en se jetant sur l'un des hommes, il tira deux fléchettes paralysantes sur l'autre. Ceci fait et se disant que le deuxième n'allait pas tarder à s'écrouler par terre lourdement, il débuta ce qu'on pourra appeler une forme de mêlée difficile avec le premier. Néanmoins l'empereur qui avait dégainé sa dague au bout de quelques instants et grâce à la surprise arriva au final à assommer l'autre à force de frapper sur sa tête avec le pommeau de sa dague. Pas comme s'il avait eut la possibilité de faire autrement… En tout cas, étant bon sans doute pour beaucoup de bleus et autres blessures qu'il ne remarquerait que plus tard à cause de l'adrénaline, il sortit sa clé automatique et déverrouilla la porte menant à dehors avec… Ceci fait et se rendant compte que ça ne menait pas directement à l'extérieur, mais à une sorte de tunnel servant sans doute de chambre forte souterraine souterraine en quelque sorte, Otmar sut que c'était tout aussi bien. Car une telle chambre forte possédait sans doute une porte blindée ouvrable depuis l'extérieur et ne pouvant se bloquer que de l'intérieur, s'il s'enfermait dedans avec dame Lydie, quelques outils de premiers soins à portée, ça laissera aisément le temps aux gardes impériaux et soldats des environs de gérer le problème pendant qu'eux les attendraient en parfaite sécurité. Surtout que généralement il y avait assez d'air dans ce genre de chambres fortes pour pouvoir tenir plusieurs heures… Cela et cet attentat étrangement exceptionnel ne manquera pas de se faire efficacement réprimer par l'armée, au vu de temps qu'il avait duré déjà de toute manière, il était trop tard pour les terroristes si ces derniers avaient espérés fuir...

Otmar ouvrit donc la chambre forte… Ceci fait, il aida dame Lydie à entrer dedans, puis le fit lui-même… Voyant tout à coup que 2 autres armés les rejoignaient juste après cela et les visaient, il entreprit évidemment de fermer en urgence la porte blindé...

Le noir absolu. Si elle avait été consciente, Lydie aurait peut-être été effrayée par cette obscurité totale, cette obscurité qu’elle n’avait jamais connue car même les paupières fermées il y avait toujours de la lumière pour filtrer légèrement. Mais ce n’était pas le cas. Sa vue ne subissait rien, les bruit ne faisait pas réagir son esprit, aucune odeur ne parvenait à faire frémir ses narines et il était impossible pour la Chasseresse de ressentir quoi que ce soit. Jamais elle n’avait connu pareille inconscience.

Otmar la traina comme il put, dans la cuisine puis dans la chambre forte. Sa robe se déchira plusieurs fois, elle qui était déjà abîmée par les différents évènements, s’était accrochée en plusieurs endroits, sur des éclats de table, des coins de chaises.

Derrière la porte, on pouvait entendre des hommes s’activaient pour essayer de la forcer. Des coups de butoirs se firent entendre. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Puis plus rien. La porte épaisse empêchait de savoir ce qu’il se passait de l’autre côté. Il fallait attendre, car la voie était close du côté de l’Empereur et de la Chasseresse. Pas d’échappatoire pour eux, lorsque la porte s’ouvrira, Otmar devra se défendre seul.

Finalement après un long moment de silence, quelque chose frappa à la porte. Des coups rythmés, comme un message codé. Si les deux prisonniers avaient pu voir de l’autre côté de la porte, ils n’auraient pas vu autres chose qu’une troupe de Praetoris, enjambant les cadavres des assassins. A leur tête, Lähm essayait de communiquer avec l’intérieur de la chambre pour que l’Empereur leur ouvre.

De son côté, Lydie devenait de plus en plus pâle à mesure que le sang coulait de sa blessure à la cuisse, là où un éclat de bois s’était planté. Sa robe devenait poisseuse et semblait boire le liquide de la vie.

Otmar était en confiance, mais c'était normal de sa part, après tout ce n'était pas en ne faisant pas preuve d'assurance qu'on était élu empereur de la plus puissante nation de ce monde, surtout quand on avait des origines typiquement moyennes. Et cette confiance fut rapidement confirmée quand Otmar entendit des bruits répétés pareils à ceux d'un code. Pas celui qu'employés les gardes impériaux, mais plutôt les prétoris. Guère étonnant, après tout c'était plutôt les prétoris que l'empereur avait sollicité pour cela, ces derniers étaient plus discrets après tout là où les gardes impériaux étaient plus… Disons que la garde impériale avait les moyens d'affronter une vraie armée disciplinée de taille équivalante voir supérieur, les prétoris eux étaient des experts de l'infiltration et des missions secrètes. Quoiqu'il en soit, le vieil homme ouvrit donc la chambre forte et…

Les prétoris ne tardèrent guère à entrer et ils s'occupèrent aussi bien de l'empereur d'abord, simple question de logique, que de dame Lydie qui avait visiblement besoin de soins d'urgence. Otmar qui s'en était bien tiré pour sa part nota sinon que ça avait été une idée décidément discutable de se mettre volontairement en situation de vulnérabilité pour s'occuper de terroristes, mais, au moins l'équivalent de plusieurs années de travail devait avoir été accomplit en une seule soirée… Bon, il détestait franchement voir des morts et des blessés, mais il estimait qu'il s'en remettrait, il avait vu pire après tout, quant à la dame... Il espérait sincèrement pour elle qu'elle survivrait, mais en vérité il n'en doutait pas. Il devait bien se retrouver un chirurgien compétent dans les environs en plus d'un médecin de l'unité prétoris.

Pour sa part il devait d'ailleurs rentrer au palais dorénavant, du moins aller dans un endroit calme, pas que les environs n'étaient pas sécurisés maintenant, mais ce serait sans doute plus prudent pour lui. Il était probable d'ailleurs que lui et la dame se reverraient à terme, mais tout d'abord il avait à faire en tant que dirigeant, cela et puis il avait eut son comptant d'action pour aujourd'hui. En lui espérant évidemment bonne continuation, même si elle n'était ni de bonne humeur, ni de bonne compagnie, après pour sa part il savait prendre du recul et ne pas être rancunier, mais bon peut-être arriverait-elle à développer cette forme de maturité avec le temps elle aussi, peut-être...





[Hrp : Je propose qu'on conclue le rp ici du coup, dis moi ce que t'en penses et évidemment merci pour ce dernier . Sinon quand j'y pense, n'oublie pas le Osami/Lydie sinon et si jamais tu le désires, on peut voir éventuellement pour lancer un nouveau rp^^.]