Le soleil brille encore très fort, dans le désert akkatonien. Réchauffant de ses rayons les petits individus qui se déplacent sur le sable chaud, éclairant leur avenir d’une flamme incertaine… C’est, tout du moins, une belle journée du début d’année. Et parmi les « petits individus qui se déplacent », on y trouve une étrange créature métallique, nullement dérangée de la chaleur. Un regard extérieur pourrait penser à une femme vêtue d’une armure très serrée et recouvrant chaque partie de son corps, mais la vérité n’est pas là. Hengist Rosenwald, de son nom, est en réalité une machine vivante. Une machine travaillant pour l’armée et déployée pour la première fois dans une réelle escarmouche. Et si, dans sa tête, l’automaton est en proie à une certaine joie causée par cette nouvelle, c’est d’une démarche calme et impassible qu’elle traverse le désert, en direction des fameuses ruines qui la verront dans toute sa splendeur.

Et pour cette escarmouche, Hengist est loin d'être seule. Accompagnée par l'un de ses amis, le Seigneur Juge Anton Ludwig Illuminès, ainsi qu'une troupe de fusiliers et bretteurs sensés les épauler, Hengist semble fier et droite. Lorsque la voix mécanisée de son compagnon d'arme se fait entendre, l'automate tourne un visage métallique dans sa direction. Elle lâche ce qui semble être un rire, avant de répondre:

« Ahah, j'ai bien fait d'écouter Jörg et de mettre ces… bottes. Elle protègent plutôt bien du sable. J'espérais, pour tout te dire, être même déployée plus tôt. Mais bon, on ne peut pas tout avoir, je suppose. »

Le ton de l'automate est doté de ce que ses proches considèrent comme étant de l'humour, bien que l'oreille des soldats les accompagnant ne peuvent certainement pas le déceler. Sans doute qu'à leurs yeux, Hengist est on ne peut plus sérieuse. Le Seigneur Juge se permet ensuite une plaisanterie qui tire un sourire chez son amie, et qui vient taper gentiment son épaule avec sa main.

« Là se trouve la triste vérité concernant les géants, que veux-tu ? Nous sommes condamnés à ne trouver que peu de nos égaux… »

Encore une fois, c'est une phrase purement teintée d'amusement qui a été prononcée. Mais sans doute Hengist doit-elle apprendre à plus souligner son amusement, puisque ses mots soulèvent quelques sourcils de la part des soldats… Elle ne s'en rend cependant pas spécialement compte de cela, et elle répond à la dernière réplique de l'homme de métal.

« C'est certain. Et puis bon, je me suis engagée pour être active, protéger et servir Akkaton. Les laboratoires sont intéressants, mais ce n'est pas ce que je demande. »

Après tout, si elle avait été de ce genre, elle se serait contenté de devenir technicienne ou inventrice…

Un sourire mécanique se dessine sur le visage de la fière automate lorsque son compagnon d'arme lui fait remarquer ue son heure est enfin venue. Puis ce sourire se change en grimace lorsqu'Anton ajoute que, si elle ne rend pas les gens fiers, elle serait bonne à retourner s'entraîner.

« Je comprends, mais j'ai tendance à croire que la meilleure expérience que l'on tire est celle que l'on récupère sur les vraies mission, non ? »

Sans doute n'avait-elle pas tort… Pour quelqu'un qui est vraisemblablement inapte à mourir, évidemment. Hengist n'ayant pas une réelle vie à proprement parler, elle semble se détacher du concept de mort. Et, de toute manière, au vu de sa façon de penser, même si elle s'en approchait, il y aurait une certaine probabilité pour que sa façon de voir les choses ne soit en rien changée. Cependant, la discussion dévie ensuite sur leur grande taille, ce à quoi l'homme mécanique rappelle la taille de son dragon. Une sorte de rire mécanique s'échappe des entrailles de l'automaton, qui s'empresse de répondre :

« Les dragons sont encore hors catégorie, cher Anton ! Ils ne rentrent même pas dans la case des géants, lorsqu'ils sont vieux. Même si, en effet il a de quoi s'amuser, pour quelqu'un de hors-classement. »

Elle ne semble pas vexée le moins du monde, malgré l'apparente mauvaise foi de ses paroles. Après tout, elle sait que Xeidran est grand, mais après tout, les dragons ont la capacité à grandir toute leur vie, ce qui n'est pas le cas des autres espèces. Un nouveau sourire mécanisé se dessine sur son visage alors qu'elle imagine un elfe titanesque qui aurait également grandit durant toute sa vie. Le monde serait rempli d'immenses créatures, et clairement, les pires seraient les élémentaires. Enfin, quoiqu'il en soit, la discussion finit également par dévier sur ce que désirait la jeune automate, à savoir : partir en mission dans des terrains inhospitaliers, ce afin de prouver qu'elle est une gaillarde. Et l'automaton ne retient pas un nouveau rire d'automate à ces propos, ne se retenant pas d'ajouter :

« En effet, la gaillardise n'a pas de limite, tu le sais bien ! »

Enfin, pour répondre à la demande sérieuse de son compagnon actuel, l'automaton laisse un sourire énigmatique - ou presque - apparaître. Mais elle ne laisse pour autant pas Anton sans réponse, puisqu'elle répond :

« Ma foi, j'imagine que ça dépendra des ruines et des possibilités qu'offrent le terrain. Si le terrain est découvert et que je ne risque pas de blesser un allié, j'utiliserai mon fusil, mais je ne peux pas, je n'hésiterai pas à avancer. Pour la mandale, j'imagine qu'on pourra demander leur avis à nos ennemis ? »

Bien entendu, elle aurait pu demander à essayer sur lui, pour rire et se moquer gentiment, mais elle ne voulait point paraître outrancière auprès des soldats qui ne la connaissaient pas...