11 Julius de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

C’était souvent que Osami devait faire de la diplomatie, même si en général elle était soit interne à son duché, soit concernait les autres duchés, comtés, républiques et autres entités politiques constituant l’ensemble politique complexe de ses duchés du sud bien aimés en général. C’était là une charge qu’elle avait dû assumer rapidement suite à a sa prise de pouvoir soudaine, mais aussi bien avant la fin de la guerre civile qui avait suivit.

Par contre, il était plus rare que ce soit avec l’équivalent d’un chef d’état étranger, outres les diplomates et représentants de petite envergure. Y compris les chefs de petits états Eïrniens, dont aujourd’hui une princesse, certes pas encore dirigeante, mais sans doute à terme d’un royaume Eïrnien comme il y en avait quelques-uns. Une invitée qui serait sans doute intéressante pour discuter commerces et d’autres choses, après tout les duchéens étaient des marchands dans l’âme, commercer était pour eux autant au cœur des relations entre états que la diplomatie et la guerre.

Et puis bon, un duché montagnard comme le sien sans accès à la mer était en vérité très exportateur et importateur à la fois, quoiqu’il en soit peut-être qu’il y aurait d’autres choses aussi et pas que le commerce qui serait abordé ! En attendant elle devait donc recevoir son invitée aujourd’hui.

Peu avant la rencontre, Osami avait donc mobilisé en partie la garde ducale pour lui servir d’escorte d’honneur, de rudes mercenaires montagnards armées d’arbalètes et de haches qu’elle positionna devant la plateforme d’atterrissage atterrissage du palais, d’habitude employée pour les cavaliers volants de la caserne du palais, qui était aussi fort pratique pour les invités voulant venir par la voie des airs car large et assez décorée. Car la plateforme étant située à côté du palais, les ducs de Sarassi avaient jugés bon au cours des siècles de la décorer d’arbres et sculptures, non sur la plateforme elle-même, mais devant, pour que ce soit un peu de bon goût… Et comble du luxe, elle n’était guère loin des sublimes jardins ducaux qu’Osami avait héritée de ses prédécesseurs et pas trop retouchés, des jardins débordant d’espèces végétales exotiques achetés à prix d’or. Et sans doute qu’il faudrait qu’elle y apporte sa touche personnelle à terme...

La duchesse elle-même sinon, à sa taille habituelle et sa forme originelle, deux faits devant être notés et non sous son autre forme naturelle de grande renarde, attendait devant la plateforme son invitée qui ne devrait pas tarder, vêtue d’une robe montagnarde et non d’un sublime kimono. Une robe duchéenne assez sobre, mais riche et très élégante fait en tissu précieux, le genre qu’elle pouvait porter et qui lui allait bien, dans des teintes rouges claires plutôt agréables. Le tout la mettait très en valeur sans trop en faire, comme les bijoux qu’elle portait.

En attendant, elle pouvait contempler le magnifique panorama, la cité capitale de son duché après tout, offrait une vue sublime sur la montagne au sommet de laquelle elle était juchée, mais aussi sur les autres l’entourant. Un panorama extrêmement peu plat en effet...

La première visite diplomatique d'Iryna dans les Duchés s'était globalement bien passée, et n'avait pas été sans laisser de traces puisque, au-delà des alliances et contacts qu'elle avait déjà pu nouer – après tout, s'allier prenait souvent du temps, et un premier contact était déjà un bon élément – mais en plus elle avait pu, de là, tisser d'autres contacts plus éloignés de la zone où elle avait opéré à ce moment-là, notamment avec des Duchés qui se situaient loin de la côte, ou loin de la zone occidentale des Duchés du Sud où elle avait été visiter son amie Tullia. Notamment, elle avait pu entrer en contact avec la Duchesse de Sarassi, un état situé au nord du territoire duchéen, loin dans les terres, à la frontière avec Teïder. Nul doute que ce genre d'environnement devait donner de rudes guerriers et des dirigeants forts, prêts à faire face à la menace des barbares centraux, et donc des alliés de valeur, potentiellement, même si pouvant moins facilement appuyer Dasalvuri en cas de problème. Sans compter qu'ils auraient sans doute des ressources très différentes de celles du royaume insulaire, nourrissant potentiellement les échanges.

De toutes façons, Iryna cherchait un vaste réseau d'alliances, et n'allait donc pas en dédaigner une potentielle. Voilà comment elle avait, via un échange de lettres, convenu d'une rencontre avec la duchesse Osami, découvrant en plus, en s'intéressant à elle plus en détail, qu'elle était proche d'Ikhyld, ce qui pouvait toujours être utile à terme. Pour se rendre à Sarassi, elle avait choisi de prendre la voie la plus directe et, après avoir obtenu les autorisations nécessaires, de survoler directement le territoire akkatonien. Bien entendu, elle ne fit pas le voyage seule mais entourée de la Garde Céleste, une compagnie royale de Chevalier-Pégase, qui formait une des troupes d'élites dasalvuriennes. Une dizaine de cavaliers célestes, plus la capitaine de la troupe, l'accompagnaient, ce qui semblait de taille à faire face à toute rencontre fortuite avec un monstre sauvage, par exemple, si tant est qu'ils ne puissent le distancer par les airs.

Rien de ce genre ne se produisit toutefois. Et le Grand Désert fut franchit en plusieurs nuit de traversée, le repos se prenant de jour sur recommandation de plusieurs cavaliers célestes consultés avant le départ et qui avaient déjà dû franchir l'obstacle, la petite troupe faisant halte dans divers villages akkatoniens pour se reposer durant la journée, ce qui ne semblait pas si bizarre aux habitants du désert, heureusement. Le dernier jour, ils repartirent néanmoins pour arriver de jour à Sarassi après avoir franchit les montagnes marquant la frontière entre les Duchés et Akkaton, ce qui fut fait sans mal, et c'est par un bel après midi que la Princesse et son escorte se posèrent sur l'air d’atterrissage où les attendaient la Duchesse et la sienne. Iryna, qui portait sa côte de maille draconique pour le voyage et en dessous une tenue blanche plus simple que sa robe de réception, mais néanmoins élégante, mit pied à terre en compagnie de sa petite troupe, et retira son léger casque de voyage qu'elle tendit à sa capitaine avant de s'incliner légèrement devant Osami venue l’accueillir.

« Votre Grâce, c'est un plaisir de vous rencontrer enfin, et un honneur que vous soyez venue directement à ma rencontre. Vous avez un magnifique Duché, de ce que j'ai pu voir du ciel ! »

Cela n’étonna pas Osami et fut sans doute des plus pratiques même que son invitée ait décidée d’arriver par les airs, ce qu’elle finit par faire sous ses yeux d’ailleurs, accompagnée de son escorte ! Après tout les territoires montagnards avaient tendance à encourager ce genre de pratiques de la parts de certains ambassadeurs et de ceux pouvant chevaucher un pégase ou se payer les services d’un cavalier volant.

C’est ainsi que la princesse du royaume Eïrnien qui venait discuter avec elle en ce jour, put mettre pieds à terre, elle ainsi que les gardes royaux de son escorte, sur la plateforme atterrissage du palais. Osami s’approcherait alors d’elle et lui rendrait son salut, ce alors que les gardes du corps de la duchesse restaient en retrait. Sans doute autant par déférence, que parce qu’Osami estimait ne pas avoir besoin qu’ils la collent, son interlocutrice du jour n’ayant sans doute pas de mauvaises intentions après tout.

Ces derniers pour leur part, hommes comme femmes aussi biens nains, qu’humains et orcs notamment, restaient parfaitement professionnels, quelques-uns semblèrent tressaillir l’espace de quelques instants à la vue de la princesse, comme certains avaient put le faire par le passé à celle d’Osami, mais ça ne dura qu’un fugace instant, témoignant d’un très fort professionnalisme et d’une grande rigueur. C’était des mercenaires certes, mais forts disciplinés. Ce qui dans les duchés n’était pas si fréquent, car les mercenaires duchéens faisaient sans doute partie des meilleures troupes d’infanterie du continent, surtout au corps à corps, mais leur discipline avait tendance à ne pas être aussi bonne que celles des troupes nationales d’autres pays… Mais bon, pas étonnant pour des gardes ducaux !

« Le plaisir est partagé votre altesse. » Elle croyait se souvenir que c’était comme cela qu’on nommait une princesse pas encore régnante ? Il faut dire, elle croisait rarement des princesses ou princesses, et disons que les futurs héritiers des quelques hauts bourgeois autocrates duchéens tels que les ducs et comtes, se faisaient qualifiés souvent par des titres différents. « Ainsi que l’honneur, celui que vous soyez pour votre part venue jusqu’ici pour me rencontrer. Quant à mon duché, les montagnes de Sarassi sont rudes, mais savent êtres magnifiques et regorgent de trésors. » Ajoutera t-elle sinon appréciative, se mettant alors aux côtés de la princesse, pas aussi près néanmoins qu’aurait voulut la convenance duchéenne, après tous les duchéens avaient tendance à peut-être un peu trop de proximité quand ils conversaient par rapport aux convenances d’autres pays… Certains plaisantins disaient même à distance idéale pour poignarder, mais c’était de l’humour un peu trop noir à son goût. Elle reprendra donc aimable !

« Quoiqu’il en soit, je vous laisse un choix votre altesse, désirez vous que nous discutions en privé dans un salon ? Ou visiter avant un peu le jardin du palais et/ou le palais lui-même ? Si les montagnards peuvent des fois paraître un peu rudes par rapport à leurs compatriotes des terres plus basses, nous sommes aussi raffinés que le reste. Et le palais de Sarassi je le gage, aura autant à offrir à votre regard que bien d'autres. » Après elle disait cela, mais elle avait l’air d’être plutôt du haut du panier avec son air Ikhyldien et ses manières mélangeant celles des duchés et d’Ikhyld, mais sans doute parlait-elle pour ses sujets en général en mettant en avant leur raffinement n'ayant pas à rougir de celui d'autres duchéens, surtout au niveau de l'élite sans doute.

Elle avait proposée cela sinon car elle se disait que l’attention pouvait être appréciée, surtout qu’on pouvait dire ce qu’on voulait des ducs duchéens, ils ne regardaient que rarement à la dépenser quand ça concernait le faste et la raffinement de leur palais. En même temps, c’était aussi ce sur quoi devait reposer leur prestige ? Le leur certes, mais aussi celui de leurs terres... Dans un territoire aussi concurrentiel que les duchés, ça avait donc aussi son importance.

En s'avançant doucement sur l'espace d’atterrissage, Iryna pu voir qu'elle faisait un certain effet sur une partie des gardes présents, ce qui fut très bref évidemment mais ne manqua pas de lui faire plaisir malgré tout, bien qu'elle dissimule cela à l'intérieur de son simple sourire de bienvenue. Après tout, il était toujours agréable de savoir que l'on faisait son petit effet ! Quoiqu'il en soit, elle porta évidemment rapidement toute son attention sur la Duchesse, qui l’accueillit comme il se devait, la damoiselle se fendant d'une révérence en réponse à son salut, même si elle ne faisait pas tout à fait le même effet sans doute qu'en robe protocolaire, mais bon, dans ce rude Duché tout à la fois montagnard et frontalier, elle ne pensait pas que la chose serait forcément un problème... et de toute façon, chevaucher aussi loin en robe de cours n'était guère dans ses possibilités, ni à son avis dans celles de quiconque !

« Bien que je ne doute en rien des merveilles de votre palais, de ses jardins et de ses nombreux atouts, et bien que je prendrai assurément grand plaisir à les découvrir un peu plus tard, je vous avoue que je ne serai pas contre une discussion assise sur quelque chose de plus moelleux qu'une scelle de cavalerie, dans un premier temps, je le confesse. »

Iryna assorti cet « aveux » d'un léger rire argenté, qui résonna doucement dans l'air clair autour d'elle, comme en matière d'excuse. Il était vrai que, bien qu'elle soit une cavalière émérite, elle n'avait que rarement l'occasion de faire de si longs trajets d'une traite, c'était à vrai dire le premier, et qu'elle n'aurait pas été contre un peu de repos dans un cadre un peu plus confortable. Non que cela lui soit ceci dit absolument nécessaire pour autant, bien entendu – elle n'était pas en sucre, comme l'aurait dit en riant son instructeur – mais puisque Osami lui laissait la possibilité de choisir, elle n'allait pas se détourner de ce choix potentiel.

« Cela va de soit je suppose, mais mes hommes m'attendront ici, ou au lieu où il vous plaira de les affecter. J'ai toute confiance en votre parole pour garantir ma sécurité à l'intérieur de vos murs. »

C'était en soit un aveux potentiellement risqué dans les Duchés, bien sûr, mais ayant étudié un peu le profil et les origines d'Osami avant de venir, évidemment, Iryna l'imaginait mal trahir sa parole pour la prendre en otage, par exemple... sans compter que, au cœur de son palais, ce n'étaient pas quelques gardes qui auraient empêché cela. Quant aux gardes eux-mêmes, les normes dasalvuriennes aurait voulu qu'on leur offre le confort d'un baraquement ou quelque chose de comparable, mais bien entendu elle n'allait pas dicter ses actions à la maîtresse des lieux – et là aussi, elle n'avait guère de doute sur le fait que cela aboutirait tout de même à ce que ces hommes soient bien traités.

« Je vous suis donc avec plaisir, Votre Grâce, et me remet entre vos mains. »

Osami fit sans doute un effet aussi à des gardes du corps de dame Iryna, mais toutes deux étant habituées à cela, sans doute que ce ne fut pas très visible, cela et de toute façon l’honorable invitée de la duchesse était plus importante que ce genre de détail et visiblement d’humeur cordiale. Mais après tout, il aurait été contre-productif pour elle de se montrer peu aimable ou agacée après un tel voyage diplomatique pour rencontrer une duchesse n’étant guère une voisine, il n’y avait après tout pas grand-chose où leurs deux états devaient se concurrencer…

« Alors soit, nous irons nous asseoir dans un salon, les fauteuils y sont confortables et j’espère vous soulagerons un peu après une si longue chevauchée. Je suppose que vous n’aurez rien contre un verre et quelques amuses gueules ? Pas forcément de vin, si vous tenez à avoir l’esprit parfaitement clair, nous faisons aussi des boissons plus douces agréables. » Dira t-elle sinon avec grâce. Pour sa part ça ne l’embêtait et puis elle pouvait comprendre que la jeune femme soit fatiguée.

Quoiqu’il en soit, son interlocutrice avait une certaine aura c’était indéniable, que ce soit par une sorte de charisme exceptionnel et une beauté fort rare pour une humaine, cela Osami l’estima fort bien. Elle trouva cela même plutôt agréable en un certain sens, après elle croisait son lot de personnalités au charme électronique et aux personnalités acérées, le milieu de la haute bourgeoisie duchéenne étant assez exigeant, mais elle trouva cela bien plus agréable que la compagnie des requins ou rivaux habituels...

« Il y a une partie du palais où nous logeons les invités et leurs escortes, mes gardes sauront y mener vos hommes qui y disposeront de tous les conforts nécessaires, ils seront fort bien traités en tout cas. » Dira sinon la duchesse amicale, avant de conclure aimablement en invitant dame Iryna à la suivre. « Quoiqu’il en soit, allons donc trouver un salon agréable où discuter. » Et ceci dit elles entrèrent donc, seulement à deux et sans escorte, ce qui n’était pas forcément courant de la part d’une duchesse comme Osami dans le palais, qu’elles traversèrent. Oh il y avait évidemment des gardes et serviteurs qui rôdaient, mais beaucoup de ducs préféraient être largement accompagnés quand ils traversaient leur palais, ce qui témoignait de la part d’Osami sans doute d’une certaine confiance, ou de sa capacité à se défendre… Elle avait après tout la réputation d’être une grande combattante et d’avoir une force, immense dira t-on…

Ainsi, après quelques couloirs magnifiquement décorés ou arrangés par quelques œuvres d’arts ou beaux meubles, elles entrèrent dans un salon décorée à la duchéenne montagnarde. Osami invitera alors son invitée à s’asseoir sur un fauteuil présent avant de dire cordialement, après que des serviteurs aient déposés de quoi se restaurer légèrement. Ce alors que Iryna pouvait contempler le décorum de la pièce dominé par un tableau qui semblait représenter les plus hautes cimes du duché et le ciel vers lequel elles se dressaient.

« Quoiqu’il en soit, je tiens à vous dire que je suis tout à fait ouverte à la poursuite favorable des relations commerciales entre nos deux états. Sarassi est un producteur important de minerais, gemmes et de tout l’artisanat gravitant autour comme il l’était avant ma prise de pouvoir et que nous comptons bien continuer à échanger avec votre peuple. » Ce pour souligne un point où elles seraient sans doute toutes deux aisément d’accord, ce avant d’ajouter pensive.

« Quant au reste, je suppose que votre royaume est toujours aussi prospère ? D’ailleurs quelles sont les nouvelles concernant vos contrées ? Je ne me rend malheureusement pas si souvent en Eïrn, même si je ne suis guère inconnue à ces contrées. Je serais en tout cas curieuse à terme de venir dans votre royaume... » Un compliment assez sincère qui ne coûtait rien et qui permettait de commencer la discussion diplomatique et commerciale, car une parfaite ouverture pour que la princesse parle de ses besoins et envies concernant leurs relations diplomatiques futures.

Iryna hocha la tête avec un sourire aux propos d'Osami acceptant qu'elles discutent dans un endroit calme et où elles pourraient se reposer un peu – enfin, ce serait surtout l'Eïrinienne qui se reposerait, certes – et assurant le bon logement de ses gardes... en soit il aurait été certes bien étrange de laisser ses soldats simplement en formation là, du point de vue de la Princesse, mais elle savait que les usages étaient variés en fonction des endroits, et que certains des hauts-bourgeois les plus paranoïaques des Duchés n'aimaient guère introduire une force armée, fut-elle réduite, dans leurs murs, raisons pour lesquelles elle n'avait pas voulu avoir l'air d'imposer la chose à Osami – cela et, évidemment, le simple tact diplomatique.

« Je vous remercie du soin que vous prenez de mes gens, ainsi que de moi-même, évidemment. Ils iront là où vos hommes les guideront, quant à moi je vous suivrai avec plaisir, Votre Grâce. »

Inclinant doucement la tête, la belle aux cheveux clairs suivit donc la maîtresse des lieux en direction de son palais, alors que son escorte suivait les locaux vers les écuries pour leurs montures puis vers les baraquements qu'on leur destinerait, en échangeant quelques mots entre eux sur la beauté de la maîtresse des lieux une fois les deux dames hors de vue. Quoiqu'il en soit, la jeune humaine, pour sa part, ne fut guère surprise de trouver un palais richement décoré, et suivit poliment Osami jusqu'à la salle qu'elle dédiait à leur réunion, prenant place avec élégance mais tout de même un soulagement évident.

« Ah, on est tout de même mieux assise pour discuter, je pense ! Je prendrai volontiers un rafraîchissement, pour répondre à votre question de tout à l'heure, même si en effet je préférerais m'abstenir sur l'alcool, qui je pense ne sied guère une telle négociation... même si de votre côté cela n'a plus guère de signification de faire attention à ce genre de détails, je suppose ! »

Iryna faisait bien entendu allusion au fait que son interlocutrice était une magicienne transformiste qui pouvait allégrement ignorer les effets néfastes de la boisson si elle décidait que le vin était ce qu'elle voulait boire, même en pleines négociations... l'Humaine n'avait toutefois pas ce luxe, et se contenterait donc de boissons plus douces, prenant après tout son devoir en tant que négociatrice tout à fait au sérieux, comme la plupart de ses devoirs, d'ailleurs.

« Il va de soit que le Royaume de Dasalvuri est également prêt à continuer les échanges, sinon je ne serais pas ici ! Même si nous ne devons pas être vos plus grands partenaires, vu la distance qui nous sépare, les échanges entre nos deux peuples furent toujours fructueux et n'ont aucune raison de cesser de l'être. »

Après tout, Sarassi pouvait certainement trouver plus prêt la plupart des produits de la mer que proposait Dasalvuri, et de même pour les métaux de Sarassi dans le royaume insulaire, mais cela n'empêchait pas les échanges notamment de petites quantités d'éléments précieux, comme des métaux rares, des perles, des matériaux monstrueux marins et ainsi de suite. Du reste, elle savait qu'avec des Duchéens, même d'adoption, souligner les bénéfices monétaires était souvent un bon angle de discussion.

« Du reste bien entendu vous serez toujours la bienvenue chez nous si vous souhaitez découvrir nos terres, que ce soit pour une visite au palais ou pour découvrir nos territoires plus en détail. Ce serait un honneur pour nous de vous recevoir, bien entendu. »

Cela ne posa guère de problèmes d’arriver au salon et de s’y installer, mais était-ce étonnant étant donné que cette entrevue avait été prévue et sans doute qu’Osami avait décidée de faire plutôt bonne impression à son interlocutrice du jour ? Pas vraiment et nul doute que les boissons douces, sous forme de thé ou café selon les préférences des deux dames, qui seraient apportées, seraient d’excellente qualité d’ailleurs ! Si le thé était probablement d’origine Ikhyldienne par contre, mais bon, les duchés étaient connus aussi pour faire un bon café, enfin quand était prêt à payer le prix pour avoir de la qualité. Une boisson connue pour le gain en énergie qu’elle pouvait offrir à celui ou celle la consommant !

Et elles ne mirent sinon pas beaucoup de temps à commencer à parler diplomatie, même si fut d’abord en abordant le sujet avec tact et les points sur lesquelles elles seraient facilement d’accords ! Comme le commerce et les échanges, après tout elles n'avaient aucune raison de vouloir mettre fin à cette saine pratique entre leurs deux états...

« Ne dit-on pas que tout est important en politique et diplomatie ? Je gage en tout cas que nos rapports sont à notre bénéfice commun, et si d’une certaine façon l’éloignement peut être une gêne, vous pouvez aussi voir celui-ci comme des possibilités de tensions moindres haha. Ce serait plus complexe après tout si nous étions voisines et nous disputions l’usage d’un golfe. » En somme, pour elle ça faisait aussi que leur rapport diplomatique était plus aisé et moins à aborder avec prudence que d’autres. Après tout, si au pire un des deux partis était mécontent, l’autre n’avait pas à craindre de gêne majeure sur son commerce ou de conflit plus physique dira t-on !

« Je n’y manquerai sans doute pas, même si peut-être pas tout de suite, il y a encore tant à faire par ici et je gage que vous devez êtres aussi une dame très occupée ? Espérons que votre séjour ici ne vous fera pas regretter l’effort nécessaire pour venir. » Dira t-elle sinon amicale, puis prenant élégamment une gorgée de thé, elle reprendrait ensuite avec réflexion.

« J’aimerai sinon parler, d’une commande que j’aimerai faire au nom de mon duché. Vous voyez si nous pouvons évidemment trouver des bêtes volantes par chez nous, cela prend du temps pour en obtenir un certain nombre de tailles imposante et bien dressée, et la guerre civile qui a agitée le duché est encore récente... » De fil en aiguille, elle ajoutera donc. « J’envisageai donc de faire une commande d’une dizaine de griffon à votre royaume, plusieurs dizaines d’hypogriffe et bien plus de pégases, je sais c’est assez conséquent, mais important et je gage que vous y gagnerez au change. » Surtout que Eïrn pouvait être un assez bon producteur pour ce genre de choses, utiles d’un point de vue militaire. « Que ce soit monétairement ou autrement. » Achèvera t-elle donc de dire en voyant si Iryna y était réceptive, après tout c’était une genre de commande qui pouvait pas mal rapporter au royaume, certes pas de quoi faire les revenus de l’année, mais ce n’était guère négligeable...

Ayant le choix des boissons, Iryna porta ledit choix sur le thé, jugeant qu'il convenait mieux à ce genre de conversation diplomatique... elle ne refusait pas un bon café le matin, mais en cet instant ressentait surtout un besoin de calme et de sérénité pour se remettre du voyage et mener les discussions, et dans son esprit le thé s'accordait mieux à cela. Vu les origines de son interlocutrice, elle ne fut guère surprise, évidemment, de se retrouver devant des fragrances ikhyldiennes, tout au contraire et sans rien avoir contre, du reste : le thé ikhyldien était à son avis souvent plus raffiné et en accord avec ces mêmes sentiments qui l'avaient fait choisir cette boisson. Elle accepta donc la tasse offerte avec un doux sourire, et en bu doucement une gorgée en écoutant les propos de la belle Kitsune qui était son hôtesse en ce jour.

« Il est vrai que nous n'avons aucun contentieux territorial pour empoisonner potentiellement nos relations, en effet ! Mais ne vous en faites pas par ailleurs pour mon voyage, je ne pense guère regretter le déplacement... après tout, on ne discute jamais mieux de ce genre d'affaires importantes qu'en personne, et resserrer les liens d'amitié entre nos deux pays est assurément une affaire de grande importance à mes yeux. »

Après tout, si lointain soit-il le Duché de Sarassi était à la fois un partenaire commercial intéressant, notamment pour les pierres précieuses qu'il pouvait envoyer, et un état puissant, certes engagé dans ses propres problèmes contre les barbares teïderiens, mais qui pouvait tout de même faire un soutient potentiel de poids en se rajoutant à d'autres... d'autant quand votre plan n'était pas de livrer directement bataille. Mais Iryna n'allait évidemment pas aborder de tels sujets de front, et écouta plutôt les propositions de son interlocutrice, dont la première la surpris un peu mais pas spécialement en mal, au contraire, la faisant doucement sourire en réponse.

« Hé bien, c'est là une sacrée commande à passer d'un seul coup, mais mon royaume sera bien entendu heureux de l’honorer... sans vouloir être indiscrète, je suppose que ce sont les teïderiens qui vous inquiètent, pour que vous vouliez ainsi renforcer vos forces aériennes monstrueuses ? En tous cas, nous pourrons honorer cette commande sans problème, en effet. »

Bien entendu, cela demanderait de mobiliser une certaine part des dresseurs dasalvuriens, mais elle entendait par là que ce serait faisable sans devoir dédire d'autres commandes... ils prendraient au pire moins de commandes ordinaires pendant ce cas, mais en soit, de l'avis de la belle Princesse, mieux valait renforcer un allié que de vendre à des clients ordinaires, sans compter que cela renforçait aussi les liens entre les deux pays, et l'intérêt à long terme, pour Sarassi, de conserver de bonnes relations avec Dasalvuri, puisque cela leur garantissait de pouvoir à nouveau opérer ce genre de renforcement dans l'avenir !

« Pour ma part j'avoue ne pas être venue avec dans ma manche de si grande commande étatique à vous passer, il faut dire que Dasalvuri a la chance d'être plutôt dans une zone calme, en dehors des monstres habituels... néanmoins, j'espère que vous ne me trouverez pas effrontée de penser mériter votre être sur un volet plus... personnel ? »

La jeune femme avait posé la question avec un doux sourire qui rappelait sans doute un peu sa jeunesse, bien qu'il ne s'agisse pas non plus évidemment d'un simple caprice d'enfant, comme elle ne tarda du reste pas à l'exposer.

« Voyez-vous, c'est bientôt la fête des Esprits Gardiens, une fête particulière de Dasalvuri qui a lieu tous les dix ans, et où il est notamment coutume d'honorer ses parents par des présents... or je cherche encore un cadeau digne de ma mère, la Reine, et, les joailliers de Sarassi étant réputés jusque dans nos contrées, j'avais espérer profiter de mon séjour pour, avec votre aide, trouver un bijou digne de sa beauté et de l'amour qu'elle mérite. »

Osami aussi prit du thé, légèrement amusée intérieurement de voir que son interlocutrice avait choisit cela, sans forcément en être surprise. La kitsune buvait du café des fois aussi, une boisson typiquement duchéenne, même si les Akkatoniens aussi en buvaient et exportait, mais elle goûtait moins l’amertume du café dira t-on. Après, c’était une bonne boisson à consommer avant de devoir se pencher sur la paperasserie ennuyeuse, mais bon ça c’était le problème typique de mains dirigeants !

« Vous avez raison, j’apprécie en tout cas que vous ayez fait l’effort de venir jusqu’ici, c’est une marque de considération appréciable et que je ne manquerai pas de rendre. » Conclura t-elle sinon aimablement à ce sujet, ne relançant pas spécialement ce dernier, mais manifestant son appréciation. Après tout, la duchesse estimait que c’était le genre d’effort appréciable et qui témoignait d’une certaine estime ! Et n’en déplaise à certains, ce genre de choses pouvaient jouer en diplomatie…

Après tout la diplomatie selon les systèmes politiques pouvaient être des affaires de relations personnelles avant tout. Il est probable qu’avec l’empire Akkatonien ou une république marchande, l’opinion du dirigeant influençait moins les rapports diplomatiques du pays. Mais quand on parlait de monarchie ou d’un duché au gouvernement autocrate et non oligarchique ou républicain mercantile… Si le dirigeant ne vous aimait pas, vous pouviez très certainement avoir beaucoup de mal à obtenir quoique ce soit. Certes après, le pragmatisme ou cynisme duchéen pouvait aussi aider à passer par dessus...

Mais pour sa part Osami appréciait assez la princesse et puis surtout elle avait des demandes à faire, dont une commande qui ne sembla guère gêner son interlocutrice. Osami répondrait alors sincèrement, quoique fort aimablement.

« Il faut en effet compenser certaines pertes, renforcer d’autres fronts et même si nous avons des élevages à Sarassi, ils ne sont pas aussi productifs que les vôtres. En tout cas je peux gager que les cavaliers volants au service de mon duché n’ont jamais eut à se plaindre des montures originaires de vos contrées. » Et puis, la cavalerie volante était un investissement coûteux, encore plus celle monstrueuse et volante à la fois, mais qui pouvait être fort rentable, mais aussi nécessaire. Après tout, les forces mercenaires de Sarassi seraient bien en peine de ne pas avoir de soutien aérien à disposition lorsque les Teïderiens eux en aurait un...

Pour le reste, la princesse attira la curiosité de la kitsune par sa demande, un volet plus personnel ? Osami se contenta d’acquiescer avec un doux sourire à ce sujet, comme pour encourager à la dame Eïrnienne d’en parler… Avant que son sourire se teinte d’un léger amusement charmant. Elle glisserait alors avec appréciation.

« Une fête pour honorer les esprits ? C’est une tradition charmante. En tout cas ce serait en effet un magnifique cadeau pour votre mère, je dirais que la seule limite sera combien vous êtes prêts à payer pour. » Achèvera t-elle avec humour, ce avant de reprendre plus sérieusement. « En vérité, cela dépendra je suppose du type de pierres que vous voulez pour ce bijou et sa nature, mais les joailliers de Sarassi pourront certainement s’en charger. Je pourrais aussi charger des enchanteurs d’insuffler un peu de magie dedans selon ce que vous avez en tête. En tout cas, ils apprécieront sans doute de devoir faire une commande royale, cela poussera les intéressés à se surpasser. » Elle semblera alors réfléchir, ce avant de conclure avec amabilité…

« Je pourrais sinon, vous montrer les pierres précieuses que nous avons à disposition et certains exemples de bijoux fabriqués par nos meilleurs artisans. Nous en exposons certains dans le palais, aussi bien pour décorer, que présenter notre artisanat à certains invités. Si cela vous va, je demanderai à des domestiques de les amener. » Elle pourrait sinon amener Iryna là-bas, mais après tout celle-ci avait cavalé plusieurs jours, elle pouvait donc probablement laissé plusieurs domestiques bien payés se charger d’amener le tout. En tout cas pas des esclaves, elle ne goûtait pas vraiment à ce genre de main d'œuvre dira t-on, ce pour diverses raisons.