15 Mars de l’An 2001 de l’Âge d’Acier

Il arrivait souvent qu’Amset doive collaborer avec d’autres mercenaires, que ce soit pour des contrats nécessitant que plusieurs soient engagés ou car l’employeur se doutait que si un seul mercenaire était engagé pour un contrat difficile, soit ça risquait de trop rebuter, soit les primes de risques demandées risquaient d’êtres si hautes, qu’engager un second mercenaire était plus économique…

Et en soit ça ne dérangeait guère l’Eïlynsterien sous couverture, qui faisait près tout ce genre de missions autant pour s’entraîner, que pour maintenir sa couverture de mercenaire, qui nécessitait justement qu’il fasse de temps en temps des contrats. Aujourd’hui la traque et le combat contre une gargouille mutée par alchimie pour avoir une peau aussi dure que le diamant… Une idée avisée, ou stupide de la part de celui qui avait altéré cette créature, mais soit, il avait après tout de quoi lutter contre.

Son client lui avait juste dit de retrouver une elfe archère dont il lui avait fait une description sommaire, à l’entrée Nord de la bourgade où il avait été engagé.. Ce qu’Amset ferait, ainsi il arriva à l’heure et croisera, ou attendra qu’arrive l’elfette, et une fois cette dernière en vue. Et supposant qu’elle savait aussi qu’elle avait un partenaire de mission, le naga irait lui dire d’un ton serpentin polie, et qu’il voulut aimable malgré le fait que des fois l’attitude des nagas était difficile à percevoir pour les sang chaud.

« Salutations, vous êtes là aussi pour la traque de la gargouille de diamant ? On m’a dit que vous étiez une archère compétente ? Pour ma part vous pourrez compter sur mes boucliers, ma lame et mes sorts. » Ce avant de finir par demander, professionnel, même s’il avait l’air surtout fort neutre. « C’est votre première traque du genre ? »

Le cri d’un faucon fendit les airs de la ville. Après un dernier coup d’oeil vers le ciel du crépuscule, Sorona passa la porte de l’Auberge de l’Écorce Rouge ou un chant guttural et fort lui cassait déjà les oreilles. Évitant de justesse un homme tombant à la renverse dès son entrée, l’elfe enjamba les pieds couchés avec une mine sombre placardée sur le visage. S’arrêtant à côté du bar, elle releva le menton pour saluer Hectolon qui essuyait des verres encore sales malgré le “lavage”.

- Tiens, le faucon est de retour dans les parages ? Tu veux boire quoi ? déclara t’il en faisant danser sa moustache au-dessus de sa bouche.

- Pas pour longtemps Hectolon, je ne suis pas là pour boire, je cherche un type borgne.

Le barman posa son verre avant de se rapprocher de Sora en plissant les yeux.

- Des types borgnes, y’ en a partout dans mon établissement cria t’il pour se faire entendre des chants de plus en plus fort.

- Il a un tatouage sur la joue.

- Pas de ce genre là dans mon auberge faucon.

Sorona fronça les sourcils à la fois embarrassé et agacé. Posant ses fesses sur un tabouret, elle fit signe à Hectolon de lui servir un verre. Récemment, des annonces avaient été placardées un peu partout en ville au sujet d’une quête qui avait attisé la curiosité de bon nombre de mercenaires. Une gargouille de diamant semant terreur aux alentours. Engagée pour résoudre le problème, Sorona était censée retrouver un des commanditeurs ce soir-là pour parler plus en détail du contrat. S’il ne se pointait pas c’était soit qu’il avait eut des ennuis, soit qu’il avait trouvé meilleur ailleurs ce qui attisait la braise qui coulait dans les veines de l’elfe.
Se saisissant de la pinte que lui tendait Hectolon, Sorona lui lança de ses doigts agile une pièce avant de porter la bière à sa bouche.

- Attend voir, je crois que la mémoire me revient, un borgne, tatouage sur la joue gauche ? Bien sûr, suis-je bête, il t’attend là-bas.

Sorona suivit le doigt du barman et en effet les détails de l’homme qu’elle cherchait étaient bel et bien présents.

- Tout ça pour que je paye un truc ? déclara-t-elle en plaçant un rictus mi amusé mi blasé sur les lèvres.

- On a rien s’en rien Sorona ajouta t’il avec un clin d'œil.

- Sale chien, t’as de la chance qu’elle soit bonne.

Se relevant, Sorona se dirigea vers l’homme avant de s’arrêter à côté de sa table. L’homme plissa les yeux en la détaillant de haut en bas avant d’installer un sourire carnassier sur son visage de rat.

- Je vous attendez…


Elle aurait dû s'en douter. Dès le début, cette quête lui avait semblé louche, mais la veille au soir, lorsqu’elle avait appris qu’elle allait faire équipe avec quelqu’un d’autre, une envie de meurtre avait bien faillit la submerger. Elle détestait travailler avec d'autres. C’était bien pour cela qu’elle travaillait toujours seule. Elle considérait les autres comme des poids de plus qui l’empêchait de faire correctement son boulot. Pour sûr, elle était mercenaire mais les haïssait aussi, allez savoir.
Mais les signatures étaient faites, et la prime en valait vraiment la chandelle. Bougonnant alors sur son cheval, Sorona quittait la bourgade pour retrouver son fardeau et collègue à l’endroit prévu. Ce qui n’avait pas été encore mentionné non plus, c’est que son dit collègue était un Naga. L’elfe n’en connaissait pas temps que cela, mais de ce qu’elle savait ou du moins dans sa logique, les Nagas ressemblaient à des serpents, et un serpent n’a que perfidie et poison en lui.

Flattant l’encolure d’Olikan, Sorona aperçut la source de ses râlements depuis la matinée. Le Naga paraissait bien grand et sa couleur sombre aurait peut-être quelques avantages s’il devait se retrouver à errer dans le noir. Ce fut le mercenaire qui brisa le silence.
Sorona hocha la tête et c’était bien tout ce qu’elle pouvait faire avec son visage crispé.

- Alors c’est vous Amset ? Nous avons le même client.

Sorona l’écouta terminé en le jugeant à son tour en large et en travers. Il ne paraissait pas bien méchant dans sa façon de parler, ni mesquin, mais mieux valait rester vigilant.

- Fort bien déclara-t-elle lorsqu’il eut fini.

Comment cela ? Sorona peu sociable ?

Le cri d’Ixaryl dans le ciel lui fit lever la tête un instant avant de plonger son regard dans celui du Naga.

- Ce style d'affaires ? Oui, elle est assez anodine. Ne restons pas là, plus vite on commence, plus vite on termine. Je pense qu’on devrait commencer par là ou tout à commencé, aller là ou cet alchimiste à été tué… qu’est-...ce que tu en penses ?

Talonnant doucement les flancs d’Olikan, Sorona s’engagea dans le chemin. Déjà elle se sentirait plus à l’aise en mouvement. Et puis, ne voulant pas paraître comme l’ours qu’elle était finalement, elle continua :

- Et toi, ce genre de… quête, tu y connais un rayon ? Pourquoi celle-là et pas une autre ? Un Naga dans le coin, c’est plutôt… disons curieux.

Amset hochera légèrement de la tête concernant son identité, puis estima rapidement que son interlocutrice n’avait pas l’air très bavarde ou chaleureuse aux premiers abords, mais ça pouvait arriver. Ils étaient après tout des mercenaires engagés pour un même travail, ça n’impliquait pas forcément qu’ils fraternisent à la fin, en soit tant qu’elle ne tentait pas de le trahir pour une raison obscure, ça ne le dérangeait pas forcément…

Pour le reste, après avoir jeté un léger coup d’œil au faucon dans le ciel, il suivra l’elfe qui était sur monture et l’invitait à avancer, ce avant d’ajouter pensif.

« La bête doit être furieuse, retrouver sa trace ne sera pas difficile à partir de là où elle a été vue récemment. Néanmoins, je ne suis pas un pisteur de talent. » Autant préciser ce fait, qu’elle ne compte pas trop sur lui pour cela, ce avant d’ajouter avec une calme amabilité. De son ton serpentin, un ton pas désagréable en soi, disons juste qu’on sentait que ce n’était pas un humain ou un nain qui parlait.

« Ce n’est pas la première fois que je combat une bête qui représenter un danger pour des citadins ou villageois. Cela fait un bon défi et reste un travail honnête. » Ce qui voulait dire qu’il y avait des travail qui n’étaient pas honnêtes à ses yeux, et qu’il appréciait les défis. Ce avant de légèrement tourner le regard vers l’elfe curieuse à son sujet et d’ajouter avec une légère dose d’amusement.

« Il y a des années, la première fois où je suis venu en ces terres, des esclavagistes ont pensés que je ferais un bon prisonnier, je n’aime pas tuer quand ce n’est pas nécessaire, mais là je ne m’étais pas retenu. » Ce avant de reprendre plus sérieusement. « Je suis un mage, de l’âme et un bretteur, je pourrais occuper la créature au corps à corps si cela vous va. Je suppose pour ta part, que tu es une archère ? » Il avait vu après tout l’arc qu’elle avait avec elle.

Quoiqu’il en soit, concernant son attitude, le naga était un naga, donc il était plus difficile pour un sang chaud de percevoir ce qu’il pensait ou ressentait, du moins plus qu’avec un autre sang chaud, mais… Celui-ci semblait faire un effort pour ne paraître trop froid ou taiseux, peut-être une habitude de mercenaire qui devait interagir avec des non nagas au quotidien ?

Pour le reste, laissant le temps à l’elfe de répondre aux questions pratiques, il finirait par demander, sans doute pour converser.

« Louve solitaire ? » Sans doute parlait-il de son style en général. Il ne savait pas, disons qu’elle lui donnait cette impression, après c’était le cas de beaucoup de mercenaires qui travaillaient en solitaire même si pas tous, plutôt que ceux qui passaient leur temps et leur vie dans une compagnie de mercenaires…

Quoiqu’il en soit, ça ne devrait pas mettre longtemps pour arriver à leur destination, après tout on les avait engagés dans les environs proches du méfait.

Au rythme des posés des sabots d'Olikan, Sorona se permit de jeter un petit coup d'oeil au mercenaire à ses côtés. De sa grande taille, ce n'était pas forcément elle qui baissait fortement la tête. À vrai dire, ce Amset devait être à peu près à même hauteur qu'elle sur son cheval. Détaillant le physique des Nagas, elle n'avait pas tant eu l'occasion d'en observer de si prêt. Et la question qui la taraudait toujours. Comment un Naga s'était retrouvé à être mercenaire dans une région loin des marécages ?

Puis alors, Amset se mit à conter brièvement son passé. Prisonnier ? Esclavagistes ? Tout ceci attisait la curiosité de Sorona bien que son visage restait neutre à toute épreuve.

- C'est bien ça. Je me débrouille plutôt pas mal avec un arc et des flèches.

Continuant sur le chemin sinieux et légèrement poussiéreux, des collines boisées apparurent dans le lointain. Leur destination première serait donc la demeure de l'alchimiste, créateur de cette bête tueuse.
Sorona haussa un sourcil suite à la déclaration du Naga. Le regardant cette fois-ci avec intensité, l'elfe voulait savoir ou voulait en venir Amset.

- Pas besoin d'un dessin, je n'aime pas travailler avec d'autres... mercenaires. Ils sont bruyants et la plupart avec qui j'ai travaillé était de véritable empoté. Mais comme tu l'auras remarqué je ne suis pas véritablement seule. Olikan est un brave destrier déclara t'elle en se penchant en avant pour lui gratouiller entre les oreilles. Et Ixaryl surveille là-haut. Et toi ? Comment peut-on aimer travailler avec d'autre.

Et justement, en parlant de son faucon, un cri perçant venant des hauteurs se fit entendre.
Sorona redressa vivement la tête en serrant ses doigts sur les rênes.

- Il se passe quelque chose dans le bois. Allons-y !

Demandant le galop, l'elfe s'en alla sachant que le Naga ne tarderait pas à la rattraper.

Les plaines disparurent pour un bois épineux. Les pins s'élevaient haut dans les airs et le sol était jonché d'aiguilles. En continuant un peu, obligé de ralentir l'allure à cause du chemin plus sinueux, Un petit village s'éleva dans une jolie clairière.
Le village ou vivait l'alchimiste défunt.

Un cri retentit à l'ouest de celui-ci et Sorona accéléra vivement l'allure avant de déboucher sur un muret cachant de l'autre côté une chaumière. L'atelier même de l'alchimiste. Sur le palier de la demeure, un jeune garçon sanglotant semblait prêt à défaillir.
Descendant d'Olikan, Sorona jeta un coup d'oeil à Amset en lui faisant un signe de la tête pour qu'il fasse utilise une vision qu'il devait certainement avoir meilleure vu qu'elle pour voir si rien ne rôdait autour.
L'elfe s'approcha du garçon. Elle n'aimait pas les gosses. Mais bon, avait-elle vraiment le choix ?

- Qu'est-ce qui se passe bonhomme ? Tu ne devrais pas être ici.

Tout tremblant, l'adolescent releva ses yeux trempés vers elle.

- Je... je... je sais... mais... j'avais... il me fallait quelque chose... à l'intérieur. Et j'ai... vu une... je l'ai vu madame. La bête qui nous hante...

Sorona haussa les sourcils. Que faisait cette gargouille de nouveau dans la demeure de son maître ? Elle était censé pourtant être loin maintenant.

- À quoi elle ressemblait ? demanda t'elle avec un ton peu chaleureux malgré la situation.

- Je... ne sais pas, elle était dans  l'ombre. Gigantesque.  Elle était gigantesque. J'ai cru qu'elle allait me tuer mais après j'ai entendu le cri d'un oiseau et la créature s'est enfui. Elle... elle a prit quelque chose, je crois.

L'elfe écouta le gamin et avait de plus en plus de mal à croire à cette histoire. Elle n'avait en soit peu de sens mais, au moins, ils avaient déjà peut-être une piste ?
Relevant le garçon, Sorona lui indiqua formellement de partir au sein du village et de ne pas ébruiter l'affaire mais de dire simplement que deux mercenaires avaient été engagés pour régler rapidement le problème.
Regardant l'ado détaler, Sorona alla retrouver Amset pour tout lui raconter et voir s'il avait trouvé des choses intéressantes.

Amset serpentait calmement pendant que tout deux avançaient vers leur destination, une forme de déplacement assez singulière sans doute aux yeux de Sorona, quoique simplement celle des serpents en vérité, même si là la tête du naga n’était pas du tout au niveau du sol… Une manière de se mouvoir qui n’était pas spécialement bruyante ou maladroite, au contraire esquissée avec une certaine grâce, même si aussi banalement. Il faut dire, le naga devait juste « marcher » comme il marcherait au cours de n’importe quel voyage ou trajet…

L’elfe confirmera d’ailleurs qu’elle était archère, ce qui ne l’étonna pas vraiment, pas parce que c’était une elfe, mais parce qu’elle avait un arc avec elle et qu’elle ne le cachait pas. Ou alors, il aurait put se demander l’intérêt de porter avec soi une arme qu’on utilisait jamais, surtout aussi encombrante…

Pour le reste, alors qu’ils avançaient, Amset vit bien que sa question sur le fait qu’elle était louve solitaire interloqua un peu l’elfe, chosa qui ne la dérangea guère et l’amusa même un petit peu. Même si son faciès reptilien n’en montra rien. Il se contenterait alors d’écouter poliment et de dire amusé. « Il vaut mieux être seul que mal accompagné je suppose. » Puis d’ajouter pensif. « Cela dépend, je n’ai rien contre la compagnie, ni contre la solitude, cela dépend sur qui je tombe. »

Puis, sur ces belles paroles, le faucon de la dame archère signala quelque chose, Amset acquiescera alors rapidement et presserait son avancée pour suivre l’elfe, même si évidemment il mettrait un peu de temps à arriver…

Et il arriverait en effet à la suite de l’elfe qui lui demanda de surveiller les alentours, ce qu’il fit donc, tout en regardant quelque chose qu’il venait de voir… Sorona revint peu après avec certaines choses à lui raconter, Amset dirait donc pensif…

« Hum… Regardez ces traces. » En désignant quelques traces de pas dignes d’une gargouille, mais grandes, plus que celles d’une gargouille de tille « normale » dira t-on. En général les gargouilles n’étaient pas beaucoup plus grandes qu’un humain ou un orc, ce qui faisait déjà pas mal, mais là c’était plus les traces d’une bête bien au dessus de la taille d’une gargouille lambda, le naga dirait alors pensif en prenant en compte tout cela.

« J’ai le sentiment que notre alchimiste a fait des expériences sur une gargouille de particulièrement grande taille, et peut-être avait-il l’idée de la dresser pour qu’elle soit intelligente et puisse rapporter une fortune à la revente. » Après tout un dresseur exceptionnel qu’il soit mercenaire ou civil aurait payé une fortune pour une telle bête… Et ça aurait sans doute put se faire sans heurts particuliers, si le dit alchimiste n’avait pas périt par son imprudence.

« Enfin c’est ce que j’en déduis, il avait peut-être une autre idée en tête... » Il regardera alors la chaumière et dirait pensif… « Nous pourrions fouiller la demeure de l’alchimiste, peut-être y a t-il quelque chose d’intéressant à y trouver si la bête a prit la peine d’y revenir... » Après tout, un animal sauvage n’allait pas revenir par nostalgie ou désir de se venger après avoir déjà tué le malfaiteur, il devait y avoir donc quelque chose qui avait fait une nécessité pour lui de revenir ici...